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Red Universe


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Creator: raoulito


Synopsis:

Des réfugiés vont découvrir les secrets enfouis sous des années d’oublis et de honte. Confrontés à des choix et des conflits sur leur modèle de société, ils avanceront vers leur but ultime, là où se concentrent leurs espoirs : la planète rouge. Chapitres entiers http://reduniverse-chapitres.podcloud.fr Chapitres spéciaux http://reduniverse-speciaux.podcloud.fr Et pour plus d’immersion, les livres illustrés http://reduniverse.fr/livres-numeriques/


Genres: Science fiction

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Episodes:

Tome 1 Chapitre 3 « Maman-lolo" - 2eme partie

Wed, 11 Aug 2021 17:53:00 GMT

Résumé Chapitre 3 "Maman-lolo" - 2eme partie

Les transporteurs de l'Exode font escale sur la station de ravitaillement principale de MaterOne "Maman-lolo". Mais de nombreux arrivants imprévus débarquent également tels ces pirates, ce mental nommé Fabio Ouli, la Princesse Azala ou Phil Goud et Adénor Kerichi, ces amoureux naïfs croyant avoir négocié un bonne affaire avec un groupe de docker. Les fameux docks géants de Maman-Lolo vont être le théâtre d'un affrontement sans merci.


  • Production : PodShows / Raoulito

  • Réalisation : Raoulito

  • Responsable écriture: Cléa Cassia

  • Montage : Raoulito

  • Dérushage : Coles / Guilitane / Gvillaume / Miiop

  • Acteurs :

narration : Leto75
Reda : 20Side
RedaB : Moodstach
Radouane : Mik180
Phil goud : Lorendil
Adénor : Coupie
Fabio Ouli : My-ëve
Aurora Benkana : Anya Krysten
J.F.Hill : Raoulito
Général Décembre : Raoulito
Princesse Azala : Elioza
Philoas : Éric
Politicien Junta : Arthur Milchior

  • Thèmes musicaux :

  • Principal :

Tension (V.G.)

  • Secondaires :

Le_blue_de_JFHill (Rafa96)
L'ombre Pirate (V.G.)
Thème Fabio ouli (Pierre-louis Neron)
Thème Junta (V.G.)
Thème Conseil des commandants (Pierre-louis Neron)
Thème Adénor & Phil (Pierre-louis Neron)
Introduction chapitre 1 (Reprise) (Pierre-louis Neron)
Thème "Maman-lolo" (V.G.)

  • Thèmes externes (musiques libres de droits) :

Desert Brawl (Vans in Japan)

une production de l'association podShows
Merci à toute l'équipe de RedUniverse.

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RedUniverse & Forces mentales se déconfinent !

Wed, 16 Jun 2021 18:53:00 GMT

RED UNIVERSE SE DÉCONFINE AVEC VOUS CET ÉTÉ !
Sortie littéraires et la fin du chapitre III !

Stay tuned sur reduniverse.fr

#reduniverse, #‎podcast, #‎sagamp3, #‎ebook, #‎soundtrack, #‎podcloud, #‎podradio, #sybel, #forcesmentales

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Les musiques de Red Universe & Forces Mentales !

Wed, 19 May 2021 16:41:00 GMT

Toutes les playlists de Red Universe ?
On peut VRAIMENT les écouter ?

oui, sur https://reduniverse.fr/musiques-themes/

#reduniverse, #‎podcast, #‎sagamp3, #‎ebook, #‎soundtrack, #‎podcloud, #‎podradio, #sybel, #forcesmentales

musiques de RedU

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Tome 1 Chapitre 3 « Maman-lolo" - 1ere partie

Sat, 03 Apr 2021 17:00:00 GMT

Chapitre 3 "Maman-lolo" - 1ere partie

Retrouvez-nous sur http://reduniverse.fr

Alors que les transporteurs de l'Exode font escale sur la station de ravitaillement principale de MaterOne, quels sont donc ces nouveaux arrivants fraichement débarqués sur Maman-lolo ? Des exodés ? Non, des pirates, beaucoup trop de pirates...


  • Production : PodShows / Raoulito

  • Réalisation : Raoulito

  • Responsable écriture: Cléa Cassia

  • Montage : Raoulito

  • Dérushage : Coles / Guilitane / Gvillaume / Miiop

  • Acteurs :

narration : Leto75
Reda : 20Side
RedaB : Moodstach
Radouane : Mik180
Phil goud : Lorendil
Adénor : Coupie
Pilote cargo : Icaryon
Opérateur dock : Icaryon
Fabio Ouli : Zylann
Goujat #1 & #2 : Leto75
Aurora Benkana : Anya Krysten
Momumba Arlington : Docteur Wolf
J.F.Hill : Raoulito

  • Thèmes musicaux :

  • Principal :

Thème "Maman-lolo" (V.G.)

  • Secondaires :

Maman-lolo lent (V.G.)
Le_blue_de_JFHill (Rafa96)
L'ombre Pirate (V.G.)

  • Thèmes externes (musiques libres de droits) :

Voices (Patrick Patrikios)
Pale Rider Blues (Mini Vandals)

une production de l'association podShows
Merci à toute l'équipe de RedUniverse.

imageredU

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Chapitre 3 « Maman-Lolo » Teaser

Tue, 09 Mar 2021 19:48:00 GMT

Chapitre III "Maman-lolo"

Quels sont donc des nouveaux arrivants sur Maman-lolo, la station de ravitaillement numéro un de MaterOne ? Des exodés? Non, des pirates, beaucoup trop de pirates…

Nouvelle version du Chapitre mythique de Red Universe, retrouvez JFHill, Phil goud, Adénor Kerichi, Fabio Ouli et tous les autres dans une de leurs premières aventures dans une version entièrement revue (acteurs, mixage, script, etc..)
Bientôt sur Reduniverse.fr !
ch3

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SPECIAL FINAL Forces mentales: Trailer 2

Wed, 09 Dec 2020 18:15:00 GMT

Le Samedi 5 Octobre 2020 sur http://forcesmentales.fr

Dernier épisode spécial de votre série:

« L'automne sans hiver »

FMSP01

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SPECIAL FINAL Forces mentales: Trailer 1

Sun, 06 Dec 2020 07:47:00 GMT

Le Samedi 5 Décembre 2020 sur http://forcesmentales.fr

Dernier épisode spécial de votre série :

«  L'automne sans hiver »

FMSP01

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Forces Mentales, L'ultime saison 3 commence maintenant !

Sat, 05 Sep 2020 17:00:00 GMT

FORCES MENTALES, LA TROISIÈME SAISON DE VOTRE SÉRIE COMMENCE AUJOURD'HUI sur http://forcesmentales.fr

Le contramiral Poféus est tombé lors de l'attaque du quartier général des Forces mentales. À peine remis de leurs émotions, Ralato et Fabio feront leur possible pour participer à la nouvelle priorité de l'organisation : contrattaquer ! Entre les jeunes recrues au futur glorieux destin et les groupes d'élite aux pouvoirs exacerbés, la Confrérie combattra pied à pied et ne cédera pas un pouce de terrain sans combats acharnés !

Une énorme production de l'équipe de Red Universe, près de CINQ heures TRENTE d'écoute, une VINGTAINE de morceaux musicaux originaux, toute une collection de livres numériques, de magnifiques illustrations, posters, goodies...
Venez profiter et soutenir l'aventure de Forces Mentales avec la Saison 3, ultime avatar de votre série avant le final de Noël !

Comme l'année dernière, deux manières de l’écouter : soit se procurer le PACK (et tous les contenus) pour le prix promo de 7€, soit passer par notre partenaire Sybel pour écouter les épisodes !
Tout cela, MAINTENANT sur http://forcesmentales.fr !

fm3

Bonne écoute et merci encore pour votre soutien,
Raoulito

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Venez nous suivre en direct pour le final !

Sat, 11 Jan 2020 07:27:00 GMT


# Retrouvez-nous en direct
# Samedi 11 Janvier 2020
# sur http://Reduniverse.fr !



### Le chapitre 30 en entier, des émissions en direct avec tous les membres de l'équipe RedU et de l'association Podshows.
### Vos questions sur https://reduniverse.fr/questions-pour-lequipe/
### Le chat en live sur la page de Youtube (cf site web)

### À tout de suite !

taqdis

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Chap30 Taqdis - bande annonce 2020

Wed, 01 Jan 2020 11:00:00 GMT

Ne manquez pas l'évènement spécial du Samedi 11 Janvier 2020, en direct sur http://RedUniverse.fr

Le chapitre ULTIME de votre saga : TAQDIS
À vos agendas!

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Joyeux Noel avec Red Universe !

Wed, 25 Dec 2019 09:45:00 GMT

JOYEUSES FÊTES DE FIN D'ANNÉE AVEC REDUNIVERSE !

Rendez-vous le 11 Janvier 2020 pour le DERNIER CHAPITRE DE VOTRE SAGA
http://reduniverse.fr

taqdis

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RedU T1 Ch29 Ep18

Tue, 27 Aug 2019 23:36:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr!

SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Derush/montage : Guilitane/Raoulito, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia

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RedU T1 Ch29 Ep17

Tue, 20 Aug 2019 23:00:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr!

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 17 : «Délivrance (2)»

Monsieur, c’est votre cancer, une maladie. Il n’y a pas de clémence pour ce genre de combat là. Il doit disparaitre. Écartez-vous, ce sera bientôt fini.
Je… je vois que tes… nouveaux pouvoirs t’empêchent d’entendre un ordre pourtant simple.
Le chancelier se redressa, maintenant sa poigne sur l’avant-bras de Ralato. Une certitude, une affirmation de soi, propre à la personnalité de celui qui fut le maitre des Forces mentales reprenait lentement possession de Poféus. Le surhomme qu’était devenu Ralato ne pouvait ignorer cette transformation soudaine de son chef, qui pleurait encore à chaudes larmes quelques minutes plus tôt.
Tu. le. laisses, est-ce clair ? précisa-t-il froidement à son subordonné.
Les bras de Ralato s’abaissèrent, se rejoignant dans son dos en position de repos militaire. Sans y réfléchir, le soldat en lui réagissait aux injonctions d’un supérieur, celui-ci en particulier. Méfiant, Poféus l’examina encore une poignée de secondes, pensif, jusqu’à ce que l’autre perde son regard dans un horizon imaginaire, la chaine hiérarchique finalement rétablie. Le chancelier se tourna alors vers la créature qui flottait derrière lui.
L’opération de Ralato, même avortée, l’avait profondément marqué. Son maintien en l’air demeurait erratique, instable, un peu plus de la moitié de sa surface souffrait de lactescence, séchant peu ou prou. Les effluves vert foncé se mouvant en elle semblaient ralentir, virant au rouge aux abords des plaques laiteuses.
Encore une minute ou deux de ce traitement et elle aurait disparu, flétrie par l’intervention d’une puissance sans égale.
Es-tu toujours vivant ? demanda simplement le chancelier.
SI TU ES, ALORS JE SUIS AUSSI.
Tu prétends donc être moi ? Une représentation du cancer qui me ronge depuis des années ?
PHYSIQUEMENT, JE SUIS COMPOSÉ DE TES CELLULES ET MON ESPRIT EST EMPLI DE TES SOUVENIRS.
OUI, JE SUIS TOI.
La logique un peu arrangée de cette affirmation laissa Poféus songeur avant de reprendre.
Pourquoi tout ce théâtre, pourquoi m’avoir rendu fou ? J’ai manqué de me suicider plusieurs fois, j’ai… tu m’as fait… manger… mon assistante, revivre plusieurs pans de mon existence avec des personnes et des émotions enfouies dans mon passé. Pourquoi ?

…manger mon assistante… la phrase tourna quelques secondes dans le crâne d’Angilbe. Il avait du mal à faire cohabiter ses souvenirs et leur signification.
La chose ne répondit pas. Angilbe pourrait jurer que certaines plaques blanches avaient encore grossies de quelques millimètres. Le traitement de Ralato se poursuivait-il de lui-même ou son ministre agissait-il en sous-main ?
Ralato. Il sèche encore.
Ce n’est pas moi, Monsieur. Comme toute brulure, cela ne s’arrête pas immédiatement.
Il pouvait très bien mentir et continuer l’opération « dans le monde réel » que Poféus n’y pourrait rien.
Répond-moi, chose. Quel est ton but ?
MAGNAM TE L’A DÉJÀ DONNÉ, NON ?
Tu veux ma mort, voilà ce qu’il m’a révélé. Enfin, toi sous la forme de Calande.

Je ne comprends pas pourquoi tu as perdu ton temps. Tu prétends être moi, mais je ne me commettrais jamais ce genre d’erreur.
Une vaguelette parcourut la surface encore liquide de la sphère, comme un frémissement, avant qu’elle ne reprenne :
TON HEURE EST VENUE, ANGILBE. JE TE CONNAIS PEUT-ÊTRE MIEUX QUE TOI-MÊME, LE MAL DONT TU AS FAIT PREUVE TOUT AU LONG DE TA VIE N’EST QUE CONSÉQUENCE, SEULE LA LOGIQUE FUT TON MOTEUR.
JE SUIS VIVANT, PENSANT, JE SUIS TOI. JE VEUX QUE TU PARTES AVEC MOI VOLONTAIREMENT. J’ESTIME QUE TU AS DROIT À UN DÉPART…
Me pendre ou me faire sauter par la fenêtre n’est pas une manière courtoise pour me convaincre à te suivre, le coupa sèchement Poféus.
TOUJOURS CETTE REMARQUABLE CAPACITÉ À FAIRE ABSTRACTION DE TES SENTIMENTS, D’AUTRES AURAIENT HURLÉ, MAIS TOI — NOUS — NOUS ANALYSONS, NOUS TRAITONS LES INFORMATIONS FROIDEMENT, MÊME CELLES NOUS CONCERN…
Elle glissa de moitié de sa hauteur avant de se reprendre, tournant sur elle-même comme un blessé tâchant de soulager un côté douloureux, puis poursuivit :
NO... BREF, JE SUIS TOI, MAIS UN TOI NOUVEAU. JE NE SUIS QU’UN ENFANT QUE L’ON GAVE D’UNE VIE ENTIÈRE EN QUELQUES MOIS. NOUS AVONS TOUS DEUX REVÉCU TES SOUVENIRS, NOUS AVONS TOUS DEUX SOUFFERT DE LA TORTURE DE TON FRÈRE, JOUI AVEC MÉHALA, PLEURÉ AVEC MAGNAM ET… SUPPLIÉ LE MAGNIFIQUE FABIO DE NOUS PARDONNER.
Sans préambule, Angilbe s’approcha de la chose au flottement oscillant et tâtonna du bout des doigts une croute blanche. Ralato réagit, horrifié :
Monsieur, non !
Reste à ta place, je n’apprécie pas de me répéter. Tu le sais, je crois, lui répondit le chancelier, sans même un regard pour celui venu pourtant le sauver. Il reprit sa conversation avec la créature : tu prétends avoir découvert qui je suis réellement en te nourrissant de mes souvenirs. Calande n’était pas au courant de tout, cela ne l’a pas empêché de m’aimer.
MAIS C’EST ELLE QUI M’A ÉVEILLÉ À LA PENSÉE AUTONOME. CE SONT VOS SÉANCES D’INTROVERSION, LE CHOC DE VOTRE AMOUR, LE TRAUMATISME DE SA MORT QUI ONT PERMIS MON EXISTENCE. CE N’EST PAS PAR HASARD SI JE TE SUIS D’ABORD APPARU SOUS SES TRAITS.
Les doigts glissèrent précautionneusement vers le bord de la plaque blanche, sondant la dureté de la plaie, tel un chasseur nordiste tâtant l’épaisseur de glace sous ses pieds.
S’il vous plait, murmura Ralato, visiblement inquiet.
Tu m’agaces, Ralato, fut la seule réponse d’Angilbe. Tu as donc appris certains évènements de ma vie et pendant que tu grossissais, que tu phagocytais mes cellules saines, tu t’éveillais à la conscience.
ET TOI, TU COMPRENAIS LE MESSAGE.
Quel message ?
HA, HA… HAAAARGHT !
Cette fois, la chose s’affaissa sur le sol en perdant sa géométrie, sa surface fut traversée d’ondes multiples qui la déformaient et de la souffrance irradia à nouveau dans l’esprit des participants. Angilbe esquissa un mouvement pour s’accroupir, mais se reprit au dernier instant, toisant donc de haut la forme affalée sur le chemin de terre.
Elle mourrait. Le traitement infligé par Ralato se révélait comme toujours d’une efficacité à toute épreuve, même non abouti. Dans un soupir, il se retourna vers le ministre qui attendait toujours en position de repos militaire, mais l’expression pour le moins soucieuse.... de l’inquiétude ?
J’insiste pour que tu n’interviennes à aucun prix dans la suite, est-ce clair ?
Et moi, Monsieur, malgré tout le respect que j’ai pour vous, j’insiste pour que vous ne mettiez plus votre vie en danger. Nous avons vraiment besoin de vous pour contrer un grave danger qui plane sur l’humanité !
Un danger, hein ? répéta Angilbe, tournant et retournant ce mot plusieurs fois comme pour mieux en saisir le sens pourtant évident. Avec un sourire inattendu, il répliqua : mon mandat de chancelier n’a guère brillé par son efficacité. Si « l’humanité », comme tu dis, est véritablement en danger, alors le chef naturel pour la guider, ce devrait être toi.
M... pardon ? Moi ?
Aussi incroyable que cela paraisse, l’extraordinaire Mental resta ébahi par cette affirmation. Était-ce l’allégation ou son origine qui le perturbait à ce point ? Jamais, ô grand jamais, le contramiral, puis Chancelier, Poféus n’aurait ne serait-ce qu’évoqué la possibilité de céder sa place à qui que ce soit, fut-il Ralato.
Il passait toujours devant les autres.
Nous, nous avons œuvré tous deux pour le maintien d’un gouvernement fort sous notre férule. Je vous ai suivi, Fabio et moi vous avons suivi pour rendre cet avenir réalisable ! Et maintenant que nous y sommes, maintenant que, plus que jamais, nos choix sont mis à l’épreuve vous… vous…
Ralato, Ralato Ouli ! le coupa Poféus, d’un ton soudain solennel. Je vous nomme officiellement Chancelier suprême par intérim… le temps que tu trouves un moyen de supprimer ce qualificatif. Si combat il doit y avoir, je t’ordonne de le mener, sans le poids que je représenterai dans tes prises de décision.
Mais, je… Monsieur ? bégaya le ministre, si surprit qu’il en perdait sa posture rigide, les bras pendants sur ses flancs.
Affichant un sourire plus fataliste qu’amusé, le chancelier poursuivit :
Aucun témoin ne pourra jamais confirmer cette passation, mais qu’importe. Je compte sur toi, Ralato, fidèle Ralato, pour faire au mieux aussi longtemps que possible et utiliser tous tes talents pour préserver ce que nous avons si durement œuvré à créer.
Mais et… vous ? Chancelier Poféus, vous ne devez pas céder à cette maladie ! Elle va vous…
ELLE A DÉJÀ GAGNÉ, RALATO !
Et d’un geste court, il tomba à genoux et plongea ses deux mains jusqu’aux avant-bras dans la matière verte encore remuante. Ralato hurla, se précipitant vers son chef, mais celui-ci lui cria :
LAISSE-MOI… LAISSE-MOI ! NE T’EN MÊLE PAS !
La substance remonta immédiatement le long de ses épaules, puis se propagea rapidement sur son buste et sa tête. Investissant le corps d’Angilbe Poféus, elle abandonna des morceaux de plaques blanches et dures qui se brisèrent en poussière en percutant le sol. La silhouette entière du chancelier disparaissait maintenant sous une masse mouvante, sorte de gélatine verte parcourue de volutes plus sombres.
Ralato assistait, médusé, à cette absorption, cette…
Une fusion, corrigea-t-il pour lui-même.
Il se retenait d’intervenir, serrant dans ses poings une énergie peut-être capable de renverser le processus. Le chemin de terre commença à frémir, animé par des formes foisonnantes qui le percèrent rapidement. Des pousses de fleurs, herbes, des bosquets puis des arbres s’élevaient tandis que la voie serpentante s’étirait soudain de tous côtés jusqu’à l’infini, se déformant en collines ou vallons. Il aura fallu moins d’un clin d’œil pour reproduire un paysage bucolique que Ralato n’eut aucun mal à reconnaitre. Il s’adressa naturellement à la forme vaguement humanoïde qui se relevait à quelques pas de lui.
Vous retournez donc chez vous, Monsieur ?
OUI, RALATO. NOUS… retournons… chez nous.
Une nouvelle métastase se déroula devant le Mental, le corps se solidifiait et se scindait en deux entités disjointes, mais dont une branche, qui se révéla être deux bras terminés par deux mains jointes, resta commune. De la peau recouvrit la matière encore parcourue d’ondes multiples, s’évasant depuis la plante des pieds pour englober l’entièreté des individus renaissants.
Angilbe Poféus tenait la main de Calande Rorré et s’ils faisaient face à Ralato, leurs regards se perdaient l’un dans l’autre. Un bonheur finalement retrouvé s’épanouissait sur leurs visages.
Je t’aime, Angilbe.
Je t’aime, Calande.
Ils se lovèrent l’un contre l’autre, s’embrassant passionnément, deux amants qui se rejoignaient enfin après une trop longue séparation. Ils tombèrent à genoux et se roulèrent rapidement dans l’herbe, se caressant, riant avant de débuter une lente litanie d’amour charnel rythmé par les souffles des respirations soudain plus profondes.
Un mouvement près d’un arbre solitaire attira l’attention de Ralato. Magnam IV s’y tenait aux côtés de Monsieur Heir, satisfait d’observer le couple qui s’ébattait dans la prairie. Un peu plus loin, une jeune fille en salopette avec un pinceau tendait sa main libre à un gamin blond à la peau pâle que Ralato reconnut comme son frère encore adolescent. Plusieurs existences de Poféus se rencontraient finalement.
Au milieu des hautes herbes, les sons rauques se muèrent en petits cris, les mouvements devinrent plus prononcés, les saccades plus vives.
Ralato soupira doucement, gêné d’assister à cette débauche, mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur.
J’espère connaitre un jour une fin aussi heureuse.
Adieu, Monsieur.
Angilbe Poféus ne répondit pas, trop occupé par la montée de son plaisir… ou tout simplement déjà mort depuis longtemps.

*

Ralato Ouli ouvrit les yeux. Il se trouvait dans la chambre de l’hôpital où l’on avait conduit le chancelier, assit à son chevet. Sanglé sur son lit, celui-ci ne bougeait plus, sa respiration s’était arrêtée, les paupières fermées sur un visage impassible où le connaisseur pouvait tout de même y découvrir l’esquisse d’un léger sourire.
Monsieur, fit une voix devant ses barrières mentales, le chancelier vient de mourir.
Je sais, répondit-il simplement, sans regarder les quatre Gardes mentaux qui patientaient aux angles de la pièce.
Ce quelque chose qu’il sentit glisser sur sa joue gauche, était-ce une larme ?
Le ministre observa une nouvelle fois le visage calme de celui qui avait supervisé sa formation chez le Professeur QuartMac et encadré ses études à l’Université mentale. Il l’avait ensuite accompagné plus d’une dizaine d’années jusqu’au sommet des responsabilités. Lentement, il entreprit de défaire les liens maintenant le corps désormais inerte. Lorsque la dernière sangle tomba, un bras glissa pour pendre sans vie face à Ralato. Celui-ci le remit bien à plat contre le flanc et tira le drap pour recouvrir la tête puis le borda.
Une dernière inspiration, un dernier soupir…
Ralato se leva et se tourna vers les gardes. Le chancelier lui avait offert l’Humanité en testament, il lui revenait donc de la protéger et il comptait bien s’acquitter de cette tâche.
Le message psychique qu’il envoya toucha bien plus loin que les Mentaux de son organisation. Il fut reçu par presque toute la population de la planète MaterOne, ainsi qu’une partie de Maman-Lolo et nul doute qu’il serait très rapidement transmis aux confins de l’univers connu de l’homme.
JE SUIS LE CHANCELIER PAR INTÉRIM RALATO OULI, ANCIENNEMENT MINISTRE DE LA SÉCURITÉ. UNE MENACE SANS AUCUNE COMPARAISON PLANE DÉSORMAIS SUR NOTRE EXISTENCE À TOUS. UN ENNEMI APPROCHE, IL SERA BIENTÔT LÀ POUR NOUS ANÉANTIR ET NOUS DEVONS TOUTES ET TOUS LE REPOUSSER QUOIQU’IL NOUS EN COÛTE.
J’ORDONNE À LA TOTALITÉ DE LA FLOTTE SPATIALE, AINSI QU’À TOUT VAISSEAU AYANT UN QUELCONQUE ARMEMENT DE SE RENDRE IMMÉDIATEMENT À LA PASSE DE MAGELLONE. J’ORDONNE ÉGALEMENT À TOUT HUMAIN EN ÂGE DE COMBATTRE DE SE PRÉSENTER AUX FORCES DE SÉCURITÉ, QUEL QUE SOIT SON ORIGINE OU SON STATUT. QUE VOUS SOYEZ CONDAMNÉ, PIRATES, MERCENAIRE, ASSASSIN OU SIMPLE AVENTURIER, VOUS ÊTES DÉSORMAIS BLANCHIS DE TOUTE ACCUSATION ET DEVEZ REJOINDRE NOTRE LIGNE DE DÉFENSE AU PLUS VITE.
JE PRENDS PERSONNELLEMENT LE COMMANDEMENT POUR LA BATAILLE À VENIR ET J’ACCOMPAGNE LA FLOTTE AU LARGE DE LA PASSE.
SOIT L’HUMANITÉ PROUVERA QU’ELLE PEUT S’UNIR CONTRE L’ADVERSITÉ, SOIT ELLE VIVRA SES DERNIÈRES HEURES. À CHACUN DE FAIRE SON CHOIX… MOI, JE COMBATTRAIS POUR LA VICTOIRE.
BONNE CHANCE À TOUS.
S’en suivirent les images de destruction de la Flotte mentale par l’Armée noire nalcoēhuale qui lui étaient apparues lors de sa rencontre avec les Titans.

Devant ses Mentaux encore sous le choc du message, Ralato s’éleva du sol alors que la fenêtre se déverrouillait d’elle-même. Il leur adressa ses dernières consignes oralement :
« Le Président du Conseil Wolf prend dorénavant en charge la logistique immédiate du déploiement ainsi que les affaires courantes. Toutes les Forces mentales sont réquisitionnées, à tous les échelons. Je nous veux TOUS là-bas pour l’affrontement final. »
Puis il s’envola au travers de cette journée ensoleillée, rejoignant une navette qui décollait déjà pour le ramener à son croiseur. En son for intérieur, une litanie lointaine résonnait jusqu’à ses oreilles, sur fond d’une sorte de rire peu engageant :
« Nooous nous soumettons à tes dééééésirs, nous serons désormais avec toooooi pour t’offrir ce dont tu auraaas besoin. Pour toooujours… »

Les gardes mentaux coururent hors de la pièce où reposait le corps du chancelier alors qu’une légère brise pénétra par la fenêtre, profitant de l’ouverture de la porte. Elle ondula doucement le drap recouvrant le visage impassible de celui qui avait changé l’Histoire…
… autant qu’elle l’avait changé, lui.

Angilbe Poféus était enfin délivré de ses tourments.

FIN

———-
SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture : Gortozaran, TheDelta, CowboyE, Coles - Acteurs: Raoulito: narration, Poféus/chose : Pof, Ralato : Raoulito Derush/montage : Guilitane/Raoulito, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia

Participez aux recrutements sur http://reduniverse.fr/la-saga/the-red-universes-team/recrutement/
Nous vous attendons !

Vous aimez Red Universe ou alors vous avez des critiques ou des remarques ? Laissez vos commentaires ici : http://reduniverse.fr/la-saga/episodes/

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RedU T1 Ch29 Ep16

Tue, 13 Aug 2019 23:19:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr!

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 16 : «Délivrance (1)»

Banlieue de MaterOne
Hôpital pour Mentaux
Dans l’esprit du Chancelier suprême Angilbe Poféus

Le cerf de feu qui emplissait le ciel s’estompait progressivement alors que Ralato Ouli se rapprochait du duo à genoux sur le petit chemin de terre sinuant au travers du néant. Poféus, dont les pupilles ne s’accoutumaient pas à l’intensité lumineuse de son subordonné, plissait les yeux et se protégeait le visage d’un bras. Calande se recroquevillait derrière lui, tremblante, meurtrie, recouverte de brulures s’étendant sous forme de plaques fumantes.
Si l’éclat de Ralato en personne baissa à son tour, un reste d’auréole dorée perdura lorsqu’il toucha le sol du sentier. Une déformation en onde s’évasa de l’endroit où se produisit le contact, suivit d’une forme de vapeur, puis plus rien. Angilbe demeura sans voix une poignée de secondes, puis il considéra le buste de son officier avant de croiser son regard.
Que se passait-il ? Était-ce un nouveau mauvais tour de Calande pour manipuler son esprit et le convaincre de périr avec elle ? Cela n’avait pas de sens, Angilbe avait finalement accepté de se plier à la volonté de celle qui voulait sa mort et…
Vous ne devez pas mourir, Monsieur, prononça Ralato sans ouvrir la bouche. Son âme parlait, non son corps.
Nous allons devoir affronter sous peu une situation qui nécessitera toute votre attention et vos talents de meneur. Plus que jamais, vous devez être à votre poste pour diriger l’humanité… Monsieur !
Cette simple phrase ramena le chancelier à l’instant présent : Calande, Heir, Méhala, Magnam, Fabio… et maintenant Ralato ? Mais celui-ci différait des autres. Cette apparition ne venait pas de son passé, quelque chose d’incompréhensible disait à Angilbe que c’était bel et bien le « vrai » Ralato qui se tenait devant lui, le rappelant à ses devoirs.
Il baissa la tête, renifla et s’essuya d’un revers du bras les restes de quelques larmes encore accrochées à ses cernes, puis se releva, dominant de quelques centimètres la projection. D’une voix qu’il espérait plus habituelle pour sa personne, il s’exprima enfin :
Ralato. C’est… c’est une surprise de te rencontrer ici. Mon esprit est censé être inaccessible aux Mentaux.
Les Mentaux, en effet, Monsieur. Mais je ne puis dire si j’en suis toujours un. Mes pouvoirs ont considérablement augmenté depuis Talbot. Il faudrait une nouvelle appellation à ce stade...
Quand bien même… Fabio n’a jamais su m’atteindre. J’étais fermé à lui comme à tous !
J’ai du mal à expliquer, je ne suis pas certain de tout comprendre moi-même. Il leva doucement ses mains, observant ses paumes quelques secondes, pensif, puis reprit. Il existe d’autres manières de communiquer avec un être, d’autres « portes » liées à je ne sais quoi du vivant. J’en ignorais la réalité jusqu’à maintenant, alors qu’elles m’apparaissent avec une évidence déconcertante, dorénavant.
Quoiqu’il en soit, si cela me permet d’empêcher votre cancer de gagner la partie, alors cela doit être bon.
Mon cancer ? Tu es au courant ?
Comme tout le monde ici je pense, vous lui parlez depuis un petit moment, là, et, Ralato, de désigner négligemment la forme en position fœtale derrière Angilbe.
Celui-ci écarquilla les yeux et se retourna doucement, n’osant pas se représenter ce que venait de lui annoncer si innocemment son ancien officier. Calande, recroquevillée, ne bougeait plus, mais ce qui ressemblait auparavant à des marques de brulures se révélait maintenant en une sorte de gélatine grumeleuse et verte foncée, parcourue de volutes internes à la noirceur insondable. Le corps si magnifique de sa compagne se déformait tandis que la superbe bouche s’ouvrait désormais sur l’indicible matière dans laquelle elle semblait se fondre.
Ca… Calande ? CALANDE !
C’est une projection, Monsieur, un peu comme moi actuellement. Une partie souillée de vous-même qui veut vous entrainer dans un dernier sommeil. Vous ne pouviez sans doute pas vous en rendre compte, elle utilisait votre propre intelligence contre vous-même. La manipulation devait être parfaite, car qui vous connait mieux que votre inconscient ?
La vraie Docteur Calande Rorré est morte depuis plusieurs mois, Monsieur. Celle face à vous n’est qu’une illusion. Débarrassons-nous en : elle, le cancer, tout.
Angilbe se retourna vivement. Son regard éprouvait pourtant des difficultés à abandonner la vision sépulcrale des dernières parcelles de la si douce peau de son amante, qui se dissolvait dans l’inquiétante fange vivante.
Tu dis… tu peux le soigner ? Mon cancer incurable ?
Rien que de prononcer cela faisait monter en lui un espoir fou, une lumière impensable éclairant le fond d’une mine perdue, la vie défiant une fois de plus la mort.
Tu pourrais faire cela ?
Oui, Monsieur. Mon pouvoir semble ne pas avoir de limite… ou presque. En tout cas, je peux vous soigner, je le certifie. Il poursuivit, visiblement pressé comme si l’on ne discutait pas de la vie ou de la mort du chancelier.
Allons-y : hâtons-nous, l’Humanité a besoin de vous. Nos ennemis arrivent, ils sont dangereux et…
ES-TU SÛR DE VOULOIR BRAVER LE DESTIN, ANGILBE ?
La forme se restructurait, elle s'élevait péniblement au-dessus du sentier, en formant difficilement une sphère parfaite. On sentait bien ses efforts, sans pour autant en voir les effets. La « créature », car il fallait bien lui donner un nom, évoquait désormais une bille de verre géante, à l’intérieur mouvant. Une matière verdâtre vivante, sans nul doute, et objectivement pensante… avec la voix d’Angilbe, tordue et déformée, certes, mais bel et bien sa propre voix.
La main droite de Ralato s’entoura de petits filaments brillants qui fusaient l’un après l’autre vers la chose au fur et à mesure que celui-ci levait le bras. Sa surface tressaillait à chaque implant qui pénétrait son enveloppe, blanchissant, comme séchant, autour du lieu de contact. Des ondes se propageaient sur ses hémisphères, se croisant ou se repoussant, gondolant la structure globale tandis que de la douleur résonnait dans l’esprit des participants.
Va-t’en définitivement, tu n’es plus désiré ici, déclara simplement Ralato.
ANGILBE ! SUIS-JE... UN ENNEMI OU NE SUIS-JE QUE... ARGH ! NE SUIS-JE QUE TOI-MÊME ?
De nouveaux filaments quittèrent la main de Ralato, plus brillants encore. Il leva son autre bras dont les doigts s’illuminaient à leur tour, libérant d’autres lignes étincelantes.
La créature se couvrait de plaques d’un blanc crémeux, les plus anciennes durcissant comme du plâtre. Sa souffrance irradiait au point que le chancelier comprît que Ralato avait entamé le « traitement ». Intervenait-il seulement sur le plan psychique, ou quelque part dans le monde « réel » opérait-il la tumeur de ses pouvoirs sans égaux ? Un hurlement tangible, d’autant plus concret qu’il s’agissait de sa voix, le toucha plus qu’il ne voulut l’admettre.
ANGIIIILBE ! IL N’EST PAS D’ÉCHÉANCE QUE L’ON... NE PUISSE ÉVITER. BRISE LES.... AAAAARGH !
Va-t’en te dis-je,
Il tendit brusquement les bras et l’intensité des filaments doubla au point de devenir douloureuse aux pupilles de Poféus.
Attend ! se surprit-il à crier soudain.
Le Mental le regarda, un sourcil interrogatif appuyant son expression.
JE T’AI DIT D’ARRÊTER !
Et malgré le risque de brulure, Angilbe Poféus se jeta sur les membres levés de son ancien lieutenant pour les abaisser, ignorant le feu psychique que l’autre s’empressa d’atténuer pour éviter un drame.
D’une voix essoufflée, surmontant la douleur, il ajouta :
« Attend, ne… ne le tue pas… s’il te plait ! »

———-
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RedU T1 Ch29 Ep15

Tue, 06 Aug 2019 23:16:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr!

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 15 : « Percée (4) »

Quelque part dans le Cercle de KhabitBase secrète de construction des Lanhuit’l

L’Amiral Huate exultait. Depuis son petit module d’inspection, il ne pouvait s’empêcher de répondre chaleureusement aux saluts des ouvriers. Ceux-ci s’acharnaient au travail le long des lignes de productions de Lan’huitl. Ce soldat, d’ordinaire si austère et impassible, à l’uniforme parfaitement ajusté et aux chaussures huilées, rayonnait de voir chaque étape de son plan se dérouler avec l’exactitude d’un métronome.
Qui avait mis en avant l’efficacité de ces nouveaux croiseurs légers ?
Qui avait proposé une stratégie de harcèlement, montant crescendo jusqu’à l’attaque finale ?
Et en fin de compte, qui avait convaincu le Comité de salut public qu’il fallait profiter de cette retraite pour porter un grand coup et ruiner les efforts de minage des envahisseurs humains ?
Ces engins auraient pu considérablement compliquer la tâche de la flotte d’invasion, demandant un nettoyage complet d’une zone éloignée du Cercle de Khabit, berceau de la République nalcoēhuale. Mais c’était désormais un risque oublié, comme la majorité de cette flotte ennemie. Et avec la future vague de plus de trois-cents Lan’huitl qui se construisait sous ses yeux, la reconquête prochaine de Veora s’annonçait glorieuse et il la dirigerait avec efficacité et fierté.
Il décrocha un petit transmetteur psychique qu’il fixa à son front. Sous l’impulsion, un message jaillit de son esprit vers toute la population ouvrière qui œuvrait à la victoire. Certes, ces braves gens vivaient sous un régime d’exception, réquisitionnés sous peine de mort par les autorités, mais leur travail lui permettait aujourd’hui de communiquer la grande nouvelle :
« Mes amis, la nouvelle flotte noire que vous avez conçue vient de bouter le dernier humain hors de cette partie de l’univers par la Grande Déchirure. Nous allons maintenant LUI REPRENDRE NOTRE PLANÈTE MÈRE ! »
Des hurlements de joie parvinrent à son esprit alors que ses officiers derrière lui ne cachaient pas moins leur satisfaction. L’amiral replaça le communicateur sur son petit socle au pied de la verrière. Certes, avant de traverser la Grande Déchirure, il allait falloir mater une fois pour toutes la rébellion de Chilico. Aucune nouvelle en provenance de l’expédition punitive, partie il y avait déjà trois cycles, mais cela ne voulait pas forcement signifier grand chose. La guerre frappait à toutes les portes et certaines conventions pouvaient être outrepassées. D’autant que les ordres étaient clairs : on allait repeupler le système de Chilico, ils devaient « l’aseptiser » de toute trace actuelle de vie. Huate comprenait alors que ses soldats rechignent à donner des rapports trop fréquents… ni trop précis sur leurs activités. Sans se retourner, il impulsa télépathiquement à ses assistants :
« Quand nous serons de retour sur Tilt’chiti, rappelez-moi de contacter le corps expéditionnaire envoyé vers Chilico ».
Les autres plissèrent leurs goitres impeccablement rasés en un discret hochement de tête. L’amiral ne quittait pas du regard les docks de construction, suivant la perspective parfaite d’un agencement en étoile qui aboutissait au poste de contrôle central, dominant ces immenses lignes de production. Quelle formidable machinerie, quelle parfaite organisation digne de…
Un petit signal l’avertit qu’on tentait de le contacter. Une arrivée de plusieurs Lan’huitl en procédure de retour automatique. Bizarre, la bataille était maintenant terminée depuis plusieurs déciles et les appareils endommagés ou détruits qui pouvaient revenir avaient été rapatriés. Il composa le code de la zone de rapatriement, ce n’était qu’à quelques encablures, et il était curieux de voir cela de plus près.

*

« MES AMIS, NOUS AVIONS RAISON ! DEVANT NOUS, VOICI LE LIEU DE FABRICATION DE CES ENGINS DE MORT ! OUVREZ LE FEU DE TOUTES LES BATTERIES, NOUS AVONS DES MILLIERS DE NOS CAMARADES MENTAUX À VENGER… MAINTENANT ! »
Le devenir des vaisseaux ennemis qui disparaissaient lorsqu’ils avaient été gravement touchés, ou que leur équipage avait été brulé par le Canon mental, demeurait une énigme pour QuartMac. Que se passait-il alors ? Sa théorie supposait logiquement un retour vers un lieu à l’écart où l’on pourrait réparer ces engins. S’ils partaient vers plusieurs endroits différents, son appareil se disloquerait entre les dimensions, mais s’ils se réfugiaient tous en un point unique les grappins magnétiques pourraient emporter le Croiseur mental avec eux.
Et finalement, il avait eu raison : des docks de constructions, comparables à ceux mis en place pour la fabrication de la flotte du chancelier Poféus, s’étalaient devant lui. Plusieurs escadres, sans doute des centaines d’ennemis ayant vocation à combattre ses Mentaux, à détruire son rêve, attendaient en cale sèche, sans aucune défense. S’ils avaient effectivement balayé ses espoirs, s’offrait maintenant à lui la plus magnifique des vengeances, une frappe qui changerait le destin de cette guerre comme il l’avait toujours soutenu !
Les missiles fusèrent vers les cibles éloignés sélectionnés pour leur importance, les canons à large diamètre enflammaient leur environnement immédiat, réduisant à l’état d’épave ces maudits croiseurs qu’ils auraient eu le plus grand mal à toucher en temps normal.
Et le professeur QuartMac riait aux éclats.

*

Le module d’inspection slalomait entre les échafaudages qui se disloquaient, évitant de justesse un Lan’huitl se brisant en deux sur son passage. Les mains serrées sur ses commandes, Huate tentait désespérément d’atteindre l’imposante tour de contrôle, elle abritait plusieurs engins de secours qu’il pourrait prendre pour s’éloigner d’ici.
« MAIS BON SANG, OÙ SONT LES CHASSEURS D’INTERVENTION ? »
Tiendraient-ils contre ce croiseur ? Sans doute peu de temps, mais c’était toujours ça. Il contourna un entrepôt où plusieurs modules de stockage offraient un abri tout relatif aux redoutables armes de l’intrus. Comment cette faille dans les systèmes de rapatriement d’urgence avait-elle été omise ? Les chances qu’un ennemi se fixe aux Lan’huitl sur le retour furent-elles estimées si infimes, que désormais une machine humaine pouvait consciencieusement semer mort et destruction dans l’usine la plus stratégique de la République ? Pourquoi n’avait-on pas pensé à l’armer d’innombrables défenses, trop rassuré par sa position secrète aux tréfonds du Cercle de Khabit ?
En plongeant sous un quai en flamme, le module d’inspection percuta deux ouvriers qui tentaient de s’abriter et Huate put éviter la collision :
« ÉLOIGNEZ-VOUS BANDE DE… ».
Des traces de sang bleu s’étirèrent atrocement sur le parebrise avant, mais ce fut un petit bruit de claquement cristallin, à quelques centimètres de son visage, qui retint son attention.
« Non, pas ça… » murmura-t-il simplement.
La vitre du module implosa d’un coup, privant d’oxygène les occupants, abaissant la température de l’intérieur au zéro absolu. S’ils n’eurent pas à souffrir longtemps, ce fut grâce à l’explosion d’une citerne primaire de ce dock, deux niveaux plus bas, percée par plusieurs projectiles brulants.

*

QuartMac dirigeait précautionneusement son croiseur vers l’édifice qui dominait cette vallée de vaisseaux ennemis en construction. Sans prévenir personne, il activa le Compresseur, bloquant certains circuits de refroidissements par quelques pensées bien ajustées.
On tirait les missiles par volée de plusieurs, on réduisait en cendre ces maudits extraterrestres bleus et leur armada indestructible. Oui, la vengeance était douce, mais le fait d’armes demandait quelque chose de plus. Autour de lui, quelques moustiques voletaient, des chasseurs qui espéraient percer l’épais blindage du croiseur humain avec leurs griffes…
« Que le groupe de défense télépathique prenne le contrôle de ces pilotes et les envoie se crasher contre quelque cible hors de notre portée ! » pulsa-t-il négligemment.
Il cherchait à marquer cette guerre de son empreinte. Qui pourrait croire qu’ils avaient la moindre chance de revenir sur MaterOne avec une semaine de réparations au préalable ? Une hypothétique demande d’aide à l’Exode le ramènerait vers sa déchéance passée, honnie par ses semblables et obligée de gagner son droit à l’existence, jour après jour (si les exodés répondaient à son appel). Lui qui fut le Gouverneur des colonies de MaterOne, ne redescendrait jamais de son estrade. Il mourra ici, mais on devra rapporter plus tard qu’il partit en beauté, qu’il entraina ses ennemis dans la tombe en les frappant durement comme personne ne l’avait pu.
Les premiers avertisseurs passèrent inaperçus au milieu du tapage des destructions alentour, mais du côté de la salle des machines, on devait avoir relevé le danger. Sans état d’âme, QuartMac asphyxia les mécaniciens lui ayant pourtant juré fidélité. Il avait besoin de quelques minutes supplémentaires, que le labourage des terres adverses soit profond, enregistré, répertorié ! La masse imposante de sa destination approchait toujours, plus grande, attractive.
Derrière elle, apparurent soudain trois croiseurs qui décollaient : on tentait le tout pour le tout dans l’espoir de l’arrêter, quitte à utiliser des appareils non terminés. Le dernier chasseur encore sous contrôle mental vint percuter celui de droite et l’explosion se répandit dans ses entrailles dans un souffle pacificateur. Les deux autres ouvrirent le feu et atteignirent QuartMac, mais peu lui importait, il se trouvait maintenant assez proche et le spectacle touchait à sa fin.
Il se leva lentement de son fauteuil, l’édifice grandissant à toute vitesse, l’angle de vue se modifiant alors que le croiseur mental prenait du gite. Certains opérateurs attentifs se tournèrent vers lui, quelques-uns parmi eux comprirent et lui sourirent. Ils saluèrent leur chef, revenant à leur tâche dans un désir de marquer l’Histoire, eux aussi.
QuartMac avança d’un pas, puis d’un second. L’impact allait se produire la seconde suivante, il leva les bras bien haut, hurlant à tous de sa voix et de sa pensée  :
« QUE L’APOTHÉOSE SOIT » !

La proue du Croiseur mental se fracassa contre la tour de contrôle de l’usine d’armement nalcoēhuale, s’enfonçant profondément à l’intérieur jusqu’à ce que l’écrasement compense la faible poussée des réacteurs. En surchauffe depuis plusieurs minutes, le Compresseur dimensionnel de dernière génération rendit l’âme, saturant sa matrice alors que toutes les sécurités avaient été préalablement suspendues par QuartMac. En une seconde, la fusion projeta dans un rayon d’une dizaine de milliers de kilomètres des éléments de matières à un niveau subatomique. Désagrégeant l’immense dock depuis son centre jusqu’à ses extrémités, elle poursuivit ses ravages sur les appareils qui tentaient de s’échapper et même sur les premiers secours qui sortaient tout juste de Transition.
La lumière produite parcourut l’univers encore plusieurs années, apparaissant bien plus tard aux frontières de Ragnvald ou dans le ciel d’Antares IV. Sur Tilt’chiti, on interrompit le Comité de salut public, pour les descendre dans les profondeurs de la cité, dans la peur d’une quelconque radiation dangereuse. Finalement, ce fut tout le Cercle de Khabit qui trembla sous la lueur de ce soleil dévastateur.
Pour d’interminables minutes, le Professeur QuartMac, homme de science déchu aux vies multiples, devint une étoile qu’aucun de ses ennemis n’oublierait jamais plus.
La mort venait enfin de rattraper l’immortel génie.

———-
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RedU T1 Ch29 Ep14

Tue, 30 Jul 2019 23:00:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr!

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 14 : « Percée (3) »

Gouverneur ! Rapport des machines, le Compresseur répond enfin ! Sauf qu’ils précisent que plusieurs circuits primaires sont hors services, nous n’aurons qu’un saut puis il faudra au moins une semaine de réparation.
Ce n’est pas trop tôt ! Alerte jaune, je veux un retour aussi rapide que possible vers notre point d’origine !
Le professeur enrageait, simplement. Les coordonnées les avaient conduits ici, à quelques millions de kilomètres d’une supernova, grande génératrice de microondes qui perturbaient l’électronique embarquée. Le piège avait été savamment organisé et QuartMac doutait de retrouver la Flotte mentale là où il l’avait laissée, mais sans doute y trouverait-il des indices quant à leur nouvelle destination.
Il soutint sa tête d’un de ses bras sur l’accoudoir. À ses pieds, le blouson de cuir noir trainait par terre, piétiné autant de fois que possible par le vieux professeur. Une crise infantile, amplifiée par les efforts sans fin de ces dernières semaines, l’avait submergé. Le spectacle présenté à ses subordonnés ne jouerait pas en sa faveur plus tard, il devrait se charger de les faire taire d’une manière ou d’une autre. Les implications de la traitrise qu’il venait de subir l’exaspéraient autant qu’elles l’inquiétaient : tout le monde devait savoir, tous y avaient sans doute participé.
QuartMac laissa son regard se promener sur les têtes des opérateurs occupés face à lui : finalement, il devrait plutôt les choyer, car eux au moins avaient été honnêtes jusqu’au bout.
Un grondement se répercutant le long de la coque le fit se redresser : on y était.
« Préparez les armements, tout le monde à son poste de combat ! »
Devant l’étonnement qui s’installait sur la passerelle, il crut bon d’ajouter :
« Nous n’avons aucune idée de ce que nous allons découvrir là-bas. Nos ennemis ? Ceux qui nous ont trahis ? Je préfèrerais toujours être le premier à tirer que le premier à mourir ! Compte à rebours trois, deux, un… »
Le décor se transforma, abandonnant la lueur brulante d’une géante rouge pour celle, minérale, de l’obscurité étoilée. Rien, comme prévu. QuartMac scruta de ses yeux ce que les instruments sophistiqués à sa disposition avaient déjà analysé et classé, comme s’il pensait percer un secret dissimulé dans l’insondable néant de l’univers.
Mais non, rien de rien, sauf peut-être…
Monsieur, les balayages fins ont décelé plusieurs structures de l’ordre du mètre à une centaine de kilomètres à bâbord. Aucune présence vivante ni chaleur, mais c’est tout ce qu’il y a dans les alentours.
Qu’on les affiche sur l’écran ! grogna le savant.
Devant le spectacle de ses chimères de rechange congelées, irrémédiablement détruites, il se laissa tomber en arrière dans son fauteuil, les yeux obnubilés par l’image. Sa carte de secours, ses multiples vies… elles dérivaient maintenant, les cellules éclatées par le gel, leurs incubateurs débranchés sans le moindre scrupule.
S'il était un message, c'est que l'on se passait définitivement de ses services, tout simplement.
 Que… fait-on ? demanda avec une certaine inquiétude l’officier de pont.
Il reposa la question trois fois, devant le mutisme de son commandant, mais l’autre gardait toujours le silence, le regard embrumé.
Un avertisseur rugit soudain, traduit immédiatement comme plusieurs sorties de Transition par des engins inconnus. Lorsque les coques des Lan’huitl brisèrent les cylindres congelés et leurs composants dans leur élan, QuartMac s’éveilla de sa transe, ramené au présent par une réalité pressante.
Ce sont nos ennemis ! Préparez le Compresseur pour un saut d’urgence !
Impossible, lui rappela l’autre, les réparations débutent à peine, nous n’avions qu’un seul saut !
La fin.
C’était donc une nouvelle mort, véritable cette fois, qui l’attendait. Ses chimères anéanties, sa flotte enfuie, son vaisseau isolé, sans aucun espoir de survie. Lui, le Professeur QuartMac, celui dont la vie mériterait plusieurs ouvrages sur tous les bienfaits qu’il avait apportés à cette humanité si peu reconnaissante, se trouvait désormais au soir de son existence.
Les engins ennemis n’attaquaient pas immédiatement, se contentant de se séparer pour l’encercler. Ils étaient sept, comme les sept transporteurs qu’il avait reçu l’ordre de détruire, quelle pirouette macabre du destin !
Lui, le savant aux facettes multiples allait-il ainsi se laisser dévorer par les chiens de la fatalité ? Ou donnerait-il ce fameux dernier numéro, cet éclat de gloire étincelante qui resterait sinon dans les archives, au moins dans la mémoire de leurs adversaires ?
D’un geste sec, il se baissa et ramassa son gilet de commandement. Il l’enfila, prenant soin de fermer le zip et s’enfonça dans son fauteuil pour placer le rayonneur sur son front. S’il devait mener sa bataille finale, alors il allait offrir un spectacle inoubliable que personne n’attendait.
D’une pensée, il toucha les esprits de chacun des membres de son équipage :
« C’est votre Commandant QuartMac qui vous parle. Nous n’avons plus aucun espoir de replis, nos ennemis nous sont supérieurs en nombre et se préparent à l’hallali. C’est donc le moment de gloire que nous attendions : nous avons notre nouvelle arme, notre stratégie basée sur des centaines d’heures d’observation et un plan qu’ils n’anticipent pas.
Rassemblant tout ce que son âme pouvait trouver de courage dans sa colère contre ce destin injuste, il conclut :
« BRULONS ENSEMBLE LES DERNIÈRES MINUTES DE NOTRE EXISTENCE POUR GRAVER DANS L’ESPRIT DE CES DÉMONS LA PEUR DES MENTAUX ! SUS À L’ENNEMI, MES FRÈRES ! »
Ces hommes et femmes sélectionnés pour leur attachement à sa personne n’en demandaient pas plus pour lui offrir leur vie. Les retours psychiques fusèrent et une vibration monta en lui, un concentré de ferveur qui s’exprimait depuis les cœurs battant sur son vaisseau. Qu’il en soit donc ainsi :
« Chauffez le nouveau Canon mental, activez les grappins magnétiques, qu’ils soient prêts à sortir à la dernière minute… ET FEU DE TOUTES LES BATTERIES ! »
Les jets de lumière jaillissant du croiseur n’impressionnèrent évidemment pas les sept Lan’huitl qui s’empressèrent de glisser sur le tissu de l’éther. Les projectiles passèrent au travers d’eux et malgré les calculateurs intégrés — sachant faire faire demi-tour aux missiles — eux en face s’en amusaient. Ils se déplaçaient à la dernière seconde : des enfants riant, des soldats joviaux prenant quelque bon temps avec leur proie avant la mise à mort.
« Qu’ils s’amusent… », sourit QuartMac.
L’information qu’il attendait s’afficha dans un coin de la pièce, il donna l’ordre de détruire les fusées et transféra les commandes des trappes sur son esprit. Tout allait se jouer à la milliseconde.
Lorsque les charges détonnèrent, quelques tôles froissées des croiseurs ennemis volèrent, mais ils se placèrent surtout en position pour l’affrontement final. Juste avant qu’ils n’ouvrissent le feu à leur tour, QuartMac activa l’arme. Le Canon mental avait été amélioré, désormais son rayonnement n’était plus linéaire, mais radial, tout autour de lui. Si sûrs d’eux, si impatients d’assister à la curée qu’ils s’étaient bien trop approchés, les équipages Lan’huitl n’avaient pas compris que l’on ne cherchait qu’à les faire se regrouper à faible distance du vaisseau humain.
Les cerveaux nalcoēhuals grillèrent tous sous l’impulsion, leurs corps tombant, privés de leur substance nerveuse avant même de s’effondrer, avant même que le tir du canon ne s’atténuât. Immédiatement, des dispositifs magnétiques furent catapultés vers les Lan’huitl désormais dérivants. Les grappins solidement fixés, des treuils s’activèrent à leur tour, rapprochant les carcasses ennemies jusqu’à entrechoquer leurs coques. Une fois les échos sourds étouffés le long du fuselage, une accalmie pesante s’abattit sur la scène.
Cet amas informe de vaisseaux aux équipages décédés, agglutinés autour d’un appareil, tous feux éteints, paraissait bien incongru au milieu de l’immensité spatiale. Mais la seconde partie du plan allait bientôt prendre son élan, comme le prévoyait QuartMac depuis son fauteuil de commandement, goutant le silence percé de quelques bruits électroniques épars.
« Et maintenant, chuchota-t-il pour lui-même comme pour le reste de ses fidèles répartis dans le croiseur, l’expérience ultime ! »

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RedU T1 Ch29 Ep13

Tue, 23 Jul 2019 23:37:00 GMT

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 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 13 : « Percée (2) »

L’acharnement des équipes du professeur paya : drogués par un opiacé maison, ils installèrent les nouveaux systèmes expérimentaux sans faillir, dédiés à leur tâche telle des mères au chevet de leurs enfants. Désormais fin prêts, les quatre croiseurs améliorés se détachaient lentement du reste des vaisseaux de guerre. À bord, c’est un QuartMac fringuant, engoncé dans la veste de cuir noir des commandants qui se présenta sur la passerelle. Sur un signe de sa part à l’opérateur radio, la communication fut établie avec Laurelian… ainsi que toute la flotte. Ce moment s’inscrirait à jamais dans l’Histoire comme un retournement de situation. Du genre que l’on étudiera dans les académies militaires qui porteront son nom :
Amirale Laurelian, les quatre croiseurs de la controffensive sont prêts à appareiller. Nous recevons actuellement les dernières données concernant plusieurs positionnements possibles. Si les renseignements sont exacts, alors ils ne nous échapperont pas.
Il inspira profondément, puis reprit :
Je transmets le commandement absolu de notre flotte à l’amirale. La durée de notre mission ne devrait pas dépasser trois semaines standards, elle nous emportera dans les recoins cachés de l’espace où nos ennemis se tapissent lâchement. Nous irons les y frapper jusqu’à anéantir tout espoir en eux et nous vous ouvrirons une voie royale vers la victoire finale ! Avec vous tous, nous dominerons ensemble cette région de l’univers pour la plus grande gloire des Forces mentales !
Garde-à-vous ! lança Laurelian sur les ondes et, dans chaque appareil de la flotte, tous se dressèrent en saluant le départ des héros.
QuartMac se savait héraut de ce sentiment de fierté patriotique retrouvé qui avait tant manqué à ses troupes. C’était lui, le scientifique honni par une élite dédaigneuse, qui allait finalement porter le fer là où nul n’était encore jamais allé, lui qui allait permettre à l’humanité de révéler ses lumières à toute la galaxie !
Accompagné par tous les opérateurs de la passerelle, des hommes et femmes totalement dévouées à sa cause, il rendit le salut, filmé par les caméras internes qui diffusaient chaque seconde de cette glorieuse séquence. Les quatre croiseurs se regroupaient maintenant, chauffant leurs Compresseurs et laissant les dernières vérifications automatiques terminer leur œuvre. QuartMac n’en doutait absolument pas : l’esthétisme de la scène se transmettra de génération en génération, portant au pinacle son acte ô combien héroïque !
Compagnie ! Laurelian donnait finalement son aval officiel sur toutes les ondes. Vous êtes autorisés à partir au loin. Revenez-nous aussi vite que possible, nous préparerons la deuxième phase du plan en nous inspirant de votre esprit conquérant !
Messieurs… en avant toute, ordonna simplement le professeur, le doigt tendu vers les étoiles de l’écran principal.
Un dernier vrombissement interne et son croiseur disparut en Transition, traversant les dimensions pour atteindre sa destination… seul.
Des quatre appareils, uniquement le sien s’était volatilisé.

Dans son centre de commandement, Laurelian resta quelques instants muette, comme plusieurs membres de son équipe, puis elle donna ses consignes :
« Nous avons quatre heures avant qu’ils ne puissent revenir. Que la première division évacue vers la Passe. Prévenez les mouillages de mines qu’ils peuvent également commencer. Formation Zeta-Bravo, scindez la flotte. »
Dans les minutes qui suivirent, de gigantesques mouvements de croiseurs se produisirent, plusieurs vagues de départ en Transition s’effectuèrent alors que les rapports n’annonçaient, fort heureusement, aucune activité particulière de l’ennemi extraterrestre. L’amirale ne relâcha pas la pression, sachant pertinemment que chaque seconde comptait. Ils avaient beau protéger leur retraite par des mines magnétiques, cela demeurait un moment charnière où les troupes comblaient mal leurs points faibles.
Un nouveau rapport, psychique celui-là, confirma l’éjection dans l’espace des trois chimères du professeur. Leurs cellules de maturation, maintenant déconnectées d’énergie et soumises aux températures et rayonnements intersidéraux, périraient assez vite ou seraient congelées pour l’éternité, peu en importait à l’amirale. Son fantasme d’une arme absolue ne reposait pas sur grand-chose, au mieux pourrait-on faire durer le supplice, mais certainement pas renverser la situation. Ils perdaient chaque jour jusqu’à des dizaines de croiseurs et les ordres de ce fou anéantiraient les derniers, au détriment de l’indispensable protection de la patrie. Il ne s’était rendu compte de rien : le plan pour son éviction avait été préparé discrètement par un groupe restreint des plus hauts gradés, puis partagé dans le plus pur secret Mental avec tous les membres de la flotte… sauf QuartMac. L’idiot n’avait pas voulu voir combien la rancœur envers sa personne tenaillait les tripes de chacun, au point que cela avait été difficile de trouver une trentaine de volontaires qui croyaient encore en lui pour l’accompagner. Le reste ne consista qu’en une petite mise en scène dans son bureau où le naïf avait répondu à la virgule près aux projections psychologiques. Il se pensait si supérieur qu’il n’imaginait pas combien son profil — conçu de longue date — permettait de le manipuler aisément, domaine où les Mentaux excellaient.
« Un humain comme les autres, finalement, chimère ou pas… » conclut-elle.

*

L’attaque nalcoēhuale surprit la Flotte mentale à l’entrée de la Passe de Magellone. Une partie avait déjà sauté dans la déchirure spatiale quand ils apparurent. Non pas une poignée de croiseurs légers, comme à chaque fois, mais tous. Plus de deux-cents engins capables de « déplacement d’éther » et de « micro-transitions » ; cette fois ils surclassaient technologiquement, mais aussi numériquement leurs ennemis. Les mouilleurs de mines furent les premiers à se disloquer sous les tirs ininterrompus. Certes, on pourra louer l’acharnement de la défense, certes Laurelian adapta la formation en permanence et avec brio, certes les mines et les fusées causèrent des destructions… mais le carnage qui s’en suivit n’eut aucune comparaison dans l’histoire spatiale.
Lorsque l’amirale entra in extremis à bord d’un vaisseau endommagé dans la Passe, elle savait fermer le ban de la colonisation humaine — et Mentales — pour ce côté-là de l’univers. La semaine nécessaire à la traversé de la Passe lui permit de répondre aux multiples questions, de justifier les pertes, d’expliquer le surclassement technologique — les preuves ne manquaient pas. On dissimula la disparition de feu le gouverneur sous les pertes et les profits, surtout à la vue du nombre des rescapés. Leur estimation lui porta un coup au moral, malgré son expérience : au mieux, ce ne sera qu’une soixantaine de croiseurs qui réapparaitrait dans l’espace connu de l’homme… sur un millier au départ. La dernière attaque avait montré, si besoin en était, que leurs ennemis chauffaient des usines de fabrication à une cadence très élevée, modifiant en profondeur la composition de leur armée spatiale.
Dans l’intimité de son bureau, son inquiétude grandissait au fur et à mesure qu’elle passait et repassait les effrayantes scènes de batailles :
« Quelles que soient nos pertes, nous pourrons reconstruire avec le temps et cela ils le savent parfaitement. Pourquoi donc nous avoir anéantis, alors que nous partions ? Pourquoi avoir ciblé d’abord les mines ? »
Elle se prit le visage entre ses mains, massant ses tempes endolories par une trop forte concentration sur une trop longue durée. Elle devait se reposer, l’aventure de la colonisation touchait de toute façon à sa fin et le reste de l’armada rentrait à bon port. Sa veille actuelle n’avait qu’un sens purement personnel, sauf si…
Écartant les doigts, elle leva son regard sur l’écran où tournait toujours en boucle les images du carnage. Une seule conclusion permettait d’offrir une réponse à toutes ces questions. Une idée terrifiante, aux implications sans fin :
« Ils voulaient nous affaiblir et conserver la Passe ouverte. Leur objectif est de la traverser à leur tour… »

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RedU T1 Ch29 Ep12

Tue, 16 Jul 2019 23:34:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr !

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 12 : « Percée (1) »

Retenez-les, lancez un contrordre ! Amirale, c’est inacceptable !
Monsieur le gouverneur, avec tout le respect dû à votre personne, la situation ne permet plus de choisir autre chose que la retraite.
Mais je refuse !
Que proposez-vous ? Nos pertes d’aujourd’hui sont moindre : seulement quatre appareils détruits et un endommagé. Il faut dire que la saignée des derniers jours nous aura couté plus d’une centaine de croiseurs, bientôt nos ennemis devront chercher leur proie.
Le Professeur QuartMac, nommé gouverneur des colonies humaines au-delà de la Passe de Magellone, réagit violemment en écrasant son stylo sur la surface déjà abimée de son bureau. Il ne dormait plus correctement depuis des semaines, découvrant ainsi d’étranges nouvelles facultés de son cerveau de chimère. Tels certains oiseaux ou mammifères marins, il avait trouvé le moyen de reposer un hémisphère sur deux par intervalles réguliers, l’endurance de son corps encore frais procurant l’énergie manquante. Tant pis s’il brulait trop vite l’existence de cette enveloppe, là n’était pas l’importance !
Laurelian, je vous veux dans mon bureau dans quinze minutes avec des propositions crédibles ! Et sursoyez immédiatement à vos directives pour la flotte. Nous restons de ce côté-ci de Magellone. C’est un ordre !
QuartMac rompit la communication psychique. Cette idiote, cette lâche ne connaissait rien à l’Art de la guerre. Les Mentaux ne comprenaient que les rouages de l’esprit — et encore en savait-il plus qu’eux sur le sujet.
Quinze minutes… comment tuer ce temps ? Lire les sempiternels pleurs sur les morts et destructions qui remplissaient les pages des rapports accumulés sur son bureau ? Réétudier, à s’en abimer les rétines, les options stratégiques d’après les maigres cartes spatiales à sa disposition ? Boire un thé ?
Non, il allait suivre son unique passetemps depuis des semaines consistant à rejoindre sa petite équipe restreinte du laboratoire. Car c’était là-bas que l’on préparait la contrattaque, là-bas où les vrais cerveaux des Forces mentales étaient regroupés pour réfléchir à de nouvelles techniques pour mener la bataille.
Et les résultats prouvaient le bien fondé de cette démarche.
Quinze minutes… il n’avait pas le temps de se rendre en personne dans le croiseur où l’on avait installé le laboratoire, fort heureusement ce n’était pas nécessaire. D’un geste, il déverrouilla une petite trappe située sous son accoudoir pour activer un interrupteur dissimulé. Plusieurs cercles argentés vinrent enserrer sa tête : une version du « rayonneur », spécialement conçue par ses soins, permettait de prendre le contrôle d’un bras mécanique autonome dans son officine. Même Laurelian ignorait son existence ou, en tout cas, ne pouvait en percer les codes de cryptage. Quant à son équipe, elle ne répondait qu’à lui-même, avec interdiction absolue de partager quelque information que ce soit avec le reste de la flotte, sans son accord au préalable.
La vibration du rayonneur se répandit en lui alors que son esprit traversait les kilomètres le séparant de ses collaborateurs. Le laboratoire s’illumina soudain sous le regard de sa « nouvelle » vue, assemblage de caméras, de lentilles microscopiques, de capteurs à différentes longueurs d’ondes ou de réalité augmentée. Certains des assistants les moins éloignés levèrent un sourcil puis le saluèrent d’un hochement de tête, avant de replonger dans leurs occupations. Plusieurs expériences touchaient au but tandis que d’autres ne faisaient que démarrer, mais le plan général était désormais bien établi. Tout en survolant les multiples ateliers, QuartMac se rapprochait d’une balustrade surplombant un large espace où le projet prenait finalement forme.
Des points noirs glissèrent sur son champ de vision. Son excitation provoquait malheureusement ces parasites dans la communication, sans doute dus à sa suractivité de ces derniers temps. Il souffla quelques secondes, puis stimula les suspenseurs du bras autonome. Ils lui permirent de franchir la barrière et de descendre dans la fosse. Plusieurs ingénieurs, parmi les plus qualifiés qu’il eut jamais sélectionnés, branchaient précautionneusement des câbles d’alimentation. Sur une impulsion mentale, ils lui résumèrent l’état d’avancement ainsi que les objectifs de cette expérience qu’il valida en retour. On sonna la petite alarme et tous ajustèrent sur leur nez des lunettes bleutées avant que l’on active le prototype.

QuartMac ouvrit les yeux dans son bureau du croiseur amiral. Le programme avait immédiatement rapatrié son esprit une poignée de millisecondes avant que sa pensée elle-même ne s’évanouisse à jamais, sécurité déjà utilisée lors des derniers tests du projet. Il ne put s’empêcher de sourire : oui, d’ici peu on entrerait dans la phase opérationnelle et cela inverserait enfin la marche de l’Histoire.
Il se redressa, massant sa nuque endolorie par trop d’immobilité, puis se leva. Un bon thé bien fort l’aiderait à se préparer avant la venue de Laurelian. Son estomac brulait encore des quantités précédemment ingurgitées, pourtant l’habitude et le besoin de se maintenir à la hauteur des défis prenaient le dessus sur la santé de son corps de chimère.
Mais au fait, combien lui restait-il avant qu’elle…
Un avertisseur annonça qu’un invité attendait désormais dans l’antichambre. Visiblement, il n’avait pas vu le temps passer.
« Entrez, Laurelian. »
La grande femme, serrée dans sa tenue de cuir noir aux insignes blancs, vint saluer son supérieur dans un garde à vous impeccable. QuartMac la laissa patienter le temps qu’il remplisse sa tasse, puis, tout en s’installant dans son fauteuil, il lui lança négligemment un :
« Repos, amiral. Prenez place, je vous en prie».
Autant essayer de mener cette conversation calmement, pour une fois, et éviter ainsi de reproduire leurs dernières rencontres houleuses.
Une gorgée du breuvage brulant descendit lentement le long de son œsophage. Sa colère précédente s’était apaisée, même s’il se savait dans un état de fatigue propre à toute perte de contrôle impromptue. Cela l’avait d’ailleurs bloqué quelques jours plus tôt lors d’une connexion à son bras autonome. Il n’avait eu d’autre choix que de se rendre sur place en navette, malgré une nouvelle attaque ennemie signalée en amont de la flotte. Bref, sa tension était à surveiller et son calme à cultiver. Mais trêve de sensiblerie, écoutons donc ce que cette femelle avait à dire :
Allez-y, que proposez-vous ?
Vous connaissez mon analyse de la situation. Cependant, selon vos ordres, voici trois directions stratégiques. Trois grands axes que nous pouvons suivre… quel qu’en soit notre destin.
Elle posa un petit disque sur le bureau et activa mentalement le projecteur holographique, avant de poursuivre :
Le meilleur choix consiste à faire reculer progressivement la flotte dans la Passe, libérant en arrière un nombre suffisant de mines magnétiques pour ralentir, sinon bloquer, l’avancée de nos ennemis.
Magnétiques, hein ? s’en amusa QuartMac. Nos adversaires se fondent en Transition comme moi dans mon bain. Que voulez-vous qu’ils fassent de vos mines magnétiques ? De plus, lorsque les renforts arriveront de MaterOne, ces engins représenteront un dangereux obstacle pour eux.
Quoi qu’il en soit, ajouta-t-il dans une grimace, je refuse la retraite.
Autre proposition ?
Le regard de l’amirale se déplaça, pilotant la projection comme si elle ne ressentait aucune sensation suite à la condescendance de QuartMac. Après tout, cette discussion était courante entre eux deux, elle s’y attendait certainement.
Une contrattaque massive. Mais, pour cela, il nous faudrait identifier au moins un lieu de regroupement ennemi.
Ces vaisseaux ne viennent pas de nulle part, ils doivent avoir un point de chute, un endroit où on les répare, les réapprovisionne, voire simplement une flotte comme la notre. Nous pensons que le plus gros de leurs troupes, auxquels nous avons déjà été confrontés au début, sont toujours probablement là. Les nouveaux croiseurs ne sont guère plus qu’une poignée, plus petits à construire, plus redoutables aussi… mais n’y revenons pas.
QuartMac se pencha sur le bureau, frottant ses yeux qu’il savait d’un rouge à faire peur.
Je vois l’idée, commenta-t-il simplement. En gros, il s’agit de reproduire leur stratégie initiale. Sauf que, sans information sur leur lieu de regroupement, votre stratagème risque de tomber à l’eau. Proposition suivante ?
Laurelian cligna des paupières, provoquant la disparition de la représentation, et récupéra son disque mémoire. Elle s’enfonça dans l’épais dossier de son fauteuil. Elle croisa même ses longues jambes, attitude inhabituelle, car l’officière exposait toujours une image d’elle-même la plus protocolaire possible.
Si, et seulement si, vous avez réussi à développer quelque arme d’attaque qui prendrait nos ennemis à revers, alors un petit groupe de vaisseaux aux équipages parmi les plus fanatisés, pourrait se projeter très loin en avant de nos lignes et tenter de frapper leurs arrières.
Était-ce une illusion ou les yeux de l’amirale brillaient-ils à l’énoncé de ce plan, ô combien audacieux ?
L’objectif serait de les occuper, nous avons besoin de suffisamment de temps pour que la flotte régulière nous rejoigne et reparte avec nous à l’assaut de cet univers.
Le gouverneur n’en revennait pas d’ouïr enfin quelques élans volontaires dans la litanie défaitiste habituelle. C’est trépignant d’intérêt qu’il répondit :
Ce plan me plait, Laurelian ! Il aura fallu une attente interminable pour obtenir cette idée, mais elle est excellente !
L’expression, à la limite de la foi, de son officière supérieure paraitrait presque suspecte au vieux savant, mais elle avait mis des mots sur ce qu’il désirait entendre et cette tactique pouvait enfin renverser la balance. Bien sûr que les vaisseaux de la flotte spatiale n’auraient aucune chance en cas de combat direct avec leurs adversaires, mais pour autant ils s’acquitteraient efficacement de la sécurisation des champs de bataille comme des mondes colonisés. Et puis, la destruction de l’Exode restant une priorité, cette tâche pourrait leur revenir ! Oui, Poféus n’hésiterait pas à fournir ce que le gouverneur lui demandera, du moment que la disparition des sept transporteurs représente le bout du tunnel.
Le vieux savant s’expliqua :
Je peux vous l’annoncer, nous avons en effet une arme bientôt prête au déploiement. Trouvez-moi quatre appareils, je me charge de les adapter en moins de deux journées standards.
Mais, qui supervisera le détachement, s’interrogea Laurelian ? Ce prototype nécessitera sans doute les réglages les plus fins… d’autant qu’il faudra quelqu’un pour motiver les troupes dans cette mission dangereuse.
Certes, elle avait raison. QuartMac fit pivoter son fauteuil sur lui-même réfléchissant aux implications de son idée. Personne d’autre que lui ne pourrait diriger cette expédition, mais il possèderait un atout : il pourrait se dupliquer à l’avance dans une des nouvelles chimères en maturation. De cette manière, il pourrait assurer son rôle des deux côtés.
Écoutez amirale, je le ferais ! JE commanderais personnellement ce détachement !
Monsieur ? Mais… c’est extrêmement risqué !
La sincérité de Laurelian désarmait presque. Elle n’imaginait toujours pas les possibilités que procurait le clonage ! Elle ne s’arrêta pas là et se redressa. Hésitant un court moment, elle finit par se lever et se raidit en un garde-à-vous académique. Sa voix tremblait-elle ou était-ce seulement une impression ?
« Ce sera un honneur pour les équipages que de vous accompagner dans ce combat, Monsieur ! Je vais définir les zones où vous aurez le plus de chance de croiser nos ennemis ! »
Sur un hochement de tête de QuartMac, elle effectua un demi-tour règlementaire et s’en fut vers la porte. Au moment de traverser celle-ci, elle se retourna, comme pour dire une dernière phrase d’encouragement.
« Laurelian, j’ai confiance en vous : nous y arriverons » lança le gouverneur en tendant son poing en un signe de victoire virile !
L’amirale esquissa un petit sourire et reprit son chemin, visiblement ragaillardie.

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RedU T1 Ch29 Ep11

Tue, 09 Jul 2019 23:01:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST DISPONIBLE SUR http://forcesmentales.fr !

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 11 : « Visions (2) »

« Bonjour Fabio < ouf > ! Tu vois, chérie, je t’avais dit qu’il serait… serait… làààà  ! »
Ayant malencontreusement posé un sac un peu trop en déséquilibre sur le trépied de l’entrée, le contenu glissa, entrainant vers le sol le petit meuble et un second cabas. Sans réfléchir, Fabio en appela à ses pouvoirs pour ralentir la chute et éviter la casse du vase avec la fleur en plastique, mais rien ne se produisit. Au mieux, put-il entendre les mots d’oiseaux qui traversèrent l’esprit de Phil avant que le fracas n’égaille l’immobilisme de la pièce.
La réaction, et surtout le manque de résultat, du jeune homme n’échappa pas à Adénor.
Alors, ce que l’on nous a dit était vrai ? Vous avez perdu vos pouvoirs ?
Hem… je, en fait c’est…
Et merde ! La bouteille de parfum dans le sac s’est fendue, ça coule dans le linge ! Quelqu’un a un mouchoir, vite ? s’enquit Phil, interrompant le début de conversation dans son affolement.
Attends, j’en ai un là.
Fabio chercha une poignée de secondes dans la poche arrière de son pantalon et en sortit une pièce de tissu qu’il apporta. Au milieu de l’entêtante odeur qui montait, il pouvait deviner le regard que l’ancienne tueuse portait sur lui, telle une chaleur incommodante sur sa nuque. Phil extirpait les affaires du sac aussi vite que possible, enfermant le flacon fêlé pour tenter d’en retenir le contenu. Il le tendit à Fabio qui s’empressa de rejoindre la salle de bain. Avisant un verre vide, il y versa ce qui restait et le déposa dans l’évier pour éviter tout nouveau drame. Se retournant vers l’entrée, il fit face à Adénor :
Comment allez-vous, Fabio ?
Je… je devrais vous poser la même question, rétorqua-t-il en désignant son ventre du menton.
Le regard de la jeune femme se troubla tandis qu’une esquisse de sourire mourut immédiatement sur son visage.
Nous n’en sommes qu’au premier mois, le chemin est encore long, mais les médecins disent que pour l’instant tout va très bien. Par contre, il n’y a pas de spécialiste pour les Mentaux esseulés dans l’Exode, Fabio Ouli. Alors ? Comment vous sentez-vous ?
Son début de grossesse n’avait rien enlevé au caractère, ni à la pertinence, de l’ancienne tueuse de l’Armée royale.
J’essaye de faire le point.
Encore ? souffla malicieusement le Faiseur.
Et combien de temps cela vous prendra-t-il ? Des mois ? Des années ?
Je l’ignore… je ne vous attendais pas. Vu la quantité de bagages, j’en conclus que vous revenez vous installer ici ?
Oui, mais changer de sujet ne vous sera d'aucune aide. Godheim nous a prévenus qu’il vous serait désormais difficile sinon impossible de simuler vos « miracles » habituels. Par contre, il a été avare d’explications quant à ce qui vous était arrivé. Depuis quand êtes-vous au courant ?
Un peu moins d’une dizaine de jour. Écoutez, ce n’est pas que je souhaite éviter cette discussion, mais je vais récupérer mes propres affaires et vous laisser la place, alors si vous…
Elle se saisit du bras qui voulait l’écarter, sans brusquerie, mais avec fermeté :
J’ai aussi perdu ma raison d’être, par deux fois. On s’en remet toujours, Fabio. Il vous faudra chercher ce que vous êtes vraiment, au-delà de ce que les autres attendaient de vous.
Je n’aurais pas dit mieux, elle me plait cette petite, elle me plait de plus en plus !
Je… heu, merci, Adénor. Pardon, je dois passer.
La jeune femme s’écarta et il s’enfuit littéralement devant elle, poursuivit par la brulure de son regard. Le respect de sa souffrance pouvait-il être sincère ? Et, quand bien même, que pouvait-elle y comprendre ? Il avait perdu la clarté, il était devenu l’aveugle que l’on doit soutenir, l’obscurité était désormais son horizon, l’impuissance, son rayon d’action.
IL N’Y A QUE TOI QUI REFUSES D’Y VOIR, PASSEUR ! TON POUVOIR EST PLUS ÉTENDU QUE N’IMPORTE QUEL MENTAL, FÛT-IL OMNIPOTENT !
Quoi ?
Fabio manqua de tomber, il se rattrapa au fauteuil et observa Phil avec stupeur. Celui-ci se tenait debout devant l’encadrement de la porte, les pieds joints, le doigt de sa main droite tendue à l’extrême vers le Mental blond. Adénor comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas, cependant, par réflexe, elle resta à plusieurs pas de distance, un bras en protection de son bas-ventre :
Chéri  ? Que se passe-t-il ?
TON FRÈRE VA DEVOIR AFFRONTER, SEUL, TOUT CE QUE L’ARMÉE NOIRE NALCOĒHUALE AURA DÉPÊCHÉ POUR ANNIHILER LES HOMMES !
Non ! ne put s’empêcher de crier Fabio.
TU N’AS PAS PLUS LE CHOIX DE TON DESTIN QUE L’EXODE OU ANTON MARENKOV, SOYEZ DÉMUNIS DANS LA DESTRUCTION OU UNIS DANS LA SURVIE.
Et, sans préavis, le doigt accusateur retomba et Phil s’agenouilla pour plier consciencieusement les habits sauvés du parfum. Il en renifla deux puis, visiblement satisfait se redressa en emportant son trésor. Devant la mine ahurie des deux autres, il s’arrêta net :
Heu… oui ?
Phil chéri ? Ignores-tu ce que tu viens de faire ?
J’ai ramassé les vêtements, c’est grave  ?
Tu as hurlé beaucoup de choses très intéressantes, en fait. Je crois que ce n’était pas toi qui parlais par ta bouche, suggéra Fabio, dans un coup d’œil discret vers le chat somnolant au creux des coussins du canapé.
Et j’ai dit quoi, demanda Phil ?

Quelques explications plus tard, tous trois se retrouvèrent à partager un thé à la menthe, préparé à l’occasion par Fabio, autour de la table de la cuisine. Phil regardait tour à tour ses deux voisins :
Le fameux Faiseur aurait parlé au travers moi ? Mais c’est incroyable !
Pas tant que cela, répondit Fabio. Il te connait bien, crois-moi. Je ne saisis pas le but de cette mise en scène, par contre.
Tu te souviens de notre dernière altercation avec Godheim sur Monte-Circeo, intervint Adénor, les coudes posés autour de sa tasse fumante ?   Lorsqu’il avait menacé de jeter un astéroïde et sa population en rebellion au travers d’un trou noir, tu avais prononcé quelques phrases qui n’étaient pas de toi non plus. Je me rappelle avoir été surprise… mais l’avatar de l’Empereur-Dieu avait d’emblée accepté de négocier, sans que l’on comprenne pourquoi.
Tous méditèrent cette information, tournant leurs cuillères pour refroidir les breuvages. Phil reprit :
Admettons. Donc j’ai — enfin, il a — parlé de ton frère, du destin et de destruction, c’est cela ?
C’est cela. D’après ce que l’on sait, une flotte de MaterOne est en ce moment aux prises avec les Nalcoēhuals. Il semblerait qu’elle n’ait pas beaucoup de chances de s’en sortir. Après tout, la dernière fois, les corvettes de Ragnvald nous soutenaient et ils nous avaient donné une partie de leur technologie.
Et vous étiez à l’œuvre, Fabio. Le Pope Titus Matrane nous a passé l’information et Gandhi l’a confirmé par la suite, compléta Adénor, montrant ainsi que le duo suivait les évènements au plus près.
Effectivement. Mais les Mentaux d’Angilbe n’ont que leurs vaisseaux et ce n’est pas suffisant face à nos adversaires.
Nouveau silence. Adénor gouta son thé, ajouta une touche de sucre, puis avala une autre gorgée. Phil n’avait visiblement pas soif, un air décidé peint sur son visage, il interrogea à nouveau Fabio :
Et que va-t-il leur arriver, maintenant ?
À qui ?
À cette flotte, pardi ! Fabio, ce sont tes anciens collègues, ce sont des humains comme nous, on va les laisser se faire massacrer sans rien faire ?
Hé bien, ils venaient probablement pour nous anéantir, nous. Le Mental but à son tour une gorgée brulante, puis continua.
De plus, l’Exode n’est pas une armée, ce sont des vaisseaux civils. Nous n’avons pas les moyens de combattre les nouvelles sortes d’engins nalcoēhuals, même Ragnvald semble démuni…
Et nous serions les suivants, c’est cela ? intervint Adénor, la voix sèche.
ILS VONT ATTAQUER MATERONE ! C’est cela que voulait dire le Faiseur ! Soit nous nous y mettons tous ensemble, soit on se fera rayer de la carte les uns après les autres par les Nalcoēhuals  !
Et maintenant, dis-nous ENFIN qui est ton frère !
Fabio prit quelque secondes pour rassembler toutes les pièces du puzzle et confirmer, autant que de possibles, l’évidence avant de répondre.
Il serait à la tête des forces humaines. Il aurait « récupéré » le pouvoir qui était le mien avant. Il devrait, en théorie, pouvoir les repousser et puis… ET MINCE !
Je ne peux rien y faire, NOUS ne pouvons rien y faire ! Vous croyez que ça me fait plaisir d’imaginer que Ralato va risquer sa peau tout seul face à ce qu’on a affronté là-bas  ?
… et tous les autres humains ! tonna Phil, le poing cognant soudain le plateau de la petite table. Ceux de MaterOne, de Talbot, Piñata et toutes les stations ou colonies de l’univers connu… TOUS vont y passer, si l’on ne fait rien !
Et que proposes-tu, chéri ?
Je… heu… je ne sais pas. Harceler les Nalcoēhuals comme on pourra ? Pilonner leurs bases arrière pendant que le gros de leurs troupes seront au loin, prévenir MaterOne qu’ils…
Ce point est inutile, le coupa Fabio. Ralato a déjà été prévenu, notre ami Loyal s’en est occupé.
LOYAL ?
LOYAL ? réagirent de concert Adénor et Phil.
Lui-même. Personne ne sait ce qu’ils manigancent, hormis le Faiseur, bien sûr. Mais ils sont derrière tout cela. La perte de mes pouvoirs, la préparation à l’ultime affrontement de Ralato, peut-être même influencent-ils les Nalcoēhuals. Ils veulent entrer dans notre dimension, mais quel est le rapport avec ce qu’il se passe maintenant ?
Phil se redressa brusquement.
Il faut qu’on mette Arlington au courant, l’Exode DOIT réagir ! On ne peut pas laisser arriver… ÇA. C’est un… un…
Un génocide, chéri, répondit Adénor, la voix glacée. On appelle cela un génocide. Je viens avec toi.

Ils étaient déjà partis depuis plusieurs minutes, Vivagel sur leurs traces, que la nuque de Fabio brulait encore du regard d’Adénor. Elle lui rappelait, entêtante, la culpabilité inavouée du Passeur, impuissant à comprendre quel pouvait être son rôle.

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RedU T1 Ch29 Ep10

Tue, 02 Jul 2019 23:04:00 GMT

La DEUXIEME SAISON DE FORCES MENTALES EST POUR SAMEDI PROCHAIN (http://forcesmentales.fr) PREPAREZ-VOUS !

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 10 : « Visions (1) »

La pièce était plongée dans l’obscurité, comme presque toujours ces derniers temps. En l’absence d’Adénor Kerichi et Phil Goud, leur vaste logement de fonction, offert au titre nébuleux de « personnalités invitées », brillait par sa froideur. Quand on connaissait les conditions d’hébergement désastreuses dans la Cité intérieure de Transporteur 3, il y avait matière à mécontentement, mais bon. Ils passaient de temps en temps ici récupérer quelques affaires et caresser le chat, si celui-ci daignait les accueillir. Les plaisirs de la « vie de divinité », dans un Exode arrivé à destination, pouvaient se résumer à ce logement.
C’était donc Fabio Ouli qui occupait et s’occupait des lieux, utilisant, nettoyant et nourrissant accessoirement Vivagel, le félin de Phil. Mais la plupart de son temps, lorsqu’il n’était pas en formation de son élève, Maeve Onawane, ou en discussions interminables avec l’Empereur-Dieu, il le vivait assit dans le canapé. Regarder la multivision, parfois, ou contempler Antares IV et les étoiles environnantes, souvent, furent ses principales activités… jusqu’à la disparition de ses pouvoirs. La situation se dégrada encore quand le groupe de Mentaux, guidés par l’ancien agent Stuff MacDone, arriva pour leur prêter mainforte. Les maigres talents de Fabio ne résistèrent pas une heure à l’inspection des nouveaux venus et la nouvelle de son infortune se répandit chez les dirigeants de l’Exode.
Fabio éprouvait désormais une profonde honte de son état. Cela faisait maintenant plus de sept journées qu’il restait cloitré dans cet appartement, ne recevant personne, n’assurant plus ni formation ni visite, rien. Que les membres du Conseil des Commandants s’abstiennent de leurs sempiternelles complaintes sur l’identité du Faiseur, que Godheim/Gandhi se débrouille pour réaliser ses « miracles » habituels !
Fabio voulait s’enfoncer plus petit que jamais dans ce trou de souris et ne plus jamais en être délogé.
Miaaaaoooww ! On parle de souris ? monta une voix dans sa tête.
Vivagel venait de sauter délicatement sur le dossier du canapé et il abondait les oreilles de Fabio de ronronnements plus voluptueux les uns des autres. C’était lui le mystérieux Faiseur, l’être mythique et réellement divin qui croisait la course de l’humanité lorsqu’elle coïncidait avec celle des Titans, de dangereux habitants d’une dimension parallèle.
Pas seulement, j’ai aussi beaucoup d’affaires à gérer, figure-toi !
Laisse-moi, fit Fabio sans même se retourner. Si c’est pour me faire la morale ou me montrer combien tu es supérieur, je n’ai aucune envie de le supporter.
Oh ? Monsieur boude ?
Non. Monsieur veut juste être tranquille pour faire le point. C’est sans doute un concept abstrait pour toi, mais pour moi cela compte.
Et combien de temps cela te prendra-t-il ? Parce que j’ai une facture à présenter en fin de service et j’aimerais savoir à qui la donner, tu vois ? Brrrrr miaw, miaw, Miaaaaoooww !
Fabio ne répondit pas, laissant l’autre se gargariser de son propre humour décalé. La perte de ses pouvoirs avait profondément touché le jeune Mental blond, bien plus qu’il ne l’aurait jamais imaginé. Il avait pratiquement passé toute sa vie avec cette aura de puissance psychique sans commune mesure avec ce que l’on connaissait sur MaterOne. S’en retrouver dépouillé si violemment revenait à arracher ses vêtements en pleine rue sous les rires des badauds.
Il avait déjà vécu plusieurs disparitions de ses facultés, souvent dues à des difficultés physiques, épuisement, maladie, ou à des traitements médicamenteux comme lors des mois où il était emprisonné sous les montagnes par Angilbe. Avant leur entrée dans la Passe de Magellone, les Titans avaient semblé incapables de le suivre pour lui procurer leur puissance. Cela s’était évanoui une fois éloigné de ce lieu si particulier. Mais aujourd’hui, pour d’obscures raisons qui lui échappaient, il sentait que c’était bel et bien terminé. S’il apercevait toujours ses petits amis, ils ne s’approchaient plus de lui qu’à grand renfort de concentration de sa part, en moins grand nombre que pour un Mental comme Stuffy par exemple, comble de la déchéance. Il lui semblait clairement les voir hésiter, la majorité refluant à ses appels, et seuls certains le frôlaient pour prodiguer puissance et pouvoirs. Le détestaient-ils, souhaitaient-ils le punir ?
Ou plutôt : « ont-ils un autre chouchou » ? intervint le Faiseur, alors que Vivagel prenait plaisir à pomper de ses pattes avant l’épaisse mousse du dossier.
Que veux-tu dire ?
Que tu es idiot ! Tu as toutes les informations entre tes mains, mais tu ne les recoupes pas. Je t’accorde que les autres ne sont pas mieux, mais tout le monde n’est pas Passeur.
Fabio se redressa et croisa les yeux du semi-hypnotique félidé. Vivagel lui montra sa satisfaction en enfonçant ses griffes dans le tissu.
Salut ! Brrrrr, tu daignes enfin me regarder. J’ai donc réussi à attirer ton attention, à ce que je vois.
Assez. Que m’arrive-t-il ? Tu le sais, n’est-ce pas ? Les Titans se sont lassés de m’apporter leur soutien ?
Tu te poses les questions superficielles, mon loulou. Les vraies seraient plutôt : « qui suis-je » et « que devient mon frère » ?
Ralato ? Oui… Ralato ! Godheim a dit qu’il revenait de Talbot et qu’il avait impressionné les…
Fabio fut traversé d’une brusque intuition. Fut-elle provoquée ou pas par le Faiseur, il en était coutumier, elles se répandaient dans son esprit en d’interminables conséquences et d’innombrables interrogations.
… Ralato ?
Ils l’ont choisi lui, c’est cela ?
Bingo ! Et crois-moi, ils n’y sont pas allés de main morte. Monsieur relativise à lui seul toutes les prestations dont tu as pu faire preuve par le passé. J’avoue que sa maitrise de toute cette puissance m’impressionne. Il a un talent certain, ce garçon.
Arrête, on penserait entendre Godheim. Au moins, il ne risque rien pour l’instant. Et pourquoi les Titans ont-ils changé d’avis ?
Tu le saiiiiis, répondit le Faiseur en un miaulement bien compris.
Parce qu’ils ne pouvaient plus me manipuler à leur guise ?
Voilà ! Leur plan demandait un réel engagement de ta part. Ce que, visiblement, tu n’étais plus prêt à leur offrir, mais ils avaient leur joker : Ralato Ouli, ton frère jumeau. Il a été imprégné par ton rayonnement depuis sa naissance, il maitrise les techniques Mentales et est à la tête de l’humanité, un met de choix pour nos requins transdimensionnels.
Imprégné ? La… tête de l’humanité ? Je croyais qu’Angilbe était devenu chancelier. Godheim parlait de perte de raison, à son sujet, c’est ce que tu essayes de dire ? S’il te plait, arrête avec les cachotteries, soit clair ! .
Le félin s’étira longuement, prenant son temps, puis s’assit. Il se lavait la patte avant lorsqu’il répondit  :
Il est mourant. De mon point de vue, son état ne change pas grand-chose à ce qui arrive. Ç’aurait, de toute façon, été à ton frère de mener la guerre, il n’aurait été qu’un soutien arrière, sans plus.
La guerre ? Quelle guerre  ?
Le chat leva la tête vers Fabio, écarquillant ses yeux à vouloir l’engloutir dedans, un quelque chose d’attristé émanant du puit sans fond de ses pupilles. Souhaitait-il partager une peine ? Un dieu pouvait-il être peiné ?
Au même moment, la porte de l’appartement s’ouvrit sur Phil Goud, les bras chargés de sacs et tirant deux grosses valises, et Adénor Kerichi, le bassin un peu plus en chair que dans les souvenirs du Mental blond.

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RedU T1 Ch29 Ep09

Tue, 25 Jun 2019 23:00:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 09 : « Remords(5) »

Cette scène s’était déroulée plus de quatorze années en arrière. Cela faisait déjà plus d’un an qu’il ne l’avait plus vu. Calande Rorré ou la Capitaine Fakir avaient pris la relève de son cœur et de son corps…
Méhala et lui venaient tout juste de faire l’amour…
Ce garçon ne représentait qu’une projection du passé destinée à lui nuire…
Mille-et-une raisons auraient pu le retenir de tomber, elles se multipliaient dans sa tête en une cacophonie assourdissante face à cet Apollon qui fut sien durant près d’une décennie. Lorsque ses genoux ployèrent et qu’il toucha le sol, une ultime voix lui cria qu’il pouvait encore se reprendre, qu’il était maitre de son âme. Ses yeux s’embuèrent pourtant et ses derniers scrupules s’effacèrent devant l’image même de la pureté.
Le jeune corps se révélait à la lumière lunaire dans une semi-obscurité que le lait de son épiderme glorifiait. Ses proportions parfaites traçaient les membres de longs muscles qui dessinaient une anatomie en pleine croissance s’approchant du divin. Une chevelure d’or semblait luire de son propre chef, détachant de cette quasi-apparition un pelage qui recouvrait le crâne, les sourcils et le pubis, attirant — absorbant — le regard. Et encore, si ce n’était que physique, mais Fabio Ouli représentait tout ce que Poféus n’avait su être. Sa perfection intellectuelle, un savant mélange de naïveté et de maturité et ses pouvoirs fantastiques le plaçaient au-dessus de cette humanité barbare. La soumission absolue du jeune homme à son égard en avait fait l’archétype du partenaire idéal pour celui qui n’était alors que contramiral.
Fabio pouvait lire dans tous les esprits, sauf celui d’Angilbe ; personne ne pouvait résister à Poféus et ses Forces mentales, sauf Fabio. Le duo qu’ils formèrent mêla amour et masochisme, introversion et ambition, et rien ne leur survécut, pas même le secret le mieux gardé de la lignée royale : les Titans.
Tu n’as pas souvent été repentant et jamais dans cette position, remarqua simplement le garçon, un sourire aux coins des lèvres.
C’est vrai…
Alors, dis-le, s’il te plait. Je… je l’attends depuis si longtemps.
Poféus courba l’échine, les paupières serrées à s’en faire mal. Oui, il s’agissait bien de larmes qui se formaient et qu’il tentait de retenir. Il inspira profondément, comme pour se préparer à plonger dans une étendue liquide sans fin, puis prononça simplement :
« Je regrette de t’avoir quitté, Fabio. ».
Ça y était, c’était dit. Pourtant autre chose remontait, une épaisse digue venait finalement de céder en son for intérieur, quelque chose de puissant qui avait demandé des siècles d’effritements et de coups de boutoir pour ressurgir maintenant et ici. Comme effrayé devant une horde de chevaux en furie, il s’affola, cherchant autour de lui une quelconque échappatoire. Il ne découvrit que le mobilier ciré dont l’odeur titillait encore les narines, une literie raffinée aux ourlets compliqués pendants de chaque côté d’un large sommier central, faisant lui-même face à un vieux miroir aux moulures de bois précieux. Au-delà des hautes portes-fenêtres donnant sur le balcon, une nuée de cirrus tramaient le ciel d’où perçait la lune en pleine gloire. Elle s’auréolait parfois, mal dissimulée derrière un nuage, puis s’ébrouait à nouveau d’une clarté aveuglante dans l’obscurité étoilée. Et tout cela mettait en valeur l’hypnotique pâleur de Fabio…
« Je… dois… me faire pardonner pour beaucoup plus que cela.
… pour…
… pour les humiliations, le mépris, la… l’injustice avec laquelle je t’ai traité ! Je ne vois pas… je ne me souviens pas de moment où je t’ai considéré comme tu le méritais ! »
Il leva les yeux vers le visage adolescent, impuissant à stopper le flot de paroles qui s’échappait de ses lèvres :
« Je t’ai même trompé, plusieurs fois, avec des mignons, dans ton dos. R… Ralato m’y aidait et je savais qu’il te détestait assez pour te le dissimuler.
Tout ce que tu m’as offert, je l’ai reçu avec dédain. Tout ce que tu accomplissais n’était jamais assez : tu représentais ma gloire, mon trophée, celui sur lequel je m’appuyais sans vergogne. Je t’ai… je t’ai EXPLOITÉ pour accéder à la puissance et assouvir mes fantasmes !
PARDON !
… PARDONNES-MOI ! »
Et il fondit en larmes, le visage enfoui dans les cuisses de son ancien amant. Face à ce presque adulte, il s’effondrait maintenant autant physiquement que psychiquement. Cet enfant avait grandi à ses côtés, écrasé sous la domination de celui qui, affamé de pouvoir, ne le voyait plus, il représentait le coin par lequel la honte parvenait finalement à faire imploser une coquille cent fois d’acier. Angilbe cria son désespoir comme Fab io l'avait fait lui-même à plusieurs reprises durant leur vie commune.
Cela se produisit donc ainsi, dans l’intimité de sa chambre à coucher, là où il avait commis ses crimes parmi les plus abjectes, là où il avait également connu l’amour le plus passionné. Là où Heir avait manqué par deux fois de l’assassiner et qu’il avait échafaudé certains de ses plans les plus retors. Ce fut au centre de cette immense toile, qu’il avait si patiemment tissé tout au long de son existence, qu’Angilbe Poféus retrouva finalement les remords, les regrets et la douleur qu’il réprimait depuis si longtemps aux tréfonds de son âme.
Il pleurait et criait à la fois, de la bave se mêlant à des larmes qui s’écrasaient sans compter sur le sol. Impossible de reprendre son souffle, chaque bouffée d'air se transformait en sanglots et en hurlements, tout juste réussit-il à prononcer un nom :
F… Fabio… FABIO !
Tu as de l’eau qui coule de tes yeux, mon chéri.
Très lentement, deux mains juvéniles vinrent se glisser dans la maigre chevelure qu’il lui restait et l’attirèrent délicatement. La douce chaleur du bas-ventre de Fabio représentait une branche flottant dans un océan en tempête et sans réfléchir, il s’y agrippa. Ses bras enserrèrent tout le bassin, compressant les chairs, appuyant sur les os : Fabio, son Fabio revenait encore pour le sauver… ou le tuer, mais qu’importe ! Depuis l’œil du cyclone de souffrance qui l’arasait, il cherchait de l’aide.
Et Fabio était là.
Quelques longues minutes s’écoulèrent, le temps que la respiration d’Angilbe se refasse plus profonde, reprenne un rythme, sinon normal, au moins stable. Il réussit à libérer un bras pour s’essuyer grossièrement, quand Fabio s’exprima enfin, d’une voix douce et jeune, dénuée de tout reproche :
Je t’absous de tes péchés, Angilbe Poféus.
Q… quoi  ?
Amour et haine ne sont que les faces d’une seule et même médaille. Nous avons tous souffert de ta personnalité égoïste ou peureuse. Crois-tu que nous ignorions à qui nous avions à faire ?
Angilbe releva la tête, croisant enfin le regard de Fabio. Mais était-ce vraiment le jeune homme qui lui parlait maintenant ?
« Nous sommes ceux qui t'avons tout donné et nous t’avons déjà pardonné il y a bien longtemps de ce que le destin a fait de toi. »
Doucement, il se libéra de l’étreinte du vieil homme et s’accroupit à son tour face à lui, ses mains glissant de la tête au visage… qu’il rapprocha du sien pour un baiser tendre, chaste, dénué de tout sous-entendu. Il dura longtemps, non pas passionné, mais raisonné, de cet amour assumé entre deux êtres ayant partagé toute leur vie. Angilbe le lui rendit, presque surprit d’être encore considéré comme un être humain aux yeux de… de qui, d’ailleurs ?
De moi, fit Fabio.
Ou de moi, répondit Heir ?
De nous, compléta Magnam.
Et pour nous, ajouta Méhala.
À tout jamais… conclut Calande Rorré.
Le visage face à lui changeait, se métamorphosait au fur et à mesure des apparitions furtives de ceux pour qui il avait compté plus que tout. La chambre s’était évaporée, il ne restait qu’un chemin de terre, un simple sentier sinueux émergeant du néant. En son centre, Calande Rorré et Angilbe Poféus, agenouillés l’un en face de l’autre, se tenaient par les bras, front contre front.
« Je… finissons-en, Calande. Je pense que… je crois que je suis enfin prêt. »
Elle lui souleva la tête, l’embrassant encore une ultime fois, et ils se relevèrent de concert. D’une main, elle désigna la voie qui se poursuivait devant eux :
« Allons par là, c’est ainsi que nous nous éteindrons tous les deux. Tous ensemble, devrais-je dire. »
Angilbe acquiesça sans dire un mot et s’engagea à la suite de sa dernière compagne. Pourtant, quelque chose le retint en arrière, comme si aller de l’avant devenait de plus en plus difficile. Calande, sentant la contrainte, se méprit :
Viens avec moi, aie confiance.
Calande, je n’arrive pas à…
Allez, viens te dis-je !
Comprenant que cela demanderait de plus en plus d’efforts, elle se tourna un peu exaspérée pour le réprimander, quand elle se couvrit les yeux de ses bras, hurlante de douleur et de terreur. Poféus se retourna à son tour et plissa les paupières devant l’intensité de ce qui émanait derrière lui.
Un gigantesque cerf de feu embrasait le ciel dans toutes les directions. Au centre de celui-ci, un homme brillait comme le soleil et sa main s’agrippait au chancelier sans même le toucher. Ralato Ouli observait le couple qui s’en allait, une expression de colère peinte sur son visage.

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RedU T1 Ch29 Ep08

Tue, 18 Jun 2019 23:37:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 08 : « Remords (3) »

À nouveau, le décor se dissout dans l’encre de l’obscurité pour réapparaitre sous une forme inattendue :
Un orthoptère ?
Oui, nous sommes en lévitation au-dessus de l’océan, à l’exacte verticale de la cathédrale sous-marine, cette relique sacrée de nos ancêtres que ta folie a conduit à la destruction, répondit calmement le roi, comme s’il expliquait à un écolier un quelconque problème mathématique.
Nous revoici à ce moment crucial de notre existence, Angilbe, celle qui scella nos destins à tous deux.
Un poids tirait le bras droit du chancelier, un pistolet automatique fumait, une cartouche engagée dans le canon encore chaud. Cela confirmait la plaie au front de Magnam IV. Il portait sa tenue d’officier en campagne, identique à celle qui l’habillait alors, quand ces évènement s’étaient produits. Derrière le souverain, la porte de l’appareil ouvrait sur un horizon marin où s’étiraient les vagues et leur écume chatoyante. Bizarrement, le ronronnement des turbines n’assourdissait pas les sons provenant de l’intérieur, mais, après tout, on n’en attendait pas moins d’un rêve.
Et que suis-je censé faire ? demanda Poféus, sèchement. À ce que je vois, vous avez déjà reçu la première balle. Reproduire notre dernière conversation ne m’intéresse pas.
Je pensais plutôt la poursuivre, mais sans que tu y mettes fin brutalement cette fois, répondit l’autre en bombant le torse, les mains jointes derrière son dos.
Sur cette posture habituelle pour le roi de l’humanité, il abandonna le chancelier du regard, considérant le poste de pilotage, vide de tout occupant. Après quelques secondes à observer l’immensité de l’océan au travers du parebrise avant, il reprit :
Pourquoi donc m’as-tu tué ? Le sais-tu ?
Vous m’avez traité de bâtard. C’était une humiliation !
Laisse-moi rire, Angilbe. D’abord, c’est malheureusement ce que tu es, un bâtard ; ensuite tu étais et es encore en haut de la hiérarchie. Ce n’est pas à toi que j’apprendrais ce que « se maitriser » signifie.
Ce n’est donc pas la vraie raison.
JE N’AI PAS À VOUS FOURNIR D’EXPLICATION, VIEIL HOMME !
Allons, garde ton calme. On ne gagne rien à faire des colères avec moi! Une preuve supplémentaire que quelque chose te tracasse. Il soupira, puis reprit :
Pourquoi me prives-tu de notre lien familial et de mon titre ? « Vieil homme », dis-tu ? Mais te rends-tu compte que tu sembles plus âgé que moi ? Nous n’avions pas vingt ans de différence et maintenant encore moins. Les affres de la vieillesse ne t’ont pas épargné…
Un autre que vous m’a dit cela, il y a très peu de temps ! s’énerva Poféus en braquant son pistolet sur le roi.
Oui, je sais. Encore un de mes fils, ton demi-frère Héhuā que j’ai perdu avec tout le reste… J’ignorais alors ce qu’il allait advenir de lui. Je ne l’ai appris que lorsque tu as lu les rapports de tes officiers.
J’ai perdu beaucoup des miens, NOTRE famille : fils, femmes, père, mère et enfin mon frère. Il ne me reste que toi et Azala. Celle que tu as décidé d’abattre à tout prix  !

Tu n’as pas enfanté, Angilbe, tu n’as pas idée de ce que l’on ressent quand on assiste au combat fratricide de sa progéniture. L’un a été… perverti par les Souriants, l’autre fut une reine en devenir désormais exilée et il y a… toi.
Angilbe relâcha imperceptiblement son bras, abaissant son arme. Il cherchait le piège. Heir l’avait noyé sous les reproches et les insinuations, Méhala et lui avaient partagé leur passion et maintenant son père naturel qui l’avait abandonné semblait faire acte de contrition… où donc Calande voulait-elle en venir ?
Je ne t’ai PAS abandonné ! T’aurais-je aidé tout ce temps ? T’aurais-je offert mon cœur, mon amour paternel, tout  !
Cette phrase est de moi ! Mais Calande, quel est donc ton but ?
Cette fois-ci, il ne visait plus personne, le révolver pointait vers le sol et Angilbe cherchait au plafond une quelconque apparition de celle qu’il interpellait.
Angilbe… le roi s’approcha lentement, une expression attristée peinte sur son visage. Mon fils, je ne suis pas celui que tu crois, tu te méprends. Il n’y a…
Reste éloigné, Magnam. J’ignore combien de cartouches je devrais tirer pour que tu t’arrêtes, mais je n’hésiterais pas, gronda l’autre, son automatique menaçant à nouveau le monarque.
Le roi s’immobilisa, à un pas de son dauphin et seulement quelques centimètres du canon de l'arme.
Qu’est-ce qui te dit que c’est ton démon intérieur qui me guide, moi ou mes mots ? Crois-tu vraiment qu’elle possède un tel pouvoir ? Heir te haïssait, mais ta compagne Méhala et moi nous t’aimions. Le fait de nous revoir n’est pas forcément une finalité de son plan.
Ha oui ? Et quel est-il alors ce plan ? Réponds.
Je pense qu’elle te prépare à mourir… tu revis les moments clefs de ton existence avant la fin qu’elle te réserve, sans doute. Mécaryon et moi n’avons pas eu ce privilège, l’ignores-tu ? Notre disparition fut aussi brutale que celle de nos Lakedaímōns.
Ne comprends-tu pas que je veux profiter de cet unique moment pour t’ouvrir mon cœur, te dire combien je regrette de ne pas vous avoir préféré au trône, toi et Mathilde, ta mère ? Je…
Il chercha ses mots puis reprit :
… est-ce que tu désires une autre étape de ta vie ? Je peux arranger cela.
Magnam leva le bras et le décor s’effaça soudain, laissant l’obscurité engloutir jusqu’au chancelier lui-même, seul le fantôme du roi restait visible, irradiant tel un phare dans l’encre des nuits marines. Lorsqu’il reprit pied sur un sol, Poféus reconnut sans difficultés l’endroit : la passerelle de commandement du Théodème. Sa première « affectation » à la tête d’un vaisseau, alors qu’il venait de faire fusiller, puis éjecter dans l’espace, le précédent « Pacha » sur des allégations de trahison. En tant qu’amant de celui-ci, il lui avait été facile de déposer les preuves nécessaires, le reste se déroula sans grande surprise. Si ce ne fut…
« Commandant ? Le balayage nous donne quatre planètes dans ce nanosystème, dont une semble… habitable pour l’homme  ? »
Poféus regarda les schémas qui s’affichaient sur la large projection face à lui :
Confirmez les résultats.
La marge d’erreur est de… moins de trois pour-cent, Monsieur !
Le silence le plus complet envahit alors la salle, tout juste troublé par quelques retours sonores des consoles et écrans de contrôle. Plusieurs opérateurs et officiers se retournaient vers leur chef, tandis que d’autres restaient obnubilés par l’image de la petite planète rouge. Magnam IV se tenait à ses côtés, invisible pour les participants :
Te rends-tu compte que tu es en face de la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité ? Et toi, tu sembles hésiter. Pourquoi, Angilbe ?
J’ai volé le commandement de ce vaisseau et tous s’en doutent plus ou moins confusément.
Il se détourna de ce qui deviendrait Antares IV pour croiser le regard du roi, son père :
Si leur premier souvenir de mon commandement avait été une déception généralisée. Par exemple, avec un retard de plusieurs semaines pour étudier une planète faussement vivable, j’aurais pu y perdre beaucoup vis à vis de l’équipage.
Ah… quand je pense à la fierté que j’ai ressentie lorsque tu es revenu, à la tête de ton nouveau commandement, porteur de la plus grande nouvelle imaginable pour ce genre de mission, répondit son père, rayonnant d’amour-propre. Te souviens-tu de la réception donnée en ton honneur au palais ? Je t’ai personnellement déposé la décoration autour du cou, tu ignorais alors combien j’exultais de te couvrir ainsi de gloire. Je crois que plusieurs larmes coulèrent ce soir-là, les plus observateurs y virent un humanisme exacerbé.
Sans même s’en rendre compte, Angilbe sourit à cette évocation. Il se souvint de ce sentiment qu’il partagea également : la fierté. Fierté d’être enfin lui-même, une personne importante et reconnue.
Oui, je me remémore parfaitement la scène. Toute la Cour à mes pieds, moi, agenouillé à une marche de vous. Je savais mon avenir désormais assuré, les forces armées royales récompensaient largement ce genre d’honneur sur le long terme.
Monsieur ? Que faisons-nous ?
La voix de son officier le rattrapa. Sans hésitation, Poféus donna ses ordres, les mêmes que naguère :
… déclenchez les procédures de reconnaissance en surface. Messieurs, nous allons passer les prochaines semaines ici à établir si cette petite planète rouge est vraiment celle que nous avons toujours cherchée. Exécution !
Et c’est ainsi que tout commença, lança la roi Magnam dans son dos. Les Forces mentales te furent offertes, des années plus tard la Révolution Castiks brisa l’ancien régime et en moins d’un an, l’Exode prit son envol de MaterOne vers ce bout de roche perdu dans l’espace. Encore un peu et tu devins chancelier. Le fils caché du roi accédant à la quasi-royauté. Quel incroyable retournement de situation !
C’est en effet cela… père. Mais nous oublions quelqu’un dans cette chronologie, n’est-ce pas ?
Poféus observa une dernière fois les larges écrans de contrôle où l’on suivait l’avancée du Théodème vers Antares IV. Oui, un grand moment de son existence, en effet…
Ne quittant pas son — si rare — petit sourire aux lèvres, il ferma ses paupières en s’adressant à la personne derrière lui qu’il savait ne plus être Magnam.
« Calande, je vais me retourner et je pense deviner qui sera le prochain sur ta liste. »
Nouveau brouillard d’ébène, il retrouvait la chambre de son château, offert par l’armée pour ses loyaux services. En bas, on entendait de la musique et des voix, une sorte de spectacle proposé à ses invités en conclusion d’une difficile journée où l’on déplorait la perte du Professeur QuartMac. Cette soirée aussi fût la première d’une période majeure de son existence : devant lui se tenait un jeune homme pas encore majeur, blond à la peau d’une grande pâleur, nu, mais qui ne s’en cachait pas. Leurs regards ne se quittaient pas.
Angilbe… dit-il simplement de la voix de Calande.
… Fabio, répondit le chancelier.

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RedU T1 Ch29 Ep07

Tue, 11 Jun 2019 23:43:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 07 : « Remords (2) »

Il ne sut que répondre, ignorant même quelle réaction serait à la hauteur d’une telle apparition. Méhala, LA Méhala, celle — celui — qui fut son premier véritable amour, le symbole de son enfance, puis de son adolescence presque insouciante, jusqu’à ce terrible jour. Sa voix rappelait étrangement celle de Fabio, ou était-ce l’inverse ? Elle coupa court à ses pérégrinations :
Au lieu de te perdre dans tes pensées, comme toujours, n’es-tu pas curieux de découvrir ce qu’il se passe dans cette grange ?
Heu... oui, si tu veux ?
Donne-moi la main, j’en ai besoin.
Elle tremblait un peu, exactement comme l’émotive Méhala qui se dissimulait alors derrière une façade rebelle. Et ce fut aussi innocemment que n’importe quel couple que le duo remonta la prairie, foulant l’herbe haute que les troupeaux n’avaient pas encore broutée. La jeune fille chuchotait à son oreille, le complimentait sur sa prestance ou sa taille, tenant un discours à l’opposé de celui, humiliant, que son demi-frère lui avait asséné un peu plus tôt. La voix flutée de Méhala laissait parfois apparaitre des accents Nordistes, ajoutés à sa gaité naturelle, Angilbe retrouva bien vite les raisons l’ayant fait fondre, à l’époque. Elle sautillait presque pour tenter de rester à sa hauteur, le vieil homme ralentit la cadence qu’une vie passée dans l’armée avait forgée en lui.
Oui, une vie... une autre vie, sans Méhala. Pourrait-il tout recommencer ? Ce serait bien étrange que Calande ou Heir organisent pour lui une nouvelle existence heureuse.
Et pourquoi pas, interrogea nonchalamment la jeune femme ? Nous sommes dans ton esprit, là où rien ne peut t’atteindre. Et si ton calvaire était de vivre une réalité inédite où tout serait différent ?
Méhala... il chercha la tournure idéale pour exprimer sa pensée, mais ne la trouva pas. Tu n’es qu’une illusion projetée par Calande ou peut-être même es-tu Calande ?
Le chancelier s’était arrêté, fixant sa voisine à la recherche de la moindre faille, du moindre détail corroborant sa théorie. La brise reprit, faisant glisser une mèche ondulée sur le petit nez en trompette. Par réflexe, Angilbe lui passa son doigt sur le front pour dégager les magnifiques yeux dans lesquels il se retenait de plonger. Comment se retrouva-t-il à l’embrasser ? Il n’en savait rien sinon que la passion le débordait tel un fleuve lors d’une crue d’été. Elle emportait tout, déracinait ses certitudes, arrachait ses doutes et submergeait ses derniers principes, jaillissant du plus profond de sa mémoire, là où l’espoir et la vie existaient loin de son cancer...
Il s’écarta d’elle imperceptiblement, l’ombre de la mort lente s’immisçant dans leurs fraiches retrouvailles. Cela ne sembla pas bouleverser Méhala outre mesure :
Si je ne suis qu’un souvenir, alors m’éteindre avec toi serait le plus beau cadeau, mon amour.
C’est une manière de voir...
Bien. On s’approche de nos tourtereaux dans la grange ? Tu désirais les espionner discrètement, je crois ?
Oui ! Dépêchons-nous, les hommes n’ont pas une endurance infinie, je m’en voudrais de rater cela !
Et, sans lui laisser l’opportunité de répondre, elle l’entraina par la main vers la vieille bâtisse. Plus ils s’approchaient, plus les sons se faisaient précis, s’agrémentant d’autres bruits de choses tombantes ou vibrantes sous les saccades des corps au contact. Méhala ralentit l’allure au fur et à mesure, allant jusqu’à se courber légèrement et intimer à Pofeus de faire de même, comme si cela pouvait cacher leur présence. Depuis les interstices séparants les planches de la paroi, on pouvait déjà les apercevoir. Lui, en chemise, ahanait sur elle, plaqué contre la botte de foin, la croupe levée, partageant inlassablement leur plaisir sous les à-coups. À leurs pieds, plusieurs pots de peinture et quelques vêtements dont une blouse qui rappela quelque chose à Pofeus. Il s’appuya sur une poutre à peu près solide pour mieux détailler celui en action. Les muscles saillants, mais d’une certaine maigreur, et une chevelure noire mi-longue qui reflétait quelques traits de lumière. D’elle, on ne devinait principalement que la crinière rousse et... ondulée.
« Mais c’est nous ! » murmura-t-il surprit. À peine venait-il de prononcer cela que les deux mains de sa voisine lui entourèrent les hanches, glissant vers l’avant de son bassin. Calande souffla à son oreille :
Moi, ça me donne des idées. Déshabille-toi, maintenant, je vais te prendre.
Mé... Méhala ?
J’ai envie de me sentir en toi, répondit la voix de la jeune fille. Je veux que tu les regardes pendant que nous savourons le même plaisir.
Avec toute la dextérité que les mois passés ensemble lui avaient prodiguée, Méhala déboutonna le pantalon de Pofeus et se saisit de l’organe viril, le remuant lentement en un mouvement de va-et-vient. Le geste produisant l’effet, la houle chaude, brulante même, remonta de son ventre et accéléra les battements de son cœur, tendant son sexe à l’horizontale, puis à la verticale. La main peinait dorénavant à le tenir dans son intégralité qu’Angilbe entendit la braguette de Méhala descendre, la blouse tachée poussée négligemment sur le côté. Lorsque le phallus de sa compagne glissa dans le petit espace en haut de ses cuisses, il se crispa d’abord puis, lentement, on dira précautionneusement, le vieil homme se relâcha. Son anus usé ne se laissait pas facilement défaire, plus habitué à se serrer qu’à se détendre, mais elle savait s’y prendre. Méhala lui compressa les testicules avec expertise et, sous la brusque impulsion de plaisir, le corps d’Angilbe accepta le sexe étranger.
Ce fut lors de leur premier émoi que la transidentité de Méhala lui fut révélée. Elle la lui avait avouée à la dernière minute, comme lorsque l’on présente ce que l’on a de plus précieux à un ami, le plus intime des trésors que l’on dévoile enfin à une personne. Cela n’avait pas arrêté Angilbe, ses sentiments dépassaient de loin tous les préjugés ou l’homophobie de son père.
Non, cela ne l’avait pas arrêté à l’époque et cela ne l’arrêterait évidemment pas aujourd’hui.
Chaque chevauchée de « l’Angilbe jeune » se répercutait dans « l’Angilbe vieux », qui répondait en serrant les lèvres à chaque cri de « l’autre Méhala ». Les deux couples faisaient l’amour à l’unisson... le second duo mimait-il le premier dans une vaine tentative de rattraper un passé perdu ?
Je n’ai rien... à rattraper... moi, lâcha Méhala entre deux coups de boutoir.
Non... je le.. Le.. HA ! haaaaaa !
Sous l’intensité de son orgasme, il ne put retenir l’éternel râle de la jouissance animale qui ponctue ces moments de bonheur déchainés. Méhala hurla également, la tête dans son épaule, alors que son sexe s’élargissait soudain pour se répandre au fond du vieux fessier offert. Seules leurs respirations à tous deux marquèrent les poignées de secondes suivantes, l’autre couple venant fort heureusement de profiter pareillement de son union, ils avaient caché par leurs propres cris ceux du duo de voyeurs. Lentement, dans un mouvement synchronisé, ils se laissèrent glisser dans l’herbe, à genoux, terrassés par la puissance de leurs plaisirs réciproques. Le sexe de Méhala s’extirpa doucement de l’intimité d’Angilbe alors qu’elle se lovait contre son amant, repue et heureuse. Celui-ci reprenait son souffle, confirmant d’un coup d’œil rapide que les espionnés ne s’étaient rendu compte de rien.
Une nuée d’oiseaux s’envola soudain du chêne centenaire qui bordait le champ, suivi d’éclats de deux voix, l’une aigüe et plaintive, la seconde grave et furieuse. Après quelques secondes, ce furent de lourdes bottes que l’on entendit piétiner les mottes d’herbes, écraser les fleurs de pissenlits.
Non, pas ENCORE ça, murmura Angilbe en se redressant. Mais une main ferme le retint accroupi.
Lâche-moi, je refuse de laisser mon père nous détruire.. TE détruire !
Et ainsi faire preuve de ta première, et sans doute dernière, lâcheté ? fit une voix masculine. Cet homme rustre n’est pas ton VRAI père, mon fils.
Il se retourna et se figea devant le nouveau personnage apparu en face de lui. Il portait une belle barbe grisonnante, d’épais sourcils et une chevelure nouée en queue de cheval. Les petites pattes d’oies aux coins de ses yeux bleus riaient malgré le dramatique de la situation. Ce bras qui le maintenait, ganté d’un cuir souple bleu foncé aux boutons d’or, appartenait à un grand de ce monde qui surgissait lui aussi de son passé, un passé partagé avec l’humanité toute entière.
Les cris et les hurlements de douleur fusaient de la grange, alors que Méhala combattait sans espoir le soldat à la retraite et père adoptif d’Angilbe, qui la frappait sans retenue avec un manche de pioche. Malgré les coups sourds et les craquements d’os, celui-ci ne réagit pas plus qu’à l’époque devant ce spectacle. En fait, il ne pouvait pas détacher son regard de Magnam IV, dernier roi de MaterOne, son — vrai — père, qui exhibait au milieu du front un petit trou percé par la cartouche mortelle du chancelier, tirée quelques années plus tôt.

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RedU T1 Ch29 Ep06

Tue, 04 Jun 2019 23:43:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 06 : « Remords (1) »

Tu ne peux pas hanter mon esprit ! Je t’ai assassiné de mes mains, on a fait disparaitre ton corps à tout jamais!
Oui... c’est frustrant, je le conçois. Puis, de la voix de Calande, Heir poursuivit : mais je serais bien plus à même de régler mes comptes ainsi, n’est-ce pas ?
Dans les brumes dues à l’injection soporifique, Angilbe ne pouvait qu’assister, impuissant, aux allées et venues de ces fantômes surgissant du passé. Calande, décédée, était revenue le hanter, l’humilier et le blâmer, et maintenant voici Heir, sa Némésis, réapparu d’entre les morts pour assouvir une autre soif de vengeance.
Monsieur Heir reprit, visiblement ennuyé par tous ses organes pendouillant :
« C’est très gênant de se sentir vidé de l’intérieur. En plus, cela dégouline comme tout. Attends... »
Posément, il entreprit de tirer un à un chaque boyau qui serpentait dans l’éther, s’en suivit sa rate, une partie de ses reins... quand ce fût le tour du foie, il s’arrêta. Relevant la tête vers Angilbe, il demanda :
« Veux-tu un morceau ? Je dois pouvoir en détacher un bout sans trop de problèmes.
Non ? Tant pis, je proposais en toute fraternité. »
Angilbe n’en pouvait plus de cette situation dégradante qu’il ne faisait que subir...
« Dégradante ? réagit soudain Heir, l’air particulièrement amusé. Tu veux une situation dégradante, frérot ? C’est pourtant simple, car tout est toujours possible, surtout le pire ! »
D’un coup, la tunique clinique de Pofeus s’envola, comme arrachée par quelque prestidigitateur, offrant le corps du vieil homme entièrement nu à la vue de feu son meilleur ennemi. Celui-ci laissa s’échapper un rire sarcastique, tendant le doigt vers l’entre-jambe :
Les affres de la vieillesse ne t’ont pas épargné, vieille branche. Je vois pourtant pendre... ici, un organe des mieux dimensionnés. N’aurais-tu pas du sang tropicalien dans ta famille maternelle ?
Vu que du côté paternel, nous sommes à égalité... il inspira, puis reprit, comme dépité. Je n’ai pas la chance d’avoir de telles mensurations, ce sont les gamins que tu te violais qui devaient moyennement apprécier. »
C’EST UN CAUCHEMAR ! cria Poféus, la voix tremblante de rage comme de frustration. VA T-EN TOI AUSSI ! CALANDE, HEIR, ALLEZ-VOUS-EN TOUS !
Mmhmm... pas encore. Il est prévu de te tuer, tu te souviens ? Mais avant, laisse-moi t’offrir un cadeau, ensuite faire un peu de justice, puis...
DISPARAAIIIIIIIIS !
Sans répondre, Heir se déplaça lentement vers le haut pour pivoter à l’horizontale. Il tenait ses bras serrés contre lui, maintenant fermé autant que possible sa plaie béante. Arrivé à la verticale du chancelier, il descendit, très progressivement, s’approchant centimètre après centimètre du corps nu de son demi-frère. Celui-ci le regardait, les yeux exorbités, aussi fragiles que sans défense...
«... comme toutes les victimes que tu as envoyées à la question, oui. Se retrouver soumis aux caprices d’autres ne te voulant que du mal. Ressentir, avant la torture, ce moment de frayeur où l’on sent confusément qu’il n’existe plus de barrière entre soi et son geôlier. Son psychisme est alors tout ce qu’il reste à protéger et révèle, de fait, la véritable cible du bourreau. »
Seules quelques hauteurs de doigts séparaient dorénavant leurs visages l’un de l’autre, Angilbe pouvait sentir le souffle de l’haleine lécher ses sourcils, sans pour autant réussir à détourner les yeux, comme hypnotisé. Heir poursuivait implacablement sa litanie :
 « Plus tard, après les multiples souffrances, quand le tortionnaire remonte progressivement dans ta chair, il devient autant ton intime que ne le fut ta propre mère lors de son accouchement. C’est là que ta volonté se brise. Là que tu perds ce qui faisait de toi un être à part entière, ne laissant à la place qu’un être anéanti à l’humanité effacée !  »
Respirant quasiment l’air de son frère, Angilbe sentait glisser sur lui le sang qui s’échappait de l’abominable blessure. Des filets carmins ruisselaient de chaque côtés de son tronc et goutaient depuis son dos, poursuivant leur course dans le néant.
Cette promiscuité se mêlait à la terreur qu’il n’arrivait plus à contrôler. Paralysé, nu, offert à son pire ennemi dans une parodie obscène d’amour fraternel, il bredouilla en ne cachant pas sa peur :
Que... que vas... que vas-tu faire ?
Moi ? Le sourire de Heir s’étira démesurément. Mais je vais faire de mon mieux, bien sûr !
Et il explosa.
Dans un cauchemar de chair et de sang, un magma de muscle, d’artères et de boyaux jaillit de la masse abjecte que fut l’enveloppe de son demi-frère pour engloutir le chancelier Pofeus. L’indicible forme vivante le recouvrit entièrement, l’absorbant, le phagocytant sous les hurlements de terreur de sa victime. Ses cris cessèrent très vite, remplacés par des borborygmes incompréhensibles alors que des tendons colonisaient l’intérieur de sa paroi buccale, bloquant une mâchoire ouverte où s’engouffrait la dégoutante matière vivante. Pofeus n’en était malheureusement qu’au début de son calvaire, car, de l’autre côté de son corps, les mêmes tendons fouillaient à la recherche d’un second orifice... qu’ils trouvèrent. Forçant violemment le sphincter, ils élargirent la voie à de nouveaux immondices qui remontèrent le rectum, doublant, triplant son diamètre sous la pression. Lorsque l’intestin grêle éclata, et que son estomac, maigre barrière face à l’envahisseur, cédait à son tour, de petits tentacules vivants s’extirpèrent depuis l’intérieur de ses yeux, chatouillant les paupières par en-dessous. L’obscurité libératrice prit finalement possession de son esprit, l’emportant dans ce qu’il espéra fugitivement être la mort...
... mais il n’en fut rien. Il ouvrit les yeux.
Au milieu d’une prairie verdoyante, sous un doux soleil d’été, Angilbe Pofeus se tenait debout, habillé de manière commune d’un simple pantalon de ville et d’une chemise rosée. La brise caressait ses derniers cheveux et l’odeur du colza emplissait les narines de ses élans printaniers. Sa première réaction fut de protéger son regard de cette lumière intense dans laquelle baignait la scène bucolique... ce ne fut qu’une fois ses pupilles habituées que vint le frapper la présence d’une vieille bâtisse, à une centaine de mètres de lui. Rien qu’un ancien hangar fait de planches rendues instables avec le temps et le manque d’entretien.
« Je connais cet endroit », murmura-t-il pour lui-même.
Il scruta ces petites collines lointaines où des bois couvraient une partie de l’horizon marqué de nuages cotonneux. Quelques groupes d’oiseaux migrateurs, des cailles-poulpes, lui semblait-il, traversaient le firmament en quête d’un habitat en cette fin de printemps. Aucune trace de Monsieur Heir, aucun morceau infâme de viande qui voudrait le dévorer... rien que la campagne où les fleurs de pissenlits éclosaient en boules duveteuses dont le vent disperserait les soies.
Un petit cri remonta la prairie jusqu’à lui, cela venait du hangar. Un second, puis un troisième, Angilbe identifia aisément des éclats de plaisirs. L’habitude. Une ou plusieurs personnes semblaient se donner du bon temps à l’abri des planches pourries.
« Reconnais-tu ce paradis ? » fit la voix de Calande dans son dos.
Il sursauta et se retourna face à une adolescente aux cheveux roux tombants en boucles sur ses épaules et un nez retroussé pailleté de taches de rousseur. Un peu plus petite que lui, elle portait une blouse de peintre couverte d’éclaboussures colorées et ses chaussures grossières n’étaient qu’un patchwork arc-en-ciel. Un pinceau dégoulinant pendait dans sa main droite tandis que l’autre reposait en poing au creux de ses reins.
L’air mutin de la jeune fille finit de déverrouiller la mémoire d’Angilbe : ce lieu, cette fille, c’était :
Méhala !
Oui, mon grand loup, répondit la voix de Calande Rorré.
Dans un déhanchement provocateur, elle pointa son index en direction de son propre visage. Ce fut un tout autre timbre qui reprit, celui qu’Angilbe n’avait plus entendu depuis si longtemps :
« Ne suis-je pas le meilleur moment de ton existence ?».

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RedU T1 Ch29 Ep05

Tue, 28 May 2019 23:35:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 05 : « Pendaison »

Pour les opérateurs de la tour de contrôle de MaterOne, ce n’était qu’un point de plus dans la carte spatiale proche, un appareil entrant dans l’atmosphère et se dirigeant vers l’astroport de MaterOne Centrum. Les yeux avertis notaient tout de même le symbole accolé au nom, une petite étoile Castiks qui informait du caractère officiel du nouveau venu.
À cent kilomètres d’altitude, le plus grand vaisseau de guerre de la flotte humaine s’entourait d’une immense couronne de flamme due au frottement avec l’air de la planète. La partie supérieure de la coque, chauffée fortement, résistait pourtant aisément à l’élévation de température et la taille de l’engin rendait le phénomène très impressionnant, visible par les télescopes amateurs d’un tiers de l’hémisphère. Bien que ceux-ci pouvaient se révéler blasés d’un spectacle devenu commun, le dernier — et désormais unique — croiseur géant de la flotte du Chancelier Pofeus arrivait encore à capter l’attention de certains curieux. C’est à une vingtaine de kilomètres d’altitude que la vitesse passait en dessous des quatre-cents kilomètres-heure, limite à partir de laquelle la friction atmosphérique s’estompait. Alors que les échanges radio avec le centre de contrôle s’intensifiaient pour obtenir les valeurs d’approche vers le spatiogare, une navette quitta précipitamment le hangar inférieur de l’appareil, filant vers l’Est. On calma rapidement les ardeurs des contrôleurs qui s’affligeaient de ce mouvement non prévu : le ministre Ouli se rendait en urgence à un entretien avec le Chancelier Pofeus, toutes les autorisations viendraient plus tard.
Un peu à l’écart du complexe hospitalier militaire de Fort Magnam, à quelques kilomètres de la capitale, un discret bâtiment identique aux autres se dédiait aux soins des Mentaux et leurs — possibles — déviances psychiques. C’est dans ce lieu des plus secrets que l’on avait interné Angilbe Pofeus depuis sa crise de démence qui avait couté la vie au Capitaine Fakir. Le corps de l’officière horriblement mutilé, au cœur même des appartements de la chancellerie, avait plongé les premiers arrivés dans l’effroi. Il avait fallu du temps aux spécialistes de l’esprit pour atténuer ou effacer ces souvenirs, quand on ne falsifiait pas les rapports. Malgré la grogne du haut commandement de l’armée et du président du parlement, c’était donc bien les Forces mentales qui avaient pris l’affaire en main, jusqu’à accueillir en leur sein... leur ancien maitre.
La navette du ministre s’apprêtait à se poser quand le sas du côté exposé à l’hôpital s’ouvrait, sous les yeux ahuris des responsables sortis précipitamment pour recevoir l’illustre invité. Ils ne virent qu’une ombre s’éloigner de l’appareil, passer au-dessus d’eux et atteindre directement l’entrée à double battant de l’immeuble. Ralato Ouli n’utilisa pas l’ascenseur, il bondissait de palier en palier, porté par ses fabuleux nouveaux pouvoirs, pour s’enfoncer toujours plus profondément dans les entrailles du bâtiment. Il connaissait par avance sa destination et la raison de l’urgence qui le tenaillait : Pofeus venait de se pendre dans sa cellule !
Il n’accorda même pas un regard aux deux gardes Mentaux devant l’entrée du bloc opératoire et pénétra dans la salle stérile, alors que l’équipe de chirurgiens tentait désespérément de libérer la trachée du chancelier.
« Écartez-vous ! »
fut sa seule phrase : tous les participants sentirent comme une main invisible les tirer en arrière, paralysant leurs membres et les retenant à bonne distance du lit de leur patient.
Mais que faites-vous ? Laissez-nous, il va y rester si nous nous arrêtons maintenant ! s’exclama un des médecins. C’est une pièce stérile, éloignez-vous tout...
Les bacilles sont confinés au tour de moi, ne vous inquiétez pas, le coupa Ralato. Je suis en train de... voilà, les vaisseaux et conduits sont tous à nouveau ouverts.
Le ministre, toujours concentré, contourna lentement le patient allongé sur la table d’opération, s’offrant quelques secondes de répit avant la suite du « traitement ». La gorge de Pofeus ressemblait à des feuilles de papier trempé qui auraient été déposées sur des câbles métalliques. Le fait d’avoir désobstrué trachée, artères et veines ne soldait pas le début de nécrose des tissus. Il fallait relancer le cœur, simple, mais également réactiver un cerveau sous mort cérébrale...
« Presque mort... » lâcha-t-il pour lui-même.
Debout derrière la tête d’Angilbe, il posa ses paumes contre chaque côté du visage de ce dernier, prit une grande inspiration et se concentra. Tout autour de lui, ils apparaissaient déjà : les formes translucides représentant des objets aussi hétéroclites qu’anodins : tournevis, tasses, communicateurs ou pièces de monnaie. Leur nombre augmentait, ils accourraient à sa demande certains surgissaient de nulle part, tandis que d’autres traversaient le sol et le plafond pour lui offrir ce qu’il exigeait : la puissance.
Pensez-vous que vous pourrez m’aider à réaliser ce miracle ? interrogea intérieurement Ralato
Nnnnnouuss exauceronnss tesss désiiiiirrrsss, lui répondit une voix lointaine, bien connue.
Ces êtres venaient d’un quelque part où le ministre n’avait pas accès. Ces objets communs n’étaient qu’une sorte « d’interface » grâce à laquelle ils communiquaient avec lui — et Fabio, par le passé —, mais cela ne les représentait pas dans leur forme réelle. La seule apparition vaguement compréhensible avait été celle d’un clown habillé en noir et blanc, façon arlequin, répondant au nom de « Monsieur Loyal ».
Alors, aidez-moi. Je vous le demande. 
OUIIIIIIIiiiiiiiiiiii...

*

Bonjour, Angilbe.
Ça... Calande. Mais, HAAAAA ! Quelle est cette douleur, je me sens... j’ai mal partout ! J’ai l’impression d’avoir été... tout mon corps brule comme s’il avait été écrasé sous des tonnes et des tonnes !
Comme d’habitude, mon chou. On a beau t’ensevelir sous les décombres ou sous terre, tu arrives toujours à revivre. Les chats ont neuf vies, n’as-tu pas dépassé le quota ?
Que s’est-il passé ? Réponds-moi !
Je t’ai encore raté, voilà.
Tu m’as... LE DRAP !
Oui, le drap. Quel travail pour t’emporter dans le sommeil, t’autoriser à poser tes sales pattes sur moi et te laisser répandre ton infâme semence dans mon vagin ! Mais j’ai ainsi pu contrôler ta carcasse et te faire nouer ces draps. Mon plan semblait parfait.
Tu... tu... tu as voulu me tuer ? Moi ?
Une fois de plus, oui. Mais tu t’accroches, je ne dois pas bien savoir m’y prendre.
Nan... nan ! Tu n’as pas le droit !
J’ai tous les droits ! Et puis, c’est toi qui as déclenché les hostilités, t’en souviens-tu ? Tu as parlé de me tuer, je ne fais que me défendre. Désormais, j’aurais ta peau la première. Je n’ai qu’à trouver la bonne personne... pardon, devenir la bonne personne qui saura faire le travail convenablement.
Je sens... je sens la vie s’insuffler en moi. Je sens... oui, je sens quelque chose m’envahir et chasser tous mes maux !
Ton Ralato chéri fait des miracles. Ou est-ce le miracle qui utilise, cette fois-ci, ton Ralato chéri ? Qui peut le savoir ?
Tu as voulu... me tuer ! Moi ! Après tout ce que je t’ai offert : mon cœur, mon amour, tout !
C’est ça, oui... Ta vieille enveloppe fripée avec tes performances de dix minutes chrono ne m’ont guère fait grimper au plafond. Mais, sans doute, suis-je trop âgée à ton goût ? Trop... féminine, peut-être ? Navré de ne pas être tout juste pubère, il faudrait arranger cela.
Qu’est-ce que... attend ! Ne t’en va pas ! Ne me laisse pas ! Attend !

  • Ralato retint le chancelier par les épaules alors que ce dernier se redressait brusquement. Il relâcha sa mainmise sur le personnel du bloc opératoire qui se précipita pour l’aider à recoucher le patient. Celui-ci regardait à droite et à gauche l’air affolé, il cria :
    Ne t’en va pas ! Ne me laisse pas ! Attends !
    Je suis là, monsieur, lui répondit doucement le Mental. Calmez-vous, c’est fini.
    Que je me calme ? Mais tu ne vois pas QUI EST LÀ, TOUT AUTOUR ?
    De qui parlez-vous ?
    Mais regarde ! Ah, NE ME TOUCHE PAS, MAUDIT SOIS-TU !
    Monsieur !
    En une pensée, Ralato trouva les seringues hypodermiques dont l’une vola au travers de la pièce. Jaugeant la bonne quantité de sérum d’après l’esprit de l’anesthésiste, il la fit se planter dans l’épaule de Poféus.
    « ILS SONT TOUS LÀ ! RALATO FAIT... fait... fait... f... »
    Le premier médecin souleva une des paupières, passa sa petite lampe pour juger de la dilatation de l’iris, puis conclut :
    Il dort. Monsieur Ouli, j’avoue ne jamais avoir vu quelque chose de comparable à ce qui vient de se produire. De toute ma carrière dans les Forces mentales, c’est proprement...
    Je sais, le coupa simplement le ministre. D’un signe de tête, il indiqua l'électroencéphalographe. Surveillez constamment sa tension et son activité cérébrale durant les vingt prochaines heures. Je serais là à son réveil. Je vous le confie.
    Il resta encore une poignée de secondes à observer le visage endormi. Qui donc « se trouvait là » ? Et pourquoi une telle peur panique ? Et, simplement, pourquoi cette tentative de suicide ? On prendrait les précautions nécessaires pour que cela ne se reproduise pas, mais cela ne répondait à aucune question.
    Il leva les yeux et balaya mentalement tout le personnel médical présent. Non, rien que des serviteurs professionnels et dévoués.
    Alors, qu’avait donc vu le chancelier ?

*

Pofeus flottait au milieu de la brume. Il ne sentait plus ni le drap, ni l’odeur de l’antiseptique, ni même son propre corps. Il ondulait doucement, au rythme langoureux d’une houle sans fin au cœur de l’obscurité.
Angiiiiiiilbe ? fit alors une voix lointaine.
NAN, VA T-EN !
Angiiiiiiilbe ? Angilbe, Angilbe, Angilbe !
Je.. non, laisse-moi, je ne peux pas bouger, je suis paralysé, s’affola-t-il, tentant vainement de se déplacer ou de remuer la tête. Va-t-en, tu n’existes pas, je t’ai tué !
Allons... tu n’es pas heureux de retrouver... ton demi-frère ?
Monsieur Heir se matérialisa devant lui, impeccablement habillé, comme toujours, ses cheveux gominés surplombant des yeux noirs et menaçants. Un détail incongru attirait pourtant le regard de l’observateur attentif. L’entièreté de son torse et de son abdomen était ouvert et des organes perforés pendaient, laissant gouter sous lui des filets carmin qui se perdaient dans le néant.
« En tous cas, moi, comme tu peux le constater, je suis tel que tu m’as abandonné. » ajouta-t-il dans un large sourire.

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RedU T1 Ch29 Ep04

Tue, 21 May 2019 19:05:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 04 : « Déroute »

« Rapport de l’Amirale Laurelian,
Trente-sixième jour après le départ de la Flotte mentale de MaterOne.

À mon grand regret, j’ai dû ordonner ce matin la retraite de notre armée hors de la zone ennemie. Nous nous regroupons en ce moment en un point situé à mi-distance entre notre ancienne position et la Passe de Magellone. Plus d’un tiers de nos croiseurs sont détruits ou hors d’état de combattre, au point que nous ne nous donnons même plus la peine de récupérer ce qui pourrait être utile dans les carcasses, une torpille achevant ce qui tiendrait encore debout. Le moral des troupes s’élève au diapason de cette déroute et sans le maillage sans faille de nos commissaires politiques, je ne pourrais garantir la survenue d’une possible mutinerie.
Et pourtant, si les soldats mentaux maitrisent l’art de la discipline entre tous, ‹ l’incident Stuff MacDone › a laissé des traces. Ce n’est pas un hasard si le prometteur Capitaine Viggi l’a suivi en emportant d’autres officiers dans son sillage, il... »
Le petit communicateur de son bureau clignota, signe d’une transmission. Elle avait monté ses barrières psychiques bien haut pour se concentrer sur l’écriture du rapport et plusieurs demandes se pressaient contre elles. La Flotte était finalement regroupée, trois appareils manquaient à l’appel comparé au moment de l’ordre de retraite. Trois de moins, encore...
On procédait en ce moment à une répartition des armements, les stocks de certains se trouvant désormais au plus bas. On possédait enfin une documentation crédible sur les nouveaux engins ennemis et le Gouverneur QuartMac voulait en discuter personnellement avec l’amirale.
Laurelian soupira. Le scientifique à la tête de l’armada soutenait que la réponse à apporter serait technique et il y engouffrait toute son énergie et les ressources disponibles en ingénierie. Sauf que Laurelian savait compter, le gouffre technologique entre les deux civilisations s’avérait un peu plus abyssal à chaque perte. La Flotte mentale emportait avec elle le summum de la technicité humaine, aucun appareil de l’univers connu n’égalait les immenses et surpuissants croiseurs du Chancelier Poféus. Les processus de synchronisation psychiques étaient poussés au sommet de leur art et certains armements comme le « canon mental » n’existaient simplement nulle part ailleurs.
Malgré tout cela, les premières confrontations avec leurs adversaires avaient révélé un quasi-statuquo. « Quasi », car Laurelian doutait déjà de leur supériorité, tout au plus espérait-elle opposer une farouche résistance et abuser des pouvoirs mentaux pour rééquilibrer la balance.
Mais maintenant...
Elle se rendrait dans le bureau du gouverneur une fois achevé son rapport. D’un doigt, elle enclencha la reconnaissance mentale du terminal d’écriture et celui-ci poursuivit l’enregistrement de ses pensées.
« Ce n’était pas un hasard si le prometteur Capitaine Viggi avait déserté en convainquant d’autres officiers de le suivre. On analysait cela par la notoriété de MacDone et celle-ci prenait une portion non négligeable dans l’origine des faits. On oublie pourtant un peu vite que tous les soldats mentaux ont d’abord juré fidélité au chancelier, celui qui est à leur tête depuis maintenant près de vingt ans et qui ne les guide actuellement plus. Nous naviguons très loin de celui qui a structuré toute cette organisation depuis des décennies, lui insufflant une part de lui-même dans chaque rouage. Or, même si QuartMac pouvait prétendre à une certaine sympathie de la part des Mentaux, il n’est pas Poféus.
Quand tout allait à peu près bien, ce genre de remarques restaient étouffées, mais maintenant que le doute de notre supériorité est profondément ancré dans l’esprit de chacun, elles refont surface. On remet en cause les décisions originelles, on trouve que sa charge de travail n’est plus assez mesurée ou spécialisée, on se demande pourquoi son voisin semble moins impliqué... bref, on commence à chercher des responsables à tout cela. Et qui de mieux qu’une vieille chimère, au demeurant immortelle, pour tenir ce rôle ? Un scientifique peut-il prétendre pouvoir diriger des soldats de terrain ?
Une icône a disparu, accusée de maux insensés, le chef n’était assez reconnu par ses troupes et une série de défaites finit de rogner une arrogance par trop suffisante ; voici ce que les équipages en proie aux affres du doute ont dû traverser de tout temps.
Mais le moral de mes subordonnés ne saurait, à lui seul, justifier notre échec, mon échec devrais-je dire, face à cet insaisissable ennemi. Contre la perte de plus de deux-cent-soixante-douze de nos croiseurs, il n’eut à en déplorer qu’une petite dizaine... une dizaine ! Ils attaquaient vite, ces nouveaux appareils se déplaçant avec célérité, non pas comme le ferait une quelconque navette rapide, non, ils ‹ glissaient › dans l’espace comme les dauphins-termites dans l’océan. De la même manière que ces colonies de prédateurs, ils ne harcelaient qu’en groupes, de plusieurs endroits à la fois, en fondant sur les bancs de poissons.
Dès qu’ils avaient dévoré leur proie, ils s’enfonçaient sans scrupules entre nos lignes puis disparaissaient pour se regrouper bien loin, quant ils ne vidaient pas leurs arsenaux sur quelque appareil qui serait sorti de sa formation... »
Une notification apparut en haut de son écran de contrôle : le gouverneur s’impatientait.
Laurelian soupira et se leva de son fauteuil, elle ordonna à son terminal d’archiver le rapport qu’elle conclurait plus tard. De toute façon, elle venait d’écrire le principal et cela ne reluisait pas d’optimisme.
Clignant des paupières, elle envoya une courte réponse psychique à la demande du chef suprême de l’Armée mentale et tira un des tiroirs de son large bureau. Parmi les premiers documents, elle en sortit une petite carte mémoire contenant ses projections et stratégies pour faire face à la crise (on pouvait parler de déroute) de leurs unités. Elle tenait à les présenter personnellement et en tête à tête à QuartMac, car celui-ci n’allait pas manquer de hurler sa réprobation. On pouvait les résumer en quelques mots simples : se regrouper avec la flotte spatiale humaine de l’autre côté de Magellone et fermer la Passe à grand renfort de mines. Laurelian ignorait si leurs ennemis allaient les poursuivre aussi loin, mais son unique certitude résidait dans l’impossibilité de résister à ce harcèlement constant. Il fallait sauver ce qui pouvait encore l’être et elle ne croyait pas que, déconnectés de toute base arrière, ils pourraient y arriver.
L’amirale apposa la paume de sa main contre le carré luminescent qui jouxtait la porte de son bureau et celle-ci se verrouilla sur un chuintement à peine audible. Ses talons résonnèrent, eux, durant les quelques mètres qu’elle parcourut jusqu’au gouverneur.

———-
SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture : Gortozaran, TheDelta, CowboyE, Hadaria - Acteurs: Gortozaran, narration, AnyaK : Laurelian Derush/montage: Coles/Raoulito, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia

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RedU T1 Ch29 Ep03

Tue, 14 May 2019 23:04:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 03 : « Debriefing »

« Poféus devenu chancelier et une grande flotte de colonisation avec pour but principal de nous rayer de la carte », résuma Sterling-Price dans la salle de réunion.
Sa voix résonna bien plus longtemps que lors des Conseils des Commandants de Transporteur 1, preuve des dimensions hors normes de ce croiseur. Ils étaient tous installés dans de confortables fauteuils de cuir synthétique, répartis autour d’une large surface de travail arrondie dont ils n’occupaient qu’un petit quart-de-cercle. Le lieu regorgeait de ce qui se faisait de mieux en matière de gadgets utiles pour les démonstrations ou explications. Stuffy en usait actuellement pour afficher les enregistrements vidéos et des fiches techniques sous le verre de la table.
Oui, colonel. Voici les images de notre départ, d’ailleurs... là, sur l’estrade, on voit Ralato qui représente le chancelier, le Président du conseil Wolf et... un autre moi-même.
Et tout ce voyage qui nous a pris plus de huit mois ne vous aura couté que... quoi ? Quelques semaines ? Nos transporteurs ne sont pas de toute première jeunesse, c’est vrai, mais tout de même !
Quatre pour être exact. C’est que la Flotte mentale n’a pas été conçue de la même manière que des vaisseaux commerciaux ordinaires, ni même que des vaisseaux de guerre. Viggi, s’il te plait, les plans... voilà, regardez.
Poféus a détourné pendant des années des quantités hallucinantes de matériels et de personnel. Les schémas sont osés, voire visionnaires et totalement axés vers les pouvoirs psychiques ! Déjà bien avant la révolution, des unités de constructions produisaient les parties de ces navires, dissimulées à l’intérieur d’un anneau d’astéroïde interdit à la navigation... ne me zieutez pas comme ça, je sais ce que je dis ! réagit-il devant les regards dubitatifs autour de lui.
Ralato et moi y sommes passés, par hasard, à notre retour de Talbot. J’ignore ce qu’il en est advenu, mais les docks de montage semblaient s’étendre à l’infini, vus du porte-conteneur.
Hé bien, soupira Sterling-Price en se laissant aller dans son fauteuil. Ce contramiral... enfin, Poféus je veux dire, aura mené en bateau beaucoup de monde durant pas mal de temps. Reste à en connaitre la raison. S’il avait commandité cette flotte depuis tant d’années, ce n’était évidement pas contre nous et je l’imagine mal avoir des prétentions colonialistes. Si nous admettons qu’il ambitionnait de renverser la royauté avec, pourquoi alors l’envoyer ici et maintenant ?
Je dirais qu’il a eu ce qu’il voulait, intervint le Capitaine Viggi. Il lui fallait une nouvelle utilisation à toute cette armée.
Nan, infirma Stuffy, pensif. Les Forces mentales lui sont dévouées corps et âme ; or il vient de se séparer de son meilleur atout. En une fois, hop, plus de Mentaux et plus de flotte ! conclut-il d’un claquement de doigts.
Personne n’y trouva à redire pendant quelques instants, jusqu’à ce que le Gandhi assit dans un des fauteuils, le deuxième androïde debout derrière lui, n’ajouta son eau au moulin :
Il est connu au travers de l’histoire qu’une armée puissante sous-exploitée risque de se retourner contre le pouvoir en place. Ceci étant dit, j’ai une seconde théorie.
Il est possible que le Chancelier Poféus poursuive un autre but : il aurait une priorité toute particulière à réduire en cendres l’Exode. Une raison suffisamment impérieuse — à ses yeux — pour envoyer toute sa force militaire, sous couvert d’élimination d’opposants et d’élargissement de l’espace humain.
Azala est sa demi-sœur, lança Fabio, soudain intéressé par la conversation. Et cela, quand on le connait, c’est déjà un motif valable.
La stupeur traversa le petit groupe devant l’affirmation, seuls les Gandhi demeurèrent impassibles. Celui qui était assis poursuivit :
C’était en effet ma théorie, bien que je n’eusse aucune preuve tangible. Je le soupçonne d’avoir fait taire définitivement le roi Magnam IV et de n’avoir eu de cesse de se débarrasser de la princesse. J’étaye cette idée d’un faisceau de présomptions, Fabio Ouli, mais je pense que vous devez avoir vos propres indices en tant que conjoint.
Ex-conjoint, Godheim, ne faites pas comme si vous l’ignoriez, répondit l’autre sèchement, mais en effet c’est cela. Les archives sur la disparition du roi ont été réécrites et les rapports modifiés. J’ai personnellement sondé les esprits de ceux présents ce jour-là dans les orthoptères. Ils avaient reçu l’ordre de raconter la belle fable de Magnam IV qui aurait préféré le peloton d’exécution plutôt que la déchéance. Sauf que, lorsque je creusais, eux-mêmes ignoraient ce qui était arrivé ; tout ce qu’ils savaient, c’était que l’appareil d’Angilbe et du roi avait piqué vers la surface des eaux et coulé. Il n’y eut qu’un seul survivant, vous connaissez la suite.
Sterling-Price esquissa une moue en plissant sa lèvre inférieure, semblant chercher de ses yeux quelque araignée au plafond. Les explications de l’avatar comme celle de Fabio apportaient une nouvelle lumière sur les évènements actuels, qu’il exprima simplement :
Un hasard... un malencontreux concours de circonstances qui va mettre face à face deux puissantes armées spatiales. Et l’Exode est au milieu de tout cela. Il se frotta quelques secondes les joues fraichement rasées puis se redressa, s’adressant aux androïdes :
Maitre Gandhi, ces messieurs nous ont donné leur appréciation du rapport de force entre les deux, pourrait-on connaitre la vôtre ? Quelles sont les chances de la Flotte mentales face à l’Armée nalcoēhuale ?
Les deux avatars courbèrent l’échine une petite poignée de secondes, puis se tournèrent simultanément vers le colonel. Celui qui était assis répondit, l’air plus curieux que navré :
« J’estime à quatorze virgule vingt-sept pour cent que les croiseurs résistent à un assaut des nouveaux appareils de la flotte noire. Contre les anciens modèles, il aurait pu y avoir une forme d’équilibre, les avancées et lacunes se neutralisant plus ou moins, mais, désormais, ce n’est plus le cas.
L’empire de Ragnvald lui-même est menacé et j’engage en ce moment toutes les capacités des dix-mille soleils à la recherche d’une parade. »
La lumière de la pièce changea subtilement à mesure que le groupe de vaisseau s’approchait d’Antarès IV. Elle reflétait la faible chaleur de la naine rouge CCCP et retouchait les couleurs de la scène de tons orange et ocre.
Gandhi poursuivit :
J’ajoute cette nouvelle estimation : quatre-vingt-douze virgule soixante-quinze pour cent de possibilités — probabilités à ce stade — que la république nalcoēhuale ne se contentera pas de repousser l’invasion.
C’est à dire, souffla Stuffy, le regard sombre et la voix inquiète ? Il traduisait l’inquiétude soudaine de tous les autres participants à la réunion.
Il est vrai qu’ici peu d’entre vous ont une expérience de la culture nalcoēhuale présente dans le Cercle de Khabit... et vous ignorez la réalité de votre propre histoire. Je peux vous aider en cela : apprenez que rien ne leur ferait plus plaisir que de bouter les humains hors de cet univers et particulièrement de la planète MaterOne, qu’ils nomment Veora... et qu’ils considèrent comme leur.
Et, d’après ce que je sais du gouvernement actuellement en place, ils n’hésiteront pas une seconde.
Viggi et Stuffy se levèrent brusquement de leur fauteuil, Price écarquilla les yeux tandis que Fabio observait l’avatar, associant les informations éparses. Stuffy s’exclama :
Ils voudraient ENVAHIR notre espace ?
Nous avons bien fait de même chez eux, après tout, intervint Sterling Price en calmant les deux soldats mentaux d’un signe de la main. Ceci dit, si les croiseurs mentaux ne font pas le poids, alors ceux de la flotte régulière n’auront pas la moindre chance. Laissant le tacticien prendre le dessus sur le diplomate, il conclut simplement :
Ce sera un carnage.
Fermant de nouveau les paupières, les Gandhi les rouvrirent bien vite pour partager les résultats de leurs computations :
J’envisage vingt-sept pour cent de possibilités que l’humanité tienne MaterOne et résiste à l’invasion. Notez cependant que je n’ai pas toutes les informations en ma possession. Il me faut quelques semaines pour recevoir les dernières transmissions, mais je viens d’apprendre par exemple que Ralato, le frère de notre ami Fabio ici présent, a fait sensation en écrasant un complot sur Talbot. Ce jeune garçon est une des promesses du futur, si les Nalcoēhuals lui en laissent l’occasion.
Viggi, surprit, se pencha pour croiser le regard de l’avatar divin :
Monsieur, c’était mon affectation avant de rejoindre la flotte. Il y a là-bas le clone de l’agent MacDone et jamais celui-ci n’aurait accepté quelque chose du genre... d’autant qu’à la tête des Triades Souriantes, rien ne lui échappait.
Exact, c’est un de mes doubles, ajouta Stuffy. C’est pas pour rien qu’on a été répartis à la tête des organisations sensibles : Mutualistes, Souriants et Forces mentales. Vous êtes certains de vos informations ?
Ce fut le Gandhi debout qui répondit, amplifiant le malaise de communiquer avec un être présent plusieurs fois dans cette pièce, mais également au travers de son empire et dans l’univers humain.
« Agent Stuff MacDone, j’ai le regret de vous annoncer que vous êtes le dernier Stuffy encore vivant du groupe des quatre. Les chimères non matures peuvent devenir déviantes sous certains environnements et c’est ce qui est malheureusement arrivé à vos doubles. »
Stuffy absorba l’information, se rasseyant doucement dans le fauteuil dont le cuir gémit. Le premier Gandhi reprit la parole, poursuivant un rapport pessimiste sur l’autre côté de la Passe de Magellone.
En plus d’une crise financière majeure, une guerre secrète a été livrée entre les clones, affaiblissant d’autant les marges de manœuvre du gouvernement en place. J’ajoute que des rumeurs très inquiétantes circulent sur la santé psychologique du chancelier. On le dit en proie à des délires sévères et à une incompétence des plus criardes.
En fait, je crois qu’il ne reste plus beaucoup de monde capable de concentrer les maigres chances humaines de survie.
Sauf Ralato... murmura Fabio, plus pour lui que les autres, il y a Ralato, mon frère. Devant les regards interrogateurs de ses voisins, il bredouilla l’explication :
Le... le Faiseur m’a expliqué, il y a quelque temps, que son vrai rôle dans tout ceci allait bientôt... apparaitre sous les lumières et que c’était peut-être pour notre malheur à... tous.
Le Faiseur te parle, Passeur ? l’interrogea Gandhi, visiblement plus intéressé par cette partie de l’intervention. Quand certains doutent de ma sincérité dans le partage d’information, se pourrait-il que d’autres s’en affranchissent totalement ?
Un reproche ne saurait être plus clairement exprimé. Fabio se recroquevilla un peu, ajoutant un ton plus bas :
« Il m’a... aussi... incité à sonder l’esprit d’Azala. C’est comme ça que j’ai pu confirmer... définitivement... la filiation entre Azala et Poféus... »
Il laissa sa phrase en suspens alors que la porte automatique ouvrait le passage à la Lieutenante-colonelle Onawane, suivie d’Edmund Tristo. Les deux n’eurent pas besoin d’explication pour sentir la lourde atmosphère planant sur la pièce. Sterling-Price leur résumait le contenu de la réunion, assisté par Viggi qui pianotait sur la table pour afficher photos et compléments d’information, quand Stuffy contacta Mentalement Fabio, le ton sec et les mots tranchants :
Cessez de jouer avec nous, Fabio. Votre frère va être seul à la tête de l’armée spatiale pour contrer une flotte d’invasion redoutable. Mais VOUS, vous avez des pouvoirs capables de faire la différence ! Utilisez-les, bordel !
Je n’en ai plus, désolé.
Quoi ?
Sans prévenir, Stuffy, frappa de toute ses forces contre les barrières mentales de Fabio et celles-ci... volèrent en éclat, pour la première fois dans la vie du jeune homme. Il cria et tomba dans son fauteuil, comme projeté par une attaque physique. Tous se tournèrent vers le Mental blond et Onawane se précipita même pour l’aider. Stuffy, choqué, déclara à haute voix pour l’assistance :
« Notre dernière chance vient de se volatiliser. Le grand Fabio Ouli n’est plus... qu’un Mental comme les autres. »

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RedU T1 Ch29 Ep02

Tue, 07 May 2019 21:10:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 02 : « Regroupement »    

La petite navette emportant la fine fleur du commandement de l’Exode coupa ses réacteurs après un long quart d’heure de vol. Poursuivant sur sa lancée, l’espace n’autorisant aucun frottement qui la ralentirait, on eut pu croire qu’elle dérivait si ses feux de position ne clignotaient pas avec régularité.
Le Colonel Sterling-Price soupira en se penchant vers son hublot. Sans même un regard pour son voisin immédiat, il l’interrogea :
Maitre Gandhi, étions-nous obligés de venir en comité dans ce petit appareil pour accueillir nos invités ?
Ils ont traversé de bien rudes épreuves et perdus de très nombreux compagnons, répondit posément l’androïde. Il sera judicieux de les rassurer en ne montrant ni puissance ni dédain à leur égard, colonel.
Certes, certes, mon bon ami. Ce sont pourtant des soldats de Forces mentales, ils sont entrainés à vivre ce genre d’aventures... quoique l’on pourrait dire pareil de nous et pourtant...
Gandhi se tourna vers leurs voisins de la rangée d’en face.
Et vous, Fabio Ouli, vous ne semblez pas de la meilleure humeur alors que vous allez retrouver certains de vos anciens collègues ?
Il est comme ça depuis quelques jours, répondit la Lieutenante-colonelle Onawane à la place de l’intéressé, morose et perdu à souhait dans ses pensées.
Disons que j’ai mes propres réflexions à mener, se contenta de murmurer Fabio à l’attention du groupe, les yeux égarés dans les étoiles.
Un silence plana quelques minutes sur la scène, alors que l’infini de l’espace semblait en attirer certains et que Gandhi observait avec une attention toute particulière le fameux « Passeur », Fabio Ouli. Onawane pensait vraiment que celui-ci avait sensiblement changé depuis leur dernière séance d’entrainement, peut-être n’était-ce que passager, mais peut-être pas ? Elle avait eu la sensation de presque percer ses défenses durant l’ultime exercice. La puissance de ce Mental était renommée dans les milieux militaires et Onawane n’ignorait pas que son niveau d’apprenti ne lui permettrait jamais de ne serait-ce qu’intimider un tel être. Pourquoi donc cette sensation ?
Le silence se poursuivait, devenant presque assourdissant pour la Mentale. La jeune voix d’Edmund Tristo monta alors, comme une délivrance, de derrière le fauteuil de Sterling-Price. Le spécialiste des technologies numériques de Transporteur 5 faisait également partie du voyage.
Hé bien moi, ça me fait tout bizarre de rencontrer un groupe entier de vrais Mentaux. De toute ma vie, je n’en avais jamais croisé avant Madame Onawane et rien que l’idée de me faire farfouiller les méninges par eux me gêne beaucoup, M’sieur Price.
Monsieur Tristo, figurez-vous qu’en ce qui me concerne je suis tout impatiente de les connaitre, s’enhardit Onawane, tout sourire. J’en avais rencontré lors de réunions de travail à l’état-major de MaterOne, mais les circonstances actuelles rendent cette visite passionnante.
Vous dites ça parce que vous savez vous protégez, moi c’est pas pareil. Je suis normal et j’ai aucune défense contre eux.
Edmund, intervint Sterling-Price, toujours attendri tel un vieil oncle envers son jeune assistant. Souvenez-vous des conseils que je vous ai donnés lors de notre première confrontation avec les Nalcoēhuals : récitez un morceau de chanson dans votre tête, cela perturbe les lectures psychiques.
Oui M’sieur, mais je pourrais pas rester dans la navette et juste étudier les capteurs plutôt que de vous accompagner là-dedans ? Vous savez, moi, les grands vaisseaux j’y connais rien.
Ce n’est pas « un » grand vaisseau, informaticien Tristo, dit alors Gandhi en se retournant pour croiser le regard du jeune homme. Ils sont deux et de taille comparable à votre transporteur. Les humains de MaterOne ont regroupé à l’intérieur le meilleur de leur technologie, quel que soit le domaine de compétence. Et j’ajoute que c’est le summum de l’interface psychoélectronique qui sillonne toutes les communications, internes comme externes.
Il leva un doigt vers le plafond et conclut :
Considérez ces engins comme les plus beaux jouets qu’il vous soit donné d’étudier, les Mentaux ne seront d’aucun danger pour vous. D’ailleurs, ils arrivent... maintenant !
À moins de cinq-cents kilomètres d’eux, un vortex bleu marine se matérialisa dans un flash. Le tissu de l’espace-temps se courba une fois de plus aux injonctions de la technologie de l’Empereur-Dieu, l’ancien Passeur Marenkof, laissant traverser des distances conséquentes à deux vaisseaux eux-mêmes gigantesques. Les deux derniers appareils survivants de la Flotte rebelle mentale parvenaient donc enfin sous la protection, toute relative, de l’Exode et d’Antarès IV.
« Nous pouvons y aller, reprit Gandhi. Vos instructions doivent apparaitre en ce moment, nous nous dirigerons vers celui de tête. »

« Gaaaaarde à vous ! »
rugit Stuffy dans le large corridor d’entrée alors que s’avançait vers eux le petit groupe d’arrivants. À ses côtés se trouvait le Capitaine Viggi, remis de sa difficile aventure cérébrale durant le combat précédent, et, derrière lui, presque tout l’équipage du navire sauf certains postes nécessitant une surveillance permanente. Plus de vingt-cinq soldats Mentaux et une dizaine de techniciens non-Mentaux se figèrent, l’index collé au front et le regard perdu au loin. En face, les colonels Sterling-Price et Onawane rendirent le salut quelques secondes, puis s’approchèrent pour serrer la main des principaux officiers. Pendant ce temps, le Gandhi du Croiseur mental s’approcha doucement de l’avatar arrivant. Il se plaça à ses côtés, sans un bruit, piloté à distance par la même personne.
« Colonel Price, lança Stuffy, je vous connais de nom, c’est un honneur de vous rencontrer. Voici le Capitaine Viggi, les Lieutenants Hernandez et Ma-Chao et leurs assistantes, Mesdames Humbaco et Stanford, ainsi que... »
Sterling-Price serrait des mains comme lors d’un meeting électoral, le sourire facile et le regard franc. Onawane, derrière lui, complétait et fermait le défilé : Fabio, les Gandhi et Tristo restant en retrait. Stuffy les observa quelques secondes, puis se dirigea vers eux, commençant par le moins dégourdi :
Agent Stuff MacDone, Monsieur... Tristo, c’est cela ?
Vous avez lu ça dans mon esprit ! s’exclama le jeune homme
Heu... non en fait, c’est le colonel qui vous a présenté. Vous êtes du genre inquiet face aux Mentaux, hein ? Rassurez-vous, on peut se la jouer normal de temps en temps.
Fabio Ouli, je vous avoue que c’est assez incroyable de vous rencontrer ici ! Vous ne vous souvenez peut-être pas de moi, mais je suis un bon ami de votre frère, Ralato. On a déjà eu des missions où j’ai travaillé indirectement avec vous.
Désolé, répondit l’autre, la tête ailleurs. Ma mémoire... défaille après toutes les aventures qui nous sont arrivées. Et arrêtez de tester mes murailles ou celle de mon élève, s’il vous plait.
Hé, hé, hé ! Navré, mais les fois où Ralato me parlait de vous, il ne pouvait pas cacher sa frustration de ne jamais vous égaler. Du coup, j’ai... enfin bon, vous comprenez.
Oui. Dites-moi, pourquoi vos capacités sont-elles nettement supérieures à la normale ? Vos coups de tambour contre mes barrières résonnent étrangement fort, je trouve.
C’est un des avantages de posséder un corps fabriqué sur mesure. Le vieux Gandhi nous a expliqué quelques petites choses à ce sujet.
Ah, Viggi, voici LE Fabio Ouli, mon gars ! Il n’était plus en activité quand vous avez connu vos premières missions, mais je suis certain que vous en avez entendu parler.
Le capitaine approchant s’empressa de serrer la main du Mental blond, dédaignant Edmund le temps de réaliser sa présence et de le saluer à son tour.
« Vous êtes le frère du ministre Ralato. Considéré comme le plus fabuleux Mental de tous les temps, classé parmi les défenses stratégiques de MaterOne ! Vous étiez même l’assistant personnel du Chancelier Poféus !
Fabio Ouli. Oui, monsieur, vous êtes connu. C’est vraiment un plaisir de pouvoir vous rencontrer  ! »
Fabio rendit le compliment et Sterling-Price proposa de passer à l’étape suivante : le débriefing entre officiers. Tandis que Tristo et Onawane s’éloignaient avec plusieurs techniciens pour une visite du bâtiment, Stuffy et Viggi échangèrent télépathiquement au sujet de la lieutenante-colonelle :
C’est une Mentale, mais pas encore opérationnelle. Je dirais qu’elle est prometteuse, qu’en pensez-vous, Monsieur ?
Loin d’être moche en plus, sourit Stuffy. Ses défenses sont incomplètes, on peut lire plein de choses à la surface de son esprit. Ça confirme ce que nous avait raconté Gandhi, leurs aventures ont été assez fabuleuse et... oh, la vache !
Ce n’était pas une des commandantes de l’Exode dont elle vient de se souvenir, heu... l’ancienne rebelle ?
Ouaip, la Commandante Benkana. Quand on est Mental, il faut toujours s’attendre à voir des trucs imprévus à l’intérieur de la tête des gens... en tout cas, cette image et ce point de vue risquent de me hanter un bon moment !
C’est quoi çà... Azala ? La Princesse Azala, l’ancienne héritière du trône a disparu chez les Nalcoēhuals ? Vous avez perçu ça aussi, Viggi ?
Non, monsieur, ils sont un peu trop loin pour moi. Gandhi se serait-il gardé encore quelques informations sous le coude ?
On dirait bien, oui. Tu surveilleras les pensées de Sterling-Price pour confirmer ses dires pendant la réunion. J’interrogerai Fabio à part, pendant ce temps-là. Ils nous attendent, allons-y.
Tout en accompagnant le petit groupe vers une salle prévue pour les rencontres, Stuffy ne put s’empêcher de ruminer quelques réflexions. Les défenses de Fabio Ouli, qu’il avait tâté de quelques piques psychiques, ne semblaient pas si robustes que cela. De la même manière, celui-ci aurait dû réagir lorsque les deux agents avaient fouillé l’esprit de son élève. Déjà à l’université, les enseignants détestaient que l’on touche à la psyché de leurs étudiants, c’était une tradition chez les Mentaux.
Ici rien, aucune réaction. À croire que le frère de Ralato n’avait pas remarqué ce qu’il se passait. C’était impensable concernant un être tel que lui et pourtant...
La porte de l’ascenseur se referma derrière eux, laissant l’appareil de transport les emmener au travers des entrailles du vaisseau.

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RedU T1 Ch29 Ep01

Tue, 30 Apr 2019 21:21:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 01 : « Tremens »    

REVEILLE_TOI, ANGILBE !
Que... où... où suis-je ?
Tu es bêtement attaché dans une chambre capitonnée. C’est pathétique.
Je suis... mais...
TAIS-TOI, espèce de MINABLE !
Calande Rorré, d’une nudité absolue, remonta le lit et enjamba la tête du Chancelier Angilbe Poféus pour s’accroupir sur son visage. Entravé et totalement soumis, il exécuta les désirs de sa partenaire, tandis qu’elle ondulait des hanches en ponctuant chaque coup de langue d’un feulement réprobateur ou consentant.
Angilbe ouvrit les yeux et regarda devant lui, soulevant le drap léger étendu sur ses chevilles. Le tissu glissa et il put admirer le magnifique corps de sa maîtresse vu de dos, ses épaules fines et musclées, ses poignées d’amour sensuelles entrainant une croupe hypnotique.
Mais comment pouvait-il être au bout de chaque extrémité du lit en même temps ?
Le buste de Calande se raidit soudain, vibrant de l’intérieur telle la corde d’un arc trop bandée, puis elle se laissa retomber dans sa position précédente, le souffle court. Quelques secondes secondes plus tard, l’amante se retourna négligemment vers lui, une chose sanguinolente dans la main droite qu’elle lui tendit. D’une voix masculine qui n’était pas la sienne, elle demanda simplement dans un sourire  :
« Encore un morceau de foie ? »
« Encore un morceau de foie ? »
Poféus ouvrit les paupières en criant. Il se trouvait dans une petite pièce, attaché sur un lit incliné, plusieurs appareils reliés à lui par des capteurs multiples. Sa tête était entravée, une sorte de cale l’empêchait de fermer totalement sa bouche et sa langue semblait bloquée par un étau. Quatre gardes du corps patientaient à chaque angle des murs et, à leur attitude, ils ne redoutaient visiblement pas un problème venant de l’extérieur. D’ailleurs, l’un d’entre eux voyant Poféus réveillé, abaissa momentanément ses paupières puis les rouvrit, concentrant à nouveau son regard sur le chancelier.
« Des Mentaux, pensa-t-il.
Ralato.
Che... che veux... AMENEZ-MOI CHRALATO ! Enlevez-moi ches encraves ! » ordonna-t-il d’une voix bien plus pitoyable qu’il ne l’eut imaginé.
Aucune réaction de ses anges gardiens. Étaient-ils sourds ? Il ne pouvait bouger réellement que ses yeux, la rotation autorisée de sa tête se limitant à quelques degrés.
« Che — veux — qu’on — m’amène — le — minichtre — Ouli — IMMÉDIATEMENT  ! »
Pas un bruit, pas un mouvement, rien que ces yeux aux larges iris qui l’observaient en silence. Le chancelier comprit que quelque chose n’allait pas, ces hommes-là prenaient leurs ordres ailleurs que de lui, pire, ils avaient visiblement comme instruction de le surveiller. Comment était-ce possible ?
« Traitement spécifique destiné aux patients représentant un danger pour eux ou les autres... »
murmura une voix féminine bien connue aux tréfonds de sa tête, la psychologue parlait. On ouvrit alors la porte, dégageant le passage à une femme médecin et à deux infirmiers aux carrures impressionnantes. Pourquoi n’était-ce pas Ralato ? Les assistants prirent place de chaque côté du lit, tandis que la docteur prenait le pouls et la pression sanguine du chancelier. Celui-ci tenta de se libérer de son carcan, mais il ne réussit qu’à gigoter et les deux hommes en blanc se ruèrent pour le maintenir. Visiblement satisfaite des résultats, la médecin se tourna vers lui.
Chancelier, je suis le Docteur Ahalya. Nous sommes navrés d’avoir dû vous entraver de la sorte, mais c’était pour votre bien et... celui de votre entourage. De quoi vous souvenez-vous  ?
CHE N’AI PAS A VOUS REPONGRE ! CHE-VEUX-RALA...
Le ministre est en route, mais il vient de loin m’a-t-on dit, le coupa-t-elle sèchement. Son arrivée est prévue au plus tôt demain dans l’après-midi. On va vous faire une injection pour vous aider à vous reposer en attendant.
Elle adressa un hochement de tête à un des infirmiers qui se tourna et sorti une seringue hors de la vision du chancelier. Il l’enfonça dans l’un des cathéters de glucose relié au corps d’Angilbe et en pressa lentement le piston pour y mélanger un liquide jaunâtre.
CHE SUIS LE CHANCEYE CHUPREME DE L’HUMANITE ! JE VOUS ORDONNE DE...
Tu ne m’ordonnes rien du tout. Ta petite saucisse toute molle ne m’intéresse plus, reste donc dans ton lit à digérer les morceaux de ta maitresse.
CA... CALANDE ! cria Angilbe. Elle venait de prendre la place de la docteur, tout simplement, sous ses yeux !
Allez mes beaux mignons, venez me baiser à côté. Ne t’inquiète pas, tu seras trop dans les choux pour m’entendre crier.
CALAN... ça...
Tu as toujours été pitoyable, Angilbe, maintenant comme avant. Même si, désormais, c’est devenu plus évident.
Te... tuer... dois...
Ha, ha, ha ! Avec la dose de cheval qu’ils viennent de te mettre, j’en doute. Allez, bonne nuit !

Ahalya se pencha et prit à nouveau la tension du chancelier, puis elle lui souleva les paupières, confirmant la dilatation de l’iris. Sur un signe de sa part, les infirmiers remirent le drap en place, changèrent le coussin et la couche du patient pour uriner et déféquer. Se tournant vers un des gardes Mentaux, elle attesta :
Nous pourrons le faire tenir comme cela encore le temps nécessaire. Cependant, un traitement serait plus indiqué pour...
Restez-en au plan prévu, monta une voix dans sa tête. Le ministre Ouli arrivera bientôt, ne vous inquiétez pas. Merci, docteur.
Dans un soupir, elle attendit que ses assistants terminent le travail puis ressortit à leur suite en fermant la porte derrière elle.

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RedU T1 Ch28 Ep12

Tue, 09 Apr 2019 23:07:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 12 : « révélations »    

La parlementaire nalcoēhuale reprit la parole :
Il sera de nouveau opérationnel d’ici quelques cycles, notre république sait engager les moyens nécessaires à l’accomplissement de ses plans.
C’est aussi cela « la Frayeur » ? interrogea Azala, ayant déjà une idée de la réponse.
Loxa considéra la princesse quelques secondes, comme si elle complétait petit à petit un profil psychologique en vue de monter un dossier.
C’est un concept politique qui consiste à mettre en accusation ceux que l’on appelle « les ennemis de la république et les suspects ». Notre patrie est en danger à la suite du passage de vos amis, à la trahison de l’Empereur-Dieu de Ragnvald et à l’invasion de ces humains mentaux. Plus personne ne peut être neutre, chaque citoyen se doit de tout donner pour la survie commune !
Je vois, commenta pensivement Azala. Donc, être absent à son travail...
... est considéré comme un acte de rébellion contre la cause ! s’enhardit soudain Loxa en frappant du poing sur la table. L’Amiral Huate est auprès des armées afin de purger le haut commandement et de lutter contre les accapareurs ! Il y a trop de rumeurs et de défaitisme dans notre grande nation, nous DEVONS réagir et nous ressaisir. Mais pour cela, les espions, les menteurs et les traitres à la solde de Ragnvald doivent être DÉBUSQUÉS ET ÉCRASÉS sans aucune pitié.
IL EN VA DE NOTRE SURVIE !
Melba et la princesse échangèrent un regard. À un moment de l’Histoire où il aurait fallu le sang froid d’une personne comme feu la Parlementaire Ci’chi, c’était l’exact opposé et la pire configuration possible qui se présentait. Une folle, totalement délirante, se trouvait à la tête de la République nalcoēhuale, elle avait à sa botte une formidable armée et des kilomètres de paranoïa à calmer dans le sang et la fureur. En face, les soldats humains les plus fanatisés, à la tête d’une gigantesque armada, avançaient inexorablement au contact, dirigés par un ambitieux mégalomane, régicide et... parricide.
Azala nota que Loxa semblait trop dépassée par sa propre hargne pour tenter de suivre leurs pensées. C’était plutôt une bonne nouvelle, vu que leur existence à Melba et elle dépendaient entièrement de la politicienne.
Et donc, comment pourrions-nous vous aider ? demanda-t-elle aussi négligemment que possible.
Vous serez nos intermédiaires avec les humains. Lorsque nous voudrons les informer d’une décision, ce sera votre voix qui sera entendue.
Je suis heureuse que vous acceptiez de négocier avec...
Qui parle de négocier ? la coupa sèchement Loxa. Sous la menace récurrente des humains, j’ai jugé qu’il était temps de reprendre ce qui nous était dû.
Un froid glacial remonta l’épine dorsale des deux femmes assises face à la Nalcoēhuale. Celle-ci se leva de son fauteuil et se tourna vers le miroir. L’image d’une petite portion de la coque du Calcatli grossissait, révélant au centre un espace interne d’atterrissage aux multiples éclairages. Vu d’Azala, la silhouette en tenue militaire noire se découpait sur les lumières des projecteurs. Cela lui rappela une série de cauchemars qu’enfant, elle avait eu le malheur de connaitre. C’était à la suite de la lecture d’un ancien recueil religieux conservé au cœur de la bibliothèque Royale, d'un texte parlant de sceaux, de chevaux et d’une bête. Cela disait... disait quoi, déjà ?
Un petit avertisseur clignota et Loxa se retourna presque par dépit pour le presser. Une voix monta alors des hautparleurs aux angles du bureau, immédiatement traduite par les dispositifs que portaient en permanence Melba et Azala.
Ici Huate.
Amiral, c’est une bonne surprise, s’exclama Loxa. J’ai justement face à moi nos deux invitées à qui je venais d’expliquer, à grands traits, nos projets concernant... Veora. Pouvez-vous nous confirmer que les lignes de production fonctionnent ?
Oui, madame, j’appelais à ce sujet. Les crédits ont été multipliés par deux et je suis fier de vous annoncer que les ouvriers font preuve d’un patriotisme exalté au vu du danger que nous courrons. Les cadences n’ont jamais été aussi élevées et j’ai devant moi la quatrième unité de fabrication des Lan’huitls.
Parfait ! Vous entendez ? chuchota Loxa à ses deux hôtes sous le ton de la confidence. Quatre unités de production, conçues en moins d’un cycle et demi !
Et... pouvez-vous expliquer à nos invités en quoi cela consiste, Huate ? Je vois sur leur visage qu’elles ont hâte d’en comprendre les implications.
D’ici deux cycles ce seront quarante Lan’huitls qui seront prêts à partir au combat, puis quatre-vingt dès le cycle suivant, puis encore cent-vingt unités. Finalement, cent-soixante nouveaux appareils sortiront à chaque cycle, lorsque nos lignes de production tourneront à plein régime.
On sentait clairement que le haut gradé vivait son rêve d’enfant à aligner ainsi les chiffres vertigineux. Loxa poursuivit le questionnement dans une sorte de comédie préparée à la seule intention de Melba et Azala ; tous deux semblaient y prendre une satisfaction qui paraitrait puérile, s’il ne s’agissait de personnages si importants. Et les réserves suffiraient-elles compte tenu des évènements de Chilico ? Réponse : oui. Et les marins expérimentés supervisaient-ils la formation des nouvelles recrues ? Réponse : oui, bien sûr, etcétéra, etcétéra...
« Deux des quatre. »
Cette remarque jaillit de l’esprit d’Azala telle une murène-cigale des profondeurs, suivie par le fameux paragraphe qui l’avait tant traumatisé durant sa jeunesse, en entier.

« Alors je vis que l’Agneau avait ouvert un des sceaux, et j’entendis l’un des quatre animaux qui disait d’une voix de tonnerre : Viens et vois.
Je regardai donc, et je vis un cheval blanc, et celui qui était monté dessus avait un arc, et on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur, pour remporter la victoire.
Et lorsque l’Agneau eut ouvert le second sceau, j’entendis le second animal qui disait : Viens, et vois.
Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et celui qui le montait reçut le pouvoir de bannir la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuassent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée.
Et quand l’Agneau eut ouvert le troisième sceau, j’entendis le troisième animal, qui disait : Viens et vois. Et je regardai, et il parut un cheval noir, et celui qui était monté dessus avait une balance à la main.
Et j’entendis une voix qui venait du milieu des quatre animaux, et qui disait : La mesure de froment vaudra un denier, et les trois mesures d’orge vaudront un denier ; mais ne gâte point ni l’huile ni le vin.
Et quand l’Agneau eut ouvert le quatrième sceau, j’entendis la voix du quatrième animal, qui disait : Viens, et vois.
Et je regardai, et je vis paraitre un cheval de couleur pâle ; et celui qui était monté dessus se nommait la Mort, et l’Enfer le suivait ; et le pouvoir leur fut donné sur la quatrième partie de la terre, pour faire mourir les hommes par l’épée, par la famine, par la mortalité, et par les bêtes sauvages de la terre. »

Alors que les battants extérieurs se refermaient sur les deux navettes dans un lourd roulement d’engrenages puissants, Azala s’escrimait vainement à effacer cette question de son esprit :
« Deux sur quatre, deux sur quatre... qui sont les deux autres ? »

*

Planète MaterOne,
Palais de la chancellerie, 3 h 15 du matin.

« RALATO, VIENS M’AIDER ! RALATO  ! »
La voix de Poféus se répercuta le long des couloirs vides du grand bâtiment. La souffrance tiraillait chacune des syllabes prononcées suffisamment fort pour entrainer le réveil en sursaut du premier cercle de secrétaires particuliers.
« RALATOOOO ! hurla encore Poféus, RA-LA-TOOOOO ! »
Rapidement, un branlebas de combat illumina toute l’aile du palais, on accourait, armé ou non, vers la chambre centrale où résidait le maitre de ces lieux. La serrure était fermée à clé, mais personne ne répondant aux appels et les hurlements se poursuivant, on décida d’enfoncer la porte.
« LAISSE-MOI CALANDE, LAISSE-MOI ! RALATO, AU SECOURS  ! »
Sous la pression de plus d’une dizaine de personnes, le battant céda dans un craquement déchirant et tous pénétrèrent dans la pièce. Il faisait sombre, seuls des pleurs à demi étouffés indiquaient la position du chancelier, mais une étrange odeur âcre emplissait l’air ambiant à le rendre suffocant aux nouveaux arrivants. Lorsque le premier secrétaire activa le contacteur près de l’entrée, l’horreur de la scène les frappa brutalement. De larges flaques rouges tachaient les tapis, les murs étaient trempés de sang et, au centre du lit, une vision d'épouvante. Un corps gisait, abominablement mutilé, les bras en croix, s'offrant à la vue de tous tel une fleur écarlate. Sa peau avait été arrachée, ses viscères déchirés à coups de dents, certains organes pendaient sur les côtés, ses intestins étaient étendus jusqu’aux pieds du sommier. Ceux qui ne s’enfuirent pas immédiatement de terreur, ou pour vomir à l’extérieur, tournèrent leurs regards vers la forme recroquevillée dans l’angle, à demi caché sous une partie du drap gorgé de sang. Le Chancelier Poféus, nu, les yeux grand ouverts à la limite de l’affolement, mastiquait nerveusement un morceau du foie de la Capitaine Fakir.
« C’est elle, c’est... c’est CALANDE ! Elle me veut du mal... beaucoup de mal ! Elle a dit...
Non, vous... vous ne comprenez pas, elle est terrible !
... vous ne comprenez pas, non, vous ne pouvez pas...
... Ralato... amenez-moi Ralato...
JE VEUX RALATO, MAINTENANT  ! »

Fin du chapitre 28

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RedU T1 Ch28 Ep11

Wed, 03 Apr 2019 08:51:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode11 : « dévoilement » 

Azala et Melba s’arrêtèrent passée l’entrée de la double porte. Elles se retrouvaient de nouveau dans le bureau de la Parlementaire Loxa, pour un second tête à tête. Cette fois-ci, pas de petit déjeuner prévu, la maitresse officieuse de la République nalcoēhuale les attendait assise dans son fauteuil, le dos droit, sanglée dans une tenue sombre seyante totalement différente de celle de leur précédente rencontre. Les deux femmes notèrent immédiatement les petits symboles géométriques sur les épaules et le torse, même son foulard bien ajusté arborait une marque colorée sur le côté gauche. Cette tenue faisait furieusement penser à un uniforme militaire : de responsable d’un parti extrémiste, Loxa se transformait en chef de guerre.
« Ne sous-estime jamais l’orgueil et la cupidité des hommes, ma chérie. Ils font partie des plus puissantes variables de nos sociétés, d’où qu’elles viennent », lui avait un jour soutenu en aparté son père, le roi Magnam IV, alors qu’un groupe de Représentants barbanes venait quémander des subsides. Visiblement, ce trait n’était pas particulier aux humains...
Mon amie, l’ambassadrice de l’Exode, et son assistante. Soyez les bienvenues ! déclara la politicienne, faussement enjouée.
Parlementaire, c’est un plaisir toujours partagé. Nous ne nous attendions pas à vous revoir si tôt étant donné que notre dernière rencontre date d’hier seulement. Les journées de Ti’ltchiti ont beau être plus courtes que sur Veora, la symbolique reste la même.
Tss, tss, tss, fit l’autre en levant un index en signe de négation. Ne me parlez pas de notre bien le plus précieux que vos ancêtres nous ont dérobé il y a bien trop longtemps. C’est d’ailleurs une partie du sujet pour lequel je voulais vous recevoir, mais installez-vous donc...
Elle présenta d’un signe les deux fauteuils face à son bureau et patienta qu’Azala et Melba soient assises pour poursuivre.
Nous avons beaucoup réfléchi à vos remarques et conseils et nous avons d’ores et déjà tenté d’en appliquer quelques-uns.
Ah ? Veuillez m’excuser une petite minute...
La parlementaire ferma les yeux, communiquant visiblement avec l’esprit d’une personne extérieure à la pièce. Azala en profita pour noter les changements depuis leur dernière visite. La table à déjeuner n’était plus là, ni les chaises, et l’on avait réparé le miroir derrière Loxa. Le plus remarquable fut les tableaux holographiques qui n’affichaient désormais que des cartes spatiales, des positions d’armada et des tracés délimitant zones et trajectoires. Les scènes nostalgiques avaient cédé la place aux batailles bien concrètes. Du coin de l’œil, la princesse surprit Melba à détailler également une des représentations, plus particulièrement un des coins inférieurs droits où brillait un petit point rouge. Azala tenta de le situer par rapport au centre — représentant Ti’ltchiti — selon l’inscription à côté ; la distance était grande avec la position qui intéressait Melba, de quoi pouvait-il s’agir ? Soudain, elle comprit : c’était une planète qui tournait autour d’une étoile à faible intensité, d’après les quelques informations qu’elle pouvait traduire. Antares IV, nommée Calpalco par les Nalcoēhuals, se trouvait donc en bordure de la zone que la république considérait comme dépendant plus ou moins d’elle. Cela représentait un mauvais point pour l’avenir même si, présentement, aucune escadre ou aucun bâtiment quelconque ne semblait se diriger ou surveiller cet endroit. En fait, toutes les Forces nalcoēhuales se regroupaient plus haut, à faible distance d’une masse lumineuse de multiples positions qui s’enfonçaient telle une flèche dans la moitié gauche de la carte.
L’armada de Poféus...
Donc...
reprit Loxa en ramenant brusquement Azala autour de la table. Depuis combien de temps avait-elle cessé son message et les observait-elle ? Elle tentait certainement de décrypter encore et toujours les pensées de la princesse. Semblant ne pas remarquer la réaction d’Azala, la parlementaire poursuivit :
... je vous ai fait venir, car nous considérons que vous aurez un rôle à jouer dans la suite du plan que nous avons établi. Je dois d’ailleurs vous féliciter, le Comité de salut public s’est révélé sensible à votre discours prononcé devant la représentation nationale. Vos capacités d’oratrice, ainsi que votre fidélité à Madame Melba, vous ont même valu des éloges !
Vous m’en voyez flattée, répondit prudemment Azala. Et quelles sont les grandes lignes de votre... « plan » ?
Chaque chose en son temps, vous l’apprendrez assez tôt. Par ailleurs, on m’avertit que la séquence de séparation est prête à être exécutée. Verrouillons donc nos ceintures — c’est une simple mesure règlementaire, nous ne devrions rien ressentir.
Melba fut la première à extirper les deux lanières de chaque côté de son assise. Une fois les attaches magnétiques refermées, elle se pencha pour aider sa voisine, lui murmurant tout bas  :
« Regardez les supports de nos fauteuils ».
Azala remarqua qu’en effet, ils se retrouvaient comme fondus dans le sol, alors qu’ils étaient mobiles, sur des dispositifs de lévitation à leur arrivée. Au même moment, une infime secousse parcourut la pièce... puis ce fut tout. Face à elle, Loxa demeurait imperturbable, un discret sourire de façade affiché pour la forme, elle profitait de ce qu’elle considérait comme un temps libre pour ranger quelques documents et dossiers sur sa table. Ce ne fut que lorsqu’elle referma le tiroir sur les petits blocs mémoires qu’Azala posa enfin la question :
Que se passe-t-il ? Des ceintures, une secousse, cet uniforme... Loxa, nous avions décidé de nous parler honnêtement, je pensais. N’est-ce plus le cas ?
Oh ? Je ne croyais pas avoir besoin d’apporter des explications, c’est quelque chose d’assez commun sur Ti’ltchiti, déclara-t-elle d’une voix faussement compatissante. Laissez-moi vous éclairer.
Que de mesquinerie, se dit Azala, mais elle n’eut guère le temps de creuser plus le sujet que la Nalcoēhuale appuyait sur un petit bouton caché sous son bureau. Immédiatement, le miroir et les deux grandes représentations s’effacèrent pour laisser place à l’espace extérieur. La princesse se raidit, ce qui eut pour effet d’accentuer le sourire de Loxa, avant de comprendre. De chaque côté, on pouvait voir s’étendre l’immense capitale administrative et économique de la république. Des bâtiments amassés les uns sur les autres, dans une logique d’emboitement plus que d’esthétisme, clignotaient de mille feux face à l’infini d’où quelques lumières fugitives pulsaient parfois, à l’occasion de sorties de Transition.
Melba posa des mots sur ce qu’elle parvenait à comprendre :
Nous nous déplaçons, votre bureau est-il une forme de... navette spatiale ? Bien pratique, dites donc.
En fait, répondit Loxa en maitresse d’école, tout Ti'ltchiti est conçu ainsi depuis les origines. Si nous en avions eu le temps, je vous aurais personnellement fait visiter la vieille ville, le centre historique de la cité. Vous auriez pu admirer les vaisseaux de nos ancêtres qui avaient servi de structure de base pour rapprocher Citlalincue et Citlaltonac, les deux astéroïdes sur lesquels s’est construite la capitale.
Malheureusement, notre programme est trop chargé dorénavant.
Azala nota, avec une certaine appréhension, qu’il n’était plus question de revenir sur place pour une future séance touristique. Que projetaient donc leurs hôtes ? Les yeux de la Nalcoēhuale s’agrandirent tandis que le chatouillement dans les tréfonds de l’esprit de la princesse reprit de plus belle. L’autre lisait en elle comme un livre ouvert, viendra un jour où la structure des pensées humaines serait finalement accessible à ceux de sa race et alors...
Loxa poursuivit, ayant visiblement compris la thématique générale des réflexions de son invité :
Vos effets ont d’ores et déjà été transférés sur une navette qui nous accompagne. Vous serez installée proches de mes quartiers sur notre destination, nous aurons tant de choses à partager...
Pourquoi cette dernière phrase fit-elle frémir Azala, était-ce le sourire carnassier de la politicienne ?
Et cette destination, intervint Melba, quelle est-elle ?
Normalement, vous devriez la voir derrière moi. Elle se trouve sur une partie de nos chantiers de rénovation — les autres se situant ailleurs dans le Cercle de Khabit.
Je n’aperçois que quelques lumières, nous sommes encore loin, constata la Lakedaímōn.
Certes. Oh, tenez, quand je disais que vos effets nous suivraient ! s’exclama-t-elle en pointant du doigt quelque chose sur leur droite, un peu en retrait.
La navette en question n’avait absolument rien d’exceptionnel, il s’agissait d’un modèle standard de la taille d’un chasseur, mais sans le profil de ce dernier. Le spectacle derrière les deux appareils, par contre, donnait la pleine mesure des dimensions de Ti’ltchiti. La mégapole éclairait littéralement tout ce qui traversait l’espace environnant avec l’intensité d’une petite lune réverbérant le soleil. Ses plus hautes tours ne représentaient rien de plus que de légères excroissances dans sa masse, au même titre que les immenses docks spatiaux où plusieurs croiseurs de Poféus pourraient se poser côte à côte. La ville géante poursuivait d’ailleurs son expansion, comme en témoignaient les constructions aux pôles encore dénudés des deux astéroïdes.
Le « bureau » de Loxa vira sur bâbord, suivi par la seconde navette et l’écran miroir projeta alors une tout autre image de ce qui se trouvait face à eux. La vision troubla Azala et sa garde du corps qui murmura à son intention :
Madame, ça ressemble énormément à ce que décrivaient les rapports des premières rencontres de l’Exode avec la République nalcoēhuale.
Est-ce ce gigantesque vaisseau vers lequel nous nous dirigeons ? demanda la princesse, aussi simplement que la situation le lui permettait.
Tout à fait, répondit orgueilleusement Loxa. Nous le nommons le Calcatli, c’est la fierté de notre flotte. Il va désormais être notre nouveau lieu de vie à toutes trois. C’est une forteresse plus à même d’assurer notre sécurité en cette période de « Frayeur ».
On dirait qu’il a rencontré tout de même quelques problèmes récemment, nota perfidement Melba.
En effet, sur tout le flan avant droit fourmillaient de très nombreux systèmes automatiques de réparations. Plus elles s’approchaient du géant de l’espace — de la taille de deux, voire probablement trois transporteurs — plus les cicatrices prenaient, elles aussi, des proportions dantesques. Même Azala, peu rompue à l’étude des structures de coques, savait reconnaitre les parties remises à neuf de celles d’origine et ce qu’avait subit ce « Calcatli » dépassait les dommages communs. Les dimensions étant ce qu’elles étaient, d’immenses projections de soudures et autres découpes ne représentaient, à l’échelle du formidable engin, que de petites étincelles dans un feu de cheminée. La princesse estimait à vue d’œil qu’un tiers des chantiers de rénovation avait été réquisitionné pour les réparations de ce monstre, avec tout ce que cela engageait comme ressources...
« ... c’est un travail titanesque... »
ne put-elle s’empêcher de reconnaitre à faible voix. Melba hocha positivement de la tête, quant Loxa se redressait légèrement sous une nouvelle bouffée de fierté.

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RedU T1 Ch28 Ep10

Wed, 27 Mar 2019 00:56:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode10 : « Pyrrhus » 

Un nouveau flash illumina Stuffy et toutes les vitres du poste de commandement. Victoire, ils venaient d’en détruire un... mais leur joie ne fut que de courte durée. Le troisième survivant de leur petite flotte mutine envoya un message de détresse alors que la majeure partie de son fuselage arrière volait en éclat sous le souffle d’une explosion interne. Les membres de son équipage avaient accepté de servir de leurre pour le plan de Stuffy, simulant la fuite, supportant de nombreuses attaques. Arrivés à une certaine distance, les deux autres croiseurs Mentaux avaient pu réaliser la plus succincte Transition possible pour les Compresseurs dimensionnels humains. La surprise des Nalcoēhuals avait été totale, et si un des ennemis avait été détruit, un second ne s’était pas remis de ses blessures et flambait... comme le troisième appareil de la flotte mentale, malheureusement.
° On va tourner autour de lui en axes horizontal et vertical pour permettre l’évacuation de l’équipage ! Trois, deux, un... on vire par bâbord ! ° transmis Stuffy à tous ses hommes.
Ils s’agrippèrent durant le virage en épingle qui devait les amener au-dessus du vaisseau endommagé. Le soleil binaire projeta pendant un court instant ses feux sur toute la largeur de la verrière, heureusement teintée pour éviter de bruler les yeux des opérateurs. Les ombres portées tranchaient sur n’importe quelle partie suréclairée d’appareil, au point qu’on se serait cru dans un spectacle de lumières. Totalement branché à ses capteurs et connecté mentalement aux deux autres commandants, par l’intermédiaire de son rayonneur, Stuffy n’ignorait rien de la majesté du moment. Il n’en tenait simplement pas compte, espérant juste avoir l’occasion de visionner quelques magnifiques clichés holographiques... s’ils s’en sortaient.
Par réflexe, il procéda au lancement d’une torpille qui explosa dans le vide à l’endroit qu’ils atteignirent quelques secondes plus tard. C’était une des méthodes trouvées durant la bataille pour gêner, à défaut de défaire, leurs assaillants. S’ils se matérialisaient à l’avant d’un des croiseurs mentaux, ils risquaient de voir arriver sur eux une roquette envoyée préventivement avec détonation en compte à rebours.
° Ils viennent tous de se volatiliser, attention à tous les canons, préparez-vous ! Force de projection psychique, regroupez-vous autour de l’appareil endommagé : si j’étais eux, je le ferais sauter pour tenter de nous atteindre par la même occasion ! °
L’autre commandant recevait-il la pensée dissimulée de Stuffy ? Probablement. Ils attaqueront aussi le vaisseau au centre pour achever les survivants. Nous étions dans une guerre entre deux espèces différentes, avec des technologies comparables... sinon égales. Car les pertes, en ce qui concernait les humains, se révélaient plus que lourdes, elles étaient dramatiques. Des huit croiseurs mutins, seuls deux demeuraient intacts, le troisième brulait en attendant que l’incendie atteigne son Lithium ou son armurerie pour se transformer en une explosion magistrale. En face, sur les quatre appareils agresseurs, un unique venait d’être rendu hors service et les trois autres se rassemblaient probablement pour une nouvelle attaque-surprise. Inutile d’espérer une quelconque clémence, la lutte en cours ne souffrait aucune pitié et se concluerait par l’anéantissement d’un des deux groupes.
Toujours rien, pourtant... quatre minutes sans attaques, c’était inédit à ce stade de la bataille.
La navette emportant les ultimes membres de l’équipage quitta précipitamment le hangar du croiseur en flamme, alors qu’une explosion le ravageait à son tour. Les capteurs prévoyaient la destruction totale du vaisseau dans les prochaines trente secondes, cela devrait suffire pour récupérer les derniers survivants encore à bord.
Les deux commandants synchronisés chauffaient déjà les Compresseurs dimensionnels et le point de destination était choisi, à plusieurs années-lumière du lieu actuel. Cela permettrait-il d’échapper aux mortels appareils ennemis ? Leur maitrise de la Transition sous toutes ses formes, nano, micro et traditionnelle, se révélait d’un avantage tactique bien supérieur au Canon mental, lent, pousssif, et pour tout dire, grossier. Ce dernier était visiblement conçu pour les affrontements de masse, pas pour les escarmouches du genre de celle qu’ils vivaient en ce moment, face à un assaillant très mobile. Un signal lui parvint. L’ultime navette venait d’aborder l’autre croiseur et, immédiatement, les deux rescapés l’élancèrent en Transition alors que le blessé explosait enfin. Comme les précédentes carcasses, il libéra fluides et débris autour d’un semblant d’ossature qui allait irrésistiblement être attirée par l’étoile, comme à peu près tous les restes flottant ici, d’ailleurs. D’ici quelques mois, la gravité aura effacé toute trace de la bataille.
À quelque distance de là, une corvette sortie soudain de Transition. Les quelques dernières explosions de réservoirs ne perturbaient pas le calme revenu, seuls les camaïeux de lumières du soleil binaire égayaient un peu l’endroit. Le petit engin s’élança entre les différentes carcasses et tourna finalement autour d’une en particulier : celle du Lan’huitl, le bâtiment nalcoēhual. Immédiatement, une dizaine d’autres vaisseaux apparurent, l’encerclant avec précision. Lorsqu’une onde d’énergie vibra soudain entre eux, un vortex se matérialisa, emportant le Lan’huitl ainsi que quelques débris supplémentaires vers une destination inconnue. Dès que le passage se volatilisa, les corvettes s’évaporèrent à leur tour, seule resta la première arrivée sur place en éclaireur.èà
Son pilote recevait une nouvelle série d’instructions de la part de son Empereur-Dieu et déjà, dans le fond du cockpit, le sarcophage sacré se mettait à clignoter, preuve de l’éveil prochain d’un avatar. Il valida les coordonnées qui venaient de s’afficher et s’élança en Transition...
... pour réapparaitre exactement devant les deux croiseurs Mentaux.

Stuffy sursauta. S’il s’attendait à une autre violente attaque de ses ennemis, ce petit bout de vaisseau, solitaire, ne figurait pas dans ses meilleurs pronostiques. Vu la situation, les torpilles se braquèrent aussitôt sur le nouveau venu et on lançait déjà la procédure de tir lorsqu’un évènement improbable se produisit. Une sorte de long tissu — ou assimilé — blanc de plusieurs mètres s’étira sur l’un des côtés de la corvette.
Stuffy coupa immédiatement l’alimentation des tubes, bloquant ainsi les armes sur place, à une poignée de seconde de leur mise à feu. Aucune activité n’émanant des deux parties, il débattit plusieurs secondes avec le second commandant de cet hypothétique, et universellement humain, drapeau immaculé. Une communication radio impromptue les interrompit : c’était une vieille voix, rugueuse et poussive, du genre que l’on n’attend pas sur les champs de bataille :
Nous représentons l’Empereur-Dieu de Ragnvald. Pouvons-nous dialoguer avec un responsable ?
Je suis Stuff MacDone, comm... commandant de ce détachement. Je vous écoute, parlez.
L’agent Stuff MacDone ? La légende des Forces mentales, l’un des quatre clones ? Tu C’est un plaisir de pouvoir vous adresser la parole, je suis un de vos fervents admirateurs, voyez-vous ?
Stuffy resta abasourdi pendant plusieurs secondes avant de reprendre le contact.
Heu... on se connait  ?
MOI, je vous connais et c’est bien suffisant, répondit l’autre, un rien amusé. Mais, si vous voulez une anecdote croustillante, je suis l’inventeur de la technologie que le professeur QuartMac a utilisée pour vous permettre de survivre. Je me propose de venir à votre bord vous la présenter en personne, si vous me l’autorisez.
Ne bougez pas ! Nous sommes menacés par de dangereux appareils de combat qui peuvent surgir à tout instant, on ne peut pas laisser un vaisseau inconnu s'approcher comme ça. Je serais vous, je m’éloignerais au plus vite.
Ne vous inquiétez pas, agent MacDone, ils sont loin. Lorsque vous en avez détruit un, leur haut commandement a pris peur de perdre encore ses prototypes, il a préféré les rappeler. Ce qui en soit, peut être considéré comme une grande victoire pour vous.
Qu’est-ce qui nous prouve que vous dites la vérité ? s’enhardit Stuffy, acceptant difficilement cette soi-disant apparition miracle d’un... « Empereur-Dieu » ?
Je sais exactement où est l’Exode, je connais très bien Fabio Ouli, le frère de votre ami Ralato et beaucoup d’exodés. Je peux vous faire arriver à eux avant le reste de la flotte du chancelier suprême.
Marquant une petite pause pour laisser son auditoire absorber ces informations, la voix reprit :
Je suis au fait de beaucoup de choses à votre sujet, agent MacDone, suffisamment pour comprendre ce que vous faites ici et vous offrir la confiance d’un dieu. Ce n’est pas rien, sachez en profiter.
Puis-je venir à votre bord, maintenant?

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RedU T1 Ch28 Ep09

Wed, 20 Mar 2019 00:00:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode09 : « Frayeur (2)»  

Nous sommes navrées de ne pouvoir vous donner plus d’information à leur sujet, mais ayant quitté MaterOne depuis quelque temps, nous ne sommes plus au fait de toutes les dernières nouveautés, reprit Azala.
Lors de votre intervention au Parlement nalcoēhual, rétorqua Loxa en se saisissant d’une seconde pâtisserie, vous aviez précisé que le gouvernement actuellement en place se révèlerait hostile à nos intérêts.
Je l’ai effectivement dit.
Situation délicate. La princesse échangea un regard avec Melba en une muette demande de conseil. Celle-ci lui répondit par un discret hochement de tête négatif. Vers où allait encore leur allégeance ? S’il était facile de choisir entre MaterOne et l’Exode, la venue de ces croiseurs changeait beaucoup de choses. Se présentaient-ils pour soutenir les exodés ou au contraire arrivaient-ils pour « terminer le travail » ? Si Poféus était toujours à la tête des Forces mentales, la seconde option s’avérait envisageable. Ou encore, peut-être était-ce simplement une nouvelle vague de vaisseaux d’exploration ? Tout était possible d’autant plus que, pour l’instant, elle n’avait qu’une image holographique pour se forger un jugement. C’était assez faible. Le conseil de Melba pouvait se résumer ainsi : « ne lâchez rien... », que compléta Azala avec « ... avant d’en savoir plus. »
Loxa tenait toujours sa pâtisserie en main, mais elle observait la princesse de ses grands yeux jaunes, comme figée. Celle-ci comprit de suite que l’autre épiait ses pensées et rétorqua :
Allons, Parlementaire, ne soyez pas ce genre de politicien là. Vous valez mieux que cela.
Mhmm... disons que certaines situations demandent parfois quelque infraction à la courtoisie commune, répondit Loxa en engloutissant la viennoiserie. Je... < crunch >... ne peux aller contre ma nature... < crunch >... de Nalcoēhual, non plus. Le langage Mental est... < crunch >... spontané chez nous. Mais reprenons...
Elle s’essuya la bouche et se servit une nouvelle tasse de lait de Zlabot avant de poursuivre.
... donc pensez-vous que nous devrions considérer ces nouveaux venus comme des ennemis par défaut ?
De ce que je sais de vos convictions politiques, ce ne doit guère être une question, Loxa. Mais les responsabilités élargissent sans doute les points de vue. Je vous conseillerais d’entrer en contact avec eux pour connaître leurs intentions. Après tout, le Cercle de Khabit est indéniablement vôtre, il est légitime que vous en réguliez le passage. Je crois me souvenir que l’Exode avait demandé l’autorisation, malgré votre réponse brutale.
Oui, mais la doctrine usuelle était assez ferme sur le sujet. Notre nouveau Comité de salut public a aussi pour rôle d’éviter la guerre et maintenant que l’Exode n’est plus un problème, nous pouvons évoluer sur ce genre de concept.
Azala subit le coup sans férir, mais elle savait que même sans comprendre les mots pensés, Loxa ressentait les émotions éprouvées par la jeune femme. Absorbant silencieusement son second lait, la politicienne ne faisait pas mine de suivre l’esprit de sa vis à vis, mais la feinte était évidente.
Elle l’avait prévenu dès le début sur sa capacité à lire dans les pensées, sans doute pour affaiblir son interlocutrice et embrouiller ses facultés de raisonnement. Combien de spécialistes psychiques scrutaient leurs cerveaux en plus de Loxa ? Sous les airs d’un petit déjeuner, c’était bel et bien un interrogatoire qui se déroulait en ce moment. Elle regarda encore une fois Melba qui réitéra son conseil de ne pas s’épandre plus sur le sujet. D’un autre côté, leurs destins à toutes deux dépendaient du bon vouloir de la femme face à elles et ses derniers propos sur l’Exode n’auguraient rien de bien. Les transporteurs avaient-ils été tous ou en partie détruit ? Jusqu’à quel point Ragnvald s’était-il opposé à la Flotte nalcoēhuale ?
Et si c’était cela qu’entendait justement négocier Loxa ? La formation de la princesse en matière de diplomatie représentait l’excellence de ce que la royauté avait pu établir, l’heure était venue de l’utiliser dans toute sa force. Azala inspira profondément, puis changea totalement son fusil d’épaule.
« Très bien, Parlementaire, arrêtons donc de jouer au chat et à la souris. Nous avons effectivement des informations sur ce croiseur, mais les partager avec vous demandera aussi un effort de votre part. Parlez-nous d’abord de nos amis de l’Exode. Que s’est-il passé  ? »
La députée nalcoēhuale parut réfléchir quelques secondes, ou échanger avec des conseillers, puis se leva simplement de sa chaise pour s’installer sur un des angles de son bureau. Nous sortions du protocole de l’interrogatoire et Melba ne s’y trompa pas : elle quitta pareillement sa place pour venir s’établir dans le dos d’Azala, sa position habituelle de défense. Le sourire carnassier de Loxa, bien naturel cette fois, montrait combien tout le monde se comprenait enfin.
« Nous avons... échoué à anéantir l’Exode. La protection de Ragnvald fut un obstacle à notre plan d’attaque. Vos... confrères se sont avérés également de redoutables adversaires. Mais, entre temps, nous avons détecté l’arrivée d’une flotte d’appareils identiques à celui-ci. Comme ils n’ont pas respecté notre avertissement, nous avons lancé nos premières vagues d’assaut pour un résultat assez peu concluant.
Sans doute, votre espèce est-elle aussi retorse que ce que racontent les livres d’histoire. Vous avez la parole. »
Azala patienta quelques secondes, profitant d’un profond soulagement : l’annonce de la survie de l’Exode mettait fin à une semaine d’insupportables interrogations. Jugeant Loxa honnête, elle tourna son siège vers elle, croisant ses longues jambes pour en répercuter le bruit du plissement dans la pièce. Elle s’appuya bien droite contre son dossier et vida donc son sac :
« Nous ne connaissons pas ce modèle d’appareil, c’est vrai, mais l’emblème sur sa coque nous parle, par contre. Il s’agit des Forces mentales. Cette organisation regroupe les adeptes humains capables d’exploits de l’esprit comme vous, chère Loxa. Ils sont entrainés au maniement de cet art — du plus haut niveau — dès leur enfance et, ce, depuis les débuts répertoriés de l’humanité.
À leur tête se trouvait, j’ignore ce qu’il en est encore maintenant, celui qui a fait chuter la royauté. C’est un personnage cruel et vicieux d’une intelligence hors du commun qui s’avère également être... mon demi-frère. Mais ne vous y trompez pas, il me hait et ne rêve que de me voir rayée des vivants.
Vous savez tout, Loxa. »
L’autre resta un moment à observer la princesse en cherchant, seule ou accompagnée de Nalcoēhuals extérieurs, à juger de l’authenticité de ce récit. Visiblement, ils n’arrivaient pas à se mettre d’accord, car après quelques instants, la parlementaire lâcha sèchement :
Une autre théorie prétend que vous n’auriez été que le faux-nez d’une invasion. Votre but aurait été de détourner notre attention et de tester nos défenses.
Ç’aurait été stupide, réagit Melba dans le dos de la princesse. Aucun manuel digne de ce nom ne considèrerait qu’envoyer 3 millions de personnes à l’abattoir ferait une bonne diversion. Je vous parie qu’à l’heure actuelle, la Flotte mentale en sait plus sur vous que toutes les générations ayant affronté vos ancêtres !
Ne les sous-estimez pas, confirma Azala. Ils ont été pendant cinq-cents années le fer de lance de mes aïeux. C’était eux à qui l’on confiait les missions trop délicates et les matériels de dernier cri. Peut-être ont-ils déjà pu entrer dans vos esprits et soutirer toutes sortes d’informations, si ce n’est contrôler certains de vos soldats.
Est-ce que je me trompe ?
L’autre ne répondit pas, semblant contenir une frustration au point que son goitre se fonça légèrement. Azala ne doutait pas d’avoir touché juste. La preuve en était le chatouillement, plus soutenu que jamais, aux tréfonds de son crâne. On scrutait, on analysait, on tentait de comprendre l’incompréhensible : comment ces humains honnis pouvaient-ils encore leur tenir tête ?
Si ce n’est pas nous, interrogea Loxa, une incertitude dans la voix, alors quelle est la destination de cette flotte ?
Je vous l’ai dit : on ne sait pas. Mais s’ils suivent le sillon tracé par l’Exode, alors peut-être que nous étions leur cible. Après tout, les exodés sont d’abord des opposants, des bannis, tout à fait le genre que mon demi-frère — que ce qualificatif m’irrite ! — ne peut laisser vaquer en liberté.
La République nalcoēhuale se trouverait alors simplement sur le chemin d’un... règlement de compte entre humains ? Le ton de la voix monta soudain quand elle poursuivit : allons donc, à qui voulez-vous faire croire cela ? Rien que l’attentat contre ma personne prouve que ce n’est pas possible ! Vous vous êtes tous alliés : humains et Ragnvald contre nous !
Dans ce cas, le timing était mauvais. C’est maintenant et ici qu’on devrait vous tuer, alors que l’Exode est parti et l’armée Mentale arrive, répondit froidement Melba.
Il ne fallut pas quinze secondes pour voir se ruer dans la salle toute une troupe armée jusqu’aux dents de paralyseurs, qu’ils pointèrent immédiatement dans la direction des deux femmes. Mais Azala et sa garde du corps restèrent parfaitement immobiles et Loxa, croisant encore une fois le regard d’Azala, calma d’une main l’impétuosité de sa sécurité. Sous son impulsion psychique, ils baissèrent leurs armes, mais n’en quittèrent pas pour autant la pièce. La parlementaire descendit enfin de son coin de bureau et fit quelques pas vers la princesse :
Nous ne pouvons sonder votre esprit pour avoir la certitude que vous nous dites vrai. Malgré cela, vos arguments ont le mérite de se tenir.
Pour votre attentat, précisa Azala, toujours impassible, vous savez combien l’Empereur-Dieu est solitaire. Je parierais qu’il voulait plutôt couper la tête de l’aile du parlement la plus opposée à un rapprochement entre l’Exode et votre République. Inutile de dire que j’aurais été totalement contre cette action, il faut bien être un cyborg pour croire à la mort d’une idée au travers de celle d’un de ses partisans.
Loxa ne l’écoutait plus. Elle venait de fermer ses paupières, révélant au passage une autre partie de son maquillage, violet clair cette fois. Lorsqu’elle les rouvrit, elle tremblait si fort qu’elle dut serrer les poings et la mâchoire pour tenter de dissimuler cette faiblesse. N’y arrivant visiblement pas, elle se saisit d’un bloc translucide destiné aux transmissions et le projeta contre le large miroir derrière elle, qui se brisa sous l’impact ! Une myriade de morceaux de verre ruisselèrent sur le sol, tandis qu’on surprenait une seconde vitre cachée avec plusieurs militaires et civils en costumes sombres qui la regardait, ébahis. Loxa s’adressa à l’un des gradés dissimulés :
HUATE ! JE VEUX UN ANÉANTISSEMENT TOTAL ET ABSOLU DU SYSTÈME DE CHILICO ! STÉRILISEZ SES VILLES, RASEZ SES STATIONS, DÉTRUISEZ TOUTES CETTE PLÈBE QUI OSE NOUS DÉFIER !
Mais cela outrepasse nos droits, Madame ! monta la voix de l’officier au travers de la paroi transparente, sans aucun doute se doublait-elle d’un message psychique inaudible pour Azala. Il nous faudrait une réunion extraordinaire du...
La République est en danger ! rugit l’autre, en rage. L’ennemi est parmi nous : Amiral Huate, je vous charge de le débusquer, par tous les moyens. Il ne doit en rester que des carcasses fumantes. Pas de prisonniers, plus de prisonniers !
Elle se retourna brusquement vers la princesse et Melba, sa fureur semblant s’atténuer. Mais ses propos n’en demeurèrent pas moins glaciaux :
« Je déclare l’État de Frayeur. À nous de l’imposer dans le cœur de nos adversaires d’où qu’ils viennent ! Le comité de salut public publiera le décret dans une dizaine de décilles. Vous avez dorénavant les mains libres, Amiral.
Quant à vous, princesse Azala et Melba... »
Elle inspira profondément, laissant Azala s’interroger sur le sort qui leur serait réservé, puis afficha le même superbe sourire du début de leur rencontre  :
« Je vous prie de regagner vos quartiers. Votre aide nous a été et, je l’espère, nous sera encore précieuse. Que le domestique assigné vous accompagne. Soldats, il n’y a plus rien à voir, sortez d’ici ! » ajouta-t-elle à l’intention des membres de la sécurité présents dans le bureau.
Azala et Melba se demandèrent tout le long du chemin de retour ce que « l’état de frayeur » pouvait bien signifier. Mais les propos de la Parlementaire Loxa ne laissaient guère planer de doute.

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RedU T1 Ch28 Ep08

Wed, 13 Mar 2019 00:47:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode08 : « Frayeur (1)»  

La Princesse Azala suivait d’un pas assuré le Nalcoēhual assigné à son service. Une poignée de centimètres derrière elle, légèrement à gauche comme lors des cérémonies protocolaires, Melba, sa garde du corps lakedaímōn et amie d’enfance surveillait ses arrières. Les traits tirés et les cheveux tenus par un simple élastique, la Brune trentenaire se remettait lentement du traitement que leurs geôliers lui avaient fait subir plusieurs jours auparavant. Pressentant l’efficacité de la combattante, ils n’avaient rien trouvé de mieux que de la paralyser sous des décharges électriques jusqu’à ce qu’un évanouissement s’en suive. Elle était donc tombée inconsciente dans la souffrance et Azala n’osait imaginer ce que cela devait représenter comme épreuve. Leurs regards se croisèrent et, malgré tout, celui vert foncé de Melba demeurait vif et alerte, plus profond que jamais. Nul doute que si la princesse le lui ordonnait, pas un nalcoēhual ne sortirait vivant de la galerie qu’ils traversaient en ce moment.
Il fallait d’ailleurs reconnaitre à la Parlementaire Loxa un respect certain pour la promesse donnée à ses prisonniers. Azala avait assuré qu’elles ne tenteraient pas de s’enfuir s’ils libéraient Melba de la cryogénisation, les deux camps avaient tenu parole. Bien qu’il y ait toujours quelques chatouillements dans les tréfonds de son esprit, preuve d’une activité Mentale à son encontre, on leur épargnait dorénavant les gardes armés, les entraves et les évacuations de couloirs avant leur venue. Leur logement obéissait aux mêmes normes que n’importe quel haut fonctionnaire de Ti’ltchiti et la personne « à leur service » se révélait d’une courtoisie irréprochable. Elle réajusta le petit appareil que l’Empereur-Dieu Godheim, enfin son avatar, leur avait fourni quelques jours plus tôt avant d’être détruit dans le Parlement nalcoēhual. C’était un traducteur instantané qui permettait une réelle et permanente interaction avec cette nouvelle race et civilisation extérieure aux humains. On ne le lui avait jamais retiré, refoulant quelques tics nerveux à la présence d’un instrument de Ragnvald dans la capitale administrative et économique. Passé par d’innombrables censeurs et détecteurs en tous genres, il avait finalement été jugé plus utile que dangereux.
Melba se rapprocha discrètement d’elle pour souffler à son oreille :
Madame, vous sentez cette tension chez ceux que l’on croise ? Il y a une différence d’ambiance depuis que nous sommes arrivées.
Oui, je l’ai remarqué également. Plus de soldats, plus de gens pressés avec des papiers urgents...
Exactement. Et des mines assombries, aussi... enfin de ce que je peux décrypter de ces visages bleus. Plus absents ou troublés. Elle laissa s’éloigner un passant puis ajouta : une chose est sure, ce n’est pas nous qui les mettons dans cet état.
Azala approuva silencieusement de la tête tandis que Melba reprenait sa place. Quelque chose de sanglant trainait dans les esprits de chacun, une menace suffisante pour qu’au cœur de cette puissante république, même les placides fonctionnaires en devinssent soucieux. Qu’était-ce donc ?
L’Exode ?
Non, la jeune princesse ne voyait pas comment la fuite ou l’anéantissement des transporteurs aurait pu inquiéter jusqu’ici. Alors, quoi ?
La réponse à cette question se trouvait peut-être derrière la porte du bureau de la Parlementaire Loxa, à l’origine de leur « invitation. » Tout du moins, était-ce ce qu’Azala avait cru déchiffrer sur le petit hologramme qu’on leur avait adressé au matin. La jeune princesse aux vingt-cinq printemps, ancienne prétendante à la couronne de toute l’humanité, avait fini par percer les premiers arcanes du langage nalcoēhual. Elle y avait découvert, surprise, quelques liens avec plusieurs idiomes tropicaliens et même certains mots courants en langue commune. Godheim avait reconnu que cette race était originaire de « Veora », le nom qu’ils donnaient à MaterOne, et en avait été chassée... par les premières générations de colons humains. Au point de vue de la linguistique, on pouvait supposer qu’une cohabitation suffisamment longue, pour infuser des éléments de langage encore d’actualité, s’était au moins produite au préalable.
Les battants de la porte face à elle s’ouvrirent, la ramenant à l’immédiat. La pièce était assez large et plutôt basse, aux proportions des habitants d’ici, et un bureau s’y élevait au centre, l’éclairage étant assuré par le plafonnier. Quelques décorations ornaient par-ci par-là le maigre mobilier et l’on ne pouvait manquer les représentations, des tableaux affichés sur films holographiques, qui couvraient les murs adjacents tandis qu’un miroir emplissait la paroi du fond. Loxa se tenait près d’une entrée secondaire dans le coin droit, expliquant quelque chose par de secs mouvements de ses bras à trois officiers au garde à vous. La discussion psychique ne transperçait pas jusqu’à la princesse, mais la scène parlait d’elle-même. Quelque chose enrageait la politicienne et elle tenait à le préciser clairement à ses subordonnés. Le fait que ce soient des militaires n’était évidemment pas un indice anodin : une bataille, une guerre, quelque chose du genre se déroulait.
La parlementaire lança un coup d’œil dans sa direction, puis se retourna pour conclure en écrasant son poing gauche dans le creux de l’autre main avant de les congédier. On ne saurait être plus explicite. Elle se rapprocha alors des nouveaux arrivants, simulant une expression chaleureuse visiblement tirée de livres d’histoire humaine.
Ambassadrice Azala et cette chère Melba ! Je suis navrée de vous avoir fait attendre, mais nous sommes quelque peu préoccupés en ce moment. Votre suite et le service associé vous conviennent-ils ?
Ils sont irréprochables et nous vous en remercions. C’est une face appréciable de l’accueil de votre civilisation qui n’est pas assez reconnue en dehors de vos frontières, répondit Azala aussi posément que possible.
Loxa prit un faux air dépité pour répliquer :
Que voulez-vous ? Nous sommes un peuple plutôt réservé, les étrangers ne sont généralement pas... on dira qu’ils ne peuvent accéder à cette partie du Cercle de Khabit. Retrouvant son expression première, elle ajouta : mais installez-vous donc dans ces fauteuils, j’ai fait préparer un lait de Zlabot pour que nous puissions profiter d’une collation. Vous aimez le lait de Zlabot, n’est-ce pas ?
Nous y avons gouté récemment, c’est très raffiné. Je me suis d’ailleurs demandé, comment saviez-vous que nos organismes le digèreraient ?
L’autre lui adressa un grand sourire en guise de réponse. Elle n’arborait plus les envahissants bandages qui la recouvraient en totalité comme lors de leur première rencontre, au pupitre du parlement. Loxa portait désormais une tenue plus seyante, faite d’interminables bottes sombres remontant jusqu’en haut de ses cuisses. Une longue robe aux motifs prune et gris, constituée d’un seul morceau de tissu, s’enroulait finalement autour des hanches. Une sorte de collier présentant plusieurs médailles aux détails inconnus reposait sur son goitre bleu ciel, tandis qu’un foulard or bien ajusté dissimulait ses deux antennes sans doute nouées en chignon. Pas de nez ni d’oreilles, de grandes pupilles jaunes encadrées par une arcade sourcilière proéminente et une absence de poitrine pour les femmes caractérisaient en partie la physionomie nalcoēhuale. Cela avait logiquement surpris Azala lors de leur première rencontre, mais à l’usage elle avait su repérer des différences entre les teintes, les formes du visage ou des yeux. Ici, par exemple, Loxa s’était maquillé les contours des orbites et une nuance très légèrement rosâtre égaillait ses fossettes.
Certaines caractéristiques culturelles traversaient les frontières raciales, semblait-il. Loxa pencha doucement la tête sur le côté, comme si elle tentait de comprendre quelque chose.
Je vous entends penser, savez-vous ? Mais je n’arrive pas à en saisir les termes. Cela dit... vous évoquez mon apparence ou quelque chose de sexualisé, n’est-ce pas ?
Effectivement, je notais quelques similitudes entre le soin que nous portions toutes deux à nos tenues vestimentaires. Malgré nos différences physiologiques, certaines habitudes ou coutumes sont comparables.
D’un geste, l’autre les invita à s’installer autour d’une petite table ou un domestique apportait un plateau. Elle réceptionna sa tasse de lait de Zlabot et en but immédiatement une gorgée, fermant momentanément les yeux, sans aucun égard pour ses « invitées ». Melba et Azala échangèrent un regard : depuis combien de temps n’avait-elle pas absorbé de nourriture ? La Brune lakedaímōn en profita pour se saisir d’une sorte de pâtisserie qu’elle gouta d’abord par petits morceaux, pour en engloutir soudain la moitié, en une fois. Elle ajouta la bouche pleine, à l’intention d’Azala :
Mais... < crunch >... c’est très bon çà !
Melba ? s’en étonna Azala.
Oui, je... < crunch >... sais, mais vraiment vous devriez essayer, Princesse.
Comment refuser ?
Alors que Loxa terminait consciencieusement son lait de Zlabot, l’accueil des invités restant encore une partie bien mystérieuse des coutumes locales, Azala se servit également sur le plateau. Melba et elles se connaissaient depuis leur enfance, il était inutile de préciser que l’objectif de ce petit cinéma était de faire croire à Loxa que les deux femmes se détendaient. Comme on ignorait toujours la raison de ce rendez-vous, mieux valait jouer le jeu en attendant d’en savoir plus.
La parlementaire soupira finalement d’aise en reposant son bol, semblant profiter encore du doux parfum émanant de son récipient vide. Elle reprit la conversation, aussi naturellement que si elle ne l’avait pas interrompue pour son déjeuner.
« Connaissez-vous ceci ? » demanda-t-elle simplement, en désignant la représentation sur l’autre mur de la salle.
L’image historique originale se troubla, laissant la place à un astronef sur toute la largeur de l’hologramme. Azala et Melba se retournèrent et considérèrent l’engin. Ce fut la garde du corps qui partagea ses réflexions, à haute voix :
Fabrication humaine, un vaisseau de la force spatiale. Si j’en juge par l’aspect général, c’est un croiseur. Du bon gros modèle, en tout cas.
Oui, compléta la princesse, il a l’air récent. Où l’avez-vous trouvé, Parlementaire Loxa ?
Ce ne sont que quelques images de sondes que nous avons envoyées au loin dans l’espace. Elle se saisit à son tour d’une pâtisserie et demanda distraitement avant de l’engloutir : je pensais que vous pourriez m’en dire plus ?
Cela ne dura qu’une demi-seconde, mais l’œil de Melba tressaillit tandis qu’un petit spasme à peine visible remua le pouce droit de la princesse. Toutes deux avaient parfaitement reconnu le symbole des Forces mentales à l’arrière du fuselage. Lors de leur départ de l’Exode, le Contramiral Poféus se trouvait à la tête de tout l’appareil sécuritaire civil et militaire et les dieux seuls savaient ce qui s’était passé depuis sur MaterOne.
Une chose demeurait : si une flotte de ce genre d’engin géant ultra moderne venait à pénétrer dans l’espace nalcoēhual, ce ne serait certainement pas en gage de paix.

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RedU T1 Ch28 Ep07

Wed, 06 Mar 2019 00:36:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode07: « Déclaration »

Xopilat’l se tenait aussi droit que possible, supportant les douleurs qui marquaient son corps de nombreux hématomes. Entouré de dix gardes armés comme en première ligne d’un champ de bataille, il attendait l’ouverture du sas. Juste au moment où celui-ci s’écarta, un choc dans ses côtes lui rappela combien la haine de tous les militaires de Ti’ltchiti demeurait toujours vivace, malgré sa capture. On lui souffla à l’oreille:
« Espèce de merde, j’espère qu’ils t’en feront baver. On sait mâter les Zlabots comme toi, ici... »
L’officier en tête du peloton jeta un œil sévère au soldat derrière Xopilat’l et celui-ci recula pour reprendre sa place. Mais aux ricanements qui fusaient plus ou moins en catimini autour de lui, alors que la petite troupe progressait dans le large corridor, il ne s’agissait pas de se faire d’illusions. Le responsable reprochait surtout à son subordonné de n’être pas plus discret, quand aux regards de ceux qui croisaient le convoi, ils ne sauraient être plus explicites.
Le navire-prison Hualtollohuit s’était spécialement rapproché de la planète Cuitliē pour prendre livraison, en urgence, de son plus dangereux et important colis de ces dernières années : le Président de la République cachée de Chilico. La nouvelle avait parcouru tout le système, occultant les dures conditions de travail, s’imposant dans les réunions familiales et, bien sûr, faisant les gros titres des journaux multivisuels. Le gouverneur No’ork Kelm’tek avait même reçu un message de félicitations de la Parlementaire Loxa, membre du Comité de salut public actuellement au pouvoir dans la capitale : Ti’ltchiti.
Après quelques minutes de marche et quelques crachats de provenance inconnue, le groupe s’arrêta devant une porte à double battant gardé par trois miliciens visiblement tendus. Le col de leurs uniformes serrait les goitres, caractéristiques des Nalcoēhuals, à la limite de l’étouffement que l’on pouvait déterminer au teint aigue-marine de leurs visages. On présentait que les habitants de Chilico possédaient une couleur de peau d’un bleu plus foncé et des arcades sourcilières plus proéminentes que les Nalcoēhuals dits « normaux », ce qui en faisait bien évidemment une sous-race pour certains. Xopilat’l n’avait jamais vraiment remarqué de différence notable, pourtant, mais cela importait peu dans l’esprit des racistes de tout ordre.
Deux coups dans chaque genou et le Président s’effondra alors que les battants s’ouvraient sur une salle assez large pour contenir la cinquantaine de journalistes invités pour l’occasion. Cette fois, l’officier responsable montra son mécontentement manifeste et, d’un signal psychique, il congédia les neuf soldats. Celui qui l’avait frappé au premier sas n’eut que le temps d’ajouter avant de s’éloigner, goguenard :
« On se retrouvera en enfer, président d’opérette. »
Deux des sentinelles de l’entrée s’approchèrent et l’aidèrent à se relever, sous les flashs des appareils holographiques. Cela fit naitre une remarque dans l’esprit de Xopilat’l :
« Est-ce que je suis dans un cirque de Zlabot, ou une arène, ou les deux ? »
Toujours soutenu par les gardes, Xopilat’l progressa dans l’allée maintenue ouverte devant lui par des cordons de sécurité. On lui criait des questions à distance, quand ce n’étaient pas des insultes qui cognaient contre ses barrières Mentales. Les flashs et les projecteurs baignaient ces quelques mètres jusqu’au jury de préséance en un chemin de lumière.
Il aurait pu s’accouder à l’estrade devant lui, mais son honneur comme sa fonction ne le lui permettait pas. C’est donc droit et fier, serrant les dents, que le Président de la République cachée de Chilico fît face à ses accusateurs. Du haut de leur promontoire, plusieurs personnalités de l’armée, de la justice et de l’administration le dominaient de leurs regards suffisants. Au centre, le gouverneur, Kelm’tek, bien entendu, à sa gauche le procureur Chcat’l, bien connu des sympathisants séparatistes pour son impitoyable haine envers toute forme de contestation. Les autres n’étaient que des subalternes qui considéraient leur présence en ce lieu comme une reconnaissance de leur statut dans ce système stellaire. Ceci étant dit, on avait donc concentré ici la crème des instances dirigeantes de Chilico et ce n’était pas anodin.
« Un peu de calme ! ordonna le gouverneur alors qu’un grand gond résonna pour ramener le silence dans la salle. Nous sommes réunis en cet endroit pour énoncer à Xopilat'l Aktar les différents motifs d’accusation qui le conduiront au tribunal d’exception. »
Un hologramme de dessina au-dessus des jurés et une liste sans fin s’y déroula, où l’on retrouvait un peu de tout et n’importe quoi. Le gouverneur poursuivit :
Inculpé Aktar, vous devez tout d’abord nous donner votre opinion sur cette liste de... griefs. Puis nous vous demanderons sous quelle forme vous désirez plaider votre culpabilité : volontaire ou involontaire. Suivant ce choix, les preuves à produire de votre innocence devront procéder de voies différentes.
...
Vous ne dites rien ? s’étonna le gouverneur. Vous n’ignorez pas que parmi vos accusations, plusieurs sont liées à des actes de sédition et de rébellion envers l’état, ce qui vous prive malheureusement de l’assistance d’un avocat. Seules vos paroles seront donc inscrites aux minutes de cette préséance.
Toujours aucune réponse. Sombre, Xopilat’l laissait ses larges pupilles jaunes glisser sur chaque participant, comme s’il les prenait à témoin de cette parodie de justice.
Le gouverneur semblait tout de même bien embarrassé que le prévenu ne réagisse pas ou, comme on l’attendait, ne se lance pas dans une longue litanie révolutionnaire qui aurait achevé de le décrédibiliser. Il échangea tour à tour à voix basse avec ses voisins, tandis que quelques flashs crépitaient à nouveau dans la salle. Le procureur hocha placidement de la tête, donnant visiblement son approbation à la proposition de Kelm’tek qui reprit la parole :
« Ce jury de préséance accepte donc le silence de l’inculpé comme l’aveu d’une culpabilité volontaire. Nous réunirons le tribunal des intelligences artificielles d’ici trois déciles pour passer à l’étape suivante de la procédure. Je pense que si personne n’a autre chose à ajouter, nous pouvons clore cette... »
Soudain, les portes à doubles battants que les gardes avaient consciencieusement refermées s’ouvrirent, laissant entrer plus d’une trentaine d’inconnus armés de paralyseurs. Point commun entre eux : ils portaient tous des vêtements de prisonniers. Derrière le jury lui-même, une demi-douzaine d’autres apparurent, tenant immédiatement les convives en joue. Xopilat’l lança un salut au soldat qui l’avait insulté et frappé de manière si véhémente lors de leur arrivée : Telma’k, son ami de longue date, avait joué son rôle à la perfection.
Mais, mais... que se passe-t-il ? maugréa le gouverneur en tentant de se lever. D’une main ferme, Telma’k l’obligea à se rassoir alors que la voix du président tonna dans la salle, imposant le silence.
Je vais donc prendre la parole puisque vous me l’avez si gentiment demandé, Gouverneur !
Il se tourna vers le public, composé principalement de journalistes qui avaient désormais tous allumé leurs enregistreurs, et poursuivit :
« Depuis le Hualtollohuit, un symbole de l’oppresseur de Ti’ltchiti parmi d’autres, je déclare officielle la création de la République de Chilico. En tant que président intérimaire, en attendant la tenue de prochaines élections, j’annonce la fermeture immédiate de toutes les mines, raffineries et entrepôt de stockage de « Pierres qui chantent ». Plus aucun vaisseau cargo ne s’éloignera de notre nouvelle république s’il contient ne serait-ce qu’un gramme de ce précieux matériau. L’Ordre des dockers libres verrouille en ce moment les installations, nos partisans disséminés dans l’administration transmettent les ordres et nous ordonnons à l’unique bâtiment militaire nalcoēhual en fonction dans ce système stellaire de se rendre ou de le quitter, sous peine de se retrouver partout interdit d’escale.
Je vous remercie, mesdames et messieurs, de transmettre ce message au plus grand nombre, pour annoncer la bonne nouvelle. »
Depuis son promontoire, le siège du gouverneur fut secoué, signe qu’on exigeait qu’il se redresse. Devant l’air abasourdi qu’il lançât à Telma’k, celui-ci lui adressa son plus beau sourire et le contacta psychiquement :
° Vous étiez tellement obnubilé par le président que vous n’avez pas tenu compte des soldats qui l’accompagnait, ni des dizaines de petites mains qui travaillaient laborieusement dans les rouages de ce vaisseau-prison depuis des années.
Le plus drôle, c’est que vous avez patiemment regroupé ici des milliers de nos militants, nous n’avons eu qu’à ouvrir les geôles. Tout cela au nez et à la barbe de vos services secrets qui pensaient si crânement nous tenir sous leur joug. °
Inspirant un grand coup, il poussa Telma’k et le procureur devant lui pour passer la porte. Dans le couloir, des dizaines et des dizaines d’autres anciens prisonniers les attendaient, l’air menaçant. L’ami de Xopilat’l ajouta :
° Remerciez le président, il m’a demandé de garantir de votre sécurité. Personne ne vous touchera donc... °
Et c’est sous une pluie de crachat que les membres du jury de préséance parcoururent la distance les séparant des geôles, où ils avaient précédemment placé tous les condamnés.

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RedU T1 Ch28 Ep06

Wed, 27 Feb 2019 00:20:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode06: «Lan’huitl»

Sous les yeux de Stuff MacDone et du Capitaine Viggi, les calculateurs embarqués livraient une bataille contre les lois de la physique à la limite de leurs capacités. Certains techniciens chuchotaient entre eux qu’ils allaient même au-delà.
Le groupe de huit croiseurs Mentaux renégats s’était donné pour but de prévenir l’Exode : la Flotte mentale du Chancelier suprême Poféus, dirigée par le Professeur QuartMac, venait pour les anéantir tous. Un massacre à grande échelle, loin des regards indiscrets, une sorte de revanche contre les farouches révolutionnaires Castiks.
Mais il fallait pour cela distancer l’armada et, à Compresseurs dimensionnels identiques, les performances demeuraient comparables. C’était donc par les intervalles entre les bonds, et le chemin emprunté de ce côté-ci de l’espace que l’on ferait la différence. Les interférences de cette zone aux anciennes novas déchirant la gravité et aux pulsars tourbillonnants ne permettaient pas des sauts en Transition trop longs. De plus, la Flotte mentale suivant scrupuleusement le plan de vol de l’Exode, elle effectuait une étrange courbe là où la ligne droite paraissait pourtant le tracé le plus évident. Sans doute, QuartMac voulait-il éviter de manquer le moindre transporteur en retard, cet homme enrobait de sadisme un impitoyable sens de la persécution.
Dans tous les cas, le groupe de croiseurs défiait la nature et reculait les frontières de ses capacités pour précéder les autres navires de guerre spatiale.
« Vous tenez le coup, Viggi?» lança-t-il simplement à son voisin, mais seul le silence lui répondit.
Celui-ci, profondément installé dans son fauteuil de commandement, le crâne encerclé par le Rayonneur, se synchronisait en pensée avec les sept responsables de vaisseaux. Vu de l’extérieur, le convoi se composait de huit croiseurs parfaitement alignés, aux configurations identiques et aux vitesses dynamiques évoluant chaque seconde en fonction des avancées mathématiques. Voyager en Transition nécessitait des montagnes de calculs asymétriques, avec une précision frisant l’infini, et aucun humain ne pouvait les réaliser. D’où l’embarquement d’une horde de machines capables de résoudre les équations en une fraction de seconde. Mais cela ne suffisait pas dans deux conditions : les perturbations de cette zone en étaient une, la pérégrination à plusieurs la seconde. D’où une obligation de faire travailler conjointement, synchronisés, hommes et dispositifs en télématique comme en télépathie. Et cette dernière se montrait d’une efficacité redoutable en Transition, là où les ondes radioélectriques, que ce soit dans le spectre visible ou pas, pouvaient se révéler défaillantes.
« Oui », répondit le jeune Capitaine mental en pleine concentration.
Stuffy se mordit les doigts de lui avoir posé la question : la moindre négligence dans la synchronisation pouvant s’avérer désastreuse. Pourtant, celui-ci poursuivit, apparemment plus rodé à ce genre d’exercice que Stuffy l’eut imaginé :
« Nous allons quitter le multiespace dans douze secondes, trois dixièmes et quelques centièmes, les Compresseurs affichent un taux d’erreur en hausse. Préparez-vous. »
Comme tous les autres membres du croiseur, peu nombreux malgré les dimensions de l’engin, Stuffy se laissa guider par les instructions Mentales pour se positionner en vue de la sortie de Transition. Ces croiseurs avaient été conçus par et pour l’usage exclusif des Mentaux et le maximum de matériels, consignes et procédures relevaient de la télépathie et des amplifications psychiques par des boitiers disséminés tout le long des appareils.
Le choc fut plus rude que prévu, sans aucun doute dû aux contraintes appliquées aux hommes et aux machines, mais tous réapparurent dans le cosmos d’origine, à quelques encablures d’un soleil binaire. Les filtres des verrières s’activèrent immédiatement, bloquant l’intense luminosité produite par le mélange de vert émeraude et d’oranges flamboyant que diffusait l’astre double.
Stuffy se frotta les yeux en soupirant. On allait rester en orbite deux heures, à nouveau. C’était déjà la cinquième fois et le rituel demeurait le même : chaque circuit primaire serait examiné et les ordinateurs se vérifieraient les uns les autres à la recherche d’une quelconque défaillance. On offrirait ensuite aux commandants une heure de pause sous un dérivé d’alcaloïde, spécialement conçu pour ce genre d’occasions. Puis, lorsque tout serait prêt, on relancerait les machines en croisant les doigts pour atteindre le prochain point de chute sans encombre. Et ils n’en étaient qu’à la moitié du voyage.
Stuffy se redressa, suivant du regard quelque expansion de la corole du soleil bleu, lorsqu’il se tourna vers Viggi, intrigué. Celui-ci ne bougeait pas, les yeux toujours statiques face au vide stellaire, comme absent. Normalement, il devrait sortir de transe, s’étirer et adresser un sourire fatigué aux opérateurs, de cet air positif et entrainant censé donner du courage aux membres de l’équipage. Au lieu de cela, la sonnerie de l’alerte rouge se mit à rugir le long des coursives. Un message télépathique à la neutralité glaçante vint frapper toutes les barrières des agents Mentaux:
° Nous sommes attaqués, tout le monde à son poste. °
Stuffy quitta immédiatement le centre de commandement, se précipitant vers la salle de combat psychique, celle où il serait le plus à même d’aider à la bataille à venir. Car bataille il allait y avoir, il n’en doutait pas. Synchronisés comme ils l’étaient, les commandants fusionnaient autant leurs esprits que les capteurs de la petite flotte. Additionnés en série et non plus en parallèle, le système de surveillance des croiseurs Mentaux se révélait d’une incomparable efficacité et, malheureusement, le sort allait le prouver une fois de plus. Quatre vaisseaux de guerre sortirent du néant par-dessous le groupe, à son exacte verticale. Ils se découpaient à la lumière du soleil double, tels des cavaliers apportant mort et destruction.
Se jetant dans la petite salle ronde aux fauteuils en cercles, Stuffy se sangla rapidement et enfourcha son casque bardé de tous les récepteurs psychiques possibles. Activant les systèmes, il fut immédiatement emporté virtuellement à l’extérieur de l’appareil. Face à lui, les engins ennemis se dispersaient en rompant leur formation.
° Bon, à tous. On a affaire au modèle d’où l’on m’a déjà sorti. Leurs coques sont impénétrables aux pouvoirs psy et ils se déplacent d’une manière difficilement concevable. Par contre, une simple brèche nous permet d’atteindre ceux qui sont dedans. Et là, c’est quasiment gagné, car ils résistent très mal à nos facultés. J’ai même pu en contrôler plusieurs quand j’y étais. °
°Première salve de missiles, feu ! ° monta la voix de Viggi.
Des huit croiseurs Mentaux, plusieurs traits quittèrent leurs tubes de lancement, irrémédiablement attirés par leurs cibles. Comme prévu, aucune ne toucha son objectif, ceux-ci se défilant... se dédoublant pour être précis, moins d’une seconde avant l’impact. Mais cela n’avait pas d’importance, car l’idée était d’abord de compléter la base d’informations sur cette technique de va-et-vient : quelle distance, quel schéma de fonctionnement, quelle énergie et quel rayonnement ? Déjà, les salves autoguidées revenaient sur leur cible, tels des chiens enragés bien déterminés à mordre. À l’ultime seconde, les missiles explosèrent prématurément, anticipant ainsi le futur déplacement des vaisseaux ennemis. Bien leur en prit : deux d’entre eux furent secoués et l’un perdit une petite partie de son étrave. Stuffy jubila intérieurement:
°Mesdames et messieurs : la porte est ouverte ! °
Et il s’élança dans la déchirure du métal, avec toute la force de ses amplificateurs. Pendant ce temps, les premiers tirs de riposte fusèrent et une majorité toucha les croiseurs, les endommageant assez peu finalement. L’épaisseur des coques, additionnée aux prototypes de boucliers magnétiques, leur offrait une protection respectable. Déjà un des huit appareils du groupe reculait, chauffant sa machinerie intime pour activer une arme ayant fait ses preuves : le puissant « Canon mental ».
Mais alors que Stuffy entrait chez l’ennemi, celui-ci se dissipa dans l’éther avec les trois autres.
° Merde ! Micro-Transition ! vociféra-t-il à la cantonade. Viggi, où sont-ils? °
° Ils visent le Canon. °
Les quatre ennemis se matérialisèrent en effet autour du croiseur dédié à la redoutable arme psychique. Immédiatement, ils tirèrent à bout portant, pilonnant l’appareil sous un bombardement nourri.
° Monsieur, monta la voix de Viggi, ils sont trop proches de lui pour qu’on puisse faire feu sans risquer de l’endommager! °
° Je sais! ° répondit simplement Stuffy en réapparaissant avec son groupe de Mentaux face à la brèche. Il ne restait que leurs pouvoirs pour tenter quelque chose...
Dans une nouvelle esquive, les ennemis s’évaporèrent en laissant Stuffy assister, impuissants, à la dérive puis à l’explosion du huitième membre de la Flotte mentale rebelle. Son moteur touché, rien ne pouvait plus entraver la fusion de son Compresseur. L’énergie de l’antimatière se répandit brutalement dans toute la structure, entrainant des ravages. Ils ne stoppèrent qu’une fois tout le combustible dégradé : lorsque seuls quelques morceaux de carcasses ondulèrent encore au milieu d’un océan de fluides et de cendres volatiles.
ILS connaissaient le canon mental, ILS avaient déjà analysé leurs tactiques et utilisaient les dédoublements et les microtransitions pour esquiver les attaques ou se placer aux positions stratégiques. Comment atteindre des esprits qui se vaporisaient, comment toucher des appareils capables de se retrouver dans dix endroits différents en une poignée de secondes ?
Soudain, Stuffy ressentit une immense douleur, cela venait de son vaisseau.
° Viggi ! Viggi ! ° cria-t-il en revenant dans la salle des batailles psychiques.
Il perdit plusieurs secondes à retirer ses sangles qui refusaient de se défaire et se précipita au poste de commandement. Se détachant de la lumière du soleil binaire, plusieurs opérateurs soutenaient leur capitaine à qui on avait ôté le rayonneur du front, pendant sur un des accoudoirs. Les yeux du jeune homme se révulsaient, il tremblait, sa mâchoire serrée à s’en rompre les maxillaires. Stuffy contacta le malheureux par télépathie :
° Que se passe-t-il, mon vieux  ? °
° Le... l’explosion, je suis... resté trop connecté.° réussit-il a émettre au milieu d’une désorientation complète.
Inutile d’aller plus loin. L’expérience de la mort dans l’esprit d’un semblable représentait une réelle épreuve pour tout Mental, mais ici, Viggi était synchronisé avec le commandant du vaisseau qui venait d’exploser. Avait-il trop voulu conserver le lien par sentimentalisme ou dans un espoir fou ? Il n’allait pas s’en remettre avant un moment, dans tous les cas. Les autres subissaient-ils également ce phénomène ?
Il n’eut pas le temps d’approfondir qu’un flash lumineux éclaira une partie du ciel, allant jusqu’à occulter provisoirement le spectacle du soleil binaire : les navires ennemis pulvérisaient un nouveau croiseur Mental !
Sans réfléchir, Stuffy ordonna de retirer Viggi du fauteuil et il s’y précipita, se posant sur le crâne le synchroniseur psychique. Il reçut immédiatement la perception de tous les censeurs de son vaisseau, mais également la connexion aux cinq autres commandants. Ceux-ci se tenaient toujours à leur poste et tentaient vainement de parer aux attaques.
° Me voici, bande d’enfoirés ! ° murmura-t-il en fermant ses paupières

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RedU T1 Ch28 Ep05

Wed, 20 Feb 2019 00:07:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode&nbsp;05&nbsp;: «&nbsp;Doutes divins&nbsp;»

Une planète, une de plus.
Quoique celle-ci différât des autres par cette petite pelure, cette pellicule gazeuse aux proportions adéquates à une adaptation humaine. Pour l’occasion, Gandhi, l’avatar de Godheim, s’était approché de son hublot. L’orientation du transporteur était mauvaise, il ne pouvait englober l’astre entier de ses capteurs optiques, seule une portion débordait derrière la vitre, l’obligeant à coller sa peau synthétique contre le verre glacé.
Gandhi observait sereinement cette planète où une ancienne version de lui-même s’y trouvait au préalable, cela datait de la première vague d’expansion, alors que le tout-puissant empire de Ragnvald n’était que « Monte-Circeo ». La notoriété toute relative de ce nom s’étendait grâce à son économie et aux rouages parfaitement huilés de sa société. Déjà Empereur-Dieu, Godheim propulsait la première génération d’avatars embarqués dans des sondes multidimensionnelles vers de multiples directions. L’une d’entre elles était spécifiquement destinée à Antares IV. Mais la traversée en bonds disparates de la zone de Khabit avait endommagé certaines parties du compresseur dimensionnel de l’appareil. Cela la plaça à la merci d’un nouvel afflux de migrants qui s’installaient également durant cette période.
Les Nalcoēhuals.
Alors que sa sonde explosait en périphérie de l’astre, la capsule contenant l’avatar s’écrasait sur la planète-destination et l’androïde s’en sortit miraculeusement, mais sans ses jambes. C’est donc en rampant qu’il explora la planète, en quête de ses habitants qu’il ne rencontra jamais. Deux-cents années standards, il parcourut cette terre parfois bloqué, les deux mains par le givre, attendant l’été pour briser enfin ses entraves et reprendre son chemin. Lorsque sa pile au Lithium vint à lâcher, ce ne fut évidemment pas l’anémique naine rouge qui lui rechargeât convenablement ses batteries, le représentant de Godheim s’allongea simplement là où il se trouvait et s’éteignit.
Gandhi communiquerait la position exacte aux Exodés, à l’occasion, pour qu’ils envoient une navette chercher cette relique d’une glorieuse époque passée. Entre les interférences de Khabit, l’agressivité des Nalcoēhuals et le peu d’intérêt stratégique d’Antares IV, l’Empereur-Dieu n’avait pas renouvelé de mission d’étude dans cette direction. Il se focalisait vers d’autres parties de l’univers plus facilement joignables et exploitables. Et le temps passa, jusqu’à ce jour où un croiseur d’exploration de MaterOne, mené par — facétie du destin — le Commandant Angilbe Poféus, se plaça en orbite ; là où, maintenant, les transporteurs de l’Exode patientaient à leur tour.

Planète Monte-Circeo, caverne impériale.
Depuis l’arrivée de cet appareil militaire, Godheim savait que l’heure du changement était advenue. Jusqu’à quel point Passeur ou Titans étaient-ils mêlés à cet évènement ? Ces êtres supérieurs ne manquaient pas de ressources ni d’imagination et intervenaient partout et en même temps. Il l’ignorait leur degré d’implication, mais il comprenait que cela modifierait en profondeur le statuquo de ce côté de la Passe de Magellone et probablement était-ce un nouveau pas dans l’aventure humaine. Relié physiquement à son territoire, et plus loin, Godheim se voyait comme le seul contrepouvoir susceptible de contrer les dieux, un enfant qui se rebellerait contre ses parents en quelque sorte. Il était le précédent « Passeur », celui ayant organisé le second Exode, l’abandon de l’astre mère, l’inventeur du Compresseur dimensionnel, ce moteur capable de pousser un vaisseau au travers des couches du multivers...
Maintenant, tous connaissaient l’Empereur-Dieu Godheim, un cyborg. Un mélange de chair et de circuits soutenus par une série complexe de rouages, le faisant ressembler à un sexe masculin géant en érection depuis les profondeurs de la planète Monte-Circeo. Mais finalement, décentralisé autant qu’il pouvait l’être, Godheim se trouvait-il vraiment « ici » ou réparti en un nombre infini de nœuds d’intelligence artificielle, d’un bout à l’autre dans son immense empire ? De plus, il conservait la mémoire de toute chose ayant un jour été enregistrée par un de ses capteurs, ce qui — sur plus de cinq-cents années — lui offrait des savoirs visant le divin...
... mais cela ne suffisait pas. Le Faiseur le lui avait dit : les Titans avaient porté leur dévolu sur un autre héraut. Certes, cela ne devrait pas particulièrement nuire à ses plans, pourtant ses archives tentaient de percer l’identité de ce nouvel adversaire. Que les êtres d’une dimension différente, tels que les Titans, se désintéressent du Passeur avait déjà de quoi surprendre. Mais qu’ils s’y résignent alors que leurs projets arrivaient à terme relevait d’un illogisme prenant à défaut les connexions synaptiques du cyborg. Qui cela pouvait-il être ? Ou quoi ?
Ses deux yeux rouges s’embrasèrent dans l’obscurité de sa grotte alors qu’il laissait sa longue extension physique effectuer quelques mouvements de va-et-vient. Il pratiquait cet exercice de temps en temps, cela permettait aux fluides de mieux circuler dans les profondeurs de son intimité. L’objectif était de conserver une certaine souplesse dans cette représentation de lui-même, vouée aux moments importants de la vie de l’empire. Il releva la tête quand, au-dessus de lui, un puissant projecteur l’entraina dans son cône de lumière.
« Ils ne peuvent entrer dans notre monde sans une conjonction du Passeur et du Faiseur, résonna sa sombre voix dans l’immense caverne. Ce dernier ne leur sera jamais acquis, seul le Passeur change à chaque génération, donnant ainsi la possibilité de le convertir. »
La haute silhouette demeura quelques instants sans bouger, semblant flairer le silence, puis reprit :
« Quel que soit leur nouveau vecteur, il se trouvera dans ce recoin de l’univers, quelque part entre Nalcoēhuals et humains. Il faudra que son impact représente une force suffisante pour déclencher la masse critique... mais sans les deux autres, points de salut. Alors, que préparent donc les Titans ? »
Ils étaient originaires d’une dimension sans Temps, quand ils imaginaient un plan, il tenait compte non seulement des conséquences de chaque chose, mais également d’évènements qui ne s’étaient pas encore produits. Dans ces conditions, les précéder constituait une tâche impossible, tout au mieux pouvait-on envisager de les suivre, sous réserve de posséder le don d’ubiquité. Et cela, Godheim s’en savait capable.
Les Flottes mentales et nalcoēhuales venaient de s’affronter. Personne n’en était vraiment sorti vainqueur, sauf que les lignes d’appareils mis en avant par l’armée noire n’incarnaient pas la pointe de leur technologie. Ragnvald avait perdu plusieurs corvettes — ce qui était rare — à cause de redoutables engins originaux, susceptibles de « déplacement d’éther », c’est-à-dire de Transitions dimensionnelles extrêmement courtes et rapides. Ils représentaient une menace, même pour Ragnvald. Peut-être était-ce de ce côté qu’il fallait chercher l’arrivée d’un nouveau héraut pour les Titans ?
Un petit groupe de croiseurs Mentaux progressait séparé de la flotte principale. Sans en connaitre précisément la raison, Godheim notait une absence de contact entre les deux parties. Mission spéciale, mutinerie...
Quoiqu’il en soit, ces appareils plongeaient encore plus profondément que leurs homologues dans la zone de Khabit et leurs sorties successives de Transition attireraient immanquablement les Forces nalcoēhuales. C’était l’exemple d’une situation typique pour des évènements non prévisibles, donc intégrés par les Titans dans leurs calculs, donc à suivre avec attention...
Dans une dizaine de postes d’observation, le long de la frontière séparant Ragnvald de Khabit, des coupoles pivotèrent, des senseurs se positionnèrent et les enregistrements se mirent en marche automatiquement.

———-
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RedU T1 Ch28 Ep04

Wed, 13 Feb 2019 00:40:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 04 : « Cours »

Dites, je vais longtemps conserver cette position ? protesta Maeve Onawane. Ce n’est ni décent ni agréable, je n’ai plus vingt ans, moi !
Rassurez-vous, si on ne procédait pas ainsi je trouverais une autre méthode pour vous déconcentrer. Pour l’instant, j’attends toujours votre réponse... alors ?
Les bras croisés sur la nuque, coudes vers l’avant, Maeve exécutait la posture nommée « Baob-fraisier », jambes tendues à l’extrême vers le plafond. S’adosser à un mur était le seul compromis obtenu durant cet exercice avec Fabio Ouli, son enseignant en techniques Mentales. Elle devait découvrir un renseignement que celui-ci avait écrit à l’intérieur du cerveau de sa voisine du pont inférieur, qui jouait actuellement avec ses deux filles. Non seulement il était peu aisé d'effilocher les pensées d’une personne occupée à autre chose, mais la position physique à maintenir compliquait encore l’épreuve.
Il y a quelque chose... qui ne colle pas, murmura Maeve en pleine réflexion. Toute son attention semble tourner autour de ses enfants, sauf qu’une représentation de fleur trône au beau milieu... je parie que c’est cela !
Bien vu, élève Onawane, et qu’y a-t-il dedans ? demanda négligemment Fabio, l’œil coquin.
« Dedans » ? On peut mettre des choses dans des pensées ?
Bien sûr, c’en est même un des grands avantages. Une pensée à l’intérieur d’une autre, cela permet, par exemple, d’activer des besoins... des pulsions, si on les lie à un évènement et...
... et s’en servir de déclencheur, j’imagine, le coupa la colonelle, réprobatrice. Faire de quelqu’un une bombe vivante, un truc des Forces mentales ?
C’est une des possibilités, en effet. Alors, qu’ai-je donc déposé dans cette fleur ?
Le Mental blond abandonna la jeune colonelle à sa concentration, malgré la difficulté de sa position. Il se laissa aller observer celle qui se tenait droite dans ses habits de sport règlementaires. Ses cheveux courts ne risquaient pas de la gêner et, paupières fermées, elle appliquait à la lettre les recommandations de son maitre. Son nez rectiligne expulsait seul l’air que sa mâchoire carrée bloquait au niveau de sa bouche, sa cage thoracique montait et descendait sereinement. Sauf à suivre le mouvement de ses sourcils châtains foncés, on ne pouvait déduire autre chose qu’une simple séance de relaxation inspirée des techniques Souriantes. La commandante de Transporteur 2 n’avait rien à envier aux meilleurs étudiants de l’Université mentale de MaterOne.
D’une rapide vérification, il confirma l’avancée de son élève, pour l’instant elle était sur la bonne voie, il fallait la laisser comprendre la méthode. Fabio se dirigea donc vers l’unique hublot de la petite pièce. Cette dépendance de la salle de sport commune avait été aménagée à la demande de Fabio et demeurait fermée à clé le reste du temps. Non pas qu’il s’y trouve quelque secret instrument Mental, mais il savait pertinemment que la tentation d’y jeter un œil ou de les y espionner parcourait les non-initiés. Onawane et lui étant, à sa connaissance, les seuls Mentaux « officiels » de cette partie de l’univers, ils attiraient logiquement tous les regards.
Antarès IV tournait lentement, rayonnant de feu et de glace sous la lumière de sa naine rouge. Malgré tous ses pouvoirs, et au-delà des choses incroyables qu’il avait pu voir de ses propres yeux, les astres simples tels que les planètes ne manquaient pas d’un réel charme pour Fabio. Leur fureur ou leur douceur ne reflétaient que les remous d’un univers à l’humeur changeante et ces îlots représentaient les seuls points de chute possible pour des humains (ou des Nalcoēhuals).
° Je partage ton point de vue, Passeur.° monta alors dans sa tête une voix bien connue.
Fabio dressa l’oreille. Le Faiseur, cet être mystique qui le suivait lui et l’Exode au travers de leurs pérégrinations, reprenait contact.
° Que puis-je pour toi ? ° répondit simplement Fabio.
Incarné dans le chat domestique de Phil Goud, celui que l’on pouvait comparer à un dieu avait la mauvaise habitude de conserver secret sur secret. Ses discussions avec l’Empereur-Dieu Godheim demeuraient hermétiques, au point d’exaspérer Fabio, car tous deux en référaient finalement à lui sans jamais en expliquer la raison. (qui en réfère à qui ? Fabio et le Faiseur en réfèrent à l'Empereur, ou bien l'Empereur et le Faiseur en réfèrent à Fabio ?)
D’où la réponse un peu froide de celui-ci.
° Miaaaoooww ! Toujours de piètre humeur à ce que je vois. Je venais — gentiment — te demander comment tu te sentais ? °
° Moi ? Curieuse attention. Tout va bien, comme tu le sais sûrement. °
° Même... sans tes fabuleux pouvoirs hérités des Titans ? °
° Pardon ? s’étonna l’autre. Je suis en séance d’entrainement avec mon élève Mentale et je peux t’assurer que je n’ai aucune difficulté. Tout-va-bien. Maintenant, si c’est tout, je vais devoir te laisser, car j’ai... °
° Donc, tu pourrais déplacer ce transporteur de quelques centimètres hors de son orbite actuelle, n’est-ce pas ? Miaaaoooww... je te parie que tu n’y arriverais pas.°
° Je ne sais pas. En théorie, c’est à ma portée, mais j’avoue que faire sonner toutes les alarmes du centre de commandement et mettre en rogne mon élève ne me dit rien pour le moment.°
° Comme tu veux. Je t’aurais prévenu, ne viens pas après me faire la morale pour je ne sais quelle raison, hein ? Aller, salut ! °
Et le Faiseur se retira aussi vite qu’il était arrivé. Il traversait les barrières psychiques de Fabio, ou de n’importe quel Mental, comme si elles n’apparaissaient pas, communiquant sans tenir compte des distances et agissant sur « la grande roue du tout » comme... un dieu. Que voulait-il dire en déclarant que Fabio « n’aurait plus ses fabuleux pouvoirs » ? Il serait bien tenté de tester ce petit déplacement de transporteur, mais le Faiseur l’avait habitué à jouer en bandes multiples dans le billard de l’existence, que se passerait-il lorsque le vaisseau modifierait son orbite ?
C’était une autre fleur, rouge celle-là. Fabio, vous avez de l’humour !s’écria Onawane derrière lui. Le jeune homme mit plusieurs secondes pour saisir le sens de la phrase, puis se para d’un sourire de satisfaction.
Excellent travail, élève Maeve. Je vous autorise à quitter cette posture désagréable pour un dernier entrainement à mes côtés.
Enfin ! aïe... ouch, les coudes sont en miettes... et mes hanches aussi. Bon, me voilà.
Alors quel sera donc ce final ? lui demanda-t-elle une fois arrivée à sa hauteur.
Un exercice plutôt simple. J’attends tout de même de vous une efficacité supérieure à ce que vous auriez été capable de faire avant nos cours. Attaquez-moi frontalement, essayez de briser mes barrières.
Moi ? Ha, ha, ha, elle est amusante celle-là, Fabio ! Plus sérieusement, dois-je trouver une faille, réaliser une pirouette psychique compliquée ou...
Rien de tout cela. Je résisterai de toute ma puissance. Disons que je suis intéressé à plus d’un titre par le résultat. Considérez cela comme une… une expérience ?
Une poignée de minutes plus tard, accroupis l’un face à l’autre, les deux Mentaux commencèrent le dernier exercice. Il ne fallut que quelques secondes à Fabio pour toucher du doigt ce que lui avait annoncé le Faiseur. Au bout d’une quinzaine de minutes, elle abandonna, déclarant simplement : « Je laisse tomber ! Vos murailles sont infranchissables, monsieur-le — super-Mental. » Puis elle se leva, décrochant une serviette pour s’éponger le front. Elle sembla alors hésiter puis ajouta en rangeant son sac de sport :
« J’avoue que je n’en attendais rien, mais à un moment ou deux, j’ai eu l’impression d’enfoncer quelque chose. »
Elle glissa la lanière sur son épaule et ouvrir la porte, invitant Fabio à traverser devant elle. Lorsqu’il fut à sa hauteur, elle déclara tout bas :
En fait, c’était vraiment palpable. Vous vous seriez moqué de moi en me donnant de faux espoirs que cela ne m’étonnerait qu’à moitié.
Ce... ce n’était qu’un exercice, Onawane. Ne le prenez pas personnellement.
Oui, je vous l’accorde. Mais, même futile, cette sensation de traverser vos barrières m’avait fait croire, tel un enfant, que mes vœux devenaient réalité. J’avoue être maintenant plus frustrée qu’autre chose. Avancez un petit peu, que je ferme à clé...
Fabio s’éloigna de l’entrée de la dépendance et attendit qu’elle eût terminé pour lui offrir une récompense bien méritée :
« Votre attaque était remarquable en tout point, rassurez-vous. Et être un Mental frustré, c’est la marque des meilleurs éléments que j’ai connus par le passé. Je vous conseille d’aller vous reposer une petite heure avant de reprendre la barre, bonne fin de journée à vous et encore bravo ! »

Ce n’est qu’installé dans la navette qui le conduisait vers Transporteur 3 que Fabio s’autorisa un tremblement de déception autant que de terreur. Oui, il avait failli perdre face à elle : si Onawane avait poursuivi l’attaque quelques minutes de plus, les défenses du Mental blond se seraient effondrées.
Que lui arrivait-il encore ?


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RedU T1 Ch28 Ep03

Wed, 06 Feb 2019 00:28:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 03 : « Solitude »

Transporteur 7, bureau du commandant.

Les feux fauves et blancs d’Antares IV découpaient la silhouette de la Colonelle Aurora Benkana sur le large hublot. Elle laissait ses yeux bruns lui prodiguer autant de lumière que possible de cet éclat planétaire qui lui avait tant manqué durant leur long voyage.
Son communicateur sonna. C’était son second, le vieux nordiste Antonio Pernov. :
Madame ? On me dit que vous m’avez fait demander. Puis-je venir à votre bureau, maintenant ?
Oui. Je vous attends.
La grande blonde à la mâchoire ferme et carrée, chef guerrière de la Révolution Castiks dont la queue de cheval était autant connue que redoutée, se replongea dans la contemplation de l’astre.
Aucune nouvelle d’Azala. La princesse était loin et inaccessible pour l’Exode. D’accord, elles avaient rompu, mais pour autant le sort de celle qui partagea sa vie si longtemps ne la laissait pas indifférente. Aurora avait déjà étudié la possibilité d’une opération de sauvetage, mais elle se heurtait à un nombre d’inconnues bien trop élevé. Pour creuser la chose, il faudrait s’en remettre à Godheim, cet avatar de l’Empereur-Dieu pourrait surement leur fournir des renseignements. Elle avait prévu de s’en ouvrir au Conseil des commandants qui allait bientôt advenir, au moins pour faire avancer son idée dans l’Exode, car ses moyens individuels étaient bien limités. Encore, devra-t-elle les convaincre de ne pas abandonner la princesse à son sort, ce qui était loin d’être gagné. Elle ne pouvait même pas apporter la preuve de la survie d’Azala.
On frappa à la porte. Aurora autorisa l’entrée et en profita pour revenir se glisser dans son fauteuil. Pour la discussion qui s’annonçait avec son second, une posture plus officielle s’avérait de mise.
Asseyez-vous, Antonio. Alors, quelles sont les nouvelles ?
Merci. Ma commandante, il y a surtout du bonheur chez tous et toutes. Même les adorateurs de l’Incomparable Trinité ont orienté leur ferveur sur la joie d’être arrivé à destination.
Aucun débordement ? Vous leur avez bien signifié que jusqu’à ce qu’on ait les premières infrastructures, toute installation sur la planète est prohibée ?
Bien sûr, Madame. Ce fut l’une des premières recommandations que je fis diffuser. Il semble que mes hommes ont su convaincre.
Bien, bien... répondit Benkana presque distraitement. L’introduction polie touchait à sa fin, il lui fallait maintenant entrer dans le corps du sujet et le sens de la conversation lui apportait un angle d’attaque.
Alors, dites-moi : quand vous parlez de « vos hommes », s’agit-il de miliciens ou de civils acquis à votre cause... comme les Familles nordistes ?
Pernov s’autorisa une seconde de réflexion, fixant la commandante à la manière habituelle des chefs de clans. Regard neutre, léger sourire en coin et attitude détendue sans être affalée, l’important était d’abord de ne pas afficher la moindre émotion. Le petit doyen aux cheveux blancs présentait des traits émaciés sur une peau crémeuse, ainsi que de petits yeux noirs enfoncés, caractéristiques des ressortissants nordistes. L’intelligence de ce leadeur, tout comme ses tenues impeccables, en faisait une figure incontournable de sa communauté. Il reprit :
Disons que les missions attribuées à la milice de ce transporteur sont autrement plus importantes que simplement transmettre un message. Le bouche-à-oreille est un bien meilleur allié dans ce genre de cas.
Et sous quelle forme passent-ils ce... message ? Je vous demande cela, car quelques bruits de couloir parlent de menaces et de mesures de rétorsion ?
Je réfute ces ragots, madame ! réagit vivement l’autre, outré. Nous avons déjà eu cette discussion à la suite de la bataille contre les pirates, lorsque vous m’avez honoré de ce poste à vos côtés. Les Nordistes savent se montrer disciplinés et les consignes que j’ai données sont claires.
Je vois...
Elle se pencha vers un des tiroirs de son bureau spartiate, où le peu d’indispensable trouvait toujours sa place. D’une main, elle posa face à Pernov une petite carte mémoire. Il s’en saisit, demandant seulement :
Commandante, qu’est-ce donc ?
J’ai ordonné à un de mes officiers d’effectuer discrètement une enquête sur les pratiques des Nordistes. Ce rapport énumère précisément ce que l’on peut appeler des « abus de droit » où vos « amis » se sentent couverts pour toute exaction : maltraitance, intimidations, harcèlements, extorsion voire passage à tabac, la liste est longue. Il apporte des contre rendus, des expertises, des témoignages et il a même été assisté par des journalistes qui ont su frapper aux bonnes portes.
Pensez-vous que ce qui est reporté là-dedans relève aussi de ragots ?
Bien évidemment, madame ! Je réfute tout en bloc ! C’est une humiliation pour ma culture et mon peuple qui ne saurait rester impunie !
C’est bien le problème. Votre « peuple », Pernov, n’est pas unanime. Certains témoignages viennent de Nordistes eux-mêmes, reconvertis dans la religion de l’Incomparable Trinité.
Dites-moi... quand vous parlez de ne pas laisser cela « impuni », vous faites sans doute référence à une action légale devant un des tribunaux civils, bien entendu ?
Le rouge montait aux joues du second et son visage se crispa. On sentait bien qu’il n’avait pas anticipé une attaque en règle sur sa gestion du transporteur. Benkana s’enfonça dans son fauteuil, reproduisant même ce discret sourire que son vis-à-vis lui avait offert auparavant. Il lui restait encore le plus dur à annoncer, mais pour l’instant elle attendrait que son interlocuteur commette l’erreur de lui ouvrir un boulevard.
« Tu vois, Azala ? Tu auras eu gain de cause, en fin de compte. Mais non, tu as préféré t’enfuir loin et maintenant il est trop tard. » adressa-t-elle à la princesse en une pensée muette.
Benkana avait eu besoin des Nordistes : leurs caches d’armes et les liens solides les unissant représentaient un danger pour ce transporteur. Le fait qu’ils aient su lui apporter leur soutien lors de l’attaque des pirates l’avait également incité à s’en faire des alliés privilégiés. Maintenant que l’Exode était arrivé à bon port, et que la religion avait commencé à disloquer leur cohésion, il ne restait à Aurora qu’à mettre un point final à leur collaboration.
Fallait-il y aller encore avec du doigté...
Pernov se leva brusquement, une expression désormais sévère dépeinte sur son visage.
Madame, devant de telles accusations émanant de votre part, je dois en référer aux autres membres des clans. Nous déciderons si nous continuons à vous apporter notre aide offerte pourtant... de si bon cœur !
L’aide que... écoutez, Pernov, je vous propose une seconde formulation.
Nous vous remercions, vous et toute la Communauté nordiste, pour l’assistance et la motivation dont vous avez fait preuve à bord de Transporteur 7. Maintenant que nous sommes arrivés, je vous libère de cette obligation pour que vous preniez le temps nécessaire à l’installation de tous les Nordistes. Étant convenu qu’en matière de rigueur climatique, vous possédez une expérience qui nous sera cruciale.
Le chef de clan écarquilla les yeux, alors que les morceaux du puzzle s’encastraient enfin dans son esprit. Il voulut répondre, mais Aurora leva la main pour couper court à toute poursuite de la discussion.
« Je suis le commandant de Transporteur 7, le choix de mon second est une de mes prérogatives régaliennes et le respect des règles par mes subordonnés en est une autre. Disons que nous en resterons là.
Vous pouvez disposer Pernov, je vous remercie. »
L’humiliation ressentie par le chef de clan ne resterait pas sans réactions futures, mais pour l’instant Benkana voulait d’abord préparer le terrain pour les critiques qui allaient forcément advenir. Les médias, qui ne la tenaient pas dans leur cœur, allaient sortir toute sorte de bilans du voyage et la gestion de son transporteur serait passée au peigne fin.
Maeve Onawane, la commandante de Transporteur 2 et compagne actuelle d’Aurora, l’avait mise en garde. Un avertissement que même Azala n’aurait pas nié. Elle tenta de contacter Maeve, mais celle-ci n’était pas joignable lors de ses séances avec Fabio Ouli. Aurora ne put que laisser un message et se replonger dans la vision d’Antares IV, terre d’avenir pour tous les dangers.


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RedU T1 Ch28 Ep02

Wed, 30 Jan 2019 00:35:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 02 : « Attaches »

Elle est magnifique cette petite planète, commenta simplement le politicien Vernek Junta, commandant de Transporteur 4. Ceci étant dit, je ne suis pas un spécialiste en exoplanète, mes compétences se situent ailleurs.
J’en ai vu beaucoup des astres et des astéroïdes, lui rétorqua Choupa, la jeune chef pirate, pensive. Avec ou sans atmosphère, peuplées de colons ou simplement oubliées des hommes, elles sont toutes semblables et différentes... celle-ci est connue comme difficilement supportable. Si l’on peut respirer son air, c’est bien tout ce qu’elle a pour elle.
Le long d’un court corridor agrémenté d’un large hublot, juste derrière le centre de commandement du transporteur, Vernek et Choupa admiraient la lente rotation d’Antares IV à la lumière de sa naine rouge. Le politicien se devait d’être présent à la barre, mais il n’avait pu résister à l’envie de partager ce moment avec sa jeune prisonnière. Pas de grande taille, présentant un visage fin et un abdomen déjà trop assoupli, il était le seul des chefs de l’Exode à ne pas être militaire. C’était une victoire civile qui, pour les connaisseurs, ne devait rien au hasard. Personne n’ignorait, en effet, les connexions et les intrigues de cet homme, au point qu’il ait réussi l’exploit de mettre en avant sa propre sœur Maeve Onawane sur le pont de Transporteur 2.
L’absence d’uniforme lui permettait au moins d’amadouer ses interlocuteurs, Junta se destinait donc aux rencontres diplomatiques et autres négociations de l’Exode que ce soit avec des empires ou des corporations — dont son transporteur regorgeait. Mais son objectif était ailleurs : comme tout ambitieux, il n’envisageait absolument pas de rester un simple observateur sur Antares IV. La création, en amont du voyage, de la chaine ExOne-Média, ainsi que son alliance, aux liens relâchés, avec le Général Décembre représentait quelques briques qu’il comptait bien mettre à contribution pour la suite.
Il plongea son regard de quarantenaire dans celui de la jeune femme. En son fond intérieur, il affrontait un inexplicable sentiment de grossièreté ou de bestialité de son être face à la grâce féline de la pirate. Pourtant, lui avait toujours jonglé avec les règles, en habile architecte de sa destinée, tandis que Choupa évoquait de l'autre côté de la légalité ce même talent. À la tête d’une famille de combattants bien connus dans cet univers, elle était physiquement dangereuse et la fraicheur de sa belle jeunesse ne devait pas cacher son caractère impitoyable. Un nez encadré d’une fine mâchoire carrée et de grands yeux marron complétait un aspect juvénile que ses taches de rousseur ne démentaient pas. Ses cheveux bruns et courts pivotèrent, positionnant les deux visages face à face.
Contre toute attente, elle s’intégrait petit à petit à l’équipage. On l’attendait maintenant avec impatience aux séances d’entrainement des hommes de troupe, par exemple, ayant réussi à s’y imposer comme un quasi-maitre d’armes (et elle leur enseignait parfois des techniques nouvelles !). Ses conditions d’emprisonnement avaient évolué en parallèle, désormais en cabine plutôt qu’en geôles et suivie en permanence par deux gardes plus destinés à la protéger elle qu’à l’empêcher de se déplacer.
Même si Transporteur 4 n’avait pas eu à subir les grandes et meurtrières batailles contre les pirates, le brassage des populations avait propagé la rumeur — malheureusement exacte — de leur barbarie. Une donnée que Junta ne pouvait ignorer. Il n’aimait d’ailleurs guère que ses propres réactions soient altérées par de quelconques sentiments amicaux, spécialement envers un détenu. Pourtant, du haut de sa vingtaine d’années, Choupa l’impressionnait sur tous les points. Si son histoire, qu’ils avaient eu le temps de partager, ne semblait faite que de féroces combats de haute volée et de rapports de forces brutaux, elle savait lui offrir de trop rares conversations aussi fines qu’intelligentes.
Il lui adressa un sourire presque timide, puis se replongea dans le spectacle d’Antares :
Il faudrait que j’aille regarder les résultats transmis par l’équipe d’Arlington. Mais, de ce qu’on en avait lu avant le départ de l’Exode, le printemps ici correspond aux pires hivers sur MaterOne.
Malgré cela, ne jamais vivre dans la peur d’une fuite d’oxygène ou s’isoler du froid et non du vide, ce n’est pas négligeable. J’ai du mal à comprendre que si peu de monde se soit établi sur cette planète.
On ne s’installe pas quelque part pour y passer des vacances, Vernek, répondit-elle, le regard toujours braqué sur lui. Les grands empires sont loin, la croute rocheuse ne regorge d’aucun matériau rare, ni même de végétation et personne ne la protège réellement. Voyez, nous allons débarquer sans coup férir. Ce ne sont que quelques comptoirs avec des familles sans défense.
L’explication surprit Junta au premier abord, mais, à bien y réfléchir, il omettait une brique essentielle à ce côté de la Passe de Magellone. Ici, dans cette partie de l’espace, l’humanité n’était pas structurée et la densité de population plutôt faible. Les Nalcoēhuals tuaient impitoyablement ceux n’ayant pas intelligemment prêté allégeance à Ragnvald, en échange de son abri et de sa religion. Même les redoutables pirates, plaie universelle des voyageurs et des colons, ne vivaient pas une existence paradisiaque, loin de là. On mourrait vite et souvent brutalement, alors quel avenir attendre pour quelques cultivateurs de fermes hydroponiques n’ayant qu’un fusil et un chauffage pour protéger leur famille ?
Oui, je comprends l’idée, murmura-t-il simplement. Il se tourna à nouveau vers elle : finalement, nous pourrions être accueillis avec plus de bienveillance que nous ne l’avions imaginé au préalable. Je me trompe ?
Vous connaissez les gens, Vernek, lui répondit-elle dans un haussement d’épaules. Ils sont imprévisibles. Peut-être que certains pleureront d’être mis en lumière alors qu’ils pensaient vivre bien cachés. C’est stupide, mais c’est humain. Vous n’êtes pas comme cela, c’est une de vos qualités.
Elle posa délicatement sa main sur son torse, la laissant glisser quelques secondes jusqu’au sternum, comme absorbée par l’étude de son propre mouvement, puis soupira en la retirant soudain.
Il est l’heure d’y aller, Vernek. J’ai un entrainement bientôt avec une unité de commando et vous avez... elle engloba ce que l’on voyait d’Antares par le large hublot, de quoi vous occuper !
Oui, reconnut-il, le devoir nous appelle tous deux. Je... je pense que nous allons donc partir d’ici. Bonne journée ?
Bonne... dites-moi Vernek, je vous ai déjà parlé de ce jeu de cartes apprécié chez les pirates ? J’ai découvert qu’il plaisait énormément à bord, au point que je reçois des visites de la Cité intérieure pour donner des conseils. Voulez-vous que... je vous... l’enseigne ?
D’abord surpris par la proposition, le politicien ne sut quoi répondre, sinon un simple :
O... oui ? Ce soir, chez moi ?
Chez vous ? La cabine du commandant ? C’est original, j’y serais avec plaisir ! Alors, à ce soir, Vernek !
Et Vernek Junta suivit du regard la jolie silhouette s’éloigner de lui, toute guillerette, pour rejoindre ses deux anges gardiens qui attendaient discrètement dans un coin du corridor. Il avait des choses à faire, mais avait complètement oublié de quoi il s’agissait.


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RedU T1 Ch28 Ep01

Wed, 23 Jan 2019 00:43:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 01 : « Destination »

C’est au-dessus de la couche atmosphérique, à l’orée de la mince pellicule bleue donnant toute sa valeur à la planète, que plusieurs petits flashs de lumière vinrent briser l’imperturbable calme spatial.
Depuis la passerelle de commandement, le Colonel Momumba Arlington, à la tête des trois croiseurs légers de l’Exode, retint difficilement son émotion. Les systèmes balayaient automatiquement la zone, à la recherche du moindre signe avant-coureur d’un piège nalcoēhual, pirate ou autre. Les ennemis rencontrés durant ce long voyage étaient innombrables et seuls les dieux savaient s’ils ne les attendaient pas également ici... sur leur lieu de destination. Momumba accentua son appui sur la rambarde, comme s’il pensait traverser la baie vitrée. Son inquiétude justifiée ne devait pas gâcher le spectacle unique dont lui et les membres des trois croiseurs étaient les premiers à profiter.
Antares IV, petite planète blanche à la si précieuse atmosphère, orbitait paresseusement autour de son étoile, une naine rouge, aux confins de la galaxie. Le lointain astre pourpre imprimait son fin liseré écarlate sur le pourtour exposé à sa lumière. Il y prodiguait peu de bienfaits, mais suffisamment pour éveiller à la vie les micro-organismes indispensables à la production d’oxygène. Le colonel aurait aimé se perdre bien plus longtemps dans la vision qui s’offrait à lui, destination fantasmée de millions de femmes et d’hommes, mais sa responsabilité se trouvait ailleurs. Il se redressa et lança ses ordres :
« Séparez la formation, que les croiseurs couvrent ta totalité des hémisphères en éclaireur. Je veux une seconde série de balayages longue distance et surveillez attentivement toute activité multidimensionnelle !
Allez, les enfants, on a vingt minutes avant de faire venir les autres et ils doivent sérieusement s’impatienter. On doit leur garantir que ce n’est pas une nouvelle chaussetrappe. »
Durant le quart d’heure qui suivit, les appareils de l’Exode sautèrent en Transition plusieurs fois, allant jusqu’à inspecter quelques météorites qui passaient à proximité. Les radars dirigés vers la surface découvrirent rapidement plusieurs comptoirs commerçants autour de l’équateur, guère plus grands que des hameaux, qui vivaient chichement d’une économie de survie dans ce décor peu luxuriant. Momumba consulta les rapports des machines insensibles, couplées aux senseurs en tous genres, dont le vaisseau était bardé.
Sa vie passée d’officier supérieur dans l’armée royale, puis de chef militaire de la révolution Castiks et enfin d’homme politique dans l’après-royauté l’avait préparé à ce genre d’évènement. Après tout, conduire des civils à bon port faisait partie de la mission des soldats. Mais du haut de ses quarante années, cet officier à la peau noire, à l’intelligence aigüe et au sourire ravageur n’avait jamais cédé ni au cynisme ni à la facilité du profit. Il s’était toujours battu pour la liberté et le bien-être de tous, quitte à prendre les armes en dernier recours. Des centres de transmission secrets aux jungles tropicaliennes, puis aux déserts brulants du Texos, il avait refusé de mépriser ses adversaires, voyant dans l’existence de tous une chance de vivre ensemble. Et la finalité de cet idéal se trouvait peut-être enfin devant lui.
Il se replongea dans les résultats des analyses.
La vie à la surface correspondait aux critères relevés par les missions militaires vieilles de plusieurs dizaines d’années.
« Oxygène à vingt-deux pour cent, Azote, quelques gaz rares... la composition de l’atmosphère nécessitera un suivi scientifique pour notre adaptation. Germes communs, luminosité faible, mais puissamment réfractée par la glace et la neige... lunettes obligatoires, donc. Végétation type toundra dans les parties les plus exposées, peu de couverture nuageuse et température de... »
Il leva les yeux sur l’hémisphère nord d’Antares, laissant ses bras se reposer sur la rambarde. Dans un soupir, il répéta les derniers mots inscrits sur le rapport préliminaire :
« Moins dix-sept degrés... en été, pouvant descendre à moins cent-douze en hiver près des pôles...
Nos jungles tropicales nous manqueront, John. »
De sa poche avant, il sortit une balle de mitrailleuse lourde, non tirée. L’homme qui la lui avait remise des années auparavant était devenu un de ses meilleurs amis, mais il n’avait pu terminer ce voyage dont il avait pourtant été l’un des instigateurs. Dans un hochement de tête, Momumba se répondit à lui-même à la manière de feu J.F.Hill :
« Si la vie était simple, vaudrait-elle la peine d’être vécue ? ».
Les rapports fusaient, détaillant les lieux, les rares habitations et surtout l’absence de la moindre trace d’ennemi. Il avait déjà dépassé la durée prévue pour son groupe d’éclaireurs, l’heure était venue d’ouvrir la porte aux autres :
« Envoyez le signal codé. Messieurs, l’Exode est arrivé à bon port. » conclut-il en rangeant précautionneusement la cartouche.
Quelques minutes plus tard, une nouvelle série de flashs illumina le firmament et cette fois-ci leur taille était toute différente. Les six transporteurs géants survivants de l’Exode apparaissaient en périphérie d’Antares IV, marquant ainsi une étape inédite dans la destinée humaine : une installation massive de colons sur une seconde planète à l’atmosphère respirable.
Le premier appel qui lui parvint fut celui du Capitaine Carrillo, son second :
Monsieur, doit-on vous envoyer une navette ? demanda la voix grésillant dans le hautparleur.
Je ne suis parti que depuis une heure, Carrillo. Je vous manque déjà ? Cela dit, je vous comprends : j’améliore virilité et fertilité... sans compter que les champs produisent plus de blé en ma présence.
Hé, hé, hé. Non-Monsieur, ce n’était pas dans ce sens-là. Votre bonne humeur préjuge-t-elle de bonnes nouvelles ?
Pour les amateurs de sculpture sur glace, sans doute ! Allez, mon ami, envoyez-moi votre navette. De toute façon, je vais rejoindre Décembre pour la suite. Où en sont les préparatifs du débarquement ?
Tout le monde empaquète ses affaires, la première vague d’ingénieurs et terrassiers sera prête au départ dans la prochaine heure. Si j’ai bien compris, un groupe d’experts reçoit en ce moment vos premières analyses pour choisir plusieurs lieux d’installation ?
En effet, la procédure est ainsi prévue. C’est d’ailleurs l’équipe du général qui est chargée de prendre contact avec les autochtones, d’où ma présence là-bas pour éviter qu’il ne déclenche accidentellement une nouvelle guerre. J’espère que les rumeurs de notre arrivée sont parvenues aux oreilles de ces braves gens, sinon ils doivent être dans un état proche de la panique.
En effet, Monsieur. La navette quitte en ce moment Transporteur 3. Ah oui, j’oubliais : je vous informe de la demande du grand Pope qui veut... enfin qui désirerait des représentants de l’Incomparable Trinité à bord des premiers appareils.
Je vois. Dites-lui que l’anus d’une maman Godzilla-tortue reste serré même après l’accouchement, répondit Momumba, cachant difficilement sa crispation.
Je vous demande pardon ?
Signifiez-lui que c’est impossible pour des raisons techniques et essayez de le rassurer pour la suite. Et nos « dieux », que font-ils ?
J’ai eu le médecin en chef de l’hôpital. La rumeur était fondée : Adénor Kerichi est enceinte, Phil Goud et elle sont toujours sur place. Quant à l’avatar de Godheim, il n’est pas sorti de sa cabine pour l’instant et Fabio Ouli est à bord de Transporteur 4 chez la Lieutenante-colonelle Onawane.
Aucune poursuite nalcoēhuale n’a été observée en revanche, l’Exode semble les désintéresser. Je devine que vous alliez le demander.
Vous lisez mes pensées, Carrillo. Je ne sais pas si l’on doit se réjouir de ce calme plat ou s’en inquiéter. Ils ont perdu énormément d’appareils lors de notre dernier accrochage et je doute qu’ils en restent là, sauf — peut-être — à être occupé ailleurs. Aucune nouvelle d’Azala ?
Non, Monsieur. L’ambassadrice n’a donné aucun signe de vie.
Arlington garda quelques secondes le silence. Tous partageaient les inquiétudes, teintées de fatalisme, sur le devenir de l’ancienne princesse de MaterOne, volontaire pour une mission de paix entre les deux civilisations. On se demandait plutôt à voix basse si sa fin avait été rapide.
Il reprit :
Bien. Je vois la navette sur les radars d’approche. Tenez-moi informé sur notre canal, sinon je devrais revenir d’ici quelques heures à bord.
Bien Monsieur, à vos ordres. Transporteur 3, terminé, conclut Carillo en coupant la communication.
Profitant des ultimes minutes nécessaires à l’accostage, le colonel s’autorisa quelques secondes pour admirer leur destination. La vie y serait dure, très certainement, mais ils y étaient préparés. Par contre, l’idéal de liberté et de justice qui avait supporté toutes les volontés jusqu’à maintenant allait se confronter à une réalité bien moins attrayante. La guerre, les luttes de pouvoir, les croyances et les influences de toutes sortes se mettaient déjà en branle dans l’ombre pour définir l’avenir de la civilisation humaine. Les prochaines semaines seraient cruciales pour tout le monde.
Il transmit le commandement à l’officier de pont et s’en fut dans le corridor...


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Sat, 12 Jan 2019 02:17:00 GMT

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RedU T1 Ch27 Ep15

Mon, 24 Dec 2018 00:54:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 15 : « Hibernation »

« Mais que lui est-il arrivé ? Brutes ! »
Deux groupes de soldats étaient venus chercher la Princesse Azala et Melba pour les emmener vers leur destinée. Mais cette dernière n’eut pas le droit au même traitement courtois que la princesse, on ferma d’ailleurs la porte après que celle-ci fût sortie, laissant la femme Brune seule avec les geôliers.
Azala pestait, ne pouvant pas grand-chose pour aider son amie. Elle offrit à ses gardes une expression profondément antipathique, mais les Nalcoēhuals restèrent stoïques, comprenaient-ils au moins le sens des moues d’un visage humain ? À bien y réfléchir, Azala en doutait.
Lorsqu’on rouvrit quelques minutes plus tard, une civière emportait Melba dont la nuque, les chevilles et les avant-bras étaient entravés par des carcans métalliques noirs où clignotaient de petites diodes. À chaque impulsion lumineuse, son amie d’enfance, sa Lakedaímōn, se mettait à trembler, à gémir, comme si on l’électrisait. Azala voulut se précipiter, mais ses propres gardes l’en empêchèrent, lui tirant fermement les menottes pour la garder auprès d’eux.
« Pourquoi lui faites-vous cela ! cria-t-elle de colère. Je ne bougerais pas d’ici si vous ne.. » une onde psychique lui vrilla le cerveau, suffisamment pour qu’elle renonce à parler plusieurs secondes. Ses geôliers en profitèrent pour la forcer à avancer. Elle les suivit donc, incapable d’autre chose que de mettre un pas devant l’autre et d'apercevoir du coin de l’œil les petites diodes s’allumer et s’éteindre.
Ils prirent deux transports internes de la cité, spécialement réquisitionnés pour l’occasion, et descendirent de nombreuses marches aux proportions peu agréables pour les longues jambes humaines, car conçues pour une race différente. La gigantesque mégapole de l’espace qu’était Ti’ltchiti, réservait à ses condamnés un interminable chemin de croix jusqu’au lieu de leur exécution et on subodorait que ce n’était pas un hasard. La dernière porte automatique s’ouvrit sur une petite pièce où trônait un bureau, quelques armoires de rangement et d’une série d’appareils de surveillance : nous nous trouvions probablement dans l’antichambre de la prison d’hibernation. Deux officiers, si Azala en jugeait par les symboles affichés, ainsi que deux autres soldats en uniformes se trouvaient là, les regardant entrer sans grand étonnement, leur arrivée était bien sûr prévue et attendue par le personnel de l’établissement.
Partaient de cet endroit, sept sas scellés qu’Azala supposa être les accès aux salles froides. Même en étant optimiste, si les Nalcoēhuals congelaient ne serait-ce qu’une dizaine de condamnés chaque année, cela devait représenter un nombre important après plusieurs décennies, les sept espaces seraient-ils déjà plein ?
Azala jeta un œil inquiet à Melba. Durant le chemin, leurs geôliers avaient fini par arrêter les impulsions, après avoir survolé quelques résultats affichés sur la civière. L’activité physique ou psychique de la Lakedaímōn devait leur sembler suffisamment faible pour ne plus risquer de causer des ennuis. Les avait-elle attaqués ou, à la suite de sa démonstration de force au Parlement nalcoēhual, avaient-ils préféré prendre les devants ? Azala compara sommairement les gardes de Melba aux siens : ils n’étaient pas le même nombre et mêmes les carrures différaient. Son amie Brune leur faisait peur, c'était une évidence.
Un préposé, visiblement plus jeune que les autres, s’approcha de la quatrième porte et posa son front contre une sorte de mousse fixée au mur, à hauteur idéale. Simultanément, un soldat à l’opposé de la pièce tourna sa clé, sous la vigilance de deux gradés restés au bureau et de quelques-uns des nouveaux arrivants. La porte numéro quatre s’ouvrit sur une brume de froid mordant, marquée par d’épais cristaux en formation vers l’intérieur de l’encadrement. Des rangées de diodes s’allumèrent sur le sol, délimitant un chemin visiblement préconçu, tandis que de grandes plaques éclairantes flottaient à quelque distance du plafond. Tout le groupe s’ébranla, Azala en tête suivie de ses gardes et de la civière. La voie des petits points lumineux zigzagua plusieurs minutes entre de grosses structures d’environ deux mètres de haut alignant de nombreuses entrées de caissons en longueur et en hauteur. Azala surprit les panneaux volants à les suivre, illuminant leur zone depuis leur position ; le froid était vif et incommodant, surtout pour des vêtements conçus pour des lieux hermétiques et tempérés comme les stations et villes spatiales. Au détour d’un angle entre plusieurs blocs, le chemin se fondit aux pieds de deux sas ouverts d’où étaient extraites des tables à la surface visiblement duveteuse.
Sans un mot, deux de ses gardes soulevèrent le corps de Melba, sonnée ou pire, et l’allongèrent. La princesse eut juste le temps d’apercevoir la cage thoracique de la jeune femme monter et s’abaisser une fois avant que leur guide ne procède au scellement du caisson.
« À bientôt, mon amie. Puissions-nous nous retrouver identiques dans plusieurs siècles, » murmura-t-elle plus à elle-même que dans l’espoir d’être entendue de celle qui l’avait toujours protégée.
Déjà, le soldat lui faisait signe de s’étendre à son tour. Elle le toisa simplement d’un :
« Demandez-vous souvent à des princesses de sang royal de s’allonger devant vous ? Êtes-vous médecin et votre système d’hibernation fonctionne-t-il vraiment sur des humains ? Vous n’en avez jamais croisé, me semble-t-il ! »
L’autre resta quelques secondes interdit, puis il se tourna vers un des gardes. Ils échangèrent visiblement quelques mots en télépathie, cela se voyait à leurs expressions semblables à celles que tiendraient deux personnes conversant. Ce fut bien un sourire que lui tendit le soldat en revenant vers elle, démontrant au passage que ses geôliers comprenaient son langage d’une manière ou d’une autre. Le visage avenant, il l’invita donc de nouveau à s’allonger, mais cette fois toute seule, car il s’orientait vers le sas à sa droite. Après avoir pressé quelques touches sur la surface, celui-ci s’ouvrit en libérant sa table sur laquelle était allongée... une femme d’une indéniable humanité ! Le soldat promena son bras au-dessus de sa voisine de chambrée involontaire, tel un chef d’orchestre dirigeant son monde. Oui, ils maitrisaient également la pratique avec des humains.
De toute façon, faire trainer en longueur ces derniers moments ne rimait à rien et Azala s’étendit à son tour, tandis que les sas contigus terminaient de se refermer sur leurs précieux contenus. Comment cela allait-il se passer ? Devrait-on l’endormir avec du gaz ou lui injecter quelque substance ? Doucement, la table retourna à son emplacement d’origine dans le caisson et celui-ci fut scellé de l’extérieur. Aucune lumière n'en tapissait l’intérieur, rien que l’obscurité agrémentée d’un relent d’ozone qui picotait les narines.
« Dites, on ne fait pas, non plus, patienter une princesse, vous savez ? Alors, allez au plus vite ! » ironisa-t-elle dans le noir.
Le silence et les ténèbres se disputaient dans son esprit à celui qui lui rendait la situation la plus insupportable. Ses jambes n’avaient heureusement pas besoin d’être pliées dans ce caveau sur mesure et l’espèce de matière duveteuse sur laquelle elle était allongée prenait doucement sa forme. Probablement la maintiendrait-elle dans une position adéquate sur toute la longue période qui l’attendait. Que devenait Melba ? Le processus avait-il déjà commencé pour elle ? Ils ne lui avaient pas enlevé ses entraves, on ne pouvait qu’espérer une adaptation identique pour l’édredon qui lui servirait de couche durant les prochains siècles.
Condamnées à être congelées, puis rejugées par les générations futures. On pouvait décemment se demander quel esprit tourmenté avait estimé que ce genre de sentence représentait une bonne justice et une égalité idéale des droits ? Avait-on déjà ressorti quelqu’un après des années de sommeil imposé ? Dans quel état se retrouvait-il ? En cas de fourmis dans un bras, comme cela peut arriver au cours d’une nuit, devrait-on amputer le membre, plusieurs siècles plus tard ?
Et si, et si...
Mais finalement ce qui inquiétait le plus la princesse, c’était surtout le devenir de son ami Melba et, plus largement, celui de l’Exode. Elle avait fait de son mieux pour tenter de rapprocher les Nalcoēhuals de sa cause, mais ce fut en vain. Le destin tragique de la Parlementaire Ci’chi, pourtant respectée parmi les siens montrait à quel point cette république avait décidé d’aller jusqu’au bout. Et cela incluait certainement de pourchasser sans pitié tous les humains dans cette région de l’univers.
Soudain, le sas à ses pieds s’ouvrit et la table qui lui servait de lit fut extraite de sa cavité. Azala mit plusieurs secondes à y voir clair, trop éblouie par la lumière des plaques flottantes toutes concentrées au-dessus de sa position.
Que se passe-t-il ? tenta-t-elle le temps que ses yeux s’adaptent.
Nous avons besoin de votre collaboration, répondit simplement le traducteur de la Parlementaire Loxa qui se tenait devant elle.
Azala glissa doucement sur le côté de la planche et se laissa tomber au sol. Derrière elle, le soldat responsable du lieu la retint au cas où elle souffrirait un vertige.
Où est Melba, demanda la princesse face au caisson fermé de son amie ?
Elle ne nous sera pas utile dans l’immédiat. Nous estimons que vous saurez nous aider et nous vous récompenserons pour cela. Elle restera au chaud ici, le temps nécessaire.
Je vois...
Elle se laissa soudain glisser, surprenant celui qui tentait de la soutenir. Dans le même mouvement, elle attrapa son paralyseur et se le plaqua sous le menton tout en s’asseyant par terre.
Je parie qu’un tir à cette distance me grillerait le cerveau, ai-je tort ?
Personne ne réagissait, visiblement ils ne s’attendaient pas à cela. La princesse sourit en comprenant qu’elle avait touché juste, mais des échanges télépathiques fusaient entre ses geôliers, c’était évident.
Après plusieurs longues secondes d’hésitation, Loxa tenta de dialoguer :
Votre vie serait gâchée pour rien et nous réveillerions votre amie pour le même résultat.
Melba ? Si je meurs, je vous conseille de ne JAMAIS la décongeler. Nous avons grandi ensemble, vous pensez réellement qu’elle serait compréhensive ?
Nouvelle période de silence. Le conciliabule psychique se poursuivait, alors que les regards de Loxa et Azala s’affrontaient, jaugeant la volonté de chacune d’aller jusqu’au bout.
Finalement, la Parlementaire Nalcoēhuale soupira : LA
Que voulez-vous ?
Sortez Melba d’ici et qu’elle m’accompagne. Je n’ai confiance qu’en elle et certainement pas en vous. Une fois ensemble, nous vous suivrons sans résister.
Les deux femmes se mesurèrent une dernière seconde les yeux dans les yeux, puis Loxa tourna des talons, lâchant simplement :
« Qu’il en soit ainsi. Je vous retrouverais plus tard dans la journée. Gardes, accédez à sa demande et qu’il ne lui arrive rien ou vous en répondriez. »
On entendait encore ses pas résonner au loin, quand le caisson de Melba fut ouvert, au grand soulagement de la princesse.

FIN DU CHAPITRE 27


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RedU T1 Ch27 Ep14

Wed, 19 Dec 2018 00:54:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 14 : « Traces »

La voix de Laurelian monta alors dans sa tête.
Gouverneur, vous m’entendez ?
Parfaitement, Amiral. La réception est d’ailleurs plus fluide que dans ma précédente chimère, intéressant...
Vous avez les images ?
Oui, cela rappelle d’ailleurs ce que l’on peut voir de nos hublots.
QuartMac ferma à nouveau les yeux et fut immédiatement immergé dans une vision à trois-cent-soixante degrés de la scène. Les drones avait été réparti sur plusieurs endroits, un dernier restant loin en arrière pour centraliser les données et les transmettre au croiseur amiral.
Quel carnage... ne put-il s’empêcher de penser. À première vue, les dégâts se comparaient facilement à ceux que venait de subir la flotte ennemie dans leur attaque des Mentaux. Sauf que cette fois, les chasseurs représentaient une large part des pertes. Mais de combien de vaisseaux disposait donc cette force militaire que les Mentaux affrontaient ?
Nouveau point de vue depuis l’une des carcasses éventrées. Un coup violent avait coupé en deux l’appareil.
Quelque chose a littéralement tranché cet engin, quelque chose de fin et de puissant, précisa Laurelian qui apparut à ses côtés. Ici, c’est une sorte de soute à munitions, elle a explosé dès qu’elle a été touchée, ça a aggravé l’attaque pour ceux à proximité.
Expliquez ?
Une vue plus en hauteur de cette carcasse prit la place de la précédente, agrémentée de flèches et détails techniques se surimprimant sur les zones vides, comme dans un projecteur holographique. Laurelian développa :
Regardez les dommages de ces vaisseaux là et là. Ils ont été poussés les uns contre les autres. On imagine facilement un peloton de croiseurs ennemis violemment attaqué par leur centre et s’entrechoquant dans le souffle des explosions.
Comment savoir ce qui les a frappés ?
Par l’analyse des données que l’on pourrait obtenir par-ci par-là. Ou alors... par un interrogatoire psychique.
Vous pensez capturer un extraterrestre ? Ceux à plusieurs doigts ? Laurelian, vous m’impressionnez ! Et comment réussiriez-vous ce miracle ?
Ce n’est pas un miracle, monsieur, répondit simplement l’autre. Les drones ont facilement happé plusieurs corps ennemis congelés. Il y en a partout qui flottent, c’est probablement une des missions des troupes présentes ici que de les récupérer, ainsi que tout ce qui pourrait être utile.
Finalement, nous n’agissons pas différemment.

Quelques heures plus tard, l’amirale et le professeur assistaient personnellement à l’autopsie de cinq cadavres de pilotes nalcoēhuals. Plusieurs Mentaux se trouvaient assis dans la pièce, alignés le long du mur avec leurs têtes coiffées de casques psychiques amplificateurs. Dans un premier temps, l’étude de ces corps à la peau noire appartenant à une autre race aux proportions dissemblables, aux six doigts, au goitre hypertrophié et à l’allure falote ne représenteraient pas le premier objectif. On allait décongeler les cerveaux par rayonnement de microonde, cela devrait permettre d’offrir une seconde de fonctionnement normal avant l’extinction finale. Les agents sélectionnés avaient tous déjà été en contact avec des pilotes ennemis durant la bataille et connaissaient donc un peu cette psyché non humaine. De la même manière qu’il avait pu suivre les images des drones, QuartMac fut emporté dans l’esprit des Mentaux, partageant leurs visions...

Première expérience.
Le cerveau était trop endommagé pour autoriser la moindre lecture.

Seconde expérience.
La décongélation par microonde se révéla trop brutale. C’était une mauvaise appréhension de la température interne qui déclencha la fureur de QuartMac devant une erreur aussi grossière.

Troisième expérience.
Plusieurs sensations percèrent ainsi que trois visuels dont deux se révélèrent flous et incomplets. Malheureusement, l’unique lisible ne représentait qu’un cockpit en flamme.

Quatrième expérience.
Un transporteur ! Sans aucune hésitation, tous reconnurent l’étrave avant. Le mort devant eux avait donc attaqué au moins un transporteur de l’Exode ! Un terrible sentiment d’inquiétude traversa alors la pièce. C’était ces mêmes transporteurs que la Flotte mentale allait devoir anéantir et il semblerait que d’autres s’y soient déjà cassé les dents.

Cinquième et dernière expérience.
Deux images apparurent, elles provenaient de deux instants éloignés de quelques secondes à peine, alors que le pilote longeait la zone de combat. On voyait distinctement des tirs se fracasser sur une muraille invisible, comme un bouclier, mais pas aussi précis. Certaines rafales allaient plus loin, d’autres moins.
Laurelian proposa une explication :
Les exodés semblent avoir développé un système défensif à distance. C’est une technologie que même nos ennemis n’ont pas..
mhmm... confirma distraitement QuartMac, visiblement intrigué par autre chose. Approchons-nous de ce petit point, voulez-vous ? Qu’est ce que c’est ?
Ça, c’est un aileron. Je dirais un appareil, guère plus grand qu’une corvette. Vous avez raison, il est positionné presque au centre par rapport à tous ces tirs.
Regardez ici, montra le professeur en pointant un endroit de l’image un peu éloigné : un autre engin identique et encore un là-bas... comme s’ils étaient en formation et que celui-ci avait pour tache de les protéger.
Laurelian se concentra et fit défiler les deux projections mentales pour donner une meilleure idée des distances et des positionnements. Le résultat en fut assez spectaculaire. Elle résuma :
Donc, nous avons plusieurs corvettes en cercle et l’une au-dessus émet une force quelconque qui repousse les tirs ennemis.
Ce n’est pas un bouclier comme vous semblez le penser, amiral, déclara soudain QuartMac dans un grand sourire. C’est... c’est LUI ! Mais quelle puissance, c’est magnifique ! Ses... pouvoirs se sont développés à un point proprement fantastique !
C’est bon, sortez-moi d’ici, j’ai ce que je voulais savoir.

La salle d’opération réapparut et le professeur ne s’y attarda pas, lançant simplement à Laurelian en traversant la sortie :
« Je veux un rapport anthropomorphique complet sur nos nouveaux amis dès que possible et une impression holo de toutes les images ! »
Il tâchait de dissimuler sa jubilation, même si face à des Mentaux cela relevait surtout de la figure de style. Une fois dans son bureau, il alluma sa console et navigua sans sa bibliothèque d’archives. Celle qu’il cherchait précisément se trouvait à un peu moins d’une dizaine d’années dans le passé, un enregistrement qu’il fit défiler pour confirmer son intuition. Dans un décor désertique, Un jeune homme blond installé allègrement sur un char qui servait de cible d’exercice, repoussait plusieurs salves de roquettes, n’en laissant aucune approcher dans un rayon inférieur à une vingtaine de mètre. Les similitudes entre cette scène et les images arrachées à l’esprit de l’extraterrestre étaient saisissantes, le professeur n’avait plus aucun doute. Il laissa éclater un grand rire :
« FABIO, MON FILS, TU ES VIVANT ! »


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Sun, 16 Dec 2018 02:09:00 GMT

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RedU T1 Ch27 Ep13

Wed, 12 Dec 2018 00:42:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 13 : « Plaies »

Le communicateur sur le bureau du Professeur QuartMac n’eut pas le temps de finir sa première sonnerie qu’il fut activé.
Allez-y, Laurelian.
Je viens d’envoyer des éclaireurs dans toutes les directions afin de confirmer que la bataille était bien terminée. D’un point de vue stratégique, je pense pouvoir affirmer que oui.
... les dégâts ?
La liste est longue. Nous avons perdu une vingtaine de vaisseaux et leurs équipages, a peu prêt le double de chasseurs et une trentaine de croiseurs sont endommagés. Parmi ceux-là, nous allons en saborder quatre, vu leur état, la récupération du matériel sensible est déjà en cours.
Quant à nos ennemis, leurs pertes sont plus lourdes, mais ils étaient les attaquants. On décompte trente-deux carcasses et plusieurs rapports indiquent que de nombreux appareils sévèrement abimés ont quand même réussi à sauter en Transition.
En ce qui concerne nos blessés, les infirmeries sont...
Je me moque des blessés, Amiral. Qu’on les soigne au mieux, mais la priorité est ailleurs ! Le canon Mental, alors ?
Nous l’avons utilisé trois fois lors de la dernière attaque. À chaque tir, le succès était complet, nos ennemis ne comprenaient pas ou n’arrivaient pas à l’éviter.
Mais il n’est pas dénué d’inconvénients et si j’étais à leur place, je surveillerais les arrières de nos défenses. Le temps de chauffe est énorme comparé à leur vitesse de mouvements, sans même parler des microTransitions dont ils sont capables. Lorsqu’un de nos canons est en préparation, il devient une proie facile pour ceux maitrisant aussi finement les sauts dimentionnels.
QuartMac se mura dans le silence quelques instants, ressassant rapidement toutes les informations de Laurelian. Ce canon Mental, déployé dans la flotte sur plusieurs appareils, nécessitait effectivement beaucoup de temps et d’énergie pour être opérationnel, ce qui représentait un lourd handicap en pleine bataille. Comme prévu, il avait aidé à creuser la différence en leur faveur, sauf que cet avantage disparaitrait s’ils devaient l’utiliser dans une attaque-surprise par exemple. Laurelian venait d’ailleurs de rappeler que leurs ennemis sauraient probablement s’y adapter en devenant plus attentifs et plus mobiles. Il lui demanda de produire un rapport précis avec le bilan final et des propositions d’amélioration, puis coupa la communication.
Se laissant aller en arrière contre le dossier de son fauteuil, le professeur s’autorisa à fermer les yeux quelques minutes. Cinquante appareils détruits ou endommagés, contre un nombre équivalent en face, ce n’était pas ce que l’on pouvait nommer « une victoire », au mieux s’agissait-il d’un statuquo. Peut-être qu’un thé l’aiderait à y voir plus clair ?
Il se leva et s’approcha de sa bouilloire qu’il s’empressa de remplir. Un simple robinet d’eau chaude lui fournirait un service semblable, mais il n’en goutait absolument pas le résultat. La température n’était pas assez élevée pour enclencher les réactions moléculaires adéquates dans les plantes immergées, de plus il fallait impérativement rebouillir quelques secondes le tout, une fois le breuvage mélangé avec le sucre et le thé. Cela, bien sûr, seule sa bouilloire le permettait.
Un reflet incongru traversa fugitivement la pièce. Derrière le hublot, un croiseur en remorquait un autre vers le centre arrière, là où l’on regroupait les appareils nécessitant des réparations. Il songea qu’il serait d’ailleurs intéressant de rejoindre les équipes se dirigeant en ce moment vers les carcasses ennemies : leur étude allait certainement s’avérer très utile, surtout la composition de cet étrange matériau dans lequel ils étaient construits.
Il versait le mélange thé plus eau chaude dans la bouilloire pour terminer la préparation, lorsque la sonnerie de son communicateur retentit. Il décrocha et la voix de Laurelian résonna à nouveau dans la pièce :
Gouverneur, deux des vaisseaux éclaireurs ont confirmé avoir découvert un véritable cimetière de l’espace à deux heures de transition d’ici. Ils n’ont guère eu l’occasion de creuser plus, car plusieurs appareils ennemis patrouillent encore là-bas et ils se sont vite fait repérer.
Une embuscade ?
Non, monsieur, c’est clairement quelque chose qui ne nous était pas destiné, nous sommes simplement tombés dessus au hasard de nos recherches. Les restes rappellent sans aucun doute le design de nos assaillants. En ce moment, on prépare l’envoi de plusieurs drones pour en savoir plus.
Dès que les images arrivent, branchez-moi sur le réseau télépathique des amplificateurs et montrez-les-moi. Encore une fois, je demande un silence total sur le sujet. Pas un mot en dehors du minimum de personnel nécessaire, rien avant que l’on ne sache sur quoi on est tombé.
Suis-je clair ?
L’amirale confirma et rompit la communication.
QuartMac reprit sa préparation du thé, laissant l’eau atteindre le bon degré d’ébullition puis lançant le chronomètre. Un décompte de trois minutes s’enclencha…
Un « cimetière » spatial de nos ennemis ? Qu’est ce que cela pouvait signifier ? Une guerre civile, peut-être... ou existaient-ils également d’autres races combattantes dans les parages ?
Un tintement le sortit de ses réflexions et il désinséra la bouilloire de son étui, versant le liquide à une certaine hauteur de son verre pour améliorer le mélange avec l’air. L’oxygène contenu dans l’eau exhalait le gout et l’ébullition en avait évaporé une partie, il fallait donc produire cette sorte de petite écume pour redonner au thé ses molécules perdues. Se saisissant de l’anse, il ramena le breuvage fumant à son fauteuil, juste à temps pour accueillir la communication psychique de Laurelian.


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RedU T1 Ch27 Ep12

Wed, 05 Dec 2018 00:14:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 12 : « Chilico en guerre »

Planète Cuitliē, centre administratif du système de Chilico.

La raffinerie principale OLMEK1 était une des quatre usines transformant le minerai brut en matériau de fabrication des vaisseaux spatiaux nalcoēhuals. Pour des raisons de bombardement météorique quotidien, l’unique cité de Cuitliē se retrouvait profondément enfouie dans le manteau de la planète et OLMEK1 suivait la même règle. Située plus au sud, autour de l’équateur, elle ne laissait surgir à la surface que le minimum nécessaire, dont une piste se terminant par un monte-charge géant.
Ce fut celui-ci qui vola en éclat lorsque les Libérateurs de Chilico pénétrèrent dans le complexe. Les charges ouvrirent une brèche par laquelle une vingtaine de rebelles se jetèrent bardés de suspenseurs antigravité et de grenades psychoéblouissantes. Le second sas en profondeur subit le même outrage, dépressurisant le hangar primaire, ce qui asphyxia immédiatement les gardes ou ouvriers pas assez réactifs.
Xopilat’l se laissa glisser lentement au travers du monte-charge extérieur, paralyseurs en mode létal dans chaque main et scaphandre bien ajusté. Derrière lui, Telma’k son fidèle second, lui aussi armé, mais emportant le pad qui les liait aux commandos en tête de l’attaque. Il termina les derniers mètres accroché aux barreaux incurvés de l’échelle de secours. Ce n’est qu’une fois les pieds foulant le sol de l’usine qu’il balaya du regard les premières victimes de sa guerre de libération, murmurant à leur encontre une prière muette.
Demande à quelques partisans de les aligner et de les recouvrir de quelque chose. Quand les miliciens vont arriver, je ne veux pas qu’ils pensent à nous comme à des barbares.
Je donne les ordres, répondit simplement Telma’k qui se retourna vers deux rebelles en arrière.
D’un mouvement du bras, il engloba la scène et les deux Nalcoēhuals se mirent à l’ouvrage en récupérant plusieurs bâches entassées dans un réduit d’entretien.
La raffinerie OLMEK1 s’étendait sur de nombreux kilomètres de galeries, couloirs et autres salles de travail, mais finalement seules deux parties importaient : les fours de craquage et le central de coordination des systèmes. C’est vers ce dernier que se dirigea le président en activité de la République cachée de Chilico. Les casques des deux hommes avaient été retirés une fois entrés en zone pressurisée, mais leur progression n’en était pas plus rapide. Si le chemin avait déjà été sécurisé et balisé par la première section des commandos, Xopilat’l restait extrêmement prudent dans cette raffinerie connue pour être sous haute surveillance. Il considérait chaque croisement comme un redoutable piège, roulant en boule pour pointer ses paralyseurs dans le vide, écoutant le silence à la recherche du moindre bruit. Dans la plupart des cas, ce fut en vain : entre les corridors condamnés par explosifs ou ceux aux sas soudés, chaque zone potentiellement à risque avait préalablement été assurée. Sauf une : une grille de support de câbles où s’était glissé un garde plus malin que les autres. Il tomba sur le président dès que celui-ci fut à sa portée et le frappa à répétition aussi violemment que possible avec sa matraque dans l’espoir de lui faire lâcher ses paralyseurs. Mais l’ancien mineur avait la cuirasse robuste : une fois la surprise passée, il para le dernier coup du milicien et lui expédia en plein torse un de ses coups de poings qui l’avait rendu célèbre dans sa jeunesse. L’autre fut projeté deux mètres en arrière, le souffle coupé. Il n’eut jamais l’occasion de le retrouver : un couteau lui transperça le cœur par derrière, œuvre de Telma’k qui attendait le bon moment pour intervenir, tapi dans l’ombre.
Xopilat’l remercia son ami d’un hochement de tête silencieux, mais il ne put retenir un grognement de douleur : ses os n’étaient plus aussi solides qu’auparavant et son avant-bras avait visiblement souffert. Son second le balaya d’un petit scannographe et confirma :
Fracture en deux points. Il ne vous a pas raté, dites donc.
Je tiendrais le temps nécessaire... on mettra une attelle, une fois arrivés.
Laissez-moi passer devant, ajouta l’autre en échangeant son couteau contre les paralyseurs du président. Nous ne sommes plus très loin.
Une décille plus tard, ils pénétrèrent sans encombre dans le central, découvrant avec inquiétude plusieurs cadavres de gardes et de techniciens qui avaient eu l’idée saugrenue de résister. Xopilat’l jeta un œil mauvais à ses commandos trop zélés, mais il se retint de leur faire la morale : entre l’oppression de l’occupant et le stress de l’attaque, ces nerfs de ces Nalcoēhuals étaient à fleur de peau. Comme les miliciens d’ailleurs, la « rencontre malheureuse » du corridor en étant un exemple flagrant. Tandis que Telma’k offrait un semblant de sépulture à ceux tombés, on regroupa les opérateurs au centre de la pièce.
Certains tremblèrent quand le président s’approcha d’eux, d’autres le toisèrent. Xopilat’l soutint tous les regards, cherchant à lire l’histoire de chacun sur les visages plus ou moins tournés vers lui. On avait ici des natifs de Chilico — peu, les envahisseurs de Ti'ltchiti ne leur faisant pas confiance — et beaucoup d’ouvriers nalcoēhuals gagnant leur vie dans un des métiers les mieux rémunérés de la zone de Khabit : producteur de minerais détaché sur Chilico. Évidemment, cela n’était pas valable pour les habitants de Chilico qui demeuraient, eux, sous-payés. Leur destinée à tous se retrouvait maintenant entre ses mains et les fusils-paralyseurs des commandos. Xopilat’l les rassura immédiatement, le sang ayant déjà bien trop coulé :
« Nous ne sommes pas venus tuer, ni les gardes, ni les travailleurs que vous êtes. Retournez à vos fonctions habituelles et n’essayez pas de vous opposer à nous, tout sera très vite terminé. Vous avez la parole du Président de la République cachée de Chilico que vous ressortirez tous libres et en vie d’ici quelques heures. Allez-y, maintenant. »
Et, sous l’insistance des commandos les entourant, tous repartirent à leur poste, une expression interrogatrice dépeinte sur leur visage.
Moins de cinq décilles s’écoulèrent avant que les visualiseurs ne montrent les soldats en scapahandre de l’armée régulière investir simultanément plusieurs entrées d’OLMEK1. Une demande de contact psychique fut transmise par l’amplificateur secondaire de la salle et Xopilat’l y répondit posément.
Je suis No’ork Kelm’tek, gouverneur de Cuitliē et membre du directoire de Chilico. Je veux parler avec un responsable.
Xopilat’l Aktar, Président de la République cachée de Chilico, je suis la plus haute autorité ici. Bien le bonjour, Gouverneur. Je vous propose de nous rencontrer dans le hangar de secours, venez avec quelques gardes si cela vous rassure, je serais seul de mon côté. Nous pourrons discuter, disons dans... deux déciles ?
Le présid... heu, oui. Soyez à l’heure !
La communication psychique disparue et Telma’k croisa le regard de son chef. Tous deux connaissaient le plan et échangèrent une poignée de main avant que Xopilat’l se s’éloigne par une petite porte de côté, accompagné d’un des commandos.
Le chemin pour le hangar secondaire se révéla plus rapide que celui depuis le principal, pour la simple raison qu’il était plus court et jamais fréquenté. Le rebelle protégeant Xopilat’l l’abandonna à quelques mètres du dernier sas, saluant son président une ultime fois alors que celui-ci ouvrait le panneau.
Au milieu du dock, quatre Nalcoēhuals armés jusqu’aux dents entouraient un fonctionnaire joufflu, plutôt tassé sur lui-même, au goitre disproportionné. Ses petits yeux aux larges iris complétaient, chez celui qui se présenta comme le gouverneur, l’allure d’un bébé Zlabot. Le président connaissait bien sûr cet envoyé spécial de Ti’ltchiti qui avait comme mission principale de maintenir la paix dans l’unique région productrice de « pierre qui chante ». De trop nombreux amis croupissaient dans les geôles à cause de sa politique répressive.
Président Xopilat’l... murmura le gouverneur. C’était donc vous. Et dire que nous vous avions sous les yeux depuis le début.
Vos services ne pourront jamais nous faire plier et nos secrets vous seront toujours inaccessibles, Gouverneur Kelm’tek.
J’en doute. Mais revenons au présent. Rendez-vous et je m’engage à ce qu’il n’y ait pas de victimes chez les rebelles. Vous passerez en jugement, bien entendu, mais seule la prison leur sera réservée.
Xopilat’l ne put cacher un ricanement, puis ajouta :
Entre la mort et vos geôles, nous préférons souvent la mort. J’ai une autre proposition, annonça-t-il simplement en ouvrant sa main droite devant le groupe face à lui.
Au creux de sa paume, une sphère de quelques centimètres encadrait un point rouge pulsant lentement d’une lumière inquiétante. Immédiatement, les soldats accompagnant le gouverneur levèrent leurs armes, tandis que celui-ci reculait de plusieurs pas, une expression de terreur se dépeignant sur son visage. Xopilat’l poursuivit calmement :
Je meurs, tout explose, j’appuie, tout explose. Un groupe de partisans a placé des charges à la sortie des fours de craquage. Vous connaissez le processus, qu’arriverait-il si le minerai liquide brulant entrait au contact de l’air ou pire, au contact d’un conduit de minerai brut ?
... une réaction en chaine, grogna le gouverneur.
Exactement. Voici ma proposition : vous laissez partir tous les rebelles dans une navette qui va apparaitre d’ici une petite décille et je me rendrais à vous sans combattre. Bien sûr, vous récupèrerez la raffinerie entière sans une rayure... autre que celles déjà présentes.
Vous voulez vous livrer ? s’étonna Kelm’tek, dubitatif.
Absolument. Alors ?

Lorsque le modeste appareil sans matricule sortit de Transition à proximité de l’entrée du hangar secondaire, personne ne l’arrêta ou ne tenta de l’obliger à se poser. Il put traverser les lignes des forces de sécurité, prendre à son bord une vingtaine de Nalcoēhuals armés et repartir comme il était venu.
Xopilat’l reçu les premiers coups dès que le gouverneur le laissa seul, sans son scaphandre, sous la surveillance des quatre soldats qui l’avait accompagné. Il avait heureusement dissimulé son attelle sous plusieurs couches de vêtements. Cette fracture aurait agi comme un aimant pour la hargne de ses geôliers.


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RedU T1 Ch27 Ep11

Wed, 28 Nov 2018 00:28:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 11 : « Piège (5) »

Plusieurs tremblements secouèrent le grand immeuble au fond duquel se terrait le cœur des Triades souriantes, la tête bien mal nommée « Le triangle » en référence à la période passée où trois anciens dirigeaient la tentaculaire organisation.
Stuffy patientait, assis en tailleur sur un épais tapis au centre de la pièce où son prédécesseur avait rencontré Ralato. Tout autour de lui, des hommes aux visages fermés campaient, les doigts bien serrés sur leurs mitrailleuses. Quelques étages au-dessus, Ralato et des troupes de choc des Forces mentales avançaient inexorablement jusqu’à lui, malgré les pièges, les défenses ou les gardes armés lourdement. Eussent-ils reçu des renforts d’hypothétiques soldats supplémentaires que la vitesse de cette progression laissait Stuffy dubitatif. C’était bien trop rapide.
Le chef des Triades n’était pas stupide au point de croire en ses chances de résister longtemps. Dès que le croiseur était réapparu dans le ciel de TB01, il avait compris que son grand rêve de Conquête souriante du pouvoir était sérieusement compromis.
Nouveaux tremblements, plus proches... quelques bruits de tirs percèrent au travers des parois et de l’imposante porte.
Que s’était-il donc passé là-bas, dans la chaussetrappe destinée à supprimer son dangereux ancien ami ? Le trou noir ne s’était peut-être pas déclenché ? Stuffy-Quartmac avait-il failli en quelque point du programme ? Un imprévu ? Une chose demeurait certaine : la navette souriante posée à l’intérieur du croiseur avait bien fait exploser sa charge d’antimatière, un signal codé leur était parvenu en multitransmission. Alors par quel miracle ce même croiseur pouvait-il orbiter tranquillement ? Sans nouvelles de son prédécesseur, la nouvelle chimère de Stuffy avait choisi l’attaque dès qu’un détachement s’était élancé vers la planète.
Il soupira silencieusement, supportant l’attente dans une attitude toute Souriante. Ce modèle de clone était cette fois identique à l’agent original, avant que son corps ne soit détruit par l’arrivée de Fabio dans la base Mutualiste des Appalaches. Sans en avoir poussé les capacités dans ses retranchements, les différences avec la version fatiguée de QuartMac ne se comptaient plus.
Plusieurs crépitements, on approchait du dernier couloir menant à cette salle.
Stuffy se releva, dégainant ses deux révolvers et, surtout, il sortit son sabre traditionnel du fourreau sculpté et le pointa vers les épais battants de l’entrée. Les nombreux fidèles autour de lui reçurent parfaitement le signal, armèrent le chien de leurs mitrailleuses et se précipitèrent à l’extérieur ; telle la garde royale des Lakedaímōns (et sans doute d’autres corps d’élite avant eux) ils allaient offrir leur vie pour défendre celle de leur chef.
« Bonne chance, messieurs, tâchez de tenir quelques minutes au moins... »
murmura simplement Stuffy alors que le dernier combattant claquait la porte derrière lui. Du bout du pied, il écarta un pan du tapis et appuya sur le contacteur dissimulé dans le sol. Un escalier s’enfonçant vers les profondeurs de Kyuang apparut et il s’empressa de l’emprunter. Ce ne seraient pas les multiples blindages qui se fermèrent derrière lui qui ralentiraient longtemps Ralato et ses hommes, mais chaque petit instant de gagné lui permettrait de s’échapper. Malgré le moment plutôt dramatique, il ne put s’empêcher d’apprécier son nouveau corps. Svelte, musclé, chaque foulée lui faisait dévaler les marches par groupe de quatre, sans essoufflement particulier, tandis que ses yeux portaient si loin qu’il aperçut la sortie plusieurs minutes avant de l’atteindre. L’empreinte palmaire de cette chimère avait heureusement été rapidement encodée dans les systèmes centralisés des Triades, autorisant à Stuffy l’ouverture de tout ce qui appartenait plus ou moins à l’organisation et à ses obligés. Il pénétra dans un sas qui se pressurisa à la suite de son passage. Un second sas apparut alors devant lui, offrant au regard du visiteur une série d’épais fauteuils scellés et rangés en cercle, dans une petite pièce de quelques mètres de diamètre. Au milieu des sièges, un discret promontoire présentait quelques commandes que Stuffy s’empressa d’activer. Il s’installa dans un des fauteuils et agrafa sa ceinture, pendant qu’un compte à rebours rapide s’égrenait en chiffres holographiques au-dessus de sa tête. Le décrochage fut violent et suivi de l’accélération digne d’un avion de chasse tandis que la capsule de secours — réservée aux cadres supérieurs de l’organisation — s’enfonçait vers le centre de la géante gazeuse.
Vu de MaterOne, TB01 ne représentait qu’un corps céleste aux réserves quasi inépuisables de Lithium. Partant de là, les rochers, cités/usines ou raffineries flottantes n’étaient que des ilots naviguant au gré de l’humeur des marées de gaz liquéfié.
Quelle vision étriquée de la réalité !
Sous le manteau interne, à près de dix-mille kilomètres de la surface, se trouvait le cœur bien solide de la planète, un noyau fait de pierre et de métal dans lequel des générations de Souriants avaient aménagé une base spatiodimensionnelle. L’Armée royale avait expérimenté cette technologie il y avait quelques siècles, mais, ayant l’univers connu sans fin à disposition, le projet de « base Transitionnelle » (tel qu’on le nommait alors) avait été abandonné. L’idée, et quelques savants à l’origine des recherches, avaient été récupérés par les Triades et poursuivis. Une sphère de cinquante kilomètres de diamètre avait été percée dans le noyau, au centre de laquelle un vaisseau modeste, mais équipé des Compresseurs dimensionnels les plus récents, patientait, le réservoir plein. Comme il était impossible de suivre un appareil en Transition, sauf à y avoir installé un système de localisation multispatial, l’armée pourrait bien mettre sous embargo toute la planète si cela lui chantait, Stuffy naviguerait déjà loin.
La décélération fut aussi brutale de l’accélération initiale, rappelant à Stuffy ses séances de pilotage à bord des puissants simulateurs. Qu’à cela ne tienne, son nouveau corps résista sans grandes difficultés et les verrous de freinage fumaient encore qu’il bondissait vers la sortie. Quelques mètres plus tard, le poste de contrôle de la petite station s’alluma automatiquement et Stuffy programma son vol. Un dernier escalier adjacent donnait sur l’ouverture extérieure du croiseur léger qui serait son lieu de vie pour... une période indéterminée.
« Ordinateur, active la séquence de Transition. Départ immédiat. »
commanda-t-il dès ses premiers pas à l’intérieur de l’engin.
Plusieurs lumières clignotèrent, confirmant que les ordres avaient bien été pris en compte. Stuffy inspira, écoutant le silence qui s’effaçait doucement derrière les ronronnements profonds du Compresseur, puis s’affala dans un des fauteuils du salon principal en fermant les paupières, la tête reposée en arrière. Le tout automatique présentait bien des avantages...
« Question de point de vue » fit la voix de Ralato.
Étonnamment, Stuffy ne fut pas plus stupéfait que cela. Il se surprit même à rire avant de regarder enfin son vis à vis. Le ministre Ralato se tenait devant lui, installé confortablement, une tasse de thé fumante en main. Il souffla doucement dessus pour refroidir le breuvage, puis poursuivit :
Stuffy-Quartmac m’avait fait gouter à ce merveilleux thé au Jasmin et je dois bien t’avouer en être tombé amoureux. Il reste encore de l’eau chaude, je pense, si tu es intéressé...
Ralato, Ralato, Ralato... je... je ne sais que dire. Bravo. Simplement bravo ! Comment es-tu arrivé là ? Et que fait-on, maintenant ?
Première question : ça me regarde, seconde question : tu vas être jugé et exécuté pour trahison et, bien sûr, je prendrais personnellement la tête des Triades en tant que ton successeur. Mhmm... ce thé !
Donc j’avais raison depuis le début. Tu en es finalement venu à supprimer toute opposition ? Fini le grand cinéma avec les méchants Mutualistes, les Souriants bien sages et le gouvernement qui travaille ? Tu veux le pouvoir pour toi tout seul ?
Qu’entends-tu par là ? demanda Ralato, un rien surpris.
Je suis l’ultime Stuffy vivant dans l’univers connu, tous les autres sont morts (au cas où tu l’ignorerais, tu es maintenant au courant). La crise économique a terrassé presque tous les acteurs extérieurs ou anciennes fortunes et les coffres des banques Souriantes offriront de quoi modeler une société à l’image de celui ou ceux qui le désireront. Poféus est en train de perdre totalement la raison et...
Il leva le doigt, montrant le plafond :
Tu as même le dernier croiseur de la Flotte mentale à disposition. Après moi, tu deviendras le seul maitre à bord... pour toute l’humanité !
Ralato ne répondit pas. Il se contenta de finir d’un trait sa tasse et la reposa... au travers de la petite tablette sur le côté. Stuffy comprit d’un coup :
Tu n’es PAS ici !
Bien sûr que non, pourquoi donc ? Je suis dans ta tête en ce moment et ce thé, je le déguste depuis ta cuisine personnelle, la pièce à droite après les tentures de ta salle de réunion aux quatre dieux.
Ce ne sont pas de simples dieux et tu ne peux atteindre mon esprit à cette distance. Mes barrières sont levées en plus et je ne... Aaaaargh ! hurla soudain Stuffy, en se prenant le crâne entre les mains.
Figure-toi que je ne t’ai pas quitté une seconde depuis ton attaque au missile contre ma navette, précisa Ralato, une expression plus dure malgré les souffrances de son ancien ami. Si tu savais combien nous étions loin de connaitre tous les raffinements de notre pouvoir, avec nos dogmes aux œillères bien fermées par une éducation trop rigoureuse. Je comprends mieux Fabio, maintenant... que je vois notre monde comme lui.
Stuffy, les larmes aux yeux et les jambes repliées sous son siège leva sur Ralato un regard de pierre :
C... c’est impos... possible ! Tu... n’es... pas... F...FABIO !
Certes, je suis Ralato, répondit l’autre simplement en se relevant. Mais j’ai hérité de ses pouvoirs et je t’informe de plusieurs choses. Un, les dernières chimères de QuartMac augmentent la puissance psychique, je le sens bien à travers toi et, deux, je vais te laisser partir.
La douleur dans le crâne de Stuffy s’effaça tout aussi brusquement qu’elle était arrivée. Celui-ci se redressa, dubitatif : quel plan le ministre avait-il en tête ? Ralato poursuivit.
Est-ce que tu te rends compte que je retiens ton Compresseur dimensionnel depuis le début de notre discussion ? C’est proprement hallucinant tout ce qu’il m’est permis de faire, je t’assure !
Ce fut un plaisir. Adieu, toi qui fut mon ami. Tu sais, la bouille enfarinée qui me regarde en ce moment me manquera.
Tu... tu me laisses partir, alors ?
Bien sûr, je viens de te le dire, insista Ralato, un rien agacé que son ancien ami doute ainsi de lui. Ha oui, pour ta dernière remarque. Je ne cherche en rien le pouvoir, mais j’ai eu récemment une sorte de... on dira « prédiction ». Quelque chose arrive qui va nécessiter une vraie rigueur du côté de notre humanité. Et si je dois, pour la combattre, mettre au pas tout le monde vivant...
Comme effacé par une brise légère, l’image du ministre se volatilisa, laissant juste l’écho de sa voix terminer la phrase en suspens :
« ... je le ferais. »
Le ronronnement du Compresseur monta alors brusquement et Stuffy sentit le passage de son vaisseau en Transition. Il ne comprenait pas pourquoi Ralato le laissait partir. Ni même comment il avait réussi à l’atteindre, malgré la distance, voire à... retenir le moteur dimensionnel ? Les pouvoirs de Fabio, disait-il ?
Il eut soudain une intuition. D’un bon, il se précipita au poste de pilotage. Les systèmes automatiques indiquaient une arrivée imminente, bien plus rapide que le voyage programmé par Stuffy. Lorsque son petit croiseur réapparut dans l’univers normal, les doutes devinrent certitude.
Face à Stuffy, l’immense trou noir, créé quelques heures plus tôt, écrasait de sa majesté un malström de météorites et de débris en tous genres dans lequel son appareil fut vite emporté. Juste avant d’être broyé entre deux astéroïdes géants, Stuffy rit une dernière fois à gorge déployée, puisse cela atteindre les oreilles de son ancien ami.

Sur TB01, le ministre sortit de la cuisine et lança à ses hommes le signal du départ. Tout en remontant à la surface de la cité, il murmura entre ses dents :
« Oui. Je t’ai entendu, Stuffy. »


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RedU T1 Ch27 Ep10

Wed, 21 Nov 2018 00:37:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 10 : "Piège (4)"

La navette glissa silencieusement hors du hangar d’appontage et s’éloigna du croiseur mental en direction de TB01. À son bord, le ministre Ralato patientait, sanglé dans un treillis aux couleurs de la planète gazeuse, ainsi qu’un groupe d’assaut d’une vingtaine de soldats mentaux, tous lourdement équipés. Pour sa seconde visite au chef des Triades, fort probablement une chimère toute neuve de Stuffy, Ralato jugeait que le stade de la politesse diplomatique était passé, place à la force.
Lui-même ne portait qu’un simple revolver accroché à sa ceinture et un gilet pare-balle. Il ne se sentait plus l’obligation d’être bien armé pour partir au combat, un peu comme Fabio en son temps. Quelque chose lui disait que désormais plus rien ne serait jamais pareil, qu’il entrait dans une nouvelle ère. Toutes les impressionnantes facultés révélées dans le piège souriant n’étaient qu’un début, il pourrait aller bien plus loin que cela, bien plus loin que... Fabio. Car il était intimement persuadé que l’étrange Monsieur Loyal, et les petits objets translucides, qu’il voyait présentement flotter autour de lui, voudraient à tout prix éviter de reproduire la disparition de son frère et donc offrir à Ralato un pouvoir réellement infini. Ce n’était qu’une intuition, mais...
Sur son reflet chromé à la surface du fauteuil devant lui, il laissa quelques secondes un doigt glisser le long de la cicatrice qui marquait son cou de part en part. Il ne restait déjà plus qu’un mince filet rosâtre et le ministre devinait que d’ici peu elle serait totalement effacée. Existait-il dans l’Histoire des êtres revenus d’entre les morts ?
« Toi... tu l’avais vécu lors de notre capture par les Forces mentales… » pensa-t-il, l’image de Fabio enfant surgissant de ses souvenirs.
Sans préavis, le décor changea, le projetant à sa grande surprise dans les montagnes des Appalaches, le jour où...

Deux jeunes garçons jouaient dans la campagne. Devant eux, une chaine de belles montagnes où il faisait bon paitre pour les troupeaux avant l’hiver. À l’arrière, une vallée paisible où l’on devinait des petites fermes blanches, réparties tels des boutons de fleurs sur un pré en cette fin d’été. Ralato et Fabio, les deux rejetons de la famille Ouli, s’amusaient à cache-cache entre les gros rochers à flanc de parois et c’était au tour de Ralato de chercher. Leur jeu était un peu différent de celui des enfants ordinaires où on devait trouver son ou ses adversaires. Ici, la pente était assez dénudée et il y avait peu d’endroits susceptibles de dissimuler des garçons de sept ans. Assis en tailleur, Ralato devait se concentrer pour ressentir la présence de son frère, tandis que lui devait justement se masquer derrière un silence d’esprit parfait.
Au seuil de l’adolescence, les Mentaux développaient leurs facultés progressivement, des comportements particuliers qui, si elles étaient bien canalisées, feraient d’eux une élite de la société. Le pouvoir royal avait rapidement mis en place des services spécialisés, rattachés au ministère de la Défense, chargés de les découvrir et de les former à l’exercice de ce pouvoir peu commun. D’où certaines visites d’hommes en tenue médicale, parcourant les lieux scolaires et passant quelques heures avec les enfants qu’ils scrutaient de leurs yeux étranges. Comme la semaine dernière, à l’école…
Fabio sentait des gouttes de sueur glisser le long de sa joue. Il serrait fort ses petits poings et ses paupières : toute sa concentration se focalisait en un point blanc sur un fond noir. Grâce aux jeux avec son frère, il avait développé cette technique qui réussissait souvent à condition de conserver le point blanc bien en face de lui. Aucun bruit ne lui parvenait : tout allait bien, il restait invisible à l’esprit de son adversaire. Un vrombissement l’alerta, lointain, mais qui semblait se rapprocher ? Fabio inspira puis expira : un maudit avion passait trop bas et cela risquait de perturber ses efforts, mais le son augmentait et augmentait encore, on devinait des rotors. Le souffle de l’air changea de direction et ce fut un vrai vent qui tourbillonna maintenant autour de lui. Définitivement, sa concentration était compromise et le point lumineux venait de se brouiller avant de disparaitre. Il était inutile de se cacher, son frère pouvait le trouver sans aucune difficulté. Mais il ne se passait rien. Fabio jeta un œil et la scène qu’il découvrit derrière le rocher le laissa sans voix. Un énorme orthoptère était posé à quelques pas de son Ralato et plusieurs hommes en blanc l’entouraient, ainsi que des soldats armés...

Ralato écoutait les messieurs lui expliquer dans son esprit que ses parents étaient au courant, qu’il ne risquait rien, que le roi allait s’occuper de lui spécialement. Ils ajoutaient qu’il était un enfant à part avec de réelles qualités, mais le petit garçon pensait à son Fabio : il ne pouvait pas le laisser seul dans la montagne.
Quel frère ? Les hommes en blanc se regardèrent, interloqués. Ils se tournèrent vers les alentours, ouvrant grands leurs yeux comme l’avaient fait ceux qui étaient venus jouer, à l’école. Puis, l’un des nouveaux venus le prit par-dessous les bras et l’emmena dans l’engin volant :
Il n’y a personne ici, mon garçon, tu es certain qu’il n’est pas rentré ?
Mais oui, répondit Ralato. Il se cache, c’est tout, et il est très fort ! Il est là : devant le rocher du milieu.
Tous se figèrent devant l’apparition de ce frêle garçon tremblant qui venait de surgir comme par enchantement. Les soldats, aussitôt, se crispèrent : ils avaient compris qu’un imprévu se produisait. D’un regard, le sergent fit signe aux autres de se tenir prêts. Les hommes blancs hésitaient, débattant mentalement sur la conduite à adopter. Après un hochement de tête, l’un d’entre eux avança doucement vers Fabio, tandis qu’un second s’agenouilla aux côtés de Ralato :
Il se cachait comment, ton frère ? demanda-t-il.
C’est notre jeu : je ne dois pas ressentir sa présence et il est fort à ce jeu-là !
C’est vraiment ton frère ? Réponds-moi honnêtement, c’est important s’il te plait.
Oui. Il s’appelle Fabio et on est né le même jour ! Maman dit souvent que c’est un don de Dieu, même si Papa, il n’aime pas trop çà…
Le premier Mental consulta une fiche, se figea puis communiqua l’information à ses collègues :
Il dit vrai : Fabio Ouli, date de naissance identique. En fait, c’est l’ainé des deux de six minutes.
Soudain, leur attention fut attirée par l’homme en blanc auprès de Fabio : il tombait à terre, les mains crispées sur la tête. Un cri mental s’éleva au même moment dans l’esprit de tous :
« RALATO, ILS VEULENT NOUS EMMENER LOIN DE CHEZ NOUS ET FAIRE DE NOUS DES SOLDATS ! VIENS VITE, IL FAUT FUIR  ! »
Les autres en furent pétrifiés, assimilant difficilement tant d’informations : deux frères, Mentaux ? Impossible. De toute l’histoire des Mentaux de MaterOne cela n’avait jamais été. Et que dire d’un enfant capable de leurrer leurs pouvoirs, de foudroyer l’un des leurs et de projeter une onde mentale de cette puissance ?
Tout cela était im-pen-sa-ble !
Les soldats avaient également reçu le choc psychique, mais ils étaient entrainés pour ce genre d’évènements et conservaient leur sang-froid. Un genou à terre, leur chef leva son arme, suivi par ses subordonnés.
En joue ! hurla le sergent en visant Fabio.
Ne tirez pas ! Il nous le faut vivant ! lui ordonna un des infirmiers.
L’homme au pied de Fabio était inconscient, le jeune garçon focalisa alors le point blanc sur le militaire le plus proche qui le menaçait : immédiatement, celui-ci roula des yeux et cria, rejetant la tête en arrière. Les autres allaient lui faire du mal, Fabio l’entendait très clairement dans leurs esprits.
Bon Dieu, on fait qu... AAARGH ! hurla le sergent avant de s’écrouler.
Le dernier soldat ouvrit le feu au moment même où l’attaque mentale le frappait : il s’effondra à son tour sur le sol, alors que son arme tirait quelques cartouches, tuant net l’infirmier évanoui aux pieds de Fabio. Ralato regardait toute la scène, terrorisé. Il ne bougea pas jusqu’à ce qu’il voit son frère emporté par la dernière balle. Il se jeta hors de l’appareil et couru vers lui, près des rochers où il tomba à genoux à ses côtés :
Fabio ! Que s’est-il passé ? Qu’est ce que je dois faire ? Fabio !
J’ai mal… Ralato, j’ai… très… mal… murmura Fabio également en larmes sous l’impact et la douleur.
Le projectile lui avait traversé le poumon droit, se glissant entre deux vertèbres. Il ne pouvait plus respirer et suffoquait, en état de choc. Il voyait Ralato crier, pleurer devant lui, mais ne l’entendait plus distinctement. Par contre, le point blanc était réapparu tout seul sur ses yeux grands ouverts. Chose étrange, il bougeait et grossissait, semblant même vibrer. Fabio sentait ses dernières forces s’évanouir, mais il était captivé par le spectacle : le point s’était multiplié en des milliers d’autres, dansants maintenant autour de lui dans une farandole féérique. Progressivement, ils s’agrandirent, puis prirent des couleurs différentes, des formes anodines, translucides : une cafetière et un caillou parurent aux côtés de Ralato. Plusieurs instruments de musique, un pneu et une lampe de chevet tournaient dans le voisinage des hommes en blancs, mais une majorité voletaient près de Fabio lui-même. Leur lueur interne vibra, apaisant le jeune garçon qui prenait conscience du retour de ses forces. Encore quelques secondes et il put inspirer un grand volume, comme si ses poumons s’étaient regonflés malgré la blessure. Il hurla sous la douleur et sentit même de l’air s’échapper de sa plaie, mais il allait vivre, il le savait.
Il allait vivre !
Sa tête lui tourna, il tomba sans connaissance sur l’herbe rougie de son sang. Ralato continuait de pleurer : pauvre garçon impuissant devant les souffrances de son frère. Une piqure dans le dos, violente, il se retourna : les derniers hommes en blancs approchaient, porteurs de pistolets de forme étrange. Il les détestait tous, il allait se venger d’eux. Le jeune Mental se concentra, mais reçut une seconde piqure et ses forces déclinèrent. Tombant à terre, il hurla sur ses ennemis sa colère. Ceux-ci s’arrêtèrent, l’un d’entre eux recula même d’un pas. Mais les paupières de Ralato étaient devenues de plomb, malgré toute la rage qu’il ressentait. Une dernière fléchette anesthésiante acheva le travail et le garçon sombra à son tour dans l’inconscience. L’image qu’il conserva fut celle de ce gros engin volant qui avait déchiré la naïveté de leur enfance en y apportant violence et mort.

Un avertisseur ramena brusquement Ralato à l’instant présent : les radars clignotaient, signalant par plusieurs points ce qu’on lui décrivit comme des missiles verrouillés sur leur navette.
Le ministre se surprit alors à sourire : jamais aucun tir n’avait pu toucher Fabio et ce n’était pas un hasard. Le Stuffy souriant avait donc compris ses intentions et relevait le gant.
« Un excellent moyen pour tester mes nouvelles capacités. » songea Ralato.
Il en appela aux centaines de petits objets translucides qui flottaient dans l’habitacle et ceux-ci s’empressèrent de lui communiquer autant de force qu’il le souhaita.


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RedU T1 Ch27 Ep09

Wed, 14 Nov 2018 00:31:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 09 : "Piège (3)"

Comme lorsque l’on relâchait un objet qui pesait, Ralato libéra les membres de son équipage. Sur une pensée, il demanda de l’aide à deux de ses hommes qui l’assistèrent pour se rendre dans ses quartiers. Ce ne fut qu’assis sur son lit qu’il leur transmit ses derniers ordres, puis les congédia avec recommandation stricte de ne pas le déranger.
Les quelques croiseurs règlementaires militaires dans la nébuleuse étaient déjà en route pour les rejoindre en protection ; quant au nouveau Stuffy souriant, il devait sans doute s’interroger sur ce retour inopiné. L’équipage avait également pas mal de travail pour peaufiner et vérifier l’état général du vaisseau, ce qui laissait à Ralato quelques heures pour se reposer et essayer de comprendre ce qui venait de se passer.
Il enlevait ses bottes, quand un tournis l’obligea à s’allonger plus vite que prévu. Au plafond, grouillaient ces petits objets translucides multicolores qui flottaient, comme attentifs. Ralato en avait tant entendu parler...
« Quand je pense que je n’avais jamais cru Fabio lorsqu’il vous décrivait. Même ces derniers temps, je n’y voyais que des effets résiduels de la fatigue... c’est fou. »
Ralato resta une poignée de minute à les observer, comparant tailles et couleurs, réactivité ou luminosité à la recherche d’une quelconque classification. Malheureusement, rien ne les distinguait réellement les uns des autres, tout au plus pouvait-il concéder à certains une forme un peu plus originale, mais cela frisait l’anecdotique.
« Nooous ne sommes que des refleeeets dans cette dimeeension ! »
Debout à l’horizontale, les pieds posés sur le mur à la tête du ministre, Monsieur Loyal lui adressait son plus beau sourire. Ses formes arrondies claires et sombres, et une absence d’ombre portée, en faisait une caricature de spectre un rien effrayant à quelques centimètres de soi. Avant que Ralato n’ait eu le temps de réagir, celui-ci claqua des doigts et toute la pièce devint blanche. Non pas que tout ait disparu, non, juste comme si toutes les couleurs s’étaient envolées, comme si une unique matière laiteuse et matte recouvrait soudain chaque objet présent dans la chambre. Les formes translucides demeuraient impassibles, bien que cette fois certaines se décollèrent du plafond pour remplir l’espace vide.
Loyal se plissa l’abdomen et le laissa retomber dans un grand bourdonnement caoutchouteux tout en claquant dessus, visiblement satisfait. Il enjamba alors une lampe murale et se lança dans une petite marche sur la surface, n’hésitant pas à poursuivre son chemin sur le mur de droite, enjambant l’angle comme s’il n’existait pas. Il chantonnait un air de musique, sans que cela n’évoque le moindre souvenir dans la mémoire de Ralato, et semblait parfaitement content de lui-même. Le ministre n’était pas du genre à manquer une occasion, même face aux extravagances de Loyal, et malgré cette lourdeur qui perturbait sa concentration, il posa la question qui paraissait le plus évidente :
« Qui êtes-vous ? »
L’étrange bonhomme s’arrêta au milieu de sa lancée et tendit comme un arc le doigt vers le centre de la pièce. Suivant ce geste, les petits objets translucides s’y amalgamèrent alors en une forme de boite surplombée d’un nœud que Ralato reconnut immédiatement, non sans surprise :
Un paquet cadeau ?
Nooous nous soumettons à tes dééééésirs, répondit l’autre simplement et il ajouta la phrase qui résonnait encore dans l'esprit de Ralato : nous serons désormais avec toooooi pour t’offrir ce dont tu auraaas besoin. Pour toooujours...
...et pourquoi ?
Certes, Ralato venait d’entrouvrir cette dernière heure les portes d’une magie inégalée, sinon par Fabio lui-même… mais il doutait qu’il n’y ait pas de plans, d’objectifs, voire d’intérêts à défendre derrière tout cela ; c'était une loi immuable dans cet l'univers... ou ailleurs. Ces êtres qui aidaient Fabio depuis le début portaient maintenant leur dévolu sur lui et cela demandait des justifications.
À sa grande surprise, le fringuant Monsieur Loyal tomba soudain à genoux, le faciès défiguré, déformé par un chagrin tel que le ruissèlement de ses larmes inonda bien vite le mur sur lequel il se tenait. Apparemment, ses pleurs ignoraient tout autant que lui certains principes de la gravité.
Iiiiilllll n’eeeeesssttt... PPPLLLUUUUUUUUUUUUSSSSSS ! hurla-t-il, désespéré.
Qui n’est plus ?
Mais... mais lui ! lança l'autre, un brin d’étonnement dans la voix alors que le cadeau se transformait en un visage bien connu de Ralato.
FABIO !
Ainsi, ce qui était redouté avait fini par se produire : son frère n’était plus et, mécaniquement, « ses petits amis » (comme il les appelait) s'étaient rabattus sur lui. Sauf que quelque chose clochait :
« Comment peut-il être mort, alors que vous avez réussi à me sauver, moi ? »
L’autre redoubla de sanglots, partageant, surjouant un désespoir que Ralato traduisit comme une interprétation de chagrin destiné à se faire comprendre. Mais la nouvelle n’en demeurait pas moins brutale et cette comédie ne l’aidait pas à se faire une idée ce qui était arrivé. Il insista donc :
Répondez-moi !
C’est le FFFFaiseur qui l’a maaaangé ! On ne peuuuuut pas sauver quelqu’un mangéééééé par le fffffaiseur, c’est impos’ible !
Le « Faiseur » ?
L’autre renifla, tête baissée, mais l’on sentait qu’il se reprenait, ou montrait qu’il allait s’en remettre. Dans un soupir, il se redressa et commença une série de moulinets, semblables à ceux de Ralato dans le piège souriant. En réponse, les objets au centre se murent pour prendre la forme d’une monstruosité dont seule la gueule ressemblait clairement à quelque chose. Une apparition que l’on pouvait imaginer être un bipède se matérialisa sur la droite, il ne mesurait pas plus du quart de la chose. Immédiatement, des dizaines de créatures surgirent du corps géant et se ruèrent sur le nouvel arrivant. Ils finirent simplement par le porter jusque dans la bouche de la bête qui se referma. Pendant quelques secondes, la scène resta figée, puis les ustensiles multiples se séparèrent, reprenant leur place dans l’espace de la pièce blanche. Loyal enchaina :
Nalcoēhuals méchaaaants, ils ont trahiiiiis notre ami et ils attaaaaaquent les humains !
Mais, mon frère Fabio, comment est-il arrivé là ? De quoi parles-tu, espèce de fou ?
L’étrange personnage tendit alors les bras et, cette fois, les objets translucides formèrent un anneau au milieu duquel des images apparurent. Cette sorte de projecteur holographique révéla une bataille titanesque entre des dizaines et des dizaines de croiseurs qui faisaient feu de tous bords. Les carcasses brulées flottaient entre les chasseurs qui s’acharnaient dans un combat les dépassant. Le profil d’une partie de ces appareils écarta un court instant les autres pensées de Ralato :
C'est la Flotte mentale ? Ils sont attaqués ?
Les Nalcœhuaaaaals sont au seeeeervice du FFFFaiseur. Ils pensent aaaavoir gaaaaagné, car notre ami n’est pluuuuus alors ils vieeeeedront jusqu’ici et ils...
L’anneau se détendit puis, d’un coup, se contracta pour exploser en une multitude d’objets translucides qui voletèrent doucement jusqu’à leur place originale. Loyal termina sa phrase en claquant ses mains l’une contre l’autre :
... écraseront les hooommes.
Nalcoēhuals ? Faiseur ? C’est quoi : une autre histoire de domination et de conquête et Fabio voulait empêcher ça ?
Ouuiiiiiiiiiii !
Qu’avez-vous à y gagner ? Et comment réussir là où mon frère a échoué, alors vous étiez avec lui depuis... depuis notre « recrutement » quand nous étions enfants ?
Ralato assemblait progressivement chaque pièce du puzzle, mais il ne croyait pas en l’assistance désintéressée de Loyal ( qui avait par ailleurs déjà évité une fois de répondre à cette question).
Nous vous aimoooonsss ! cria Loyal, les bras en l’air et une bosse déformant son entrejambe.
Ralato resta quelques secondes sans voix devant cette vision. Il ne trouva malgré tout pas de réponse pertinente, bredouillant un...
« Aimer dans le sens... manger ? Ou comme une... attraction d’esprit à esprit ? »
Cette bosse que le petit bonhomme rondouillard pointait allègrement le destabilisait : que voulait-on donc lui faire comprendre ? Il s’esclaffa alors, tombant à la renverse à la perpendiculaire de son mur et tout s’évanouit soudainement : le blanc omniprésent, Loyal et une majeure partie des objets translucides. Ralato aurait pu croire qu’il avait rêvé si une voix ne s’insinua dans sa tête (faisant fi de ses barrières) et lui susurra la seule explication qu’il pouvait entendre :
« Les ennemiiiiis de mes ennemiiiis sont mes amiiiiis... »
Oui, ça par contre le ministre de la Sécurité l’acceptait comme une réponse plausible. Il s’endormit là-dessus, offrant à son corps et son esprit meurtri une bonne heure de repos.


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Tristan: narration & Ralato, AngelusY: Loyal, Derush/montage:Guilitan/Mik180, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch27 Ep08

Wed, 07 Nov 2018 00:46:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 08 : "Piège (2)"

Ralato sursauta une dernière fois. Un ultime spasme, alors que son cœur abandonnait le combat. Le corps non irrigué glissa finalement sur le sol, rebondissant comme au ralenti du point de vue de son détenteur. Ses yeux figés virent distinctement la chimère Stuffy-Quartmac se faufiler à ses côtés pour méticuleusement lui ouvrir la gorge, chose que les sensations de sa peau lui confirmaient. La tâche à moitié effectuée, elle dut s’arrêter momentanément pour se retenir au fauteuil riveté, sans doute à cause de l’impact de quelque objet céleste contre le vaisseau. Ralato, dont la vue devenait floue, découvrit que les sensations de son corps n’avaient pas encore toutes disparu, car les cervicales étaient toujours en place, mais plus rien ne réagissait. La chimère reprit son ouvrage et terminait de couper la carotide droite lorsqu’enfin plusieurs officiers du centre de commandement la maitrisèrent.La lumière ambiante diminua progressivement alors que son cerveau commençait déjà à se refermer sur lui-même, faute d’apport en oxygène. Des petits flashs blancs parcellèrent quelques instants les dernières visions transmises par sa rétine, puis soudain... plus rien, à l’image de toutes les impulsions nerveuses qui se taisaient définitivement.
La mort.
Ainsi, c’était de cette manière que tout allait finir. L’humanité, l’Exode, son frère Fabio, les Forces mentales... tout cela devrait se poursuivre sans lui. Comme dans les légendes urbaines, alors que le néant représentait son unique et ultime horizon, un étrange tunnel de lumière lui apparut. Ralato s’en approchait-il lentement ou cela venait-il vers lui ? Aucune idée, mais le passage s’agrandissait, il pouvait sentir de cette... chose une douce émanation, une paix qui l'appelait à l'ultime repos.
Les Forces mentales avaient souvent suivi ce genre d’expérience dans les esprits des mourants, mais peu, hormis Fabio, avaient réussi à rester assez longtemps pour voir « l’après ». Le voici donc, ce moment où l’âme s’en allait vers l’au-delà, se noyant dans cette attrayante lumière au centre de laquelle cette silhouette rondouillarde lui ouvrait ses bras...
... une silhouette rondouillarde ?
Le corps de Ralato se stabilisa devant ce qui se révéla être un bonhomme assez petit, mais gros, grimé en Monsieur Loyal, comme dans les spectacles de cirque. À la différence que le maquillage de celui-ci épousait trop bien une forme de visage à la limite du caricatural, faite de lignes étirées et d’inquiétantes pupilles noires. Même sa tunique en queue-de-pie présentait quelque chose de faux, de... presque ressemblant. L’autre l’enlaça et lui fit la bise, enfin quelque chose simulant une embrassade, mimant tel un enfant ce qu’il aurait entrevu chez ses parents. Il claqua ensuite une main sur le front de Ralato et le fixa les yeux dans les yeux, un sourire au coin des lèvres. Une voix grinçante monta alors dans la tête du ministre :
Veux-tu viiiivre ?
Oui, pensa Ralato sans réfléchir.
Qu’es-tu prêêêêt à donner en échaaaange ?
Je ne sais pas, je veux vivre. Je veux poursuivre ma tâche.
Bieeeeen, répondit l’autre, énigmatique. Ta répoooÔnse t’engage, nous saaaaurons te le rap’peler.
Puis, aussi simplement que cela, il retourna Ralato sur lui-même, face au néant d’où il venait. Sur un geste de Monsieur Loyal, s’allumèrent alors des milliers, non... des millions de petits objets translucides colorés de toutes sortes et de toutes formes. C’était un océan de lumière dédié aux seuls yeux du ministre de la Sécurité, quelque chose d’une intensité, et d’une beauté, qui dépassait même celle du tunnel devant — théoriquement — l’entrainer dans un monde meilleur.
Il ne pouvait toujours pas bouger, juste penser, mais il entendit très distinctement la bouche de Loyal qui lui chuchota à quelques centimètres de son oreille gauche :
« Nous sommmmes désormais avec toooooi pour t’offrir ce dont tu auraaas besoin. Pour toooujours... »
L’ensemble de la vision de Ralato se déforma soudain, s’étirant comme la surface d’un métal liquide qui serait aspiré par un quelconque interstice en son centre. Il entrevit à peine une sorte d’ombre géante en forme de mâchoire de cauchemar le happer, puis plus rien.
Ralato ouvrit les yeux.
Il se tenait debout, dans la salle de commandement du croiseur mental. Sur les parois aux verres fendillés, un gigantesque trou noir apparaissait au centre d’une spirale de poussière et de pierre. Cette singularité improbable, œuvre d’un piège souriant, n’était destinée qu’à le détruire, lui. La simplicité du plan lui apparut : d’abord des membres des Triades accumulant durant des semaines suffisamment d’antimatières aux abords d’une naine bleue pour déclencher une réaction en chaine. Ensuite, le choix des coordonnées par le Stuffy-Quartmac souriant pour que les radiations empêchent le Compresseur de s’initialiser, son multi clonage pour prendre la relève alors que cette chimère mourante s’engageait dans un suicide. Et quelques preuves d’un passé déjà connu des Souriants pour l’appâter.
Devant lui, les opérateurs et le Stuffy-Quartmac le regardaient, tétanisés. Il se demandait pourquoi, lorsqu’il sentit soudain ses bras se baisser... pour recoller sa tête. La violente inspiration de ses poumons brulants manqua de le faire tomber tandis que toutes ses sensations lui revenaient d’un coup. Son cœur lui hurla la douleur de sa guérison forcée, ses côtes se ressoudaient alors que sa gorge pleurait à la suite de sa cicatrisation contre nature ; tout son corps lui rappela que tous deux vivaient une impossible résurrection et qu’il ne l’appréciait pas.
Par réflexe, Ralato s’accrocha à son siège, un filet de bave lui déborda des lèvres pour se fondre dans le duvet du fauteuil. Son muscle cardiaque battait bien plus vite qu’à l’accoutumée, sa respiration ne semblait plus vouloir finir ses vas et viens, comme si tous tentaient de récupérer les instants perdus. La tête lui tourna encore plusieurs secondes durant lesquelles son cerveau absorba l’afflux de sang frais regorgeant d’oxygène, puis, petit à petit, il reprit le contrôle de ses sens.
« Le vaisseau, il est en danger », fut sa première pensée.
Les grondements se succédaient aux étincelles et aux hurlements des opérateurs qui cherchaient courageusement de retarder l’inéluctable : leur appareil était condamné et eux avec. Grommelant plus que parlant, Ralato éructa quelques mots qu’aucun de ses hommes ne perçût ni n’aurait sans doute compris. Mais les Mentaux possédaient d’autres moyens de communication que la voix. Il se laissa glisser jusqu’à s’assoir dans son siège, puis se synchronisa en une fraction de seconde avec tous les marins et Mentaux présents à bord. Il ne leur envoya qu’un message :
« Avis général, ici le ministre Ralato. Nous allons nous sortir de ce piège, n’interférez pas dans le contrôle que j’exercerai sur vos corps. »
Et comme un seul homme, tous se murent tels des automates, sans autre réflexion que celle d’un spectateur devant un écran de multivision. Ne faisant dorénavant plus qu’un avec chaque membre du croiseur, Ralato se reporta sur le trou noir. Il n’était pas de la pire catégorie, mais suffisamment pour garantir une mort certaine à ceux qui entraient dans sa zone d’attraction. Pour lui échapper et éviter les collisions, malgré les terribles dégâts déjà infligés au vaisseau, il allait falloir plus qu’une bonne organisation interne. Il leva les bras, sans trop être convaincu de ce qu’il faisait et... repoussa les astéroïdes, rochers et fragments qui les menaçaient.
Ce n’était pourtant pas assez.
Ralato inspira un peu plus, gonflant ses derniers alvéoles encore contractés à la suite de sa pseudo mort, et relâcha ses nouveaux pouvoirs sur l’énorme brèche à l’arrière de son appareil. Jusqu’à plusieurs milliers de kilomètres, des morceaux de titanes, d’alliages ou des fluides de toute sorte revinrent plus ou moins s’agglutiner dans un simulacre de ce qu’ils formaient avant l’explosion. Même plusieurs cadavres congelés de techniciens qui se trouvaient à proximité se réchauffèrent soudainement en hurlant, dans l’espace intérieur recréé.
Les systèmes se réactivaient. Au travers de ses opérateurs, il reprenait le contrôle des tuyères secondaires et la coque redevenait hermétique pour une bonne partie. Se sentant de mieux en mieux dans un corps qui récupérait très vite de son traumatisme, Ralato se lança dans un ballet de mouvements avec ses avant-bras. Alors que des astéroïdes géants changeaient brusquement de direction, les délicats circuits du vaisseau se reconnectaient, les tuyaux ou les antennes se ressoudaient, l’appareil redevenait opérationnel.
Mais cela ne suffira toujours pas pour échapper au piège.
Tout à ses réparations ou au contrôle de ses hommes, Ralato ne prêtait pas d’attention aux agissements de Stuffy-Quartmac. Bien que pétrifié par ce qu’il voyait, le clone sut se reprendre vite en comprenant que Ralato était au centre de toute cette magie. Compte tenu des capacités que le ministre déployait sous ses yeux, tout devenait possible, même l’échec d’un plan si durement préparé. Dans un hurlement débordant d’une rage inattendue, la vieille chimère se jeta sur le miraculé, le couteau visant l’orbite gauche pour atteindre l’intérieur du crâne.
« RALAAATOOOOOOO ! »
Ralato ne détourna pas son attention, tout juste leva-t-il un petit doigt au milieu d’autres mouvements et ce ne furent que quelques fragments d’os un peu rouges qui tachèrent son pantalon. L’arme traditionnelle roula sur le sol et termina sa course contre le support du fauteuil de commandement. La chimère s’était littéralement désintégrée en l’air, comme passée au tamis de mailles moléculaire.
L’ultime miracle se produisit peu après, quand tous perçurent le ronronnement du compresseur, quelques secondes avant que l’engin ne s’élance entre les dimensions. Les coordonnées de milliers de sauts interdimensionels avaient été préalablement injectées dans les puissants calculateurs du vaisseau, incapables de fonctionner au milieu des interférences propres à la zone du trou noir. Les nouveaux amis de Ralato lui avaient offert ce cadeau comme gage de leur bonne volonté.
Une poignée de secondes plus tard, alors que le croiseur réapparaissait en orbite de TB-01, Ralato ne put s’empêcher d’admirer la mer de formes translucides qui imprégnait l’espace face à lui. On aurait pu croire que son vaisseau glissait sur elle, tels les anciens bateaux naviguant sur les océans. Une petite voix grinçante monta dans sa tête, rappel d’une promesse de pouvoir infini :
« Nous serons désormais avec toooooi pour t’offrir ce dont tu auraaas besoin. Pour toooujours... »


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RedU T1 Ch27 Ep07

Wed, 31 Oct 2018 00:44:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 07 : "Piège (1)"

Je te demande pardon ? C’est de l’humour souriant ?
Hé non, mon grand. Te souviens-tu que nous en avions parlé avec un ancien dans son échoppe du centre urbain ? Cela s’était révélé un piège, mais en creusant dans les archives de la communauté, pour rechercher des informations sur l’au-delà de la Passe de Magellone, je suis tombé sur des choses...
Il manipula la même commande dans son vêtement et le premier hologramme se réduisit, laissant large place à...
Une frise temporelle ? s’en amusa Ralato. Tu comptes me donner un cours d’antiquité ?
Pas exactement. Mettons plusieurs faits côtes à côtes : notre histoire remonte à cinq-cents années environ, une interdiction de l’archéologie sévèrement tenue par le pouvoir royal, et maintenant par la république, bloque toute velléité de connaitre le passé plus lointain. Nous avons, tous les deux, découvert sur Talbot d’anciennes galeries creusées artificiellement aux traces antérieures à la période autorisée et dont les proportions ne nous sont pas communes.
Plus proche de nous : la structure même des Forces mentales, et du parcours individuel de chaque Mental, implique que dès les tous débuts, ils furent acceptés et intégrés par les populations. Or ce n’est pas logique, ils auraient dû être ostracisés un moment, comme toute branche humaine différente. Aucune trace de cela, même dans les archives des Forces mentales qui remontent à... cinq-cents ans. Tout juste évoque-t-on des sortes de mercenaires-Mentaux qui parcouraient la planète que le roi d’alors regroupera sous l’égide des Forces mentales.
Tout en s’expliquant, Stuffy se redressa et effectua quelques pas au travers de la représentation.
Je ne te parle pas ici de ces légendes de surhommes à faire pâlir même ton frère Fabio, des nombreuses preuves scellées, dissimulées, voire détruites par la royauté aux quatre coins de MaterOne — ici aussi, figure-toi.
Et enfin, réponds donc à cette question : si l’être humain est une créature ayant plus de cinq-cents années, et malgré l’interdiction de l’archéologie, pourquoi aucune trace de sa civilisation passée ne subsiste-t-elle ? Je ne sais quels murailles, lieux de culte ou viaducs plus anciens, vestiges d’un passé où nous nous serions développés ?
Il se redressa face au ministre en montrant du doigt le début de la frise.
Ralato : nous ne sommes pas apparus sur MaterOne telle une génération spontanée il y a cinq-cents ans, avec des vaisseaux spatiaux et une civilisation aboutie ! Nous avons conquis cet endroit à l’aide de Mentaux !
Le ministre observait le clone de son ami expliquer avec une certaine fébrilité sa vision de l’histoire cachée de l’humanité. Certes, le sujet était intéressant et aurait mérité d’ouvrir lieux et archives à des spécialistes, cependant, la situation actuelle demandait de concentrer ses efforts sur d’autres questions. Ralato se redressa à son tour, le rejoignant :
Tu as peut-être en effet mis la main sur un tigre-loup... mais j’ai besoin que notre économie redécolle maintenant, avant que chacun ne se décide à créer un petit pays indépendant tout seul dans son coin. Et les Souriants en ont la clé avec les fonds bloqués.
La chimère de QuartMac sourit, un peu par résignation, un peu parce qu’elle devait connaitre par avance la réponse du ministre.
Oui... toujours s’inscrire dans le temps présent, hein, mon Ralato ? Un jour, en raison de tes nouvelles fonctions, tu sauras voir au-delà du court terme. Il glissa ses avant-bras dans ses manches puis poursuivit :
Je m’occupe de débloquer les fonds, mais en échange, peux-tu venir visiter avec moi un lieu à quelques encablures d’ici ? C’est une ultime preuve très impressionnante et tu repartiras après avec une copie de toute la documentation que j’ai récoltée patiemment. Tu pourras l’étudier plus tard à ta convenance.
Le ministre regarda une dernière fois la frise qui flottait dans les airs au-dessus du duo. Oui, que se trouvait-il derrière les trois petits points avant les cinq-cents premières années de la civilisation ? L’idée lui traversa même l’esprit que c’était peut-être cela que cherchaient Poféus et Fabio durant la révolution Castiks. Il baissa la tête vers Stuffy et ne vit qu’un vieux semi-Souriant qui patientait calmement dans l’attente d’une réponse, alors qu’il venait de présenter plusieurs longs mois de furetage intensif.
Ralato accepta donc le marché, mais sous la seule réserve que le duo ne se déplace qu’à bord du croiseur mental. Une navette avec le plein permettrait au chef des Triades de revenir par ses propres moyens, alors que le ministre poursuivrait ensuite son chemin en direction MaterOne.
Son hôte répondit, énigmatique :
« Biànlùn Bei guānbì, le débat est clôt. »

*

« C’est une merveille de technologie, dis-moi. Très impressionnant ! »
Les yeux de Stuffy Souriant se baladaient sans arrêt de droite à gauche, posant question sur question pour chaque organe, chaque élément de structure quand il n’interrogeait pas directement un opérateur au travail devant une console. La consigne avait bien circulé et tous attendaient le hochement discret de tête de Ralato pour répondre. Stuffy avait beau être un de leurs anciens collègues, et même une légende dans les Forces mentales, la nouvelle de l’attentat mutualiste avait relativisé les limites de sa fidélité supposée.
On apporta au ministre un relevé des cartes de la destination, selon les coordonnées du chef souriant. Un petit champ d’astéroïde, il faudrait naviguer aux radars, mais l’engin dernier cri dans lequel ils voyageaient savait gérer ce genre de choses. À priori, aucun danger n’était à redouter tant qu’ils resteraient dans le croiseur. Tout heureux de discuter technique multispatiale avec un des ingénieurs, Stuffy semblait vraiment plus s’amuser à découvrir un nouveau jouet, qu’ourdir un quelconque complot. De plus, il venait avec eux donc normalement, si piège il y avait, ce serait plus subtil qu’un simple trou noir dissimulé par les Souriants.
Où est-il prévu que je m’assoie ? Tu comprends, à mon âge... hé, hé, hé !
La phrase ramena Ralato dans le centre de commandement du croiseur. Il trouva une solution rapide à cette question sensible :
La Transition ne durera qu’une petite minute. Tu prendras mon fauteuil et je resterai debout à tes côtés, cela te convient-il ?
Parfait ! J’allais justement te demander ne pas t’éloigner, car ma vieille voix m’empêche de crier. D’ailleurs, je crois avoir entendu que les discussions mentales internes étaient soumises à une règlementation stricte ?
En effet, elles dépendent du poste ou plus exactement elles ne sont autorisées qu’entre certaines zones. C’est le boulot des amplificateurs, ils permettent de dialoguer tout le long du vaisseau, mais en contrepartie ils bloquent toute communication hors des clous.
Prépare-toi, nous partons...
Un petit ronronnement lointain se fit ressentir quand le Compresseur de dernière génération s’activa et, immédiatement, les vagues colorées de la traversée en Transition remplacèrent l’espace féérique de la nébuleuse. Le voyage allait les emporter dans l’extrémité inférieure du nuage principal de Talbot, un endroit peu riche en Lithium et assez déserté des colonies minières (ce qui, vu les dimensions de l’ensemble, laissait présager l’absence totale de présence humaine).
L’écran supérieur égrenait un compte à rebours qui touchait déjà à sa fin. Stuffy se pencha vers Ralato pour lui chuchoter discrètement :
Tu vas être impressionné. Les artéfacts trouvés là-bas valent vraiment le détour. Je tenais à ce que tu les vois personnellement avant de rentrer.
On va les admirer ensemble, puisque tu sembles adorer me servir de guide, répondit l’autre un sourire aux coins des lèvres.
Hé, hé, hé. Tu vas comprendre. Attention, nous arrivons.
Les couleurs de la Transition s’estompèrent pour laisser place à... un cauchemar. De puissants éclairs zébraient le firmament, alors que des vents stellaires balayaient le vide en entrainant des amas de météores dans une farandole follement dangereuse. Les rares moments où le croiseur mental réussissait à se stabiliser, l’espace censément obscur n’était lui-même qu’un malström sans logique, rayé d’explosions et de flashs lumineux.
Toutes les alarmes rugirent en même temps à la présence proche d’un trou noir d’une catégorie élevée, générateur de cet intense chaos ! Le vaisseau se cambra alors que certains opérateurs basculaient de leurs chaises pour glisser le long des coursives et Ralato ne put que s’accrocher à son fauteuil, à quelques centimètres du Stuffy souriant.
MAIS QU’EST CE QUE C’EST QUE CELA ?
Je t’avais déjà dit que tu étais trop prévisible, mon Ralato, lui répondit l’autre d’une voix toute différente.
D’une vivacité que son état ne présupposait pas, le clone sortit une longue lame rituelle effilée et la planta à la hauteur du cœur de Ralato ! Celui-ci ouvrit les yeux, inspirant instinctivement sa dernière bouffée d’air alors que Stuffy, de son autre main, activait un connecteur de sa manche libre.
Dans le hangar, l’antimatière dissimulée à l’intérieur du réservoir de lithium fut libérée de son champ de confinement. La fusion des atomes et de leurs opposés déclencha une éjection d’énergie d’une intensité fabuleuse malgré les quantités impliquées. La rage de l’explosion emporta l’endroit ainsi que presque un tiers du puissant croiseur, dépressurisant des pans entiers de couloirs et de ponts, congelant ou asphyxiant toutes les personnes présentent sans équipement.
Au centre de commandement, Ralato glissait le long du fauteuil sous les tremblements consécutifs de la déflagration. La poigne des bras noueux du Stuffy souriant le maintenait, malgré tout, bien enfoncé sur le couteau :
... que... Stuff...
Je ne suis pas Stuffy. Je ne suis que l’un de ses multiples clones et nous allons tous mourir ici.
D’un coup de poignet, il tourna le couteau traditionnel souriant sur lui-même, sectionnant définitivement les valves du cœur du ministre mental.


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RedU T1 Ch27 Ep06

Tue, 23 Oct 2018 23:05:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 06  : "Talbot"

Plusieurs ouvertures se dégagèrent à la base de l’immense croiseur qui s’approchait de la brume en surface de TB-01 et de puissants compensateurs de gravité s’activèrent alors, repoussant sans ménagement les nuages de Lithium. À une poignée de kilomètres, faisait face la cité administrative et minière de Kyuang, large métropole flottante au milieu d’une nuée infinie. Le dernier appareil de l’armada mentale encore en activité dans cette partie de l’univers venait troubler la quiétude toute relative dans ce centre urbain de la Nébuleuse de Talbot, haut lieu de la production si cruciale du Lithium.
De nombreux badauds s’amassaient le long des baies vitrées géantes de la ville pour assister à ce spectacle. Les gros cargos transportant le gaz liquéfié restaient invariablement hors de l’atmosphère, pour des raisons pratiques comme de sureté, et même les convois de voyageurs opéraient par rotations de navettes depuis l’orbite spatiale. Mais là, le ministre de la Sécurité de l’humanité, Ralato Ouli, ne voulait pas prendre de pincettes. Un État montrait toujours plus facilement ses muscles quand il était affaibli et c’était le cas en ce moment ; entre la terrible crise économique qui frappait la civilisation et l’instabilité psychologique (qui finissait par se savoir malgré ses efforts) de son Chancelier suprême, seul Ralato tenait les rênes de ce qui fonctionnait encore. Il ordonna au commandant de réaliser un accostage directement contre la ville et d’ouvrir le large sas extérieur. Ce fut donc accompagné d’une petite poignée d’agents de sécurité mentaux, en uniformes tirés à quatre épingles, qu’il effectuât ses premiers pas sur la cité souriante.
De nombreux officiels attendaient sur le promontoire, tous porteurs d’un indispensable casque respiratoire. Si la planète était habitable d’un point de vue atmosphérique ou gravité, l’organisme humain ne pouvait survivre plus de quelques secondes à son air saturé de gaz. Peu importait, il suffisait alors d’un équipement simple et d’une paire de gants souples pour se déplacer hors de l’enceinte protectrice de la ville, comme pour les travailleurs des raffineries auxiliaires qui recouvraient TB-01, par exemple.
Ralato contempla quelques secondes la mer de nuages au-dessus de laquelle flottait la station. Celle-ci touchait l’horizon de son duvet cotonneux, tandis que les couleurs fauves du ciel se mélangeaient au gré de la nébuleuse vers laquelle la rotation de la planète l’emportait. Le lieu offrait un opéra féérique aux yeux de l’observateur naïf, pourtant c’était ici que lui et l’agent Stuffy avaient violemment affronté le redoutable maitre mental Monsieur Heir et ses élèves Hou Niáo et May Rui Yan. Une cascade d’évènement s’enchainèrent à la suite de cette bataille, aboutissant à la chute du même Monsieur Heir et à la disparition du Stuffy d'origine. C’était durant ces évènements que les hallucinations de Ralato concernant des petits objets translucides avaient commencé et cela ne s’était jamais vraiment arrêté. Ce n’était pas permanent, plutôt... récurrent.
Stuffy s’était préalablement dupliqué quatre fois, dans des corps du professeur QuartMac, en prévision de leur combat final avec le maitre mental. Il offrit ainsi à Ralato l’aide précieuse de collaborateurs loyaux qui s’empressèrent de remplacer Heir chez les Souriants et les Mutualistes ainsi que Ralato — devenu ministre — chez les Forces mentales.
Aux dernières nouvelles, le terrible attentat de « la rue du Mur » était officiellement attribué aux Mutualistes (le doute n’était de toute façon pas vraiment permis) ; lors de sa dernière communication, l’ultime Stuffy officiant au ministère avait garanti qu’il allait s’en occuper personnellement. Pas de nouvelles depuis, mais Ralato avait confiance et se préparait d’abord à sa rencontre prochaine avec le Stuffy à la tête des Souriants. Des rapports inquiétants exprimaient des soupçons quant à sa loyauté envers ses anciens amis et le compte rendu du Professeur QuartMac, évoquant les modifications possibles de la psyché des chimères non matures (comme celle des Stuffy), n’arrangeait rien. En résumé, Ralato ne savait pas à quoi s’attendre, sinon à des relations bien différentes avec ce Stuffy-là, en comparaison de sa précédente venue en ces lieux.
Une fois les salutations d’usage accomplies, un convoi de plusieurs véhicules aux vitres teintées conduisit le ministre à la mairie pour une première réunion de travail... parfaitement simulée. Car, dès son entrée dans le bâtiment, on lui présenta une discrète sortie où patientait un second transport en provenance du croiseur mental. À ce jeu de passepasse, Ralato se retrouva au sous-sol d’une résidence luxueuse, à l’extrémité nord de la cité. Ce fut face à une imposante porte de bois rouge que cessa son périple. Elle était incrustée de moulures et de bas reliefs racontant certaines scènes épiques de la colonisation de Talbot et des symboles souriants, très abstraits pour Ralato, en ponctuaient les angles. Alors qu’il cherchait un quelconque carillon, une voix frêle et toussotant monta de derrière le battant, l’invitant à entrer.
Ralato s’exécuta.
Si ses informations étaient exactes, et elles l’étaient, il s’agissait d’une des salles de réunion des Triades, ces redoutables organisations mafieuses qui régissaient l’économie souterraine (et pas uniquement) de la culture souriante. Ambiance tamisée et délicates tentures, les tons rouges et ocres dominaient entre ces quatre murs soutenus par les massives statues des divinités ancestrales représentant une tortue-serpent, un tigre-loup, un chauve-phénix et un dragon. Au centre de la pièce, sous un cône de lumière crue, en tenue traditionnelle, la chimère de QuartMac (Stuffy Souriant) invitait les nouveaux venus à s’assoir à ses côtés.
« Ralato, ministre ! Savoir certaines choses ne signifie pas en prendre une complète conscience : te voir en chair et en os dans cette nouvelle fonction me ravit, entonna avec autant de joie possible le Stuffy souriant. Excuse ma forme quelque peu décrépie, viens donc dans mes bras, espèce de génie ! »
Dubitatif, le chef des Mentaux s’approcha, sous l’œil inquiet de ses gardes, et s’agenouilla en enlaçant le clone de son vieil ami.
C’est bon de te revoir aussi, vieille branche. Laisse-moi te regarder... ouais, on ne peut pas dire que ton corps soit plus solide que les autres. Tu comptes en changer ?
C’est en effet prévu. QuartMac m’avait confié les graines d’une chimère de Stuffy toute neuve. Il arrivera bientôt à maturité et je pourrais gambader comme un jeune loup au printemps !
Il ajouta sur le ton de la confidence :
Je peux d’ailleurs t’assurer que certaines dames du cru chauffent leur literie avec impatience, hé hé hé !
Ralato sourit de bon cœur à l’anecdote. C’était bien l’esprit du Stuffy qu’il avait connu, avec cependant une diction plus soutenue et un quelque chose de chantant dans la voix. Peut-être que tous ces rapports et ces théories échafaudées durant son voyage n’étaient qu’inquiétudes mal placées ?
Raconte-moi donc de vive voix tes tribulations souriantes, lança Ralato, en indiquant à ses gardes de se faire plus discrets. Comment s’est passée l’intégration ?
Mieux que très bien, répondit l’autre, amusé. Il leva la main en un signe à destination de ses domestiques et deux jeunes femmes s’empressèrent de servir une collation. Je représente Poféus, celui qui a tué l’ancien chef, donc je suis à mon tour le chef des Triades. Un peu tribal, mais ce fut très efficace dans notre cas. Je te conseille le thé au jasmin, c’est une merveille.
Merci. Et, dis-moi, que penses-tu de l’attentat mutualiste de la Rue du Mur ? demanda Ralato en soulevant sa tasse brulante.
Bien évidemment, sous une apparente décontraction, lui et ses hommes étaient tendus comme des arcs. La question était posée dès le début de la conversation et les réactions de leur hôte seraient scrutées à la loupe. Celui-ci reposa la tasse qu’il venait pourtant de prendre, cachant presque l’expression de son visage dans l’ombre.
Je... je ne comprends simplement pas. Jamais je n’aurais imaginé un tel acte, en tout cas pas de la part... de moi-même !
Il avait pratiquement crié cette dernière phrase, dissimulé comme pour couvrir une honte, qui n’avait par ailleurs pas de raison d’être.
Rassure-moi, Stuffy... notre Stuffy, celui resté avec toi, il est... parti le voir ? poursuivit-il. On a des nouvelles ?
Aucune, non, répondit posément le ministre en trempant le bout de ses lèvres dans son breuvage fumant. Je te tiendrais au courant. Sinon, autre petite question, en passant...
Il reposa sa tasse et sembla s’intéresser aux serviteurs qui s’affairaient derrière l’étroit passage obscur entre les tentures :
D’après nos analyses, la crise économique a été amplifiée par le retrait d’une quantité impressionnante d’avoirs et de participations de plusieurs filiales des banques souriantes. Je me suis demandé si tu en savais quelque chose et si tu pouvais voir à les réinjecter dans le système financier ? Cela représente un chiffre avec de nombreux zéros... une jolie somme, donc.
Oui, j’en suis conscient. C’est sous mon ordre direct que cela s’est produit, répondit l’autre en se redressant comme si cette phrase en elle-même lui permettait de regagner de sa dignité perdue.
Il s’agissait de faire exactement ce que tu viens de dire : mettre cet argent à l’abri pour le réinvestir ensuite.
Moins de quatre secondes après l’explosion des bombes à antimatières ? insista Ralato sèchement.
Cette fois, la tension devenait quasiment palpable dans la pièce alors que les statues des immobiles dieux souriants riaient sous les jeux de lumière.
Doctement, ce fut le Stuffy souriant qui brisa le silence :
Paix, Ralato. Je n’ai trahi personne. J’ai eu... on dira que les Souriants ont eu une information moins de vingt minutes avant que cela ne se produise. J’ai donc pris la décision de préparer « le après ». Voilà, c’est aussi simple que cela.
Et tu n’as pas pensé à nous prévenir ? insista Ralato, toujours aussi inquiet, même si la pression amorçait une forme de décrue.
C’est Stuffy qui m’a répondu, il m’a alors précisé qu’il allait envoyer une équipe sur place. Mais cela ne fut pas assez rapide... je lui accorde qu’il ne restait que dix minutes, c’était peu pour stopper une mécanique mutualiste.
Ralato demeura silencieux. Il confirmerait cette version avec le Stuffy du ministère dès qu’il reprendrait contact. Pour l’instant, à par offrir à un clone de son ancien ami le bénéfice du doute, il ne voyait pas quoi faire d’autre. Celui-ci reprit d’ailleurs la parole.
Quitte à sauter de la chevrette-limace à la croasouris, mon message pour t’inviter ici datait de bien avant cette histoire. Et, aussi terrible soit celle-ci, ce que j’ai à te montrer est... encore plus impressionnant. Cela relève des fondamentaux de notre civilisation.
À ce point-là ?
Regarde...
Il appuya sur un bouton dissimulé dans sa manche et un hologramme de rocher géant s’afficha en représentation tridimensionnelle devant eux. De multiples galeries en sillonnaient l’intérieur de part en part.
Stuffy souriant ne chercha pas à ménager son effet et déclara sans ambages à Ralato :
« Nos ancêtres ont volé la terre d’une ancienne population extraterrestre et en voici la preuve irréfutable. »


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RedU T1 Ch27 Ep05

Tue, 16 Oct 2018 23:54:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 05 : "Pugilat divin"

Fabio se retint de sermonner le chat installé à ses côtés : le Faiseur savait parfaitement ce qui allait arriver. Il avait aiguillé Fabio sur la grossesse d’Adénor pour qu’il envoie Phil lui parler, libérant ainsi la place pour la venue de l’avatar de Godheim.
Parmi les secrets que tout le monde semblait avoir envers tout le monde, le Faiseur voulait que l’Empereur-Dieu (le précédent Passeur) ignore sa nouvelle forme physique dans cette réalité. En fait, il ne désirait que des contacts indirects ou anonymes avec lui.
Gandhi poursuivit tout en s’approchant du canapé et de Vivagel-Faiseur :
« Je viens échanger avec toi… mais permets-moi d’aller m’installer entre ces coussins, mhmm...
Aaah ! La vie d’un dieu n’est pas de tout repos et les quelques moments de douceur disponibles sont toujours bons à prendre. Salut le chat, comment vas-tu ? Tu me montres ton ventre, hé, hé, hé, d’accord pour quelques grattouillements... »
Tout en assistant à la scène surréaliste de l’ancien Passeur caressant l’abdomen du Faiseur, Fabio ne put que se demander jusqu’à quel point l’androïde de Godheim pouvait jouer la comédie du « petit vieux fragile ». Piloté à plusieurs millions d’années-lumière depuis la planète Monte-Circeo, le vrai Godheim mélangeait chair synthétique et rouages électroniques sous une forme de phallus géant, dressé au cœur d’une grotte. De là, il rayonnait par canaux multidimensionnels sur tout son immense empire dit « de Ragnvald » où il régnait en despote éclairé, imposant son adoration comme seul credo possible à des milliards d’êtres vivants (humains pour la plupart, mais quelques Nalcoēhuals également).
La fusion de sa religion avec celle de Phil et Adénor, dans ce qu’il était convenu désormais d’appeler « L’Incomparable Trinité » (comprenez Godheim, Phil et Adénor), avait finalement réussi à étendre encore plus son pouvoir. Elle intégrait, de fait, l’Exode et la future colonie d’Antarès IV dans le giron plus ou moins direct de Ragnvald.
Il devait, dans le même laps de temps, gérer plusieurs millions d’autres évènements parallèles au travers de l’univers. Pourtant, il était aussi présent là, à simuler des rhumatismes et à caresser un chat, affichant une émotion attendrie que le réel cyborg ne ressentait probablement pas.
Un comédien né, certes, mais qui ne faisait jamais rien sans but. Quel était donc celui de sa visite ici ? Fabio s’en ouvrit à lui :
« Tu voulais me parler de « Passeur à Passeur », disais-tu ? J’ai peur de ne pouvoir t’être très utile de ce côté-là, n’ayant que peu de...
... quoique, peut-être sais-tu ce qui m’est arrivé lors de la dernière bataille ? »
L’autre n’arrêta pas de caresser le chat, se contentant d’un regard en coin qui ne dissimulait pas une certaine malice. Fabio connaissait suffisamment l’individu pour y reconnaitre une invitation à poursuivre...
Bien sûr... tu es ici à cause de ça. C’était le pouvoir du Passeur qui s’était déclenché là-bas, n’est-ce pas ? Mais comment est-ce arrivé et pourquoi ?
C’est quelque chose qui t’est naturel, répondit tranquillement l’androïde. Penses-tu à respirer, réfléchis-tu à chaque pas lorsque tu marches ? Ce pouvoir, tu y as déjà fait appel auparavant, c’est évident, mais je ne l’avais pas détecté, alors que là j’ai eu la chance d’être aux premières loges. Enfin... uniquement en tant que spectateur, dois-je préciser.
Fabio n’était guère avancé. C’était intéressant, mais il aurait aimé des explications plus pratiques sur la méthode d’accession à cette puissance.
Déjà, fais appel, dis-tu... je dois me concentrer comment ? Me focaliser sur quelle capacité particulière ? Bref, comment cela se déclenche-t-il ?
L’oiseau n’apprend à voler qu’en s’élançant dans le vide. C’est la même chose pour les premières manifestations de ce pouvoir : lorsque tu n’as plus de choix, que tes facultés héritées des Titans sont à leur limite, voire inexistantes, tu exploites les ressources du Passeur. C’est aussi simple que cela.
Le Mental blond ne trouva pas autre chose à faire que de s’assoir sur le large accoudoir du canapé, aux côtés de l’androïde. Il était suffisamment rodé aux techniques psychiques pour parfaitement comprendre ce qu’entendait par là son interlocuteur. Avoir des aptitudes ne signifiait nullement être susceptible de les utiliser. Les Mentaux en étaient l’exemple frappant et son élève Onawane la parfaite démonstration.
Je veux bien m’entrainer pour maitriser ce qu’être Passeur m’autorise à faire, mais sans indication précise je me sens démuni. Puis il ajouta, sur le ton de la confidence : comment cela était-il arrivé pour toi ?
Mhmm... ce fut compliqué. Disons que, progressivement, je contrôlais certaines petites ouvertures, découvrant (ébloui, il faut l’admettre) les multivers que seule la théorie mathématique m’avait alors permis de connaitre. C’est ainsi que j’apparus à leurs yeux.
Leurs... les Titans, c’est cela ?
Oui. Et ils m’ont berné, comme toi, mais d’une autre manière. Je les ai autorisés, aidés, à venir...
QUOI ? Tu as laissé les Titans entrer dans cette dimension ? Si... si je me souviens bien du spectacle qu’ils nous avaient montré dans le cirque délirant, les humains et... probablement les Nalcoēhuals ont su profiter du Passeur pour pénétrer notre univers. C’était donc toi ?
L’avatar leva la main comme s’il appelait au calme. Il lui répondit posément, d’une voix étrange :
Ils ont mélangé les occurrences de plusieurs époques. Ce spectacle n’était destiné qu’à vous offrir leur version des évènements consécutifs à l’arrivée de notre race sur Véora-MaterOne. Ce que je te raconte, moi, s’est déroulé bien avant, comme préalable au second Exode de l’humanité.
Stop ! intima un peu trop vivement Fabio. Les informations venaient toujours trop vite ou trop lentement quand il s’agissait du Faiseur ou de l’Empereur-Dieu, il préféra résumer rapidement :
Nous ne sommes donc pas originaires de MaterOne ? Merci de confirmer ce que tu n’avais que suggéré sur Monte-Circeo... les Titans étaient déjà là à nous tourner autour depuis un moment, deuxième nouvelle du jour et tu parles d’un second Exode ? Nous en serions au combien... troisième ?
C’est cela. Il y a eu celui de Moïse, il y a maintenant le tien et il y eut celui... de Marenkof.
Le chat se retourna brusquement sur ses pattes et bondit négligemment sur les frêles genoux de l’avatar, virant quelques secondes sur lui-même pour s’y rouler en boule. Le silence qui suivit ne fut perturbé que par les ronronnements décidément peu discrets du félin. Toujours sans se douter de qui se trouvait réellement devant lui, Gandhi poursuivit.
À chaque nouvelle génération, il semble que les Titans améliorent leur stratégie. D’après le Faiseur, j’ai été le premier humain à accéder au rang de Passeur, tu es le second, peut-être avons-nous quelque prédisposition à cet honneur... en fait, j’ignore comment ce « rôle » est distribué et si les Titans savent mieux se jouer de nous que d’autres races ?
Oui, je le présenterais plutôt comme ça !
Alors que Gandhi se contentait d’élargir son sourire, tout en caressant le félin, Fabio dressa l’oreille : le Faiseur entrait dans la conversation. Déjà qu’elle était complexe, cela n’allait pas s’améliorer.
L’être divin, dont seule la voix résonnait dans les têtes, poursuivit :
Je ne fais que survoler le coin, mes loulous, mais c’est vrai que deux Passeurs au même endroit, ça intrigue. Alors Anton, si tu proposais à Fabio ton deal, plutôt que de te muer en chroniqueur historique ?
Je mettais en place le contexte, Faiseur, répondit l’autre à voix haute. Nous sommes ainsi, nous les humains, il nous faut comprendre pour décider.
Oui. Côté décision, tu as effectivement un passif magnifique... mais d’accord. Fabio, es-tu bien dans le contexte ? (J’abrège parce qu’Anton peut souvent être ennuyeux à mourir.)
Heu... oui, je pense… bredouilla le Mental, pas certain de tout saisir, justement.
Cette fois, l’avatar de l’Empereur-Dieu Godheim cessa de caresser Vivagel et regarda le Mental blond les yeux dans les yeux, comme il ne l’avait encore jamais fait. Même s'il s’agissait probablement d’une nouvelle astuce pour orienter les choix de son interlocuteur, cela impressionnait quand même.
« Les évènements se précipitent. Le plan des Titans atteint sa phase critique et, plus que jamais, tu y joueras un rôle d’une extrême importance. Je veux que tu viennes avec moi. Je sais voyager entre les dimensions sans mes anciens pouvoirs et toi seul peux me suivre.
Je veux enfermer à tout jamais les Titans dans leur dimension ! »
Un petit rire retentit aux oreilles du duo, le tout-puissant Faiseur se moquait une fois de plus de la courte vue de celui qui représentait, malgré tout, le plus ancien humain ayant jamais vécu et côtoyé les dieux.
Au lieu de tirer des plans sur la comète, pourquoi ne pas prévenir tes alliés, les exodés, de ce qui approche ?
Je leur ai dit de s’en aller, rétorqua Godheim. Ils en ont tenu compte et le départ vers Antarès IV devrait intervenir dans les prochaines minutes. C’est inutile de développer avec eux, sous peine de leur offrir d’autres options qui seraient regrettables.
Fabio suivait vaguement, n’arrivant plus à connecter les informations multiples de ceux qui, visiblement, en savaient bien plus que ce qu’ils partageaient à voix haute.
Vous pensez m’expliquer à un moment ou à un autre ? demanda-t-il, l’exaspération montant lentement, mais surement.
Sauf qu’ils ont bien compris que Fabio leur échappait, poursuivit le Faiseur, ignorant totalement l’intervention précédente, ils se sont déjà tournés vers quelqu’un que tu n’attendais pas. Même toi, tu ne peux suivre ceux qui n’ont pas l’expérience du Temps, car ils ne connaissent pas de limite !
Si ce que j’ai imaginé peut se produire, rugit Gandhi, une colère rentrée perceptible dans la voix de l’androïde, alors leur riposte restera lettre morte. On peut les vaincre, faut-il encore que tu acceptes cela !
Tu vas empirer la situation, vieil obsédé, laisse donc faire les grands ! Fabio, nous en reparlerons plus tard, ne t’inquiète pas.
L’avatar se retourna brusquement à la suite de cette dernière phrase, juste à temps pour croiser le regard du Mental blond qui passait l’entrée du logement. D’une expression plus désabusée que contrariée, il déclara simplement aux deux protagonistes :
« Quand vous en aurez assez de tenir les autres à l’écart de vos petites combines, prévenez-les ! »
Et il claqua la porte.
Gandhi resta quelques secondes immobile, puis soupira en s’enfonçant dans le dossier du canapé.
Tu es trop prétentieux, Faiseur, même pour un dieu.
Et toi tu fais chier, même pour un humain ! répondit la voix, visiblement agacée.
L’avatar de l’Empereur-Dieu reprit la caresse du chat roux qui somnolait sur ses cuisses. Derrière la certitude de la réussite de son plan, il activait frénétiquement ses banques de données réparties dans tout l’empire de Ragnvald sur cette terrible information : qui les Titans avaient-ils choisi comme nouveau héraut ?


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RedU T1 Ch27 Ep04

Tue, 09 Oct 2018 23:13:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 04 : "ExOne Media (2)"

Alors, étant donné que le sujet des stocks vient d’être déjà évoqué et censu... on dira... heu...
Ragnvald s’occupera de tout, Ted. Ce n’était pas assez clair ?
Okay, Commandante Onawane... donc, bref, nous passons à la suite. Quelque chose de plus consensuel, je veux parler de Phil et Adénor, deux têtes de la Sainte Trinité. Lors d’un précédent voyage sur Transporteur 3, j’ai eu l’occasion d’interviewer le nouveau « grand Pope » de cette vaste plaisan... religion, Titus Matrane.
La régie ? Allez-y...

Nous voici donc dans le quartier que l’on nomme « TrinityLand », c’est ici que sont regroupés les organes idéologiques de référence et ce qui correspond le plus à une hiérarchie de la religion du Rablerane. Autant dire que tous les gens que nous croisons ici ont le petit livre à la main, moi aussi, je l’avoue... mais je suis ici pour... d’autres raisons.
Nous avons rendez-vous avec le grand Pope et... ha ? Sa porte s’ouvre devant nous... Gandhi ? vous êtes de passage, ici ? Une déclaration pour ExOne-Média ?
Journaliste Maos’n, c’est un immense plaisir pour moi de vous voir exécuter votre pèlerinage en ces lieux. Cela dit, la liturgie du Rablerane, que vous portez dans votre main (celle qui ne tient pas de micro), semble vous être étrangère. Comment s’adresse-t-on à un Dieu ?
Oh ! hem... au temps pour moi. Alors... genoux à terre, … bras levés... Je reconnais la Sainte-Trinité comme seule et unique, merci pour toute notre... notre vie-machin et que ça dure tout le temps pour les siècles des cycles et merci encore.
... j’ai, peut-être, sauté une partie.
Ted ! Ce n’est pas du tout la bonne manière de se présenter ! Votre Grandeur, pardonnez-moi. Je n’ai pas été à la hauteur de la tâche qui m’incombe dans sa formation. Mais je compte me racheter à vos yeux sans attendre.
Ted... dans le bureau ! Pardon encore votre Grandeur, que votre lumière rayonne éternellement sur toute chose.
Que cela soit, Pope Matrane. Et que le Rablerane guide toutes et tous. Tachez de vous améliorer, journaliste pénitent Maos’n et je vous souhaite le bonsoir à tous deux.
Merci pour lui, je m’en occupe personnellement... vous verrez... au revoir... au revoir ! Revenez toujours ! Il y a une march... Ha oui, merci !
...
TED MAOS’N !
Hum... donc pour ExOne-Média c’est un plaisir de vous rencontrer, grand Pope et...
Bon, mon Ted. Je veux bien m’imposer la patience et la compassion conseillées par la Sainte-Trinité dans toutes les situations, mais il va falloir que tu y mettes du tien, là ! On ne peut pas taper la claque à l’Empereur-Dieu : on lui doit le respect ab-so-lu !
... je vous remercie pour vos réponses. Alors, pouvez-vous nous résumer en quoi consistent vos fonctions de grand...
Et toi, tu vas commencer par me réciter l’engagement en boucle durant dix-sept minutes pendant que j’exécuterai mes repentances. Allez hop !
Pfff... tu répondras à mes questions au moins ? Hey, tu fais quoi, là ? Des exercices de musculation ?
... Ce... sont... des repentances... Aller, je t’écoute...
Je suis un mendiant dans l’noir, ils sont friqués et lumineux et l’Incomparable Trin...
... Si tu le fais... mal, tu devras... ... continuer vingt... minutes de plus.
Purée de pois, mais qu’est ce que je fous là ? C’est vraiment parce que tout le monde nous le demande, crotte !
Je ne suis qu’un mendiant dans le noir, ils représentent ma... ma richesse et ma lumière.
Que l’Incomparable Trinité éclaire à jamais mon chemin et me guide vers le destin-truc qui m’est promis.
Et le monteur, je te souhaite beaucoup de courage pour couper tout ça ! Sinon, Titus-le-Pope, ma question tu l’attaques quand tu veux, okay ?
Je ne suis qu’un mendiant dans le noir, ils représentent ma richesse et ma lumière.
Que l’Incomparable Trinité éclaire à jamais mon chemin et me guide vers le destin qui m’est promis.
OUF ! C’était la dernière... Donc, mon Ted... pendant que tu continues à... à prononcer tes engagements, je m’en vais répondre.
Quand la lumière est venue, le jour où saint Phil se dressa devant moi pour nous galvaniser de...
!

L’écran de a s’éteignit d’un coup, entrainant un léger soupir de Fabio. Depuis son canapé, le Mental blond se tourna vers Phil Goud qui reposait la télécommande.
« Elle te sort par les oreilles cette religion, n’est-ce pas ? »
Cherchant à retenir quelque montée de colère, le lieutenant inspira profondément pour se détendre, puis :
Complètement, lâcha-t-il sèchement. Je n’ose plus mettre un pied dehors de peur d’avoir cinquante fidèles qui me suivent en récitant le Rablerane et cinquante autres qui ouvrent la voie en tapissant le sol de pétales en plastiques. Sans parler des miliciens qui surveillent le convoi.
Il s’arrêta une poignée de secondes, la colère immédiate s’estompant doucement.
Au moins, Matrane nous évite de sortir pour les évènements peu importants, mais je me sens comme... prisonnier.
Fais attention, je ne crois pas que ce mot te soit aussi familier qu’à moi lui dit Fabio, un soupçon de reproche dans la voix. Il enchaina, revenant sur le sujet : Adénor semble s’arranger de cette situation, elle. Elle sait que cela vous ouvre de nouvelles possibilités.
Ouais, grogna l’autre en s’asseyant à côté de Vivagel. Il caressa distraitement le pelage roux du félin tout en répondant. Les trucs caritatifs c’est bien, mais ce n’est pas avec du sparadrap qu’on referme une plaie.
Merde ! L’Exode va bientôt repartir pour Antarès, on n’en a jamais été aussi prêt et pourtant on n’a aucune idée de ce que l’on va y construire. Pire, entre les Nalcoēhuals, Ragnvald, MaterOne, les pirates et... cette religion, notre avenir commun risque — au mieux — de se retrouver entre des mains... des mains... bref, d’autres mains que les nôtres et on aura fait tout ça pour rien !
Fabio ne répondit pas, observant le chat qui se tournait sur le dos pour profiter d’un grattage intégral, ronronnant de plus belle. Malgré la position hautement impudique, il entrouvrit les yeux et croisa ceux de Fabio. Celui-ci souleva un sourcil, se concentra quelques secondes... sourit franchement et reprit la conversation avec Phil :
Tu sais... il y a quelque chose que l’on a tendance à oublier quand on vit toutes ces aventures. Ce n’est jamais au milieu des combats que l’on y pense, mais finalement c’est pour cela qu’on les fait.
On ne se demande jamais pourquoi on fait cela !
Phil arrêta de caresser Vivagel, au grand dam de celui-ci qui attendait le ventre à l’air, dans l’espoir que son maitre continue. Mais le lieutenant semblait s’offusquer de la question, pourtant simple, de Fabio.
Pourquoi ? Mais... pour qu’on puisse tous profiter de la justice et de la paix dans la dignité, bien sûr !
Certes, mais c’est une conséquence. Je reformule : pourquoi veux-tu la paix de l’Exode, pourquoi veux-tu qu’Adénor et toi couliez des jours tranquilles... quel est le but même de tout être vivant, parfois avant sa propre survie ?
Un foyer, répondit l’autre, surpris de prononcer ces mots.
Des enfants, oui... c’est bien cela. C’est pour eux que l’on bataille en général. C’est pour sa descendance qui devra grandir et exister dans le monde que l’on aura préparé pour elle. Policiers ou médecins, responsables ou simples manutentionnaires, le combat pour l’avenir est avant tout un combat pour sa progéniture. Même si les voies de chacun divergent et sont parfois contradictoires, voire conflictuelles, l’objectif est identique.
Enfin... je parle en terme générique... ajouta-t-il, l’image d’Angilbe Poféus traversant ses pensées.
Phil se releva du fauteuil, brisant définitivement les espoirs de Vivagel, alors que Fabio arrivait à sa conclusion :
Je pense que tu devrais aller en parler avec Adénor. Si cela peut t’aider, j’interviendrai pour tu sortes d’ici incognito ?
Adénor ? Maintenant ? Elle est en visite à l’hôpital, non ?
Oui. Et, là-bas, elle a peut-être déjà un début de réponse aux interrogations de votre couple sur l’avenir. Enfin... c’est une intuition et tu sais combien mes intuitions peuvent être pertinentes.
Phil resta quelque secondes à observer le jeune homme blond, confortablement installé dans le canapé face à la multivision. À défaut de l’apprécier sincèrement, le lieutenant ne pouvait qu’approuver cette dernière phrase. Depuis qu’ils se côtoyaient, Fabio n’avait cessé de démontrer des capacités hors-normes en toute situation.
« J’y vais. Débrouille-toi pour que personne ne me voie et garde le chat. Après tout, ça me fera du bien de sortir » lança-t-il en enfilant une longue gabardine et un feutre un peu trop large.
Les minutes qui suivirent virent Fabio perturber les pensées de tout un chacun dans le quartier pour permettre la semi-fuite de Phil. C’était un exercice psychique assez amusant, typique des leçons du Professeur QuartMac, bien que l’élève du Mental blond, Onawane, y avait été réfractaire lors de leur dernière séance.
Mais bon, il y a toujours une première fois, n’est-ce pas ? conclut-il à voix haute dans le vide relatif de la pièce.
Miaaooow ! Oui, si tu veux. C’était assez malin de suggérer d’aller lui parler sans annoncer directement la nouvelle, monta une petite voix du canapé.
D’un bond, Vivagel se retrouva sur le sommet du dossier où il s’assit avec sa grâce féline habituelle, entourant la queue autour de ses pattes arrière. Fabio s’expliqua calmement en se relevant :
Elle n’a que des soupçons d’être enceinte, bientôt cela deviendra une certitude. Je ne veux pas interférer là-dedans, mon crédit chez eux est assez fragile, n’en rajoutons pas.
Pourtant, ils t’ouvrent leur porte, même pour « garder le chat », miaw, miaw, miaooow !
Tu y es surement pour quelque chose, arrêtes de jouer. Fabio se rapprocha du félin, d’un pas assuré. J’ai des questions au sujet de ce qui s’est passé autour du portail dimensionnel. Je n’ai pas compris et mes souvenirs sont flous. Suite à cela, c’est Sterling-Price en personne qui vient maintenant m’interroger au nom du Conseil des Commandants !
Alors, tu vas être servi, jeune Passeur. Brrrrrrr...
Au même instant, on frappa doucement à la porte ce qui surprit Fabio (un évènement rarissime déjà en soit). Il demanda à l’inconnu d’entrer et découvrit Gandhi marchant lentement vers le centre de la pièce, souffreteux comme toujours, sa modeste toge serrée autour de la taille.
Alors que l’avatar refermait posément, le Mental s’enquit de la raison de sa venue. L’androïde en forme de petit vieux le regarda, les yeux pétillants derrière ses lunettes rondes :
« Je viens parler de Passeur à Passeur », répondit-il, presque rieur.


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RedU T1 Ch27 Ep03

Wed, 03 Oct 2018 11:13:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 03 : "ExOne Media (1)"

Bonjour à tous, vous êtes bien sur ExOne-Média, et c’est Ted Maos’n en direct de Transporteur 1 pour l’édition du soir !
Voici les titres :
L’Exode est à nouveau regroupé et cette fois hors de portée des attaques nalcoēhuales. Pour en saisir les tenants et les aboutissants, notre spécialiste militaire nous rejoindra, j’ai nommé Jack Blast !
Nous approchons de notre destination et, bien évidemment, se pose déjà la question de notre vie sur place. Après toutes nos aventures bonnes ou mauvaises, quel est l’état de nos stocks, quelles sont les réparations en cours ?
Enfin, vous avez été très nombreux à demander des nouvelles de Phil Goud et Adénor Kerichi, plus connus sous le titre de l’Incomparable Trinité (avec l’Empereur-Dieu de Ragnvald), nous avons donc rencontré un ancien collaborateur d’ExOne-Média qui s’est élevé dans la hiérarchie du Rabliro... Rablar... une seconde, je consulte mes fiches... RABLERANE, voilà, Ra-ble-ra-ne ! Bref, interview de Titus Matrane en fin d’émission.
D’ici là, pour nous accompagner, et c’est une première dans cette émission, nous accueillerions deux commandants de l’Exode afin de nous aider à décrypter toute cette actualité foisonnante. Mesdames les Commandantes Onawane et... Benkana !
Bienvenues parmi nous, commandantes, je vous laisse vous installer, pendant la petite page de publicité.
Ne zappez pas !

Retour dans votre édition du soir. Sont présentes, sur ce plateau, deux membres éminentes du Conseil des Commandants de l’Exode. Qui veut commencer ?
Aurora, tu m’autorises ? Donc, très cher Ted, c’est un plaisir de venir à mon tour, à notre tour devrais-je dire, partager avec nos concitoyens sur la première chaine multivisuelle de la flotte. Je vous remercie pour votre invitation, ainsi que d’avoir accepté Madame Benkana par la même occasion.
Aurora, je te laisse la parole...
Oui. Je suis très heureuse aussi de réapparaitre devant les médias. C’est... inattendu.
Effectivement, Commandante Benkana. Il faut préciser à nos multispectateurs que votre invitation à cette émission l’a été à l’instigation de Madame Onawane qui était seule prévue à l’origine. Mais comme elle a insisté, nous avons BIEN SÛR, été ravis d’accéder à sa demande !
D’ailleurs, Madame Benkana, votre précédente intervention devant les caméras s’était déroulée lors de la seconde médiatisation du couple de Phil et Adénor, pas encore sanctifiés à l’époque. Nous parlons d’une prise d’otage sur votre transporteur que vous aviez envisagé de régler définitivement, semble-t-il.
Mais non, Ted ! Madame Benkana assistait aux évènements et ne pouvait cacher sa joie devant la conclusion sans effusion de sang de cette histoire !
Alors, justement, Mesdames Onawane et Benkana, voici un extrait. Allez-y la régie...
... donc…
… on suit d’abord la Princesse Azala qui guide le groupe de journalistes vers votre position, sur un toit à quelques centaines de mètres de la prise d’otage. Votre équipement ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à un armement de haute technologie, non ?
Pas du tout. Il s’agissait d’instruments d’observation et j’aimerais que vous évitiez de lancer des accusations de ce genre, ça me rend irritable.
Vous êtes pourtant connue pour vos nerfs d’acier, Commandante. Ha ! Vous vous exprimez maintenant, d’une voix tout de même étrangement chancelante ? Écoutons :
« Messieurs, nous assistons à un moment magnifique et je vous offre volontiers cette place de choix pour tout filmer autant que vous le voudrez. Pardonnez-moi je dois retourner dans mon centre de commandement pour terminer quelques... préparatifs... »
Ted ? Je me permets de vous interrompre, mais ne devions-nous pas parler de l’actualité ? Je pensais que la Commandante Benkana et moi-même étions d’abord venues pour commenter et partager nos avis avec les multispectateurs, pas pour être accueillies par des archives remontant à des lustres, bien avant la découverte des Nalcoēhuals, de l’Empereur-Dieu, la bataille avec les pirates et même la Passe de Magellone !
En tous cas, c’est ainsi que Monsieur le Commandant Junta nous l’avait présenté. Il sera déçu, car je sais qu’il nous regarde en ce moment et nous lui passons notre bonjour, que la célèbre courtoisie de cette émission puisse être... mise à mal, n’est-ce pas ?
Heu... bien... une page de publicité et nous revenons avec le reportage de Jack Blast. À tout de suite !

(off)
Nan, mais vous savez, c’est pas contre votre frère. On essaye juste de...
De pourrir mon image depuis le début !
Mais pas du tout, Madame Benkan…
Si vous insistez, je me casse, c’est clair ?
Et si elle part, je pars aussi. Maos’n, vous voulez être le premier journaliste à faire fuir deux commandants d’un coup ?
Nan, mais... écoutez, c’est bon. Jack arrive et on va changer le sujet...

... et nous voici à nouveau ensemble pour la suite de l’émission ! Tout de suite, une analyse de Jack Blast qui prend place sur le plateau... qui n’avait pas de chaise... on lui en amène une, s’il vous plait la régie... vite, merci !
Bien ! Ça va Jack ? Vous connaissez nos deux invitées, je crois ? Au moins, Madame Benkana sachant que vous êtes l’envoyé spécial d’ExOne-Média à bord de son vaisseau.
Absolument, Ted, sur Transporteur 7. Bonjour à vous Mesdames et bonjour à nos multispectateurs. Donc, et je me place sous le jugement de nos illustres invitées, je vais vous résumer la situation post Cercle-de-Khabit.
La bonne nouvelle, c’est que tout va bien : aucun transporteur n’a été détruit ni très gravement endommagé et il semble que la république nalcoēhuale ne nous poursuive pas. Je tiens cela d’après certains de mes contacts dans les centres de contrôle.
Par contre, nous avons connu des pertes lors de notre arrivée et surtout lors de notre départ, particulièrement Transporteur 1 qui a dû faire front tout seul. La flotte de Ragnvald lui a, fort heureusement, apporté son soutien, mais on déplore tout de même quatre-vingt-douze morts et deux-cent-trente blessés. Une majorité dans les troupes de maintenance, à la suite d’explosions et chez les pilotes qui ont payé un lourd tribut.
Je serai à la cérémonie en leur nom, ce soir, d’où ma présence aussi sur Transporteur 1. Maeve... la Commandante Onawane m’accompagnera pour rendre un ultime hommage à ces soldats. Vous y serez, Blast ? Ou Maos’n ?
Heu... malheureusement, j’ai un... un rendez-vous qui ne peut... être... repoussé…. Blast ?
Bien sûr que j’y serai ! D’après les témoignages, ça fusait de partout quand ils ont reçu l’ordre de sortir affronter les chasseurs ennemis. Franchement, je n’y serais sans doute pas allé. Ce genre de courage est rare, il faut l’avouer...
...
... ne m’en veuillez pas si je poursuis.
Il faut aborder les dégâts matériels qui sont assez importants. Même les transporteurs ayant quitté la bataille dès le début doivent procéder à des réparations, fort heureusement assez légères. Mais Transporteur 1 a subi un feu nourri pendant près de trente minutes et il y a eu de la casse.
Le plus gros souci reste tout de même les stocks de munitions et de Lithium qui atteignent un niveau assez inquiétant...
Je vous coupe, Monsieur Blast, car il me semble que vous exagérez beaucoup la situation. D’abord, vous sous-estimez grandement nos réserves, mais également la chaine logistique de notre allié de Ragnvald. Et, autre chose, Aurora... tu lui as donné les clés de ton armurerie ? Ou alors les codes d’accès à nos échanges radio ?
... Monsieur Jack Blast est une légende sur Transporteur 7. Il aime user de toutes les méthodes possibles pour obtenir des informations et, parfois, je le soupçonne d’aller trop loin.
Mesdames, allons. Jack est un journaliste tout ce qu’il y a de plus...
Couché le toutou, on n’est plus sur MaterOne où ça emprisonnait à tout va. En plus, nous sommes bientôt arrivés. Mais qu’au moins certaines informations militaires restent confidentielles, d’accord Blast ? Nous sommes en guerre contre les Nalcoēhuals et cela n’a rien d’un show multivisuel.
Hé, je suis pas un toutou !
D’accord, Madame. Au nom de mon éthique professionnelle, je conserverai certaines informations secrètes. Ted, nous dirons qu’avec le soutien actif de l’infrastructure de Ragnvald, l’empire aux dix-mille soleils, nous n’aurons pas de souci majeur d’approvisionnement. Nous espérons seulement que tout cela durera encore longtemps.
Cela me va... Aurora ?
Très bien, donc, cette formulation nous convient. Ted, à vous la parole, vous vouliez lancer la publicité, je crois ?
Ha non. On devait parler de votre vie privée à toutes les deux, ainsi que de la Princesse Azala, mais où est-elle au fait ?
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(off)
Cette fois, j’en ai marre, tu viens Maeve ? Cet avorton ne mérite que...
Hey ! Ça intéresse les multispectateurs de savoir qui fréquente qui !
Surtout les torchons qui se disent des journaux. J’appelle Pernov, il m’attend à côté.
Aurora, une seconde. Jack Blast, merci pour votre geste. Ted Maos’n : c’est mon dernier avertissement. La Princesse Azala est en mission secrète pour l’Exode et quoique vous pensez avoir entendu sur la vie privée des commandants, c’est non avenu !


... et retour de nos multispectateurs pour cette troisième partie de l’émission !


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RedU T1 Ch27 Ep02

Tue, 25 Sep 2018 22:26:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 02 : "La Grande Guerre de la revanche (1)"

Tout commença le quatrième jour après la découverte des totems, alors que la flotte se remettait en mouvement, multipliant les éclaireurs et affutant ses armes.
Une formation de cinq appareils composait la sécurité de l’arrière-garde. Ils pouvaient voir sur leurs radars les derniers vaisseaux du gros des troupes, leur mission consistant à faire tampon (et un peu voitures-balais dans certains cas) avec l’espace rendu à sa virginité.
En quelques secondes, tous les voyants, alarmes et avertisseurs lumineux ou sonores rugirent : à cent-vingt milles kilomètres au-dessus d’eux, une paille dans l’univers intersidéral, trente croiseurs inconnus venaient de sortir brutalement de Transition. Ils libérèrent immédiatement une nuée de ce que l’on reconnut rapidement comme des chasseurs.

*

Dans son bureau, QuartMac activa le communicateur qui sonnait :
Oui ?
Gouverneur, répondit la voix froide de Laurelian. Ça a commencé. Ils sont sur l’arrière-garde.
Le professeur se raidit : leurs ennemis inconnus n’avaient pas trainé.
On applique le plan. Et n’oubliez pas : priorité absolue aux informations. Vous avez lu les conclusions des analyses, ce sont des Mentaux, eux aussi.
Ne vous inquiétez pas pour cela, nos troupes y sont formées depuis leur enfance. Nous allons vite savoir ce qu’il en est de nos adversaires.
Tenez-moi au courant toutes les cinq minutes, conclut-il. Terminé.
Il coupa la communication. Regroupant les feuilles éparses sur son bureau, le gouverneur les aligna autant que possible et les parcourut pour la centième fois en quelques heures. Ces analyses de ce que l’on pouvait comparer à un avertissement, comme les tribus primitives tropicaliennes, révélaient de nombreuses choses. Quartmac avait passé plusieurs heures, quotidiennement, dans le laboratoire pour superviser, sinon effectuer lui-même, les explorations. Il avait découvert les salves d’énergie de l’armement ennemi et cet étrange matériau noir aux propriétés psychiques et à la dureté impressionnante dont les traces apparaissaient sur des artéfacts. Mais, au-delà des fragments métalliques, c’est l’étude des restes de cerveaux trouvés sur place qui focalisa toute son attention.
La conservation dans l’espace est connue pour être excellente, sous réserve d’être éloigné d’un soleil. On avait pu mesurer des restes d’activité mentale sur une résonance différente à celle que l’on appréciait habituellement chez les Mentaux de MaterOne. Les victimes avaient visiblement été interrogées par des « spécialistes de l’esprit » avant d’être tuées sans doute par ce même biais. Quartmac et ses collaborateurs y avaient vu une sorte de colère, de haine, dans la manière particulièrement douloureuse d’achever ces victimes. Cela, dans l’histoire des hommes, ne trouvait d’équivalent que dans les conflits d’ordre religieux ou racial. Or, aucune trace de symbole mystique ou d’un quelconque cérémonial... un nouvel indice sur la culture de leurs ennemis : ils n’avaient laissé aucune marque distinctive. Un message unique et fort, clair, froid et violent, compréhensible par tous, indiquant l’entrée de leur territoire.
La dernière surprise, QuartMac l’avait fait sceller dans un bloc sous vide qu’il exposait sur un meuble à côté de son bureau : c’était un morceau de protection trouvée encore fixée sur le corps d’un des cadavres. On en avait ressorti des empreintes palmaires dont la morphologie n’appartenait, de toute évidence, pas à un humain. Six doigts, longs et noueux, et une structure de la main que l’on pouvait considérer comme pratique, mais ne descendant pas de la branche des hominidés. Il avait cru d’abord à une quelconque mutation isolée dans cette partie de l’univers, mais on en avait détecté d’autres sur des dépouilles et des carcasses...
Une autre race, une technologie inconnue et puissante, des pouvoirs mentaux et une férocité à toute épreuve. Voilà ce qui ressortait de l’analyse des totems.
Certes, devant cette découverte, QuartMac aurait pu figer la flotte et demander des ordres, ainsi que de nouvelles troupes, à MaterOne. Mais outre le temps que cela aurait pris, il avait toujours eu l’intention d’aller plus loin que ses instructions initiales. Il ambitionnait de créer dans cet univers quelque chose d’inédit qui n’avait pas été accepté par les rois successifs de l’humanité : une société basée sur la suprématie psychique absolue. Quelque chose permettant de diriger des masses sans heurt, de réguler les populations comme seuls les dieux pouvaient le rêver. Bref, utiliser enfin les Forces mentales pour autre chose que de la garderie champêtre pour système malade et cela ne pouvait se faire que hors de vue de MaterOne et du chancelier Poféus.
Une sonnerie l’interrompit dans ses réflexions, c’était Laurelian.
La bataille fait rage. Ils sont très rapides et pratiquent des microtransitions. C’est extrêmement difficile à gérer, car nos tirs mettent du temps à les atteindre et c’est suffisant pour qu’ils accomplissent des bonds les plaçant hors de portée.
Et l’activité mentale ?
Trop loin pour les croiseurs ennemis, même avec les amplificateurs, répondit-elle, dépitée. Par contre, il y a une bonne nouvelle avec leurs chasseurs. Nos troupes arrivent à pénétrer les esprits des pilotes et à les neutraliser.
Des protections, des barrières ?
Oui, nombreuses et multiples. Mais en attaquant à plusieurs on les traverse, visiblement ils n’ont pas notre niveau. Autre chose intéressante : comme supposé, nos boucliers magnétiques antimissiles montrent des résultats probants face à certaines salves d’énergie adverses. Pas toutes, on compile les données pour avoir une vision d’ensemble pour l’instant.
Et... le canon mental ? demanda QuartMac, une légère tension dans la voix.
Il comprenait que les conclusions de ses analyses du totem n’avaient pas été prises en défaut : on pouvait envisager une équivalence technologique ou psychique, l’un compensant plus ou moins l’autre. Mais cela ne suffisait pas. Il leur fallait quelque chose qui ferait la différence, sinon ce serait une boucherie sans fin où celui alignant le plus de vaisseaux gagnerait. Cette méthode, qui fut celle de l’armée royale durant des siècles, n’avait jamais convaincu le savant, et pour cause ! Son canon se révélait donc l’élément déterminant attendu. L’amirale répondit posément :
« En cours de déploiement. Je vous tiens informé. Terminé. »
Quartmac s’affala dans son fauteuil, maintenant plus petit que dans ses souvenirs. Il regarda sa nouvelle main, la ferma... l’ouvrit à nouveau. La longévité de ce corps tout neuf allait sans doute dépendre des prochaines minutes de la bataille.
Il ne s’était même pas renseigné sur les pertes. Pour l’instant, c’était secondaire.

*

L’espace autour de l’arrière-garde s’emplissait de carcasses et de débris entre lesquels flottaient des formes humanoïdes dont on ne pouvait dire de loin qu’elle était la race. Des cinq vaisseaux mentaux originaux, un seul avait survécu, vite secouru par un détachement imposant qui, lentement, repoussait les agresseurs nalcoēhuals. Deux chasseurs ennemis se lancèrent soudain dans une microtransition pour réapparaitre devant l’entrée de leur hangar d’origine, au milieu des attaquants. Ils s’y désintégrèrent, emportant avec eux l’appareil et tout son équipage. C’était évidemment un des résultats de l’intervention psychique des Forces mentales et elle ne passa pas inaperçue chez leurs adversaires. Un départ massif de salves quitta les vingt-deux engins valides du corps expéditionnaire nalcoēhual, protégeant un retour des chasseurs dont les tirs ne parvenaient de toute façon pas à pénétrer suffisamment la coque des immenses croiseurs humains.
De son poste de commandement, Laurelian leva son stylo pointeur et visa deux autres endroits sur la représentation schématique de la flotte. Ses ordres pulsèrent :
« Prévenez ici et... là. Si j’étais eux, ce serait sur notre flan avant que j’attaquerais, maintenant que notre attention est focalisée à l’arrière. »
Alors que quelques renforts affluaient vers les zones en question, une seconde vague de trente nouveaux vaisseaux nalcoēhuals apparut, très proche d’une des prévisions de Laurelian. Cette fois, ce fut une pluie de missiles qui s’abattit sur la formation à l’offensive, endommageant plus ou moins gravement les arrivants.
« Et maintenant, à notre tour de les harceler… » commenta l’amirale sur un signe de tête.
De l’arrière de la flotte, trois croiseurs se dématérialisèrent pour émerger en amont des engins nalcoēhuals et libérèrent plusieurs dizaines de chasseurs. Certes, un peu loin encore, ils n’atteindraient pas immédiatement leurs proies, mais seule la largeur de l’armada humaine permettait les plus petits bonds possible, d’un bord à l’autre, au travers des dimensions. La technologie humaine n’autorisant pas les microtransitions.
Contrairement aux chasseurs monoplaces nalcoēhuals, ceux des Mentaux emportaient deux pilotes : l’un pour la navigation et le second pour gérer les systèmes d’attaques physiques et psychiques. La seconde vague ennemie ayant subi de graves dégâts, seule une poignée d’engins de combat sortit pour intercepter les nouveaux arrivants et elle ne fit pas le poids. L’armée noire nalcoēhuale se défendit pied à pied : les trois croiseurs-porteurs essuyèrent de plein fouet suffisamment de tirs pour les neutraliser et l’un explosa, balayant les derniers chasseurs au décollage. Les premiers rapports indiquaient une quasi-impossibilité de traverser les coques des vaisseaux nalcoēhuals de quelque manière que ce soit. Laurelian reconnut ici les propriétés de ce mystérieux métal dont parlait le rapport final de QuartMac, au sujet de l’analyse des totems.
« La moitié des chasseurs va occuper les défenses ennemies, l’autre moitié doit pénétrer par n’importe quelle ouverture et lancer des attaques mentales groupées de l’intérieur pour... »
Elle s’interrompit lorsque la totalité des appareils attaquants non détruits se volatilisa, sur le flanc comme à l’arrière ! Abandonnaient-ils déjà la partie ? C’était trop simple, sauf si leurs ennemis envisageaient une couteuse stratégie de harcèlement.
« Passez en balayage à longue distance. Prévenez les éclaireurs et je veux une centralisation de tous les rapports concernant cette... »
Une seconde fois, elle s’arrêta. Une trentaine de vaisseaux nalcoēhuals étaient cette fois apparus à la verticale de son croiseur, pourtant noyé au cœur de la masse de la flotte. Elle comprit d’un coup : leurs ennemis avaient cherché d’où émanaient les ordres dans cette immense armada. Une fois le commandement localisé, une troisième vague d’assaut partait directement à l’attaque de la tête.
Elle serra les dents : la conclusion de la bataille s’éloignait, mais l’amirale était maintenant personnellement visée.


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RedU T1 Ch27 Ep01

Tue, 11 Sep 2018 23:58:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 01 : " Totems "

Une main l’aida à se redresser, lentement. Puis, d’autres vinrent lui apporter une serviette pour essuyer son visage ou pour prendre son pouls. Enfin, on le soutint pour sortir de la cuve encore frémissante des ultimes bulles de maturation. Son épiderme assoupli ressentait les gouttes visqueuses qui glissaient pour retourner à la baignoire, tandis que son corps la quittait sans regret. Le Professeur QuartMac, dans sa nouvelle chimère, inspira un grand coup et toussa profondément, crachant dans une serviette propre les dernières squames qui obstruaient ses poumons.
Ce ne fut qu’une bonne douche plus tard, alors que ses assistants le laissaient déjeuner pour la seconde fois, qu’il put demander à sa chef d’état-major un résumé des dernières vingt-quatre heures.
Gouverneur, la défection de ces neuf croiseurs et de tous leurs équipages a déjà fait le tour de la flotte. La voix de l’officier supérieur ne dissimulait en rien son anxiété. L’inquiétude gagne chaque Mental surtout que l’on doute de... je dirais de l’honnêteté de son voisin. L’agent Stuff MacDone était très apprécié et reconnu comme une légende pour certains. Rien ne prouve que nous n’allons pas vers une nouvelle vague de défect...
Il suffit, Générale Laurelian, la coupa QuartMac d’un ton sec. Je n’attends pas de vos rapports des pleurnicheries de caserne sur la dureté de la vie !
L’officier prit une expression outrée, son visage en amande à l’épiderme laiteux soudain rougi et engoncé dans le strict uniforme noir de la nouvelle flotte. Un nez petit et fin, des cheveux noirs de jais mi-longs, une bouche charnue, mais surtout des pupilles dorées surmontées de fins sourcils interrogateurs, la grande femme mince représentait le fantasme masculin de l’inaccessible. Elle avait gagné ses galons au sein des Forces mentales à force de persévérance, les évaluations de ses instructeurs et de ses supérieurs révélaient depuis longtemps que les portes de l’état-major lui étaient grandes ouvertes. Quartmac soupira, puis se reprit :
« Comprenez-moi : nous sommes à la veille d’anéantir plusieurs millions de personnes et nous avons une dizaine de vaisseaux dans la nature, tous dangereux. Il n’est pas acceptable, en aucune manière, que l’on risque de nouveaux actes de mutinerie ou la perte d’autres croiseurs. »
Il avala rapidement son café serré et se leva. Laurelian ne put retenir un hoquet de surprise : si le visage n’avait pas trop changé, quoique nettement moins ridé, le corps avait pris dix bons centimètres et la pilosité du torse, que le peignoir entrebâillé laissait apparaitre, était étonnamment fournie. Le professeur perçut sa réaction et se retourna pour resserrer son vêtement.
Générale, commença-t-il de dos, affairé à mieux sangler sa ceinture. Vous m’aviez proposé un système de surveillance plus poussé dans la flotte, c’était dès les premiers jours de notre voyage, je crois ?
En effet, Gouverneur. Mais il a été refusé.
JE l’ai refusé, un peu pour ne pas brusquer MacDone, un peu par faiblesse, je dois l’avouer... à la vue de la situation, je pense que vous pouvez me préparer une version « rafraichie » que nous appliquerons immédiatement.
L’autre le regarda en silence. Cherchait-elle déjà de nouvelles idées ou n’avait-elle pas compris ? Quartmac saisit quelque chose sur la table du fond et se tourna enfin vers elle, deux nouveaux cafés en main.
Par « rafraichie », j’entends que nous ayons un maillage de surveillance comme en temps de guerre. Et que se passe-t-il avec les déserteurs ou les saboteurs en temps de guerre ? Tenez, prenez ce petit café, Amirale...
Merci, Gouverneur, et je ne suis que générale.
Vous êtes désormais l’Amirale Laurelian de la Flotte mentale de MaterOne. C’est vous qui superviserez toutes les troupes, quel que soit leur statut, dans cette nouvelle région de l’univers que nous allons coloniser. Trinquons à cela, voulez-vous ?
Un sourire traversa le visage de la nouvelle promue alors qu’elle entrechoquait sa tasse avec celle du professeur QuartMac. Même brulant, le café lui parut doux. Elle reprit :
J’envisageais à des « inspecteurs de la pensée », des Mentaux conditionnés, à l’endoctrinement parfait, qui sillonneraient et rencontreraient tous les membres de la flotte.
« Commissaires politiques », me semble une tournure plus... plus littéraire, je trouve. Idéalement, il en faudrait un par croiseur et les organiser en dehors de la chaine hiérarchique, à son insu si possible. Si un commandant de vaisseau se révélait être un nouveau Vo... Vigo... comment s’appelait-il déjà ?
Viggi, monsieur. Le capitaine Viggi. Je comprends l’idée et je réfléchirai à un moyen pour cela également. De toute façon, les hauts officiers seront les premiers à être testés. J’y veillerai personnellement.
L’œil étincelant, QuartMac posa sa tasse vide parmi les autres et se dirigea vers une dépendance qui lui servait de penderie. Si on ne pouvait le voir de l’extérieur, on pouvait l’entendre et il en profita pour répondre à la question silencieuse de l’amirale :
« Ce corps est plus jeune et plus endurant. Les cheveux gris que vous avez vus sur mon crâne étaient programmés génétiquement, dans le but de ne pas trop changer mon apparence. C’est une sorte d’expérience : une chimère de petit vieux résisterait-elle plus... ou moins au temps qui s’écoulait ? Le meilleur moyen de le savoir était... »
Il sortit de la dépendance, en pantalon et tenue blanche. Cette fois, on sentait sans erreur que l’homme en face était bien plus vigoureux que l’habituel professeur QuartMac. Le pas lourd, la démarche assurée, le geste vif... en fait, seul le visage ne cadrait pas parfaitement avec ce corps presque athlétique.
... d’en prendre un autre ! Vous en pensez quoi ?
Que vous ferez des ravages chez les aspirantes ! Enfin, celles qui passeront nos tests avec succès.
Laurelian se tendit tout à coup, le regard dans le vague. Ses yeux se plissèrent et elle sembla hocher de la tête. Le signal d’une alerte rouge retentit alors dans tout le vaisseau tandis que les lumières baissaient. Quartmac, à son tour, eut un haut-le-cœur devant cette silhouette sans expression, aux pupilles brillantes et fixes, soudainement auréolée d’une lueur sanguine. Il demanda simplement :
Que se passe-t-il ?
Quelque chose de très inquiétant, gouverneur. Venez avec moi au poste de commandement, les implications de ce que nous avons trouvé sont presque sans limites.

Quelques minutes plus tard, dans le centre de commandement, le professeur QuartMac et l’amirale Laurelian suivaient, incrédules, les images de la première preuve officielle d’une vie extraterrestre sous la forme des abjects totems bordant le Cercle-de-Khabit. La découverte de l'Exode était désormais connue par d'autres humains de MaterOne.
Les structures étaient composées des carcasses compressées de vaisseaux et de leurs équipages, laissés comme avertissement sans préambule pour tous ceux qui voudraient aller plus loin. Devant une telle découverte, la flotte n’eut d’autre choix que de se mettre en alerte constante et de se regrouper en attendant plus de précisions.
Suivies personnellement par QuartMac, plusieurs équipes se chargèrent de disséquer la macabre découverte durant presque deux journées standards. Leurs analyses imposaient non seulement une relecture complète des cartes spatiales, mais une réévaluation des enjeux de cette vague humaine (et mentale) de colonisation sauvage.
C’est dans son bureau, lors de la pause café du matin suivant, qu’il lâcha entre deux tartines :
« Préparons-nous à la guerre, Amirale. Il n’est pas question de reculer et nous savons désormais que les mondes à conquérir ne seront pas uniquement occupés par quelques groupes de pirates... »


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RedU T1 Ch26 Ep14

Tue, 14 Aug 2018 23:52:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 14 : " Sauvetage (2) "

« Bon sang, c’est ma chance ! Voyons si l’un de nos bonshommes de la salle des opérations peut m’ouvrir ces satanées portes. »
Stuffy éprouvait plus de mal à se déplacer dans les souvenirs des Nalcoēhuals, et même parmi les informations récentes stockées dans leurs cerveaux. C’était une chose de se connecter sur les centres optiques, c’en était une autre de comprendre des pensées structurellement différentes. Au moins, restaient-ils les émotions, plus universelles. Il fouilla donc l’esprit de chacun des soldats, cherchant ce qui pouvait représenter de l’agacement ou du danger (ce que lui-même devait leur inspirer), voire une sensation de passage vers l’intérieur ou l’extérieur (présentement le sas), quelque chose d’essentiel au navire.
Alors qu’une nouvelle série de salves quittaient le bâtiment nalcoēhual en direction des vaisseaux de la Flotte mentale, un flash illumina brièvement l’obscure clarté stellaire. Pas de doute, entre les images qui apparaissaient et les rayonnements de joie des opérateurs, Stuffy comprit qu’un des appareils mentaux était en flammes, gravement touché. Il décrochait de sa position lorsqu’une seconde déflagration fit voler en éclat sa proue, déclenchant une réaction en chaine. En quelques secondes, le fier croiseur de l’armada personnelle du chancelier Poféus se transforma en un amas de débris brulés et déchiquetés... ponctués de quelques morceaux de cadavres calcinés. Stuffy serra les dents : même si ces gars l’avaient jeté dehors, il ne pouvait ignorer sa filiation le liant aux humains... à fortiori aux Mentaux.
Mais d’où contrôlait-on la porte du hangar ?
Il poussa l’intensité de son balayage mental à la limite des capacités de l’amplificateur. Tel opérateur semblait faire partie des systèmes balistiques, tel autre suivait des jauges ressemblant beaucoup à des quantités de munitions et d’énergie. L’officier commandant, serein, déroulait des schémas dans sa tête pour sélectionner tel ou tel mode d’attaque, le doigt appuyant toutes les cinq minutes environ sur un petit bouton de son fauteuil.
« Une sécurité, mais dans quel but ? Il doit l’actionner avec régularité... je ressens que c’est très important. »
Malheureusement, ce faisant, il déclencha les systèmes de protection du vaisseau, suivis par le capitaine et également deux de ses soldats. La réaction fut d’autant plus violente que les cibles avaient l’impression d’avoir été agressées dans leur dos. Une fois encore, les boucliers de Stuffy soutinrent l’attaque, mais cela lui en couta : son amplificateur crépita lorsque ses fusibles se mirent hors circuit, preuve de l’intensité du combat. Au même instant, il sentit les deux marins de l’entrée du sas se ruer à l’assaut, pas forcément rassuré, mais avec des ordres visiblement très clairs. L’équipage coordonnait à nouveau une offensive psychique et physique contre lui.
« Et merde, ils remettent ça ! » grogna-t-il.
Il ne partageait plus l’esprit de Ralato, désormais il lui était impossible de se battre sur deux fronts en même temps ! D’un puissant balayage, il stoppa net l’avancée des deux soldats, mais ne put le maintenir : le capitaine venait d’ordonner à plusieurs sections de se joindre à l’influx agressif qui pilonnait Stuffy. Des mécaniciens et même le personnel de l’infirmerie se joignirent à l’attaque, leur flux catalysé par les amplificateurs qui parsemaient les coursives du vaisseau. Sous l’assaut, Stuffy n’eut d’autre choix que de libérer les deux marins. Ils reprirent leur progression quelques secondes plus tard : dans toute chasse arrivait le moment où l’on sentait la résistance de la proie faiblir et cela attisait la hargne de la meute. Ils luttèrent contre l’impulsion que l’agent mental leur envoya, tandis que deux nouveaux soldats, appartenant à l’artillerie, se précipitèrent pour l’hallali.
Bloquant autant que possible les attaques, Stuffy compulsa l’ordinateur de bord : que pouvait-il trouver là-dedans pour repousser des assaillants déjà pratiquement sur lui ? Il ne restait guère que la dernière balise et encore ne serait-elle tirée que dessous la capsule, contre...
« Bordel ! Mais je suis rouillé moi ou quoi ? »
Dans une ultime concentration, il envoya une puissante vague psychique qui remonta les multiples signaux, touchant ou gênant plusieurs de ses agresseurs. Cela ne lui libérait qu’une fenêtre de quelques secondes, sous réserve que les deux autres qui approchaient n’ouvrent pas immédiatement le feu.
« Ordinateur, séquence balise, maintenant ! »
L’écran afficha alors face à ses yeux la question suivante : « Le tir d’une balise est déconseillé si la capsule est posée sur le sol. Il pourrait en résulter une déchirure de la coque ainsi qu’une décompression. Voulez-vous vraiment procéder ? oui — non »
Il allait valider lorsqu’un doute s’installa : la structure déjà affaiblie de son petit astronef résisterait-elle à une explosion supplémentaire ? Une soudaine attaque psychique vrilla ses défenses qui tremblèrent, alors que les parois du vaisseau subissaient à nouveau une salve de l’extérieur. Il n’avait plus le choix : c’était la mort dans l’espace ou la mort clinique dans ce sarcophage !
Il accéda à la demande de l’ordinateur et confirma.

*

Le capitaine Viggi lançait les ordres de contrattaque à la volée, surchargeant les esprits de ses sous-officiers, mais l’ennemi était redoutable et seule une coordination sans faille pouvait permettre de le contrer. Il était installé dans son large fauteuil central, le crâne encerclé par le Rayonneur, une ingéniosité du professeur QuartMac, aidant à la synchronisation la plus précise possible de tous les commandants. Il voyait ce que tous voyaient et inversement, ils partageaient idées et stratégies ensemble, mélangeant les options à la vitesse des pensées de chacun. La destruction d’un des insurgés, déjà peu nombreux, représentait un coup suffisamment dur pour que Viggi propose aux autres officiers supérieurs de passer à ce niveau exceptionnel de combat.
En ce moment, ils occupaient l’appareil ennemi en évitant autant que possible de nouvelles pertes. Pendant ce temps, un vaisseau de l’arrière-garde se préparait à faire feu du Canon mental, une arme terrifiante capable de neutraliser n’importe qui de vivant dans sa ligne de tir, mais le problème était la mise en œuvre : il nécessitait de longues minutes pour accumuler l’intensité psychique nécessaire au fonctionnement.
Huit, il ne restait que huit équipages encore aptes à faire preuve de discernement sur le millier que comptait la Flotte mentale. Lorsque Viggi s’était aperçu de la disparition de Stuff MacDone, il avait alerté ses connaissances les plus loyales. À la suite d’un jeu de patience pour récupérer, décoder et trier les journaux de bord du navire de QuartMac, ils avaient pu relever l’éjection d’une capsule de sauvetage, peu avant une précédente Transition. Le trouble déclenché par cette découverte avait amené une petite troupe à faire sécession... la goutte de trop pourrait-on dire. De nombreux partisans restaient dispersés dans les centaines de vaisseaux, mais il n’avait pas été possible de les regrouper sans éveiller l’attention. Charge à eux de s’enfuir, quand ils le pourraient. C’est ainsi qu’ils se matérialisèrent ici, immédiatement attaqués par ce bâtiment inconnu... et redoutable.
« Déplacement en six, huit, vingt-cinq, poussée fois quatre. Refermons le piège... » pulsa-t-il, un rien d’excitation perçant dans ses ordres.
Le schéma était clair dans son esprit, comme celui des autres commandants. Malgré cette fantastique faculté à se mouvoir… non, se transférer sur de courtes distances, l’adversaire tombait droit dans le piège tendu par les Mentaux. Le signal du canon mental enfin opérationnel était déjà arrivé depuis quelques secondes et l’ennemi se déplaçait dans la bonne direction, sans se rende compte qu’on le manipulait.
Une déflagration se produisit alors à sa base et un petit objet en sortit pour s’éloigner doucement sous l’effet du souffle. Mais Viggi n’eut pas le temps de s’y intéresser plus : le rayon psychique bleuâtre traversa soudain l’assaillant, dans un tourbillon d’éclairs et d’énergie radiante. Quelques décharges électrostatique s’échappèrent encore puis... le silence.
Les secondes défilèrent.
Lui et les autres commandants, synchronisés d’une manière toute « Forces mentales », patientaient dans l’observation des conséquences du tir.
Rien ne se produisait et les minutes s’écoulaient lentement.
Rapidement, ils eurent la certitude que les hôtes du vaisseau ennemi étaient au moins sévèrement sonnés, encore fallait-il le prouver. C’est là que l’explosion du sas inférieur devenait intéressante : elle permettait de contourner la barrière de cette coque si étrange, imperméable aux sondes psychiques (et dont on ignorait la capacité à contrer le canon mental).
« Placez-nous en dessous, nous devrions pouvoir scanner l’intérieur. Que donnent les senseurs sur l’objet qui a été expulsé ? »
Il perçut le sentiment de surprise de ses collaborateurs avant même l’information : il s’agissait d’une capsule de sauvetage standard, modèle mental ! Immédiatement, il focalisa son amplificateur sur le point clignotant de l’écran et lança un appel mental :
Ici le capitaine Viggi des Forces mentales libres de MaterOne, identifiez-vous.
Bordel ! Viggi, content de t’entendre, lui répondit la voix de Stuffy. J’ai une fuite d’oxygène et l’ordinateur de bord ne fonctionne plus. Venez me chercher !
Pas d’inquiétude, on est sur vous dans quelques secondes ! Heureux de vous revoir, Chef !
On se bécotera plus tard, fais vite !
Alors que, d’une manœuvre aussi fluide que précise, le croiseur mental « avalait » la capsule de sauvetage endommagée, ce fut dans un flash que l’appareil nalcoēhual disparut en Transition.
Le commandant, mort comme tous les autres membres à bord, n’avait plus appuyé sur le bouton de sécurité depuis peu, le vaisseau avait donc basculé en pilotage automatique et amorcé le voyage de retour à sa base.

Trois quarts d’heure plus tard, ce fut un Stuffy lavé à la cheville bandée qui vint frapper à la porte du bureau du premier officier. Une simple pensée lui répondit :
« Entrez, Agent MacDone ! »
Alors qu’il passait les battants, il eut la très agréable surprise de découvrir huit Mentaux hauts gradés parfaitement alignés se tendre en un strict garde-à-vous. Un peu étonné, il rendit le salut en se tournant vers Viggi pour une explication. L’autre sourit et précisa d’une voix où pointait une réelle fierté :
Agent MacDone... nous vous offrons le commandement général de notre... modeste flotte libre !
Oh... « Flotte mentale libre » tu disais tout à l’heure ? Vous avez tous décidé d’abandonner le train de Poféus et QuartMac, c’est ça ?
Oui, Monsieur. Nous et nos équipages. Et nous sommes à vos ordres, que fait-on maintenant ?
Stuffy observa chacun des hommes. Ces soldats avaient choisi de sortir des sentiers battus pour venir le chercher, quitte à renier leur serment, dans un lieu inconnu de l’univers et loin du premier avant-poste. Il ne pouvait que les admirer en retour, même si ce n’était pas ce qu’ils attendaient de lui. L’Agent mental se redressa, adoptant un ton plus martial, comme le moment en convenait :
« Alors, messieurs, prévenez vos navigateurs : nous allons rejoindre l’Exode le plus vite possible. Notre mission est désormais d’éviter un génocide d’une ampleur inédite dans notre histoire...
... aussi, laissez-moi vous serrer la main à tous, bande de génies ! »
Et Stuffy embrassa chaleureusement chacun d’eux, entre rires et accolades. D’une manière incroyable, s’il était encore en vie, c’était d’abord grâce à eux...
...et aussi un peu de chance, il fallait l’avouer. N’avait-il pas un jour raconté à Ralato qu’il s’agissait de la force la plus puissante de l’univers ?

Fin du Chapitre


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FORCES MENTALES - Juillet 2018
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RedU T1 Ch26 Ep13

Tue, 07 Aug 2018 23:44:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 13 : " Sauvetage (1) "

L’attaque psychique éprouva ses boucliers, mais ils tinrent bon. Stuffy n’en revenait pas, car ses assaillants nalcoēhuals s’y étaient pourtant mis à trois pour tenter de percer ses défenses : QuartMac avait, sans le vouloir, trouvé un moyen de démultiplier la puissance des Mentaux. Il riposta, remontant jusqu’à la source ennemie et endommagea gravement la psyché d’au moins l’un des extraterrestres, tandis que les deux autres resteraient au tapis pendant plusieurs heures.
L’Agent mental se protégeait, agenouillé derrière sa capsule, dans le large hangar où il avait été capturé. Usant sans retenue de l’arme volée dans le laboratoire où il s’était réveillé, il repoussait les assauts physiques et psychiques de l’équipage. À défaut d’avoir pu trouver des vêtements à sa mesure, il portait une ample chemise dissimulant quelque peu sa nudité.
Un calme précaire s’abattit sur la scène tandis que les Nalcoēhuals tentaient visiblement de se réorganiser. Stuffy regarda autour de lui : la chance avait voulu qu’il n’existât qu’un accès à cet endroit, un sas central que le feu de son rayonnant permettait de parfaitement protéger, comme ses ennemis l’avaient découvert pour leur malheur. Néanmoins, c’était une voie sans issue, car l’unique chemin pour s’échapper se trouvait sous ses pieds : les portes extérieures. Inutile de préciser que seuls ses assaillants pouvaient les ouvrir, que ce n’était pas dans leurs intentions et qu’une capsule de sauvetage n’était pas armée, sans moyen d’en forcer le passage.
« Ils veulent me prendre vivant, apparemment. C’est ta chance mon Stuffy... », se dit-il en tirant un coup de semonce aux pieds d’un matelot extraterrestre un peu trop téméraire.
Un clignotement à la base de la crosse de son arme attira son attention. Aucune explication, sinon que plusieurs petits emplacements situés avec régularité au-dessus demeuraient éteints.
« Ça, c’est une jauge, constata-t-il simplement. Je suis à court de munitions et merde ! »
Il se savait encore capable de repousser plusieurs vagues d’assaut rien qu’avec ses pouvoirs mentaux, mais combien de temps cela durerait-il ? Et s’ils décidaient d’abaisser la pression atmosphérique dans cette salle, il n’aurait plus d’autres choix que de s’enfermer dans la capsule... qui elle-même connaitrait la fin de ses batteries à plus ou moins longue échéance.
Il laissa la paume de sa main glisser sur les écorchures extérieures de son appareil de secours. Les engins nalcoēhuals avaient tenté de forcer l’accès avant qu’un petit génie ne pense à appuyer sur le gros bouton rouge immanquable à la base de la structure, pour activer l’ouverture. Quelles seraient ses chances de survie au-dehors si l’intégrité de la capsule était endommagée ? De toute façon, la présence de ce vaisseau extraterrestre avait été miraculeuse et, sous réserve qu’ils décident de l’abandonner sans l’atomiser en partant, la solitude spatiale aurait eu raison de lui, in fine.
« Aucune issue sauf la mort ou la reddition. Tu parles d’un choix génial », se murmura-t-il à lui-même.
Sans conviction, il profita de l’accalmie qui se prolongeait pour faire un balayage passif aussi large que possible des forces déployées du côté des Nalcoēhuals. Il savait déjà que cinq soldats bloquaient l’entrée et... ah non, deux seulement ? En fait, perdu dans ses pensées, il n’avait pas remarqué que l’équipage s’était dispersé, chacun étant visiblement revenu à son poste. En se concentrant plus, il pouvait même ressentir une appréhension grandissante chez ses ennemis, quelque chose les inquiétait franchement !
Il éprouva alors une courte sensation de dédoublement, signe que l’on venait de passer en Transition. Mais Stuffy tiqua :
« C’était très court, on ne doit pas être allé bien loin et... »
Un tremblement parcouru la coque du vaisseau nalcoēhual, suivit d’un second, livrait-on bataille ? Il balaya autant que possible les alentours, mais rien n’y fit : les parois bloquaient son signal mental.
« L’amplificateur de la capsule ! » s’exclama-t-il en déclenchant l’ouverture.
Sans parler du radar qui pourrait apporter des infos, il y avait une chance qu’il puisse percer ce maudit rempart. Nouveau tremblement, les tirs se faisaient de plus en plus proches, mais pourquoi l’appareil nalcoēhual ne battait-il pas en retraite ? Plusieurs passages en Transition très rapide se succédèrent alors que des salves de ripostes fusaient. Plus aucun doute n’était possible : un combat se déroulait en ce moment à l’extérieur.
fit le coffrage de la capsule en se refermant sur Stuffy. Immédiatement, l’ordinateur de bord s’initialisa, activant tous les censeurs. Bien plus ouvert aux ondes radars depuis l’intérieur, le vaisseau livra quelques-uns de ses secrets. Les résultats confirmaient par exemple ce que Stuffy avait supposé : ce n’était pas un gros engin, à peine plus grand qu’un croiseur léger. Il pianota encore un peu, élargissant la zone de recherche. Malheureusement, la coque bloquait le passage des signaux dans l’autre sens également.
Il lança de nouvelles commandes et les diodes de l’amplificateur sortirent de leurs écrins pour venir se poser doucement contre sa boite crânienne. Un ronronnement monta dans sa tête puis s’atténua, indiquant qu’il pouvait commencer à émettre.
« Ici l’agent Stuffy des Forces mentales de MaterOne. Si vous entendez ce message, répondez-moi ! »
Il attendit quelques secondes, mais aucune réaction ne lui parvint. Rien, sinon un lourd tremblement qui se répercuta jusque dans la capsule. Les systèmes de blocage du signal psychiques résistaient à ses amplificateurs, même depuis l’intérieur. Retour à la case départ.
« Putain, quel con ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt », s’invectiva-t-il à haute voix ?
S’il ne pouvait franchir la barrière de la coque, il avait toute latitude pour balader son esprit à l’intérieur du vaisseau et ceux du poste de pilotage avaient forcement accès à toutes les données. S’il avait réussi à obliger son geôlier à le libérer, il devait pouvoir récupérer des informations dans les cerveaux de ceux qui contrôlaient ce vaisseau.
Il se concentra... et les trouva assez vite. Ils étaient six opérateurs et un commandant au centre de l’engin, assis en cercle devant une sorte d’écran holographique affichant schémas ou images de l’extérieure. Les ordres fusaient et tous agissaient en fonction. Sans difficulté, il put contourner les barrières psychiques de l’officier supérieur et suivre ce que ses yeux voyaient. C’était étonnant qu’une telle race, habituée aux pouvoirs mentaux depuis longtemps, ne soit pas plus aguerrie que cela aux subtilités mentales.
La relative nouvelle puissance de son corps n’expliquait pas tout.
Revenant au présent, il dénombra neuf assaillants sur le mur holographique. Des bribes qu’il comprenait dans l’esprit du commandant, le vaisseau nalcoēhual s’en sortait très bien et restait sur la zone pour obtenir suffisamment d’information, utilisant des capacités de Transition exceptionnelles pour tester leurs ennemis.
« Okay, vous êtes très forts, murmura Stuffy du fond de sa capsule, maintenant montre-moi qui est en face. Allez, gentil commandant, tu peux le faire, vas-yyyy... »
Plusieurs appareils adverses s’affichèrent alors sur la gauche et le cœur de l’Agent mental se serra : il s’agissait sans aucun doute de croiseurs de la Flotte mentale !


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Bohort: narration, Leto75: Stuffy Derush/montage: Coles/Ceco, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch26 Ep12

Tue, 31 Jul 2018 23:49:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 12 : " Révolution "

Du hublot de la navette de transport, Xopilat’l regardait s’éloigner lentement la planète naine d’où il venait de décoller avec une section de mineurs. De son illustre nom « Cuitliē », celle-ci abritait la majeure partie des habitants de cette région nommée « Chilico » ; c’était une zone stratégique car productrice de la fameuse « pierre qui chante », ce minerai sensible aux émissions psychiques qui représentait le cœur de la technologie nalcoēhuale.
Cela faisait pas mal de cycles qu’il n’avait plus été autorisé (il ne l’avait pas demandé non plus, avouons-le) à quitter ce bout de roche perdu au milieu du système d’anneaux formant Chilico. Ses obligations officielles d’agent des mines comportaient d’abord une lourde part administrative, loin des contraintes physiques de son ancienne vie de mineur, mais cela lui offrait peu de temps libre. Autrefois très impliqué dans l’action syndicale, le pouvoir en place sur Ti’ltchiti avait profité de son grave accident pour le rapatrier sur Cuitliē, sous les yeux et les oreilles de la police politique, où il se tenait désormais tranquille.
Il maugréa un peu trop fort, ce qui intrigua quelques secondes ses voisins avant qu’ils ne s’en désintéressent.
La vie des mineurs de Chilico n’était pas de tout repos. À creuser les astéroïdes proches du trou noir central on risquait, au mieux, de perdre un bras et l’extrémité de ses antennes comme Xopilat’l, au pire, de ne jamais revenir.
La République nalcoēhuale avait colonisé cette région sous le prétexte fallacieux que tous les Nalcoēhuals étaient frères, mais c’était bien évidemment pour sécuriser l’approvisionnement en « pierre qui chante », vital pour l’industrie militaire. Les habitants ancestraux, issus de la vague originale des pionniers, n’avaient pas accepté cet état de fait et s’étaient révoltés par deux fois... insurrections noyées dans le sang par de terribles répressions.
« Et dire que cela se prétendait une « république », pensa Xopilat’l, la main sur le petit amplificateur-crypteur psychique à sa ceinture. Qu’ils commencent par lever la suspension des droits des citoyens et la loi martiale en place depuis près d’un cycle ! »
Car, loin de n’être qu’un activiste rangé, l’ancien mineur était en fait le président élu de la République cachée de Chilico, celui que tous les services de Ti’ltchiti recherchaient assidument sans y parvenir. Utilisant les derniers moyens de cryptage physiques et psychiques, multipliant les zones de réunions et filtrant les arrivées, la république cachée de Chilico avait réussi l’exploit de s’étendre dans un environnement dominé par la police de la pensée. Ses partisans apprenaient à échapper aux contrôles psychiques, à concentrer toutes les informations, quelle qu’en soit l’importance, et à les transmettre à la présidence.

La navette ralentit puis pivota pour apponter au sas prévu. C’était la dernière arrivée avant que le cargo de transport ne quitte son orbite pour le centre du système de Chilico. Apparemment, on les destinait à la quatrième ceinture, où un gisement prometteur avait été découvert à la suite de deux grosses collisions d’astéroïdes. Ce cauchemar ultime du mineur représentait également le salut de la production...
« ... tout du moins pour ceux de Ti’ltchiti », chuchota-t-il pour lui-même au milieu de ses congénères qui s’ébrouaient dans le sas.
Le voyage durerait cinq déciles avec un seul saut de Transition et c’était justement la principale raison de la présence de Xopilat’l ici. Car les services de sécurité ne prenaient pas garde aux transports de moins d’une douzaine de déciles et le saut entre les dimensions permettait d’échapper à un quelconque traçage. Sur un signe de tête, quelques compagnons formèrent une haie de solides gaillards autour d’un coin de mur où il put placer sur son front la barrette liée à l’appareil psychique de sa ceinture. Dès l’activation du protocole de protection, son esprit se matérialisa dans le Colisée, un immense lieu de réunion virtuel où les rebelles de la résistance pouvaient organiser de grandes rencontres comme celle-ci.
À sa droite patientait Telma’k, son fidèle ami qui tenait le rôle de premier secrétaire. S’il n’éprouvait pas le même genre de foi en l’avenir que Xopilat’l, il demeurait un coordinateur de génie adepte du secret ce qui, vu la situation de la république cachée de Chilico, représentait un sérieux avantage. Ses yeux viraient à l’orange et son teint bleu ciel parlait pour lui de l’état de fatigue, voire de stress dans lequel il baignait en l’attente de ce jour, car il n’était pas dupe.
Alors c’est pour aujourd’hui, Président ? chuchota-t-il le dos tourné à l’assemblée qui patientait. Xopilat’l lui sourit en tapotant doucement l’épaule de son ami.
Oui, nous attendions cela depuis si longtemps. Aie confiance, comme moi j’ai confiance...
Il s’approcha ensuite du bord de l’estrade. Écartant les bras en un geste apaisant, il demanda aux spectateurs un moment de calme, ce qui était quasiment inutile. La rumeur avait couru et tous savaient que quelque chose d’important allait être annoncé aujourd’hui.
Le président observa quelques secondes l’assemblée face à lui. Combien y avait-il d’informateurs de la police, de traitres voire d’agents infiltrés dans cette foule ? Par définition, une minorité et certains étaient déjà fichés par ses camarades chargés du renseignement. À ce jeu du Zlabot et de la croasouris, Xopilat’l pouvait compter sur un avantage intrinsèque au mouvement de résistance de Chilico : les anciennes familles se connaissaient toutes et chaque membre y avait sa place. D’où la difficulté pour la police de Ti’ltchiti de les infiltrer.
Il décida de mettre fin au suspense :
« Mes amis, mes voisins, mes concitoyens ! Vous avez sans doute suivi comme moi les changements intervenus à la tête de l’oppresseur de Ti’ltchiti. Désormais, il ne se voile plus derrière une façade démocratique, il s’est officiellement et durablement transformé en dictature. Au moins, nous lui reconnaissons une clarification des choses, même si nous lui connaissions déjà cette face depuis bien trop longtemps.
Mais ce n’est pas tout. Nos sources, précises, se recoupent sans possibilités d’erreur : l’armée noire qui nous oppresse retire ses forces de tous les territoires, dont le nôtre. Ils partent se regrouper à l’opposé du Cercle-de-Khabit dans une folle tentative pour contrer un quelconque ennemi qui la terroriserait. Est-ce l’Empereur-Dieu de Ragnvald ? Sont-ce de nouveaux humains ou encore quelque chose d’autre ? Dans tous les cas, mes amis, je vous le dis sans ambages : nous saurons profiter de la situation pour en tirer avantage.
Je parle bien sûr de négociations, de discussions en haut lieu avec des membres influents de la politique nalcoēhuale. Ceux de Ti’ltchiti sont en état de faiblesse, je suis persuadé qu’ils nous offriront enfin une oreille attentive. Et dans le cas, possible, où nous aurions besoin de montrer notre union, vous serez appelé pour que nous levions tous ensemble notre poing.
Ce sera tout pour l’instant, je vous tiendrai informé de l’évolution de la situation. Soyez prêt, l’œil bien ouvert et attendez : le dénouement est peut-être proche !
Longue vie, et prospérité. »
Et toute la foule répondit, croisant bras contre torse :
« Longue vie et prospérité ! »
« Longue vie et prospérité ! »
S’en suivit une longue ovation où la ferveur se teintait de l’espoir irréel d’une liberté retrouvée. Avant qu’il ne se déconnecte du Colisée, Telma’k le prit à part :
Tu es certain qu’ils auront compris le message ?
Bien sûr. Il n’y aura que les agents infiltrés pour chercher d’hypothétiques politiciens négociant avec nous. Nos partisans ne s’y tromperont pas.
L’autre baissa les épaules, presque résigné :
Donc on attaque ? Et tu veux vraiment commencer par la raffinerie de « pierre qui chante » ? C’est un endroit bien gardé...
Xopilat’l plissa les paupières le regard soudain sombre : il allait devenir chef de guerre et de ses victoires, ou de ses échecs, dépendrait l’avenir de son peuple :
« Plus que jamais. »


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RedU T1 Ch26 Ep11

Tue, 24 Jul 2018 23:21:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 11 : " La guerre des Stuffies (3)"

Tous ne purent entrer, mais rapidement l’atmosphère devint lourde de respirations, de transpiration ou de la simple élévation mécanique de la température. De son imposant fauteuil, le Stuffy mutualiste se leva et une haie s’ouvrit jusqu’à son alter ego. Lentement, il descendit quelques marches et s’approcha en boitant, abandonnant la distorsion de sa voix en détachant la prothèse collée à sa gorge :
Comme tu vois, j’ai aussi du mal. Mes pilules protègent un peu, mais ne font pas de miracles : une chimère usée est une chimère usée.
Je te rappelle que tu m’as donné ta parole que je contacterais mes hommes pour repartir, lâcha Stuffy ministère qui n’appréciait pas du tout cette meute d’agents mutualistes bloquant tous les accès.
Oui, oui... répondit énigmatiquement l’autre en s’approchant. Donc QuartMac par exemple, celui qui nous prête ses traits. As-tu cru sérieusement qu’il ignorait ce que deviendraient ses chimères non matures ? Ce... ce type les fabrique depuis des années et des années, il était censé être mort alors que Fabio et Ralato n’étaient que des adolescents ! Il maitrise la technologie du clonage et tous ses obstacles, il ne pouvait méconnaitre le risque que l’on prenait.
Mais je lui en sais gré. Car cela nous a ouvert les yeux, à moi et à l’autre.
Quel autre ? demanda doucement Stuffy ministère, comme s’il essayait de repousser ce qui apparaissait déjà comme une évidence.
Le Stuffy Souriant, bien entendu. Il m’a contacté alors que les premières certitudes s’imposaient à moi (comme à lui). Nous avons convenu qu’il était indispensable de poursuivre ce qui avait été entamé, mais cette fois en nous unissant, Souriants et Mutualistes. Les conglomérats de Talbot ont participé à la mise à mort de la bête en rapatriant d’urgence leurs fonds de partout, à la seconde même où se produisaient les explosions.
Tu entrevois maintenant le chronométrage de toute l’opération ?
Il le saisissait en effet : aux Souriants l’élimination de Ralato, aux Mutualistes celle de Stuffy ministère, tandis que l’attentat géant mettait à genoux la société humaine toute entière. Les Forces mentales désorganisées, il ne restait que l’armée qui ne saurait où donner de la tête. Résistant à l’envie de prévenir Ralato coute que coute, il contre-argumenta à l’autre Stuffy :
Même si Ralato et moi disparaissons, Poféus tient toujours très bien les rênes. Et il n’est pas du genre compréhensif.
Le président de l’assemblée, le parlementaire Wolf occupera l’intérim selon la constitution, tandis que Poféus tombera pour incapacité. Ce ne sera pas difficile... il est complètement fou depuis la mort de son amie la psychologue, les témoignages ne manquent pas. Wolf est un opportuniste, il se rangera avec nous le temps qu’on affirme notre emprise, on l’éliminera ensuite.
Les transmetteurs ne fonctionnent pas dans cette base, tout signal est coupé et nous nous sommes assurés que plus personne ne se trouvait à portée de ton pouvoir mental...
... donc tu vas mourir. Tu le sais, je pense, non ?
Stuffy ministère ne répondit pas. Toute cette mise en scène n’avait aucun sens, sauf à cacher autre chose :
J’ai toujours été faible de cœur, pour les nanas comme pour les mecs. Si tu avais voulu ma disparition, tu aurais pu être bien plus efficace. Qu’est ce que tu cherches, vraiment ? Et pourquoi tous ces Mutualistes doivent-ils y assister ?
Ha, ça... murmura Stuffy mutualiste. Il franchit le peu de distance restant jusqu’au Stuffy ministère.
Dans un curieux sourire, il écarta les bras devant lui, le visage levé au plafond en une soudaine expression de quasi-béatitude. Un grand gaillard en tenue sombre s’approcha de lui par-derrière et d’un mouvement sec, lui trancha la gorge ! Le rictus ne quittait pas la figure radieuse de ce QuartMac-Stuffy, alors que son corps s’affaissait sur le sol tel un vieux chiffon.
Le Stuffy ministère, dernier « Stuffy » de cette base et de cette planète, couvert de sang, resta sans voix. Il mit plusieurs secondes à détacher ses yeux de la vision morbide pour contempler l’assassin à la dague ruisselante encore levée. Leurs deux regards se croisèrent quelques secondes, puis l’autre lui adressa un sourire. L’Agent mental comprit enfin :
Tu t’es dupliqué en Mutualistes, tu as volé l’esprit de chacun d’entre eux !
Exact, répondit une femme derrière lui. Ils étaient ce qu’on appelait la « source », les esprits originaux que l’on dupliquait à volonté et qui restaient bien cachés dans les bases secrètes de l’organisation.
Lui, ajouta-t-elle en désignant du menton le corps gisant, n’était qu’une enveloppe condamnée.
Cela m’a pris du temps, poursuivit un Tropicalien qui sortait de la foule. Car toutes les notes de QuartMac ou de Heir n’expliquaient pas s’il était possible d’effacer une psyché vivante pour en imposer une nouvelle, sauf que...
Stuffy ministère compléta, coupant la parole à l’aberration des clones de son double :
Sauf que nous avons partagé l’esprit de Ralato pendant des mois et que cela nous a aidés à comprendre bien des choses.
À force d’expériences, en effet, confirma la première femme. Une fois la méthode au point, cela n’a été qu’une question de temps. Regarde donc ! Une armée de Stuffy, nous à l’infini ! Je l’ai fait !
Je vois ça, rétorqua l’autre. Et tu as fait venir tout le monde pour assister à ma mise à mort ? C’est quoi ? Une sorte de rituel pour faire plaisir à tes clones ?
En réponse, les Mutualistes présents sortirent une dague et la pointèrent vers Stuffy dans un geste, non pas menaçant, mais qui se voulait inéluctable. Plusieurs parlèrent en même temps :
« Nous désirons tous être là pour te voir mourir. »
Et quarante couteaux s’abattirent sur l’Agent mental changé en chimère bien malgré lui. La mise à mort dura de très longues minutes, le temps que chaque Mutualiste ait pu déchirer un morceau de la chair de leur ancien frère. L’une après l’autre, les lames aiguisées s’enfoncèrent dans la masse sanguinolente qu’était devenu le tronc de Stuffy. Il s’effondra au sol, sur la dépouille de son double mutualiste, et ce fut dans son dos ou dans ses côtes que la majorité des coups plurent.
Lorsque le dernier Mutualiste, le Tropicalien, vint planter sa propre arme dans l’amoncèlement de chair, il constata la mort de la chimère. Un rapide balayage mental le lui confirma, mais il y eut autre chose : une sorte de point luisant dans l’esprit s’éteignant, une sensation très subtile que l’excitation de l’assassinat des deux Stuffy avait occultée. Tous partagèrent cette étrange sensation et levèrent la tête. Une borne, un amplificateur psychique, avait été installé à l’insu de tous au sommet de la colline, sous laquelle se trouvait la mine, et elle était connectée d’une manière ou d’une autre avec le Stuffy ministère. Alors qu’ils s’inquiétaient, la brillance disparut et l’engin se tut.

À cent-vingt-mille kilomètres d’altitude, quatre croiseurs de la flotte spatiale étaient en orbite stationnaire. Lorsque le Stuffy des Forces mentales mourut, le petit appareil suivit sa programmation et émit l’impulsion attendue par l’escadre.
Les canons patientaient, leurs ogives pointées sur l’objectif et les ordres étaient clairs.
Un déchainement de fureur s’abattit alors sur la mine, la colline, le lac, la région, réduisant plusieurs villages, des routes, la forêt et même quelques maisons des faubourgs lointains de MaterOne-Centrum, en un amalgame déconnecté de millions d’atomes. L’erreur du Stuffy mutualiste avait été de se croire suffisamment protégé, face à son frère du ministère, pour venir le tuer en personne. Il avait sous-estimé le choc et le sentiment de trahison qu’il avait déclenchés chez celui qui restait, jusqu’à preuve du contraire, le seul Stuffy équilibré de cette partie de l’univers.
Les flammes brulèrent bien plus profondément que les seules fondations de la colline, le sillon arraché à la terre mettrait des siècles à cicatriser de l’impact cumulé de ces frappes orbitales.

Le vrai dernier Stuffy n’avait jamais souhaité se cloner et il avait personnellement vidangé les cuves de ses chimères de remplacement en maturation. Lui aussi pouvait estimer qu’une cause valait des sacrifices et, surtout, n’avait cultivé que peu d’espoir sur l’issue d’une hypothétique confrontation avec son double mutualiste.
Peut-être était-ce les douleurs, sans doute le carnage provoqué par son frère d’esprit, toujours est-il qu’il ne s’estimait plus en droit de vivre comme un fantôme.


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RedU T1 Ch26 Ep10

Wed, 18 Jul 2018 22:44:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 10 : " La guerre des Stuffies (2)"

(EDIT: 20/07/2018, mauvais fichier, on est désolé!)

Rapidement, le décor changea. Des abords typiques d’une vieille mine désaffectée avec ses poutres vermoulues et ses toiles d’araignées, le Stuffy du ministère pénétra un corridor impeccable à la lumière bleue diffuse, truffé de capteurs et autres caméras.
« Arrête-toi quelques secondes », lui intima son hôte dans un message psychique.
Plusieurs carreaux autour de lui se mirent alors à rougeoyer du sol au plafond, tout y passa jusqu’à ce que le couloir redevienne normal. Un panneau sur le côté s’enfonça et glissa en révélant une seconde galerie.
« Rejoins-moi, maintenant » précisa simplement la voix.
Le mur reprit sa place, Stuffy apprécia l’idée d’un œil connaisseur : si des agresseurs attaquaient, personne ne se douterait que le corridor principal n’était qu’un cul-de-sac, voire un labyrinthe ou un piège fatal ! Le vrai passage était l’accès secondaire dissimulé dès l’entrée de la base secrète... très « Mutualiste » tout cela.
Il déboucha dans une grande antichambre de près de cent mètres de long : des dizaines et des dizaines de membres de l’organisation y étaient alignés, sertis dans leur tenue noire moulante et serrant le poing contre leur torse. Femmes, hommes, leurs durs regards se perdaient dans les hauteurs des parois, mais Stuffy jurerait qu’il s’agissait des personnes originales de ce fameux « cœur » mutualiste. Quelque chose dans leurs influx psychiques, un je ne sais quoi dans leur apparence plus tendue ou fatiguée... impossible de sonder plus loin les esprits, ce serait certainement repéré et mal interprété. Sans compter qu’ils étaient sans doute gavés de Boramol.
Ils levèrent le poing en criant :
« GLOIRE À LA MUTUALITÉ »
, alors que Stuffy franchissait la porte du fond dont les larges ventaux se refermèrent derrière lui.
« Bienvenue » résonna la voix déformée.
La nouvelle salle baignait dans une obscurité presque totale, on devinait la silhouette d’un imposant fauteuil nimbé d’une lueur violette. Stuffy s’étonnait qu’on ne lui ait pas retiré son révolver. Certes, la séquence des carreaux rougeoyants de l’entrée dissimulait sans doute un portique d’imagerie, pour vérifier qu’il ne portait rien d’autre que son émetteur et son arme, mais c’était bien insuffisant quand on connaissait la paranoïa maladive de l’organisation.
La voix poursuivit, alourdie par la déformation :
Les cachets font-ils déjà leur effet ? Cela devrait être rapide.
Je me sens un peu mieux, merci, répondit prudemment Stuffy ministère. Pourquoi tout ce théâtre ? On sait tous deux qui tu es et on vient de se croiser dehors.
Parce que c’est ainsi que cela fonctionne chez les Mutualistes... mon vieux ! Détends-toi, je ne te sens pas dans ton assiette : tu ne peux lire nos esprits, nous ne pouvons percer tes défenses... match nul, parlons !
Alors, comment va notre cher Chancelier ? Toujours en plein délire éroticoparanoïaque ?
Aux dernières nouvelles, il n’a pas condamné des centaines de milliers de gens à la mort, lui. Tu sais pertinemment qu’on t’arrêtera, maintenant ou plus tard. L’organisation des Mutualistes doit être dissoute immédiatement et ses membres doivent comparaitre devant les tribunaux.
Les tribunaux ? Et comment les paierez-vous ? Il n’y a plus d’argent, seuls les militaires ou les Forces mentales peuvent encore intervenir. Nous venons de créer les conditions pour que la vraie révolution commence et elle sera mutualiste ! Tu sais — toi aussi — que j’ai raison, car nous partageons le même gout de la justice !
Je voulais que tu puisses me retrouver ici. Je suppose que tu t’en doutes depuis le début, c’est pour cela que tu as préféré laisser tes troupes dehors.
Stuffy ministère ne répondit pas, il essayait de comprendre à qui il avait à faire. Ce Stuffy mutualiste usait d’un vocabulaire un peu plus châtié que le sien et d’une intonation hautaine. Malgré cela, c’était bel et bien un Stuffy-Quartmac identique qui lui parlait. Leurs références se croisaient, parfois même leurs objectifs ! La finance, l’économie monopolisée par quelques-uns, il ne les appréciait guère, mais ça ne méritait pourtant pas de tuer tout le monde ! Le Mental décida d’abréger, quelque chose de malsain flottait dans l’air.
Suis-moi, un orthoptère atterrira pour nous prendre et tu ordonneras à tes hommes de se rendre gentiment aux troupes mentales.
Hmmm, nous verrons. Dis-moi, as-tu reçu cette note de QuartMac qui prédisait une « transformation » de la psyché des chimères non matures ?
Oui. C’est ce qui fait que je voulais venir te chercher et pas te faire abattre, répondit sèchement Stuffy ministère. Son vis-à-vis avait visiblement choisi de jouer cartes sur table.
Hé, hé, hé... un peu de sérieux. Tu te demandes comment un frère a pu prendre une décision qui te semble aussi abominable, n’est-ce pas ? Tu considères que ce n’est pas possible, qu’une quelconque force extérieure m’a tordu l’esprit pour concevoir un tel projet ?
Stuffy mutualiste glissait doucement dans la véhémence, ce qui ne faisait que conforter le Stuffy ministère dans ses convictions. La silhouette poursuivit avec sa voix déformée :
« La réalité est que tu ignores l’étendue des implications. Mais nous en reparlerons plus tard. Dis-moi, que penses-tu de la multiplication des clonages ? As-tu décidé de transformer les Forces mentales en « Stuffy-land » avec des tas de doubles de toi, petits ou grands, gros ou maigres ? Ne t’es-tu pas demandé si tu n’étais pas l’agent idéal pour augmenter artificiellement les effectifs de ton organisation ? »
Bien sûr qu’il y avait réfléchi ! Une armée de lui-même ou plutôt des bataillons d’une sélection des meilleurs éléments des Forces mentales... mais Stuffy n’était pas mégalomane. Il ignorait ce que l’omnipotence pouvait engendrer, même sur un esprit équilibré, qu’il pensait équilibré, comme le sien. La folie du Stuffy mutualiste, comme les avertissements de QuartMac prouvaient qu’il avait eu raison de s’abstenir.
Tu sais parfaitement que non, répondit-il. Et d’ailleurs pourquoi discute-t-on, là ? Je t’ai demandé de me suivre et de donner à tes hommes l’ordre de se rendre aux Forces mentales !
QuartMac nous a menti ! rugit l’autre. Poféus t’a menti, tout le monde ment ici, tous ne font que se soumettre à la concupiscence et à la luxure ! Je veux un monde honnête, droit et surtout... sans surprise !
Soudain, de grands projecteurs éblouirent le Stuffy ministère, tandis que la porte coulissante derrière lui laissait entrer, autant que sa largeur le permettait, les Mutualistes présents dans l’antichambre.


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RedU T1 Ch26 Ep09

Tue, 10 Jul 2018 23:56:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 09 : " La guerre des Stuffies (1)"

L’équipe mentale progressait avec précautions vers la mine abandonnée. Plusieurs de ses collègues préconisaient le bombardement de l’endroit avec tout ce que comptaient les arsenaux spatiaux, quitte à raser les villages alentour et la banlieue de MaterOne, mais Stuffy avait repoussé l’idée. D’abord pour les victimes, mais également pour une raison personnelle : un Stuffy, un double de lui-même, était responsable du carnage à MaterOne-Centrum et il voulait comprendre pourquoi, malgré le risque.

C’était une semaine plus tôt, cinq Mutualistes, du nom de cette organisation prônant un changement majeur dans la société, sacrifiaient leur corps de chimères dans l’attentat le plus meurtrier de l’histoire. En une fraction de seconde, des charges d’antimatière avaient rayé de la carte tout le quartier des affaires de la capitale MaterOne-Centrum. Les dégâts structurels consécutifs au drame avaient presque doublé le nombre des victimes et la crise économique universelle qui en avait découlé perdurait. On pouvait tout juste produire un décompte définitif des administrations fermées et des faillites en tous genres. Mais quatre-vingt-sept-mille-six-cent-quarante-trois morts et plus de cent-mille blessés ne suffiraient pas à la folie qui avait atteint les Mutualistes, ils voudraient frapper plus fort et plus loin.
Dans la logique de changement de système, rien de mieux que de mettre à genoux le précédent et c’est exactement ce qui s’était passé. Si chez les Souriants ou les Nordistes la situation demeurait calme, du côté des Tropicaliens ou des Bruns cela virait à la violence et à l’anarchie. L’État ayant fait faillite, les budgets de la police, des milices ou de tous les services de secours étaient gelés et seule l’armée pouvait intervenir. Le carburant des forces de sécurité provenait uniquement de stocks réquisitionnés et cela ne durerait pas longtemps. On assistait à un redit des scènes de la Révolution Castiks quand des assauts étaient ordonnés dans plusieurs villes où des seigneurs de guerre tentaient d’accaparer le pouvoir...
Lorsque le Stuffy original s’était cloné quatre fois pour contrer le plan de Monsieur Heir, deux avaient pris la place du politicien dans ses rôles officieux : grand maitre des Triades souriantes et chef des Mutualistes.
Le ministre de la Sécurité Ralato Ouli se rendait actuellement auprès du premier, à la suite de quelques doutes des espions des Forces mentales, mais l’attentat de la rue du Mur changeait la donne.

Son équipe avait déjà neutralisé plusieurs dispositifs de surveillance qui truffaient les abords de l’entrée de la mine. La progression était difficile et...
... un des éclaireurs lui envoya l’image d’une vieille personne qui se dressait debout, seule, devant le passage obscur dans la paroi.
C’était le Stuffy.

Après la prise de pouvoir du chancelier Poféus, les dossiers et archives de l’organisation avaient été rapidement transférés aux bureaux du ministère, tenus à jour aussi souvent que possible. Il avait suffi de quelques semaines pour que le flot d’informations se tarisse et, stupidement, personne n’avait réagi à l’absence de données. Qui pouvait alors soupçonner un Stuffy, « un des quatre », d’une quelconque mauvaise intention ? Mais, depuis le drame, tout avait été relu et comparé et on n’avait pas mis longtemps pour capturer les premiers Mutualistes ayant participé à la préparation de l’attentat. Leurs interrogatoires par des Mentaux avaient permis de remonter la piste jusqu’ici.
L’organisation terroriste exploitait la technique du clonage à grande échelle de ses membres principaux, un millier d’après les documents reçus. Ils se transféraient régulièrement dans de nouveaux corps et poursuivaient leur quête en se sacrifiant aussi aisément qu’une version d’eux-mêmes prenait vie ailleurs. Ensuite gravitaient, autour de ce cœur, des sympathisants « normaux » répartis sur tout l’univers connu, parfois utilisés comme messagers, espions ou tout simplement comme chair à canon dévouée.

Sous le regard atterré des autres membres de son commando, le Stuffy du ministère se dressa au-dessus des buissons. Il laissa tomber au sol la majeure partie de son équipement, se contentant d’un révolver et de vêtements légers. Sac à dos, gilet pare-balle, casque... même son bonnet resta sur place. D’une pensée, il donna l’ordre de se replier et descendit, prudemment, vers l’entrée de la mine.
Ses hommes devaient littéralement paniquer à l’idée inquiétante que tous les Stuffy se soient ligués contre l’humanité. Cela les encouragera à se retirer au plus vite : si c’était une rencontre entre Stuffy qui était visiblement attendue côté mutualiste, on risquait de voir anéantir le reste du commando.
Le dernier pas qui le conduisit au terreplein fut de trop et le genou droit hurla : la décomposition de son corps se poursuivait et les douleurs se répandaient maintenant partout. Il ne put retenir une grimace impossible à dissimuler à l’autre petit vieux qui attentait : Stuffy mutualiste arborait un sourire narquois, sa peau était blanche comme une feuille de papier tandis que de profonds cernes bleus entouraient un regard inquiétant. Clairement, leur physionomie à tous deux différait.
Les quatre Stuffy s’étaient clonés dans les seuls corps alors à disposition : les chimères de remplacement non matures du professeur QuartMac. Résultat, quelques mois plus tard, des articulations en décrépitudes, des parties de l’organisme qui ne fonctionnaient plus et une vie de souffrance dans l’attente d’un nouveau corps. Stuffy mutualiste sortit doucement de sa poche une série de comprimés qu’il jeta aux pieds de l’arrivant, alors que des points rouges se promenaient sur sa tête : apparemment, les hommes du commando se refusaient à abandonner leur chef. Il prit la parole :
Dis-leur de s’en aller. Tu pourras leur envoyer un signal pour qu’ils viennent te chercher quand nous en aurons fini. Et ne t’inquiète pas, il ne leur arrivera rien.
Et çà, c’est quoi ? demanda Stuffy du ministère en ramassant la boite.
Un analgésique puissant doublé d’une formule de ma composition pour retarder les effets du vieillissement. Si tu les prends, la différence devrait se faire sentir très rapidement, dans le quart d’heure. C’est très efficace.
Stuffy ministère en fit rouler deux dans la paume de sa main. Était-ce un piège ? Quel serait l’intérêt de le tuer maintenant, l’autre en avait sans doute déjà eu l’occasion. Une drogue quelconque ? Il n’en savait guère plus que ce que Stuffy mutualiste connaissait déjà. Ce dernier reprit :
« Tu peux en avaler trois vu ton état. Moi, j’en ai besoin de deux par jour... pour l’instant. J’espère que de futurs corps sont en maturation de ton côté, les miens seront bientôt prêts.
Décide-toi, moi je rentre. La lumière du soleil m’éblouit et la présence de tes Mentaux me gêne. Rejoins-moi quand tu veux ! »
Stuffy ministère s’interrogea… puis il avala d’un trait trois comprimés en signalant à ses hommes de se replier une fois pour toutes, ordre mental à l’appui.
Enfin, sur une ultime hésitation, il disparut dans l’obscurité de l’entrée à la suite de l’autre Stuffy.


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Gvillaume: narration, Leto75: Stuffy Derush/montage: iGerard/`ceco, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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FORCES MENTALES - Juillet 2018
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Trailer Episode 1 Forces mentales

Sat, 07 Jul 2018 16:59:00 GMT

Forces Mentales, votre nouvelle série de la saga Red Universe.

7 Juillet 2018 à 22h (10 PM GMT) sur http://forcesmentales.fr




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Teaser n°2 Série Forces Mentales

Fri, 06 Jul 2018 12:23:00 GMT

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RedU T1 Ch26 Ep08

Tue, 03 Jul 2018 23:33:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 08 : " condamnation (2)"

« la première défense peut livrer son ultime plaidoyer », lança la voix synthétique de la première intelligence artificielle.
Depuis presque une heure, à peine, la Princesse Azala, sa garde du corps Melba, ainsi que la parlementaire Ci’chi supportaient le feu roulant d’accusations plus loufoques les unes que les autres. On chargeait leurs dossiers de tout et n’importe quoi : ici, la divulgation d’une quelconque annonce top secrète que la Nalcoēhuale aurait glissé à Azala, là, Melba truffant les corridors d’émetteurs dissimulés. Pour la superbe, on reprocha même à la jeune femme les mauvaises expressions de son traducteur.
Si l’issue n’était pas gravissime, la peine « maximale » ayant été largement et clairement demandée — exigée — par l’accusateur public, le comique de la situation prêterait à rire à gorge déployée. Mais quel était donc le système judiciaire qui ne permettait pas aux avocats de présenter des témoins ou des preuves ? Seuls les éléments à charge étaient montrés à la cour. Enfin, la présidence du tribunal se résumait à trois armoires noires brillantes dont une console clignotait en haut de la face avant. Non seulement ces machines ne faisaient que donner la parole à l’un ou l’autre, mais Azala aurait bien aimé savoir comment elles pouvaient se faire une idée de ce qui leur était livré. Si tant était que ce terme ait un quelconque sens pour elles.
Elle croisa le regard de Melba, à quelques mètres d’elle. Les accusées avaient été séparées pour les empêcher de communiquer entre elles et un brouilleur psychique avait été placé autour de chacune. Elles étaient isolées dans une sorte de cabine de verre renforcé, un unique garde, qui se curait consciencieusement les ongles derrière elles, les surveillait, débonnaire.
L’expression dure de l’ancienne Lakedaímōn (l’ancienne garde royale sur MaterOne) prouvait qu’elle ne se laisserait pas exécuter sans combattre. Azala tenta un sourire réconfortant qui ne combla en rien son amie. De l’autre côté, sur sa droite, Ci’chi souffrait visiblement. On la sentait sur le point de s’évanouir apparemment sous l’influence de quelque drogue (peut-être était-ce le cas, mais la princesse soupçonnait que le brouilleur assigné à la parlementaire était responsable de son état. Sans doute l’avait-on réglé — volontairement ? — trop fort).
Pendant ce temps, l’avocat de Ci’chi terminait sa défense :
... cliente a refusé de reconnaitre les faits qui lui ont été reprochés. Était-elle dans son droit de ne pas cautionner cela ? Oui, fort heureusement, car les libertés des accusés ne sont pas lettre morte. Les preuves que l’on nous a montrés l’accablent et parlent d’elles-mêmes. Par son statut et sa responsabilité de représentante du peuple, mis en suspens le temps du procès, je demande... la clémence. Merci à vous !
la seconde défense peut présenter son ultime plaidoyer, lança alors la seconde intelligence artificielle.
Mes chers confrères ! Mais que vois-je ? Est-ce ainsi que nous traitons les diplomates étrangers qui viennent dialoguer en notre sein ?
Azala leva un sourcil. Le juriste chargé de la défendre n’avait pas fait preuve de véhémence et elle n’attendait guère plus de lui que de celui de Ci’chi. Pourtant, cette entrée en matière surprenait, il poursuivit :
Lorsque nous voyons ce tribunal militaire aux normes uniquement conçues pour la condamnation facile, on s’interroge bien de savoir si l’État n’avait pas à y gagner quelque chose dans l’élimination, oui je prononce ce mot, l’élimination de ma cliente.
Je demande donc également la clémence. Merci à vous !
la troisième défense peut présenter son ultime plaidoyer, déclara le timbre sans âme de la première machine.
Quoi, c’était tout ? La princesse toqua plusieurs fois à la vitre avant que l’avocat ne réalise que sa cliente voulait lui parler. Un peu gêné, il se décida, après quelques secondes de réflexion, à ouvrir une petite trappe destinée aux discussions de la défense. La voix du troisième ténor du barreau couvrait quelques-unes de leurs paroles :
Vous désirez ?
... désarmer, voir tuer à mains nues n’était pas à proprement parler une preuve de méchanceté...
Navré de vous déranger et toutes mes félicitations pour votre plaidoyer tout en grâce et en finesse, commença la princesse de sa meilleure hypocrisie. Je voulais vous demander... avez-vous déjà gagné un procès ?
... mais que l’abus qu’en a fait ma cliente devrait effectivement être puni...
Moi ? Mais pourquoi ? Je ne suis pas payé pour gagner, mais pour proposer de beaux discours de fin. Je trouve aussi que celui que je viens de prononcer était plutôt bien.
Heu... si c’est tout, je vais me mettre en place pour le verdict. C’est un moment important où les caméras cadrent bien sur les avocats.
M... merci, mon brave. Je comprends parfaitement, je vous souhaite un bon… verdict, donc.
Ah, mon collègue a terminé. Merci à vous également ! dit-il en refermant prestement la trappe.
... donc nous n’accepterons pas la peine de mort sans protestations. Merci à vous !
Azala regarda les trois ordinateurs qui clignotaient frénétiquement. Comment pouvait-on être certain de l’impartialité de ces juges ? D’un autre côté, vu ce qui leur avait été présenté et si elles s’en tenaient uniquement à cela, la cause devait être entendue. Finalement, des règles de droit transgressif et des machines sans âme pouvaient parfaitement fournir un résultat très convenable pour toute institution désireuse de condamner facilement sans être accusée de fraude.
« Article sept, alinéa quatre du Code pénal... révision A » hurla soudain Ci’chi.
Azala sursauta. Dans le silence qui précédait la sentence des ordinateurs, la voix tonitruante, certainement doublée d’une impulsion psychique qu’on pouvait imaginer contournant le brouilleur, surprit tout le monde. Même les juges semblait-il, car le troisième donna de son timbre monocorde :
vous faites appel à l’ancienne loi relative aux retours sur enquête ?
Cet article a été retiré, poursuivit la première intelligence artificielle. Vous n’y êtes pas autorisée.
Aussi étrange que cela paraisse, Ci’chi sourit et lança sereinement, toujours d’une voix tonnante :
Sauf que la procédure actuelle a failli concernant l’article trente-quatre, paragraphe six, alinéa douze : « Aucun document lié à l’accusation ne devra être présenté à un inculpé hors de l’enceinte du tribunal ». La députée Loxa m’a pourtant projeté l’hologramme d’un texte listant les griefs qui me sont reprochés, mes souvenirs sont à la disposition des greffiers.
Or, comme il est d’usage en référence à la jurisprudence du troisième cycle, dans l’arrêté du soixante-quatrième mois, si le nouveau Code pénal faillit, il est possible de revenir au précédent s’il ne contient pas les mêmes omissions.
La parlementaire Loxa devra répondre de ses actes devant la justice. Cela ne compromet pas le Code pénal actuel.
Loxa préside au comité de salut public, contra Ci’chi, certaine d’elle-même. Elle se retrouve donc membre de la juridiction suprême... vous ne pouvez appeler à comparaitre votre chef, mesdames.
Azala n’en revenait pas. Malgré sa méconnaissance du système judiciaire nalcoēhual, elle comprenait parfaitement que la vieille députée, visiblement férue de textes de loi, avait laissé le procès se dérouler pour apaiser leurs ennemis et mieux les surprendre à la dernière minute. Il suffisait de constater le retour précipité de l’accusateur public, parti quelques secondes se chercher une boisson chaude. L’imbécile venait de briser sa carrière.
La seconde intelligence artificielle reprit la parole :
la démonstration est exacte et la preuve est faite. Ce tribunal se réinitialise sur la base du Code pénal A. L’accusée Ci’chi a activé l’article sept, alinéa quatre. Prenez-vous l’ensemble des accusations à votre seule charge ?
Oui, répondit-elle sans faillir.
Puis elle se tourna vers Azala. Au travers des deux vitres, cette dernière lut distinctement les vieilles lèvres bleues prononcer un...
...« Bonne chance » dans la langue commune de l’humanité.
la peine par neutralisation dans le vide spatial est requise et appliquée immédiatement à l’encontre de la prévenue Ci’chi, poursuivit la seconde intelligence artificielle.
Plusieurs accroches sautèrent à la base de la cabine de la députée et elle s’enfonça en un souffle dans les profondeurs du tribunal. L’ouverture se scella et tout fut terminé. Posément, sans une once de sentiment pour celle qu’elle venait d’envoyer à la mort, la machine poursuivit :
Le signal de destruction a été reçu. La condamnée Ci’chi est décédée ce dix-huitième mois du cinquième cycle. La peine des prévenues humaines Azala Lanik Magnam V et Melba est désormais commuée en cryogénisation jusqu’à ce que l’histoire les juge d’ici douze cycles.
Le mot de la fin fut pour la troisième :
la justice est rendue et la loi fut appliquée. Paix et prospérité. Déconnexion des intelligences artificielles de délibération
Et les trois cadrans lumineux s’éteignirent alors que plusieurs gardes entrèrent et se placèrent à l’ouverture des cabines d’Azala et de Melba. Cette dernière ne put que suivre rageusement celle qu’elle avait juré de protéger.


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Rafa96: narration, Fallen Swallow (Ci'chi), Elioza(azala), Bohort (avocat ci'chi & IA1), Lorendil (Avocat Azala & IA2), Guilitane (avoca Mela & IA3) Derush/montage: Coles/MTIce, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch26 Ep07

Tue, 26 Jun 2018 23:02:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 07 : " condamnation (1)"

La parlementaire Ci’chi avançait au rythme de ses gardes qui la maintenait solidement menottée et serrée entre eux. Pas de brutalité, non, mais un pas martial que l’ancienne Nalcoēhuale n’avait pas le souvenir d’avoir connu... ou était-ce parce qu’elle n’avait jamais été inculpée ? Chaque claquement de talon sur le sol la faisait frémir.
Loxa et Huate n’allaient tout de même pas oser aller jusqu’au bout de cette pièce de théâtre, c’était simplement inimaginable ? Si la république commençait à se saigner elle-même, de quoi pourrait-elle se prévaloir face à des empires dictatoriaux comme ceux de Ragnvald ou de MaterOne ?
Même dans ses premières expériences de la politique, alors qu’elle n’était encore qu’une jeune Huitlalcoh, elle n’avait jamais envisagé les débats d’idées, parfois houleux, susceptible de se terminer par une condamnation à mort. Car elle n’était pas stupide, le simulacre d’un procès devant une cour martiale était connu d’avance, mais habituellement destiné aux militaires et surtout dans les cas de désertion et d’erreurs ou actes graves. Pas pour des civils et certainement pas pour des représentants du peuple tels que des parlementaires !
Étrangement, ses gardes tournèrent à un embranchement dans une mauvaise direction, quelle surprise lui réservait-on encore ?
Tous les corridors de cet espace pénitentiaire se ressemblaient, mais il lui semblait que les influx télépathiques aux alentours changeaient sensiblement. Elle pouvait ressentir de la peur, voire même de la souffrance...
Du coin de l’œil, elle scruta au-delà de l’entrebâillement d’une porte et remarqua fugitivement un Nalcoēhual solidement attaché à une table. Plusieurs infirmiers jonglaient avec des fioles multicolores et des aiguilles pour lui injecter des drogues. Que se passait-il ici ? Elle n’osait pas penser le mot qui lui vint naturellement à l’esprit :
« On torturerait donc dans le Cercle-de-Khabit ? Où cela n’avait-il jamais vraiment cessé ? »
murmura-t-elle à voix haute, avant qu’un coup sec dans les côtes ne la rappelle au silence. Le regard de celui qui l’avait frappé semblait aussi dur que l’acier, depuis combien de temps formait-on des bourreaux dans les écoles militaires de la république ?
Ascot-8 était le numéro de la pièce devant laquelle on l’arrêta. Le soldat de gauche lança un signal psychique à l’intention de l’intérieur, puis le trio attendit qu’on daigne bien leur ouvrir. Aucun influx particulier ne ressortait de l’écoute des pensées de l’autre côté de la paroi. Aurait-elle droit, elle aussi, à ces infirmiers avec leurs potions diaboliques ou lui réservait-on un traitement « à l’ancienne » à base de coups et d’humiliations de toutes sortes ? Jusqu’où le système militaire est-il tombé ?
La porte s’ouvrit sur une apparition franchement inattendue : la députée Loxa, debout et couverte de bien moins de pansements que lors de la dernière session parlementaire, l’accueillait avec deux tasses à la main. De sa voix nouvellement retrouvée, elle déclara avec une joie parfaitement simulée :
« Ci’chi, vous voici enfin, c’est un réel plaisir de vous revoir ! Mais que vois-je ? Allons, soldats, ce ne sont pas des manières pour traiter une personnalité telle que notre élue. Veuillez lui enlever ses menottes et nous attendre. Entrez donc, Ci’chi. »
Une fois libérée, la vieille Nalcoēhuale s’exécuta tout en frottant ses poignets endoloris : mais que mijotait la chef du mouvement « extrême haut » ? Celle-ci ferma la porte et se dirigea vers une petite tablette de côté où trônait une théière fumante. Elle s’installa dans l’une des deux chaises, invitant son hôte à prendre la seconde.
La modeste pièce était vide de tout autre mobilier excepté... excepté une longue table inclinée avec des sangles ouvertes trainant négligemment dessus. Alors qu’elle servait le breuvage, Loxa intercepta le regard de sa collègue :
Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas pour vous. Nous sommes juste ici pour bavarder tranquillement. Un peu de lait de Zlabot dans votre tasse ?
Non merci, je ne suis pas certaine de pouvoir l’avaler. Qu’est-ce que c’est que tout cela Loxa, où sommes-nous ? Qui sont ces prisonniers que l’on interroge et... vous les torturez, n’est-ce pas ?
Moi ? Absolument pas, répondit la parlementaire en déposant la tasse de Ci’chi face à elle. Vous confondez mes responsabilités au Comité de salut public et les actes individuels de quelques militaires trop zélés. Nous sommes ici pour discuter, vous disais-je, et...
Donc vous ne cautionnez pas ces actes, la coupa-t-elle. Vous allez y mettre un arrêt immédiatement !
Pas question.
Les deux Nalcoēhuales se mesurèrent du regard, on pouvait même sentir quelque chose d’électrique entre elles, comme si leurs pouvoirs psychiques se jaugeaient en vue d’un affrontement direct.
Ce fut la parlementaire aux pansements qui brisa la tension sous une grimace :
Ouch... ma migraine revient. C’est un souvenir de votre cher Empereur-Dieu lorsqu’il a attenté à ma vie, voyez-vous ? Elle laissa s’écouler quelques secondes, puis reprit : venons-en au cœur du sujet, ce procès n’a aucun sens et nous le savons toutes deux. Je vous propose donc d’y mettre un terme, pour que nous passions à autre chose.
Il a été annoncé en séance plénière, alors que les CyberNals de l’amiral Huate prenaient possession du parlement. Je ne vois pas quel arrangement je pourrais espérer.
Tenez, regardez cela... lui répondit simplement Loxa, une tasse de thé aux lèvres, tandis qu’elle lui tendait plusieurs cartouches de données.
Ci’chi s’en saisit, dubitative, et plaça la première sur le coin de table marqué d’un cercle. Immédiatement, la lumière de la pièce baissa et l’impression holographique d’un palmier se dessina au-dessus des deux parlementaires.
La vieille Nalcoēhuale reconnut la représentation avec surprise :
C’est un... un arbre ? J’ignorais que l’on pouvait en trouver ailleurs que dans la pépinière des Huitlalcohs, en tout cas pas des vrais.
Lors de l’attentat contre ma personne, ce magnifique spécimen a été détruit par les flammes de l’explosion. Il avait pourtant plusieurs centaines de cycles et provenait d’un petit plant congelé que mon père avait reçu de mon grand-père. Cela remontait jusqu’à Veora...
Ci’chi, sous le charme des grandes feuilles vertes, ne put s’empêcher de s’intéresser à cette rareté. Le nombre d’arbres dans le Cercle-de-Khabit se comptait sur les six doigts d’une main.
Cette plante venait de Veora ? Vous l’avez fait pousser ici, sur Ti’ltchiti ?
Pas moi, mon père, expliqua-t-elle une touche nostalgique dans la voix.
C’est que ce plant avait une histoire. Notre lointain ancêtre avait été acheté comme esclave par un humain en échange de ce même plant. Lorsque les combats se rapprochèrent de la propriété, il tua son « maitre » et retrouva celui qui l’avait vendu, ainsi que le plant encore congelé.
Bref, c’est un symbole de liberté et de résistance contre « l’humanité » que l’Empereur-Dieu a anéanti.
Je vois. C’est effectivement une perte regrettable... passons à la suite.
À contrecœur, Ci’chi échangea la première cartouche avec la seconde et ce fut un document de plusieurs pages qui s’afficha entre les deux députés. Alors qu’elle parcourait les premières lignes, la vieille Nalcoēhuale se rembrunit, puis sentit monter en elle une colère froide au fur et à mesure de sa lecture. Le masque de Loxa tombait et le sens de ce rendez-vous apparaissait enfin.
Les dents serrées, elle cracha plus que ne parla :
Il est abject de votre part de me proposer la liberté en échange de la signature de... de ce déchet !
Allons, il ne s’agit que de quelques paragraphes où vous avalisez les accusations portées contre vous. Mais, comme dit le proverbe, « faute reconnue entraine la clémence ». Vous n’aurez qu’à parafer les pages et retenir les principaux arguments qu’il faudra réciter lors du procès.
Une fois cela fait et compte tenu de votre âge et de votre fonction, votre peine sera commuée en une sorte de disgrâce sans conséquence.
La parlementaire Ci’chi quitta la table et se dirigea vers la porte.
Je n’ai rien fait de ce qu’il y a d’écrit sur ce torchon ! Aucune collusion avec l’ennemi, aucune corruption ni trahison de secrets ! Vous nuisez au peuple nalcoēhual par vos actes et je suis déjà certaine que cela nous coutera très cher à tous !
Attendez, souffla Loxa en la retenant par la manche. Savez-vous que j’ai dû jouer de mon influence sur Huate et le conseil pour obtenir cette possibilité ? N’avez-vous donc pas reconnu les prisonniers torturés dans cette aile du centre pénitentiaire ?
Ci’chi fut soudain prise d’un doute. Elle laissa son esprit vagabonder dans les geôles proches et ce qu’elle découvrit l’horrifia. Mais comment avait-elle pu rater cela ? Loxa enchaina :
« Vous les reconnaissez, n’est-ce pas ? La parlementaire Ho’lioa, les assistants Vagh’iot et Et’izot et même plusieurs membres de la caste des Huitlalcohs. »
Elle saisit les cartouches pour les tendre à nouveau à la vieille Nalcoēhuale, ce qui eut pour effet de remettre la lumière et faire disparaitre la projection.
C’est une faveur, Ci’chi. Si vous reconnaissez vos fautes, nous pourrons limiter la répression à la portion congrue et nous concentrer sur la défaite de nos ennemis !
Comment cela, quelle répression ? rugit l’autre en arrachant sa manche à la prise de sa vis-à-vis.
La parlementaire Loxa se rembrunit, visiblement insatisfaite d’être entrainée sur ce terrain. Elle répondit pourtant à la question :
« Vous croyez que nous ignorons qu’un nettoyage serait préférable pour purger l’administration et les forces de sécurité de tous les éléments subversifs acquis à votre cause ? »
Ci’chi se saisit des cartouches et les jeta négligemment dans la théière. Le plouf résonnait encore dans la pièce vide qu’elle ouvrait déjà la porte, non sans glisser à l’intention de Loxa :
« Vous n’avez jamais eu l’intention de me libérer et vous n’aurez aucune preuve de ma part pour cautionner votre délire paranoïaque. Je préfère la mort à la déchéance, c’est quelque chose que vous apprendrez certainement un jour également.
Gardes ! Conduisez-moi à mon tribunal, une condamnation est en souffrance... la mienne. »
La porte se referma automatiquement sur Loxa, la laissant seule avec une longue table inclinée aux sangles ouvertes trainant négligemment.


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RedU T1 Ch26 Ep06

Tue, 19 Jun 2018 23:38:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 06 : " Rencontre du 5e type (3)"

L’Agent mental n’était plus qu’à quelques secondes d’atteindre la conscience. C’était aussi désagréable que de se réveiller tout barbouillé d’une opération chirurgicale, un moment où les esprits éveillés et somnolents se mêlent dans un patchwork aux airs impénétrables.
« Idn’t tok bla. Wiir’hanld, sih’te ! »
Quels étaient ces sons qui lui parvenaient ? Non pas des sons... des pensées à peine voilées, mais au sens incompréhensible. De la panique y transpirait, c’était quelque chose de facilement reconnaissable, car universel, lié à l’existence de la vie elle-même. Qui que soient ses geôliers, ils s’inquiétaient terriblement.
« Thl’a ! »
Un rayonnement lui traversa brusquement la tête, comme des pieux surgissant de nulle part qui transperceraient ses chairs pour le maintenir crucifié. Sous la force de la chose inconnue, il fut repoussé loin dans les profondeurs du sommeil, incapable de remonter à la surface. Pourtant, le moi était toujours actif, cela faisait partie intégrante de l’entrainement d’un agent mental que de pouvoir « exister » à plusieurs étages d’éveil, jusque dans l’inconscient.
Stuffy tenta de déduire ce qui pouvait l’être de ce premier échec :
« Ils doivent utiliser une sorte de machine émettant un flux psychique. C’est dans l’idée des amplificateurs que j’avais dans la capsule, mais en bien mieux...
Ce n’est pas ceux de MaterOne : je l’aurais su et ils sont maintenant loin. Par contre, si j’ai été trouvé, c’est peut-être simplement, car ceux-là suivaient l’armada et je me suis bêtement retrouvé sur leur chemin à hurler partout !
Ce sont des Mentaux qui parlent une autre langue, une branche dissidente, peut-être ? »
Depuis longtemps, les Forces mentales accumulaient des preuves de l’existence d’êtres aux pouvoirs psychiques chez les pirates. Il était tout à fait envisageable qu’au-delà de la Passe de Magellone, cette mouvance ait pu se regrouper en de puissantes fratries capables de développer ce potentiel et la technologie adéquats.
Non, cela ne collait pas. Les pirates conservaient de leur culture nordiste traditionnelle un appétit pour le contact physique. Suffisamment pour considérer les pouvoirs psychiques comme un atout, mais pas forcement comme une arme à généraliser, sans parler des moyens à mettre en œuvre pour concevoir et usiner tout cela. C’était difficile à imaginer.
Stuffy observa le rayonnement qui s’atténuait jusqu’à lui. Le repoussoir agissait en profondeur, pourtant... pas autant que ce que l’on pouvait obtenir avec deux Mentaux bien formés. Face à un agent entrainé, cela risquait de fournir des marges de manœuvre au prisonnier, ce dont Stuffy s’empressa de profiter. Par exemple, ce rayonnement semblait parfaitement homogène en matière de pulsations rythmiques, par contre sa diffusion laissait à désirer.
Le Mental se concentra, modifiant sa forme astrale, s’étirant à en devenir proportionné comme un serpent-annulaire et s’élança. Il fallait faire vite avant qu’une quelconque surveillance ne détecte sa progression. Barre à droite, circonvolutions à gauche, double crochet et pirouette, tel un beau diable Stuffy longeait chaque faille, profitait de toute ouverture dans l’influx extérieur pour se rapprocher toujours plus de la sortie et de son éveil !
« Ognozok Ath. Etakanotak, It’ske! »
Il dépassait déjà la limite précédente d’où il avait été repoussé. Le Mental en voulait pour preuve d’entendre à nouveau les bourdonnements de pensées. Dans une large et complexe spirale, Stuffy atteignit finalement l’ultime frontière, celle au-delà de laquelle il pourrait se réveiller. Sans attendre une seconde de plus, il s’élança au travers, ne percevant au loin que des tonalités anodines comme si ses geôliers se sentaient en sécurité. Ils n’avaient mis personne en surveillance, s’en remettant à l’efficacité théorique de leurs appareils.
« Grave erreur... » murmura l’Agent mental en ouvrant les yeux.

Il était entièrement nu et sanglé sur une table inclinée, la tête enserrée dans un étau métallique dont il pouvait ressentir l’électricité statique. Au-dessus de lui, une sorte de grande araignée incrustée dans la structure descendait jusqu’à quelques centimètres de son visage, s’ajustant en permanence tel un objectif qui ferait continuellement le point. Le reste de la pièce ressemblait à presque tous les compartiments des vaisseaux de l’espace, avec ses quelques mètres carrés (bas de plafonds), son sas ouvert, ses ordinateurs et interfaces fondus dans la paroi et sa lumière diffuse à dominante bleue.
Deux êtres lui tournaient le dos, deux non humains. Stuffy réprima un hurlement de surprise, ne pouvant que constater leur masse corporelle tassée, leur peau foncée virant au noir, leurs antennes et leurs six doigts compulsant frénétiquement les claviers virtuels. L’un était un peu plus grand que l’autre et il semblait émaner de lui plus d’impulsions psychiques, sans doute le responsable pour le duo. Car il s’agissait de militaires ou d’un quelconque corps nécessitant ces symboles (des grades ?) marqués sur les épaules.
Brusquement, tous les senseurs pointés sur son visage refluèrent et l’espèce d’araignée électronique poussa un croassement qui se révéla être une alarme, alors qu’elle se repliait dans le plafond. Les deux individus tournèrent vers lui de larges yeux globuleux jaunes que l’absence de nez et un goitre disproportionné mettaient encore plus en évidence.
Stuffy secoua ses liens : rien à faire, il était solidement attaché, plus d’autre choix que d’attaquer !
Tentant le tout pour le tout, il abaissa ses barrières et lança un balayage mental direct sur le chef, celui au potentiel psychique qu’il estimait le plus important (la technique de combat basique : neutraliser d’abord le plus fort pour s’occuper du plus faible ensuite). L’individu reçut la projection de plein fouet et, pris par surprise, ses défenses se brisèrent net sous l’impact. Stuffy n’en revenait pas d’avoir atteint si facilement sa psyché profonde.
« Merde, c’est incompréhensible là-dedans ! Ils ont une manière différente de concevoir les idées, ça va être difficile de m’y retrouver... » commenta-t-il.
Il n’eut pas le temps de pousser plus loin son analyse : le second prenait à sa ceinture une poignée surmontée d’une sorte de chose ovale. Pas besoin d’être devin pour y voir une arme de poing. L’autre leva l’objet, visa Stuffy... et s’effondra, foudroyé par un tir de son chef. L’agent mental souffla, les contrôles physiologiques ne se différenciaient pas tant que cela des humains et il avait même cru déceler une forme de soulagement dans l’esprit qu’il asservissait (les liens entre collègues semblaient aussi chaotiques ici qu’ailleurs). Il fut plus corsé de l’obliger à défaire ses attaches qui, fort heureusement, étaient toutes contrôlées par un connecteur sur le coté de la table.
Quand Stuffy était sorti de l’université mentale, une promotion ou deux avant celle — célèbre — de Ralato et Fabio Ouli, « piloter » un être vivant n’était possible qu’avec quelques batraciens et encore. Il avait été dans les premiers du programme pilote des Forces mentales à mouvoir le bras ou la jambe d’un autre. Mais maintenir ce... N’l — co-h’al, ou quelque chose d’approchant, sous sa coupe était un exploit dont il ne se serait jamais cru capable.
Son nouveau corps était probablement la clé de cette performance : d’une manière ou d’une autre, la matière organique composant son cerveau de chimère permettait une plus grande fluidité des connexions et, par conséquent, un pouvoir accru. Il contourna le chef hiérarchique du laboratoire et coupa l’alarme par un petit bouton fiché dans la paroi :
« C’est bien celui-là, hein, bonhomme ? Bon, donne-moi ton machin. Rouge on tue, vert on assomme...
Essayons. »
Dans un éclair bleu du paralyseur, le Nalcoēhual s’effondra tandis que Stuffy passait déjà le sas, arme bien tendue. Personne dans le couloir, mais l’alarme allait forcément attirer l’attention. Il scella l’entrée et détruisit la commande d’ouverture d’un coup de rayon.
« Efficace, ce machin. Bon, mon Stuffy : mission une, trouver un abri en évitant de se faire repérer et, mission deux, il jeta un œil à son torse musclé couvert d’un duvet châtain clair, puis ajouta : ne plus me retrouver à poil ! »
Il s’élança vers le corridor de gauche.


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RedU T1 Ch26 Ep05

Tue, 12 Jun 2018 23:23:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Episode 05 " Rencontre du 5e type (2) "

Stuffy évoluait dans une large étendue de mélasse noire que perçaient occasionnellement d’étranges petites bulles arc-en-ciel. Certaines le reflétaient, d’autres pas, mais elles éclataient toutes à quelques mètres de hauteur, libérant de cotonneux nuages qui se dissolvaient dans le vent. Car, dans ce ciel à peine moins sombre que sa mer de matière gluante, l’air se mouvait, parfois violemment. Un quart d’heure plus tôt, des éclairs zébraient encore le firmament soudain tourmenté par des tourbillons plus ou moins clairs, mais cela s’était terminé brutalement.
« Y’A QUELQU’UN ? » hurla Stuffy face à l’immensité.
Peu de chance que l’on réponde, bien que sa chance ait démontré l’inverse il n’y avait pas si longtemps... comment au fait ?
« QUARTMAC ! » cria-t-il alors que des bribes de souvenir remontaient de sa mémoire.
Au même instant, plusieurs énormes bulles crevèrent la surface au loin pour s’élever à une centaine de mètres de hauteur. Lorsqu’elles éclatèrent, les nuages qui s’en dégagèrent couvrirent une large étendue qui, miracle, colora la mélasse noire. Celle-ci devint belle et bleutée, transparente et scintillante durant quelques secondes avant que l’obscurité n’étouffe ce moment de féérie fugitive.
Stuffy resta sans voix, avant de se reprendre. Difficilement, il nagea vers l’endroit où le phénomène s’était produit, mais dut se rendre à l’évidence une fois sur place : tout avait disparu.
« EST-CE QU’IL Y A QUELQU’UN ? » tenta-t-il une dernière fois.
Ce furent les éclairs explosant dans le ciel qui lui répondirent. La tempête ne se déchaina pas seulement au firmament, mais troubla également la platitude monotonie de la mélasse qui gronda et s’agita comme elle ne l’avait encore jamais faite. L’Agent mental lutta tant bien que mal pour demeurer en surface, ce qui ne s’avéra pas si difficile vu l’inertie du liquide composant sa « mer ». Pourtant, dans un creux plus profond que les autres, il se retrouva brusquement débordé, la tête sous l’eau !
D’abord perdu dans l’obscurité, il lui sembla discerner quelque chose plus bas, comme une lumière tamisée qui infusait doucement au travers de la matière gluante. Malheureusement, la pression augmentait au point que chaque centimètre de descente le comprimait plus et lui imposait des efforts surdimensionnés. Il abandonna et remonta prendre son souffle.
Une fois à la surface, Stuffy ne put que constater le retour à la normale : la tempête s’était dissipée et la mer noire redevenue d’huile comme si rien ne s’était passé.
« Bon, faisons le point, se lança-t-il à lui-même en entamant une brasse tranquille vers nulle part. L’étendue de pétrole, le ciel bas et des éclairs... des bulles arc-en-ciel plus ou moins grosses et quelque chose de brillant là-dessous.
Ça me parle, mais de quoi ? »
Il respira profondément et se retourna, laissant à ses jambes le soin d’assurer la propulsion de son corps. En face, c’était le ciel, gris foncé, imperturbable... quoique certaines taches plus claires semblaient ne pas vouloir être englouties par l’obscurité ambiante.
Comment s’était-il retrouvé là ?
« QuartMac, le savant, murmura-t-il pour lui-même... la capsule, le nouveau corps… »
Immédiatement, une nouvelle ébullition s’enclencha, libérant des bulles de bonne dimension dont l’une surgit juste en dessous de lui. Stuffy en profita pour s’accrocher et se laisser emporter à plusieurs mètres de hauteur... jusqu’à ce qu’elle éclate ! L’Agent mental saisit l’occasion et plongea, s’enfonçant bien plus profondément sous la surface que la première fois, laissant derrière lui l’auréole d’un impact qui s’atténuait doucement.
La pression était forte là-dessous, mais pas autant qu’il l’aurait cru : une fois les premiers mètres traversés, l’effet s’inversait et elle diminuait avec la distance. Stuffy poussa de toute l’énergie de son nouveau corps, se frayant un chemin au travers du liquide environnant.
« Nouveau corps ? se surprit-il à penser. Mais oui : j’ai un nouveau corps, une chimère toute propre, c’était avant que la capsule ne... »
Grondement et remue-ménage aquatique : un flux d’une dizaine de bulles remonta vers lui et le repoussa rapidement des profondeurs, rejetant le nageur à la surface telle une branche d’arbre.
Alors qu’il laissait son souffle revenir à la normale, Stuffy observa les alentours. Autour de lui, la mélasse d’huile restait imperturbable, comme le ciel toujours délaissé par les orages, rien ne semblait avoir changé... pourtant, il esquissa un sourire : il venait de comprendre qui il était et où il se trouvait. En réponse à son expression, plusieurs grosses bulles pointèrent de dessous la surface, prêtes à troubler la quiétude toute relative de l’environnement. L’une d’elles monta encore à l’exacte verticale de l’Agent mental qui se prépara à la recevoir.
« J’ÉTAIS DANS MA CAPSULE, JE DEMANDAIS DE L’AIDE ! » cria-t-il comme si quelqu’un pouvait l’entendre.
La sphère arc-en-ciel était plus épaisse et plus large que les autres, Stuffy réussit à maintenir sa position sur elle alors qu’elle quittait la mélasse. À la base, seules quelques gouttes rebelles rejoignirent l’immensité liquide alors qu’elle s’élevait.
« UN VAISSEAU EST ARRIVÉ, UN MODÈLE INCONNU ! »
Dix mètres, vingt mètres, la sphère multicolore montait encore et encore. Stuffy, plus confiant que jamais, se redressa et s’essuya sommairement la chemise et le pantalon. À chacun de ses gestes, des morceaux entiers de mélasse glissaient sur ses vêtements, ne laissant aucune trace.
« Bien évidemment, murmura-t-il, car rien de tout cela n’existe. Il caressa la surface irisée sous ses pieds : merci d’être là, Maman. Enfin, il fixa le plafond nuageux en hurlant à nouveau :
J’AI ÉTÉ CAPTURÉ ! »
Au même instant, une nouvelle tempête se déclencha, plus violente que jamais. Les flashs de lumières vrillaient le ciel où les tourbillons luttaient entre gris clair et gris foncé dans un malstrom impressionniste. Le vent poussa la bulle de souvenir vers les cieux, encore plus haut que toutes les autres...
« JE SUIS DANS LE MOI DE STUFF MACDONE ! VOUS QUI N’ARRIVEZ PAS À TRAVERSER MES BARRIÈRES, J’ARRIVE ! »
Les éclairs frappèrent une dernière fois puis se turent, alors que la sphère traversait le plafond de nuages. Il était en veille mentale, au cœur de son esprit, ses protections psychiques levées par des années de réflexes et, dehors, quelqu’un ou quelque chose tentait d’en forcer l’entrée.
« QUI QUE TU SOIS, ENFOIRÉ, ME VOILÀ ! » hurla l’Agent mental en disparaissant dans le ciel qui symbolisait ses défenses, propulsé par un souvenir bien plus grand que tous les autres... celui de sa mère.


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RedU T1 Ch26 Ep04

Tue, 05 Jun 2018 23:49:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Episode 04 " bilan "

L’amiral Huate montait le large escalier qui conduisait au bureau de la parlementaire Loxa, attenant à la salle du Comité de salut public nouvellement créé. Cette instance, prévue dans l’état d’exception voté par l’assemblée, regroupait théoriquement un nombre réduit d’élus et de membres des forces de sécurité. Elle concentrait, sur la période d’un quart de cycle renouvelable, les pouvoirs exécutifs, législatifs et même certaines prérogatives judiciaires. Dans la réalité, Loxa et Huate en tenaient les rênes, transformant les séances du comité en simple chambre d’enregistrement.
Le secrétaire lui ouvrit immédiatement les portes, preuve que son arrivée était attendue... fébrilement. Ce que les premières pensées de Loxa confirmèrent :
C’est un désastre militaire que nous allons avoir à annoncer ! Je vous croyais d’une autre trempe, Amiral !
Paix et prospérité aussi sur vous, Loxa, répondit l’officier supérieur sans se troubler. Oui, nous avons essuyé une cuisante défaite : le décompte précis des pertes nalcoēhuales et matérielles est toujours en cours.
Presque sept-mille morts, rugit-elle, sans compter les disparus et les blessés et une douzaine de croiseurs anéantis ou hors de combat, dont le Calcatli en cale sèche pour plusieurs périodes de rotation ! Quant au résultat de ce carnage, c’est la destruction de... six petites corvettes de Ragnvald.
Huate, d’autres que moi auraient demandé votre tête pour moins que cela !
Huate inspira silencieusement, refusant de se laisser guider par la colère. Loxa n’était pas une militaire comme son père, elle ne comprenait pas qu’un chef ressentait profondément la perte de chacun de ses soldats.
D’une manière ou d’une autre, notre technologie a failli et nous en ignorons la cause. Une petite corvette ennemie semblait avoir la capacité de pulvériser d’un coup n’importe lequel de nos croiseurs, nous récoltons toutes les données pour analyse... et la disparition finale de ce portail dimensionnel ne cadre pas avec nos renseignements. Il n’aurait pas dû pouvoir rester ouvert alors que nos salves le pilonnaient. Là aussi, une enquête est en cours.
Après... si vous me demandez ma démission, je vous la signe dans le décile. Mais cela ne changera pas mon point de vue sur la situation.
Qui est ? interrogea Loxa, un soupçon d’intérêt dans le regard.
Que la direction engagée dans la modernisation de la flotte est la bonne : des appareils moins massifs, mieux armés et surtout bien plus mobiles en combat rapproché. L’époque des cathédrales volantes est révolue, si tant est qu’elle ait existé.
La parlementaire sembla se détendre, s’enfonçant dans son fauteuil. La surface de peau couverte par les pansements se réduisait jour après jour, au point que Huate se demandait si son état lors de la prise de pouvoir au parlement, encore très proche, n’était pas surjoué. Elle n’avait plus besoin de nacelle flottante, par exemple, une rémission miracle ? Toujours était-il que sa voix n’était pas revenue à la normale, l’obligeant à communiquer par télépathie. Les nouvelles lunettes de protection pour ses pupilles blessées permettaient de discerner son regard, ce qui simplifiait les discussions.
Tout en ajustant le foulard dissimulant ses deux antennes encore bandées, elle se perdit dans la contemplation d’un grand tableau holographique emplissant le mur de droite. Il représentait une célèbre bataille à laquelle avait participé son père, dans le système de Chilico, haut lieu de rébellion du Cercle-de-Khabit.
Sans détacher ses yeux de la scène virtuelle, elle reprit la conversation :
Vous faites allusion à ces prototypes « Lan’huitl » qui ont supprimé le traitre protégé par l’Empereur-Dieu ? Je crois savoir que, malgré les belles annonces que vous avez faites au parlement, le premier modèle a été détruit et ce fut un second, arrivé en renfort, qui termina le travail.
Elle se retourna vers l’amiral et lui lâcha sèchement :
« Au prix de ces engins, je ne vois pas vraiment où est la différence avec la défaite que nous a infligée l’Exode ! »
Huate ne releva pas le ton, mais écarta tout aussi sèchement l’argument :
Ces deux appareils ont détruit quatre corvettes ennemies, soit pratiquement le bilan de la dernière bataille. Le retour d’expérience de ces deux conflits va dans le même sens, bien qu’il reste à préciser de nombreux points. J’envisage d’ailleurs d’envoyer des recommandations aux usines d’assemblage qui les conçoivent.
La parlementaire se pencha vers lui, un sourire méprisant au coin des lèvres :
Laissez-moi deviner : vous allez encore demander de nouveaux crédits pour en augmenter la production ?
L’autre se redressa imperceptiblement, peu habitué à ce que l’on s’amuse de ses ordres.
C’est une obligation, au moins pour remplacer notre arsenal perdu. À moins que vous ne vouliez mettre de jeunes marins dans des vaisseaux ayant démontré une absence totale de résistance à nos ennemis ?
L’argument fit mouche et, après quelques secondes de silence, Loxa compulsa plusieurs notes éparpillées sur son bureau. L’amiral remarqua que les parcelles visibles de peau bleue claire de la parlementaire se violaçaient légèrement quand elle était prise au piège.
Soit, fit-elle en secouant subtilement la tête, ce qui eut pour effet de faire bouger son goitre de droite à gauche. Où est donc le dernier Lan’huitl encore en activité ? S’il est le seul apte à nous défendre, je préfèrerais le savoir avec la flotte.
Il suit une autre trace, tout aussi inquiétante. Les retours sont fragmentaires et je voulais attendre d’en connaitre un peu plus avant de vous transmettre un rapport.
Allons bon, soupira Loxa, dites-le-moi maintenant officieusement.
Huate sortit de sa poche une petite carte plastifiée qu’il posa sur un des bords de la table. Automatiquement, l’hologramme de la glorieuse scène murale disparut et afficha à la place les informations codées. Il s’agissait d’une suite de relevés et de représentations de toutes sortes que Huate se mit en demeure d’expliquer à sa vis à vis.
Tout a commencé avec nos radars à très longue distance censés surveiller le territoire de Ragnvald. Ils ont détecté, il y a peu de périodes, une grande quantité de sorties de dimension toutes regroupées à cet endroit, là.
C’est en plein territoire de l’Empereur-Dieu, nota Loxa, pensive. Serait-ce une nouvelle armée de corvette ?
Peut-être... mais regardez ces relevés. Ils nous ont été envoyés par nos croiseurs Hual’patli en patrouille à la frontière. Aucune activité de Ragnvald, voire une baisse de tous les échanges, parfois importante... comme s’ils faisaient le mort alors qu’une flotte inconnue se mouvait à proximité.
Par contre, sur ce graphique, une intensité de signaux électromagnétiques sur une plage de fréquence inhabituelle et... ceci.
Il désigna un tracé qui se détachait des autres par sa couleur. Loxa en lut la légende, surprise :
L’intensité psychique ?
Tout à fait, elle est passée de résiduelle à massive. On retrouve ce genre de relevés d’habitude lorsqu’une population nalcoēhuale s’installe sur une étendue jusque-là sauvage. Il n’est pas possible d’en déterminer la source clairement, comme si un brouillage y était appliqué.
Quelque chose de militaire ?
Sans aucun doute, madame. En tous cas, dans la zone de Khabit, seules les forces de sécurité sont autorisées — et entrainées — à en faire usage. Mais ce n’est pas tout, regardez en bas, voici des valeurs envoyées par le Lan’huitl il y a quelques décilles. Si les radars ne captent pas grand-chose, il a pu obtenir des relevés plus précis des passages et sorties de Transition. Et aucun ne correspond à ce que l’on connait de la technologie de Ragnvald, ou de la nôtre. Par contre, il y a des similitudes avec ce que nous avons pu analysé des moteurs dimensionnels... humains.
Loxa bondit sur son siège.
Une flotte militaire humaine avec des pouvoirs psychiques ?
Et non seulement l’Empereur-Dieu les aurait laissé traverser son territoire, mais la trajectoire qui se dessine les amène dans la droite ligne de l’Exode. Oui, c’était également ma conclusion.
Donc, poursuivit Loxa, ses grands yeux jaunes exorbités, nous avions raison : ces pseudo « migrants » de l’Exode n’étaient que le faux nez d’une invasion massive !
Correct, madame. Pour en avoir la preuve, j’ai ordonné au Lan’huitl de suivre discrètement la piste et de récolter toutes les informations possibles. Ils n’ont pas encore pénétré le Cercle-de-Khabit, mais ils ne tarderont pas, car, toujours d’après les premières estimations, leur vitesse est bien supérieure aux « transporteurs » que nous venons tout juste d’affronter.
Vous comprenez mieux pourquoi j’insiste sur le réarmement de notre flotte. Une première vague de Lan’huitls devrait sortir dans deux périodes, mais j’ai l’assurance des chaines de montage qu’avec une augmentation des personnels ils pourraient les assembler en moins d’une période et accélérer la production de la seconde vague.
Loxa se leva brutalement de son fauteuil. Elle n’était pas le genre « employé de bureau » à supporter de parler de choses graves derrière une table. Elle tourna donc fébrilement dans la pièce durant plusieurs minutes, obligeant l’amiral à contorsionner son goitre pour la suivre.
Soudain, elle s’arrêta. Le fixant du même regard que son père lorsqu’il arrêtait sa décision pour une bataille, elle donna ses ordres :
Stoppez immédiatement toutes les opérations liées à l’Exode, ils n’étaient qu’une diversion. Regroupez tout ce que nous avons comme appareil de combat dans la république pour contrer l’invasion.
Tout ? s’en étonna l’autre. Certains systèmes comme Chilico ou les frontières requièrent une présence militaire permanente, madame.
J’ai dit tous, trancha-t-elle. Notre ennemi éternel arrive pour terminer le travail entamé il y a des cycles avec nos ancêtres, rien n’est plus prioritaire, RIEN !
Elle se reprit, considérant la personne à qui elle parlait, et ajouta d’une voix plus consensuelle :

« Et ne vous inquiétez plus pour vos chaines de montage, vos crédits sont désormais illimités. »

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RedU T1 Ch26 Ep03

Tue, 29 May 2018 23:55:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Episode 03 " Rencontre du 5e type (1)"

Au milieu de nulle part, c’est ainsi que l’agent Stuff MacDone, dit « Stuffy », pouvait décrire les résultats des sondages que les maigres ressources de sa capsule de sauvetage lui transmettaient.
Rien, le vide.
« J’espère que tu vas me trouver un programme multivisuel plus intéressant pour les prochains jours, toi. », murmura-t-il à l’intention de son ordinateur central.
Déjà vingt-quatre heures que l’agent des Forces mentales s’était réveillé à l’intérieur d’un quasi-sarcophage, perdu dans l’immensité intersidérale. Allongé à l’intérieur d’un volume à peine plus large que lui, il scrutait l’écran de contrôle, pilotant ce qui pouvait l’être par deux parties de claviers glissées sous ses doigts.
Le responsable de la grande flotte du Chancelier suprême, le professeur QuartMac, l’avait déclaré comme traitre et mutin avant de l’expulser dans l’espace, le destinant à une mort certaine. L’esprit de Stuffy venait alors tout juste d’intégrer un nouveau corps, mettant fin à de longs mois de douleurs ininterrompues à la suite d’une détérioration accélérée du précédent, non mature. Retrouver sa trentaine d’années et sa chevelure brune lui avait pourtant semblé une bonne idée.
La lecture des étoiles par l’ordinateur de bord ne donnait rien, cette partie de l’univers étant en cours de cartographie par ladite flotte. Enfin... c’était une de ses missions, mais pas la principale : les mille croiseurs mentaux devaient anéantir l’Exode et ses trois millions de voyageurs, ce que Stuffy refusait.
« T’inquiète pas, QuartMac... », il paramétra de nouveau quelques senseurs puis poursuivit, « ... je suis certain que quelqu’un te fera regretter d’être venu au monde et j’espère bien être celui-là ! »

Une interface simpliste mentale/machine était installée à bord de chacune des capsules, elle permettait d’amplifier, relativement, les communications psychiques entre les occupants de ces engins de sauvetage. Depuis des heures, Stuffy y hurlait ses appels au secours dans l’espoir qu’au moins un membre de la flotte, un ami si possible, l’entende.
La preuve était faite que tous les agents des Forces mentales, qui représentaient quatre-vingt-quinze pour cent des équipages, ne partageaient pas forcement ses idées. Quartmac n’avait pas pu transborder son corps dans la capsule et procéder à son largage, pour ensuite faire entrer en Transition, sans que des yeux ou des radars indiscrets assistent à l’opération. D’une manière ou d’une autre, des Mentaux — des collègues — l’avaient condamné à une mort horrible sans réagir. Édifiant.
Le capitaine Viggi, peut-être ? Le plus jeune commandant de vaisseau de la flotte, son principal interlocuteur dans la conspiration, s’était montré particulièrement entreprenant sur les renseignements à fournir. Stuffy avait mis cela sur le compte de l’engouement... pourtant, vu sa situation actuelle, il pouvait tout aussi bien avoir été mystifié. Le précédent de May Rui-Yan, la taupe que Monsieur Heir avait introduite dès l’université Mentale, démontrait combien les traitres se recrutaient tôt désormais...

Un petit avertisseur signala soudain du mouvement dans l’espace proche, déchainant une vague d’espoir chez le naufragé. Il compulsa frénétiquement les claviers pour ne découvrir en fin de compte qu’un météore traversant le firmament, très loin de sa position.
L’agent mental décida de profiter de l’occasion pour lancer son avant-dernière balise de détresse, peut-être que le passage de l’objet céleste attirerait l’attention de quelqu’un ? L’écran lui demanda une ultime confirmation qu’il valida : derrière lui, le bruit sourd de quelque chose se décrochant suivi d’une propulsion apporta une petite animation qui s’estompa rapidement.
Le transmetteur s’éloignerait autant que sa réserve de carburant durerait puis il déclencherait une impulsion radioélectrique de basse fréquence repérable par n’importe quel appareil de communication à portée. Mais pas seulement... Stuffy se concentra. La balise était aussi équipée d’un amplificateur psychique comparable à celui au-dessus de sa tête. Pour quelques secondes, le même laps de temps que le signal physique, il allait pouvoir « hurler » sa détresse qui serait relayée par le transmetteur. En théorie, sa pensée porterait plus loin et peut-être alors que...
« Appel de détresse ! Je suis l’agent Stuff MacDone des Forces mentales de MaterOne. Si vous recevez mon message, remontez son émission, vous me trouverez dans une capsule de survie. Appel de détresse, Agent... »
Son signal psychique dura les dix secondes prévues par le calibrage des batteries de la balise puis tout s’arrêta, laissant Stuffy sur sa faim. Il ne restait pourtant plus qu’à attendre.

Il activa un petit contacteur sur sa droite qui déclencha la descente, à proximité de ses lèvres, d’une paille bleue, celle de la bouillie nutritive, arôme Roubiano. Ce nom provenait d’un savoureux plat de MaterOne que les ingénieurs ayant conçu la capsule avaient cru bon de synthétiser ici, espérant sans doute remonter le moral des naufragés. Stuffy grimaça lorsque la pâte fondit dans sa bouche : visiblement, ceux-ci n’avaient pas souvent gouté de Roubiano. Il se promit de tenter un autre parfum au prochain repas.
Du peu qu’il pouvait vérifier ou comparer, son nouveau corps réagissait aussi parfaitement aux impulsions nerveuses que l’original, le « vrai » corps de Stuffy, détruit dans une base mutualiste il y avait de cela un peu moins d’une année. Pour échapper à la mort, il avait transféré sa psyché dans le cerveau de celui qu’il interrogeait alors : Ralato Ouli, lieutenant dans les Forces mentales. Les deux hommes cohabitèrent plusieurs mois, passant de farouches adversaires à amis particulièrement intimes, jusqu’à la découverte de ces chimères organiques capables de recevoir les esprits.
Nouveau contacteur, un petit vin moelleux, toujours synthétique, lui fut administré par une seconde paille, jaune cette fois. Il en profita pour ouvrir sa braguette, ce qui fut reconnu automatiquement par l’ordinateur central comme un besoin pressant. L’absence de pesanteur permet cela d’autoriser une rapide aspiration de tout liquide flottant dans le maigre habitacle grâce à plusieurs orifices disséminés un peu partout. Pour femme ou homme, tout semblait bien anticipé à bord, même si Stuffy ignorait encore un détail :
« Dis-moi, boite de conserve, si je veux faire la grosse commission, tu as prévu quoi ? »

Les heures s’écoulèrent...
Stuff Macdone écarta les paupières après une courte période de sommeil ponctuée de rêves bizarres. La première « nuit » d’un nouveau corps mettait toujours les méandres de la psyché à rude épreuve. Il fallait imaginer une intense activité psychique faite de souvenirs et de pensées imprégnant soudain, de force, une matière organique cérébrale inerte. La comparaison avec une naissance n’était pas usurpée et, comme tout évènement de ce genre, cela nécessitait du temps pour s’adapter.
Du temps... justement, Stuffy en avait à revendre en ce moment. Son doigt glissa sur le clavier. Devait-il tenter la dernière balise ? Cela s’apparentait à un bien pauvre espoir, mais peut-être qu’un quelconque phénomène céleste pourrait...
Brusquement, les radars d’approche rugirent alors que l’écran de contrôle s’activa, affichant les images des caméras extérieures. Aucun doute, un appareil était sorti de Transition à une centaine de mètres de lui ! Immédiatement, les senseurs comparèrent l’engin à la base de données, mais ils abandonnèrent rapidement : le nouveau venu n’était pas répertorié. D’une taille inférieure de moitié à celle des croiseurs mentaux, sa proue effilée à l’armature évasée sur les bords présentait l’étonnante forme d’un crabe-feuille, tandis que le matériau le composant ne satisfaisait à aucune analyse. Il possédait également d’étranges structures de plusieurs mètres formant une sorte d’étoile à six branches à la poupe. Un doute se fit alors dans l’esprit de Stuffy : soit il venait de démontrer une chance hors du commun, soit on répondait à son appel de détresse. Mais dans ce cas, il ne connaissait pas de Compresseur dimensionnel capable de sauter entre les dimensions avec une telle précision, même les vaisseaux de la flotte auraient dû se matérialiser à plusieurs kilomètres puis se rapprocher de lui sous peine de le pulvériser.
« Mais qui es-tu, toi ? » s’interrogea Stuffy.
Allumant l’amplificateur encastré au-dessus de sa tête il décida, en bon agent mental, de se faire une idée de ses possibles bienfaiteurs. À l’instant où son esprit traversait la coque de l’étrange appareil, un puissant influx psychique en retour le terrassa, comme un réflexe de défense.
Stuffy perdit conscience alors que l’engin se plaçait au-dessus de sa capsule et qu’une trappe s’ouvrait lentement pour l’absorber.


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RedU T1 Ch26 Ep02

Wed, 23 May 2018 06:49:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Episode 02 " Fuite en avant (3) 

Salle de commandement de Transporteur 1.
« Gunjral, changement d’objectif pour les missiles, tir de barrage ! grogna Décembre à la vue des écrans de contrôle. Mais... ... gardez-en encore un ou deux... »
La mitraillade de fusées quitta Transporteur 1, se dirigeant dans toutes les directions pour intercepter, elle aussi, les salves. Toute la zone du champ de bataille s’illumina alors d’innombrables boules de feu, tandis que plusieurs tirs se croisèrent et atteignirent les belligérants des deux côtés. Cela n’empêcha donc pas des bordées de traverser le filet de protection, menaçant directement les sept corvettes qui maintenaient le portail ouvert. Dans un éclair de Transition, l’appareil de Fabio et Gandhi se matérialisa soudain et toutes les projections restantes détonèrent avant de toucher leur cible.
Cette fois, les choses prenaient un tour dramatique, car de nouvelles salves quittaient déjà la flotte nalcoēhuale, ceux-ci ayant enfin compris l’importance de ce passage pour leurs ennemis. Les tirs ne cessaient plus, on déchargeait tous les arsenaux, vidait tous les réservoirs d’énergie dans une ultime tentative pour retourner la situation. Décembre contacta Gandhi :
Nos chasseurs sont rentrés et le transporteur va bientôt être de l’autre côté, évacuez !
Non, Général, grésilla la voix de l’avatar. Si le portail se ferme maintenant, vous serez littéralement coupés en deux. Accélérez, c’est le mieux à faire : nous résisterons le temps nécessaire.
J’esp... j’espère bien ! Qu’ils se dépêchent ! hurla la voix de Fabio en arrière.
Tout autour d'eux, des tirs explosaient aléatoirement, parfois aux parades des corvettes ou de Transporteur 1, souvent par le pouvoir de Fabio. Mais celui-ci avait ses limites et il n’allait pas tenir longtemps sous l’arrivée incessante de nouvelles salves. Le général se tourna vers son second :
« Poussez les machines à fond et notre dernier lancement... ajouta-t-il en pointant une cible du doigt, ce sera pour lui ! »
Les deux dernières roquettes longue distance fusèrent du transporteur, pilotées à distance par le Lieutenant Gunjral en personne.

*

Corvette en chef du corps expéditionnaire de Ragnvald.
Ce qui devait arriver finit malheureusement par se produire. Deux tirs d’une des salves du Calcatli passèrent à travers les défenses conjuguées de Ragnvald et de l’Exode et percutèrent une des corvettes qui maintenait l’ouverture. Elle fut projetée en arrière, rompant la formation et lorsque ses réservoirs de carburant s’enflammèrent, elle explosa, lumière parmi les lumières innombrables de la bataille.
L’ellipse transdimensionnelle clignota subitement, elle vibra, se déforma et se désagrégea sous les yeux impuissants de Gandhi et Fabio, alors que Transporteur 1 achevait presque de le traverser.
Trop tard, lâcha laconiquement l’avatar.
Non... cria le Mental qui se redressa soudain, poings serrés, le visage crispé sous une intense concentration.
D’étranges petites étoiles pourpres surgirent alors du néant, effleurant le contour du passage, englobant toutes les corvettes et le transporteur. Elles brillaient de mille feux, irradiant de lueurs multiples l’ensemble de la scène. La couleur du portail changea, adoptant le grenat environnant, allant même jusqu’à s’agrandir pour phagocyter tous les appareils de Ragnvald, celui de Fabio inclus.
Gandhi écarquilla les yeux et se tourna vers le Mental. Les bras de celui-ci n’étaient que lumière, ses poings chauffaient, brulaient l’email du métal autour de lui, allant jusqu’à faire fondre lentement la peau synthétique de l’avatar.

*

Planète Monte-Circeo, au cœur de l’empire de Ragnvald.
Depuis son antre, Godheim laissa la joie le submerger. Il connaissait parfaitement l’origine de ces étranges manifestations de pouvoir : cette fois, ce n’était plus les Titans qui œuvraient.
On vivait là-bas le baptême du nouveau Passeur. La roue tournait une fois de plus, comme le Faiseur l’avait prévu...
« Le dormeur se réveille... », murmura-t-il dans la solitude de son immense caverne.

*

L’alerte collision hurlait à bord du navire amiral de la flotte nalcoēhuale. Ils avaient sous-estimé les capacités de l’ultime salve du transporteur de l’Exode. Les roquettes évitaient diaboliquement toutes les tentatives de barrage, l’impact devenait imminent.
Le commandant du géant de métal ne s’en inquiétait pas outre mesure, les dégâts seraient insignifiants, proportionnels à la taille du vaisseau de classe Calcatli, même s’il devait prendre toutes les mesures appropriées. Son attention était captée par les salves de la flotte nalcoēhuale qui se rapprochaient du passage interdimensionel des corvettes, un peu comme si la barrière qui arrêtait les tirs faiblissait. L’espèce de matière pourpre était-elle liée à cela ?
Dans un ultime flash plus brillant qu’un soleil, tout ce qui était enveloppé de pourpre disparut. Les corvettes, le transporteur, le passage… plus rien que l’espace zébré de centaines de traits nalcoēhuals qui ne rencontrèrent que le néant.
C’est alors que, face à lui, une main géante à cinq doigts jaillit de l’éther et s’enfonça dans un des flancs du vaisseau, déchiquetant une partie de la structure et activant les dernières alarmes encore muettes. Elle s’évanouit aussi vite qu’elle était arrivée, se dissolvant dans le vide comme le portail précédemment. Le navire tangua, obligeant son commandant à s’accrocher pour conserver son équilibre. Il recevait déjà les premiers rapports psychiques des avaries lorsqu’il comprit... trop tard : les deux roquettes de Transporteur 1, livrées à elle-même, poursuivirent leur chemin automatiquement en mode radar. Elles se jetèrent sur l’écho le plus gros de leurs systèmes... pénétrant la coque par la brèche pratiquée par l’apparition pourpre.

*

Centre de commandement de l’expédition nalcoēhuale, Tilt’chiti.
L’amiral Huate s’effondra sur son siège. On lui annonçait d’importants dégâts sur le vaisseau Calcatli et le bilan de cette opération « Foudre et Cendres » ne cessait de s’alourdir pour un résultat bien mince. Au mieux, avait-on abattu une demi-douzaine de corvettes de Ragnvald et cela avait couté la vie à six milles quatre-cent-douze nalcoēhuals, pour l’instant, et l’état de nombreux blessés était désespéré.
Huate maugréa intérieurement, se jurant d’accélérer la production de leurs nouveaux appareils à « déplacement d’éther » : eux seuls pouvaient tenir la dragée haute à la flotte de l’Empereur-Dieu. Une réunion était d’ailleurs prévue avec Loxa, pour planifier la suite, elle n’allait pas être déçue.

D’ici là, le gradé se préparait à contacter les familles des disparus. Il donna un violent coup de pied dans son fauteuil qui traversa le promontoire pour venir s’encastrer dans un recoin et quitta la pièce, sous le regard dépité de ses subordonnés.


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RedU T1 Ch26 Ep01

Tue, 15 May 2018 23:40:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Episode 01 " Fuite en avant (2) "

L’amiral Huate, juché en haut de son promontoire, suivait en temps réel les évènements se déroulant autour de cet Exode honni. À ses pieds, les opérateurs couraient, pianotaient ou transmettaient les ordres à toute la flotte qui se concentrait sur le dernier vaisseau ennemi. Les messages psychiques fusaient tandis qu’une représentation globale du champ de bataille illuminait le centre de la salle de commandement. Peu y prêtaient attention, mais les antennes gonflées de Huate viraient au bleu foncé presque noir, signe de grande colère. Les améliorations que l’Empereur-Dieu avait apportées aux « transporteurs » les rendaient bien plus résistants et leurs armes, quoique primitives, parvenaient à frapper leurs cibles plus souvent qu’escompté. De plus, les corvettes de Ragnvald harcelaient tous ses croiseurs « Hual’patli », les endommageant parfois gravement par des tirs bien ajustés sur les points faibles de leurs blindages.
« Et la seconde vague d’assaut, pourquoi n’est-elle pas sur zone ? » hurla-t-il, sans un regard pour ses subordonnés qui n’en fourmillèrent que plus laborieusement. Le message aurait dû être transmis psychiquement, par voie cryptée, spécialement en temps de crise comme maintenant, mais il n’en avait cure.
Pourquoi personne n’est encore allé en reconnaissance sur cette formation de corvette ? Dès que la seconde vague arrive, qu’elle détache plusieurs appareils de... »
Au même instant, l’un des croiseurs nalcoēhuals en retrait cessa ses émissions pour totalement disparaitre des projections radar. Immédiatement, les demandes de rapports fusèrent, suivies quelques secondes plus tard, par les premières images de l’engin en question. Huate en resta bouche bée.
Tranché par son milieu, le Hual’patli était littéralement coupé en deux ! Des déflagrations se poursuivaient autour de la césure alors que les principales antennes de communication flottaient désormais dans le néant. Il lâcha, plus pour lui-même que pour les opérateurs :
« Par les anciens, mais que s’est-il passé ? »
Une seconde alerte rugit : à l’autre bout de la formation, un nouveau Hual’patli perdait sa proue ! Le compartiment des munitions touché, une explosion géante perça le firmament, repoussant trois croiseurs avoisinants dont un percuta son entourage immédiat entrainant encore des dommages. Cette fois, de nouvelles vidéos s’animèrent aux quatre coins de la projection et Huate, comme tous les soldats du centre de commandement, obtint un début d’explication. Une corvette de Ragnvald, apparemment identique aux autres, transperçait littéralement les vaisseaux qu’elle approchait, les traversant comme une motte de matière grasse.
Quelle était donc cette arme inattendue ?

*

Salle de commandement de Transporteur 1.
Le général Décembre et une partie de son état-major restaient simplement sans voix devant le spectacle :
« ... une diversion de nature à les occuper... » avait déclaré Gandhi.
Avec des diversions de ce genre, lança le haut gradé, pensif, nous n’aurons plus besoin de livrer bataille. Lieutenant Gunjral, ne laissons pas à ces messieurs le loisir de respirer. Feu de toutes les batteries sur l’ennemi le plus proche... ... harcelons-les sans répit. Combien de temps encore, au fait ?
Une minute et vingt-deux secondes, Général, répondit son second, affairé à jongler entre plusieurs tablettes de contrôle. Mais nos capteurs s’affolent, quelque chose arrive !
Merde, c’était trop beau.
Mille kilomètres au-dessus des combats, une douzaine de nouveaux flashs de Transition laissèrent apparaitre la seconde vague d’assaut. Cette fois, l’immense croiseur amiral de la flotte, classe « Calcatli », entrait en lice et il ouvrit immédiatement ses tubes de décollage, autorisant le lancement d’une centaine de chasseurs qui fondirent sur Transporteur 1 et sur la formation de corvettes en protection du portail.

*

Corvette en chef du corps expéditionnaire de Ragnvald.
Je vois qu’ils changent d’approche, constata Fabio, assis en tailleur face à la verrière avant de l’appareil de Ragnvald. Plutôt que des gros machins tout mous, ils nous envoient des guêpes-feuilles. C’est malin.
Mes vaisseaux en protection du portail les retiendront et Décembre saura s’occuper de ceux qui tourneront autour du transporteur, ajouta Gandhi, debout à ses côtés. Ils tentent de détourner notre attention pour se regrouper, ne leur offrons pas ce plaisir, Fabio.
L’avantage des petits appareils, c’est que je peux agir contre eux d’assez loin. Le temps de choisir une nouvelle cible, je peux appuyer la sécurité du passage, si tu veux ?
Gandhi se retourna et fit un signe au pilote, aux commandes à quelques pas de lui. Celui-ci agrippa le manche en silence, suivant les informations transmises par l’Empereur-Dieu. La vue de la scène pivota doucement alors que la corvette prenait de l’aplomb pour piquer vers sa proie. Un curseur jaune vif traversa la verrière pour venir se placer en plein cœur de la meute ennemie. Gandhi poursuivit :
Attaquons au centre, cela les désorganisera suffisamment pour nous donner le temps nécessaire : l’ouverture du portail est maintenant imminente. Dans douze secondes nous serons dessus, cela te convient-il, Passeur ? demanda-t-il avec une mimique amusée.
C’est comme si c’était fait.
Fabio se concentra et leva d’un coup sec son bras gauche, terminant gracieusement le mouvement par une rotation de son poignet, les doigts tendus tel un chef d’orchestre. Trois des premiers chasseurs en piqué repartirent brusquement en arrière, percutant plusieurs des appareils suivants qui explosèrent à leur tour. Les autres pilotes, surpris, mirent quelques fragments de secondes à reprendre le contrôle, trop tard pour empêcher les corvettes de Ragnvald d'ouvrirent le feu à bout portant.

*

Salle de commandement du Transporteur 1.
Gunjral, débarrassez-nous de ces moustiques en faisant décoller les chasseurs ! ... Dites-moi, j’espère que vos hommes ont bien lu les rapports sur l’accrochage de Vegas IV ? Qu’on ne fasse pas deux fois les mêmes erreurs, ces engins font des... ... des bonds multiples et très rapides.
Oui, Général, répondit le lieutenant en activant son communicateur. Appel au spatioport : décollage immédiat, je répète décollage immédiat ! Feu sur les appareils ennemis à proximité, prenez garde aux microtransitions.
Les machines, grogna Décembre en tournant un contacteur de son siège, en arrière toute ! Nous devons être sur le passage à l’instant où... ... où il s’ouvrira.
Le transporteur s’ébroua tandis qu’à quelques distances de là, la lueur tant attendue apparut au centre du cercle formé par les corvettes.
Général, alerta Gunjral en se saisissant du rapport affiché sur une tablette, il semble que le portail dimensionnel se déploie déjà. On y entre en marche arrière ?
... ... Pas le choix. Que les chasseurs combattent jusqu’au dernier moment avant de nous rejoindre, atterrissage d’urgence autor... Houla ! Qu’est ce que c’est que ça ?
Face à eux, une projection verticale de lumière emporta d’un coup un des croiseurs qui se disloqua en brulant. Cela entraina immédiatement un carambolage paniqué suivi de déflagrations de toutes tailles qui brisa la formation de la flotte nalcoēhuale, les vaisseaux tentant d’échapper à la cohue. Du cœur de la fournaise jaillit une pointe enflammée qui se révéla être l’appareil de Gandhi et Fabio Ouli.
Le général Décembre se pencha vers son lieutenant, et l’interrogea sous le sceau de la confidence :
... ... Dites-moi, il nous reste quelques... ... missiles en réserve ?
Bien sûr, une douzaine, plus quelques torpilles téléguidées, répondit l’autre, un peu décontenancé.
Et là-haut, ils... ... ils ne bougent toujours pas ? Ils tremblent à l’idée d’approcher notre... ... corvette tueuse, non ?
Oui, Général. C’en est troublant d’ailleurs.
Le haut gradé se redressa et déclara calmement à son subordonné, sans cacher une réelle satisfaction dans sa voix :
Préparez tout l’arsenal restant au lancement ! À la seconde où nous entrerons dans le portail... ... on balancera tout sur ces fumiers... ... Qu’ils n’oublient jamais la leçon !
À vos ordres !

*

Centre de commandement de l’expédition nalcoēhuale, Ti’ltchiti.
Du haut de sa plateforme, l’amiral Huate en tremblait de rage. Les pertes atteignaient un niveau inédit dans toute l’histoire nalcoēhuale : six croiseurs lourds totalement détruits, plus d’une dizaine de gravement endommagés et il ne restait déjà plus qu’une cinquantaine de chasseurs au combat. Il hésitait à donner l’ordre d’attaquer à la seconde vague dont le Calcatli, l’appareil principal de la flotte. Vu le déroulement de la bataille, celui-ci attirerait toute l’attention ennemie et l’arme inconnue de Ragnvald risquait alors de faire une nouvelle démonstration.
Quant à ce transporteur de l’Exode, sa résistance déjouait tous les tirs ! Grâce au temps passé à discuter, l’Empereur-Dieu avait bel et bien partagé sa technologie avec les humains et ceux-ci se révélaient désormais redoutables. Concentré sur Transporteur 1, Huate fut intrigué par son recul en accélération constante. Il se rapprochait de la formation en cercle des corvettes où les censeurs décelaient une montée vertigineuse de puissance au rayonnement non répertorié.
La direction de l’engin de l’Exode ne laissait pas de doute, il fonçait droit dedans.
« Qu’on rappelle les chasseurs et que toutes les batteries disponibles de tous les croiseurs encore en état tirent sur ce cercle ! Quoi que ce soit, ils en ont besoin, alors DÉTRUISONS-LE ! » ordonna-t-il en écrasant son poing sur la rambarde.
La flotte nalcoēhuale entière ouvrit alors le feu et des milliers de bordées fondirent d’un peu partout à plus ou moins grande distance vers le portail s’épanouissant. Les corvettes de Ragnvald toujours combattantes se placèrent en protection, poussant toute leur énergie vers leurs boucliers avant, visant les salves de leurs canons dans l’espoir d’en arrêter quelques-unes.


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Teaser Série Forces Mentales

Tue, 01 May 2018 23:32:00 GMT

Forces Mentales, votre nouvelle série de la saga Red Universe.

Juillet 2018 sur http://forcesmentales.fr




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RedU T1 Ch25 Ep14

Tue, 17 Apr 2018 22:16:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 14 " Fuite en avant (1) "

Le colonel Momumba Arlington laissait s’empiler sur son bureau les montagnes de dossiers en cours : bien trop de paperasse à consulter, commenter ou signer.
Il déplaça à l’aide d’une pince l’un des cordages du pont avant puis y coula un point de colle. Il s’écarta de son travail pour l’admirer en soufflant un peu. La maquette en cour représentait une barque de pêcheur du type qu’il avait connu durant sa jeunesse tropicalienne. Ce passetemps l’aidait à oublier la pression de ses fonctions... bien que la situation actuelle poussait plutôt à l’optimisme. Sous la protection de l’Empereur-Dieu et avec un ambassadeur chez les habitants du Cercle de Khabit, la menace extérieure de l’Exode paraissait faible. Titus Matrane se faisait fort de canaliser la nouvelle puissante religion avec l’assistance de Gandhi, là où Phil et Adénor étaient, il fallait le reconnaitre, dépassés par les évènements. Bien que ce côté des choses ne soit guère rassurant, au moins on avait maintenant un interlocuteur.
Momumba se saisissait d’une seconde série de barrettes en plastique lorsque son communicateur sonna : l’avatar de l’Empereur-Dieu demandait audience. Il ordonna qu’on le fasse entrer tout en jaugeant la partie suivante de sa maquette : la poupe. Ce serait délicat.
Godheim, c’est un plaisir de vous voir aujourd’hui, prononça-t-il alors que son invité pénétrait dans la pièce. Venez donc admirer mon bijou, je suis certain que vous allez apprécier ce...
Navré de vous interrompre, Colonel. Mais je suis porteur de la pire nouvelle possible. L’Exode doit quitter sa position immédiatement, vous êtes en très grand danger.
Le colonel se retourna vers le petit androïde aux lunettes écaillées. Bien que malicieux, et parfois sournois, l’Empereur-Dieu ne faisait jamais dans l’humour. Le commandant de Transporteur 3 reprit le dessus :
Que se passe-t-il ?
La guerre avec la République nalcoēhuale est imminente. Mes projections nous donnent une quinzaine de minutes, au plus, avant la première vague de leurs croiseurs.
La pince rebondissait encore sur la moquette que Momumba assénait déjà ses ordres dans le communicateur.

*

Til’tchiti, capitale nalcoēhuale.

La porte un peu arrondie glissa sur ses rails alors qu’un système de champs de protection s’alluma tout autour. La Princesse Azala et Melba étaient bel et bien prisonnières, même si le lieu de leur détention paraissait plus qu’enviable. Aux proportions nalcoēhuales, la suite spacieuse où elles se retrouvaient enfermées offrait tout le confort nécessaire, incluant une douche et plusieurs hublots donnant sur Ti’ltchiti.
Les gardes les ayant escortées jusqu’ici avaient montré plus de méfiance, frisant parfois la paranoïa, que de courtoisie. Quant à ce petit grattouillement dans leur tête, il indiquait clairement qu’elles étaient surveillées psychiquement.
Alors que la princesse laissait son regard se perdre dans l’immensité de la capitale du Cercle de Khabit, Melba s’approcha doucement d’elle et, fait inédit, lui posa une main sur l’épaule. D’abord surprise, Azala se détendit un peu et glissa en retour sa propre main dessus.
Nos chances de survie sont minces, Melba. Pardonne-moi de t’avoir imposé cela, murmura-t-elle.
Je ne crois pas que nous ayons eu le choix, madame. Le devenir de l’Exode était en jeu.
Sans doute, mon amie, reprit Azala dans un soupir. Mais là, je t’avoue avoir du mal à discerner une issue...
Appuyez-vous sur moi dans vos moments de doute. Ma vie vous appartient depuis le jour de ma naissance et je vous assure que mes vœux n’ont pas changé : je resterai toujours à vos côtés et vous protègerai, quoiqu’il en coute... et il leur en coutera, énormément.
Azala serra un peu plus la main de son amie qu’elle ne l’aurait voulu, des larmes embrumant ses yeux.

*

Un homme, la quarantaine... il pense que... il pense à la fille qu’il regarde.
Très bien. Au-dessus maintenant ? demanda Fabio à son étudiante.
À bord de Transporteur 2, installés en tailleur dans la salle de sport de l’équipage, Maeve Onawane et son professeur mental poursuivaient leur entrainement. Ils appliquaient leurs pouvoirs mentaux à tout savoir sur les passants circulants… de l’autre côté du mur.
Dans la direction indiquée par Fabio, un couple se livrait à des ébats volés derrière une armoire de leur lieu de travail. Les effluves psychiques étaient puissants, difficiles à soutenir sans se sentir emportés par le flot de leurs désirs croisés. Cette chaleur communicative commença à agir sur la concentration de Maeve : un serrement au creux de son ventre puis plus bas, tandis que sa respiration s’accélérait, que le sang lui montait aux joues, que..

D’un claquement de doigts, Fabio rompit le lien unissant la commandante au couple. Elle cligna des yeux, revenant à la réalité de la pièce, vide de tout occupant pour le temps de la séance. Son maitre ne put cacher un certain amusement :
C’est une des caractéristiques des Mentaux « sauvages ». Si leur force de pénétration des esprits peut être parfois impressionnante, leurs défenses sont souvent très faibles. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils sont dangereux : imaginez qu’ils passent à côté d’une bagarre ou d’un braquage, ils vont se sentir des pulsions incontrôlables.
Ou dans une simple allée au printemps quand les couples s’embrassent, compléta Onawane. J’ai déjà eu cette sensation quelques fois, mais je n’avais pas fait le lien.
Augmenter ses perceptions entraine automatiquement un afflux plus important, nous allons devoir trav...
Il s’arrêta brusquement, le regard dans le vide. La commandante du transporteur ne comprit pas immédiatement puis ressentit soudain ce qui avait attiré l’attention de Fabio :
Deux officiers accourent. Ils sont extrêmement inquiets. Une... une alerte dans toute la Flotte ? Une... guerre !
La séance est terminée. Nous allons tous deux être très occupés dans les prochaines heures, j’en ai peur.
L’Empereur-Dieu contacta Fabio, sans préambule : il devait d’urgence rejoindre une corvette qui l’attendait déjà au spatioport, il représenterait leur première et dernière ligne de défense.
Découvrir de l’inquiétude chez un avatar de Godheim ne rassurait en rien.

« Tristo, je veux un bilan de toute l’infrastructure des communications internes et externes. Les brouillages psychiques sont-ils enfin opérationnels ? »
Alors que Sterling-Price donnait ses ordres, on lui signala que la réunion urgente du Conseil des commandants débutait. Il enfila ses oreillettes et entendit monter la voix d’Arlington :
... naissons pas exactement, la situation politique du Cercle de Khabit semble avoir changé. Ce sont les loups argentés au pouvoir désormais et ils sont décidés à terminer ce qu’ils ont commencé. Une attaque en règle a eu lieu contre plusieurs appareils de Ragnvald, nous sommes clairement les suivants. Voilà pour ce que je sais. À vous, Décembre.
Merci, Colonel... ... vous avez tous déjà reçu les coordonnées de notre prochaine rencontre. Normalement, les... ... nouveaux moteurs vont nous permettre de rejoindre le point précis en une semaine environ. Il s’agit d’un endroit hors de Khabit... ... abrité derrière un nuage de gaz stellaire. L’activité électrique locale nous cachera d’éventuelles recherches. Je... ... je vous renouvèle les ordres une dernière fois : aucune communication durant la traversée et alerte permanente (si les pirates ont pu intercepter un transporteur en pleine Transition, on ne sait que... ... que penser de nos adversaires actuels).
J’ajoute, compléta Arlington, que nous devons protéger les Exodés et ce fameux Faiseur qui semble intéresser tant de monde. Il peut être dans n’importe lequel de nos appareils. Colonelle Onawane, des informations sur ce sujet ?
Aucune, non, nous n’en parlons pas, répondit Maeve. Par contre, je réprouve à abandonner Fabio Ouli sur une corvette de Ragnvald. Nous partons tous, je ne vois pas la raison de le laisser derrière.
C’est que.. ... Transporteur 1 n’est pas encore prêt, lâcha Décembre, un peu dépité. Ragnvald va nous déployer un portail, mais cela va prendre plusieurs minutes et...
Au même instant, l’alerte monta d’un cran dans la salle de commandement de Sterling-Price et probablement chez tous les autres. Plusieurs flashs, une vingtaine, laissaient place à autant de croiseurs nalcoēhuals qui ouvrirent immédiatement le feu. Les salves s’écrasèrent toutes sur les boucliers des corvettes et des transporteurs. La technologie de Ragnvald nouvellement installée tenait bon et la contrattaque débuta.
Décembre hurla dans l’oreillette :
« ALLEZ-VOUS-EN TOUS, C’EST UN ORDRE ! RENDEZ-VOUS AU POINT DE RALLIEMENT ! »
Les appareils de Junta et d’Onawane s’élancèrent en Transition dans un éclair. Celui de Benkana projeta une dernière bordée qui endommagea un des croiseurs nalcoēhuals puis disparut pareillement. Sterling-Price serra les dents :
Bonne chance, Général Décembre.
ARLINGTON ET PRICE, DÉGAGEZ, BORDEL !
Bonne chance également, Général Décembre, crépita la voix de Momumba dans l’écouteur.
Sur un signe à leurs navigateurs, les deux colonels donnèrent l’ordre simultanément. Les gigantesques masses d’acier s’évanouirent à leur tour dans un éclair alors que plusieurs salves ennemies traversaient un espace désormais vide. La plupart des appareils de Ragnvald vinrent se placer en protection de Transporteur 1, tandis qu’une autre partie se retira à quelque distance, adoptant une formation en cercle. Enfin, au-dessus de la scène, trois corvettes restaient immobiles, observant le déroulement.
À leur bord, Fabio et l’avatar de Godheim se préparaient. Ce dernier conversait avec Décembre :
Quatre minutes seront nécessaires pour l’ouverture du tunnel. Mais faites attention, une seconde vague arrive, nous serons submergés par les assaillants dès leur arrivée.
Le cercle est notre priorité donc. Envoyez vos appareils protéger le passage, nous concentrerons le feu ennemi ici pendant ce temps.
Une explosion illumina un instant la scène : la destruction d’un des croiseurs nalcoēhuals qui avait eu la mauvaise idée de rompre la formation. Godheim n’ignorait pas qu’il avait perdu deux corvettes dans l’opération, mais il estimait que l’impact psychologique pourrait jouer en leur faveur. D’autant qu’il allait maintenant abattre sa carte maitresse.
C’est une bonne stratégie, Général. Khabit vous veut et laissera tranquille ce qui se passera au loin, si nous leur fournissons une diversion de nature à les occuper.
Mhmm, vous avez ça... ... Allo ?
Une salve suivie d’une explosion fit trembler Transporteur 1, qui riposta par un jet de trois missiles dont deux meurtrirent sévèrement leur cible. Gandhi répondit simplement :
« Oui, Général, nous avons cela » et il coupa la communication en se tournant vers Fabio.
Celui-ci esquissa un sourire, se contentant d’un :
« Prêt. »

FIN DU CHAPITRE 25

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RedU T1 Ch25 Ep13

Wed, 11 Apr 2018 21:00:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 13 " Largage "

Stuffy manqua d’en lâcher son thé.
Déjà ? Je pensais devoir attendre une à deux bonnes semaines encore ?
Plus maintenant. On travaille à améliorer en permanence les durées d’incubation. Mon équipe a obtenu une réduction de l’ordre de dix pour cent en modifiant la composition du liquide de maturation, vous allez être le premier à en profiter.
L’agent mental vida sa tasse d’un trait, malgré la température du breuvage. Le corps en déliquescence qu’il habitait ne réagissait de toute façon plus à de nombreux stimulus. QuartMac leva la main pour ralentir les ardeurs de son vis à vis :
Attention, je ne peux vous garantir le résultat à long terme. On sait, à la suite de tests en culture, que les cellules devraient tenir environ la bonne durée, mais rien ne vaut l’expérience in vivo et là, tout est toujours possible.
Franchement, je m’en moque, balaya Stuffy d’un revers du bras. Retrouver mon corps normal — ou presque — et oublier ces satanées douleurs, ça mérite quelques risques.
À votre guise...
Le professeur but quelques gorgées de thé et reposa la soucoupe posément. Il ne semblait pas pressé, voire ne donnait pas l’impression d’avoir épuisé les sujets de cette réunion impromptue.
« Dites-moi, commença-t-il sur un ton presque détaché, que pensez-vous de nos ordres ? J’entends par là, la destruction de l’Exode et la colonisation de cette partie de l’univers ? »
Stuffy écarta immédiatement ses rêves de nouveau corps sans douleur pour revenir à la dure réalité. QuartMac avait-il eu vent de quelque chose ? Rien d’impossible avec lui, même si l’agent ne voyait pas comment. Quand les voix mentales n’étaient pas utilisées, on passait par des canaux cryptés à clé unique, peu ouverts à l’interception ou au déchiffrage. Son attitude aurait-elle pu le trahir ? Stuffy était suffisamment expérimenté pour dissimuler ses sentiments quotidiennement, alors quel était ce piège grossier que le vieux savant lui tendait ? Il botta en touche :
Je ne mentirai pas : je doute de l’intérêt... tactique de neutraliser l’Exode. À long terme, on risque de créer une légende plus dangereuse encore qu’une colonie sur Antarès IV. Ceci étant dit, je suis un agent mental : en tant que tel, je sais où est mon devoir et je suivrai la mission, comme Ralato et Poféus me l’ont ordonné.
Mhmm... marmonna l’autre, jaugeant chaque mot prononcé. Je connais Ralato comme un fils, il fut une époque où il aurait effectivement donné cet ordre de destruction sans sourciller. Mais il a changé, votre « cohabitation » a duré suffisamment longtemps pour que certaines de vos idées infusent en lui.
... et inversement, compléta Stuffy.
Certes, l’agent mental Stuff MacDone n’avait jamais fait de sentiment quand il jugeait la violence nécessaire, mais il reconnaissait que, depuis sa fusion avec Ralato Ouli, il se comportait différent. Dans certaines circonstances, ses réactions étaient plus sèches, privilégiant la froide logique à la compassion. Il en avait conscience, mais l’acceptait : cela ne remettait aucunement en cause ses idéaux, juste appliquait-il plus sévèrement ses propres principes.
Aurait-il, par le passé, tenté de raisonner QuartMac au risque de se découvrir que, désormais, il optait d’instinct pour la mutinerie ?
Hors de question, donc, de dévoiler son jeu.
Je vois les choses différemment d’il y a... on dira une grosse année. Ma présence ici le cautionne, non ? Vous êtes le dépositaire ultime de la mission et je ne suis qu’un observateur... en train de me décomposer doucement.
Hé oui, nous allons vite corriger cela. Il n’empêche, en tant qu’observateur, que penseriez-vous si je vous annonçais que l’anéantissement de l’Exode était ajourné ?
J’en demanderais la raison, lâcha simplement Stuffy.
Il n’osait croire à une si soudaine bonne nouvelle. Soit le bonhomme était en train de le tester, soit il l’avait démasqué. QuartMac lui répondit tranquillement :
« Les ordres d’origine sont contradictoires. Nous devons détruire les transporteurs, mais épargner Fabio. Nous ignorons s’il est encore avec eux et dans quel appareil. Notre dernière rencontre n’a pas été joyeuse (il m’avait brisé les jambes), mais vous voyez à quel épisode je fais allusion... »
Oui, celui qui avait partagé les pensées de Ralato, alors que son frère le « pilotait » à une distance fantastique, ne pouvait oublier ce moment. Il hocha la tête, laissant le professeur poursuivre.
« Bref, il peut se retourner contre nous et j’ignore l’étendue actuelle de ses pouvoirs. Ensuite, nous devrons coloniser ce nouvel univers. Mais, soyons honnêtes, que savons-nous des dangers qui nous menacent ? Rien ou presque alors que ceux de l’Exode sont mieux renseignés. Je suis certain que vous avez eu vent de la découverte du groupe des éclaireurs, n’est-ce pas ? Vous avez vos informateurs parmi les autres Mentaux de la flotte. »
Ce n’était pas une question, Stuffy se contenta de hocher une nouvelle fois de la tête. Le raisonnement d’ensemble de QuartMac ne manquait pas de logique.
« Voici donc mon plan. Ils partagent leurs connaissances et leur expérience, ils s’installent sur Antarès IV et n’en bougent plus. En échange, je leur offre une franchise d’un siècle renouvelable sur la planète et la jouissance d’un port spatial majeur pour toutes les forces de colonisation. Si MaterOne a pu tolérer un endroit du genre de la station Piñata el grande, je ne vois pas qui cela gênerait d’avoir une zone franche sur Antarès.
Qu’en pensez-vous ? Reconnaissez que je joue cartes sur table avec vous. »
Effectivement, le plan semblait pragmatique, voire couvert de bons sentiments. Mais Stuffy préféra la prudence, un sanglier-hyène ne devient pas une mouette-mouton, en tous cas pas si vite.
Je ne suis qu’observateur. Si vous envoyez votre demande au chancelier, je m’engage à la soutenir. Attention cependant, je n’imagine pas Poféus changer d’avis si facilement.
Si mes craintes concernant vos collègues « Stuffy » s’avèrent exactes, je crois au contraire qu’il n’en aura cure.
Quelles craintes ? interrogea Stuffy, surpris.
Le vieux prof sourit mystérieusement, termina sa tasse de thé et se leva de son siège.
« Tout juste tiède, il est temps de s’occuper de votre nouveau corps. Venez, honnête et brave ami de Ralato, je vous expliquerai en chemin. »
Durant les minutes qui suivirent, pendant l’attente d’un ascenseur interne desservant le laboratoire de chimie cellulaire, QuartMac relata les résultats de ses expériences et intuitions au sujet de la stabilité du cerveau non mature des chimères. Plus malléables, elles risquaient une transmutation de la psyché profonde de l’utilisateur, le faisant « devenir » ce que son environnement attendrait de lui. Stuffy se demanda s’il était concerné, il s’en ouvrit au savant devant la cuve où baignait son futur corps.
« Oui, bien entendu. Mais reconnaissez qu’entre une plongée chez les Mutualistes ou les Triades souriantes et la poursuite de votre vie dans les Forces mentales, il y a un gouffre. C’est cette différence que je suppose... toxique pour l’esprit de vos collègues.
Allongez-vous ici, s’il vous plait. Vous connaissez le processus, il est identique à celui que vous avez expérimenté dans mon laboratoire de Palaos Verde. »
L’agent mental s’exécuta.
Juste avant qu’il ne s’endorme sous l’effet de l’anesthésiant, le vieux savant lui glissa à l’oreille :
« Je vous envie. Je n’ai jamais osé me réincarner dans un corps jeune. Je testerai peut-être la prochaine fois. Bonne nuit… »
Et Stuffy s’enfonça dans les limbes de l’inconscience.

*

Lorsqu’il ouvrit les yeux, une étrange impression de froid le traversa. Il était enfermé dans une sorte de sarcophage où régnait une réelle fraicheur. Malgré l’obscurité, il pouvait éprouver sa nouvelle anatomie, la force contenue dans ses muscles et l’absence totale d’une quelconque douleur quand il bougeait. Même ses sens réagissaient plus vivement et de manière plus aiguisée. Pas de doute, il avait enfin réintégré sa physionomie d’origine.
Il donna un coup de pied dans le bas de la paroi, mais le son mat qui remonta jusqu’à lui indiquait une épaisseur anormale pour un caisson de compression. D’ailleurs, à bien y réfléchir, il n’avait pas connu cette d’étape la dernière fois... pourquoi ?
Du bout des doigts, il parcourut la cloison, autant que le faible espace le lui permit, et eut la surprise de découvrir des commandes à portée de ses mains. Ce genre d’instruments n’avaient pas de raison de se trouver dans...
Soudain, il comprit, reconnaissant la configuration des touches. Il compulsa frénétiquement pour activer l’ordinateur de bord et l’écran face à ses yeux s’illumina… diffusant automatiquement un message préenregistré du professeur QuartMac.
« Agent MacDone, vous venez d’allumer les systèmes de la capsule de survie : je vous ai fait éjecter de la flotte pour trahison et tentative de mutinerie. Les Mentaux n’ont guère de secrets pour moi, j’ai écrit ou participé à la rédaction de la plupart de vos manuels ! Le nouveau Ralato fait preuve de compassion, vous êtes identique. Pas la peine de chercher bien loin votre vrai objectif à tous deux et je refuse de prendre le moindre risque pour la suite : je ne vous veux plus dans ma flotte.
Je ne vous ai pas tout dit lors de notre petite conversation. Voyez-vous, je n’ai jamais ignoré les effets délétères des corps non matures et, lorsque j’ai annoncé à Poféus et Ralato ce qu’il en était, je savais le processus irréversible. Ils ont donc affaire à vos doubles en plus retors, bien plus acerbes... Vous, mais version « de l’autre bord ». Cela me laissera le temps pour assoir ma présence ici et éliminer toute interférence dans ma tache de gouverneur, validée par le chancelier en personne, je vous le rappelle.
J’ai effectivement de grandes ambitions pour Antarès IV, mais l’Exode n’en fait malheureusement pas partie. Quant à Fabio, s’il me pose problème, j’ai plusieurs cartes à jouer pour le neutraliser au besoin.
Revenons à vous : vous devriez avoir des réserves d’air et le nécessaire pour tenir quelques semaines, il était compliqué de les enlever d’une capsule de sauvetage sans éveiller l’attention. Je regrette par avance votre future agonie, au pire pourrez-vous toujours abréger vos souffrances en ouvrant manuellement la cloison.
Adieu agent Stuff MacDone. »

Perdu dans le vide, le hurlement de Stuffy resta ignoré de tous.


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RedU T1 Ch25 Ep12

Wed, 04 Apr 2018 18:58:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 12 " Chimère "

Le rapport tomba sur le téléscripteur de Stuffy, confirmant la traversée de la Passe de Magellone par le dernier appareil. La flotte était enfin complète et aucun dommage ou avarie n’était à signaler.
Mille croiseurs lourds, équipés de déflecteurs magnétiques et de coques renforcées par des alliages derniers cris... Mille machines de guerre emportant pour certaines des prototypes du fameux « canon psychique » mis au point par QuartMac et pilotées par quelque trente-mille Mentaux et autant de supplétifs... Mille spores de l’humanité « officielle », celle de MaterOne, venu essaimer une nouvelle portion de l’univers et — surtout — anéantir, dans un gigantesque holocauste, une population somme toute réduite de possibles opposants.
D’autant plus réduite qu’un rapport, sur canal crypté, du jeune capitaine Viggi laissait suggérer un voyage de l’Exode particulièrement mouvementé. En tête du groupe restreint de croiseurs partis en éclaireurs, leurs senseurs les avaient alertés sur certaines traces caractéristiques de positrons. Au moins un Compresseur de Transition, ces moteurs capables de propulser les vaisseaux au travers des dimensions pour condenser le temps des traversées galactiques, s’était effondré sur lui-même. Sur place, le nombre de carcasses d’engins de toutes sortes, de débris et de cadavres flottants sur une étendue relativement importante laissait à penser une bataille spatiale d’ampleur. Les premières analyses précisaient deux points : l’Exode avait souffert et les attaquants étaient des pirates installés dans une base camouflée en astéroïde. Il ne subsistait d’ailleurs de celui-ci qu’un nuage épars de pierres, de poussières et de tôles brulées : quoiqu’il se soit passé là-bas, cela avait été très violent. Jusqu’à preuve du contraire, on pouvait raisonnablement penser que les exodés avaient continué leur chemin après cette épreuve.
Plus intrigant, s’il en était possible, l’ordre direct du professeur QuartMac, commandant en chef de la flotte, de tenir ces informations sous le seau du secret le plus absolu. Stuffy pariait qu’il voulait éviter toute poussée de compassion à l’intérieur des équipages mentaux. Preuve qu’il comptait bien poursuivre sa mission jusqu’au bout.
Officiellement, Stuffy n’était que « consultant » dans ce grand voyage. En réalité, il représentait le ministre de la Sécurité, Ralato, et servait de caution vis-à-vis des hommes en tant que Mental expérimenté et respecté. La longue carrière de Stuff MacDone, de son vrai nom, lui avait permis d’établir une réputation d’acier au bureau des Forces mentales, suffisamment pour que sa légende infuse même l’Université mentale, berçant les nouvelles promotions d’idéalisme et d’aventures.
Le capitaine Viggi n’était pas le seul à lui vouer une réelle admiration, mais c’était le plus haut gradé de ses sympathisants et l’un des officiers les plus prometteurs des Forces mentales. Cela comptait dans le plan de Stuffy.
Message psychique relayé par les amplificateurs : « L’agent MacDone est demandé dans le bureau du commandant. »
Quartmac voulait le voir ? Ce n’était pas particulièrement exceptionnel, mais d’ordinaire leurs réunions étaient planifiées.
Il grimaça en appuyant sur le contacteur qui ouvrait le sas de ses quartiers. Ses articulations semblaient se réduire en miettes à grande vitesse, raidissant douloureusement chaque jour un peu plus. Des élancements inconnus lui parcouraient le corps, indices d’un vieillissement accéléré de la chimère biologique lui servant de réceptacle. Serrant les dents, il se lança dans la marche d’une centaine de mètres qui le conduirait à sa destination, souffrant plus ou moins à chaque pas.
Pour déjouer une tentative de coup d’État d’un intriguant au Conseil de la Révolution, dénommé Monsieur Heir, Ralato et Stuffy avaient imaginé un plan assez retord. Pour résumer, ce dernier devait se multiplier en copiant son esprit dans plusieurs réceptacles proches de la maturité que le professeur QuartMac se réservait, pendant que Ralato occupait leur ennemi. En échange de sa survie, le savant n’avait pas rechigné et offert sa technique et ses corps de substitution. Leur plan se révéla un succès : Monsieur Heir mordit la poussière, les Mutualistes et les Souriants tombèrent sous la coupe des Forces mentales et le Contramiral Poféus devint le nouveau Chancelier suprême. Quatre Stuffy se promenaient désormais dans des formes de petits vieux, partageant la voix et l’apparence physique de QuartMac... mais les chimères n’allaient pas mettre longtemps avant de montrer leur fragilité.
Stuffy bifurqua à la cafétéria, se commandant une boisson chaude. Le temps que le liquide remplisse le gobelet, il souffla intérieurement. Aucun des quelques Mentaux présents dans la pièce ne devait entrevoir une quelconque faiblesse : nous étions trop loin de tout et ses objectifs n’autorisaient aucun flottement de son aura. Car il était bel et bien déterminé à empêcher le massacre de trois-millions de personnes quitte, pour cela, à se dresser face au professeur.
Quelques minutes plus tard, il se présenta devant le sas du bureau de commandement, à quelques pas du centre de pilotage. La voix monta de derrière la cloison, preuve que le savant surveillait ses caméras.
« Entrez, Stuffy, venez prenez place. »
Le Mental salua et s’installa sans doute un peu trop lourdement dans le fauteuil offert. Le vieux savant l’observait, un quelque chose de vicieux dans le regard.
C’est très douloureux, n’est-ce pas ?
Oui, prof, répondit l’autre en essayant d’esquisser un sourire. Là-dessus, vous m’aviez prévenu, mais je ne m’y attendais pas aussi vite. C’est de la mauvaise camelote vos chimères, dites donc !
Hé, hé... détrompez-vous agent Stuffy, c’est le top de la qualité ! Mais il aurait fallu les laisser murir encore un bon mois dans l’incubateur pour quelles soient à leur résistance optimale.
Il se leva, contournant son petit bureau et vint s’installer sur le siège face à son vis à vis. Il poursuivit :
De toute façon, ces corps n’ont jamais été prévus pour de l’endurance. La capacité des Mutualistes à se sacrifier si facilement venait aussi de là : leur durée de vie dépasse rarement une grosse année dans les meilleures conditions avant de devoir se retransférer.
... moi, c’était les jambes et les doigts. Et vous ?
Je peux juste dire que le haut des épaules ne me fait pas trop souffrir.
Mhmm... un thé après votre café ? demanda le savant en quittant son fauteuil pour s’approcher d’un petit recoin où était branchée une bouilloire.
Stuffy sourit, brandissant son gobelet vide.
Si vous le proposez. Le chaud, ça diminue mes aigreurs d’estomac... il n’y a pas que les os qui trinquent. Ce corps que vous avez là, il est différent du mien ?
Non. Enfin si : il est plus mature, donc tiendra encore quatre ou cinq mois. Mais justement... attendez, je verse...
Stuffy entendit les deux tasses se remplir d’eau bouillante. Le doux parfum du baob-fraisier précéda le savant et ses deux soucoupes.
« J’ai mis un sucre, précisa-t-il, ça devrait vous plaire. »
Après quelques gorgées, Stuffy ne put que reconnaitre le bienfait émanant de son estomac. Il s’en étonna auprès du professeur et l’autre s’en amusa :
Cela fait des années et des années que je souffre. D’abord le cancer, ensuite les chimères. Alors qu’il parlait, son regard se perdit dans les volutes.
Je suis un scientifique et j’ai appris à tester les différentes essences autant que les molécules sur mes multiples enveloppes… et mes multiples douleurs. Le Baob-fraisier est un analgésique naturel, donc sans danger.
Vous auriez pu me le dire plus tôt, s’insurgea le Mental, j’en aurais rempli une valise.
J’ai mieux à vous proposer : votre nouveau corps est prêt pour le transfert.


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RedU T1 Ch25 Ep11

Tue, 27 Mar 2018 23:33:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 11 " AllocutionS (3)"

L’hologramme d’une petite pièce de métal à demi fondue brilla au-dessus de la salle. Elle était finement usinée, à peine de la taille d’un ongle et certaines vagues de couleur prouvaient qu’elle avait été soumise à un environnement extrêmement chaud. Gandhi se tourna vers Melba et Azala.
Mesdames, je regrette de vous annoncer que nous sommes tombés dans un traquenard. Préparez-vous à protéger la princesse, Madame Melba, je me charge de vous ouvrir la voie et de les occuper. Une corvette est en route pour vous récupérer dans dix-sept minutes exactement sur le toit du parlement.
À mon signal...
Cette petite chose a été retrouvée au plafond de ma résidence, expliqua Loxa d’une voix soudain teintée de vice. C’est pratiquement à la verticale de là où se tenait mon assaillant, un être capable de prendre plusieurs apparences, comme celle d’un Huitlalcoh... ou... moi-même. D’après nos spécialistes, il s’agit d’un morceau pouvant prendre place dans un cerveau électronique, c’est une technologie très avancée. La masse atomique du métal utilisé pour concevoir ceci est bien trop élevée pour se trouver à l’état naturel. En fait, il ne serait possible de la produire (en faibles quantités) que dans des accélérateurs de particules consommant l’énergie de plusieurs soleils ou de la récupérer au fond d’un trou noir...
En résumé, et je tiens à votre disposition le rapport complet d’expertise, cet objet ne peut pas avoir été fabriqué par nous, ni probablement par la technologie humaine. Par contre, dans l’empire de Ragnvald...
Les visages de centaines de parlementaires se tournaient vers Gandhi quand celui-ci lâcha :
« Maintenant ! »
Simultanément, toutes les lumières et l’hologramme central s’éteignirent, ainsi que l’image de nombreux députés qui suivaient la séance à distance. Ne subsistaient plus que les panneaux rouges d’urgence.
Melba bondit. D’un croc-en-jambe, elle fit tomber le soldat le plus proche et s’empara de son arme. Telle une danseuse de ballet, vive comme l’éclair, elle virevolta, assénant une pluie de coups précis qui envoyèrent gardes et greffiers au tapis. Elle se relevait à peine essoufflée et tentait d’entrainer Azala dans le petit couloir adjacent, quand un puissant rayon bleu la terrassa.
Melba s’effondra au sol, inerte.
« Ha, ha, ha ! Cette humaine a l’efficacité de dix de mes Nalcoēhuals ! Elle mériterait des félicitations ! »
Dans l’obscurité de l’espace réduit apparurent plusieurs points rouges au sommet de deux silhouettes humanoïdes massives dont les épaules touchaient les parois. Chaque mouvement produisait des murmures de profonds rouages internes tournants et vibrants et des reflets métalliques ondulaient au rythme des lumières de secours. Derrière eux, un Nalcoēhual claquait le talon de ses bottes luisantes à chaque pas. Dès que le trio pénétra dans la salle, Azala, qui maintenait le torse et la tête de Melba contre elle, entendit Ci’chi rugir dans son dos :
Amiral Huate ! Mais que se passe-t-il ? Je vous rappelle que vous n’êtes pas autorisé à amener des « CyberNals » dans cet hémicycle ! Greffiers, que l’on rallume la pièce !
Madame la parlementaire, répondit posément le gradé. Moi et mes soldats venons de contrer une tentative de déstabilisation du pouvoir nalcoēhual par l’Empereur-Dieu et ses alliés humains. Quant aux lumières...
Il claqua dans ses mains et les premières sphères d’éclairage se remirent à briller, rapidement suivies par les néons principaux. En moins d’une minute, l’obscurité s’évanouit de l’assemblée et les images des députés distants réapparurent à leur place comme si de rien n’était. Nouveauté : une cinquantaine de militaires armés quadrillaient la salle, assistés de plusieurs de ces exosquelettes de combats qu’ils nommaient « CyberNal ».
Loxa reprit la parole :
« Je réclame votre attention à tous ! Un attentat de l’Empereur-Dieu sur notre sol contre un représentant élu, une invasion humaine déguisée en migration soi-disant involontaire et, maintenant, cette odieuse tentative de fuite depuis l’enceinte du parlement.
Une fuite... loin des démonstrations de justice et d’humanité affichées jusqu’à maintenant...
Compte tenu de la situation alarmante que nous vivons ici et à nos frontières, je demande l’activation du protocole d’urgence. Les pouvoirs de police, de justice et toute décision relative à la sécurité de la république reviendront désormais aux forces militaires. Un comité de salut public sera désigné dans cette assemblée pour participer à leurs côtés à la défense de la nation. QUI VOTE AVEC MOI ? »
Quelques minutes plus tard, le compteur afficha rapidement les résultats :
POUR : 190 voix,
CONTRE : 180 voix,
ABSTENTION : 30 voix

Ci’chi bondit de son siège :
« Je réclame une commission pour juger de la légalité de... »
Elle n’alla pas plus loin, car plusieurs soldats l’entourèrent, menaçants. Huate claqua ses talons devant elle :
« Madame, j’ai le devoir de vous informer que vous êtes en état d’arrestation pour suspicion de trahison envers la nation. »
Il se retourna et leva le bras gauche dans un geste que les CyberNals qui patientaient devant le couloir semblaient attendre. Une multitude de microcanons surgirent de leur carapace d’acier et firent feu simultanément sur Gandhi. Sous les innombrables impacts, le corps de l’androïde se désagrégea en un désordre sanglant de chair synthétique et de métal.
Sous le choc, les petites lunettes d’écaille rebondirent jusqu’aux pieds d’Azala…

*

À portée d’un ultime saut de la planète mère, Artoc et un autre avatar de l’Empereur-Dieu recevaient le rapport des avaries. Un deuxième tir avait touché le système de survie de leur vaisseau et ils perdaient de l’oxygène. L’appareil nalcoēhual ennemi avait été détruit, au prix de trois corvettes et d’un état peu enviable de la dernière. Les frappes du croiseur avaient été précises, violentes. Il s’était révélé capable de bons multiples, technique connue de l’Empereur-Dieu, mais également de « déplacement d’Éther », une manière de glisser instantanément entre plusieurs positions. Les laboratoires de Ragnvald travaillaient sur cette technologie, mais il semblerait que ceux de Khabit les aient distancés.
Artoc se leva, respirant un peu plus difficilement.
« Votre Majesté... Je vais m’allonger pour économiser... l’air d’ici le prochain... bond. »
Il n’eut pas le temps d’atteindre sa couchette qu’un nouveau « flop » retentit face à eux. Un second prototype de croiseur ennemi venait d’apparaitre et il ouvrit immédiatement le feu.
Lorsque Godheim perdit le contact avec son avatar ainsi que les deux dernières corvettes, il n’eut guère d’espoir de retrouver des survivants dans la zone de l’attaque. La flotte qui se matérialisa, quelques trop longues minutes plus tard, ne put que compter les débris et les restes des pilotes, de l’avatar... et du fidèle Artoc.

*

Huate écrasa du talon quelques restes de Gandhi pour atteindre les marches de l’estrade. Il jeta un coup d’œil à Azala qui caressait la joue de son amie en train de reprendre ses esprits. Aux côtés de Loxa qui, cette fois, laissa aimablement la place, il se dressa de toute sa taille et prit la parole :
« Chers parlementaires, en tant que chef d’état-major de notre armée, je ferai tout mon possible pour mener à bien la mission que vous m’avez assignée.
Sachez qu’au moment ou je vous parle, une opération secrète conduite par nos unités d’élite vient de venger nos concitoyens décédés lors du lâche attentat survenu dans l’astéroïde de Pepapaltec. Un traitre nalcoēhual ayant épousé la cause de l’Empereur-Dieu avait permis à un de ses avatars de pénétrer dans la colonie. La mission a été couronnée de succès, la cible ayant été neutralisée définitivement.
Sans interruption et dans un silence de mort, l’amiral poursuivit son discours. Le ton de sa voix, peu coutumier d’une quelconque interruption, ne laissait pas de place à la discussion.
« J’ai également donné l’ordre à notre flotte de se placer en formation de combat et de réactiver l’opération Foudre et Cendres contre les appareils humains qui nous menacent à l’intérieur même de nos frontières. En ce qui concerne celle qui se prétendait ambassadrice, elle et son personnel seront détenus en résidence surveillée en attendant que nous statuions sur leur sort.
Enfin la Parlementaire Ci’chi ainsi qu’une liste de plusieurs élus et hauts fonctionnaires que je tiens à votre disposition, sont aux arrêts sous l’accusation de trahison. Comme nous sommes sous protocole d’urgence, ce sera à une cour martiale de siéger pour les juger et rendre la sentence.
Je rapporterai quotidiennement au futur comité de salut public l’avancée de nos opérations, mais je puis vous assurer, représentants de la république nalcoēhuale, que toute l’armée est mobilisée pour mettre en œuvre les décisions difficiles, mais nécessaires, à la survie de notre nation.
Merci à vous. »

Alors que l’amiral Huate descendait les marches, Azala aidait Melba à se redresser : cette énergie bleue l’avait véritablement brisée. Des bottes claquèrent derrière les deux femmes. La princesse se retourna pour voir Huate la dominer et lui ordonner dans un rictus :
« Madame la princesse, veuillez vous lever avec votre suivante. Nous allons vous conduire à votre cellule royale... »

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RedU T1 Ch25 Ep10

Wed, 21 Mar 2018 00:06:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 10 " AllocutionS (3)"

Azala reprit donc la parole depuis l’estrade.
« Nous voici donc tous réunis. Réfugiés d’hier et d’aujourd’hui, à converser pour savoir si nous devons nous soutenir ou nous haïr. Visiblement, que ce soit pour vous ou pour nous, il semble que les planètes vivables ne soient pas légions, au point que c’est par la technologie que Nalcoēhuals ou humains se sont construit la plupart de leurs foyers, hors... Veora.
Alors, messieurs-dames, élus de la nation nalcoēhuale, cœur de cette civilisation et fondement de votre démocratie, nous, Exodés, vous demandons votre aide. Montrez-nous comment concevoir un tel système politique, partagez votre expérience de la multitude de courants de pensée, guidez-nous dans cette voie. Nous n’avons connu que les pouvoirs forts et régaliens, l’heure est venue pour ceux dont nos ancêtres avaient fait leurs ennemis, de prouver combien ce choix fut injuste... que dis-je : abject !
La princesse laissa filer le silence quelques secondes. Ses mots marquaient, elle le sentait autant au visage des députés proches qu’aux tremblements de plus en plus énervés de Loxa.
Je vous prie en conséquence de m’accepter comme premier lien entre nos deux civilisations. Ce sera dans un but non pas d’expansion, mais de partage, d’égalité, de liberté et de... fraternité.
Nous nous plierons bien sûr à votre décision souveraine, quelle qu’elle soit. Je vous remercie de m’avoir écouté. »
Lançant un coup d’œil à Loxa qui fulminait, Azala se détourna de l’estrade et descendit les marches de l’escalier pour venir se placer aux côtés de Melba et Gandhi. Celui-ci lui glissa discrètement :
Il fut un peuple dans l’histoire de l’humanité qui avait fait sienne la devise de « liberté, égalité, fraternité ». Vos archives royales remontaient-elles donc jusque-là ?
La formule me plaisait et je n’attendais qu’un bon moment pour la réutiliser. La culture de ce peuple du passé pourra peut-être nous apprendre à vivre ensemble.
Qui sait, princesse ? Mais dans ce cas précis, croyez-moi, mieux valait ne pas être leur roi ou leur... princesse.
Je vous félicite, cela dit, pour votre discours, poursuivit-il en revenant à l’actualité. Vous avez su toucher l’orgueil de ce parlement, et réclamer son aide va grandement amoindrir l’effet des paroles de Loxa.
Madame, reculez un peu, s’il vous plait, intervint Melba. D’autres soldats sont apparus et, mis à part les huissiers, il y a trop de personnes en armes par ici pour que ce soit normal.
Elle a raison, murmura Gandhi, quelque chose d’inquiet (ou de curieux ?) dans la voix.
Melba se déplaça d’elle-même sur la droite d’Azala, à mi-chemin d’un des gardes nouvellement arrivés.

*

Penché sur le tableau de bord, Artoc défilait le compte-rendu automatique, tandis que le pilote testait différentes combinaisons de contacteurs. Le chef de la garde impériale se retourna vers son maitre, soucieux :
Votre Majesté, le rapport des avaries n’est pas bon.
Je le sais, Artoc. Je crois cependant que nous réussirons à faire un ultime saut. De toute façon, nous ne sommes désormais plus seuls.
Au même instant, plusieurs flashs de lumière éclairèrent l’espace autour d’eux : quatre corvettes de Ragnvald arrivaient en protection. Gandhi poursuivit :
« Cela devrait faire réfléchir notre assaillant. De plus, les appareils envoyés en reconnaissance aux stations relais remontent la piste jusqu’à nous. J’estime à plus de soixante-sept pour cent de chance de ne plus être dérangés par... »
Une sorte de « flop » retentit à quelques distances d’eux et immédiatement, les alertes rugirent dans tous les systèmes des vaisseaux présents.
Du fond de sa caverne, Godheim décrivit une courbe inhabituelle de tout son long corps de chair bionique. Mais qu’était-ce donc que ce nouvel ennemi ?
Les émissions de particules et autres subtiles radiations différaient sensiblement de celles des croiseurs nalcoēhuals standards, mais il en faisait indubitablement partie. La signature quantique de la pierre psychique entrant dans la composition de sa coque ne laissait aucun doute, précisant même que sa fabrication ne remontait pas à six mois.
Légèrement plus petit que les vaisseaux de guerre habituels, il possédait d’étranges structures effilées de plusieurs mètres formant une sorte d’étoile à six branches à l’arrière de l’engin. Aucune des bases de données de l’Empereur-Dieu ni aucun des rapports de surveillance ne faisaient état d’un tel croiseur.
Était-ce un prototype ?
De plusieurs ouvertures sur ses flancs, des salves fusèrent alors que les corvettes de Ragnvald partaient à l’assaut du nouvel arrivant.

*

« Mes amis parlementaires ! Mes amis, écoutez-moi ! »
Ci’chi reprenait la parole, profitant du flottement dans l’air et du blocage toujours actif du pupitre de Loxa.
« L’ambassadrice humaine nous demande notre aide, elle propose une forme d’alliance basée sur une similitude d’institutions. Nous pourrions envisager des systèmes de garde-fou pour que chaque partie puisse échanger régulièrement. Et, bien entendu, ils auront besoin d’un apport de matériel, de technologie... une coopération économique se profile ! Saurons-nous aller au-delà de nos préjugés, sans renier ce que nous sommes ou notre objectif ? »
La projection du centre de l’hémicycle se réactiva enfin tandis que Loxa coupait sèchement la parole à Ci’chi.
« ... qu’il ne faut pas croire tout ce que les démons du présent tentent de vous faire accepter ! L’humaine veut de l’aide ? Godheim nous aurait soutenus par le passé ? Ci’chi brandit même d’alléchants contrats économiques... alors, laissez-moi vous montrer ceci... »

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RedU T1 Ch25 Ep09

Wed, 14 Mar 2018 00:37:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 9 " AllocutionS (2)"

À bord de la corvette de Ragnvald, qui ramenait Artoc sur Monte-Circeo.
Votre Majesté, je sais que vous êtes tout et partout... mais depuis que j’ai le plaisir de vous servir, j’ai pu développer une sorte de... conviction, lorsque des soucis trop importants vous accaparent.
Si je peux vous apporter mon aide, n’hésitez jamais !
Mon brave Artoc, répondit simplement le Gandhi à ses côtés.
Le nalcoēhual reconnut cette sensibilité dans la voix artificielle, une émotion diffusant au travers de l’électronique, quelque chose… d’humain.
« Je suis votre obligé, Sire. » se contenta-t-il d’ajouter, tandis que la corvette effectuait un nouveau saut de Transition, légèrement plus rapide que d’accoutumée.
Quelle raison aurait-on d’accélérer ?

*

Parlement nalcoēhual.
« QUI SOMMES-NOUS ? Qui sont-ils ? Et, encore plus que cela, mes amis élus de la république, que désirons-nous devenir au plus profond des fibres de nos êtres ? »
Loxa, la civière flottante installée devant le pupitre précédemment occupé par l’avatar de Godheim, tenait un discours d’autant plus passionné que son état le rendait poignant.
« Suis-je la seule à penser que dans l’attente du jour où notre armée projettera enfin son ombre sur les plaines de Veora, nous devons nous sacrifier dans l’accomplissement de cet objectif ? Qu’il en allât de notre existence, de notre raison d’être ou, au moins, du respect de nos ancêtres ?
Ragnvald nous a aidés par le passé, parait-il. D’accord... même si aucune preuve ne soutient cette assertion, la géographie spatiale autorise à en tenir compte. Mais alors... plutôt que de nous imposer la proximité de cette race humaine abjecte, plutôt que de restreindre notre propre expansion, pourquoi l’Empereur-Dieu ne nous assisterait-il pas dans la reconquête ? »
Au pied de l’estrade, à quelques mètres du siège de Ci’chi qui suivait le discours, tétanisée, Azala, Melba et Gandhi attendaient. Les traducteurs automatiques effectuaient leur office, à partir de la synthèse vocale des pensées de Loxa, et la princesse sentait bien que quelque chose dans l’air respirait le coup politique. Pas besoin d’être une habituée des Nalcoēhuals pour analyser l’ambiance d’un hémicycle parlementaire. Ce fut Melba qui se pencha vers elle la première, chuchotant à son oreille :
Madame. Des soldats épaulent les greffiers aux entrées. Je n’aime pas ça : nous serions facilement encerclées et nous avons laissé toutes nos armes dans le croiseur.
Je vois... murmura Azala. Merci, mon amie, de toute façon nous ne sommes pas venus combattre, pas comme tu l’entends. Maitre Gandhi ? ajouta-t-elle sans hausser le ton.
Princesse ?
Les Nalcoēhuals communiquent par ondes mentales. Je suppose que l’on ne parle à voix haute que de manière secondaire... Comment pourrais-je prendre la parole ?
Vous ne le pouvez pas, répondit-il en souriant. Enfin, pas légalement. Ils ont des systèmes permettant aux signaux psychiques de se propager et ce sont les greffiers qui s’occupent de sélectionner l’orateur.
Allons, Maitre Gandhi, ne me dites pas que ce serait quelque chose d’insurmontable pour vous ? ajouta-t-elle, espiègle.
Laissez-moi quarante-trois secondes et quelques dixièmes...
Parasiter le fonctionnement des amplificateurs fut simple, les panneaux de contrôle traversaient dans la paroi derrière eux. La demande d’aide rapide à Fabio le Passeur pour se synchroniser avec les pensées de la princesse fut accueillie favorablement par celui-ci et, donc :
Dès que vous serez prête, le signal court-circuitera Loxa. Je vous conseille la prudence, ce genre d’action n’autorise pas de second essai, prévint l’Empereur-Dieu.
J’en suis consciente. Une dernière question : « Veora » serait-elle la planète MaterOne ?
...
Empereur-Dieu ?
En effet, Princesse. Veora était bel et bien « à eux », avant l’arrivée des humains. Nous n’avons pas encore trouvé... l’occasion d’en parler.
Nous l’aurions eu si vous l’aviez désiré. Mais c’était de toute façon inutile : les archives royales le sous-entendaient souvent ; merci donc pour la confirmation. Maintenant, préparez-vous...

*

Depuis sa grotte au cœur de Monte-Circeo, Godheim recevait les premières analyses de ses corvettes en patrouille. Des traces de Transition, mais d’une signature énergétique nouvelle. Quelque chose de plus fluide que la technologie nalcoēhuale œuvrait ici, quelque chose qui se déplaçait selon une trajectoire dont la destination devenait évidente.
Il prévint Artoc à bord de l’appareil les ramenant.
Mon fidèle ami, je crains que nous ne soyons suivis par quelque chose. Nous pourrons lui échapper à condition d’accélérer les périodes d’intersaut. Ce n’est cependant pas conseillé, tu le sais.
Si vous le jugez nécessaire, alors je l’accepte.
Bien... ah, trop tard !
Une salve détruisit l’étambot de la corvette, obstruant sa propulsion standard et ses réserves de carburant. Dans une ultime manœuvre d’évitement, Godheim réussit pourtant à activer la Transition et pousser l’appareil dans son avant-dernière étape avant la planète mère et ses redoutables défenses.

*
Parlement nalcoēhual.
... et j’ai encore plusieurs informations que je compte partager avec vous en temps et en heure pour étayer ma position, mes chers compagnons. Je vous demande cependant de faire bien attention : certains parmi nous cachent, sous des apparences de modération, une pure complicité que je me ferai fort de qualifier de trahison ! Et...
... et nous nous excusons !
La voix de la princesse prit soudain possession de tous les esprits, résonnant au travers de la salle comme dans les têtes. La stupeur se dépeint sur le visage de certains, la surprise sur d’autres. Gandhi traduisait à la volée tandis que les synthétiseurs exprimaient automatiquement les pensées d’Azala.
« Je viens représenter devant vous la race qui a chassé vos ancêtres de leur monde. Je suis la descendante directe du premier roi humain à la tête de MaterOne, la planète que vous connaissez sous le nom de Veora. Fille de Phoméus Archibald Magnam IV, arrière-arrière-petite-fille de Magnam I, je suis la Princesse Azala Lanik Magnam V.
Je... je ne suis pas capable de vous rendre votre terre natale. Je n’y ai plus aucune influence depuis qu’une révolution a balayé les restes d’un pouvoir corrompu pour le remplacer par un autre, dictatorial. Je doute d’ailleurs que celui-là vous soit favorable d’une manière quelconque.
Mes amis et moi-même, à bord de sept transporteurs que vos forces ont tenté de détruire, avons aussi été chassés de Veora. Le nouveau gouvernement nous avait donné le choix entre partir ou périr, à plus ou moins longue échéance, dans ses geôles. Alors, suivant vos traces sans le savoir, nous nous sommes élancés à bord de ces vieux engins désarmés pour traverser l’univers et rejoindre, de l’autre côté, une petite planète à peine habitable. C’est ainsi que nous avons découvert votre existence et tenté de prendre contact, car nous venions en paix. »
Sans hésiter, Azala gravit les marches de l’escalier une à une, soulevant sa robe du bout des doigts tandis que Melba bloquait sans ménagement le passage à quelques huissiers, affolés par cette entorse au protocole.
Lentement, la princesse se plaça face à Loxa. Les yeux nalcoēhuals étaient aussi expressifs que ceux des humains et, malgré la profusion de bandages, le regard haineux de la députée ne laissait aucun doute. De borborygmes et de tremblements, la chef extrémiste extériorisa par son corps ce que sa voix ne pouvait formuler, faute de muscles du visage viables ou de télépathie ouverte sur les autres. Elle tenta même de pousser la princesse hors de l’estrade en usant de son fauteuil flottant, mais celle-ci n’eut qu’à avancer sa longue et fine jambe pour bloquer l’engin.
Encore une chose que la « nouvelle » physiologie nalcoēhuale, trop tassée, n’autorisait qu’avec difficulté, contrairement à celle des humains.

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RedU T1 Ch25 Ep08

Wed, 07 Mar 2018 00:34:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 8 " AllocutionS "

Le Parlement nalcoēhual grouillait aujourd’hui d’une excitation toute nouvelle. Les élus échangeaient à voix haute tandis que l’espace psychique était empli de conversations que les amplificateurs soutenaient difficilement. Les quatre-cents parlementaires (présents physiquement ou mentalement) s’impatientaient dans l’attente de ce moment historique : la première rencontre de l’illustre assemblée avec un représentant humain depuis tant de cycles que l’on en disait le compte exact perdu. La présence de l’Empereur-Dieu de Ragnvald passait presque inaperçue à côté de la première annonce et pourtant ce serait lui qui introduirait la séance par son discours. Pas question pour Godheim d’utiliser cette fois la puissance du Passeur pour impressionner les élus, ce serait du plus mauvais effet.
L’hologramme géant du drapeau nalcoēhual emplit l’hémisphère signalant l’ouverture des débats. Un des huissiers lui fit signe et Gandhi, l’avatar petit-vieux de l’Empereur-Dieu, monta douloureusement jusqu’au pupitre les marches proportionnées à ce peuple. Il ne ressentait pas vraiment de douleur, mais la programmation de cet androïde incluait certains automatismes simulant la souffrance d’après les conditions de pression aux articulations. Cette apparence maligne, voire chétive, réduisait toujours les sentiments agressifs de ses interlocuteurs, enfin... chez les humains. Les Nalcoēhuals ne seraient pas aussi réceptifs à ce genre d’astuce, d’autant que les rumeurs captées par-ci par-là sur l’immense toile de l’Empereur-Dieu confirmaient les dires de la parlementaire Ci’chi. Loxa avait survécu et son bilan prêtait à l’optimisme. Elle avait reconnu la main de Godheim dans l’attentat de Pepapaltec et cette politicienne enragée risquait de rapidement poser des problèmes.
Obligation était donc faite à la princesse Azala et à lui-même de faire bonne impression.
« Hum... Représentants de la glorieuse nation nalcoēhuale, c’est pour moi un honneur infini que d’être autorisé à m’exprimer officiellement devant cette assemblée. Le simple fait que vous m’ayez ouvert ce droit me pousse à croire que quelque chose est en train de changer, quelque chose que je vois comme bien et encourageant. »
Petite pause. Le silence de l’hémicycle en devenait presque assourdissant, au niveau des meilleurs cérémonials en son nom dans l’empire, se dit Godheim.
L’Empereur-Dieu se plaisait à présenter sa personne comme divine, il s’appuyait pour cela (entre autres) sur le réseau d’informations le plus dense de l’univers connu. C’était une profusion de stations-relais, de censeurs, d’intelligence artificielle dissimulée même dans les boutons de porte qui se croisaient le long d’immenses tunnels de transmission quantiques. Multiplexées, regroupées puis triées, elles aboutissaient au cœur de la planète Monte-Circeo, centre de l’empire, dans la spectaculaire caverne où se dressait la statue phallique vivante du cyborg nommé Godheim. Alors qu’il pilotait son avatar devant le parlement nalcoēhual, il échangeait avec son fidèle Artoc dans la corvette bientôt de retour ; mais il surveillait également la distribution de nourriture dans les cantines communales de plusieurs colonies et modifiait la composition des patrouilles à la périphérie de Ragnvald. Tout cela simultanément, bien entendu.
Sur Ti’ltchiti, il reprit la parole.
« Certains murmurent que je serais une sorte de dictateur qui tendrait des pièges dissimulés dans d’autres pièges à mes voisins, dont vous êtes. Ces mêmes personnes semblent me prêter de mesquines volontés expansionnistes contre la République nalcoēhuale et le Cercle de Khabit...
Que cela est mal connaitre la morale inhérente à Ragnvald ! Que cela est oublier qu’il y a trois-cent-vingt-quatre cycles et douze décades, JE vous ai aidé à franchir ce qui était DÉJÀ l’Empire de Ragnvald, allant jusqu’à prêter assistance à vos blessés et vous fournir nourriture et protection après vos traversées épiques de la Passe de Magellone.
Demandez donc à vos archives, vos traditions orales ou, simplement, à vos anciens... tels que la parlementaire Ci’chi ici présente, qui soutient le principe de l’évènement que nous vivons actuellement.
Mon intervention en ce lieu est, à mes yeux et j’espère aux vôtres, un gage de nature divine à votre jeune république. Je vous reconnais, je vous respecte et je veux que vous prospériez dans le respect de tous : vous, moi... et nos nouveaux voisins ! »
Un brouhaha s’éleva alors que Gandhi ponctuait ces derniers mots, entrainant l’émission d’un « dong ! » psycho-sonore depuis l’hologramme du drapeau : on réclamait un retour au calme. Les Nalcoēhuals avaient du mal avec la notion de partage. Leur installation dans cette zone inhospitalière avait été longue et rude et l’on pouvait comprendre que la proximité de nouvelles races leur soit difficile à accepter. Mais il venait d’en ouvrir la voie et s’était mis en retrait ; la charge revenait maintenant à la jeune princesse de prouver sa capacité à se faire une place.

Dans sa caverne sur Monte Circeo, Godheim étudiait également les dernières informations en provenance de ses espions et sondes implantés dans l’espace humain. Les nouvelles arrivaient en fréquences régulières avec un décalage de quelques semaines, compte tenu de la traversée de la passe. Pour l’instant, rien d’intéressant à signaler. En fait, c’était d’abord la Flotte mentale qu’il surveillait avec attention. Elle venait de franchir Magellone et faisait route vers Antarès IV (destination de l’Exode), sans se douter que ce chemin croiserait les lignes nalcoēhuales. Et ils allaient vite, aussi vite que les rapports de ces dernières années l’avaient prévu.
Soudain, une trentaine de stations d’écoute disposées avec régularité le long d’une voie discrète entre Ragnvald et Khabit stoppèrent toute émission. Il mesura un décalage d’une virgule vingt-sept secondes entre chaque arrêt, dévoilant la progression de quelque chose. Godheim ordonna immédiatement à plusieurs corvettes proches de cette zone de se rendre sur place. Une tempête électromagnétique pouvait avoir entrainé cet incident, mais aucun autre écho hors de cette région ne lui était parvenu. Étrange.

« ... et c’est ainsi que j’ai préféré non pas poursuivre le statuquo, mais simplement montrer à deux peuples que le dialogue prévaut toujours en première instance. Et c’est dans ce but que je me suis présenté humblement devant vous... accompagné de celle que vous attendez certainement avec impatience. »
Nouveau brouhaha, cette fois plus sourd, plus révérencieux. Une civière flottante, inclinée vers l’avant, pénétrait en flottant dans l’hémicycle, par l’entrée principale réservée aux élus. Un grand tableau lumineux annonça la retardataire : « Député Loxa, Extrême haut ».
Du fond de sa caverne, l’Empereur-Dieu grommela tout seul, mais son avatar ne se décontenança pas.
Je me permets donc de céder la place à celle qu’il serait juste de considérer comme... le début d’une ère de prospérité mutuelle. Mesdames et messieurs les parlementaires, merci encore pour cette occasion qui, j’en suis sûr, ne sera que la première d’une longue nouvelle histoire commune.
Je réclame l’instauration d’un vote pour modifier l’ordre du jour !
Le message psychique avait fusé de tous les amplificateurs, en priorité, preuve qu’il était prévu au moins par les huissiers responsables des systèmes. Tous en reconnaissaient évidemment la voix, s’étant même préparés à l’entendre à un moment ou à un autre. Sur un des bancs du premier rang, Ci’chi se leva, adressant un regard plein de reproches à Loxa dont le corps bandé de toutes parts se dressait en haut de l’escalier central. Elle l’interpela psychiquement comme ce genre de situation le requérait :
Parlementaire Loxa, nous sommes heureux de voir que, malgré vos lourdes blessures, vous pouvez venir assister à cette séance. Cependant, et tout en respectant votre condition actuelle, je réclame à la présidence de sursoir à toute intervention avant la fin du programme tel qu’il a été accepté préalablement. Loxa aura tout loisir de...
Quand nous avez-vous trahis, Ci’chi ? la coupa la voix, sèchement. Mais que faisaient les huissiers assignés aux amplificateurs ?
Je ne vous permets pas de lancer de telles accusations, Loxa. Votre état semble incompatible avec une bonne tenue de nos...
Qui veut que je prenne la parole immédiatement et que nous votions avant que le perfide venin de Godheim, de Ci’chi et de cette... humaine ne se répande dans nos oreilles ?
LOXA ! VOUS DÉPASSEZ LES BORNES ! hurla mentalement Ci’chi, outrée par le comportement surréaliste de sa collègue. J’en appelle à la présidence pour interrompre le déplorable spectacle que nous donnons en ce moment à nos invités !

Les trois intelligences artificielles qui présidaient à la bonne tenue des séances de l’assemblée des élus nalcoēhuals ne semblaient rien trouver à redire à cette monopolisation parfaitement abusive du règlement... ajouté au comportement biaisé des greffiers, Ci’chi éprouvait la désagréable sensation qu’un complot ourdi à l’avance se déroulait en direct.
L’hologramme central se transforma alors pour le décompte des voix, stupéfiant la parlementaire.
Sous ses yeux ébahis, elle vit une écrasante majorité de l’assemblée se concentrer pour activer les votes.
« Mes... mes amis ? Mais par les dieux, que faites-vous ? »
Le compteur afficha rapidement les résultats :
POUR : 294 voix,
CONTRE : 102 voix,
ABSTENTION : 4 voix
La mention : « La modification de l’ordre du jour est acceptée. La parole est à la parlementaire Loxa », apparut sur toute la largeur de l’hémicycle, tandis qu’une voix automatique l’annonçait dans l’esprit de tous.
L’avatar de Godheim descendit lentement de son pupitre, rejoignant Azala et Melba qui saisissaient sans trop de difficultés que la situation évoluait très mal.

Quelque part entre les deux grandes civilisations de Ragnvald et de Khabit, plusieurs corvettes sortirent de Transition à quelques centaines de mètres des restes de trois transpondeurs. Sur les débris, d’évidentes brulures d’impacts ne laissaient aucun doute quant à l’origine de leur interruption d’émission.


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RedU T1 Ch25 Ep07

Wed, 28 Feb 2018 00:03:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 7 " Fantôme "

Poféus cligna des yeux, incapable de réagir.
Les yeux mi-clos, la capitaine Fakir l’observait en retour, une expression de gêne remplaçant progressivement l’extase. L’entrée de son intimité se resserrait et de petits mouvements involontaires des hanches montraient que le corps commençait à le rejeter.
« ... hem... Fakir, je... »
Ce n’est pas elle...
Il retira sa main, sans doute un peu trop vite, déclenchant un fugitif spasme de douleur sur le visage de la jeune femme.
« ... Excusez-moi, Capitaine, je dois y aller. R... restez là, »
marmonna-t-il en s’enfuyant littéralement. Ce n’est qu’en claquant la porte du salon privé qu’il se rendit compte de sa nudité. Fort heureusement, seul le majordome se trouvait dans l’étroit passage attenant à ces quartiers de la chancellerie, il fit signe à Poféus qu’il revenait immédiatement avec une tenue adéquate pour le maitre des lieux.
Que s’est-il passé ? Calande ?
La fraicheur de ce couloir ne faisait qu’amplifier la désagréable sensation de se sentir ainsi dans la plus pauvre des conditions humaines. Il chercha la chaleur de ses bras sur son torse, son sexe baveux pendouillant lamentablement sous un vieil abdomen ridé et enrobé de graisse. Faire quelques pas ne s’avéra pas une meilleure idée. Dans la lumière crue du jour, un des larges miroirs lui renvoya c…
Mais qu’attend cet idiot de majordome ?
Des doigts apparurent soudain sur son épaule, suivis d’une fine main féminine. Il la voyait dans le reflet de la glace, la sentait explorer lentement sa peau. Une seconde main se glissa à l’opposé, sur sa hanche droite ; des seins et un ventre plat et chaud se lovèrent enfin contre lui alors que l’image du visage bien connu de Calande Rorré se montra à sa gauche.
Tu te sens mieux comme cela ? demanda-t-elle simplement.
Calande... non, j’hallucine !
Oui, peut-être...
La paume sur sa droite descendit le long de son bassin et, d’un tour de main précis, emprisonna les testicules. Le regard gourmand de la jeune femme fit place à... autre chose.
« Et si je serrais, cela donnerait quoi, mon amour ? Rien, puisque je ne suis qu’une illusion, n’est-ce pas ? »
Un violent pincement remonta de son entrejambe, quelque chose de douloureusement tangible !
C’est impossible, elle est morte, j’ai vu les restes de son corps !
Le sourire carnassier s’étira sur les lèvres de Calande et la douleur s’accentua, obligeant Angilbe à se contracter et à porter sa propre main en protection sur... sur du vide. Rien, rien ne touchait son sexe.
« Viens, »
déclara simplement la jeune femme, dont l’expression devenait singulièrement inquiétante. Dans le miroir, il la suivit, elle l’entrainait par les testicules vers la grande baie vitrée derrière eux. La souffrance qu’il ressentait l’empêchait de résister, ou était-il choqué de sa présence ici et maintenant ? Pourquoi lui faisait-elle du mal ? Il observa cet entrejambe que rien sauf la douleur et le miroir ne semblait distinguer.
« Regarde-moi ! »
ordonna-t-elle sèchement, serrant si fort qu’il ne put retenir un cri. De la sueur lui pointait sur le front malgré le froid ambiant, ses mains ne rencontraient rien, ses yeux ne percevaient rien et pourtant elle était bien là ! Une pression soudaine sur son torse le plaça de profil à la fenêtre et il put confirmer d’un coup d’œil au miroir qu’elle se tenait bien face à lui, nue également. Elle y croisa son regard, la pointe de ses seins le frôlant comme pour que son toucher atteste la vision du reflet. Mais elle ne le lâchait pas.
Je n’ai jamais compris ce que je te trouvais, Angilbe. Tu es repoussant, vieux et faible... Je te déteste, le sais-tu ?
Moi ? Tu me...
La pression augmenta, lui arrachant un autre cri.
« NE ME RÉPONDS PAS. OUVRE LA FENÊTRE » lui cracha-t-elle au visage.
La situation dérapait à un point inexplicable. D’où venait cette Calande ? Existait-elle seulement ailleurs que dans son imagination ? La douleur montait, difficilement supportable, ses testicules viraient sans doute au bleu, mais il ne pouvait le confirmer. Angilbe n’arrivait pas à se libérer de ce regard de serpent qui l’envoutait tout en lui prodiguant une souffrance abrutissante. Devant son incrédulité, Calande fit glisser sa main libre de la nuque à ses seins, puis à ses hanches, puis vers son pubis, puis...
Se caressait-elle réellement devant lui ? Sa bouche, son expression soudain trouble et sa respiration plus rapide l’indiquaient. Les ongles de sa maitresse fantôme s’enfoncèrent brusquement sans sa chair, arrachant à Poféus un nouveau hurlement bien plus rauque que le précédent. Il dut s’accrocher au verrouillage de la fenêtre qui s’ouvrit aussitôt, alors que le bassin de la jeune femme ondulait de plus en plus et que ses yeux se fermaient de plaisir.
« Cal... Calande arrête, ça… Arrête ça ! ARGH ! »
hurla-t-il ! Simultanément, elle se cambra la tête en arrière, compressant plus encore l’entrejambe d’Angilbe. Celui-ci tomba à la renverse sous la douleur, le buste pendant désormais en dehors du bâtiment. Les sons de la rue montaient de plusieurs étages plus bas, tandis qu’on entendait au loin les puissants moteurs d’un quelconque cargo spatial s’arracher à l’atmosphère de la planète. Les yeux embués de larmes, il regarda le lointain reflet la jeune femme, seul le sommet de son magnifique dos apparu dans le miroir. La pression sur ses testicules se relâchait un peu, alors que celle qu’il aimait se redressait lentement à mesure qu’elle reprenait son souffle.
Une brise glacée lécha sa peau nue, ondulant le reliquat de chevelure grise qui parsemait l’arrière de son crâne. Au même instant, deux mains lui saisirent les épaules pour le pousser dans le vide. Une bouffée d’air lui caressa les oreilles, froide comme la température extérieure :
« Et maintenant, saute ! »
Il résistait à la pression physique, utilisant ses doigts dans les fentes de l’ouverture pour se retenir, ses orteils collés à la vitre.
« SAUTE ! » lui ordonna-t-elle sèchement contre son lobe.
« Monsieur, ne faites pas ça ! » vociféra le majordome qui préféra l’enlacer et profiter du contrepoids pour arracher son maitre à la tentation du néant. Les deux tombèrent à la renverse sur le carrelage du couloir. Le chancelier clignait des yeux, regardait son serviteur, ne parvenant pas à reprendre ses esprits. Il toucha son sexe, ses oreilles, ses épaules... Pour la première fois depuis longtemps, Angilbe Poféus sentit la peur monter en lui. Une vraie frayeur comme il n’en avait plus éprouvé depuis son adolescence, précisément depuis l’altercation entre son père adoptif et Méhala. Le majordome se précipitait déjà pour refermer la fenêtre à double tour, affolé. Ce n’est qu’une fois certain que le mécanisme était verrouillé qu’il aida le chancelier à se relever et à revêtir la robe de chambre épaisse et chaude qu’il avait apportée.
Pas à pas, le serviteur le soutint en direction de l’infirmerie. Malgré un entrejambe douloureux, Poféus ne pouvait ignorer cette voix lancinante qui lui murmurait perfidement dans le tréfonds de son esprit : meurs, meurs, meurs..


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RedU T1 Ch25 Ep06

Wed, 21 Feb 2018 18:23:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 6 " Elle "

MaterOne Centrum, Complexe financier.
On appelait cette petite voie large d’à peine deux véhicules terrestres « La rue du Mur ». Elle sillonnait sur moins d’un kilomètre les bâtiments parmi les plus anciens de la vieille ville, protégés pour certains par une loi qui contredisait le principe d’interdiction de l’archéologie. Quelques pans de béton armé appartenant au mur original (ayant donné son nom à la voie) trônaient par-ci par-là sur des socles aux inscriptions glorifiantes et invérifiables. Historiquement, les premiers commerces des nouvelles colonies minières s’étaient ouverts ici et, les siècles passants, les grands instituts financiers et leurs puissantes filiales spécialisées dans les mouvements de capitaux avaient remplacé les grossistes et leurs balances plus ou moins trafiquées. Les majestueux gratte-ciels s’élançaient de partout et le prix du mètre carré dépassait dorénavant l’imaginable. Ne traversait plus cette rue que la haute société, arborant les derniers gadgets luxueux et les tenues protocolaires, tandis que la rue du Mur représentait maintenant le lieu de la réussite sociale.
Conçus par les meilleurs architectes, deux immenses immeubles de verre et d’acier s’y imposaient : la place boursière et la Tour M de la toute puissante banque souriante Maha’dong. À la sortie est de la station de métro située sous le bâtiment, deux vigiles surveillaient ce matin-là un jeune cadre dynamique apprêté pour une journée de travail habituelle dans ce quartier. Seule incongruité, une valise plus épaisse que la norme et... un arrêt brusque, au milieu de la voie. Plusieurs taxis se trouvèrent d’ailleurs bloqués par cet hurluberlu n’acceptant visiblement pas de céder le passage. Les deux hommes décidèrent de régler le problème à l’amiable et s’approchèrent du malandrin. Au même moment, un message de la police crépita dans leur transmetteur : des scènes identiques se déroulaient en plusieurs endroits de la rue du Mur et l’on demandait aux agents de sécurité de rapporter tout incident et de surtout ne pas intervenir. La terrible vague d’attentats mutualistes était encore suffisamment fraiche dans les mémoires pour qu’ils réagissent immédiatement.
Le « golden boy » sourit mystérieusement devant la mine soudain paniquée des deux vigiles et, tranquillement, se pencha vers sa valise. Composant un code qui l’ouvrit, il en ressortit une boule métallique dont plusieurs parties pulsaient d’une inquiétante lueur qu’il scruta avec attention. Les agents de sécurité criaient tout autour à l’évacuation de la rue.
Le jeune inspira puis leva l’objet au-dessus de sa tête en hurlant :
« GLOIRE À LA MUTUALITÉ ! »
À partir de cinq différents emplacements dans le quartier, des hommes et des femmes activèrent simultanément les micros charges d’antimatière : en moins d’une seconde, plus de cinquante-mille personnes et une quarantaine de bâtiments primordiaux pour le système financier de l’humanité furent réduits à l’état d’atomes épars. Les cercles concentriques de l’implosion, issus du contact entre la matière et son opposé physique, tranchèrent sans discernement tout ce qui se trouvait à leur limite d’influence. On assista à d’atroces scènes : des badauds et des enfants mutilés, des tours habitées s’écroulant dans le vide à cause de leurs fondations disparues où plusieurs métros jaillissaient de leurs conduits pour s’écraser plus bas, sur d’autres convois.
Dans les cinq minutes qui suivirent, alors qu’au cœur de MaterOne Centrum les ravages se poursuivaient, une crise sans précédent bouleversa le système financier humain. Des capitaux absolument dantesques s’évanouirent dans la nature, des organismes prêteurs firent faillite entre le café et le croissant de leur directeur. Pire encore, l’état de MaterOne se retrouva en cessation de paiement, déclenchant automatiquement des procédures de blocage dans tous les services publics de l’univers connu.

Jamais, oh grand jamais, un attentat n’allait causer autant de pertes et de dommage en moins de neuf minutes. L’humanité était désormais à genoux, blessée plus gravement qu’aucun scénario catastrophe ne l’avait prédit.

*

Le phallus d’Angilbe pénétrait et s’extirpait du sphincter à un rythme accéléré, tandis que son diamètre gagnait quelques millimètres à l’approche de l’apothéose. Il besognait un fessier masculin — estimait-il à la lueur des chandelles, mais il ne pouvait le certifier à cause de la quantité de coussins et du nombre de participants à cette orgie — et il se concentrait sur la recherche de son plaisir. Lorsque la vague le submergea, il hurla, s’enfonçant jusqu’à la garde dans le postérieur ce qui produisit un croassement... féminin sous la couverture. Visiblement, il s’était trompé. Sans doute était-ce l’effet des poudres aphrodisiaques et hallucinogènes dont on emplissait l’air de la pièce dès le début de ce genre de soirée.
S’extrayant de sa partenaire, il s’écroula sur sa partie de couette, tête contre le fessier, au milieu des autres grognements qui retentissaient un peu partout. Les brumes du plaisir se dissipaient, malgré ses efforts pour s’y maintenir... il aimait à se sentir porter tel un vieux tronc flottant sur l’océan de la volupté.
Que fais-je ici, déjà ?
Ah oui : il venait de prendre cet anus, dont quelques gouttes de liquide ressortaient sous ses yeux. Sans doute pas le sien, vu le nombre d’orgasmes qu’il accumulait ce soir...
... ou était-ce hier ?
Ses absences, ses « sautes de réalités » ne se comptaient plus, seul le sexe le plus débridé, les coups de hanches les plus osées dans les orifices les plus improbables lui permettaient de garder pied dans le monde réel.
Ai-je peur de m’enfoncer dans mes rêves...
... à tout jamais ?
La porte du fond s’entrouvrit discrètement et un majordome portant un petit mouchoir sur le nez chercha le chancelier du regard. Lorsqu’il le trouva, il contourna des groupes plus ou moins enlacés pour le rejoindre et lui tendre une note pliée en quatre. Poféus s’en saisit, tentant de recouvrer ses esprits. Il dut s’y reprendre à trois fois avant que les quelques lignes ne s’impriment dans sa conscience, révélant leur effroyable contenu.
Restant plusieurs secondes sans réagir, il rendit le papier au majordome :
« J’arrive dans quelques minutes. »
L’autre n’insista pas et retourna sur ses pas.

L’effondrement du système financier de l’humanité, une annihilation pure et simple du centre des affaires et un bilan humain au-delà de l’imaginable qui empirait chaque seconde. L’impact de cet attentat allait être d’un tel niveau que son gouvernement, son poste... l’État dont il était la tête pourrait ne pas survivre, emporté peut-être par une nouvelle révolution, qui sait ?
Les conséquences incalculables réveillèrent lentement des parties ensommeillées de son esprit. Sa main parcourut mécaniquement les collines de chair lui servant d’oreiller, cherchant sans doute à toucher une réalité plus agréable que celle le rattrapant. La peau satinée était douce, sans irrégularité ni excédent qui retiendraient ses doigts. Délicatement, il les glissa de plus en plus haut et de plus en plus bas.
Les Mutualistes ne devaient plus organiser d’actions aussi graves. Les ordres du Stuffy à leur tête étaient clairs : maintenir une pression minimum sur la société de MaterOne, quelque chose d’angoissant qui justifiait l’état d’exception.
Mais pas ça, pas ce carnage !
Cette déclaration de guerre allait forcement appeler une réaction comparable, pourquoi entrer dans un tel engrenage au risque de déstabiliser le calme relatif ? Le départ de la flotte était-il lié à ce chronométrage macabre ?
Quelle flotte ?
... LA flotte ! Oui, la flotte... je me souviens.
Le doigt d’Angilbe tourna mécaniquement autour de l’orifice anal, mais ne s’y attarda pas, préférant continuer son voyage sur les lèvres humides qui patientaient plus bas. Les fines peaux intimes se gorgeaient de sang à chaque caresse et se révélaient certainement encore plus sensibles pour leur détentrice.
Visiblement, la dame apprécie.
Ralato approchait de Talbot à la suite de la demande d’un des Stuffy. Il serait mis au courant de la situation très rapidement, si ce n’était déjà fait... était-il conscient du risque couru ? Sans aucun doute. Le professeur QuartMac avait bien évidemment rapporté aussi à Poféus ses inquiétudes concernant la possible déviance de chimères non matures, telles les enveloppes utilisées par les Stuffy. Pourtant, si nous en vivions ici les conséquences, alors c’est que le problème avait été très largement sous-estimé.
Bien trop... une perfidie de QuartMac ?
La petite touffe pileuse dissimulait un clitoris gonflé qu’Angilbe ne perdit pas de temps à titiller. Il enfonça son majeur dans le sexe ouvert et, devant l’acceptation évidente de sa partenaire qui se cambrait, il y joint plusieurs autres doigts, puis la main. L’entrée tendue ne se contractait pas, le corps ne le rejetait pas, bien au contraire, les hanches ondulaient pour lui permettre d’avancer. Angilbe sourit : les réactions de cette femme lui plaisaient, cela le changeait de Fakir, son assistante mentale dont il avait trop abusé. Il s’autorisa donc un ultime oubli avec celle étendue là, avant le déferlement de fureur qui s’annonçait au-dehors. Prenant appui sur la cuisse de sa partenaire, il avança la main, s’enfonçant encore plus loin jusqu’à enserrer le trésor du col dissimulé au tréfonds du vagin offert. C’est en agaçant avec doigté le petit orifice caché qu’il entraina la tempête d’orgasmes multiples et les hurlements de plaisir de dessous le coussin.
Cette voix ?
Il s’arrêta brusquement, recevant par là même un grognement de désapprobation, mais... ce timbre, cette manière dont tout cela se déroulait faisait soudain refluer en lui des souvenirs à jamais enfouis.
Ce n’est pas possible !
Sans se retirer de l’intimité de sa partenaire, il écarta vivement les traversins qui la dissimulaient, dévoilant progressivement le corps allongé.
Ce buste... ce cou... Ce menton...
La tête se dégageât enfin et la vision de ce visage paralysa le chancelier Poféus. Soulevant un sourcil, Calande Rorré lui dit simplement dans un sourire presque carnassier :
« Alors Angilbe, tu ne sais plus finir convenablement nos petits moments ? »


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RedU T1 Ch25 Ep05

Wed, 14 Feb 2018 00:16:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 5 " Chilico "

Système de Chilico, à l’extrémité de la zone de Khabit.
Comme la majeure partie de l’espace nalcoēhual, les territoires de Chilico se composaient exclusivement de petits corps célestes, météoroïdes et nuages de gaz. Tous tournaient à des vitesses relatives autour d’un minuscule trou noir dont l’origine, comme pas mal d’incongruités astronomiques de Khabit, demeurait inconnues pour la science nalcoēhuale. En raison de leur emplacement, ils ne furent colonisés que tardivement par quelques familles égarées ou rejetées des sociétés principales. La découverte du « minerai rayonnant », cette pierre dont les filons sillonnaient Chilico et qui permettait une interaction psychique de haut niveau, changea la donne. Raffinée et utilisée dans l’électronique des amplificateurs, mélangée au métal des croiseurs et autres chasseurs, elle dominait la technologie nalcoēhuale, lui apportant cette maitrise mentale incomparable, de l’interface aux communications en passant par les procédures d’attaques.
La planète naine Cuitliē, astre majeur de ces territoires, abritait le centre préfectoral et économique. À la surface de l’hémisphère nord, on pouvait apercevoir la partie émergée de la cité, celle présentant le minimum nécessaire aux contacts avec l’extérieur telles les pistes de l’astroport, les grandes antennes et les tourelles de défenses. Le reste de l’agglomération était immergé dans le sous-sol, car le danger de chute de météorite (au mieux) était omniprésent et rendait une hypothétique bulle d’atmosphère trop précaire.
L’agent des mines Xopilat’l manœuvrait son petit véhicule tout-terrain, slalomant entre les dunes et les cratères, évitant crevasses et trous à poudreuse. Officiellement, sa mission du jour consistait en une visite technique de plusieurs sondes implantées à une dizaine de kilomètres vers le sud. Compte tenu du météoritique quotidien, les volontaires ne se bousculaient pas et, bien entendu, la redoutable police de Ti’ltchiti ne risquait pas de le suivre. Elle soumettait les territoires de Chilico à un contrôle strict, résultat d’au moins deux conflits ayant éclaté avec les descendants-mineurs des premières familles. La république n’avait jamais reconnu de statut particulier à cette extrémité de la zone de Khabit ni de droits aux mineurs, vivant difficilement d’un dangereux travail loin des leurs. Car, si l’on trouvait du minerai rayonnant un peu partout, c’était surtout le long d’une des ceintures proches du trou noir central que l’on trouvait les plus riches filons, souvenirs probables d’une origine planétaire maintenant disparue. L’influence de la gravitation et la multitude des météorites rendaient les accidents bien trop fréquents, alourdissant un cout humain déjà bien trop important.
Xopilat’l lança le signal à la latitude voulue et une lumière verte clignota en retour sur sa droite. Le lieu de la nouvelle réunion était donc sûr. Il gara son véhicule au pied d’une des sondes (pour sa couverture) et rejoignit à pied l’excroissance du terrain d’ou provenait la réponse. Une petite heure de marche en lourd scaphandre ne représentait rien pour ce mineur à la corpulence flatteuse, s’il ne lui eut manqué le bras gauche et l’extrémité de ses deux antennes. Plus musclé que la normale, plus grand que ses congénères et avantagé d’un goitre plus large que la moyenne surmonté d’un regard perçant, Xopilat’l imposait les interlocuteurs de sa présence. Sa survie miraculeuse, lors d’un effroyable accident sur la ceinture d’extraction, lui avait valu d’être retiré du travail des mines pour assurer des fonctions administratives sur Cuitliē. On avait sans doute aussi voulu le garder à l’œil, Xopilat’l faisant partie des nationalistes-clés fichés par la police.
Deux amis à lui l’attendaient à l’entrée d’une petite cavité creusée dans la roche, il les salua selon la méthode de Chilico (bras croisés sur le torse) et les accompagna à l’intérieur. Au cas où une patrouille survolerait le coin, elle ne verrait rien, alors que tout le nécessaire pour émettre en multicanal psycho virtuelle était prêt à l’utilisation. Les trois hommes s’assirent en combinaison à même le sol, entourant un étrange appareil dont plusieurs câbles s’enfouissaient dans la poussière planétaire. Ils tirèrent de la base de leurs casques un petit fil qu’ils branchèrent sur le plateau supérieur et se concentrèrent sur la connexion psychique.
Immédiatement, le décor changea. Xopilat’l se trouvait maintenant seul sur l’estrade d’un immense Colisée, face à une foule de plusieurs milliers d’habitants de Chilico, descendants des premières familles ou de ceux ayant rejoint la cause. Partout, on était venu assister au discours du chef, le président de la République cachée de Chilico. Le mineur s’accorda quelques secondes pour observer ses frères et sœurs avides d’entendre ses paroles. Les visages étaient tous brouillés, les voix transformées, car on ignorait combien d’agents infiltrés par la police se glissaient parmi les spectateurs. Seuls les cryptages utilisés confirmaient les personnalités présentes, ceux-ci étant verrouillés à la barbe des services de sécurité.
Xopilat’l leva les bras, la mine grave. La grande nouvelle que tous espéraient ne serait pas encore pour maintenant.
« Mes amis, mes voisins, mes concitoyens ! Je ne peux vous annoncer aujourd’hui ce que nous désirons tous. En tant que responsable du devenir de notre communauté, j’ai le devoir de ne pas décider du grand moment si j’estime que nous ne sommes pas prêts... et ce n’est toujours pas le cas. Nous le serons un jour, soyez-en certains, comme moi j’en suis certain !
L’oppresseur de Ti’ltchiti est encore bien puissant et trop soudé. Nous nous sommes déjà attaqués deux fois à lui et pour quels résultats ? Plus de morts, plus de sévérité et plus de contrôles. Nous savons l’importance que notre « pierre qui chante » représente pour lui, il ne nous libèrera jamais autrement que contraint et forcé. Précédemment, je vous ai fait part de ma réflexion sur ce sujet : tant qu’il aura la possibilité de concentrer ses forces contre nous, nous n’aurons aucune chance de l’emporter. Or en ce moment, un groupe de réfugiés humains... oui, je vous entends bien : des humains... donc ces réfugiés humains résistent pour la première fois à l’armée noire. Ses gigantesques croiseurs n’ont pas réussi à les détruire et, pire pour Ti’ltchiti, l’Empereur-Dieu de Ragnvald s’est joint à eux... Quelque chose se prépare et nous devons rester avertis, mais ne pas intervenir. Je vous tiendrai au courant de l’évolution de la situation. »
Xopilat’l se ménagea quelques secondes avant de poursuivre. Il allait tenter un double message, quelque chose que seuls les vrais descendants des premières familles pourraient comprendre.
« Mes concitoyens, je vous demande d’encore supporter le poids de la servitude. Courbez la tête, ne vous levez pas — pas encore — et conservez dans votre regard la flamme de la liberté qui était, est, et sera, notre guide. Nous avons invariablement su nous relever, quel que soit le bâton qui nous y aidait. Cela s’est produit il y a longtemps, cela arrivera encore. Accepterons-nous de saisir l’instant sans nous poser de questions ? C’est à vous de me le dire, je suivrai alors votre choix comme celui de notre glorieuse communauté souveraine.
Merci, mes amis, de renouveler la confiance que vous m’apportez, j’espère être digne de la tâche que vous m’avez assignée.
Longue vie, et prospérité. »
Et toute la foule répondit, croisant bras contre torses :
« Longue vie et prospérité ! »

Alors qu’ils lançaient l’autodestruction du relai psycho virtuelle, le voisin de gauche de Xopilat’l, son vieil ami Telma’k, ne put s’empêcher d’ouvrir un canal mental et de demander :
« Les humains peuvent-ils devenir ce bâton qui nous aidera à nous libérer de Ti’ltchiti ? C’est ton idée, Président, mais je suis mal à l’aise rien que d’y penser. »
L’autre regarda son compagnon, puis lui posa une main sur l’épaule. Malgré la combinaison, on pouvait sentir la pression s’exercer au travers des épaisses protections et cela avait toujours eu le don de rassurer. Xopilat’l pouvait humer la peur diffuser au milieu des émanations psychiques comme chez tous ceux ayant subi la propagande cyclique de leur ennemi, Telma’k vivait d’aprioris.


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RedU T1 Ch25 Ep04

Wed, 07 Feb 2018 00:35:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 4 " Infini (2) "

Aucun sens à leur vie ? Le jeune Mental perdait ses derniers repères, les dernières raisons lui permettant de pousser plus loin dans l’existence. Si les fardeaux qu’il portait depuis son enfance ne présentaient pas de but, pourquoi les souffrait-il ? Quelle logique l’obligeait encore à se scarifier jour après jour, géant parmi les nains, seul parmi... tous les autres ?
Ah non ! grogna le chat. Ne me refais pas le coup du gars suicidaire, hein ? Je ne vais pas te sauver de tes lubies tous les quatre matins ! Si tu veux une raison de vivre, fait comme Anton : cherche comment contrer les Titans.
Me sauver tous les quatre matins… le volcan Juho, c’était toi ? comprit soudain Fabio. C’était donc ainsi qu’il avait pu survivre à l’engloutissement de la base militaire secrète, lors de la révolution Castiks. Attends une seconde ? Je me souviens avoir plongé dans l’esprit de Phil à l’époque pour le tuer et m’être retrouvé face à un chat roux géant !
... à moi, oui. Le Passeur a besoin de son hôte... bon okay, j’ai besoin de mon hôte parce qu’être matérialisé me donne des... besoins matériels. Avec les peines amoureuses de monsieur le Passeur, je ne me suis pas ennuyé ce jour-là. C’est tout, le sujet est clôt.
Sujet clôt, sujet clôt... Phil aussi a vécu des choses qui ne lui seraient pas arrivées si tu n’avais pas jeté ton dévolu sur lui. Les Titans l’avaient tout de suite repéré, ils me l’avaient même montré lors d’une vision.
Le chat se redressa, prit son élan et sauta du secrétaire pour venir se blottir dans le canapé plus moelleux. D’un regard, il invita Fabio à le rejoindre et, d’un autre, il augmenta la température de la pièce de quelques degrés ; le Mental blond entendit le son du thermomètre se modifiant à quelques mètres de là. La boule de poil roux poursuivit alors qu’il s’installait à son tour à ses côtés :
« L’hôte est mon paratonnerre. C’est par lui que je transmets les fils de mon pouvoir. Je l’utilise comme relai, si tu veux. Ça ne lui procure rien de mauvais, il en retire généralement une existence... plus mouvementée ! Dans son cas en particulier, il a surtout l’avantage d’être encore vivant. Je l’ai sauvé tant de fois... il n’aurait pas survécu à la révolution sans bibi ni à Benkana et ses amis nordistes, ni aux pirates sur Maman-Lolo ou à la fureur imbécile d’Anton et de son orgueil démesuré.
Il me doit la vie et il l’ignorera toujours : je t’interdis de lui parler de moi, hein ? Phil Goud est un chevalier blanc, le genre de personnage avec une haute opinion de la justice, sans compromis, sans débat. Comment veux-tu que cet esprit puisse accepter l’idée que ses idéaux ne sont viables que parce qu’il est — lui-même — privilégié entre tous ? Ça le briserait menu, le pauvre... »
Soit, Fabio ne dévoilerait pas le pot aux roses même si cela lui en coutait, car le Conseil des commandants risquait de ne pas trop aimer rester dans l’ignorance. Ce matin-là, un officier, commissionné par Sterling-Price, s’était présenté à sa porte pour venir aux nouvelles. On maintenait la pression et il faudrait inventer une excuse. Une idée traversa l’esprit du jeune homme blond : pourquoi ne pas utiliser sa nouvelle élève mentale Maeve Onawane, pour influer en retour sur le conseil ? Elle avait les moyens de toucher ses pairs grâce aux liens qu’elle entretenait avec son frère Junta, sa maitresse Benkana, son mentor Sterling-Price et pouvait faire vibrer les ficelles de son pouvoir psychique sur Décembre et Arlington. Il fallait seulement la convaincre en premier et pas question d’appliquer sur elle les manipulations habituelles, comme pour Phil ou Adénor. Le résultat à long terme serait désastreux.
Fabio s’enfonça dans l’épais fauteuil. La lieutenante-colonelle Onawane, toute rétive à leur première rencontre, se révélait d’un appétit de connaissance sans limites et elle apprenait vite. Très vite. Comme première expérience de professorat, Fabio aurait pu tomber sur bien pire... à bien y réfléchir, dans cette existence sans aucun sens ni but, il y avait là un intérêt à creuser. Quelques Mentaux sauvages parcouraient la flotte, peu, mais suffisamment pour monter une petite équipe et, surtout, transmettre sa dextérité unique à d’autres âmes. Si les Mentaux de demain découvraient l’origine de leurs pouvoirs, ils seraient moins enclins à les utiliser ! Le Faiseur l’interrompit dans sa rêverie.
La source des Mentaux est ailleurs. Les Titans n’ont jamais fait dans le mécénat et leur offrir de nouveaux hérauts ne ferait que les conforter dans leur influence grandissante, sur ce monde. Je te conseille d’oublier cette idée. Forme-la si tu veux, mais seulement elle. Ne recrée pas les Forces mentales, s’il te plait. Elles sont le terrain de jeu favori de nos ennemis et leur fer de lance.
« Hérauts », « terrain de jeu », « fer de lance » ? reprit Fabio. En fait, ces termes soulevaient une autre question fondamentale : pourquoi les Titans aidaient-ils les Mentaux ?
Ils ne les aident pas, âne bâté, ils les fabriquent. Mais restons-en là, veux-tu ? Phil rentre déjà, je ne souhaite pas qu’il nous voie en train de papoter et, comme tu l’as dit, ils ne seraient que moyennement heureux de te croiser ici.
Ils les fabriquent ? Certaines affirmations du Faiseur demeuraient obscures. D’un rapide sondage, il confirma les assertions de son voisin ; l’heure de laisser le Faiseur à ses brossages et sa pâtée était en effet venue. Une ultime question brulait les lèvres de Fabio, autant conclure avec elle.
« Non ! contra l’autre sans même lui daigner le droit de la poser. Nous aurons l’occasion d’en reparler plus tard. D’ici là, dépêtre-toi avec ceux de l’Exode. Allez, zou ! »
Fabio soupira, cherchant dans le petit hublot au pot de fleurs un quelconque soutien moral, puis se leva. À la suite de cette conversation, des points de lumière éclairaient maintenant pas mal d’évènements passés et il devait se donner le temps de les assimiler. Un dernier regard au chat roux, somnolent en boule entre deux coussins... devait-il lui offrir une caresse avant de partir ?
« N’y pense même pas ! »
La phrase fusa au travers de son esprit. C’était suffisamment clair. Il n’eut d’ailleurs pas à intervenir sur la serrure qui se bloqua toute seule après son passage preuve, s’il en fallait, que le Faiseur agissait tout aussi facilement que lui sur son environnement. Fabio supposait la discussion close quand, plusieurs croisements de corridors plus loin, alors qu’il attendait la navette tubulaire pour retourner dans ses petits quartiers, la voix monta de nouveau en lui :
Il ne m’est pas souvent donné de me dévoiler. Comprends que cela n’est pas si simple, même pour moi. Quant à ta question sur la fin de tout cela, ton frère se l’est posée tout à l’heure, de son côté. Vous vous ressemblez plus que vous ne l’imaginez tous les deux.
Ralato ? Comment va-t-il ?
La navette approcha du quai, ralentit et les portes s’ouvrirent. Dans l’attente de la réponse, Fabio en oubliait presque d’entrer dans la voiture quand une sorte de pression invisible l’entraina à l’intérieur. Puis la voix reprit, concluant cette fois définitivement la conversation.
« La vérité est que son vrai rôle dans tout ceci va bientôt apparaitre sous les lumières, peut-être pour notre malheur à tous. Il est des possibilités d’avenir que je ne puis connaitre avec certitude, navré encore de n’être plus clair, jeune Passeur.
Comme tu le vois, si Dieu est infini… alors, je ne suis pas Dieu. »
Fabio s’accrocha pour ne pas défaillir.


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RedU T1 Ch25 Ep03

Wed, 31 Jan 2018 00:02:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 3 " Infini (1) "

Sur un coup d’œil de Fabio, la serrure se déverrouilla et la porte s’ouvrit. Le salon de Phil et Adénor était plongé dans l’obscurité, laissant les hublots diffuser leur faible lueur sur le mobilier. Les deux têtes de « l’Incomparable Trinité » étaient en ce moment occupées dans un des hangars géants de Transporteur 3. Avec le nouvel avatar de Godheim fraichement arrivé, en remplacement de celui accompagnant Azala, ils intronisaient un « Pope », une sorte de responsable de la liturgie pour leur religion, sous les hourras d’une foule tout acquise. C’était l’ancien présentateur d’Ex-One Média pour ce transporteur, Titus Matrane, qui avait reçu ce titre. Il avait profité de la bénédiction de l’Empereur-Dieu en personne (pas revanchard) et même de son ex-chef Ted Maos’n, présent en pèlerinage à bord depuis quelques jours déjà. Arlington et la sécurité y avaient évidemment concentré leur attention pour parer à tout débordement, autant dire que le reste du vaisseau était particulièrement calme en cette fin d’après-midi.
Cela faisait une semaine que Fabio repoussait ce moment, une semaine qu’il s’obstinait à trouver n’importe quelle excuse pour ne pas « accourir » à la demande du Faiseur, ce dieu vivant parmi les hommes. L’autre ne l’avait pas recontacté, mais en avait-il besoin ? Celui qui « faisait tourner la grande roue du tout » savait à l’avance l’instant exact où Fabio viendrait à lui. Immortel, éternel, que représentaient une poignée de journées standards pour lui ?
Pas un bruit particulier, pas une voix ne l’accueillit, rien que la douce ventilation ronronnante dans un coin de la pièce. Un seul détail : face à lui, la silhouette de Vivagel, le chat roux de Phil Goud, se découpait sur les lumières de Transporteur 2 qui passait lentement dans le champ du hublot. L’animal était assis sur un secrétaire judicieusement placé, une plante verte posée à ses côtés qu’il grignotait consciencieusement. Comme un vrai chat, donc...
Fabio s’approcha de lui, tira un des sièges hauts et se hissa dessus, contemplant le spectacle de l’infini étoilé. Comment entamer une conversation ?
« Je... en fait, c’est bête, mais je me suis toujours demandé si quelqu’un avait créé tout cela, je veux dire l’univers, les étoiles, les planètes. »
Silence, aucune voix ne pénétra son esprit bien que ses barrières psychiques soient levées. Vivagel força sur une petite feuille jusqu’à ce qu’elle cède et piaffa plusieurs secondes pour bien mâcher le morceau végétal avant de l’avaler. Fabio poursuivit, un dieu pouvait-il faire la tête ?
Je n’aime pas qu’on me donne des ordres, depuis longtemps, depuis...
... depuis le contramiral Poféus, je sais, l’interrompit le chat, daignant enfin poser son regard sur lui. Je ne répondais pas, car je ne parle pas la bouche pleine, c’est tout. Être un chat impose une certaine hygiène et une certaine exigence, c’est ainsi.
Les chats sont-ils tous des dieux ? Me retrouver à discuter avec l’un d’entre eux me met mal à l’aise... vous ne devriez même pas pouvoir articuler autre chose que des « miaous » !
Vivagel se lécha la patte gauche, semblant l’ignorer à nouveau. Fabio poursuivit :
D’un autre côté, je communique avec des êtres venus d’ailleurs sous des formes très banales, j’ai été l’amant d’un des hommes les plus puissants de l’humanité, assisté à un spectacle de cirque dans une autre dimension, conversé avec un humain-cyborg multicentenaire, aidé à l’apparition d’une nouvelle religion et je ne parle même pas de mes pouvoirs. Quand on y réfléchit, parler à un chat tient presque de... de l’anecdote.
Miaaa, wha, wha ! Vivagel éclata de rire. On sentait un réel amusement cette fois dans sa voix, pas la suffisance de leur discussion précédente. Pauvre petit homme dans la peau d’un dieu, car tu en es un, ne t’y trompe pas. Pourquoi crois-tu qu’à chaque période où nous nous rencontrons, je dois me réincarner ? C’est le seul moyen pour moi de communiquer, sinon je ne m’ennuierais pas à cela.
Chaque réincarnation ? Je suis un dieu ? Moi ?
Oui... et non. Les dieux n’existent pas, petit Fabio. Mais les Passeurs et le Faiseur sont toujours là. Les premiers changent, le second ne change pas (c’est moi). Immortels, indestructibles, sachants, toute les caractéristiques que les espèces inférieures qualifieront de « divines », mais qui ne sont finalement rien de plus qu’une fourmi vis-à-vis d’un éléphant-melotte.
Entre nous, je n’avais encore jamais essayé d’être un chat. C’est bien plus intéressant que la fois où je me suis retrouvé être une chaise pendant l’équivalent d’un de tes siècles. Plus jamais ça, miaoooooooow !
Le félin se redressa en contractant les muscles de son dos, le poil hérissé, la queue droite. Visiblement, un très mauvais souvenir que Fabio pouvait aisément deviner. Une chaise... une chaise de quoi au fait ? Vivagel lui répondit après s’être étiré puis installé en boule.
Pas une chaise pour humain, je peux te le préciser. Un truc un peu plus classe quand même, pour une race au postérieur sans matières fécales. Bref, changeons de sujet : je te remercie de ne pas avoir convié Anton à notre petite discussion. Il est gentil, mais un peu lourd parfois.
Tu es censé connaitre tout à l’avance, tu savais donc qu’il ne viendrait pas. Pas la peine de me remercier.
Vas-y, andouillette, pose-la cette question qui te brule réellement la langue, répliqua simplement la boule de fourrure rousse dans un sourire.
Fabio observa les derniers feux de position clignotants de Transporteur 2 qui s’éloignait. Depuis sa venue au monde, depuis que ses pouvoirs lui avaient été révélés et, enfin depuis l’apparition des Titans dans sa vie, il acceptait sa différence, mais ne la comprenait pas. La seule question qui lui ait jamais taraudé l’esprit sans trouver d’explication n’eut même pas besoin d’être prononcée pour que le Faiseur y réponde.
« Voilà, celle-là. La raison est « parce que c’est ainsi que cela fonctionne », et ce depuis ma propre venue au monde. Tu es le Passeur, mon complément, celui qui a les clés, je suis le Faiseur, ton enseignant, celui qui maintient l’équilibre. »
Il se redressa et plaça une patte contre le hublot, partageant un contact infime avec l’étendue sidérale au-dehors.
« Quand j’observe le cosmos, je ne vois pas de soleil où mon regard ne se soit posé au moins une fois, pas de trou noir où je ne sois déjà allé, pas de nébuleuse que je n’eus visitée. Tu attends de moi une réponse que je n’ai pas. Je sais tant de choses que tu n’envisagerais pas d’imaginer, mais j’ignore notre pourquoi, notre comment... j’ignore même s’il n’existe pas quelque part d’autres Faiseurs ou Passeurs qui sillonneraient les grands canaux glacés des galaxies.
Il y a donc autant de raisons à ta vie elle-même que de raisons à ton destin, Fabio Ouli, Passeur de ce temps. Aucune que je connaisse, j’en suis navré.
Maintenant, si tu veux parler des Titans, c’est une autre histoire. Ils sont puissants, une des races les plus anciennes et dominantes de l’univers. Ils ont su changer même de substance, s’échapper du cocon temporel pour vivre à un nouveau niveau d’existence. C’est là qu’ils se sont rendu compte de notre présence à tous les deux. »
Le jeune Mental observait cette boule de fourrure rousse se tenant désormais les deux pattes posées contre la vitre. L’immortalité semblait lui peser, un peu comme pour Godheim. Le félin sursauta comme s’il avait entendu la comparaison, ce qui était d’ailleurs certainement le cas.
Anton n’est pas un dieu, murmura-t-il sans quitter l’obscurité des yeux. Il est juste le précédent Passeur qui n’accepte pas de lâcher prise. Dans un cycle, la première plante doit s’en aller pour que germe la suivante. Ici, il a refusé cet état de fait, d’autant qu’il savait (j’ignore comment, tu imagines, c’est fou !) que la prochaine boucle n’était pas très éloignée dans le temps et qu’il pourrait y participer. Les Titans lui ont facilement pardonné ses actions précédentes, acceptant de parlementer. Mais Anton est naïf s’il croit une seconde que des êtres ne connaissant plus la notion de temps puissent être manipulés en quoi que ce soit.
Mais alors, si l’on ne comprend pas pourquoi on est là, si on tourne en rond depuis si longtemps, qu’attend-on de nous ? Quel est mon rôle ici et maintenant ? lâcha Fabio, la voix tremblante.


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RedU T1 Ch25 Ep02

Wed, 24 Jan 2018 00:15:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 2 " Huate "

L’amiral Huate se tenait devant la fenêtre scellée donnant sur l’extérieur. Ti’ltchiti s’étendait sous ses yeux, du moins en partie. Depuis cette aile sécurisée de l’hôpital militaire, réservée aux cas requérant une protection spéciale, il dominait la partie inférieure de l’immense cité. D’un coup d’œil, le gradé put confirmer la présence d’au moins deux croiseurs moyens en orbite, preuve que ses ordres avaient été exécutés sans faille.
Suite à l’attentat sur Pepapaltec, tout le Cercle de Khabit avait été mis en état d’alerte. Les forces de sureté étaient déployées et, bien entendu, l’armée avait sorti son arsenal. Personne n’avait trouvé à redire au fait que plusieurs centaines de combattants bien équipés se retrouvaient, encerclant la capitale dans des vaisseaux de guerre. Si l’on ajoutait ceux présents en temps normal, un demi-millier de soldats stationnaient sur place, prêts à agir. Pourtant, ce n’était qu’une initiative personnelle de l’amiral, preuve que peu de gens qualifiés tenaient les rênes de la république.
Le haut gradé nalcoēhual laissa une main glisser sur son goitre à la peau foncée, rasé de frais. Ses yeux dorés transparaissaient très peu, enfoncés dans leurs larges orbites sombres, seules aspérités de son visage si glabre. Chauve, enserré dans un long uniforme strict peu ouvert aux décorations, l’amiral Huate était connu pour son activité sportive et la discipline qu’il imposait aux autres comme à lui-même. Depuis près de quatre cycles, il dirigeait ainsi la troupe, certains disaient d’une main de fer, lui parlait de rigueur ; de même déplorait-il un laisser-aller plus profond qui plongeait ses origines dans la société civile. Ce matin-là, n’avait-il pas apposé sa signature sur une circulaire punissant plus sévèrement la non-tenue des barrières psychiques ?
Le chef suprême des armées nalcoēhuales ne dépendait que du seul parlement, ce qui, finalement, lui autorisait une large autonomie. La politique n’étant jamais éloignée lorsque l’on se retrouvait aux responsabilités, il suivait avec divers sentiments l’évolution des relations internes à l’assemblée, désapprouvant la lâcheté plus présente que jamais des élus. Ce recul, face au groupe de vaisseaux au cœur de la république, avait représenté la goutte de trop dans l’esprit du militaire. Jamais, depuis la venue de son peuple dans cette partie de l’univers, un tel afflux d’étrangers n’avait été autorisé et pire encore, si c’était possible, nous avions affaire à des... humains. Les prédateurs arrivaient finalement en masse et ces palabres au parlement l’avaient empêché d’intervenir dès les premières heures, alors que sa flotte les tenait à portée. Il les suivait déjà sans faillir, ces poussives coques de métal rouillé, bien avant leur entrée dans l’espace nalcoēhual proprement dit, et n’attendait qu’un ordre pour les atomiser. Il ne vint que trop tard, Ragnvald s’étant interposé à la dernière minute.
La politique étrangère vis-à-vis de l’empire était, elle aussi, largement critiquable. Certes, Huate tenait compte de l’avancée technologique de l’Empereur-Dieu, mais il estimait qu’une attaque préventive au-delà des frontières de la zone de Khabit était nécessaire. Il fallait à la fois réduire la menace immédiate et montrer que le rapport de force n’était pas déséquilibré entre les deux puissances militaires de la région. Les Nalcoēhuals savaient se battre, depuis des milliers de cycles... déjà sur Veora, n’avaient-ils pas tenu la dragée haute à cette plèbe humaine ?
Un médecin s’approcha de lui et lui délivra un message psychique qu’il accepta : elle pouvait le recevoir. Huate tira le bas de sa veste pour en effacer les possibles plis et se dirigea, de son pas ferme coutumier, vers la porte indiquée.
La pièce était petite, d’un blanc immaculé et seuls raisonnaient les « bips » réguliers des appareils de contrôles vitaux. Derrière un rideau translucide se trouvait le lit connecté de la parlementaire Loxa. Elle était allongée, sans drap, le corps recouvert de bandages. Même ses yeux étaient protégés par un système de lunettes entretenant une pression plus élevée. Le peu de peau visible, au menton ou sur la cuisse, laissait apparaitre des amorces de brulures que le gradé expérimenté jugeait sérieuses. Cette nalcoēhuale avait échappé à la mort, mais de peu. La voix de Loxa monta alors dans son esprit.
Amiral Huate, je vous remercie d’avoir maintenu le rendez-vous. Je suis navré de vous accueillir dans ces conditions.
Madame. Vous me voyez désolé pour votre état actuel, j’espère que vous vous en remettrez rapidement, répondit-il, conscient que ce genre de blessure creuserait de profondes cicatrices.
Inutile de m’apitoyer, je sais ce qu’il en coute de se battre pour ses idéaux. Vous avez été lieutenant sous les ordres de mon père, je crois ? Vous connaissez les membres de ma famille, rien ne peut nous abattre.
Oui, madame, il fut mon mentor et il me manque encore énormément. Un brave parmi les braves. Si je puis faire quelque chose pour vous aider, n’hésitez pas à...
Justement. J’aimerais une discussion honnête avec vous !
L’autre se raidit imperceptiblement. Il n’avait pas exactement « maintenu leur rendez-vous » au sens où un message, reçu le jour précédent, lui avait signifié un simple changement de lieu. Vu la parenté de la parlementaire avec son ancien chef, Huate n’avait pas eu de raison particulière de refuser. Pourtant, son intuition lui soufflait, encore plus à présent, que la secrétaire générale du mouvement « extrême haut » ne désirait pas uniquement une visite de courtoisie. Le flux psychique reprit :
Puis-je échanger avec le chef des armées que vous êtes ? Je ne suis plus qu’une accidentée qui demande un peu d’assistance... au nom du peuple nalcoēhual.
Je n’ai pas l’habitude de parler autrement que franchement et je ne compte pas changer. Je tenais à vous prévenir.
Faites-le aujourd’hui comme demain, Amiral. C’est notre accord dorénavant, nous nous exprimons sans entrave. Allez-y, commencez.
Elle gémit en tournant légèrement son corps pour se placer face à l’officier. La souffrance... quelque chose qui touchait Huate et il en saisissait le message implicite, bien évidement.
Madame, je considère la présence de ces vaisseaux humains comme une menace et une humiliation pour notre armée et pour l’espèce nalcoēhuale elle-même. Nous pourrions les balayer en quelques minutes et montrer ainsi à Ragnvald que leurs intimidations ne tiennent pas.
Et moi, Amiral, l’interrompit Loxa, je considère que certains vieux parlementaires représentent une faiblesse dans la volonté de notre peuple. Ils frôlent même parfois la trahison en persuadant les autres, moins conscients que nous de la situation, de faire preuve d’aveuglement et de couardise. Voyez-vous où je veux en venir ?
Je le pense, madame.
Le grésillement du néon de la pièce sans hublot anima la poignée de secondes suivantes. Huate se demandait où allait bien l’entrainer Loxa, sur quelle pente les dirigeait-elle ? Ce n’était pas un piège, sa souffrance de victime était réelle et ses arguments connus voire même publiques. L’amiral ne venait pas simplement se réfugier dans une réunion amicale, mais converser avec une personne proche de ses propres opinions. Loxa inspira dans un sifflement trop bruyant, et reprit la discussion.
L’imposition, par l’empire de Ragnvald, d’un ambassadeur est une autre gifle de l’Empereur-Dieu. Il tente de normaliser nos relations dans l’espoir de se protéger d’une possible attaque.
Nous le tolérons, lui et son mépris depuis bien trop longtemps, si vous voulez mon avis, compléta Huate en maitrisant mal sa colère rentrée. Mais, malgré nos analyses et les preuves de nos services, les demandes de réactions n’ont jamais été suivies. Je le déplore et j’attendais qu’un... jour, une orientation nouvelle du parlement puisse ouvrir la voie à... plus de fermeté.
Portez-vous ces mêmes espoirs, Parlementaire ? Votre père les partageait en tout cas.
Un mélange de sautillements, de grognements maugréés et de sifflements aigus parcourut le corps étendu devant lui. C’était un ricanement douloureux de Loxa qui entrainait une recrudescence du rythme des signaux sonores. Sa voix était sincèrement plus enjouée, lorsqu’elle reprit son souffle ainsi que le contact :
« Amiral, savez-vous à quoi je dois ma survie ? À une table basse. Une table moulée dans du bronze massif et ornée d’or. Une table qui a contenu la violence de l’explosion. Toute la mousse nous englobant a brulé, d’où mon état, mais je vis encore.
J’y vois une image de la situation de notre république. Le corps est blessé, mais vous êtes la protection de métal, permanente et résistante. À nous deux, nous avons la possibilité de redonner l’éclat perdu dans les méandres nauséeux d’une certaine politique qui nous a conduits là où nous sommes. »
En l’écoutant développer son plan, Huate ne put retenir une bouffée de fierté qui se répandit jusqu’à la dernière fibre nerveuse de son être. Oui, cette parlementaire était bien la digne fille de son père.
« Une dernière chose, Amiral. J’ai conservé cette information secrète, mais je pense la divulguer bientôt. Je SAIS qui est le responsable de cet attentat et cela s’apparente à une déclaration de guerre. »


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RedU T1 Ch25 Ep01

Wed, 17 Jan 2018 00:09:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 1 " Ti’ltchiti "

Pour leur arrivée face à l’impressionnante métropole de Ti’ltchiti, Azala et Gandhi, l’avatar de l’Empereur-Dieu Godheim, avaient été invités par la parlementaire Ci’chi au poste de commandement de l’appareil.
Ils venaient de passer quatre longues journées de voyage à se tourner les pouces dans l’attente d’un quelconque signe de vie de leur hôte, sans succès. La cabine spacieuse était verrouillée et leurs seuls contacts avec l’extérieur furent les agents de bord : un Huitlalcoh et une femelle adulte nalcoēhuale. Au moins avait-on autorisé Azala à parcourir des encyclopédies holographiques destinées à l’éducation des jeunes pouces, comme le lui avait expliqué Gandhi (en aide à la traduction). À défaut de se familiariser convenablement avec la société nalcoēhuale, Azala avait appris à connaitre un peu mieux l’Empereur-Dieu.

Carnet d’ambassadeur, Princesse Azala, jour 5.
La physionomie nalcoēhuale, puis huitlalcoh, ne manque pas de m’intriguer et je n’hésite pas à monopoliser l’Empereur-Dieu durant de longues heures pour en assimiler les aspects.
D’après ce que je crois avoir compris, la silhouette falote, pour ne pas dire obèse, de leur corpulence est quelque chose de récent, lié à leur installation dans cette zone que l’on nomme « Khabit ». Auparavant, ils étaient plus élancés et même un peu plus grands... la privation de gravité rencontrée par les premières générations aurait eu raison de la rigidité de leur squelette que nous avons, nous humains, su conserver (principalement grâce à notre planète mère « MaterOne »).
L’absence de cou ou de nez, la couleur de la peau ou du sang, ne sont qu’anecdotiques comparés à ces deux longues tresses qui dépassent de l’occiput crânien. Leurs propriétés, rapportées par la documentation qui m’a été remise et confirmées par l’Empereur-Dieu, en font un organe à part entière, quelque chose de totalement différent de ce que notre évolution nous avait laissé à connaitre. Quoique mon honnêteté m’oblige à signaler ici qu’il existe plusieurs espèces de MaterOne présentant des appendices semblables. Sur cette remarque faite à Gandhi, l’avatar m’a répondu laconiquement que chaque pierre menait à sa montagne...

Melba faisait part à la princesse des soupçons quant à leur réel statut sur le vaisseau du parlement (étaient-ils prisonniers ?), lorsque Gandhi se redressa, juste avant que l’on ne ressente une sortie de Transition :
« Nous sommes arrivés. Princesse et vous, madame Melba, je vous propose de revêtir vos plus beaux atours. Les choses sérieuses vont bientôt commencer. »

Ti’ltchiti : nœud économique et administratif du Cercle de Khabit ; trois astéroïdes géants avaient été assemblés par une puissante force artificielle et une cité s’était développée, englobant l’ensemble et consolidant encore plus l’attache. Azala et Melba ne pouvaient retenir leur surprise devant ce gigantesque patchwork de pierre et de métal, à la satisfaction de Ci’chi qui les accompagnait. Gandhi en profita pour lancer la conversation avec leur hôte :
Il est toujours impressionnant d’admirer la créativité sans fin des races de l’univers. Le peuple nalcoēhual ne trouvait pas de planète viable : il s’en était donc construit une de toute pièce. Parlementaire Ci’chi, c’est un plaisir de vous revoir enfin, nous boudiez-vous ?
Je suis navrée de l’avoir ainsi laissé croire aux éminents ambassadeurs présents. Les ordres étaient de vous maintenir en résidence surveillée durant le transfert à Ti’ltchiti, pour votre sécurité, car nous ignorions si l’équipement nalcoēhual pouvait vous être... dommageable. Une question m’est d’ailleurs souvent revenue lors des échanges avec le conseil restreint de la république : quel sera votre statut en ce lieu, avatar de l’Empereur-Dieu ? Êtes-vous ici... également comme ambassadeur ?
Hé, hé... ma présence n’est que temporaire, s’en amusa Gandhi. Une poignée de jours suffiront pour parfaire l’installation de la princesse Azala et confirmer à vos instances dirigeantes, s’il en était besoin, sa condition de lien entre nos trois peuples. Et vous Ci’chi, au jeu des sept familles, quelle sera donc votre rôle, maintenant que nous sommes arrivés et que votre voix ne porte plus aussi loin qu’avant ?
Azala profita du silence visiblement gêné de la parlementaire pour rebondir sur la question de l’avatar :
Je n’ai jamais entendu parler de ce jeu, Gandhi, mais le nom m’évoque « la tournée des sept rois », un divertissement pour les enfants avec plusieurs cartes exposant les membres d’une famille royale.
Chez nous aussi, intervint Ci’chi sortant de son mutisme, il existe un tel loisir. On l’appelle « l’aval du septième Huitlalcoh » et il se présente sous la forme d’une série d’images destinées aux jeunes pouces à peine éclose de nos couveuses. Elles s’en servent pour se familiariser avec les règles de notre société. Il est intéressant que nous ayons certaines récréations en commun. Elle ajouta, à l’attention de la princesse : les documentations que vous nous avez demandées vous ont-elles comblée, ambassadrice Azala ?
J’en absorbais encore le contenu lorsque vous nous avez fait mander. M’autorisez-vous à les conserver pour poursuivre mon éducation de votre civilisation ?
Ci’chi répondait par l’affirmative lorsque le croiseur parlementaire entama son approche des quais de Ti’ltchiti. Pouvait-on parler de « quais » ? Cette métropole possédait plusieurs sous-stations spatiales à côté desquelles la numéro 1 de MaterOne « Maman-Lolo » faisait office de prototype incomplet. Pour Azala, ils se trouvaient face à une « MaterOne Centrum de l’espace », une capitale qui phagocytait des géants stellaires pour boursouffler le long de leurs sillons. Telle une araignée bulleuse à l’œuvre, elle regroupait des éléments de son environnement pour concevoir son propre monde : les Nalcoēhuals offraient ainsi un aperçu de la technologie à leur disposition.
Azala tenta de ne pas se laisser déconcentrer par l’imposante cité. Elle se tourna vers Ci’chi :
A-t-on reçu des nouvelles de cet astéroïde où un incident s’est produit ?
Oui, ambassadrice. Nous déplorons une cinquantaine de victimes résultant surtout d’une première explosion dans l’astroport. Dans la seconde, celle qui a dévasté les locaux de la parlementaire Loxa, un membre de la sécurité est mort et les autres sont blessés plus ou moins gravement, d’après les dernières informations à ma disposition.
Est-ce à dire que cette dame n’est pas décédée ? demanda Gandhi, sur un ton indifférent.
Elle est en soins intensifs et une navette l’a transférée en urgence ici, sur Ti’ltchiti, où se trouvent nos meilleurs spécialistes. Son état est gardé secret, même pour nous les élus… car les premiers éléments de l’enquête montrent que l’on a affaire à une tentative d’assassinat particulièrement bien élaborée.
Le regard de Ci’chi pénétra celui de l’androïde à quelques pas d’elle. Trop de soupçons, trop de fils conduisaient à l’Empereur-Dieu pour qu’elle les ignore, mais elle ne pouvait se permettre de l’interroger directement sur ce sujet. Nous nous trouvions entre diplomates, pas au commissariat du coin. Ses yeux glissèrent ensuite sur Azala, bien jeune ambassadrice dans ce dangereux capharnaüm qu’étaient devenues les relations inter civilisationnelles de cette partie de l’univers. L’humaine allait très bientôt être convoquée au parlement pour son introduction officielle en tant que représentante de l’Exode, mais l’émoi provoqué par l’attentat de l’astéroïde Pepapaltec montait. Des conséquences possibles ne pouvaient être négligées.
« Nous accosterons dans une vingtaine de minutes, je vous propose de regrouper vos effets personnels et de me retrouver au sas principal. »
Alors que l’on enclenchait les dernières manœuvres d’accostage, le croiseur parlementaire disparut dans l’un des multiples hangars réservés aux personnalités officielles, une suite d’entrées alignées le long d’une quelconque structure de Ti’ltchiti.
L’impossible métropole de l’espace, grouillant d’une vie ininterrompue, venait simplement d’absorber un vaisseau de plus.


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8 ans !

Sat, 13 Jan 2018 14:23:00 GMT

Et oui, c'était le 13 Janvier 2010.

Dans l'utilisation souffreteuse d'un wordpress, pourtant largement préparé et mâché par Phil Goud (le vrai) et Pof Magicfinger, nous mettions en ligne le premier épisode de "La plus grande saga galactique jamais racontée en podcast."

8 années passèrent... Plusieurs dizaines de milliers de téléchargements mensuels, quelques 330 épisodes, de nombreux spéciaux, des hors séries, des spin-offs (nous y reviendrons), des livres numériques publiés partout, des musiques originales par dizaines et des goodies qui s'écoulent... Peut-être un doctorant voudra un jour faire sa thèse sur l'histoire de Red Universe, de la genèse à la production en passant par les plus de cinquante-deux heures d'histoires narrées et illustrées avec autant d'amour qu'il est possible.

J'aimerais profiter de l'occasion pour revenir un petit peu sur l'historique, version non barbante, du point de vue de ceux qui ont travaillé derrière nos haut-parleurs pour produire ce que vous suivez avec tant de passion. D'ailleurs n'hésitez pas à passer sur le Discord de Redu qui vous est ouvert pour passer les saluer :)

Une fois n'est pas coutume, je vous propose donc de remercier vivement nos collaborateurs, ceux qui ont fait et font encore vivre cette fresque immense. Une quarantaine au moment où je vous parle, c'est quelque chose d'assez impressionnant quand on y réfléchit. Des tous premiers arrivés, il ne reste que Pof MagicFingers et Icaryon, c'est donc vers eux que nous pouvons diriger nos premiers remerciements. Le Raoolito que je suis se sent bien seul parfois devant son clavier, et c'est toujours un réconfort de savoir que malgré les aléas de la vie (et nos désaccords nombreux), on peut compter sur certaines personnes. Le Netophonix ensuite, site spécialisé dans ce que l'on nomme la "saga mp3", peut être considéré comme "un collaborateur" pour sa foison de talents sans fin, de Destrokhorne à Anowan, de Zylann à Blast, de Docteur Wolf à Coupie ou à Ackim et Istria et j'en oublie tant et tant d'autres... (qu'ils me pardonnent). Ce fut un tournant, autour de 2011, lors du premier spécial "Le temps des cerises" où (enfin) des acteurs venu de ce forum prêtèrent leur voix à des personnages et leur insufflèrent la vie, je pense.

Plusieurs années passèrent et les chapitres s'accumulèrent, jusqu'à devenir des objets en eux-memes. Qu'en faire ? Cette mémoire de Red Universe était-elle destinée à n'être que du son que l'on écoutera.. ou pas ? Il fut décidé que non, et en 2014 les premiers tomes de la série sortirent en Livres numériques. Au-delà du travail de titan qu'il fallu pour reprendre, formater, illustrer, commenter et publier ces quelques 17 livres (au moment où j'écris ces lignes), un nouveau personnage central apparu : JMJ. Sous ce sobriquet se cache non seulement une personnalité assez exceptionnelle, faite de gentillesse et de générosité, mais également un retraité qui nous offre son professionnalisme forgé par des dizaines d'années de travail dans la presse. Vous ne le savez sans doute pas, mais il a relu tout, j'insiste, tous les scripts de Redu et est à l'origine de pratiquement tout le système de formatage de textes que nous imposons dorénavant à la série et à ses spin-offs. Lui et les équipes de relecture sont les vrais maîtres des textes estampillés RedU, rien ne leur échappe.

La nouvelle génération des collaborateurs se détache ces derniers temps, par quelque chose d'assez inimaginable il y a quelques années (et pourtant prévisible). Soit ils ne connaissent pas du tout Red Universe (et découvrent un peu parce qu'ils voient de la lumière et se proposent spontanément) soit ce sont des fans qui ont rejoint l'aventure parce qu'ils l'adorent. Je ne vous cache pas les discussions tendues, lorsque l'on n'hésite plus à me reprendre en réunion sur telle ou telle erreur dans ma dernière affirmation : eux ont parfois grandi en apprenant par cœur les détails d'une histoire qui m'échappe parfois. En nommer certain plutôt que d'autres sera forcement injuste, mais Tristan, Hadaria, Leto75 ou Xelion sont de cette génération là.

Je profite de cette grande lettre d'anniversaire pour renouveler la demande faite assez fréquemment. Si vous aimez RedU, si vous vous sentez des talents en écriture, en relecture, en montage, en dérushage ou en illustration, voire même en direction d'acteur, venez nous rejoindre en passant par le site et/ou en venant nous retrouver sur notre discord.

Donc nous y voici, Samedi 13 Janvier 2018, et maintenant quelle année, quelles aventures à venir, me demandez-vous ?

Bien évidement, votre série va se poursuivre avec le Chapitre 25 intitulé "L'effet ricochet" qui démarrera Mercredi prochain : D'un coté les conséquences de la tentative d'assassinat de Loxa par l'Empereur-Dieu, d'un autre la Princesse Azala et son indéfectible Melba vont se jeter dans la gueule du loup comme ambassadeur de l'Exode. Enfin, Passeur et Faiseur vont avoir beaucoup de choses à se dire et à vous apprendre :)

Mais, vous vous doutez bien que tout cela n'est qu'apéritif, wait & see...

Coté Livres numériques, nous avons (enfin) sorti la trilogie consacrée à la Révolution Castiks, ces mastodontes de plus de 130 pages chacun (180 pour le 3eme) représentaient un challenge enfin accompli. Cette année, les chapitres 12 "Derniers pas, premiers pas", 13 et 14 "Plongeon" et "Talbot" seront de sortie.

Kaourantin Gloalen entamera l'année assez vite dès début Mars avec une sortie simultanée en audio et en livre de son futur épisode en cours de production "Piratage", où tristan nous emmène dans un passé trouble où se croisent... plusieurs personnages inattendus. Je n'en dirais pas plus.

Leto75 nous fera certainement le plaisir de quelques nouvelles Grosses Têtes, comme celles d'il y a quelques jours et nous prévoyons une possible suite à l'entreprise RedUniverse :)

Mais le gros morceau de 2018, oui il a fallu attendre tout cela pour que nous en parlions, ce sera la nouvelle série Spin-Off intitulée "Forces Mentales". Nous sommes en phase finale d'écriture de la première saison, dont la moitié des épisodes est écrit ou en passe de l'être, les autres en bonne voie. Le pool d'écriture se donne beaucoup de mal pour tenir la qualité que nous désirons vous offrir.

Le pitch est simple : Quel est donc ce fameux "Bureau des Forces Mentales" dirigé par le Contramiral Poféus, aux ordres du roi de l'humanité Magnam IV. Qui sont ses agents, quelle est leur mission ? Des noms que vous connaissez, tels Ralato, Stuffy, Fabio, Ismène Tachk'en, (beaucoup) d'autres à découvrir. Nous plongerons dans le Surnaturel, dans les opérations secrètes du Ministère de la Sécurité, dans l'étrange Université Mentale qui forme tous les agents depuis des siècles, etc....

Dès l'été, la saison #1 sera disponible au téléchargement dans son intégralité, avec, inclus, les musiques originales et les livres numériques ! Un pack complet en quelque sorte pour ceux désireux de découvrir cette série en avant première. Ensuite les épisodes seront diffusés toutes les deux semaines sur un nouveau flux de RedU (et sans doute un nouveau site). Vous aurez d'ici là des nouvelles, des bandes annonces, des visuels etc...
Nous n'y sommes pas encore, mais Madame Red Universe est à nouveau enceinte, l'accouchement est prévu cet été et vous êtes bien sûr tous invités !

Comme vous pouvez le constater, les nouvelles sont très bonnes, mais vous avez sans doute senti un côté mélancolique qui sinut entre ces lignes, difficile de le masquer. La raison, et c'est la dernière nouvelle, c'est que nous avons la fin de Red Universe dans nos cartons. Les scripts des chapitres sont déjà écris et les ultimes éléments à mettre en place le seront dans "L'effet ricochet". 29 chapitres et un final en forme de feu d'artifice sous la forme d'un spécial, soit deux ans et demi.

Oui, nous avons encore du temps, mais à l'aune de cette petite ode aux huit années passées, reconnaissez que nous sommes bientôt à la fin.

Il est encore temps de vous souhaiter une bonne et heureuse année 2018, pleine d'épisodes et de spin'off, de musiques et de livres de RedU (autant que vous voulez !). Remercions donc ensemble, pour conclure, cette équipe qui a traversé les ans pour que vous et moi puissions partager un petit univers rouge devenu grand... qui est le nôtre désormais.

Rendez-vous Mercredi 17 Janvier pour l'épisode 01 du nouveau chapitre !

Raoolito

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RedU T1 Ch24 Ep13

Wed, 20 Dec 2017 00:47:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 13 "Face à face"

Ceinture de Pepapaltec, suite de la parlementaire Loxa sur l’astéroïde principal.
La scène irréelle ne laissait entendre que quelques ronronnements de la climatisation centrale. Sortant en peignoir de la salle de bain, nous avions le couple formé par Loxa et son garde du corps, amant du moment, et... se tenant dos contre le palmier sous verre, encore Loxa, arborant un mince sourire aux lèvres.
Les antennes du protecteur se hérissèrent, son regard cherchant l’équivalent d’une arme. Il n’était pas stupide et la présence d’une seconde Loxa n’augurait rien de bon, d’autant qu’il avait pu confirmer, de la manière la plus intime qui soit, que celle derrière lui était la vraie politicienne. Devait-il attaquer immédiatement ou patienter ?
La « Loxa » près du palmier prit la parole :
« La visite de votre logement s’est révélée des plus instructives, parlementaire. Tout particulièrement, votre goût pour les anciennes choses ou... »
Elle se tourna subtilement vers l’arbre et le désigna d’un coup de tête.
... les formes de vie planétaires en bocal. On y élevait de petits poissons par le passé, figurez-vous. Au fait, ne vous avisez pas de lancer une alerte psychique : vos amplificateurs sont tous hors d’usage, je m’en suis assuré et cela me mettrait de fort mauvaise humeur.
QUI ÊTES-VOUS ? lâcha sèchement la vraie Loxa. Le garde glissa imperceptiblement pour la protéger autant que possible.
Mais je suis vous, enfin... pour l’instant.
D’après votre dossier, vos parents naviguaient déjà dans la politique, mais ce fut votre grand-père qui décida d’utiliser sa notoriété militaire pour faire passer ses idées. À quel moment de votre vie vous a-t-on privé de votre propre conception des choses ?
Le garde avisa une épaisse table basse moulée en fonte, rehaussée d’or, qui trônait dans l’espace d’accueil des invités. Elle se trouvait loin, à presque quatre mètres, mais devait représenter une bonne protection en cas de tirs d’armes rayonnantes ou de balles. Peut-être pourrait-il inciter Loxa à s’en rapprocher tout en poursuivant l’échange ? Il la prévint par contact psychique, prenant bien soin de ne pas lever inutilement les barrières de son esprit, et la parlementaire répondit positivement. Tout en se déplaçant, celle-ci entra donc dans la conversation de l’inconnue. Un tête-à-tête avec soi-même, quelle idée terrifiante pour quelqu’un prônant l’expansionnisme le plus débridé !
Je n’ai pas besoin que l’on m’impose ce que le passé lui-même raconte. Trop de membres de ma famille sont morts pour que j’ignore leur sacrifice. Que voulez-vous et, une nouvelle fois, qui êtes-vous ?
Je viens vous offrir un marché : nous discutons quelques minutes et, si je n’arrive pas à vous convaincre, vous me laissez partir et nous en restons là. Qu’en pensez-vous ?
Le couple s’arrêta net tant la proposition semblait farfelue. Rien que pour se grimer en Loxa et parvenir ici, il avait fallu déployer tant énergie, d’intelligence et d’heures de préparation qu’échanger quelques mots paraissait un but bien trivial. Où était le piège ? La vraie Loxa brisa les quelques secondes de silence.
« Soit, je vous écoute. Mais me convaincre de quoi ? »
Dans le secret de ses pensées, elle encouragea son garde du corps à poursuivre leur mouvement. Son intuition ne lui disait rien de bon pour la suite.
Je sais que vous êtes dans une phase ascendante de votre carrière politique, expliqua la fausse Loxa, semblant ne pas remarquer le manège du couple face à elle. Vos idées gagnent de plus en plus en voix comme en répercussions et vos soutiens ne se comptent plus, quelles que soient les strates de la société nalcoēhuale. D’ailleurs, je vous en félicite : apporter du neuf avec du vieux n’est pas à la portée de tous.
Merci. Si vous vouliez un autographe, il suffisait de le demander. Il est intéressant que vous « sachiez » des choses disponibles dans n’importe quel média. D’où venez-vous donc ?
L’une des antennes du garde se dressa impudiquement dans son dos, invitant Loxa à faire de même. Elle défit négligemment une des siennes de son peignoir et la laissa se connecter à l’abri du regard de son double. Les deux membres tressés, la communication psychique atteignait son paroxysme, permettant, dans les cas d’urgence, d’autoriser à l’un des partenaires la prise de contrôle de l’autre. C’était évidemment lors des accouplements que cette fonction physique des Nalcoēhuals était la plus utilisée, même si son usage premier demeurait la transmission (le plaisir, les jeux érotiques, le viol ou la torture ne représentaient que des dérivés).
Présentement, le garde exposa son plan à celle qu’il devait protéger. C’était à la fois aléatoire et extrêmement risqué pour lui, mais Loxa pourrait alerter les secours avec le contacteur d’urgence contre le mur tout en s’abritant derrière la table. La « fausse elle » ne semblait pas armée et il pensait pouvoir la maitriser suffisamment longtemps pour que la sécurité puisse intervenir.
Près de son palmier, la seconde Loxa poursuivait tranquillement la discussion.
Je viens de loin, je vous l’accorde. Mais cela importe peu. Savez-vous pourquoi, fondamentalement, votre peuple a quitté Veora, votre planète d’origine ? Parce qu’ils ont choisi sagement, eux, de se retirer plutôt que de la détruire.
MENSONGES ! hurla la vraie Loxa. Nous avons été chassés par les humains ! Jamais nos ancêtres n’auraient choisi de la leur laisser ! Ils ont fui un génocide !
Le sujet de la grandeur passée touchait évidemment les fondements de ses croyances, cela la faisait systématiquement sortir de ses gonds. La fausse Loxa n’en demandait pas moins : par ce biais, il y avait sinon matière à convaincre, au moins à parlementer. Il devait encore tenir quelques minutes pour qu’Artoc soit en vue de la corvette qui le ramènerait sur Monte-Circeo. Il enchaina donc :
L’humanité réagissait à une injustice quand un troisième acteur est venu s’immiscer dans le jeu bien compliqué de la cohabitation nalcoēhuale/humaine. Vos ancêtres n’ont pas été les plus faibles, disons que les... les rescapés ont été les plus sages.
Quel troisième acteur ? Le Faiseur ? C’est de lui dont vous parlez ? questionna Loxa, pas seulement pour donner le change. Elle était effectivement intriguée par les propos de ce double.
Il est dit que lorsqu’il reviendra, il soutiendra les Nalcoēhuals et nous reprendrons alors notre planète et bannirons le tyran-homme dans l’espace. Vos connaissances de l’histoire sont bien imparfaites, ou peut-être devrais-je dire... vos souvenirs ? Empereur-Dieu Godheim, je parie que c’est vous !
Elle surprit son corps à courir et se jeter à plat ventre derrière la lourde table basse. Le garde rompit le contact de la tresse des deux antennes et se précipita sur la fausse Loxa, se saisissant au passage d’un cendrier sculpté dans la pierre qu’il lança au visage de cette dernière. L’objet rebondit sur sa joue et le malheureux Nalcoēhual mourut avant même de toucher le sol, une vertèbre cervicale et un morceau de goitre en moins, cette race ne possédant pas de cou. L’androïde regarda le corps s’effondrer, tandis que son bras reprenait sa place, la main couverte de sang bleu. La vraie Loxa appuyait comme une hystérique sur le système d’alerte, déclenchant les sirènes de la suite et probablement des lumières rouges un peu partout sur l’astéroïde.

Les yeux de l’androïde demeuraient impassible, mais, de loin, l’Empereur-Dieu Godheim comptait les secondes, tout cela se déroulait trop vite à son goût. Inutile de finasser, il n’avait plus d’autre choix que de terminer la mission maintenant et donc de tuer la parlementaire.
Quatre mètres les séparaient, mais Loxa-Godheim commit une erreur : par mauvais calcul (que l’on pourrait traduire « par arrogance »), il marcha à vitesse normale vers sa cible, alors qu’il aurait pu être sur elle en moins d’une poignée de secondes. Aux côtés de l’alarme se trouvait le dispositif anti incendie et Loxa l’actionna, déclenchant un déferlement de mousse expansive et de vapeur d’eau glacée sur tout le salon des invités.

*

Sur la projection holographique du radar, la parlementaire Ci’chi suivait l’approche de l’écho vert représentant le vaisseau de l’Exode. À bord se trouvaient sans doute un avatar de l’Empereur-Dieu Godheim ainsi que ce nouvel ambassadeur qui servirait de tampon entre les deux puissances régionales.
La vieille Nalcoēhuale revêtait sa tenue protocolaire de soie rouge avec l’écharpe blanche indiquant son rang et tous les officiers du pont avaient reçu la consigne d’être sur leur trente-et-un. Le moment pouvait être considéré comme historique et rien ne devait manquer à la cérémonie d’accueil. Par le hublot, elle confirma les censeurs de son croiseur : la navette n’était pas de facture ragnvaldienne, présentant un carénage plus massif et des performances moindres.
Un vaisseau de l’Exode pour bien mettre en avant la neutralité du nouvel arrivant... voilà qui était plutôt de bon augure pour la suite.
Une vingtaine de minutes plus tard, l’appontage réalisé avec soin, les deux grands sas s’ouvrirent. Ci’chi eut son premier haut-le-cœur : comment pouvait-elle avoir omis ce simple fait qu’elle allait être la première, après plusieurs centaines de générations, à se retrouver face à... de vrais humains ? D’ailleurs, leur attitude laissait suggérer une réaction en miroir, les deux mondes allaient devoir apprendre beaucoup et simultanément.
Les humains communiquant par la voix, Ci’chi tenta donc sa première phrase de bienvenue dans leur langue (d’après ce qu’elle avait pu trouver dans les archives les plus anciennes) :
« Soyez les welcomes sur ce Kreuzfahrts... chiff au nom du alnaas nalcoēhual, je Yìhuì Ci’chi. »
Silence.
Dans l’encadrement du sas, plusieurs humains dont elle ne savait pas qui était exactement l’ambassadeur. Tout d’abord à droite, un vieil homme vouté et petit, vêtu d’une simple toge, mais au regard perçant dissimulé sous des lunettes d’écaille. À sa gauche patientait une femelle visiblement perplexe, elle était mince et habillée sobrement, mais de qualité, et une seconde humaine en tenue blanche de cérémonie, un pas derrière la première. Sans aucun doute, c’était une garde du corps. À l’autre bout du corridor séparant les deux vaisseaux, plusieurs soldats à l’attitude comparable aux siens.
Le petit vieux prit la parole, offrant un sourire malicieux à la Nalcoēhuale :
Chère parlementaire Ci’chi, c’est un grand moment que celui de pouvoir enfin se rencontrer. Je voudrais vous rassurer tout de suite : la broche que vous voyez sur le col de nos deux femmes humaines, ici, est un traducteur automatique. Il nous permettra à tous de nous comprendre sans effort.
Vous êtes donc l’avatar de l’Empereur-Dieu, répondit la vieille politicienne, un peu frustrée de n’avoir pas réussi sa phrase de bienvenue. Et j’en conclus que... vous êtes la nouvelle ambassadrice de l’Exode ? poursuivit-elle en se tournant vers la princesse. Je me nomme Ci’chi.
Je suis l’ambassadrice Azala, parlementaire Ci’chi. C’est également un honneur de me retrouver à dialoguer avec une haute représentante nalcoēhuale.
Puis elle ajouta, dans un sourire :
Et je vous remercie pour votre accueil. Plusieurs des termes que vous avez employés ont conservé leur sonorité jusqu’à nos jours. J’espère apprendre votre langue pour vous rendre, aussi rapidement que possible, la politesse, Madame.
Qu’il en soit ainsi, conclu la parlementaire, visiblement soulagée. Je vous y aiderai personnellement, permettez que je vous présente l’équipage, ambassadeur et vous aussi Empereur-Dieu. Voici l’officier supérieur, le capitaine Atpartik qui...
Alors que le sas se refermait et que les premières manœuvres d’éloignement s’enclenchaient, une alerte psychique de niveau un traversa l’esprit des Nalcoēhuals présents. Immédiatement, plusieurs militaires sortirent leurs rayonnants pour mettre en joue les nouveaux venus, Melba bondit devant sa maitresse, dégainant les deux automatiques dissimulés dans ses manches. Il fallut que Ci’chi ordonne sèchement à tous ses hommes de reprendre leur sang-froid et qu’Azala pose sa propre main sur le canon d’une des armes de Melba pour qu’un silence tendu retombe sur la scène. L’avatar avança d’un pas, attirant tous les regards, et demanda calmement :
Que se passe-t-il donc ?
Nous venons de recevoir une nouvelle extrêmement grave en provenance de Pepapaltec. Une explosion d’origine inconnue aurait dévasté la suite de... elle prit soudain conscience de la dernière conversation tenue en ce même lieu avec l’Empereur-Dieu... la parlementaire Loxa. Elle serait dans un état critique et l’astéroïde endommagé. Toute la république a été placée en état d’alerte maximale.
Le petit vieux se grima un visage que Ci’chi, ignorante des expressions humaines, supposa être de la contrition. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à la troublante coïncidence entre les deux évènements.
Azala intervint :
Parlementaire Ci’chi, je suis navrée de ce qui est arrivé à votre consoeur. Vous me voyez attristée, ainsi que tout l’Exode, pour ce drame. J’espère que la lumière sera faite sur les circonstances de cet accident, mais je vous assure que nous n’y sommes pour rien.
Je réitère les mêmes propos au nom de l’empire de Ragnvald, Ci’chi. Nous prierons pour que la parlementaire Loxa se remette vite de ses blessures, ajouta l’androïde de Godheim.
La politicienne lança à nouveau quelques ordres psychiques et tous les soldats rengainèrent leurs armes. Elle salua Azala de la tête, accordant bien plus de temps à tenter de déchiffrer l’expression de l’avatar.
« Compte tenu de la situation, nous écourterons les présentations. Vous serez conduits dans vos quartiers, le voyage ne durera qu’une demi-journée standard. Nous nous retrouverons lorsque j’aurai obtenu plus d’informations sur les évènements. À bientôt, Ambassadrice et... Empereur-Dieu. »

Azala nota combien la fin de la phrase de Ci’chi avait été prononcée sèchement. Elle laissa son regard errer à son tour sur Gandhi, dubitative.

Fin du chapitre 24

Soutenez Reduniverse - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: Coupie, JMJ, Adastria, Acteurs : Anna: narration&Ci'chi, elioza: Azala, Icaryon: gandhi, Eloanne: loxa, Leto75: Godheim , Derush: Hadaria, Montage: Ackim

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RedU T1 Ch24 Ep12

Wed, 13 Dec 2017 00:03:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 12 "Éroticokaléidoscopique"

Le hublot filtrait les variations de couleurs propres aux voyages interdimensionels de la Transition. Cela atténuait l’ambiance sombre de la pièce, les teintant d’un kaléidoscope sans fin et seule la lumière blanche de plusieurs lampes posées sur la table compensait cet effet féérique. Dans son bureau aménagé à l’intérieur du croiseur high-tech, en route vers la nébuleuse de Talbot, Ralato Ouli, ministre de la Sécurité, tuait le temps en feuilletant quelques rapports.
Là où il n’attendait que routine et descriptions soporifiques, il découvrait d’inquiétantes informations sous la forme de quelques annotations personnelles d’agents infiltrés, traitant de l’activité des Triades souriantes sur TB-03 et deux lunes un peu excentrées de Talbot. Il s’agissait de détails, mais ces Mentaux rapportaient certains mouvements suspects d’armes ou de capitaux. À la tête des Triades se trouvait un Stuffy « délégué » agissant au nom du chancelier Poféus. Cette organisation pilotait de manière plus ou moins directe tout le fonctionnement de la richissime société souriante de Talbot, dont la nébuleuse représentait un océan de lithium. Normalement, il ne devrait plus rien se passer de louche de ce côté-là, sauf si Stuffy se faisait doubler par une sorte de troisième colonne ? C’était une possibilité...
L’autre inquiétait bien plus et elle impliquait la perte du contrôle « d’un des quatre », comme ils étaient appelés dans les couloirs des Forces Mentales. C’était un avertissement du professeur QuartMac qui avait conduit à la dispersion de quelques agents mentaux chez les Mutualistes ou les Souriants. Le vieux savant avait pris Ralato à part, lors d’une énième réunion de travail sur la nouvelle flotte, pour rapporter un résultat troublant de ses recherches : le cerveau des corps non matures utilisés par les Stuffy présentait une malléabilité anormale. Cette plasticité des neurones était naturelle, elle permettait une meilleure adaptation à l’environnement ainsi qu’une perception accrue « de l’autre », c’était obligatoire pour vivre en société. Cela entrainait sur le long terme des changements de point de vue et d’appréciation ou une spécialisation poussée dans un domaine. Mais, fondamentalement, la psyché de la personne demeurait et si Ralato était devenu un grand Mental, il n’en était pas moins resté lui-même : Ralato Ouli.
Cette limite n’existait pas chez les Stuffy, d’après QuartMac. Profondément intégré à un milieu x, le clone modifierait son esprit pour évoluer, peut-être, vers ce que son rôle lui imposerait d’être. Ce n’étaient que des théories basées sur quelques expériences en parallèle, mais il avait été jugé plus sain de créer de réels clones de Stuffy et de les laisser arriver à maturité pour y transférer l’esprit des actuels clones. Le petit ajout du ministre de la Sécurité fut donc de les tenir sous plus étroite surveillance, en attendant.

Ralato relâcha la tension accumulée dans les muscles de son dos et s’enfonça dans l’épais fauteuil de son bureau. Sur sa droite, du côté du hublot, les couleurs défilaient, témoin de la traversée de milliers de dimensions à chaque seconde qui s’écoulait. Les calculateurs survitaminés de ce croiseur dernier cri permettaient d’aller jusqu’à trois fois plus vite en Transition, sous certaines conditions. Les Compresseurs dimensionnels, plus optimisés, délivraient des puissances inimaginables il y a seulement dix ans. D’où sa demande officielle de modernisation de la flotte spatiale « régulière », transmise aux états-majors. Il fallait qu’ils se pressent, ce vaisseau était désormais unique dans cette partie de l’univers.
La dernière fois qu’il s’était rendu sur Talbot, le voyage avait duré trois semaines et Ralato — assisté de Stuffy à l’intérieur de son esprit — s’était immédiatement retrouvé en territoire ennemi, risquant sa vie à chaque instant. Cette fois, le trajet prendrait moins d’une semaine et, d’ici quelques jours, le ministre Ouli pourrait répondre à l’invitation du Stuffy à la tête des Souriants. Celui-ci aurait découvert des informations précises sur ce qui se trouverait au-delà de la Passe de Magellone (là où se rendait la nouvelle flotte, donc).
Jusqu’à la lecture de ces rapports étalés sur son bureau, jamais Ralato n’aurait pu ne serait-ce qu’émettre l’hypothèse de l’existence d’un piège. Et si ses agents, suivant leurs consignes, avaient fait preuve d’un zèle trop prononcé ou que les Triades ne contrôlaient pas parfaitement la totalité des trafics qui se déroulaient dans la gigantesque nébuleuse de Talbot ?
Qu’en penser ? Cette demande du « Stuffy-Souriant » méritait-elle vraiment un déplacement ou voulait-il surtout l’avoir à portée de main ?
Peu de temps avant son départ, le chancelier l’avait convoqué. Comme à chaque rencontre avec lui, Ralato éprouvait de l’appréhension à se retrouver face à cet homme aux réactions si imprévisibles. Sur ce sujet, tous les rapports convergeaient : la folie gagnait l’ancien contramiral et ses moments de lucidité diminuaient progressivement, grevant ses capacités de travail. De fait, certaines décisions ne pouvant être reportées, c’était tout naturellement auprès du tout-puissant responsable de la sécurité que les autres ministères se tournaient. Et quand il n’arrivait pas à obtenir une réponse claire de la part du chancelier, Ralato tranchait, prenant sur lui de permettre aux dossiers du gouvernement d’avancer.
Ce dernier échange s’était pourtant presque déroulé de manière courtoise, Poféus se contentant de donner des conseils :
Je vois que le ministère de la Sécurité fonctionne comme une horloge. C’est très bien, Ralato.
Merci, Monsieur. Je ne fais que suivre vos pas.
L’autre gloussa, se gratta l’entrejambe, puis reprit dans un soupir :
Le monde change, les ennemis restent. Retiens bien ce que je vais te dire. Ne fais confiance à personne, tu m’entends ? PER-SONNE.
Parfois, même sans le vouloir, un subordonné ou une connaissance peut gaffer à un point inimaginable. Regarde les Stuffy, par exemple, qu’est-ce qui nous prouve qu’ils ne sont pas en train de fomenter un large complot pour s’emparer du pouvoir.
Je vous demande pardon ?
Ralato tombait des nues : les Stuffy, ourdissant une sédition en sous-main ? La chancellerie avait-elle accès à des informations particulières ? Poféus sourit et claqua deux fois des doigts. La porte du fond s’ouvrit et un couple entre deux âges vint s’installer sur le sofa près de la grande verrière. Petit détail important : ils étaient nus... et s’enlacèrent une fois enfoncés dans les coussins. Leur intention ne laissait aucun doute ni celle du chancelier, d’ailleurs, qui se leva tranquillement, déboutonnant le col de sa chemise. Tout en se dirigeant vers les amoureux, il précisa sa pensée :
« Ne t’inquiète pas, ce n’est qu’une idée sans fondement, juste une possibilité parmi tant d’autres. Comme tu les fais surveiller, je sais que tu garderas l’œil ouvert, mais... »
Il s’arrêta et se tourna une dernière fois vers son ministre.
« ... tes meilleurs ennemis peuvent devenir tes amis ou inversement. Ce n’est qu’une question de circonstances. Au revoir, Ralato. »
Remettant à plus tard la réflexion sur cette étrange remarque du chancelier, le Mental s’enfuit littéralement alors que Poféus dégrafait son pantalon, révélant ainsi qu’il ne portait pas de sous-vêtements.

Une main contre le hublot, Ralato laissait les flashs de couleur emplir sa vision, s’abandonnant à leur propriété hypnotique. Il se demandait vers quel avenir pouvait bien se diriger l’humanité. La paix de Poféus n’allait certainement pas durer aussi longtemps que prévu : le chancelier perdait la raison, les communautés risquaient de se réveiller et les Forces mentales étaient affaiblies à la suite de la campagne contre l’Exode. Malgré ses formidables moyens, le ministre se sentait bien impuissant à endiguer la tempête qui s’annonçait.
« Mais où est-ce qu’on va dans ce merdier ? »
Soudain, pendant moins d’une seconde, plusieurs petits objets verts translucides apparurent dans un éclair presque blanc, puis disparurent.

Ce n’était pas la première fois qu’il les voyait, c’était même de plus en plus souvent. Un peu de repos, voilà le seul remède que le docteur Ralato connaissait contre les hallucinations.

Soutenez Reduniverse - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: Coupie, JMJ, Adastria, Acteurs : Mik180: narration, Raoulito: Ralato, Pof: Pofeus, Derush: Zizooo, Montage: V.G.

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RedU T1 Ch24 Ep11

Wed, 06 Dec 2017 00:38:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 11 "Bonjour, Dieu"

Fabio Ouli était installé sur la terrasse du grand café-bar de la Cité intérieure de Transporteur 7. Seule la voute traversée de quelques transports tubulaires s’étalait au-dessus de lui. Comme dans toutes les Cités de l’Exode, les commerces fleurissaient au gré des arrivages des approvisionnements aléatoires durant le périple. Ces derniers temps, les produits de Ragnvald s’affichaient au menu de tous les établissements, les enrichissant d’une manière inattendue, mais, après tout, « dix-mille mondes » représentaient une diversité hors du commun.
Il ne lui avait fallu guère plus d’une quinzaine de minutes pour être à portée de l’esprit qu’il cherchait. Et quel esprit ! Plus il tournait autour de lui, moins il arrivait à en saisir le concept. Comment fonctionnait-il, comment pouvait-il fonctionner ? Godheim parlait de lui comme d’un dieu, en fait c’était une appellation par défaut, Fabio lui-même ne trouvait pas de parallèle possible.
Arrête-toi, saucisse ! lui avait simplement intimé une voix dans sa tête à quelques pas de la porte les séparant. Price va partir sur Transporteur 1 avec ta protégée mentale pour le Conseil des commandants. Installe-toi tranquillement dans un lieu calme et suis-les là-bas par l’esprit.
Qui êtes-vous vraiment et comment se fait-il que je ne vous aie jamais remarqué ? Et d’abord, comment passez-vous au travers de mes barrières mentales ?
Plus tard... Nous nous verrons bientôt, je te le promets, Passeur. D’ici là, fais ce que je te dis et tu ne le regretteras pas.

Fabio sirotait donc une eau minérale, dont la pureté prenait son origine dans les glaces d’une ceinture perdue à des millions d’années-lumière d’ici. Intéressant, cela lui avait tout de même couté quatre crédits, une petite fortune, même pour un exodé recevant régulièrement ses tickets de rationnement. Il posa le verre et ferma les paupières. Les Titans voletèrent autour de lui, lui prodiguant leur pouvoir, comme toujours.
Il s’était d’abord demandé s’il devait suivre quelque chose en particulier, un évènement, n’importe quoi. Puis, à la réflexion, le Faiseur étant « celui qui tourne la roue du Tout », peu importait. Fabio allait forcément découvrir la raison de sa présence ici, comme si cela avait été écrit à l’avance.
À plusieurs centaines de kilomètres de là, sur Transporteur 1, le Conseil s’était donc déroulé sans heurt excepté cette histoire d’ambassadeur. Qu’est ce que Godheim avait derrière la tête ? Ce vieux filou d’Arlington avait soulevé le lièvre, mais en l’absence de certitude contraire, l’idée semblait avoir ses avantages. Nous verrons bien...
Et, justement, Azala se déplaçait maintenant vers le spatioport du vaisseau avec Godheim, la Lakedaímōn et un ou deux gardes venus prêter mainforte pour les bagages. Fabio souriait en suivant les injonctions de la jeune femme :
Il est hors de question que je voyage dans un transport de Ragnvald, Empereur-Dieu. Vous n’êtes pas né de la dernière pluie et vous comprenez très bien la raison de mon choix.
Certes, Princesse. Pourtant, le trajet jusqu’au vaisseau nalcoēhual qui doit vous récupérer s’annoncerait plus long et nous devrions en alerter la parlementaire.
Et bien que cela soit fait au plus vite ! rétorqua-t-elle du tac au tac. Je ne vois pas en quoi ce petit retard vous incommoderait à ce point, n’êtes-vous pas parmi nous depuis des centaines et des centaines d’années ? Quelques jours ne sont qu’une respiration pour vous.
Melba ?
Oui, madame ?
Mon amie, je ne t’ai pas laissé le temps de te préparer. As-tu besoin d’une heure pour terminer tes valises ? Évite les armes lourdes, s’il te plait, c’est une mission diplomatique !
Mais non, Madame, je ne... Oh ! Et bien, maintenant que vous me le dites, il me faudrait... une petite heure, en effet. Mes... tenues protocolaires nécessitent un nettoyage rapide et... je dois également empaqueter quelques accessoires.
Azala se tourna vers Gandhi, celui-ci ne lui arrivait même pas au buste.
Une heure de plus, donc, Monsieur Empereur-Dieu. Vous m’en voyez fort marrie, j’espère que nous n’aurons pas à déplorer d’autres retards. Cela posera-t-il un problème à notre agenda ?
Non, princesse, répondit l’avatar dans un quasi-soupir (ce qui était inédit chez lui). J’envoie en ce moment un message à Ci’chi dans ce sens.
Je vous en remercie. L’ambassadeur de l’Exode se doit d’être irréprochable de ses atours et de ses attelages.
Il est vrai qu’Alexandre fit passer au fil de l’épée les habitants de Tyr pour avoir insulté ses ambassadeurs. Le métier mérite en effet respect, murmura un Gandhi que l’on imaginait penser à voix haute.
Un des sourcils d’Azala se releva, donnant à son visage en amande une expression dubitative. Les connaissances historiques de cet être dépassaient de loin les siennes, mais elle avait quelques cartouches en réserve.
« On a défini également l’ambassadeur comme un homme rusé, instruit et faux, envoyé aux nations étrangères pour mentir en faveur de la chose publique ». Cette fonction n’était pas connue comme resplendissante à toutes les époques, cher Godheim.
Denis Diderot ! réagit l’avatar en levant la tête vers elle, une réelle surprise dépeinte dans la voix. Les archives humaines ne sont donc pas toutes effacées ?
Elles étaient interdites à la population dans une certaine mesure, mais pas pour les membres de la famille royale. Cependant, un livre que vous connaissez peut-être me passionne sans discontinuer depuis des années : « De l’art de la guerre » par un ancien Souriant nommé...
Sun Tzu, compléta Godheim, visiblement inspiré. « L’espace n’est pas moins digne de notre attention que le temps ; étudions-le bien et nous aurons la connaissance du haut et du bas, du loin comme du près, du large et de l’étroit, de ce qui demeure et de ce qui ne fait que passer. » Vous êtes la culture même, princesse.
Merci, Empereur-Dieu. Cette centaine d’heures supplémentaires pourrait finalement s’écouler sans que nous nous en rendions compte, ne pensez-vous pas ?
Fabio ne manquait pas une virgule de la discussion, il pouvait suivre les raisonnements se construire dans l’esprit d’Azala et les arguments être piochés dans sa mémoire. Magnam IV l’avait bien éduquée et elle aurait pu changer la face de l’humanité si...
Soudain, un flash traversa les pensées de la jeune princesse. La révolution Castiks, Magnam, le détournement de l’avion qui la ramenait, le message de son père, Angilbe.
« ANGILBE EST DE SANG ROYAL ? »
hurla Fabio en se relevant brusquement. La table manqua de se renverser, mais seul le verre à moitié rempli de l’eau de Ragnvald glissa et se brisa sur le sol.
Le Mental blond se moquait éperdument des regards désapprobateurs étincelant tout autour de lui, poursuivant ce fil de la pelote des souvenirs d’Azala. Une servante nommée Mathilde, la décision de Lanéon II en personne, la famille du glorieux colonel Poféus acceptant sans broncher. Le dernier message de Magnam avait été pour sa fille, pour lui léguer le fardeau de la royauté (les Titans), le poids des tourments humains (la couronne) et le poids de ses errements : son demi-frère « Angilbe » du second prénom de Lanéon II.
C’était certainement cela que le Faiseur voulait que Fabio découvre. Quelle nouvelle, que de conséquences, encore maintenant, si cela était divulgué ! Le ministre de la Sécurité de la révolution Castiks, prétendant au trône. Poféus le savait-il au moins ? Il aurait pu jurer que non et il ne l’avait quasiment jamais quitté. Quand est-ce que le roi aurait pu avoir l’occasion de...
L’épisode de la cathédrale sous-marine lui apparut alors dans toute sa complexité et ses sous-entendus cachés. La vague des Titans détruisant tout à la demande du Passeur (SA demande), le souvenir honteux de la royauté au point de sceller ce... passage (?), Magnam qui mourrait dans des circonstances rapportées par le seul survivant : Angilbe.

C’est l’essence même d’un puzzle, cher Passeur, le ramena la voix du Faiseur au moment présent. On ne voit l’image complète qu’une fois les morceaux, apparemment sans lien, assemblés.
Mais il n’y a pourtant pas de relation directe entre Angilbe et les Titans ?
Reconnais que le contramiral et toi ne vous êtes pas économisés sur cette tâche. Mais non, en effet, pas encore de filiation entre les deux.
« Encore » ?
Tu verras bien. Maintenant que tu as vu ce qu’il y avait à voir, viens, mon petit Passeur, il est temps que toi et moi nous nous rencontrions, ne crois-tu pas ?
Fabio tira la grimace. Ce Faiseur décidait facilement pour les autres et cela lui rappelait beaucoup trop Godheim. Les dieux, et assimilés, avaient-ils tous la grosse tête ?
« Je n’aime pas qu’on me guide comme un poisson-pilote : vous auriez pu m’informer de cela par vous-même, sans me laisser jouer à ce petit jeu d’espionnage mental. Je vais peut-être me commander un nouveau verre d’eau galactique, qu’en pensez-vous ? Si l’Empereur-Dieu se doit d’être patient, vous aussi. »
L’autre gloussa, puis s’expliqua :
« Oh, tu sais, moi je veux bien que tu prennes ton temps. Par contre, un second verre sera difficile, tu n’as plus qu’un simple crédit dans ta poche.
Viens quand tu veux, maintenant que tu sais où me trouver. Moi, je vais faire un petit somme. À tout à l’heure. »
De frustration, Fabio en appela à ses pouvoirs et le patron se précipita pour lui offrir deux verres, aux frais de la maison.


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RedU T1 Ch24 Ep10

Wed, 29 Nov 2017 00:28:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 10 "Douche divine"

Ceinture de Pepapaltec.

Votre Majesté, que votre tâche soit accomplie selon le plan.
Ne t’inquiète pas pour cela, fidèle Artoc. Grâce à toi, le plus délicat est derrière nous. Je suis déj à à t’attendre au point de rencontre dans une de nos corvettes. Il te reste sept minutes pour activer la diversion : fais attention à toi, je te bénis pour tes efforts.
L’autre se rengorgea imperceptiblement sous le compliment puis, sur un hochement de tête, il disparut dans l’obscurité d’un corridor. Godheim ne s’inquiétait pas réellement sur les chances d’Artoc de passer au travers des mailles nalcoēhuales. La région de Pepapaltec était bien protégée au centre de Khabit et les services de sécurité n’y appliquaient pas les mesures paranoïaques réservées à la périphérie de la république ou aux zones troublées.
Six minutes et vingt secondes pour atteindre le lieu de destination. L’avatar saura s’y rendre sans difficulté, mais pas sous cette forme diffusée à tous les points de contrôle. S’abritant dans l’angle mort d’un recoin peu fréquenté, il activa le processus de métamorphose. Immédiatement, les rouages intimes de l’androïde se mirent à l’ouvrage, détachant ses pinces, assurant les modifications chimiques de sa peau, reproduisant une colonne vertébrale propre à la norme adulte. En une petite minute, le Huitlalcoh s’était transformé en une grande femelle mure aux traits connus de la plupart des Nalcoēhuals : la parlementaire Loxa.
Il s’agissait du résultat des dernières recherches en matière d’avatar, la capacité d’intégrer deux physionomies (jusqu’à quatre en fait, mais le processus demandait encore quelques améliorations et demeurait au stade expérimental) dans un corps semi-organique. Même les vêtements étaient reproduits à la perfection, le tissu glissait sur une peau qu’aucun instrument n’aurait pu reconnaitre comme synthétique.
L’avatar Loxa passa sans peine, et sans même être arrêté, les barrages montés en hâte à la suite de la découverte du cadavre du policier. Il ne lui restait que trente-sept secondes, si Artoc avait bien accompli sa mission, lorsqu’il se présenta à la porte de service des quartiers réservés. Si l’escadron protégeant l’endroit avait accès à la liste des personnalités présentes à l’intérieur, Godheim serait obligé d’agir en conséquence, mais il avait bon espoir que ce ne serait pas le cas.
L’officier le salua au garde-à-vous puis tendit la main pour recevoir le laissez-passer délivré par le parlement… que l’avatar Loxa ne possédait évidemment pas.
Un grondement lointain se répercuta alors le long de toutes les coursives de l’astéroïde, suivi d’une légère vibration du sol. Tandis que les alarmes hurlaient, les messages psychiques d’alerte fusèrent : une violente explosion venait d’endommager le spatioport, provoquant de multiples fuites d’air et la panique chez les voyageurs.
L’officier s’acquitta immédiatement, par réflexe, de la protection des personnalités dont il avait la charge et précipita « Loxa » vers ses quartiers sans s’arrêter aux formalités d’usage. Il lui intima même l’ordre de se dépêcher et de préparer une trousse de toilette en cas d’évacuation.
L’avatar-Loxa courut donc pour donner le change, croisant tel haut fonctionnaire affolé en sens inverse, tel binôme de soldats en pleine communication mentale ou... tels gardes du corps personnels de Loxa en faction devant l’entrée de son logement. Ce risque avait été préalablement établi, bien évidemment. Il prit sa voix la plus sèche, simulant un essoufflement.
« Il y a une alerte de niveau un... ... Appelez des renforts, je veux deux autres gardiens ici et vous... ... vous vous mettez à chaque intersection de ce couloir ! »
Les deux sentinelles ne réagirent pas immédiatement. Il fallait préciser que la synthèse vocale n’était pas parfaite, le dédoublement de physionomie ne permettant pas — encore — toutes les libertés, et surtout les deux Nalcoēhuals se demandaient bien comment Loxa avait pu sortir... sans qu’ils la remarquent. L’avatar Loxa, Godheim, insista, comptant sur l’effet de surprise, mais il calculait déjà les angles d’attaque pour neutraliser les deux hommes.
« Je vous ai dit de vous dépêcher ! Vous attendez quoi ? »
Un petit ajout psychique, histoire d’aider à la décision, et les deux gardes expédièrent les messages mentaux adéquats en se précipitant de chaque côté du corridor. La présence de deux cadavres devant la porte du logement aurait écourté la conversation qui devait suivre et cela aurait mécontenté l’Empereur-Dieu.
Il déchira la serrure du sas à deux mains et pénétra dans le spacieux appartement de la parlementaire. C’était une vaste suite répartie sur trois étages, chacun d’une surface proche de cent mètres carrés. L’avatar referma bien sûr derrière lui, bloquant sommairement l’ouverture pour en dissimuler l’effraction, et s’introduisit tranquillement dans l’intimité de la cheffe du mouvement « extrême haut ». Il laissa son regard parcourir les murs pour étudier tel tableau de grand militaire, tel ornement provenant d’une prise de guerre. Dans le salon au plafond surélevé, un recueil posé sur une petite table attira particulièrement son attention : les mémoires d’un survivant de Veora (l’ancien nom de MaterOne). Elles étaient retranscrites sur une forme de film en celluloïd rappelant vaguement l’antique papier de soie des Nalcoēhuals d’alors. La parlementaire cultivait donc autant un souvenir xénophobe du sabre et du goupillon que le gout de l’authentique. Intéressant, mais pas surprenant quand on connaissait l’orientation politique de « l’extrême haut ».
Il leva la tête vers les deux balcons qui dominaient la pièce où il se trouvait. Du dernier étage lui parvenait le son étouffé, et assez incongru, d’une... douche. De l’eau, une autre rareté par ici...
D’un cachet certain, le mobilier était résolument moderne, ne présentant que peu de matériaux antiques comme le recueil : les deux escaliers ou le bureau se limitaient au fonctionnel, par exemple. Par contre, arrivé à l’ultime palier, une surprise de taille attendait le visiteur. À travers le sommet d’un gigantesque bocal éclairé par toute une série de néons à la lumière chaude se découpait la cime d’une magnifique arécacée, plus connue sous le nom de palmier. Sa présence justifiait, à elle seule, la raison d’une telle hauteur pour la suite, chaque niveau proposant un accès à une partie de l’arbre.
L’avatar-Loxa de Godheim resta quelques secondes à méditer devant cette vie végétale perdue au cœur de l’océan métallique creusé dans cet astéroïde. Oui, indéniablement, Loxa cultivait la mémoire d’un passé révolu. Cela expliquait probablement beaucoup de choses.
La douche se poursuivait toujours, mais avec, cette fois, de nouveaux bruits bien plus précis. Apparemment, la politicienne n’était pas seule sous le jet d’eau chaude (enfin, que Godheim supposait chaude) et les grognements de plaisir d’une voix masculine traversaient la cloison.
« Grand bien leur fasse », se dit Godheim-Loxa.
Il n’était pas pressé et pouvait leur accorder encore quelques minutes. Son attention se reporta sur le palmier.
Lui aussi avait connu ces arbres majestueux sur ce que l’on appelait alors « la Terre ». Restait à savoir ce que ce spécimen faisait ici, dans la suite d’une parlementaire nalcoēhuale, au cœur du Cercle de Khabit.


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RedU T1 Ch24 Ep09

Tue, 21 Nov 2017 23:48:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 09 "Permission sur le pont"

Le général Décembre reprit la parole en premier.
C’est assez énervant de se sentir ainsi forcé et de… … de ne pas avoir la main sur ses décisions.
N’est-ce pas ? s’en amusa Arlington en se redressant. Je vous rassure cependant : il a ses limites. Surtout ici, où il ne dispose pas d’un réseau psychique permettant son intégration dans tous les systèmes. Dans l’Exode, Godheim n’est plus, finalement, qu’un ambassadeur fin joueur.
À la tête de la flotte, néanmoins, la plus mobile du secteur.
Le colonel Sterling-Price apporta cette précision le regard fermé, partageant visiblement une de ses inquiétudes principales. Il poursuivit :
Je ne sais pas pour vous, mais je serai plus rassuré lorsque nous quitterons cet endroit. Si demain, il décide, pour n’importe quelle raison, de nous abandonner à notre sort, les Nalcoēhuals ne nous laisseront pas la moindre chance.
D’ailleurs, intervint Benkana, trop heureuse de changer de sujet suite au passage d’Azala, je vous annonce que Transporteur 7 pourra reprendre la route d’ici quarante-huit heures. Les réparations sont pratiquement terminées et le Compresseur dimensionnel, estampillé Ragnvald, est opérationnel. Encore faudrait-il le tester, mais je ne crois pas qu’on en ait le temps.
Idem pour moi, compléta Junta. En ce moment, nous montons les dernières tourelles de défense et nous installons un nouveau système de communication utilisant un cryptage avancé. L’aide des techniciens de l’Empereur-Dieu a été déterminante.
Sterling-Price sauta sur l’occasion pour interpeler le commandant de Transporteur 4, le ton bien moins avenant que d’habitude.
À ce propos, Junta. Pouvez-vous nous expliquer cette idée géniale de vous immiscer dans les questions religieuses de la flotte ? Nous avons tous pu admirer votre démonstration de force, dans la dernière émission d’Ex-One Média.
Je ne fais que proposer assistance à une partie de la nouvelle population de l’Exode. Rien que de très anecdotiques.
Je vais préciser ma pensée, alors ! Nous vivons une situation critique d’un point de vue stratégique, en équilibre entre deux civilisations surarmées. Un flot inédit de croyance a pénétré en profondeur l’Exode, bouleversant les rapports sociaux internes déjà complexes et vous, vous tentez de provoquer un début de scission dans cette même religion pour un pauvre avantage politique mesquin.
Je vous assure, Junta, que cette voie ne nous mènera pas à quelques problèmes, non, ce serait trop simple : les conflits religieux sont connus pour être les plus dévastateurs, quelle que soit la société ! C’est d’un risque d’autodestruction totale de l’Exode dont nous prenons la direction !
Et je ne peux que confirmer, compléta Momumba Arlington.
Transporteur 3 se trouvant à l’origine de ce regain spirituel, il possédait une sérieuse expérience à ce sujet.
Un silence lourd de reproches s’abattit sur les épaules de Vernek Junta. Sterling-Price, qui représentait une sorte de sagesse non partisane depuis les tous débuts du voyage, venait de tancer vertement le politicien. Il plaçait des mots là où l’on n’avait, finalement, que des soupçons. Ce rôle revenait d’habitude à Benkana, mais celle-ci n’était pas — pas encore — en mesure de reprendre ses joutes verbales avec le frère de sa nouvelle concubine. D’autant que la nomination du Nordiste Anton Pernov, au poste de second de Transporteur 7, ne fut pas considérée comme une volonté d’apaiser la situation, bien au contraire. La rupture, entre Azala et elle, venait de là.
Junta comprit qu’il lui fallait contrer subtilement l’attaque, il présenta donc son joker.
« Je vous accorde que le pari peut sembler… risqué. Mais, il fait suite à une discussion avec madame Choupa, la cheffe de nos assaillants pirates. Lors d’un de nos entretiens, nous avons abordé la question de Godheim… »

*

La promenade le long des baies vitrées était une spécialité des amoureux sur Transporteur 4. Le pont en question était pourtant étrangement calme à cette heure, alors que Junta et Choupa déambulaient tranquillement en profitant du spectacle.
Les cinq autres appareils de l’Exode étaient suspendus au loin dans le vide, éclairés par la froide lueur étoilée. Seules quelques fugaces étincelles d’arc électriques illuminaient les immenses carcasses. Les travaux de réparations avançaient à bon train, rythmés par les aller-retour incessants des corvettes de Ragnvald qui sillonnaient les environs. Elles transportaient fret et personnel technique tout en s’assurant de tenir à bonne distance la flotte nalcoēhuale.
Choupa s’arrêta devant une baie, à mi-parcours. Elle donnait presque l’impression de humer l’air frais du large, qui n’existait évidemment pas. Mais pour une pirate de l’espace, habituée aux corridors étroits, cet endroit devait représenter le summum.
Ces promenades sont bien plus agréables que les tours de marche imposée dans la cour de la prison. Je pourrais presque croire à une largesse de ta part, si on n’avait pas tout évacué.
Ce n’est pas de mon fait, rassurez-vous, s’en amusa Junta, refusant par jeu le tutoiement. Les gens de la sécurité sont très tatillons sur les sujets vous concernant. Même moi, je n’ai pas le pouvoir d’empêcher la présence des gardes derrière nous, par exemple.
L’autre ne répondit pas, le regard perdu dans le vide spatial.
Junta la laissa profiter un peu du moment. Son appréciation sur la jeune pirate évoluait doucement. D’ennemi enragé, comme la décrivait la commandante Benkana, il découvrait petit à petit une personne fondamentalement comme les autres, subissant une réalité simplement plus rude. Peut-on vraiment considérer les Nordistes de l’Exode plus civilisés que les pirates ? Et cette Choupa, ne représentait-elle pas une sommité intellectuelle ?
Elle rompit le silence, demandant calmement :
Est-il prévu de me libérer, Vernek ?
Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour du Conseil, j’en ai bien peur. Mais votre collaboration est suivie avec intérêt, sachez-le.
J’ai besoin de reprendre de l’exercice. L’action me manque.
Junta jeta un œil aux quatre soldats armés qui les surveillaient à quelques pas. Pas sûr que ces gaillards-là apprécient l’idée, sauf si…
Peut-être que la garnison accepterait que vous participiez à ses entrainements ? Après tout, nous pourrions considérer cela comme une… formation à des techniques de combat nouvelles !
L’autre pouffa, croisant enfin le regard du responsable de ses geôliers.
Ce serait possible, sans doute. Et que dois-je offrir en échange ?
Comme vous y allez… gloussa le politicien : cette petite avait vraiment de la répartie. Je vous avoue ne pas y avoir pensé spécialement. Laissez-moi y réfléchir et poursuivons notre promenade, voulez-vous ?
Deux corvettes de Ragnvald, tirant le composant massif d’un compresseur, passèrent à proximité. Le sujet s’imposa de lui-même.
Dans nos entretiens, nous avons évoqué beaucoup de choses sur l’empire de Ragnvald, mais il ne s’agissait que d’informations tactiques ou fonctionnelles. Il y a un point plus large que j’aimerais aborder avec vous. Comment évalueriez-vous le rôle de cet empire… on dira dans l’équilibre de cette partie de l’univers ?
Navré de ne pas être plus précis. J’espère que vous me comprenez tout de même.
Je vois très bien ce que vous voulez savoir…
Elle s’arrêta à nouveau, plongeant ses mains dans les poches de son blouson, le seul vêtement pirate qu’elle a été autorisée à conserver. Face à cette baie vitrée, proche de la fin de la promenade, c’est sur un soupir qu’elle répondit à la question du politicien.
L’Empereur-Dieu était déjà présent bien avant l’arrivée des aventuriers qui sont devenus les premiers pirates. Il avait un rôle protecteur, permettant, sans trop rechigner, le ravitaillement de nos vaisseaux. Disons que nous avions une règle tacite qui court encore de nos jours : ne jamais attaquer une corvette ou un appareil portant la bannière de l’empire. Tous ceux qui l’ont fait ont été pourchassés et anéantis impitoyablement. Mais si des capsules de sauvetage atteignaient la lisière de l’espace de Ragnvald, même les poursuivants nalcoēhuals devaient abandonner et les laisser s’échapper.
Peut-on parler de neutralité ? Bizarre, de la part de Godheim, les rapports n’indiquaient pas cela, pourtant.
Pas « neutralité ». L’empire n’est pas neutre, il a un parti pris qui ne concerne que sa sphère d’influence. C’est pour cela que je vous avais décrit ces corvettes comme « étant à éviter », mais qu’il valait mieux tomber sur elles que sur… les autres.
Consciemment ou pas, elle sortit de sa poche une petite plaque en cuivre ornée du symbole de deux épées croisées sur un fusil. Elle était lustrée, visiblement vieille de plusieurs années et deux anneaux indiquaient qu’elle se portait habituellement en pendentif. C’était sans doute un blason familial, pensa Junta. Les pirates se regroupant par fratrie, où était donc celle de Choupa ?
Ces pirates, protégés dans leurs capsules par Ragnvald, vous en connaissez quelques-uns ? s’enquit prudemment son interlocuteur.
Je suis la dernière survivante de l’une d’entre elles. C’est pour cela que je me dois de venger les miens. Jamais je n’abandonnerai cette tâche, elle est et reste le but de mon existence. « C’est par le sang et la gloire que se forge un peuple, que la peur frappe nos ennemis : l’heure des Hommes est venue ».
Vernek n’insista pas, la voix tremblante de la jeune femme en disait long sur la haine qu’elle ressentait. Encore une pièce du puzzle qui s’ajustait. Il lui posa doucement la main sur l’épaule :
« Terminons notre promenade, il est temps de rentrer. Je verrai à arrondir les angles avec la sécurité. Vous aurez vos entrainements, faites-moi confiance. »
Il reconnut sans difficulté de la reconnaissance dans le regard qu’elle lui rendit.

*

Arlington ne cacha pas sa surprise devant le plan du politicien.
Franchement, Junta, je ne crois pas une seconde que les adorateurs de Godheim puissent orienter les plans de l’Empereur-Dieu de quelque sorte que ce soit ! Vous pourrez les dorloter autant que vous voudrez, il ne s’est associé à nous que parce que nous avons le Faiseur et qu’il ne pouvait nous intégrer tous sans y laisser des plumes. C’est un boa poilu… jamais ce genre d’animal ne s’acoquinera avec un troupeau de croasouris comme nous !
Et bien moi, j’y crois, insista un Vernek Junta soudain empli d’une certitude nouvelle. Nous avons encore des atouts en main ! Et si ce « Faiseur » a vraiment été découvert, alors c’est non pas d’une association de circonstances, mais d’une véritable alliance dont nous pouvons hériter, encore faut-il savoir s’y prendre. Colonel Sterling-Price, nous marchons effectivement sur des œufs, devons-nous pour autant ignorer les cartes que nous pouvons jouer ? Cajolons la bête tant que c’est possible. Elle s’en souviendra forcément le jour venu.
Le Conseil des commandants se termina ainsi, sur un statuquo bancal. Personne ne trouvait à redire à la rhétorique du politicien, mais tous se doutaient qu’il menait, d’une manière ou d’une autre, sa propre partition dans un concert prétendument commun.


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RedU T1 Ch24 Ep08

Wed, 15 Nov 2017 00:41:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 08 "La mission d'Azala"

… oui ? Qui est-ce alors ? demanda le colonel Momumba Arlington, captivé. Sterling-Price répondit sereinement, conscient de casser l’attente du conseil.
Aucune idée, je vous avoue être frustré également. Il n’a plus répondu à mes questions, sinon en manifestant sa volonté de rencontrer ce « Faiseur » seul à seul au moment « le plus adéquat » selon ses propres termes.
Price, ne… … ne me dites pas que vous l’avez laissé filer ? … Comme cela, sans réagir ? grommela le Général Décembre.
Il était outré que l’on puisse ignorer les ordres d’une commission d’enquête, de surcroit de la part d’un affabulateur.
Je ne pense pas qu’il soit possible de retenir Fabio Ouli avec les moyens courants, général, intervint la lieutenante-colonelle Maeve Onawane. C’est un Mental, ne l’oubliez pas.
Et j’ajoute que pour l’avoir vu à l’œuvre, l’idée ne me serait pas venue non plus, Décembre, poursuivit Arlington, pensif. Il se tourna vers Décembre. Je dois avoir quelques vidéos de ses facultés, filmées à la sauvette lors de la reprise de Transporteur 3. Les troupes de Ragnvald avaient été balayées sans aucune chance de résister. Ses fabuleux pouvoirs sont à la fois psychiques et physiques. C’est très impressionnant, vous devriez y jeter un œil…
Le général mâcha sa langue quelques secondes puis finit par revenir à Sterling-Price, dans un fugace espoir de soutien qui ne lui fut pas accordé.
« Je vais dans le sens de mes estimés collègues, Général. Déjà, bien avant la révolution Castiks et l’Exode, Ouli était un Mental de tout premier ordre. L’amirauté le considérait alors, en secret, comme l’équivalent d’un laser orbital. C’est dire ! »
Le fantôme de la guerre civile traversa la pièce du conseil. Aucun des six commandants ne put s’empêcher de revivre durant quelques secondes un souvenir de cette période, rarement agréable. Les frappes orbitales avaient quasiment été l’enjeu majeur de tout le conflit, chacun sachant que le jour où l’ordre serait donné, le carnage dépasserait de loin le pire des scénarios. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas, le roi Magnam IV ne l’ayant jamais donné.
Une petite lumière signala l’évènement que tous attendaient à l’occasion de cette réunion. Décembre autorisa l’ouverture de la porte du sas.
Benkana sursauta :
« Azala ? »
Dans l’encadrement de l’entrée se présentait l’avatar de l’Empereur-Dieu « Gandhi » suivi de la princesse Azala et de Melba, sa garde du corps. Les deux premiers pénétrèrent dans la pièce et Melba scella le lourd battant derrière eux, restant à l’extérieur.
« Bonjour, Aurora », répondit simplement la princesse.
La voix était neutre, le ton à la limite du sentencieux. Benkana le reconnut sans difficulté : son ancienne partenaire était en représentation officielle, porteuse d’une nouvelle relative à la politique, son dada.
Empereur-Dieu, c’est toujours un plaisir de vous revoir, lança brusquement Vernek Junta. J’espère que vous n’avez pas changé d’avis concernant votre promesse de venir nous visiter sur Transporteur 4, n’est-ce pas ?
Nous en reparlerons… … plus tard le coupa Décembre. Monsieur Gandhi a demandé audience pour une autre raison, semble-t-il ? Princesse Azala, vous… … vous n’étiez pas attendue.
L’avatar leva ses mains, paumes face au public en un geste universel d’apaisement.
Mesdames et messieurs, honorables gouvernants de cet Exode, le membre de la Sainte Trinité, que je suis, vous exprime sa satisfaction à l’accession de sa requête.
Vous voilà bien solennel, Empereur-Dieu, s’en amusa à haute voix Arlington. Pour la simplicité de notre entretien, je propose que nous évitions les allusions religieuses, qu’en pensez-vous ?
Demander à un dieu de ne pas évoquer la religion relève de la gageüre, Colonel Arlington. Mais vous me connaissez, je suis ouvert au dialogue. Politicien Junta, un dieu n’oublie jamais et ne revient pas sur sa parole, rassurez-vous. Je suis… nous sommes au-dessus de ce genre de comportements. Général Décembre, enfin, la princesse Azala ici présente l’est effectivement à la suite de ma demande expresse.
Puis-je donc commencer ?
Le général se cala confortablement tandis qu’Onawane, accueillante, offrait un siège à la princesse. Benkana suivit l’action sans mot dire, même si un pincement de sa lèvre inférieure cachait mal une tension montante. Sterling-Price, Arlington et Junta croisèrent les bras dans l’attente de la suite. Ces deux derniers souriaient poliment.
C’était la première fois que l’Empereur-Dieu se présentait personnellement au Conseil. Certes, il avait sauvé l’Exode d’une destruction quasi certaine face à la flotte nalcoēhuale, mais les rapports secrets de Transporteur 3 décrivaient un être calculateur avide de détails, extrêmement retors et possiblement impitoyable. Avant tout, l’attention de Godheim était d’abord centrée sur ses propres plans. La protection de l’Exode, la structuration de la religion et son aide à la recherche du « Faiseur » n’avaient rien d’une œuvre désintéressée. Que recherchait-il vraiment ?
L’auditoire lui étant tout acquis, il commença :
« Cette partie de l’univers n’a plus connu de guerres depuis bien des cycles, avant même ma venue. La mémoire des Nalcoēhuals, comme celle des humains qui peuplent cette région, ne peut remonter aussi loin. Eux-mêmes ne se trouvaient alors pas ici.
Cependant, l’arrivée de l’Exode, la politique nalcoēhuale et la pression religieuse font qu’à nouveau, le spectre de la violence plane. À nouveaux dangers, je propose une solution ancienne : un groupe neutre, vous, et un intermédiaire issu de ses rangs, votre ambassadeur. Il serait le lien entre nos trois civilisations.
Dans ce but, j’ai approché la princesse Azala dont la notoriété, en matière de négociation et d’empathie, a traversé la Passe de Magellone jusqu’ici. Le projet l’intéresse, mais je pense plus judicieux de la laisser s’exprimer elle-même. »
Les yeux d’Azala parcoururent l’auditoire pour se focaliser sur Sterling-Price, consciente de trouver en lui un interlocuteur parlant le même langage. Seule Benkana, et peut-être Onawane, nota l’éclair de colère qui traversa son regard quand elle croisa celui de son ancienne compagne.
« Membre du conseil de l’Exode, je pense que le plus gros problème, lorsque des ensembles se font face, c’est l’incompréhension mutuelle. Tous, ici, nous sommes confrontés, à un moment ou à un autre, à ces temps où un mot malvenu peut déclencher une catastrophe. Un sage nommé Sun Tzu disait que « la meilleure politique guerrière est de prendre un état intact, la pire consiste à attaquer les cités ». Je choisis de déformer ses propos de soldat pour n’en retenir que l’essentiel : une victoire n’est pas forcément le fait du sang, mais souvent… toujours, celui de la paix et de l’entente.
Elle prit une inspiration, puis poursuivit.
« À ce titre, j’ai eu la chance — ou la malchance, c’est selon — d’avoir été éduquée dès ma naissance à ce genre de pratique. J’ai été formée à l’art de la diplomatie, initiée à la connaissance d’autres cultures que la mienne et, enfin, instruite aux rouages complexes de la politique et de ses mécanismes souvent tortueux. »
Se sentant sans doute visé par la dernière affirmation de la princesse, Vernek intervint brusquement :
Madame Azala, je doute que vous ayez été préparée à la civilisation nalcoēhuale. Ces êtres ne sont même pas des… humains !
Certes, monsieur Junta, nos différences sont grandes. Mais l’Empereur-Dieu m’a ouvert ses dossiers sur les habitants du Cercle de Khabit et… souvenez-vous, monsieur le politicien, combien l’ancienne noblesse allait jusqu’à réfuter la même appartenance de genre à leurs serfs de MaterOne !
Une navette de transport de Ragnvald passa à quelque distance du seul hublot de la pièce. Un instant fugace, ses feux de position et ses réacteurs éclairèrent la scène d’une lumière crue, avant de descendre vers la base du transporteur et son spatioport flambant neuf.
Personne ne trouva à redire à cette dernière affirmation, tous ayant en tête, là encore, de nombreux exemples de comportements indécents sous le régime royal.
Madame Azala, formula Maeve en stratège consciencieuse, une fois là-bas, nous serons bien en peine de vous porter assistance si cela devenait nécessaire. J’espère que vous vous en rendez compte ?
Oui, je le sais.
L’empire de Ragnvald fournira tous les moyens de communication et quelques systèmes de protection dernier cri à l’ambassadeur de l’Exode, cela va sans dire, intervint Gandhi, déroulant son plan murement réfléchi. De plus, nos corvettes peuvent rejoindre le cœur de la république nalcoēhuale en très peu de temps.
Combien par exemple ? demanda le général Décembre.
L’autre se tut, se contentant d’inviter Arlington à répondre.
« C’est évoqué dans la partie secondaire de mon rapport, général. Nous pourrons en discuter prochainement, si vous le désirez. D’ici là, je propose de passer au choix du conseil. Chère princesse, je vote pour votre dévouement et je prierai… ce que je pourrais, pour votre succès. Qui est avec moi ? »
Benkana préféra s’abstenir, ne pouvant précipiter Azala dans une mission ressemblant à un piège fatal. Onawane et tous les autres votèrent pour, validant le projet. Junta proposa même une seconde réunion en petit comité pour le lendemain : l’existence d’un ambassadeur de l’Exode allait demander l’appréciation des grandes lignes d’une politique extérieure. Il ajouta à l’intention de l’Empereur-Dieu :
Et d’ailleurs, qui sera son interlocuteur, là-bas ? Nous le savons ?
Une parlementaire, elle ne nomme Ci’chi, répondit celui-ci. C’est avec elle que nous avons rendez-vous demain à la périphérie de la zone. Il est prévu que son croiseur, dépêché spécialement par le parlement nalcoēhual, prenne en charge la princesse.
Sterling-Price et Onawane échangèrent un regard entendu : les rapports ne mentaient pas, Godheim n’abandonnait rien au hasard. Les choix de l’Exode étaient visiblement déjà prévus avant même que le Conseil ne prenne connaissance du problème.
Cela ne manquait pas d’inquiéter tout le monde autour de la table, même lorsque l’avatar et la princesse prirent congé de l’auguste audience, les laissant poursuivre leur réunion.


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RedU T1 Ch24 Ep07

Wed, 08 Nov 2017 00:56:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 07 "Faiseur démasqué"

La lieutenante-colonelle Onawane suivit le geste du Colonel Sterling-Price. Il signalait au garde de faire entrer le sujet de cette commission d’enquête du Conseil des commandants : un dénommé « Fabio Ouli ».
D’après les dossiers, ce jeune homme avait usurpé un grade de militaire, mais surtout serait bien informé de cette histoire surréaliste de puissances divines dominant l’univers. Si le Colonel Arlington n’avait pas été aussi pressant et si l’existence même de Ragnvald et de son Empereur-Dieu ne posait pas plus de questions qu’il n’apportait de réponses, elle aurait personnellement fait enfermer tout ce beau monde pour démence.
Compte tenu du ressenti de la commandante Benkana envers Adénor Kerichi et Phil Goud, il n’avait pas été jugé opportun de l’inviter à cette réunion. D’ailleurs, elle ne l’avait pas spécialement mal pris lorsque Onawane lui avait suggéré de se tenir à l’écart. Aurora se trouvait alors allongée sur le lit, les jambes pendantes de chaque côté de la tête de Maeve, cuvant plusieurs orgasmes simultanés l’ayant poussée à hurler sa jouissance.
Elle reprenait lentement son souffle et en profita pour clore le sujet à peine entamé de manière directe, comme à son habitude.
« Rien à faire de cet Ouli. Tout ce qui touche à Akowa de près ou de loin ne me concerne plus. Tu t’en sortiras mieux toute seule, d’ici là… »
Elle se retourna lascivement et se cambra dans une pose hautement suggestive.
« Recommence comme ça et plus longtemps… s’il te plait. »
Réponse on ne peut plus claire, donc. Aurora Benkana était une femme qui n’avait jamais supporté l’idée qu’un homme puisse l’honorer. Non pas que les occasions eussent manqué, mais elle refusait de subir de nouveau le viol dont elle avait été la victime alors enfant. Ce traumatisme ne s’effacerait jamais et elle considérait, encore maintenant, les hommes comme de méprisables frustrés. L’amour de son père n’avait pu endiguer ce sentiment inscrit à jamais au fer rouge.
« Vous lisez facilement les pensées, lieutenante-colonelle Maeve Onawane, c’est un talent rare. »
Maeve bondit sur sa chaise. Face à la table, un jeune homme blond un peu dégingandé l’observait.
Ne vous inquiétez pas. Vous êtes ce que l’on nomme « un Mental sauvage », quelqu’un ayant reçu le pouvoir mais n’ayant pas été repéré par le maillage des Forces mentales.
Vous… J’ai déjà croisé des Mentaux, jamais aucun ne s’est amusé à me faire la morale, Fabio Ouli !
Votre pouvoir est latent, utilisé surtout de manière inconsciente. Disons que vous avez pu leur échapper.
Sterling-Price prit la parole, d’un ton étonnamment sévère :
Monsieur Ouli ! J’ignorais que vous vous trouviez sur l’Exode ! Pourquoi, à chaque fois qu’un Mental de Poféus apparait, faut-il que les choses dérapent ou deviennent bizarres ?
Que voulez-vous, Colonel, c’est notre nature. Les choses ont bien changé dans l’Ouest tropicalien depuis votre passage, que ce soit chez les rebelles ou dans mes services. Par exemple, maintenant, je ne suis aux ordres de personne.
Sterling-Price feuilleta un épais dossier posé sur sa table. Onawane ne put s’empêcher de demander discrètement à son voisin :
Vous vous connaissez ?
Oui, Colonelle. Nous avons déjà eu maille à partir durant les débuts de l’insurrection. Notre ami ici présent était alors un Mental de très haut niveau totalement dévoué au Contramiral Poféus. Inutile de préciser que son rôle d’alors demeure bien trouble.
Autre chose, parlez à voix haute, ce n’est pas pour Monsieur Ouli qui connait nos questions avant que nous les posions, mais pour les enregistreurs.
Puis, il ajouta :
Même vous, vous ne pouvez pas communiquer avec MaterOne. Si vous aviez reçu un ordre d’une mission suicide, ce n’était pas les occasions qui vous auraient manqué. J’en conclus donc que vous êtes désormais un renégat, jeune homme.
En quelque sorte, Monsieur Price, en quelque sorte.
Ce sera Colonel Sterling-Price pour vous. Que vous ayez utilisé vos pouvoirs pour usurper une identité militaire est déjà un crime en soi, n’aggravez pas cela par un manque de respect.
La lieutenante-colonelle Onawane et moi-même sommes ici pour entendre vos explications sur cette histoire bien étrange d’entité supra dimensionnelle. Le… « Faiseur », c’est cela ? Et vous seriez le « Passeur » ? C’est bien pratique d’être à la fois celui qui crée l’histoire et celui qui la rapporte, n’est-ce pas ?
Dans la tête d’Onawane, la conversation se poursuivait également.
Voulez-vous que je vous enseigne l’art mental ? En théorie, vous avez passé l’âge, mais dans notre cas précis je peux faire une exception. De plus, je n’ai encore jamais formé qui que ce soit, ce serait une aventure intéressante.
Pourquoi moi ? Je n’ai pas besoin de plus de capacités et elles m’ont posé plus de problèmes qu’apporté de l’aide.
Parce que vous ne saviez pas vous en servir, rétorqua Fabio. Votre « Pepeto » n’aurait jamais pu aller si loin dans la trahison si cela avait été le cas.
Comment savez-vous pour… ?
Question stupide envers un Mental, bien évidemment.
La conversation avec Sterling-Price reprit en parallèle. Fabio n’hésita pas à donner de nombreuses informations, répondant calmement et posément à chaque question. Face à tant de bonne volonté et de précision de son interlocuteur, Price fut pris d’un doute : le Mental ne les menait-il pas sur de fausses pistes ? Les Forces mentales étaient habituées à ce genre d’entourloupes. Le vieux colonel s’en ouvrit :
Fabio Ouli… vous avez réponse à tout et elles semblent s’emboiter en toute logique. Mais comprenez bien que cette commission ne peut baser son rapport sur un unique témoignage tel que le vôtre. Vous dites que l’Empereur-Dieu et l’empire de Ragnvald sont mêlés à cela, que la religion dite de « la Sainte Trinité » est une conséquence involontaire de l’existence de ce « Faiseur », qu’il est parmi nous pour permettre à l’univers de « tourner sa roue » et que ce serait le capitaine Auguste Magellone qui vous l’aurait montré au travers d’un cirque démoniaque dans une autre dimension.
Sommes-nous bien d’accord qu’il nous faudra des preuves ? À commencer par ces fameux « Titans ». Si j’ai bien noté, ils seraient à l’origine de la royauté de MaterOne, rien que cela ?
Et on peut en dire autant de la Révolution Castiks, oui. Tout n’est pas exactement imbriqué comme vous venez de le présenter, mais les grandes lignes sont là. Nous devons trouver le Faiseur, il est ici, avec nous, quelque part autour de Phil Goud. Ce peut être un voisin, une connaissance, une personne d’apparence anodine, un…
Soudain, Fabio écarquilla les yeux. Il fit volteface sur son pupitre et Onawane sentit clairement une onde psychique émise par l’esprit du jeune homme pulser au travers du vaisseau.
Sterling-Price se demanda bien ce qui pouvait encore manquer à cet imbroglio :
Monsieur Ouli, vous disiez ?
Il est en train d’utiliser ses pouvoirs pour… trouver quelqu’un, répondit Maeve à la place de Fabio. Je pense qu’il a une idée.
Une idée ? Une idée de l’identité du Faiseur ?
Pour seule réponse, une voix résonna dans leur tête et elle allait changer le destin de l’Exode :
« Je l’ai trouvé. »


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RedU T1 Ch24 Ep06

Wed, 01 Nov 2017 12:43:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 06 "Enjeu Mental"

La navette de Stuffy se préparait à l’accostage de l’un des deux nouveaux venus ayant rejoint la flotte. En complément de celui de la station « Piñata el grande », les appareils immatriculés huit-cent-quatre-vingt-onze et neuf-cent-soixante-dix provenaient de la Nébuleuse de Talbot.
L’agent mental, officieux second du professeur QuartMac, ne put réprimer une expression amusée : depuis qu’un de ses clones se trouvait à la tête des toutes-puissantes Triades, la région était vite revenue au calme. Cette organisation représentait le fer de lance de la culture souriante assise sur le Lithium inépuisable de leur nébuleuse. Les caisses de l’État allaient à nouveau se remplir et la communauté ne conspirerait plus en douce contre le pouvoir en place, permettant ainsi une nouvelle répartition des forces.
Le sas se déverrouilla sur un court corridor. Les articulations de ses jambes protestèrent au changement de température, ramenant Stuffy-Quartmac à la dure réalité. La durée de vie de ces corps artificiels ne satisfaisait guère et quelques mois avaient suffi pour que celui-ci entame sa phase de dégénérescence. L’urgence avait obligé l’esprit de Stuffy à se dupliquer dans des enveloppes immatures : bien que cela lui eût permis de défaire Monsieur Heir, la longévité s'en trouvait considérablement réduite. Un clone de Stuffy, l’original, attendait dans le laboratoire de QuartMac. D’ici quelques semaines, il serait enfin apte à recevoir son esprit et, cette fois, plusieurs dizaines d’années seraient disponibles sans discontinuité.
D’ici là, il devrait souffrir.
Le responsable du vaisseau l’attendait à l’extrémité du corridor et se raidit dans un garde-à-vous dès l’apparition de Stuffy. Sa tenue, aux armoiries des Forces mentales, luisait de propreté. Ce modèle en cuir noir avait été conçu spécialement pour cette nouvelle « branche spatiale ». Un peu trop menaçante au gout de Stuffy, mais ce n’était pas lui qui décidait.
L’officier, un jeune Barbane roux à la mâchoire carrée, se présenta :
Je suis le capitaine Viggi, bienvenue sur le « Poisson doré », professeur QuartMac !
Repos, capitaine, enchaina Stuffy en lui serrant la main. Je ne suis pas QuartMac, je suis l’agent Stuff MacDone et je représente le professeur pour l’inspection de votre appareil.
L’autre sursauta comme s’il venait d’apprendre la venue du contramiral Poféus en personne.
Le… l’agent Stuffy ? Vous… Monsieur, c’est un honneur de vous rencontrer.
Et il lui serra à nouveau la main, plus longuement.
Merci, Viggi. Vous n’avez donc pas croisé un Stuffy du côté de Talbot ? questionna Stuffy-Quartmac, intrigué.
Non, Monsieur. Nos relations furent très ténues et nous n’avons jamais reçu sa visite, juste quelques instructions par messages cryptés. De toute façon, nous avons surtout assuré le soutien des autorités militaires en place.
Sans doute préférait-il la discrétion ? Après tout, les yeux et les oreilles des Souriants sont toujours ouverts. Alors, si on faisait le tour de ce bel engin ? Donc vous dirigez deux appareils ? C’est anticipé vu votre âge, comment est-ce que…
Stuffy connaissait bien évidemment la réponse, le dossier de Viggi lui ayant été communiqué la veille. Un surdoué, tout simplement, avec des résultats exceptionnels… Mental et surdoué, ce garçon aux boucliers psychiques sans faille collectionnait les raretés !
Devant le responsable des Compresseurs dimensionnels, le numéro deux de la flotte mentale fit semblant de comprendre les explications techniques ; la réalité était que certains postes avaient été délégués à des civils compte tenu de leur complexité. Pourtant, l’électronique embarquée était contrôlée par une IA de dernière génération, libérant les tâches de dizaines et de dizaines de marins. Quatorze Mentaux bien formés suffisaient à faire fonctionner un monstre celui-ci, c’était très impressionnant quand on le comparait au précédent. Lorsqu’un de ces nouveaux croiseurs s’était approché du « Le Liberté », puissant vaisseau amiral de la flotte régulière alors en orbite autour de MaterOne, une réprimande officielle de l’amiral en chef avait été expédiée à Ralato. Les militaires goutaient peu que des engins de cette taille échappent à leur contrôle.
Il n’empêche, mille et onze appareils ultrasophistiqués employaient plus de treize-mille Mentaux. Un tiers des effectifs étaient donc placés sous la direction de QuartMac pour partir dans une aventure colonisatrice d’un univers inconnu. Le vieux professeur, sommité reconnue de tous ici, représentait l’autorité du contramiral et la rumeur disait qu’il avait son oreille, même si Stuffy doutait que le Poféus de ses souvenirs, courant et hurlant dans le vide, puisse écouter qui que ce soit. Il avait pourtant bien ordonné d’anéantir prioritairement l’Exode et le professeur QuartMac comptait exécuter cet ordre. Si Poféus avait voulu affaiblir ses anciens services, il ne s’y serait pas pris autrement, le foulard rouge de l’Exode n’étant qu’une excuse.
De retour à sa navette, Stuffy signa un rapport très positif sur Viggi et son peloton. La dernière phrase du jeune capitaine, transmise mentalement, le satisfaisait au plus haut point :
« En toute situation, monsieur, les Mentaux doivent fidélité à leur hiérarchie… sauf en cas de conflit interne : dans ce cas, le Code mental prend le relai.
Bon retour, Monsieur, et merci encore de votre inspection. »
C’était un soutien de plus sur lequel Stuffy pourrait compter en cas de problème majeur avec QuartMac. Le « Code mental » : les Mentaux ne reconnaissent en tout lieu que d’autres Mentaux. Il s’agissait du reliquat d’un passé éloigné, avant la mise au pas de ces mercenaires sauvages par la nouvelle royauté et la création de la prestigieuse université mentale. L’institutionnalisation de ce système préluda au fondement des toutes-puissantes « Forces mentales ».
Stuffy, qui n’avait reçu aucune instruction particulière de Ralato, reconnaissait un message implicite de son ami avec qui il avait partagé les pensées. En effet, jamais le ministre ne l’aurait choisi, lui, s’il avait voulu que cette mission arrive à son terme. Pas un homme épris de justice et de liberté comme l’était Stuffy.

La navette de l’agent slaloma entre quelques appareils géants de l’immense flotte, face à la Passe de Magellone. Il fallait faire vite, le compte à rebours de l’entrée en Transition touchait à sa fin.


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RedU T1 Ch24 Ep05

Tue, 24 Oct 2017 23:15:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 05 "Pepapaltec"

Ceinture de Pepapaltec au centre du Cercle de Khabit.
Astéroïde principal.

Le petit transport se posa en douceur sur l’aire d’atterrissage extérieure. La météoritique était claire, avec de rares et minuscules aérolites solitaires que les boucliers standards parvenaient aisément à repousser. Les pistes découvertes, bon marché, brillaient donc d’une couleur verte. Par un sas de côté, deux scaphandres descendirent sur le tarmac poussiéreux et suivirent, à grands bonds, le chemin lumineux jusqu’à l’entrée centrale de la zone des voyageurs. Un système de portes coulissantes pivota sur lui-même, concomitant à la mise sous pression, et ils pénétrèrent dans l’astroport.
Au vestiaire, Artoc déverrouilla le casque de sa tenue, aidant le Huitlalcoh qui l’accompagnait à faire de même. Il compressa les combinaisons dans un petit conteneur qu’il suspendit sur son dos et les deux nouveaux venus se dirigèrent vers le contrôle des arrivées.
Peu d’affluence en ce début de cycle quotidien : les énormes cargos transportant passagers et fret n’accosteraient que dans quelque temps. Les trente-deux heures standards étaient parfaitement respectées sur Pepapaltec, l’une des quatre plus importantes sociétés nalcoēhuales, et sa puissante économie imposait ses règles à toute cette région de Khabit. Hauts fonctionnaires, hommes d’affaires, personnages politiques... Beaucoup de membres éminents de cette civilisation venaient d’ici. Pas étonnant qu’une sécurité stricte soit appliquée aux entrées des astroports, d’autant qu’un fond d’entre-soi régnait parmi les habitants de la région. En résumé, on n’aimait pas les étrangers, Artoc et son compagnon huitlalcoh répondaient parfaitement à cette définition.
On emmena le Nalcoēhual adulte dans une salle séparée pour un contrôle des documents officiels et une fouille au corps, tandis que son jeune compagnon était dirigé dans une autre pièce. Les boucliers psychiques étaient bien entendu levés, cela tenait à la fois de la politesse et de la vie privée dans cette civilisation, et seule une requête d’un juge pouvait contraindre un citoyen à les abaisser. D’après ses documents, Artoc représentait une petite société de sécurité située loin de Pepapaltec qui tentait de se faire une place sur le marché. Sa musculature et ses cicatrices ne pouvaient que corroborer son passé d’ancien militaire, parfaitement exact celui-là.
Vous avez servi dans quelle armée ? interrogea l’officier.
Commando dans les forces spéciales sur Chilico, répondit froidement Artoc.
Chilico ? Lors de la sédition de…
Oui.
La République nalcoēhuale n’a pas toujours connu que des périodes calmes et unies et Chilico a été, et reste encore maintenant dans une certaine mesure, un lieu de trouble.
Impressionné, l’officier salua Artoc et un de ses assistants le conduisit respectueusement dans une salle d’attente, proche du contrôle huitlalcoh.
Ces êtres chrysalides et hermaphrodites représentaient des Nalcoēhuals matures en devenir. Leur forme de grosse chenille un peu ratatinée, aux yeux brillants, ne leur permettait pas une mobilité élevée, mais leur intelligence, elle, était déjà bien formée. Cela faisait partie du cycle de vie d’un Nalcoēhual : la chrysalide Huitlalcoh (techniquement, le troisième stade de la vie) possédait un cortex et une structure osseuse interne, et externe, suffisamment développée pour avoir une activité utile. Leur petite taille et leurs multiples appendices ventraux sous forme de pinces, en place de mains, représentaient une partie de leurs limitations physiologique. Les adultes, eux, étaient les seuls à pouvoir se reproduire et profiter des pouvoirs mentaux. On intégrait donc les Huitlalcohs à la société au travers de leurs compétences et études diverses. Ils s’étaient, par ailleurs, progressivement regroupés en une caste, pour faire valoir leurs droits, celle-ci représentait maintenant une puissante force politique assez conservatrice.
La porte de la seconde salle d’interrogatoire s’ouvrit et le compagnon d’Artoc en sortit, accompagné par un Huitlalcoh de la sécurité. Apparemment, le mot était passé, car le policier salua Artoc de ses quatre petites mains griffues avant de s’éloigner.
Quelques minutes plus tard, le duo emprunta un transport automatique en commun, pratiquement vide. Manque de chance, le seul passager dans l’habitacle les aborda. Ce Nalcoēhual aux antennes ébouriffées et à l’odeur prenante ne semblait pas tenir la meilleure forme. Visiblement, il ne vivait pas dans l’opulence.
S’cusez-moi. Désolé d’vous déranger, mais j’suis persuadé qu’on s’est déjà vus quelqu’part. Z’êtes pas de Pepapaltec ?
Non, nous sommes en voyage d’affaires. On ne se connait pas, répondit Artoc, sèchement.
Ha si, mon gars… C’était pas l’armée ? Attend… si, si…
Monsieur, veuillez retourner à votre place, intervint le Huitlalcoh. Ce transport est vide à part nous, vous ne manquerez pas d’espace, ajouta-t-il en lançant un regard à Artoc.
Celui-ci reçut le message. Tout en faisant semblant d’accrocher à la discussion, il entraina le curieux de l’autre côté du wagon, à côté de la sortie aux battants fermés. Il lui répondit un ton plus bas :
En fait, oui, j’ai servi sur Chilico, il y a quelques années. Tu n’y aurais pas été aussi ?
C’est ça ! C’est forcément là-bas qu’on s’est connus, j’étais pilote dans les transports spéciaux, si t’vois ce que j’veux dire ?
Bien entendu. Tu étais sous les ordres du capitaine Zeko, n’est-ce pas ?
T’as connu Zeko ? réagit l’autre, surpris. Il débordait de joie. C’était le meilleur capitaine que j’ai jamais eu ! Il m’avait donné ma chance et je ne l’ai jamais déçu, jamais ! Quand j’ai été démobilisé, c’est là que… enfin voilà quoi, pas trop de sous, l’alcool. Tu veux pas qu’on en discute ? Allez, offre-moi un verre dans un bar et on se racontera nos souvenirs, ça me fera du bien en ce moment.
Le Huitlalcoh, de l’autre côté de l’allée centrale, s’approcha d’une petite trappe sur laquelle clignotaient quelques voyants. Il posa discrètement sa main dessus, dos tourné pour cacher son activité. L’inconnu le suivit du regard, un soupçon traversant ses iris dorés, puis il reprit la conversation avec Artoc.
« … et t’as des nouvelles de Zeko, parce que… hey, on n’s’est pas arrêté à cette station ? Il y avait pourtant du monde en attente. Le système automatique fait encore des siennes ? »
L’engin accéléra, s’engouffrant dans le tunnel creusé dans la roche. La paroi défilait à vive allure derrière la porte, fort heureusement close. Artoc présenta ce qu’il connaissait comme plus beau sourire :
Tu sais ce que j’ai préféré chez Zeko ? demanda-t-il simplement en posant sa main sur l’épaule de son vis-à-vis.
Vas-y !
C’est qu’il n’a jamais existé et donc tu n’es qu’un flic venu ici pour nous tirer les vers du nez.
Les battants de la porte s’ouvrirent soudain et avant que l’inconnu n’ait réagi, Artoc le projeta hors de l’habitacle. En moins d’une seconde, le Nalcoēhual fut déchiqueté par la violence des multiples impacts, son corps laminé par les rebonds sans fin entre la roche et le transport en accélération. Les battants se replièrent et l’engin décéléra pour retrouver une vitesse de croisière normale…
Dès la sortie du tunnel, il s’arrêta naturellement à la station suivante et le duo en descendit, s’éloignant autant que possible avant que les traces de sang bleu soient découvertes à l’extérieur. Artoc s’en émut.
Sire, nous devrons redoubler de prudence : la présence de ce policier n’était pas normale. Et maintenant, dès qu’ils trouveront le cadavre, notre portrait sera diffusé partout.
Notre mission demeure prioritaire, Artoc. Aie donc foi en notre destinée et prépare un itinéraire de fuite.
Bien, Sire.

Ils pénétraient dans un second transport en commun, lorsque l’on entendit au loin des cris retentir. Le Huitlalcoh désactiva discrètement tous les systèmes de surveillance de leur cabine, grâce à la même manipulation que précédemment.
Cela leur ferait sans doute gagner un peu de temps.


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RedU T1 Ch24 Ep04

Tue, 17 Oct 2017 23:06:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 04 "centime"

« … installez-le dans mon bureau. Je finis et je m’occupe de lui… Bonsoir à nouveau, pour cette ultime partie de votre édition spéciale ! Notre invité est toujours Monsieur Gandhi, avatar de l’Empereur-Dieu de Ragnvald. En ce moment, vous pouvez voir s’installer Monsieur Junta, le commandant de Transporteur 4, à qui on ajuste le micro… j’ignore si je dois faire les présentations.
Gandhi, voici Monsieur Junta. Monsieur Junta, voici Godheim, l’Empereur-Dieu. Une virgule publicitaire et on se retrouve pour la suite de cet échange qui s’avèrera passionnant compte tenu de nos invités d’aujourd’hui.
Ne zappez pas ! »

Monsieur Junta, nos multispectateurs sont de retour, voulez-vous commencer par cette… mystérieuse annonce ?
Merci, Ted. Tout d’abord, j’aimerais saluer ici l’avatar de l’Empereur-Dieu Godheim. Nous ne discourons pas souvent avec un être divin (ou évoqué comme tel) et, quelles que soient nos convictions, il convient de le traiter avec respect et dignité. Empereur-dieu Godheim, je vous souhaite la bienvenue à bord de l’Exode et vous remercie, à nouveau, pour l’aide irremplaçable que vous nous avez apportée, lors de notre première rencontre avec l’armée nalcoēhuale.
Vous tous avez su prouver votre valeur à mes yeux. C’est là le plus important, le reste est dérisoire, commandant Junta.
Vos propos honorent votre statut, Empereur-Dieu. Quelle chance que nos chemins se soient croisés dans cette partie de l’univers  !
Certes, Monsieur Junta. Pourtant, il semble que cela ne se soit pas passé sans quelques… heurts ? Un peu… surestimés, peut-être ?
Oui, Ted. Surestimés, largement. D’ailleurs je crois savoir qu’il n’existe pas ou très peu de documents attestant cela. Vos équipes se seraient-elles emballées, cette fois ? Cela arrive, nous vous pardonnerons cet écart… du moment que cela ne se reproduise pas.
B… bien sûr, Monsieur Junta ! Tout à fait, Mons…
EMPEREUR-DIEU !
Titus ? Mais vous deviez m’attendre dans… hey ! Mais ne montez pas sur le plateau, nous sommes en direct ! Titus, mais… pas à plat ventre, dites-moi que je rêve !
Vénéré Godheim, je me présente à votre regard divin dans une attitude soumise et humble. Pouvez-vous m’accorder votre bénédiction ?
Soit Titus, mon enfant. Je te l’accorde. Tu connais l’engagement à offrir en retour, je pense ? Je t’écoute.
Bien entendu, Empereur-Dieu, sage parmi les sages ! Je ne suis qu’un mendiant dans le noir, ils représentent ma richesse et ma lumière. Que l’Incomparable Trinité éclaire à jamais mon chemin et me guide vers le destin qui m’est promis.
Titus, relevez-vous nous sommes en direct ! Allez les gars, enlevez-le d’ici, vraiment ça ne le fait pas, quoi !
Ted ! Cet homme fait preuve d’une foi réelle, appliquant à la lettre les préceptes du recueil sacré nommé « le Rablerane ». Je pense que, plutôt que de le rejeter, vous devriez partager le pain de son rite, au moins pour l’exemple.
Monsieur Junta… ?
À genou et récitez la promesse, Maos’n… maintenant.
Nan, mais m’sieur, je…
Ted ?
Pfff… un genou, pas plus… je suis un… un mendiant dans l’noir, ils sont friqués et lumineux… Et l’Incomparable Trinité éclaire la route vers le super destin qui m’attend.
Ça va ?
Journaliste Maos’n, cet acte de dévotion, aussi imparfait soit-il, vous honore. Titus, mon enfant, accordez-lui un centime en mon nom.
Empereur-dieu, c’est un honneur que d’être votre main. Je m’empresse d’agir selon vos désirs ! Tiens, Ted…
Aïe ! Mais Titus, ça ne va pas ? Tu m’as tiré l’oreille, espèce de crétin !
Mais mon Ted, c’est la beauté de la chose. Tu viens d’avoir un centime du grand Godheim, c’est une promesse pour le paradis ! Moi-même, je n’en ai reçu que trois.
Ouais, ben tu aurais pu me prévenir. Bon, si tout le monde en a fini, on passe une pub et on reprend le fil de l’émission, okay ? Enfin… si Messieurs Junta et Gandhi le veulent bien, évidemment.
Qu’il en soit ainsi, journaliste Maos’n.
Pareil pour moi, Ted. La régie ? Envoyez la publicité.

… et tu n’en bouges plus ! Regarde-moi quand j’te cause, mon gars, okay ? Allez zou ! Bon. Retour dans le journal. Monsieur Junta, nous vous écoutons.
Merci, Ted. Empereur-dieu, vous connaissez certainement mieux que nous la nature de l’Homme. Quelle que soit l’antériorité de leur croyance, ou la passion d’un adepte comme notre ami Titus par exemple, ceux que je nomme les « anciens » (ici, entendez « de Ragnvald ») pourraient rencontrer quelques difficultés à côtoyer les adorateurs de Phil et Adénor, hors de Transporteur 3. Le Rablerane mettra un peu de temps à se diffuser, car nous ne sommes que de simples humains, n’est-ce pas ?
Certes, Monsieur Junta, nos ouailles feront face à une période d’adaptation. Poursuivez, je vous prie…
Je connais particulièrement bien les us et coutumes des exodés de Transporteur 4 et je sais leur tolérance et leur acceptation d’autrui. Sans amoindrir l’accueil qu’ils pourraient recevoir ailleurs dans l’Exode, je peux certifier que tous les arrivants de Ragnvald trouveront, dignement et équitablement, l’hospitalité à notre bord. Plus encore, je leur garantis le gite et le couvert autant de temps que nécessaire, ainsi que des lieux dédiés uniquement à la pratique de leur religion.
Pour ce faire, j’invite officiellement l’avatar de l’Empereur-Dieu Godheim à venir visiter nos locaux et nous assister pour améliorer la qualité du service offert à nos nouveaux venus. Idéalement, s’il désire bénir qui ou quoi que ce soit, nous en serions honorés.
C’est un geste d’une grande humanité, Monsieur Junta. Cependant, l’Incomparable Trinité est multiple et, plus important, elle est un. Ce qui signifie qu’il n’existe pas de place pour les adorations exclusives. Les regroupements sur ce genre de base ne trouvent pas grâce à nos yeux.
Bien entendu, Votre Grandeur. Je parle d’une période d’intégration, dont la durée est, comme tout ce qui touche à l’humain, variable à plus d’un titre. Mon, que dis-je, notre objectif sera d’obtenir une homogénéité aussi parfaite que possible dans la société de Transporteur 4 et nous comptions, humblement, sur votre personne pour nous assister dans cet objectif.
Pensez-vous au moins venir pour que nous en discutions sur place ?

Empereur-Dieu Godheim, cette proposition de Monsieur Junta me semble tout à fait honorable. Nos multispectateurs sont certainement curieux de connaitre votre réponse ? Pourriez-vous la partager avec nous, sur ce plateau ?
Je me rendrai à votre transporteur, Monsieur Junta, et nous étudierons la question ensemble.
Votre Grandeur, nous n’en attendions pas plus. Merci, par avance, pour le bien que vous nous apporterez. Ted ? Le mot de la fin, peut-être ?
Heuuuu… oui. Donc, merci à tous deux d’être venus ce soir et je présente mes excuses à nos multispectateurs pour les… nous dirons « imprévus » qui ont parsemé cette émission. Gandhi, nous espérons vous revoir bientôt sur ce plateau !
Très certainement, journaliste Maos’n, ne serait-ce que pour honorer la mémoire de votre aïeul. Que votre vie soit aussi longue et prospère que la sienne et à bientôt pour votre pèlerinage sur Transporteur 3.
M… merci… énormément. Monsieur Junta, même remarque : vous êtes ici chez vous, soyez toujours le bienvenu.
Je l’espère bien, Ted, soyez-en sûr.
Sur ces quelques paroles de nos invités, nous clôturons donc ce journal d’information. Juste après cette virgule, vous retrouverez Képri Apriolli dans une nouvelle aventure de « Panique violente », la série produite par Ex-One Média. Bonne soirée et rendez-vous lors de notre prochaine édition.
C’était Ted Maos’n, en direct d’Ex-One Média !


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RedU T1 Ch24 Ep03

Tue, 10 Oct 2017 23:40:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 03 "micro-trottoir"

« … comment ça on ne les trouve pas, mais cherchez, merde ! Quoi, l’antenne… eeeeeeet retour dans votre édition spéciale ! Notre invité, sa grandeur Gandhi, avatar de l’Empereur-Dieu de Ragnvald.
Donc… nous sommes en train de réunir les documents demandés et de contacter les… témoins, ce qui prend un peu de temps. En attendant, je vous propose de diffuser tout de suite le reportage de Jack Blast sur l’intégration dans l’Exode de toutes ces… cette religion. Nous nous retrouvons juste après. »

« Sur Transporteur 7, celui d’où sont originaires — maintenant des divinités — Phil et Adénor, la nouvelle croyance divise, c’est le moins que l’on puisse dire. Nous avons enregistré ce micro-trottoir en matinée, je vous laisse découvrir. »

Bonjour, Monsieur. Nous réalisons un sondage sur l’arrivée de « l’Incomparable Trinité ». Avez-vous une opinion sur ce sujet ? Peut-être pratiquez-vous, vous-même ?
Je me tiens éloigné de tous ces genres de choses. C’est mauvais pour le bizness, toujours. Après… ça peut aussi ouvrir de nouveaux marchés peut-être. À suivre, donc. Je dois y aller, excusez-moi…

Bonjour, Monsieur. Que pensez-vous des Octotes et des adeptes de la religion de Phil et Adénor ?
On n’a pas b’soin d’ça chez nous. Moi j’vous dis qu’la commandante, elle y mettra bon ordre. Elle a éjecté les deux loulous « manu militari », c’est pas trois ch’tarbés qui les f’ront revenir en douce !
Heu… il s’agit, pour notre transporteur, de plus de quarante-mille personnes, d’après la répartition officielle diffusée par le Conseil des Commandants.
QUOI ? C’est du foutage d’gueule tout ça ! On va pas s’laisser faire !
Vous envisagez quelque chose ?
Poussez-vous l’journaleux. Ha non ! quarante-mille, et puis quoi encore, ça va mal s’passer !

Madame, excusez-moi. La nouvelle religion autour de l’Empereur-Dieu, Phil et Adénor, avez-vous une opinion sur ce sujet ?
Bien sûr, monsieur. Je suis moi-même adhérente à la salle de culte qui a ouvert près du gros conteneur jaune. L’arrivée de Transporteur 3 fut un miracle qui prouva, une fois de plus, combien nous étions dans le vrai.
Donc, pour vous, le mélange théologique avec l’Empereur-Dieu n’est pas un problème ?
Non… un peu bizarre au début, mais le Rablerane a répondu à tous nos questionnements. Je considère ma foi comme plus vivace maintenant et nous nous sentons réellement moins seuls.

« À la suite à cette rencontre, la jeune femme nous a obtenu un rendez-vous, le lendemain, avec la « maitresse », c’est le nom qu’on lui donne, qui célèbre l’office pour cette communauté. L’interview s’est révélée très instructive, je vous laisse vous faire votre opinion. »

Bonjour, Maitresse, je suis… heu… navré de ne savoir exactement comment vous nommer.
Ha, ha, ha ! Ne vous inquiétez pas. C’est bel et bien ma dénomination. Pouvez-vous m’accompagner ? C’est l’heure de ma tournée du quartier.
Absolument. Peut-être puis-je décrire votre vêtement ? Il s’agit d’une unique robe ample, elle vous couvre de haut en bas, c’est du nylon ?
Pas exactement… Attention, je ferme la porte. Un fil de tungstène et d’acier recouvert de nylon et utilisé par les tisserands. Il s’agit de la tenue règlementaire qui est produite en grosses quantités sur Transporteur 3. C’est l’Empereur-Dieu lui-même, loué soit-il, qui a fourni les machines et la technologie. Léger, isolant et confortable, je dois vous avouer la préférer à mes vêtements « civils », même quand je suis en repos. Bonjour, Madame Violette, comment va le bébé ? Une première dent ? Montrez voir !
Je crois savoir que vous étiez Octote. Peut-on parler de « reconversion » ?
Certainement pas ! Lorsque nous avons compris que Phil et Adénor représentaient la réincarnation de Mah’di, certains avaient ressorti un ancien recueil de légendes annonçant qu’un ultime miracle accomplirait la transformation finale, pour que le prophète devienne Dieu. Ce fut l’ascension, avec l’Empereur-Dieu et leur pseudomort dans la Passe de Magellone.
Avez-vous officié avec de nouvelles personnes venues de Transporteur 3 ? Comment les trouvez-vous ?
Pacquelina et Bangoret, arrêtez de jouer avec n’importe quoi, hey ? Attendez, j’appelle votre mère ! Vous permettez ? Excusez-moi, je reviens…
(…)
Voilà. La tournée de ma zone de caissons est souvent ponctuée de ces petits évènements. Mes ouailles ont besoin qu’on les conduise à bon port et Saint Phil sait guider mes pas.
Donc, pour les nouveaux arrivants, que je considère plutôt comme des élus (pour avoir suivi Mah’di et assisté à sa transformation), ils sont très épris de croyance. Parfois, un peu rudes, mais notre socle commun nous permet de toujours terminer sur un accord..
Et les anciens adorateurs de l’Empereur-Dieu ? J’entends par là, ceux de Ragnvald.
Intégration plus rugueuse, je dirais… Bien sûr, Monsieur, ce sera demain matin à dix heures précises. Nous pourrons même ajouter une prière de réconfort pour elle. Sainte Adénor est connue pour aider à la guérison. Bon courage à vous dans ce moment difficile…
Nous disions ? Ha oui, les anciens Rangvaliens… C’est surtout l’absence de Godheim, dans les systèmes du vaisseau, qui perturbe leur foi. Il leur faut échanger une présence, immédiate et permanente, contre une autre, plus diffuse et surtout plus complexe.
Hé, que voulez-vous ? Si les religions étaient faites pour se simplifier la vie, on choisirait un dieu unique. Mais non, l’Incomparable Trinité est multiple et interagit de manière subtile avec nous. Excusez mon éloquence, je pourrais parler des heures, vous savez ?

« Pour conclure, et je partage ici une impression plus personnelle, cet afflux d’une croyance plus… prononcée, va certainement modifier le mélange culturel de l’Exode hérité de MaterOne et de la révolution Castiks. Nous avons entendu dans le micro-trottoir des réactions, somme toute, prévisibles mais très diverses, sinon opposées. Est-ce que cela débouchera sur une scission, une fusion ou une richesse supplémentaire ?
Seul l’avenir nous le dira.
C’était Jack Blast sur Transporteur 7, pour Ex-One Média. »

… oui… oui, Monsieur Junt… oui d’acc… oui, bien sûr. Hem… Retour dans… dans votre journal du soir.
Donc, Gandhi, avez-vous une opinion sur le devenir de vos anciennes ouailles qui ont rejoint l’Exode ? Votre rôle ici est d’ailleurs de les rassurer et d’assumer votre présence en tant que part de… la « Trinité » ?
Enfin, je crois.
L’Incomparable Trinité a publié le Rablerane pour aider tous les adeptes à… je dirais comprendre la profondeur et la complexité de notre théologie. Nous savons bien que tous ne sont pas égaux devant l’acceptation de ce qu’ils pourraient, de manière erronée, penser être un « nouveau » dogme. Il s’agit bel et bien de l’évolution ultime de plusieurs croyances fondamentalement liées, mais qui s’ignoraient.
Nous, l’Incomparable Trinité, ne pouvions tout expliquer, dès l’origine, du devenir de ce chemin spirituel que nous vous dessinons. Tout simplement parce que nos voies ne peuvent être comprises par vous, humains. Mais, je peux vous l’avouer, le Rablerane est une importante étape dans la compréhension finale de toute chose qui attend l’humanité.
Sinon, Journaliste Maos’n, qu’en est-il de vos documents et témoins ? Les avez-vous retrouvés ?
Il… semble… que nous ayons, peut-être… manqué à un certain devoir de réserve et de… vérifications. Ce qui nous aura conduits à… méjuger quelque peu des évènements passés.
Donc, au nom de la rédaction et d’ExOne média, je vous… présente mes… nos… enfin bref, on est désolé !
Ma clémence est infinie, jeune Maos’n. Veillez surtout à ne plus recommencer. Je pense qu’un pèlerinage de deux semaines sur Transporteur 3 devrait racheter suffisamment vos erreurs et celle d’ExOne média.
Pardon ? Vous voulez dire que nous tous, on…
Vous et vous seul, Monsieur Maos’n. En tant que responsable, tout cela a été fait sous votre autorité, n’est-ce pas ?
Attend, là, nan, mais… ha… On me dit à l’oreillette que Monsieur Junta est arrivé. Une virgule publicitaire et on se retrouve juste après, ne zappez pas !
Bon, d’accord. Mais y a pas moyen de négocier la durée ? Nan, parce que moi, vous voyez là, j’ai quand même un job, une famille et…


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RedU T1 Ch24 Ep02

Wed, 04 Oct 2017 14:52:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 02 "Rablerane"

« Bonsoir et bienvenue sur Ex-One Média, votre chaine d’information. Je suis Ted Maos’n et nous sommes en direct de Transporteur 1 pour votre édition du soir.
Au sommaire, aujourd’hui :
Des nouvelles d’Adénor Kerichi, vénérée par ses fidèles comme la réincarnation d’une ancienne prophétesse disparue. Un reportage de notre journaliste Titus Matrane.
Du point de vue de la flotte de l’Exode, les conséquences de l’intégration de nos compatriotes provenant de Transporteur 3. Une majorité d’entre eux sont extrêmement épris de cette nouvelle religion autour de Phil et Adénor, mais également de celle de l’Empereur-Dieu de Ragnvald. Jack Blast nous en dressera un tableau objectif.
Enfin, une annonce exceptionnelle par monsieur le commandant Junta en personne qui est en chemin pour nous rejoindre.
Comme vous pouvez le constater, notre actualité tourne principalement autour du spirituel. Nous sommes donc fiers d’avoir avec nous sur ce plateau l’une des icônes de ces croyances, j’ai nommé l’avatar de l’Empereur-Dieu Godheim lui-même.
On se retrouve tout de suite, juste après une virgule publicitaire. »

Retour dans votre édition du soir. Empereur-Dieu, merci à vous d’avoir répondu à notre invitation, votre éclairage sur les évènements passés et présents sera sans aucun doute passionnant.
Le remerciement est un concept très humain dont nous usons à loisir, journaliste Maos’n. Il n’est pas rare, voyez-vous que je communique directement avec chaque Ragnvaldien de mon empire.
Vous n’êtes pourtant pas sans savoir que j’ai volontairement choisi de ne pas m’immiscer à l’intérieur des systèmes de l’Exode. Votre plateforme télévisuelle devient donc le meilleur vecteur pour promouvoir et répandre la foi.
Certes, Votre Éminence. Même si, d’après nos renseignements, vous voyagez souvent entre les transporteurs pour répandre une certaine… « bonne parole », si j’ose dire.
Hé, hé, hé. Monsieur Maos’n, la parole d’un dieu est toujours bonne. Cela dit, pour simplifier notre présente conversation, je vous propose de me nommer « Gandhi », cela vous évitera de chercher, dans votre mémoire imparfaite, toutes les dénominations possibles et fluidifiera nos échanges.
Ne croyez-vous pas ?
Je… heu… hé bien, merci pour cette courtoisie… Gandhi. Ce nom a-t-il une signification particulière pour vous ou vos fidèles ?
Il devrait en avoir pour vous, c’était un très glorieux humain qu’admirait sincèrement votre arrière arrière-grand-père sur quatre générations. J’ai pu m’entretenir avec lui, par ailleurs. Votre aïeul était un homme cultivé et assez indépendant, il pourrait vous en apprendre.
… Nouuus enchainons de suite sur le reportage de Titus Matrane au sujet d’une visite d’Adénor Kerichi à un mariage barbane qui s’est tenu sur Transporteur 3 durant la soirée d’hier.

« Adénor, Adénor, Adénoooooooor… Allez, tous ensemble ! GLOIRE À ADÉNOR !
Nous sommes donc, ici, au milieu de ce qui fut un simple mariage quand Sainte Adénor le magnifia de sa présence. La cérémonie elle-même en fut transformée, le célébrant la supplia à genoux d’officier à sa place. Malgré la posture approximative du demandeur, peu conforme aux usages inscrits dans le Rablerane, elle accepta et leva gracieusement la main pour… pour bénir le couple ! C’était… ce fut un tel moment d’émotion. Je me suis allongé sur le chemin du retour pour qu’elle nous honore de quelques mots divins à notre caméra. Le… les voici, ils sont splendides, simplement splendides.
« Monsieur Matrane ? Mais que faites-vous donc ici ? Vous devriez vous lever, ce n’est pas décent pour un journaliste tel que vous. S’il vous plait, je voudrais vraiment rejoindre la sortie… »
Magnifique ! Elle traversa alors la salle, accompagnée de toutes sortes de cris de joie et de « you-you » païens. Je dus moi-même rétablir le silence et la révérence qui seyait à ce moment. Mon propre Rablerane de poche circula pour convaincre les derniers récalcitrants. J’envisage par ailleurs qu’Ex-One Média en diffuse des extraits régulièrement afin d’inciter les fidèles à suivre ses préceptes avec exactitude et pas de… enfin pas n’importe comment.
Sainte Adénor nous quitta par le transport tubulaire, s’envolant peut-être vers Saint Phil ! Les Octotes, qui sont une des sources fiables de la théologie du Rablerane, expliquent qu’elle est une des multiples réincarnations de la compagne du prophète nommé « Mah’di - le Faiseur », qui ne serait lui-même que Saint Phil Goud ! L’Empereur-Dieu l’aurait connu et traverserait les siècles pour le soutenir comme une sorte de frère d’armes. La beauté mythologique de « l’Incomparable Trinité », comme cela s’appelle, m’émerveille toujours.

C’était Titus Matrane, depuis Transporteur 3. »

… à mon bureau dans l’heure ! Mais il est complètement jeté ou quoi, Titus ? Quelle mouche l’a piq… Et nous revoici en direct ! Donc, votre… heu… Gandhi, une opinion sur les évènements forts étranges que nous venons d'observer ?
Je n’ai rien vu qui soit particulièrement remarquable dans ce document. Un dieu bénissant personnellement un mariage ou saluant ses fidèles est un acte généreux qu’il faut louer. Et c’est un dieu qui vous le dit.
Soit. Et le Rablerane, alors ? Quel est ce livre dont Titus nous a parlé avec tant de… véhémence ? Nos équipes n’ont pas pu se procurer le moindre exemplaire, mais les réseaux sociaux en regorgent d’extraits.
Le Rablerane est un recueil sacré, écrit ou parafé de ma main et de celles de Saint Phil Goud et Sainte Adénor Kerichi. Nous y intégrons le socle de notre liturgie ainsi que les préceptes que nos fidèles doivent suivre rigoureusement pour nous prier et prouver ainsi leur amour. Si le texte en lui-même est disponible sur toutes sortes de supports, seules les versions matérielles revêtent un caractère sacré par eux-mêmes. Elles sont en effet passées par nos mains en propre et je doute que quiconque en possède une édition puisse volontairement le donner à vos journalistes. Mais je peux vous en faire parvenir une, si vous le désirez.
Merci. C’est bien une sorte de « manuel religieux », donc.
Les deux croyances, en Phil, Adénor et en vous, sont-elles vraiment liées ? Les archives indiquent qu’il y a eu de nombreuses victimes lors d’une véritable guerre civile sur Ragnvald, non ?
Nous avons connu de graves débordements, mais je puis vous assurer que les deux religions sont bel et bien imbriquées au travers d’une unité divine, dont je suis une des branches. Le fidèle peut ainsi prier la branche de l’Incomparable Trinité qu’il souhaite. Certains choisissent ce que l’on nomme, destiné à obtenir plus de grâce dans l’au-delà en vénérant les trois dieux à égalité. Cela demande un abandon de soi et une foi inébranlable, peu y parviennent.
Les archives parlent de milliers de morts, tout de même, ainsi que d’actes de barbarie ! Des familles cherchent encore maintenant leurs proches disparus. C’est bien plus grave que quelques débordements !
Selon le Rablerane, seuls les mauvais croyants ont interprété incorrectement les signes, allant jusqu’à l’affrontement là où tous les préceptes ne conduisent qu’à la paix. Le sang coula, je ne pus que le constater, mais… ce ne fut pas le scénario apocalyptique dont vous semblez vous délecter.
Nos archives et nos témoins nous…
Pouvez-vous donc me produire ces archives, journaliste ? Il n’est pas bon de répandre de telles rumeurs sur un canal multivisuel, si juste et impartial d’ordinaire. Je suis prêt, également, à donner audience à ces « témoins » pour qu’ils viennent s’exprimer réellement en direct devant tous. Les humains se vautrent trop facilement dans le mensonge, c’est une de leurs faiblesses.
Notre tâche de berger est longue, mais nous saurons être patients, nous, l’Incomparable Trinité.
Parfait. Nous allons donc offrir une page de publicité à nos multispectateurs et vous présenter les références et les enregistrements à notre disposition. Cela vous convient-il ?
Ce sera avec plaisir, Monsieur Maos’n. Rendez-vous donc dans quelques instants.


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RedU T1 Ch24 Ep01

Tue, 26 Sep 2017 23:28:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 24 Episode 01 "Ambassadeur"

PARLEMENTAIRE CI’CHI. VOTRE PONCTUALITÉ VOUS HONORE.
Les compliments de votre Majesté représentent toujours une faveur particulière, répondit l’envoyée spéciale de l’assemblée. Depuis notre précédente réunion psychique, avez-vous été satisfait des nouvelles positions de nos croiseurs ? La République nalcoēhuale met un point d’honneur à respecter ses accords, Empereur-Dieu.
CERTES, LES GRANDES LIGNES ONT ÉTÉ SUIVIES…
Ci’chi tiqua. Assise dans un fauteuil conçu pour le confort des conversations mentales d’importance, elle s’autorisa un écart de protocole et ouvrit les paupières. La discrète pièce de communication ne représentait que quelques mètres carrés dans le gigantesque cuirassé amiral de la flotte, mais elle était bardée des systèmes dernier cri de contremesure d'écoute ou de surveillance. À portée de ses doigts, un petit tableau de commande lui permettait de contacter n’importe qui sur le territoire de la république ou de moduler l’intensité de l’amplificateur psychique dont les diodes serraient ses antennes. C’était toujours un peu gênant pour Ci’chi d’enlever le foulard qui les dissimulait, même si les nouvelles mœurs toléraient désormais cet écart. Le lieu présent imposait de toute façon ses propres priorités.
« Dans les grandes lignes »… elle aurait parié que Godheim, le maitre du puissant Empire de Ragnvald, en savait plus qu’elle sur les turpitudes de Loxa et d’une partie de l’armée. La force mentale de l’Empereur-Dieu dépassait tout ce que les siens connaissaient, malgré une pratique et un entrainement aux techniques de l’esprit immémoriaux. Aucune communication interne, même hautement sécurisée, ne lui échappait.
La VOIX reprit, ferme, mais moins agressive que lors de leur première « rencontre ».
Une corvette de Ragnvald venait d’être détruite par un regrettable tir nalcoēhual, alors qu’elle se plaçait en protection des transporteurs de l’Exode. On avait frôlé la guerre.
LES TRAVAUX DE RÉPARATION SUR LES APPAREILS DE L’EXODE SE POURSUIVENT AU RYTHME PRÉVU. UN DÉPART DU CERCLE DE KHABIT EN AVANCE DE ZÉRO VIRGULE QUATRE-VINGT-QUINZE POUR CENT EST MÊME ENVISAGEABLE.
Vous m’en voyez ravie, Majesté. La présence de ces millions de réfugiés au cœur de notre territoire n’est pas appréciée par tous comme un acte de mansuétude. Cette information calmera certainement quelques esprits.
DONT LA PARLEMENTAIRE LOXA, JE SUPPOSE ?
Permettez-moi de ne pas confirmer ce qui relève de la politique intérieure nalcoēhuale, Éminence. Cependant, j’estime l’intérêt que vous semblez soudain y porter.
Y a-t-il une raison particulière à cela ? questionna-t-elle posément.
Aucune réponse ne lui parvint.
En fait, ce regain d’intérêt inquiétait Ci’chi. Les deux peuples vivaient, depuis l’origine, dans une sorte de statuquo où l’on n’évoquait ni la guerre ni un quelconque traité de paix. Depuis quelque temps, une série de négociations portant sur des accords commerciaux tentait d’amorcer un cycle vertueux de normalisation, mais les discussions s’éternisaient. La faute revenait malheureusement aux siens, plus enclins à écouter les arguments d’extrême haut de Loxa que les tendances plus modérées. Ci’chi faisait partie de ces dernières et assistait, impuissante, à l’émiettement continu de ses soutiens.
Fort heureusement, aucun des fondamentaux n’était encore mis en cause et la république multipartite conservait ses lignes politiques habituelles. Mais quelque chose de mauvais couvait.
L’Empereur-Dieu savait certainement tout cela, quelles conclusions en tirait-il ?
« DEPUIS DE TRÈS NOMBREUX CYCLES, NOS DEUX PEUPLES VIVENT UNE SORTE DE STATUQUO N’ÉVOQUANT NI LA GUERRE NI UN QUELCONQUE TRAITÉ DE PAIX. QU’EN PENSEZ-VOUS, PARLEMENTAIRE CI’CHI ? » répondit alors son interlocuteur.
Ci’chi resta bouche bée. IL venait d’employer ses propres mots, cela ne pouvait être le fruit du hasard. Godheim prouvait ainsi que toutes les sécurités nalcoēhuales ne représentaient rien face à sa puissance. En fait, IL aidait probablement Ci’chi à prendre la mesure de la menace planant dans son propre camp : « j’entends tout et je juge que la situation exige maintenant que je me découvre… un peu. »
Que répondre en retour ?
« De toute façon, pensa la vieille parlementaire, vous m’écoutez en cet instant, n’est-ce pas ? Que proposez-vous ? »
PROFITONS DE CE MOMENT PRIVILÉGIÉ POUR CRÉER UN INTERMÉDIAIRE NEUTRE ENTRE NOUS. JE VEUX QU’UN AMBASSADEUR DE L’EXODE SOIT ACCEPTÉ AU SEIN DE VOTRE PEUPLE.
Les exodés ne sont pas censés rester, d’après vos dires. En quoi cet ambassadeur temporaire pourrait-il avoir une quelconque légitimité ?
LA DESTINATION DE CES RÉFUGIÉS EST PROCHE. CE NE SONT PAS DE SIMPLES VOYAGEURS, ILS VIENNENT POUR DEVENIR UNE NOUVELLE CIVILISATION DE CETTE PARTIE DE L’UNIVERS !
Ci’chi s’accorda quelques secondes pour absorber la nouvelle. Un troisième acteur quand la situation se tendait de plus en plus entre eux deux ? Elle n’avait, en aucun droit, l’autorité nécessaire pour tenir secrète cette information, lorsque Loxa et ses affiliés l’apprendraient, ils se demanderaient si — finalement — une guerre contre Ragnvald ne représenterait pas un prix acceptable pour tuer dans l’œuf leurs futurs voisins.
Elle tenta de récolter des renseignements supplémentaires :
Si Votre Éminence pouvait nous communiquer la destination finale de l’Exode, cela nous aiderait à mieux apprécier la pertinence d’un… ambassadeur.
POUR QUE QUELQUE RENÉGAT NALCOĒHUAL VIENNE Y PLANTER VOTRE DRAPEAU ? TON PEUPLE S’EST ENFERMÉ DANS LE PÉRIMÈTRE DU CERCLE DE KHABIT, QU’IL ASSUME MAINTENANT QUE D’AUTRES PLACES LIBRES TROUVENT LOCATAIRE.
Piquée au vif, Ci’chi ne put se retenir de réagir à l’outrage.
Majesté ! Nous, Nalcoēhuals, n’approuvons ni ne pratiquons de telles méthodes ! Notre honneur et notre droiture ont été maintes fois démontrés !
JE NE PARLE PAS DE TOI NI DES ANCIENS. LA PROCHAINE GÉNÉRATION N’ENTRETIENT PAS LES MÊMES SCRUPULES…
IL SUFFIT ! PARLEMENTAIRE CI’CHI, PRÉVIENS OFFICIELLEMENT TES INSTITUTIONS DE L’ARRIVÉE D’UN AMBASSADEUR ET PRÉCISE BIEN QU’IL S’AGIRA D’UN TEST AUTANT QUE D’UN GESTE.
Et Godheim se retira comme il était venu, laissant Ci’chi s’éveiller sous la lumière pâle et bleuâtre de la petite pièce de communication. Soit ! Elle ne voyait guère de marge de manœuvre. Pianotant sur la console, elle établit une liaison prioritaire avec le parlement et demanda une réunion urgente du conseil restreint.
Une installation des exodés à proximité et Ragnvald imposant un ambassadeur… humain. Voilà qui allait déclencher pas mal de tumultes…


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RedU T1 Ch23 Ep16

Wed, 06 Sep 2017 00:07:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 16 "Humilité"

Une semaine passa, puis un mois. Je réprimai durement des frictions, prônant sans cesse notre nouveau catéchisme commun. C’est un des avantages intrinsèques aux religions, la possibilité d’en modifier à loisir l’interprétation, sinon le contenu, sans que personne y trouve à redire. Je dois cependant vous accorder que la présence des dieux « en personne », si j’ose dire, participa grandement à la pacification des deux civilisations. Je mutai au travers de mon empire des millions de foyers, imposant un brassage ethnoculturel, encourageant les accouplements et enfantements mixtes. Des temps à la gloire des deux croyances se juxtaposaient, allant jusqu’à partager des ressources ou des locaux où leurs représentants préparaient des célébrations communes.
Ceux de l’Exode allaient avoir plus de problèmes, ils ne possédaient pas mes connaissances intimes de chacune et chacun. Je tâchai de leur apporter le soutien nécessaire, en particulier grâce à un avatar, relayant ainsi Ma présence parmi mes adeptes.
L’heure du grand jour était venue. Nous organisâmes un nouveau Yesmaïl pour l’occasion, dont le succès ne se démentit pas. Le trio Arlington — Phil Goud — Adénor Kerichi y fit pour beaucoup, sacrifiant au rite malgré quelques réticences. Fabio Ouli m’apprit quelques astuces mentales pour accentuer la stimulation sexuelle de mon rayonnement. Je ne me lassai pas de découvrir l’étendue de ses connaissances psychiques : ce garçon est unique dans notre univers.
Transporteur 3 vint à moi chargé de trois-cent-vingt-deux-mille-sept-cent-cinquante-quatre âmes, il me quitta avec près de cent-mille de plus. Même si une partie des exodés s’étaient convertis à la religion de Ragnvald, force fut de constater que le mouvement inverse restait bien supérieur. Pire, je pouvais mesurer que sur les deux civilisations, les volontaires au départ vers Antares IV représentaient zéro virgule zéro zéro trois pour cent, d’où ce que j’appelais un « second exode », car ce furent bien deux-cent-mille Ragnvaliens qui rejoignirent Transporteur 3.
Alors que les nouveaux compresseurs dimensionnels propulsaient le glorieux engin et ses occupants vers leur destinée, mes calculateurs chauffaient déjà à revisiter les études sociales de mes mondes.
Avais-je par trop délaissé ma tâche d’empereur pour celle de dieu ces derniers temps ?

*
Transporteur 3, en route vers l’Exode

« Colonel Arlington, Fabio Ouli. D’ici trois bonds, nous atteindrons la position du reste de l’Exode. Je tiens à vous préciser que leur situation actuelle est désespérée et que nous devrons agir vite », lança l’avatar à la cantonade.
Du haut de son siège de commandement enfin retrouvé, Momumba Arlington se prit le visage et échappa un long soupir, tandis que Fabio observait, incrédule, la représentation de l’Empereur-Dieu. Sur un signe de tête de son chef, le capitaine Carrillo s’en alla quérir le « couple divin » pour une nouvelle aventure qui n’allait finalement pas leur laisser beaucoup de répits.
L’avatar de Godheim poursuivit :
L’Exode a subi de lourdes pertes lors d’une vaste attaque pirate à leur sortie de la Passe de Magellone. Vous en saurez plus d’ici peu. Retenez surtout qu’ils pénètrent sur le territoire de la République nalcoēhuale, un très puissant adversaire.
Va-t-on devoir se battre ? Mes hommes ne sont pas encore à l’aise avec vos nouveaux matériels, s’enquit prudemment Arlington.
Et je parie que ça va nécessiter mon aide, compléta Fabio, dont les épaules se voutèrent imperceptiblement.
Nous devons nous tenir prêts, en effet, mais il ne sera peut-être pas utile d’en arriver là. La flotte de Ragnvald a déjà préparé le terrain et plusieurs escouades de corvettes demeurent à proximité pour parer à tout besoin. Passeur, toi et moi allons nous réserver la plus importante partie du travail.
L’avatar expliqua sommairement le système de communication nalcoēhual, basé sur des liaisons psychiques associées à des capteurs-amplificateurs-transmetteurs. Ils étaient suffisamment robustes pour que l’Empereur-Dieu soit obligé de compromettre physiquement quelques relais dans un but d’espionnage…
…Mais avec ta puissance mentale, Passeur, nous pourrons les impressionner en brisant leurs défenses. Je ne doute pas de l’efficacité de cette stratégie sur eux. Acceptes-tu ?
Bien évidemment. C’est donc… le monde d’Artoc dans lequel nous nous rendons ? Un lieu empli uniquement d’une sorte de « bureau des affaires mentales » géant ?
L’avatar ne répondit pas tout de suite, semblant ainsi user des mêmes méthodes qu’Arlington pour préparer son audience.
Disons qu’un jour nous disserterons de l’origine réelle du pouvoir nommé « mental » et de ses utilisateurs. Mais, dans l’immédiat, je réponds par l’affirmative à cette question.
Momumba s’enfonça dans son siège, soupirant :
Pfff ! J’aimerais bien qu’on revienne à une période calme ou aucun pas n’entraine de conséquences incalculables…
Au même moment, l’entrée du centre de commandement s’ouvrit sur Carrillo, suivi de Phil et Adénor. Plusieurs opérateurs stoppèrent leur travail et mirent un genou à terre en psalmodiant la liturgie de rigueur.

*

Empereur-Dieu Godheim,
Monte-Circeo

Depuis l’antre de ma caverne, j’accompagnais l’Exode tout en poursuivant l’éternel rôle de berger pour mon peuple. Quel paradoxe que d’avoir soi-même créé un monstre, n’est-ce pas colonel Arlington ? Même si je lui accordais de n’avoir qu’amplifié l’existant.
Parce que tu n’as pas fait la même chose par le passé, Anton ?
Je sursautai, redécouvrant au passage cette sensation. D’où provenaient ces paroles qui résonnaient autour de ma représentation physique ?
Comme si tu ne le savais pas. Tu vois, à jouer aux dieux, on finit par perdre en vivacité…
Cette voix ? L’émotion m’étreint soudain ! Que de nouvelles sensations ces derniers temps !
FAISEUR ! TU ES DONC ENFIN VENU À MOI ?
Mais qui a dit que j’étais parti ? J’ai toujours été là, petite boule, tu ne voulais pas me remarquer, c’est différent.
Tu as bien changé, Anton… tu as réussi à perdre du poids, mais pas seulement. Tu essayes de jouer dans une cour un peu trop grande pour toi.
JE SUIS SATISFAIT D’ENTENDRE À NOUVEAU TA VOIX, FAISEUR. ELLE ME MANQUAIT.
Je tournai la tête à droite et à gauche, scrutai la caverne de tous mes senseurs possibles, amplifiai mon champ psychique sans rien trouver de l’origine de ces paroles. C’était une de ses méthodes pour dialoguer : IL était là et IL n’y était pas.
Le grand Empereur-Dieu qui nous fait un mélo pour ménagère au foyer, on aura tout vu. Ne va pas t’effondrer en larmes d’huile, hein ? C’est bon, ce n’est que moi.
CELA FAIT CINQ-CENTS LONGUES ANNÉES QUE JE ME PRÉPARE À CES RETROUVAILLES. LA SATISFACTION DÉPASSE SANS DOUTE MES MOTS. JE VOUDRAIS SAVOIR, FAISEUR, ES-TU ENCORE SUR RAGNVALD ?
Non. Tu t’es construit ton propre mausolée à la taille de ton égo. Quel que soit le nom que tu lui donnes, « empire » par exemple, ça reste l’arrière-cour négligeable d’un poulailler dans l’infini qui nous entoure. Mais tu le sais bien, hein ? Ce n’est pas comme si tu n’avais pas déjà connu tout cela comme ANCIEN Passeur ?
LA DURETÉ DE TES MOTS NE M’ATTEINT PAS, JE SUIS AU-DELÀ DE LA CRITIQUE, répondis-je au hasard de la voute. TOUT CELA ÉTAIT NÉCESSAIRE POUR COMBATTRE LES TITANS.
Mouais… Jamais vu combattre quelqu’un en tapant une partie de cartes avec lui, si tu veux mon avis. Tu penses les ménager pour les prendre par surprise ? Mon pauvre vieux : tu crois qu’en trois-milliards d’années, on ne leur a pas déjà fait le coup ? Ils ne connaissent pas le temps, donc, techniquement, ils ont l’éternité -et l’expérience qui va avec- pour eux.
CERTES, MAIS MOQUER MES EFFORTS MASQUE TON ABSENCE DE SOLUTION. TON STATUQUO COUTE CHER AUX ÊTRES VIVANTS DE CETTE RÉALITÉ. POURQUOI DEVRAIENT-ILS PAYER TA SOI-DISANTE NEUTRALITÉ ?
Il ne répondit pas tout de suite. J’ai rapidement supposé par le passé que le duo Faiseur-Passeur n’était qu’un de ces aspects de l’ordre du Tout et que les Titans ne représentaient qu’une péripétie parmi d’autres.
Il existait, sur l’ancienne Terre, ce jeu que l’on nommait « les poupées russes », où l’une s’emboitait à l’intérieur d’une autre plus grande, elle même incrustée dans une troisième, dans un mouvement virtuellement sans fin. Que pouvait comprendre de l’ensemble celui qui était enfermé dans la première poupée, la plus petite et la plus profondément enfouie ?
C’est en gros l’idée, Anton. Tu vois, quand tu veux ! Accessoirement, je passais quand même pour te saluer et te remercier d’avoir pris la bonne décision.
Et puis… excuse-moi d’être un peu rude avec toi. On sait tous deux que ça ne part pas d’une mauvaise intention, mais, s’il te plait, reste en dehors de tout cela. La duplicité des « Titans » n’est plus à démontrer : ils me tendent des pièges aussi grossiers qu’inutiles et ça m’oblige à jouer les acrobates.
Ha, tiens ! Le coup du cirque dans la dimension blanche, j’en rigole encore ! Risible comment ils essayent de se faire passer pour de mignonnes petites créatures  ! Énorme, dis-je.
CETTE MANIÈRE DE COMMUNIQUER AVEC MOI, PAR LE PASSEUR OU CE PHIL GOUD, MÊME SI ELLE ÉTAIT PRÉVISIBLE, M’A TOUT DE MÊME DÉÇU. NE POUVAIS-TU VENIR À MOI BIEN PLUS TÔT, COMME MAINTENANT ?
ET, PUISQUE TU PARLES D’AMUSEMENT, CET HUMAIN PUR AU CŒUR SIMPLE EST UN CLONE DE CE QUE JE FUS MOI-MÊME PAR LE PASSÉ. JE DOUTE QUE CE SOIT LE FRUIT DU HASARD.
J’entendis un rire fluté résonner au lointain.
Tu sais très bien ce qu’est vraiment le hasard. Quant à Philémon Goud… ben ouais, c’est toi dans ta jeunesse. On ne tourne pas une roue en s’intéressant au sillon tracé, mais à celui à venir. Je les choisis toujours ouverts, avec une foi profondément ancrée dans le futur (je précise que, dans ton cas, je ne t’avais pas choisi, sachant que tu étais le Passeur de l’époque. Mais oui, je t’aimais bien.)
Dernier détail, car je dois y aller : si j’ai glissé un peu lourdement des mots à ton intention, dans la bouche de mon Phil, jamais je ne me serais permis ça avec le Passeur. Il y a des limites à respecter, quand même
Je me raidis, les rouages de mon corps tendus à leur extrême.
QUE VEUX-TU DIRE ? QUI A COMMUNIQUÉ AVEC MOI, ALORS ?
Anton, Anton… Il t’a complètement roulé dans la farine. C’est super de se pavaner comme un dieu, quand on a un œil partout. Mais là, tu étais totalement aveugle et tu désirais me parler. Ce bon Fabio t’a donc offert une partie de poker menteur et a fait de toi son obligé. Pas un moment, tu n’as douté que je sois bien au bout de la ligne, et lui, malin comme un singe, il t’a bluffé.
Tu vois, petite boule ? Le Passeur t’a donné une mémorable leçon d’humilité. Sans utiliser aucune de ses possibilités innées, ni même un quelconque pouvoir mental des Titans, il s’est joué de toi avec sa simple intelligence humaine et tu es tombé dans le panneau.
À bon entendeur, j’y vais. À une prochaine, Anton !

*

Au centre de commandement de Transporteur 3, l’avatar s’interrompit soudain dans l’explication des préparatifs. Tous se tournèrent vers lui, mais celui-ci ne rendit son regard qu’à Fabio. Un hoquet fit sursauter le petit vieux, puis un second alors qu’il rentrait légèrement la tête dans les épaules. Quand soudain…
« Hé, hé, hé, HA, HA, HA, HA ! GNA, HA, HA, HA, HA, MOUHA, HA, HA, HA… »
Et simultanément, dans l’empire de Ragnvald, on vit et entendit rire tous les avatars et tous les écrans jusqu’au clignotement des plus infimes diodes, ce qu’aucune base de données n’avait jamais enregistré. L’effet dura plusieurs minutes, mettant les nerfs de tous les opérateurs à rude épreuve.
L’Empereur-Dieu submergeait tous les systèmes par un irrépressible fou rire.

FIN DU CHAPITRE 23



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Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
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RedU T1 Ch23 Ep15

Tue, 29 Aug 2017 23:28:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 15 "Confrontation (2)"

Face à Phil Goud, je me revigorais. Quel personnage fascinant, une fois que l'on s’était penché sur son mode de pensée !
« Je refuse que vous quittiez Ragnvald. Le Faiseur est parmi vous, nous le savons tous et risquer de le laisser partir est inacceptable. »
Un idéaliste, un juste.
Voilà celui que tu avais choisi. J’ai été comme lui, loin des spécialistes de la guerre et de la politique, loin des calculs des grands, un homme guidé par son idéal.
Simple, brut, une âme pure en quelque sorte… Tel était Phil Goud. Je reconnais bien là tes choix habituels, Faiseur.
Il tenta une vaine approche conciliante…
Tu pourrais nous laisser partir, on chercherait le Faiseur ensemble ! On le trouverait et on verrait ce qu’il veut.
Parce que vous, Phil Goud, vous espérez comprendre le Faiseur ? J’ai bien peur que sa pensée soit loin de vos capacités. Fabio Ouli a essayé de me convaincre de la même chose, il en paye maintenant le prix.
Vous avez un animal domestique ? Je ne le savais pas, voyez-vous…
Fabio ? Où est-il ? Que lui avez-vous fait ?
J’ignorai ces questions secondaires en observant, quelque peu attendri, leur chat décrire toutes sortes de circonvolutions autour de mes jambes. Durant mon existence humaine, j’avais possédé plusieurs félins. Ces mammifères sont particulièrement passionnants à étudier. La première grande civilisation d’Égypte les élevait au rang de créatures célestes. Certes, la protection des silos à grains y était pour beaucoup, mais l’attitude hautaine de ces petits êtres ne manquait pas d’impressionner.
Phil Goud réagit lorsque la nouvelle s’afficha sur le téléviseur…

« … m’annonce que toutes les navettes de Pirus II se préparent à un combat désespéré contre les vaisseaux ennemis, car certains prétendent que nous assisterions à l’ultime étape avant l’ouverture d’un portail dimensionnel ! Si tel était le cas, cela signifierait que…
UN FLASH EST APPARU AU MILIEU DU CERCLE, ON DISTINGUE AU TRAVERS DE LA BRUME DES FORMES MOUVANTES ET OBSCURES… JE NE SAIS… »

Je me fendis d’une explication pour nos dieux impies.
Il s’agit d’un trou noir de catégorie quatre, situé près d’ici au cœur d’une galaxie en triple spirale. On peut l’apercevoir vers l’ouest en cette période de l’année. Une fois transféré là-bas, cet astéroïde n’aura jamais existé autre part que dans mes bases de données.
Que décidez-vous, Phil Goud ?
Allez-vous faire foutre ! répondit-il le visage blême.
Nul doute que mon avatar ne reviendrait pas de cet entretien si je mettais le plan à exécution.
Je pourrais tout arrêter si telle était ma volonté. De votre côté, vous le pourriez également, d’une manière assez simple en fin de compte. Cessons cette destruction aussi stérile qu’inutile, pour…
JE T’AI DIT D’ALLER TE FAIRE FOUTRE, CONNARD !
Et le lieutenant Goud, d’un grand coup de pied, projette l’avatar au travers de la pièce.
Tss, tss… Allons, justicier ! Il faut savoir reconnaitre la fin d’une partie. Accepte ma pr oposition, il en va de notre avenir mutuel.

*

« Mais si tu veux sauver l’humanité, pourquoi régner en dieu omnipotent sur tout cet empire ? Priver de la liberté de conscience ou surveiller tout et tous, ce ne sont certainement pas les meilleures méthodes pour les aider ! »
Va-t-il enfin me laisser parler au Faiseur ? Fabio Ouli profite de la situation ! Que cette discussion aurait pu être passionnante en un autre moment, mais pas maintenant !
CAR LES HOMMES SONT TELLES DES NUÉES D’OISEAUX MIGRATEURS AU PRINTEMPS. IL LEUR FAUT UN GUIDE, UN BERGER. CELA A TOUJOURS ÉTÉ ET LE DEMEURERA POUR LONGTEMPS.
FAISEUR, PARLE-MOI ! J’AI BESOIN DE TON POUVOIR POUR REFERMER LA PORTE À TOUT JAMAIS !
… Il ne veut pas, semble-t-il. C’est assez étrange, mais je dirais qu’il a son propre plan et que tu n’en fais pas partie. Si on y réfléchit, ce n’est pas totalement illogique.
JE LE CONNAIS. IL REFUSERA DE LES SCELLER DANS LEUR DIMENSION, IL EST TROP RETORS POUR CELA. DÉJÀ À L’ÉPOQUE, IL S’ÉTAIT RETENU DE M’APPORTER SON AIDE. J’AVAIS DÛ METTRE UN TERME À L’INVASION… D’UNE AUTRE MANIÈRE.
Il me souffle à l’oreille que tu embellis la situation… Juste pour satisfaire ma curiosité, comment as-tu « mis un terme à l’invasion » ?
BRUTALEMENT, MAIS C’ÉTAIT NÉCESSAIRE. FAISEUR, JE TE RETIENDRAI DANS L’EXODE, LE TEMPS DE TE TROUVER. TU M’ASSISTERAS, ALORS, DANS MES OBJECTIFS.
Quelle tournure du destin ! Le faiseur refusait de m’associer à son plan, comme Phil Goud refusait de s’associer au mien. Il ne me restait plus beaucoup d’options.

*

Goud courut jusqu’à mon avatar, le reprit par le col et le plaqua haut contre le mur. Les jambes de mon androïde gigotaient loin du sol, tandis que Kerichi le tenait en joue. Il me cracha des mots assez inattendus.
« Que tu détruises ou assimiles tout ce qui représente un obstacle, tu ne tourneras jamais dans le sens de la roue. Tu ne louvoieras qu’à ses côtés, fantôme d’un passé qui refuse d’accepter ce qui le dépasse !
Tu n’es plus et depuis trop longtemps déjà ! »
Je n’en revenais pas. Était-ce bien Phil Goud qui prononçait ces mots ? Cela ne correspondait pas, alors qui ?

*

FABIO OULI ! TU AS TROUVÉ UN MOYEN DE CONTOURNER MON FILET PSYCHIQUE !
Moi ? J’ignorais même que cela était possible. Rencontrerais-tu des difficultés « ailleurs », Sire Godheim ? Je dis cela, parce que le Faiseur agit de son côté. J’ignore à quelle fin et comment, mais je te passe gentiment l’information.
Étais-je de taille à l’affronter ? LUI ?
Désormais, il n’y avait plus devant moi qu’un seul adversaire, me parlant par personne interposée. Que me montrait-il ? Qu’il pouvait m’égaler, sans attirail technologique, sans empire ou sans réseaux ?
Le Faiseur se dressait contre moi et modifiait le sens de la partie. Il la replaçait dans un ensemble plus vaste : si j’avais le temps et la force du moment, il possédait pour lui la véritable éternité et la roue infinie de l’univers. Demain, les Titans viendront et, peut-être, l’emporteront-ils ? En serais-je responsable, au moins en partie ?
Lui n’aurait qu’à recommencer ailleurs, plus tard… ou plus tôt. Le Passeur me sortit de mes réflexions.
Godheim ! Libère-nous ! Faiseur et Exode cheminent ensemble et il est possible qu’à vouloir… on dira « bien faire », tu ne fasses que les éloigner.
JE PRÉPARE CECI DEPUIS DES SIÈCLES, POURQUOI ABANDONNERAIS-JE SI PRÈS DU BUT ?
Une question. Je posais une question dont je redoutais la réponse. Moi, Godheim, Empereu r-Dieu de Ragnvald et être omnipotent, je tremblais dans l’attente d’une information. Alors que Fabio Ouli, lui, fermait ses paupières.
Les petits tressaillements de son torse trahissaient-ils un ricanement ?
« Anton Marenkof… Peut-être parce qu’au fond tu n’es, toi aussi, qu’un homme ! »

*

« … La formation des corvettes se rompt à nouveau ! Le passage dimensionnel s’étire et… IL DISPARAIT ! L’attaque de Ragnvald semble suspendue ! Les navettes qui tentaient de forcer le blocus font désormais demi-tour pour se remettre en position autour de l’astéroïde. Mesdames et messieurs, nous ignorons ce qu’il se passe, mais il se peut que… »

Le regard de Phil Goud restait fixé sur mon avatar, mais d’infimes mouvements de sa tête m’indiquaient qu’il suivait l’évolution de la situation. Je dis simplement :
J’accepte de trouver un compromis vous autorisant à quitter Ragnvald.
Avec Transporteur 3 ? questionna Adénor Kerichi qui me visait toujours.
Oui.
Cela nous fait une belle jambe, Transporteur 3 est incapable de décoller. Vous nous aiderez à le réparer ? renchérit le spécialiste des sas. C’était son domaine et je l’imaginais aisément tenir les comptes de chaque tôle arrachée à son précieux vaisseau.
Oui, je le ferai. Et j’ajouterai même des améliorations pour vous permettre d’affronter vos futurs défis. Cela vous convient-il ?
La Valkyrie tueuse royale s’approcha, l’air plus soupçonneux que jamais. L’arme collée contre ma tempe, elle me jeta la question qui suivait logiquement :
Pourquoi ?
Parce que… j’apercevais, à quelques mètres, le chat qui bondissait en une enjambée sur le canapé. Le félin observait la scène avec un intérêt modéré… Parce que je refuse d’être le nouveau Caïn.
Maintenant, veuillez me déposer, je vous prie. En ce moment, un message d’apaisement est transmis dans tout l’empire quant à une découverte théologique de première importance. Je demande à tout le monde d’arrêter séant son activité et de rester à l’écoute.
Phil et Adénor, je vous propose de nous rendre au stade du Yesmaïl, pour présenter à tous une relecture de notre conflit.
Les pieds de mon avatar touchèrent à nouveau le sol et j’offris au couple l’expression la plus avenante trouvée dans mes bases de données. Ils étaient dubitatifs, ce qui correspondait bien à leur fonctionnement humain. J’ajoutai donc quelques informations pour les rassurer…

*

… Que je donnai également à Fabio Ouli et au Faiseur !
« NOUS ALLONS PROCÉDER À UN SECOND EXODE. TOUS CEUX QUI SOUHAITENT VOUS ACCOMPAGNER LE POURRONT, CEUX QUI DÉSIRENT RESTER SUR RAGNVALD ET POURSUIVRE LE CULTE ICI, LE POURRONT ÉGALEMENT.
NOUS CRÉERONS DES RITES COMMUNS ET RECONNAITRONS OFFICIELLEMENT UN LIEN QUI UNIRA À TERME NOS DEUX RELIGIONS.
MÊME SI C’EST L’ÉVIDENCE, JE PRÉCISE QUE LA PAROLE DE GODHEIM EST UNIQUE. »
J’ouvris les quatre attaches qui retenaient le Passeur. Il se frotta négligemment les poignets pour en débarrasser la pression résiduelle, mais ne perdait évidemment pas le fil de la conversation.
Je pense que c’est ce que le Faiseur désire. En tout cas, il ne dit plus rien.
Je t’aiderai à le trouver. Au moins, cette aventure m’aura permis de comprendre combien il compte.
UN DE MES AVATARS VOUS ACCOMPAGNERA POUR LA SUITE DE VOTRE PÉRIPLE. CONSIDÉREZ-LE COMME UN AMBASSADEUR DE RAGNVALD À VOS CÔTÉS.
Si tu veux, cela ne devrait pas poser de problèmes. Par contre, je doute que les morts qui séparent les deux religions soient oubliés d’un trait de plume. Il y a une haine profonde qui s’est développée entre nos adeptes et nous en sommes responsables.
JE LA GOMMERAI SUR RAGNVALD. IL VOUS FAUDRA FAIRE DE MÊME EN VOTRE SEIN.
J’ouvris la lourde porte de mon antre, le Passeur comprit et se dirigea vers elle. À quelques pas du seuil, il hésita pourtant et se retourna.
Marenkof, Godheim… Je te voyais comme un bourreau, mais mon intuition me disait… Non, rien, laissons cela.
Il reprit sa marche.
TERMINE TA PHRASE, PASSEUR !
… tu me fais penser à Magnam IV, voilà. Votre pouvoir n’a été, et n’est, rien d’autre qu’une malédiction qui vous a été imposée de l’extérieur. Je connais cela et je compatis… Voilà, c’est tout.

Je le laissai s’éloigner.
Ses mots résonnèrent longtemps dans mon esprit.


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Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
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RedU T1 Ch23 Ep14

Tue, 22 Aug 2017 23:41:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 14 "Confrontation (1)"

« Adénor, viens voir çà ! »
Phil Goud, le pseudodieu, appelait sa « déesse ».
Sur le seuil de leur appartement, j'entendais à travers l'un de mes avatars le poste de télévision diffusant à nouveau, depuis la reprise de Transporteur 3, les informations continues d’Ex-One Média. Mes accompagnateurs patientaient, me laissant le soin de décider du bon moment pour me découvrir.
Adénor Kerichi avait rejoint Phil Goud en pleine reconquête et je dus reconnaitre que ses conseils tactiques leur avaient donné un avantage stratégique décisif. Cependant, au-delà du courage et de la détermination des exodés, au-delà même de la surprise de mes troupes devant le soulèvement d'une population tout juste matée, il y avait l'exceptionnel Fabio.
Partout dans l’empire, grâce aux émissions pirates d’Ex-One Média, on avait vu l'imposteur « Saint Phil » lever les bras et balayer mes soldats par dizaines. Semblant se concentrer, il retournait les balles contre les tireurs embusqués, contenait les déflagrations des grenades, quand il ne les laminait pas avant qu’elles explosent. Ces miracles truqués par le Mental renversèrent la donne, d'autant plus que les circuits vecteurs de mon omniprésence étaient méticuleusement débranchés au fur et à mesure de l’avancée des exodés. La malchance voulut qu'aucun de mes avatars n'ait été présent à ce moment-là… Ou peut-être les avais-je simplement sous-estimés ?
« On y est… »
ajouta Phil Goud alors que sa compagne le rejoignait. Il augmenta le volume. J'entendis alors la voix du journaliste Titus Matrane traverser la porte.
« … en direct ces images des observatoires de Pirus II, l’astéroïde principal de la ceinture de Beta-Centauris. Une flotte d’une centaine de corvettes de Ragnvald vient d’apparaitre en orbite ! Je vous rappelle que Pirus II a décrété la sortie unilatérale de l’empire depuis vingt-quatre heures. L’influence de l’Empereur-Dieu a déjà été limitée par la destruction de certains systèmes centraux de transmission et on parle d’une purge totale en cours (j’ignorais même que cela était possible). Que va-t-il se passer, est-ce un simple bluff de la part du pouvoir ?
L’inquiétude gagne la population qui prie Sainte Adénor et renforce ses armes avec des grigris, plus ou moins officiels, de Saint Phil. Nous voyons ici des colonnes de femmes et d’enfants que l’on met à l’abri dans les profondes mines de l’astéroïde, mais cela suffira-t-il en cas d’attaque ?
Mesdames et messieurs, d’après nos derniers chiffres, la population de cet astéroïde serait de douze-mille-quatre-cent-soixante-quinze habitants, un nombre très moyen au regard des autres colonies de… »
Le colonel Arlington, décidant que toute farce avait une fin, me dépassa brusquement de côté pour frapper la porte.
Adénor ouvrit, une serviette sur les cheveux. Mon ouïe, plus fine que celle de tous ceux autour de moi, m'avait prévenu qu'une arme avait été sortie de son holster l'instant précédent.

*
Fabio Ouli écarquilla les yeux, la bouche entrouverte.
« Quoi ? »
Les diodes rouges de ma forme principale s’allumèrent dans l’obscurité. Il tourna la tête à droite puis à gauche, comme s’il me cherchait et s’écria :
Le Faiseur est toujours vivant ! Godheim, un dieu ne ment pas, tu t’es joué de moi !
ET POURQUOI CROIS-TU CELA ?
Il vient… de me le dire.
Je m'interdis de réagir, immobile, alors que mes circuits tournaient à plein régime.
Ainsi, il s’était enfin montré. Qu’il utilise le Passeur pour communiquer sa présence représentait une écrasante probabilité de soixante-et-onze virgule quatre-vingt-douze pour cent. Je ne mettais absolument pas en doute les assertions de Fabio Ouli, même si aucune vibration n’avait altéré mon champ psychique. De la part du Faiseur, cela ne m’étonnait guère, il n’utilisait pas le pouvoir mental des Titans pour communiquer.
PEUX-TU ENCORE L’ENTENDRE, PASSEUR ?
Là ? Non, enfin je veux dire qu’il ne parle p… ha… D’accord ! Apparemment, il accepte de discuter avec nous deux, mais au travers de ma personne. Je… dois dire qu’il semble assez insatisfait de tes… disons : « prises de position ».
FAISEUR, TU AS TOUJOURS ÉTÉ TROP ÉLOIGNÉ DES RÉALITÉS POUR COMPRENDRE CE GENRE DE CHOSES.
Que veux-tu si ce n’est pas le pouvoir, Godheim ?
EST-CE LE FAISEUR OU LE PASSEUR QUI PARLE, ICI ?
C’est moi, bien sûr. Si tu désires papoter avec le Faiseur, commence avec moi.
Quelle impudence, cette jeunesse !

*

La femme écarquilla les yeux à la vue des dix gardes qui tenaient mon avatar en joue.
Adénor Kerichi, capitaine Zoé Akowa, matricule 7298-23 des forces royales. J’ai toujours pensé que le simple fait que ce soit toi, la tueuse trahie par sa hiérarchie, qui accompagna celui qui t’avait sauvée au préalable (alors que vous ne vous connaissiez pas), représentait une défaillance des lois de la probabilité. Et si le Faiseur y avait joué un rôle ?
La réaction de l'ex-capitaine fut extrêmement vive : elle mit en joue mon avatar une onzième fois. J’avais un temps envisagé de lui proposer la création d’une force militaire, endoctrinée et composée exclusivement de femmes. Mes études sociologiques démontraient une discipline accrue et une moindre violence gratuite chez les femelles, le concept demandait à être testé. Entre sa notoriété et ses talents, je ne doute pas que le résultat eut été à la hauteur de mes ambitions… Malheureusement, comme Phil Goud et comme le Passeur, elle s’était dressée contre moi.
« Détendez-vous, Adénor Kerichi, je viens parlementer. Le Colonel Arlington, ici présent, peut vous le confirmer. »
Ils échangèrent un regard, suivi d’un acquiescement mutuel. Le doute et la suspicion subsistaient visiblement, mais l’Exode mordait à l’hameçon. Je me doutais de la moisson d’informations que l’on déduira des analyses spectrales et radiologiques effectuées sur cet avatar, mais tel était le prix à payer. Ce n’est qu’une fois certain que ce corps robotique ne contenait aucune trace d’explosif, qu’Arlington avait consenti à ce tête-à-tête entre « dieux ».
« Puis-je entrer ? Je viens vous proposer une solution diplomatique au drame qui accable nos deux peuples. »
La maitresse de maison, si j’ose dire, laissa passer mon avatar. Pour autant, son arme restait braquée sur lui.
*

Passeur, Passeur, PASSEUR !
Nous touchons enfin au but et te voici, parasitant ce contact ténu avec le Faiseur de tes déductions biaisées par de si incomplètes connaissances !
LE FAISEUR EST NOTRE OBJECTIF, TOUT CECI N’EST QUE SECONDAIRE.
Pas pour moi ! Et je suis celui par lequel transitent les messages… alors, assez joué. Je te pose directement la question : que veux-tu ? Pourquoi la recherche du Faiseur, si ce n’est pas pour obéir aux Titans ? Pourquoi construire cet empire sans fin, pourquoi ce corps obscène et, plus que tout, quelle est la raison de ton existence, Empereur-Dieu Godheim ?
J'empêchai une forme de colère de se déverser ici, sur ce Passeur si rebelle et ce Faiseur tant recherché. Ma grogne s’abattrait ailleurs…

*

« MERDE ! »
Phil Goud, devant son écran, voyait en direct mes corvettes se mettre en position pour créer l’arc transdimensionnel. Je pouvais ainsi téléporter cet astéroïde (voire une planète entière !) au cœur d’un soleil, d’une simple pensée.
Il se retourna vivement et m’enserra le col, loin de toute civilité. On sentait la colère, et même la panique, emporter ce petit humain dépassé par les conséquences de ses actes. Dès le début, je n’avais pas compris pourquoi c’était dans son entourage que le Faiseur avait décidé de revenir en ce recoin de galaxie…
Il hurla :
ARRÊTEZ ÇA TOUT DE SUITE !
Je le peux. Mais cela va dépendre de vos réponses. Je suis venu vous proposer de vous intégrer dans la liturgie religieuse de Ragnvald. De cette manière, nous pourrons faire vivre plusieurs « dieux », ou assimilés, dans un seul dogme.
Il me reposa lentement, réalisant les implications de mes paroles. Même la grande Adénor relâcha la pression sur la détente de son arme. Les humains sont si simples à désorienter que…
Donc le transporteur pourra quitter cette planète et rejoindre le reste de l’Exode ? demanda brusquement Phil Goud.
Je n’ai pas dit cela. Je vous propose une sorte de paix des braves avant que ce conflit ne dégénère. Vous ne devrez pas vous éloigner de l’empire, bien sûr.
Alors c’est non.
Je pense que vous ne mesurez pas les conséquences de vos propos, jeune homme.
L’Exode.Est.Et.Sera.Libre.
C’est suite à cette réaction, à la fois belle et stupide, que je compris pourquoi c’était lui, et personne d’autre, qui avait été choisi comme comparse par le Faiseur.
Oui, bien sûr…

*

Pendant ce temps, je répondais au Passeur.
JE VEUX SAUVER L’HUMANITÉ DES TITANS. METTRE UN TERME À CE CYCLE PERPÉTUEL DE VIOLENCE ET DE DESTRUCTION QUI EMPORTE LES CIVILISATIONS DE BOUT EN BOUT DE L’UNIVERS.
Et pourquoi ferais-tu cela ?
TU LE SAIS DÉJÀ, FABIO OULI, NE…
Je me redressai, parfaitement conscient de m’être par trop abaissé à répondre ainsi à ses questions, quand bien même s'agissait-il du Passeur.
Une partie était en cours avec trois adversaires en scène : le Passeur, le Faiseur et les faux dieux. Je pouvais agir sur certains leviers, le Faiseur pouvait suivre mes actions et demeurer invisible à mes multiples yeux. Fabio Ouli se jouait de mes sentiments et les deux autres, s’ils ne pouvaient gagner, risquaient d’affaiblir durablement Ragnvald.
Passeur Ouli, je t’en prie, aide-moi. Tu dois déduire et comprendre seul !
Je pense que tu étais précédent Passeur. Ai-je tort ?
MON ÉCHEC EN COUTA ALORS AUX HUMAINS. OUI, FABIO OULI, AVANT GODHEIM… IL Y EUT ANTON MARENKOF, PASSEUR D’ALORS.
Marenkof… Je connais ce nom. Marenkof… Le créateur des compresseurs dimensionnels ! Le fameux Anton Marenkof dont on a perdu la trace, mais dont les écrits sont encore conservés dans la bibliothèque royale de MaterOne Centrum.
ET POUR CAUSE, JE N’AI JAMAIS POSÉ LE PIED SUR VEORA, QUE VOUS APPELEZ « MATERONE », MALGRÉ TOUS MES EFFORTS POUR QUE L’HUMANITÉ Y PARVIENNE. JE LES AVAIS QUITTÉS BIEN AVANT, CHOISISSANT DE TRACER MON PROPRE SILLON, LOIN DES « DESTINS » PRÉDÉFINIS PAR D’AUTRES.
Y… parvienne ? Que veux-tu dire par là ?
JE RÉPONDS À TES QUESTIONS, DOIS-JE ÉGALEMENT ME RÉPÉTER POUR TE CONVENIR ?
TU AS MAINTENANT COMPRIS CE QUE TU SAVAIS DÉJÀ. CONTACTE LE FAISEUR, IL SE JOUE DE L’IMPLACABLE ROUE DU TOUT. JE DOIS LUI PARLER.
ÉCOUTE ET APPRENDS.


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Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
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RedU T1 Ch23 Ep13

Tue, 15 Aug 2017 22:27:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 13 "L'indignation d'un Dieu"

Cercle de Khabit, Transporteur 3, quartier de l’équipage.

Installé dans un des fauteuils du salon, je regardais Phil Goud agenouillé auprès de son chat Vivagel, brosse en main. Le félin laissait amoureusement l’ustensile glisser le long de son pelage. Il s’étirait autant que possible pour profiter le plus longtemps de chaque passage et encourageait son maitre par des ronronnements puissants.
Phil était conscient de ma présence, mais refusait toujours de m'adresser la parole. Trop de mensonges, trop de suspicions et même peut-être trop de morts nous séparaient, pour qu’une quelconque amitié renaisse entre moi et le couple qu'il formait avec Adénor.
Vivagel se tourna sur le côté, invitant clairement Phil à insister au niveau du cou et au bas du dos, ce qu’il fit, soumis une fois de plus aux désirs de l'animal.
« Ce chat et moi sommes ensemble depuis bientôt deux ans. Neka, ma première femme l’avait trouvé miaulant devant sa porte… C’était alors la révolution Castiks. »
Je m'étonnai le premier qu'il engageât la conversation. Le chat l’observait de ses yeux d’amande, semblant le retenir à son unique tache de brossage. Je ne manquai toutefois pas l’occasion de répondre :
J’ai toujours aimé les chats, en ce qui me concerne. En fait, je déteste les rongeurs, rats et souris, donc forcement, les félins sont mes amis…
Toi, peur des rats ?
Non, pas « peur », je n'aime juste pas… En tout cas, c’est clairement une répulsion dont l’origine m’échappe.
Il s’esclaffa — vraisemblablement par moquerie.
Le « grand Passeur », celui qui emporte le destin de l’univers vers on ne sait où, se retrouve démuni devant un petit mammifère sautillant à quatre pattes, haut comme même pas une pomme ?
Oui, d’accord, c’est bon ! répondis-je, agacé.
J'avais beau tenter de me rapprocher du couple, il me renvoyait sans cesse son agressivité. Je devais reconnaitre qu’ils avaient raison, bien au-delà même de ce qu’ils imaginaient : j'avais après tout été contraint d'user de manipulation, voire même d'organiser un attentat à leur encontre...
Il n’avait suffi que de quelques mots échangés face aux Titans, dans le cirque fou du Positron, pour qu’une partie du pot aux roses soit dévoilé, entrainant une colère froide, particulièrement chez Phil Goud. Pas de chance, c’était autour de ce dernier que toute cette histoire tournait, dont le fameux « Faiseur », l’être capable d’autoriser « la perturbation de l’ordre et de l’harmonie des choses » (selon l’Empereur-Dieu Godheim).
Il était donc vital de demeurer à leurs côtés, d’autant qu’une puissante religion était née et que, même au sein de l’Exode, leur rôle n’était plus du tout anecdotique.
Mais, dis-moi, enchaina Phil, pensif, tu n’es pas obligé de rester avec nous, tu sais ? Promis, dès qu’on voit le faiseur, on t’appelle. Je suis sûr que, quelque part, une jolie brune, ou un gentil Barbane moustachu, ou n’importe qui, t’accueillerait à bras ouverts !
Je suis officiellement responsable de votre sécurité et, entre nous, vous pourriez passer devant le Faiseur que vous ne le reconnaitriez pas. Et, enfin, Godheim (son avatar) ne me lâche pas, il veut connaitre l’avancée de nos recherches. Donc, navré, mais non.
Phil échappa un profond soupir et poursuivit le brossage du chat. J'observais le félin qui lui rendit un regard moelleux.
Où était donc ce Faiseur ?

Si nous avions pu le trouver à l’époque, cela aurait sans doute simplifié bien des choses…
Inutile de préciser que l’argument comme quoi le Faiseur était un exodé, avait été ressassé de nombreuses fois à Godheim. Les fondements de son empire étaient malheureusement en jeu, il allait donc mettre tous ses moyens dans les batailles théologiques à venir.
Dans son immense grotte, il m’avait convoqué dès la reprise de Transporteur 3 par les fidèles de Phil et Adénor. Les morts continuaient de s’entasser dans les coursives et les escaliers, mais il s’agissait de soldats de Ragnvald cette fois, beaucoup plus que d’exodés.
Sire Godheim, je ne crois pas que la stratégie vers laquelle vous semblez vous orienter soit la meilleure… si je puis me permettre.
TU AS OSÉ PORTER LA MAIN CONTRE LES MIENS, POURQUOI DEVRAIS-JE TE LAISSER LA LIBERTÉ, PASSEUR ?
Je n’ai fait que tenir mon rôle de gardien de Phil Goud, sire. Vos soldats s’en prenaient personnellement à lui, je ne pouvais autoriser cela. J’ai essayé de minimiser les victimes autant que possible.
ET CELA PASSE MAINTENANT POUR DE LA MANSUÉTUDE DU NOUVEAU MESSIE, DONT LES SOI-DISANT « MIRACLES » SONT DIFFUSÉS EN BOUCLE AU TRAVERS DE TOUT MON EMPIRE PAR LES RÉSEAUX CLANDESTINS QUE TU AS AIDÉ À INSTALLER.

Même si déceler une expression, dans le cœur de son immensité phallique, relevait d’une gageüre, plusieurs indices m’indiquaient qu’une rage froide montait en lui. J’en eus la confirmation quelques secondes plus tard :
« SHAZAM ! »
Et nous étions repartis pour un tour. Il m’honora du mot-clé trois ou quatre fois — je ne m’en souviens plus très bien — puis me laissa reprendre mes esprits. Je me retrouvai attaché à des anneaux fixés sur deux poutres de métal en X. À une dizaine de mètres devant moi, l’ombre de l’Empereur-Dieu se mouvait, seuls les petits points rouges de ses pupilles trahissaient sa présence.
JE VAIS TE GARDER AUPRÈS DE MOI, PASSEUR. T’OFFRIR MÊME UN SEMBLANT DE LIBERTÉ FUT UNE FAIBLESSE DE MA PART. TU VAS APPRENDRE QUE S’ÉLEVER CONTRE UN DIEU A UN COUT.
Godheim, tu penses vraiment que ces bouts de métal vont me retenir ? Tu oublies ce dont je suis capable et dès que tu auras le dos tourné, je…
SHAZAM !
Évidemment, dans ces conditions, la discussion ne pouvait que tourner court. D’autant que nous savions tous deux combien ma vantardise était exagérée. « Tourner le dos » ? Mais Godheim est une machine, il ne tourne jamais le dos et peut rester un siècle à me surveiller sans un mouvement. Au moindre doute, j’aurais droit au mot-clé, encore et encore. Il est partout et régira son monde les yeux rivés sur ma personne, sans faillir.
Je sentis une sorte d’aura épaississant l’atmosphère lorsque je me réveillai. Quelques secondes d’analyses me suffirent à en comprendre la teneur : c’était un petit « filet mental » qui m’entourait. Son utilité était simple : repérer tout mouvement psychique. Si, par malheur, je tentais d’agir en un autre lieu par mes pouvoirs, IL serait alerté et hop ! Mot-clé…
La religion de Phil et Adénor est en pleine explosion. Tu ne pourras pas l’arrêter même si je ne fais plus de miracles, leur emprise est désormais trop puissance pour être étouffée. Crois-tu que nous ignorons les conversions grandissantes aux quatre coins de Ragnvald ? Laisse-nous partir, si tu ne veux pas perdre définitivement le Faiseur dans une quelconque escarmouche malheureuse !
ET QU’EST-CE QUI TE DIT QU’IL N’EST PAS DÉJÀ TOMBÉ ?
Avait-il appris quelque chose ?
Une sueur froide me sillonna le dos, car si le Faiseur était bel et bien mort alors plus rien n’arrêterait Godheim. Il avait tous les moyens et pouvait décider d’anéantir des mondes entiers s’il l’estimait nécessaire. J’avais rendu compte à Arlington, ce matin, de plusieurs massacres à diverses échelles au travers l’empire, mais pas toujours à l’initiative de partisans de Godheim. Les (désormais) deux camps se renvoyaient la même sauvagerie, les mêmes conversions forcées, les mêmes conquêtes et les mêmes drames. Des temples à la gloire de chacun étaient construits et détruits, des têtes tombaient et la guerre civile était désormais une réalité en de nombreux lieux.
Parmi les bonnes nouvelles, on allait décréter, sur un gros astéroïde au nom abscons, la sortie du giron de Ragnvald. L’évènement n’avait entrainé aucune effusion de sang, c’était une première.
Pourtant, L’Empereur-Dieu ne lâchait rien.
Les deux points rouges restaient immobiles et me surveillaient depuis l’ombre. Il fallait que j’en sache plus. Je commençai par… lancer la conversation.
« J’ai été assez intrigué par l’absence de jugeote de la part d’Artoc, lors de son entrée dans Transporteur 3. Un Mental aurait vite mesuré la détermination des exodés, pourtant lui s’est laissé berné par des idées préconçues. »
Pas de réponse. Je poursuivis…
Ce n’est pas une question de langue ni de « fréquence psychique » si je me base sur la rencontre que nous avons eue ici même. À part un fanatisme au-delà de toute rationalité, je ne vois pas.
ARTOC A JURÉ DE NE JAMAIS UTILISER SES POUVOIRS DANS L’EMPIRE. TELLE FUT UNE DES CONDITIONS À SON INTRONISATION.
Juré ? Tiens, oui, au fait, pourquoi n’ai-je trouvé aucune trace de Mentaux ? Nulle part, sur aucun des mondes où je me suis projeté ?
IL A JURÉ DEVANT SON DIEU. C’EST LA PAROLE D’UN ÊTRE DOUÉ D’HONNEUR, LES DIEUX SAVENT RECONNAITRE CELA, CONTRAIREMENT À TOI, FABIO OULI.
Bon, j’avais posé une question directe, il n’en avait même pas tenu compte. Changeons d’approche…
« Je ne manque aucunement d’honneur, Sire Godheim. Nous sommes juste en désaccord au sujet de l’exode.
D’ailleurs, une interrogation — que je ne vous soumettrai pas — m’est venue. La dernière personne qui s’était intéressée aux Titans, à ma connaissance, fut Angilbe. Il ne connaissait pas les termes de « Faiseur » ou de « Passeur », mais il avait accumulé une bonne documentation sur eux.
Certaines informations recoupent celles du cirque délirant et de notre cher Monsieur Loyal, dont, par exemple, les pouvoirs incommensurables offerts par ces Titans aux humains d’alors.
Pouvoirs très comparables aux miens. Une intensité que vous ne possédez pas et comme nous ne savons rien de vous, je ne peux qu’en supputer la raison. J’imagine un Mental moyen, esseulé et orgueilleux, qui se serait construit un corps pouvant traverser les siècles, s’installant à l’autre bout de l’univers pour y bâtir son propre empire. Ce n’est qu’une théorie bien entendu… »
Lentement, la grande chose s’approcha. Lorsque la lumière réverbérée par la pierre dessina les traits principaux de son visage, je fus stupéfié d’y lire… comment dire ? Une expression désespérée ! Était-ce le jeu d’ombres et de clarté ou une simple illusion d’optique ? Les mots qui sortirent de sa bouche, alors, ne me laissèrent que peu de doutes.
« … EST-CE AINSI QUE TU ME VOIS, FABIO OULI ? EST-CE TOUT CE QUE NOTRE PROXIMITÉ T’A INSPIRÉ SUR MA RAISON D’ÊTRE ?

SHAZAM ! »
Et je retombai dans l’inconscience…


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RedU T1 Ch23 Ep12

Tue, 08 Aug 2017 22:16:00 GMT

 Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 11 "Titra IX"

Bonjour à tous, vous êtes bien sur Ex-One Média, et c’est Titus Matrane en direct de Transporteur 3 pour cette émission très très spéciale.
Aujourd’hui, nous recevons une personnalité illustre dont l’éclat nous guide au travers des épreuves que nous traversons, je veux bien sûr parler de sa grandeur, son excellence… Phil Goud.
Permettez-moi d’embrasser Votre main, Monseigneur.

C’est un honneur, je vous l’annonce sincèrement et devant tous nos multispectateurs. Moi et les miens suivons tous vos préceptes et je conserve une trace de chacun de vos miracles chez moi. Je… Pouvez-vous bénir ma petite fille ? Elle est ici dans cette salle. Pas tout de suite, ne vous pressez pas, mais après l’émission, par exemple, et…
Monsieur Matrane, retournez présenter ce journal s’il te… s’il vous plait. Si vous voulez m’aid… suivre la voie, je pense que c’est surement ce qu’il faut faire. Je bénirai tout ce que vous me demanderez après, promis.
Oui, oui, bien sûr ! Alors, je… je me rassoie. Heu… nous avons tant de questions à vous poser, les fidèles ont saturé le standard dès la nouvelle de Votre Auguste venue. Accepterez-vous d’y répondre ? Au moins à quelques-unes ?
Nous verrons, monsieur Matrane, mais je veux d’abord vous lire mon communiqué. Il est important et… il est temps pour moi de lever le rideau de tout ce théâtre. Je l’ai préparé rapidement sur un bout de papier dans le transport tubulaire, vous m’excuserez de certaines tournures.
Bon, ce n’est pas l’essentiel, alors je commence.
… Exodés de Transporteur 3, la nouvelle que j’ai à vous annoncer n’est en rien plaisante ou agréable. Il est probable que moi, Phil Goud, ma compagne Adénor et d’autres deviennent les personnes les plus haïes de l’Exode après cette déclaration. J’en assumerai donc l’entière responsabilité.
À la suite de… C’est quoi ces lumières rouges qui clignotent, Matrane ? C’est assez dérangeant, j’aimerais rester concentré si possible.
En fait, c’est pour annoncer un flash spécial. On me dit à l’oreille que quelque chose se passe sur un des mondes de Ragnvald. Nous recevons des images enregistrées, il y a maintenant un peu plus de deux heures. Cela parlerait de… d’un massacre de fidèles !
NON, encore ?
Nous allons la visionner immédiatement. Jean-Marie, tu peux envoyer !
Donc… Ici, nous découvrons une barricade assez importante élevée autour d’un quartier où logent principalement des Octotes, me dit-on. La planète est Titra-9, une des plus grosses de Ragnvald après Monte-Circeo. Ha ! On longe la bordure intérieure avec les révoltés, semble-t-il. Les mines sont fermées et on peut distinguer des minirécepteurs illégaux qui permettent de suivre les nouvelles. Vu l’horaire inscrit sur cette vidéo, l’assaut sur Transporteur 3 venait de débuter depuis une bonne trentaine de minutes… On voit des gens distribuer des armes… D’après les langues parlées, il y a aussi des citoyens de Ragnvald, on dirait. Des convertis… Ici, cette jeune fille offre à boire et…
Catherine !
Pardon ? Vous connaissez… Mais qu’est ce que c’est ? Je découvre ces images en même temps que vous, mesdames et messieurs. Une population en colère vient de s’amasser face à eux, à moins d'une centaine de mètres dirait-on. Ils sont… très nombreux et visiblement armés. Regardez là, des gardes de Ragnvald en tenues blindées ! On voit l’inquiétude gagner les visages de ce côté des barricades, certains reculent, d’autres se préparent à combattre. On a le son ? La fille, là, on peut l’entendre ?
« Saint Phil et Sainte Adénor nous regardent par-delà les mondes ! Nous leur devons tout et c’est… »
ILS ATTAQUENT ! Cette vidéo est un témoignage en direct, mesdames et messieurs. Les soldats de Ragnvald utilisent des explosifs. Ils ouvrent facilement une brèche dans la barricade OÙ TOUS LES AUTRES S’ENGOUFFRENT !
… C’est… Ho ! Mon Dieu, Phil, PHIL !
Ça va trop loin...
La jeune femme, regardez comme elle se défend ! Elle met à terre plusieurs assaillants à mains nues et elle retourne l’arme d’un soldat contre lui !
La caméra pivote, nous voyons autour, c’est… une boucherie.

La caméra vient de tomber par terre, on voit un pied du caméraman sursauter sous les coups d’un groupe de civils enragés, ils sont armés de battes ! LA JEUNE FILLE, ELLE A ÉTÉ TOUCHÉE, VOUS…
CATHERINE, NON !
Ils se jettent à plusieurs sur elle et… abattent leurs armes dessus… je… pardonnez les sanglots dans ma voix… je n’arrive pas…

C’est maintenant filmé d’un étage, dissimulé, nous sommes trente minutes plus tard… La rue est jonchée de cadavres… On voit des explosions au loin, mais c’est pratiquement fini. Il n’y a plus que des civils de Ragnvald ou des soldats qui enjambent les corps et… regardez ces enfoirés, ils achèvent les victimes !
PUTAIN CES BOUCHERS VONT TOUS NOUS BUTER, PHIL GOUD !

Phil Goud, s’il vous plait, donnez-nous la voie ! Qui sont ces monstres, quelle est cette épreuve ? Je… Oui ? QUOI ?
Je refuse de… de laisser… çà, impuni !
C’est notre tour ! En direct, on me dit que des soldats sont à la porte du studio !
Ils arrivent ! On… on entend des coups sur la paroi, des hurlements ! Nous sommes accusés de… de promotion de contenu interdit. Des techniciens partent prêter mainforte pour repousser l’assaut… Comment ? La multidiffusion a été interrompue ?
Godheim, tu ne t’arrêteras pas… tu n’es qu’une machine sans âme !
Oui ? Ha ! OK… La régie s’est branchée sur les lignes pirates de l’Exode ! Grand Phil, nous n’avons que quelques secondes avant que l’entrée ne cède, PITIÉ !
Chérie, rejoins-moi sur le plateau, s’il te plait. Viens mettre un genou à terre, là…
Phil Goud, nous sommes maintenant à vos pieds. QUE DOIT-ON FAIRE ? Je ne veux pas que ma fille meure ! Ils vont massacrer tout le monde comme sur Titra-9, comme dans la Cité intérieure !
Catherine… Ragnvald doit payer, nous n’avons plus qu’un seul choix.
Elle est devenue par son sacrifice, notre première martyre… Sainte Catherine ! Je ne voulais pas, monsieur Matrane. Croyez-moi, je ne voulais pas...
Faites quelque chose, pitié ! Vous devez nous aider ou nous allons tous mourir !
MOI, PHIL GOUD, JE DÉCLARE LA GUERRE SAINTE CONTRE L’EMPIRE DE RAGNVALD !
QUE MES… FIDÈLES DEVIENNENT DÉSORMAIS DES LIONS ET DES LIONNES-SABRES, CHAQUE EXODÉ EST UNE LAME QUI TUERA ET DÉFERA NOTRE ENNEMI ULTIME : LE TYRAN GODHEIM.
L’EMPIRE DE RAGNVALD VEUT NOUS EXTERMINER, ALORS PAR LE POUVOIR QUI EST EN MOI ET EN ADÉNOR, JE VOUS GUIDERAI ET JE VOUS DONNERAI À TOUS LA FORCE DE VAINCRE !
OUI ! EXODÉS, VOUS AVEZ ENTENDU L’ORDRE DU VRAI DIEU ! TOUS CEUX QUI TOMBERONT AU CHAMP D’HONNEUR SERONT GLORIFIÉS ET SANCTIFIÉS ET LEURS NOMS DEVIENDRONT DES PRIÈRES ÉTERNELLES !
Je… Je pars affronter ces soldats avec vous, NOUS ALLONS TOUS COMBATTRE À VOS CÔTÉS !

Phil Goud, je comprends maintenant le message que vous vouliez nous faire passer. Non, nous ne pouvons pas vous haïr, vous saviez ce qui allait arriver et c’est pour nous aider à RÉAGIR COMME DE VRAIS EXODÉS que vous avez laissé tout cela se produire. VOUS AVIEZ RAISON !
Chérie, je ne reviendrai peut-être pas. Toi, là-bas éloigne-la d’ici, passe par les conduits d’aération. Je t’aimerai toujours ma petite, même si je devais m’en aller au paradis, dis au revoir à ta mère de ma part. Adieu.
J’y vais, MERCI À TOI, PHIL GOUD ! ALLEZ LES GARS, MONTRONS-LEUR QU’ON NE CRAINT RIEN ET REPRENONS CE TRANSPORTEUR EN DIRECT SUR L'ANTENNE D’Ex-One Média !
EN AVANNNNNNNNNNT !


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RedU T1 Ch23 Ep11

Tue, 01 Aug 2017 22:47:00 GMT

  Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 11 "Échec total"

Le personnel de l’hôpital m’avait littéralement séquestrée dans une pièce à part. Derrière la porte s’accumulaient déjà fleurs, offrandes et suppliques pour que je réalise tel ou tel miracle. Le responsable des internes ne m’avait-il pas demandé d’intercéder en faveur d’un patient en état critique ? Je ne pouvais évidemment rien tenter pour ce pauvre hère, au mieux pouvais-je passer le message à Fabio au cas où ses pouvoirs seraient efficaces. « Sainte Adénor » était venue aux nouvelles du capitaine Carrillo et des centaines de blessés balayés par la contrattaque de Ragnvald. Nous le savions, mais nous pensions que cela n’arriverait pas « forcément », quitte à nous mentir à nous-mêmes.
Les assaillants ne furent pas cent, ni cinq-cents, mais deux-mille, lourdement armés, se jetant dans une opération de « sauvetage » qui n’en avait que le nom. Comment espéraient-ils protéger la vie des otages dans une attaque de cette ampleur ? Mais le fait est qu’ils atteignirent leur objectif, car les exodés, eux, n’étaient pas des bêtes au point d’achever des blessés dans un hôpital.
Je regardais la cité intérieure par une petite fenêtre, lorsqu’Arlington entra dans la pièce en se contorsionnant pour contourner les montagnes de présents qui abondaient devant l’entrée. Il arborait évidemment la mine grave des mauvais jours.
Carrillo s’en sortira. L’opération a été un succès et on a retiré les deux balles logées près du cœur. Le pire, c’est qu’on reçoit en ce moment l’aide de nombreux médecins et d’avatars pour soigner les blessés et étayer les décombres d’immeubles. Apparemment, le message serait qu’ils sont « désolés d’avoir été obligés d’en arriver là ». Quelle hypocrisie !
Y a-t-il eu de nouvelles victimes ? demandai-je, dégoutée par ce gâchis sous notre responsabilité.
Oui, deux. Vu le nombre de blessés, c’est un miracle et… il vous est attribué à l’unanimité.
Le colonel s’approcha pour, comme moi, scruter la cité intérieure. Les dernières fumées finissaient d’être étouffées et on condamnait des quartiers entiers pour éviter un écroulement en chaine.
Deux-mille soldats, sans aucune pitié : aucune résistance n’avait été tolérée, la mort pour tous ceux qui faisaient mine de combattre. Si Carrillo n’avait pas ordonné d’éloigner le maximum de personnes des zones où les potentielles batailles se dérouleraient, le bilan aurait été bien pire. Il avait, en tant que responsable, préparé tout ce qu’il était humainement possible : barricades, protections, chaussetrappe… Même l’hôpital avait été évacué, ne conservant que le minimum de patients qui ne pouvaient être déplacés.
Mais que pouvait-il espérer face à l’Empereur-Dieu ? Ce cyborg possédait tous les plans de notre transporteur, fichait chaque exodé, mémorisait toutes les stratégies depuis l’aube des temps et mobilisait une force de frappe endoctrinée et parfaitement organisée.
La voix cassée, Arlington tira le bilan peu reluisant de ce drame.
On dénombre au total cent-soixante-quatre morts, dont sept enfants, quatre-cent-douze blessés, dont une vingtaine de cas très graves, ce qui est peu, car… ceux qui résistaient étaient implacablement achevés. Une partie des victimes « civiles » l’ont été suite à l’assaut par les forces de Ragnvald d’un immeuble occupé.
Une erreur ?
Non. Il s’agissait de… de certains de vos fidèles. Ils pensaient sérieusement qu’eux et leurs familles étaient placés sous votre sainte protection et qu’ils seraient vainqueurs. Ce fut un massacre. Je suis navré, Adénor. Je ne sais que dire.

De leur côté, ils déplorent tout de même des pertes : neuf morts et environ quatre-vingts blessés. Artoc et les otages ont été libérés et sont maintenant quelque part sur Monte Circeo. D’après quelques rumeurs divulguées par les médecins de Ragnvald, il s’agirait également des plus lourdes pertes de mémoire d’homme dans leur rang.
Maigre consolation. L’Empereur-Dieu est bien au-delà de la mémoire des hommes et cela ne doit représenter qu’un épisode de plus dans sa longue carrière d’absolutisme. Et dire qu’il prétend aider l’humanité…
Le colonel Arlington soupira, il laissa ses épaules s’affaisser puis écrasa brusquement son poing contre le mur, les yeux embrumés.
« C’était MON idée ! Je… Je savais qu’on risquait ce genre de répliques, mais je n’imaginais pas… j’ai supposé qu’il n’oserait pas aller jusque là. Bon dieu, il cherche ce « Faiseur » et on a cent-soixante « possibilités » qui viennent d’être emportées dans cette attaque ! JE NE COMPRENDS PAS !
Il avait tout prévu depuis le début et même cet imbécile d’Artoc s’est fait manipuler. Godheim l’a laissé provoquer cet incident, lui fournissant une raison pour reprendre la main avec cette violence inouïe. Et maintenant… nous voici avec de nombreux morts et Transporteur 3 occupé : loi martiale, contrôle d’identité, patrouilles du centre de commandement aux toilettes communes ! Nos ateliers de fabrication de propagande religieuse ont tous été détruits et, même moi, j’ai désormais trois chaperons, aux avant-bras comme des jambons, plus un avatar de Godheim qui, tous, m’accompagnent en permanence. On est proche de l’échec total et… sanglant.
Je crois que Goud, Fabio et vous êtes les seuls encore libres de vos mouvements, chère Adénor. Si vous avez la moindre idée, je suis preneur. »
Je ne répondis pas, tentant de maitriser mes émotions. Si j’avais beaucoup tué par le passé, il s’agissait d’un « travail » et chaque action était préparée, calibrée. Ici, nous avions affaire à un jeu de gestion de masses. La mort n’était plus comptée en vies, mais en pourcentage, les dommages ne se qualifiaient plus socialement, mais de manière comptable. Pour l’Empereur-Dieu, cent-soixante individus représentaient un risque de moins d’un centième de tuer le Faiseur.
C’est une machine que nous affrontons, peu importe qu’elle soit recouverte de peau ou, comme Fabio le suppose, habitée par un cerveau humain. Comme tout ordinateur, elle vit par le calcul : risque de voir l’empire de Ragnvald déstabilisé contre risque de perdre le Faiseur. À partir de là, le sort des résistants était joué.
Où est Goud, au fait ? demanda Arlington en se reprenant.
Il est à Ex-One Média, il a décidé de lancer un appel pour faire cesser le combat. Lorsque l’on a appris le soulèvement des exodés sur les dix-mille mondes, il s’est écrié qu’il n’accepterait jamais d’être responsable de la mort de tant de personnes. Alors, il en a parlé au premier gradé de Ragnvald qu’il a trouvé et, immédiatement, l’Empereur-Dieu lui a fait ouvrir une véritable haie d’honneur vers les studios multivisuels du pont quatre.
Je comprends Goud. D’après les informations de Fabio, nous avons de nouveaux convertis de Ragnvald qui se sont alliés au soulèvement des exodés à la suite de l’attaque. Même s'il a lieu dans les deux sens, le mouvement d’évangélisation a tendance à tourner en notre faveur. Le plan était bien parti pour être une victoire… et c’est bien pour cela que Godheim a réagi aussi brutalement.
Le pire c’est que tout cela me rebute autant que vous. Avez-vous pensé que je ne réfutais pas l’horreur de ce que nous avons tenté ?
Je croisai son regard et fus surprise d’y découvrir plus un appel à l’aide qu’une réelle question. De par sa fonction, et à l’origine de l’idée, ce haut officier rodé, un des grands architectes de la révolution Castiks, avait encore plus de mal que moi à accepter les conséquences de nos choix. Encore une personne bien, entrainée dans un malstrom sans issue.
« Jamais nous n’avons pensé cela, Colonel. Nous sommes tous responsables. Tous. »
Au loin, sur la paroi de l’autre côté de la cité intérieure, on pouvait voir des ouvriers, hommes et machines, s’affairer à agrandir une ouverture dans la coque. Plaque par plaque, le démantèlement de Transporteur 3 avait bel et bien commencé et Phil passait en ce moment un message de reddition sur la première chaine d’information de l’Exode.


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Bande Annonce officielle " L'autre Agapé " (Special 2017 - Podnuit 18/08/2017)

Fri, 28 Jul 2017 13:51:00 GMT




En se rendant à cet étrange rendez-vous, Calande Rorré la jeune psychologue en vue de la mégapole MaterOne Centrum, ne se doutait pas qu'elle allait rencontrer le Contramiral Poféus.
Amour, violence, secrets et pédophilie : Angilbe et Calande basculeront mutuellement leur destin pour le meilleur et pour le pire.


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RedU T1 Ch23 Ep10

Tue, 25 Jul 2017 23:02:00 GMT

  Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 10 "Artoc"

Je descendais vers la salle des machines, passant en revue le contenu des derniers envois à nos « exodés expatriés » avec deux sous-officiers, quand toute l’affaire débuta. Arlington, Phil, Adénor et Fabio Ouli visitaient une colonie octotes à une journée de Transition d’ici et les premiers retours étaient positifs.
« … si les gars de Ragnvald fouillent les bagages, alors on va utiliser le vieux principe des 'mules' : on place le nécessaire dans de grosses capsules antirayonnement qu'ils doivent absorber. Ça passera les contrôles sans problème.
Et le quota de reliques sacrées, il est enfin prêt ? Cela fait deux jours que je le demande. Transmettez à Adénor, on a besoin d’autres cheveux d’elle pour le groupe nordiste. C’est bien qu’ils viennent aussi ceux-là : des durs à cuire, mais une fois lancés ils ne lâchent rien… »
Les gars étaient bien en peine de suivre le rythme, mais on ne pouvait ni se permettre d’assigner trop de monde à ces opérations secrètes ni retarder le programme. Brouilleurs électromagnétiques, communicateurs, livrets de formation à la clandestinité et, bien sûr, tout le nécessaire aux multiples rites de notre nouvelle liturgie (que l’on inventait au fur et à mesure). La liste n’était d’ailleurs pas exhaustive…
La diffusion de la religion de Phil et Adénor avançait à un rythme de sénateur, on sentait la main de l’Empereur-Dieu un peu partout pour nous mettre des bâtons dans les roues. Là-bas, il s’agissait de contrôles inopinés aux espaces d’embarquement et, ici, il osait même convertir des exodés sincères à sa croyance puis les utiliser comme taupes. Saloperie de cyborg… Je devais admettre qu’il était un adversaire redoutable, n’ayant rien à envier à l’ancien régime royal : moins violent et plus efficace.
C’est à ce moment que mon communicateur sonna, on me demandait d’urgence à l’entrée. On accourut aussi vite que nos jambes nous le permirent, mais c’était déjà trop tard.
Le hangar principal était envahi par une vingtaine de soldats et techniciens de Ragnvald, dirigés par le fameux Artoc en personne. Il arborait fièrement sa tenue officielle, les armoiries bien en évidence sur le heaume. En dessous brillaient ses pupilles dorées de Mental, particulièrement inquiétantes.
Par ordre de Son Ultime Grandeur, nous venons procéder à la première phase du démantèlement de cet appareil et à l’affirmation de Sa présence à bord, durant les travaux.
Toi, lance un appel général, je veux tout le monde ici dans les deux prochaines minutes, VITE ! Je me retournai vers Artoc, il suffisait de gagner quelques minutes. Quant à vous, je vous demande de sortir. Vous n’êtes pas sous votre juridiction et l’Empereur-Dieu n’a pas d’ordres à donner en ce lieu.
Il est partout, hérétique, et nous passerons.
Comme quoi, si Godheim était futé, ses sous-fifres n’étaient pas du même calibre. Artoc leva un de ses doigts et tous ses hommes en armes (il y avait deux extraterrestres à ses côtés) firent claquer le chien de leurs fusils-mitrailleurs ou prirent en main une sorte de poignée dont j’ignorais l’utilité.
D’un coup d’œil, je mesurai que nous étions moins nombreux et moins bien préparés qu’eux. Je tentai une ultime mise en garde, la méthode d’Arlington pour les cas désespérés.
Artoc, ne faites pas de bêtises. Il y a encore beaucoup de monde dans ce transporteur, vous ne feriez pas le poids. On pourrait en rester là et…
THL’A !
Aucune idée de l’origine de cette langue, mais ses soldats bondirent. Plusieurs pointèrent ces espèces de poignées sur nos gardes et, dans un éclair bleu, ils les firent s’effondrer au sol, comme foudroyés. Les autres furent mis en joue ou maitrisés rapidement, moi le premier. Je fixai mes hommes à terre alors qu’on me ligotait fermement. Artoc suivit mon regard et ajouta :
« Ils seront bons pour quelques jours de grosses migraines… On vous emmène avec nous, direction votre cité intérieure. Ensuite, vous nous montrerez les lieux de fabrication de tous les instruments interdits que vous expédiez à vos conjurés un peu partout sur Ragnvald, et on s’en saisira. En avant ! »

Incroyable de naïveté, tout de même, je n’en revenais pas. Même la fière armée royale ne serait pas entrée en si petit comité dans un engin comme Transporteur 3. Mais Artoc et ses bonshommes, si. Ce type était censé percer les pensées de chacun ici, alors pourquoi ne comprenait-il pas ? Ce qui devait arriver arriva : au deuxième détour d’une passerelle, on fit face à une trentaine de soldats armés jusqu’aux dents accompagnés, au bas mot, d’une bonne centaine de civils brandissant barres de fer et autres couteaux de cuisine.
L’extraterrestre bourru souleva un sourcil, il ne s’attendait pas à ça. Quelle andouille ! Il gronda, visiblement contrarié :
Veuillez vous écarter, nous agissons sous la haute autorité de Sa Majesté l’Empereur-Dieu Godheim !
C’est sûr que là, ça doit les faire trembler. Artoc, vous pouvez encore abandonner la partie.
Tais-toi, sale…
Sale quoi ? répondis-je du tac au tac. Cette histoire sentait très mauvais, mais je commençais à voir monter un doute en moi. Dites-moi, Artoc, c’est bien l’Empereur-Dieu en personne qui vous a demandé de venir, n’est-ce pas ?
L’autre me projeta son poing dans l’abdomen, ce qui eut pour effet de me faire tomber genoux à terre. Le coup était très rude, les non-humains sont d’une force insoupçonnée ! Il me saisit par le col et me releva d’un bras à sa hauteur puis me plaqua la poignée aux rayons bleus contre la tête.
À VOUS TOUS ! ÉLOIGNEZ-VOUS OU IL MOURRA. À cette distance, humain, le paralyseur brule tout.
Vous êtes ici… … de votre propre chef, avouez-le !
TAIS-TOI ! Il n’a pas besoin de me parler pour me donner Ses ordres, il sait tout. Il lui suffit de me laisser faire.
L’explication d’un endoctriné est toujours à la limite de l’irrationnel. Si j’avais besoin d’une confirmation, Artoc venait de me la donner. Il devait en avoir marre de notre travail de sape des fondamentaux de ses croyances et de Ragnvald et avait décidé de prendre les choses en main. Et l’Empereur-Dieu laissait faire.
En face, on attendait visiblement quelque chose. On comprit vite ce dont il s’agissait, avec les bruits derrière nous. Une seconde foule armée venait d’apparaitre et bloquait la sortie. Cette fois, les soldats de Ragnvald lancèrent des coups d’œil inquiets à leur chef. Il n’en tint pas compte, croyant sans doute toujours que le bluff suffirait. Je me forgeais une conviction : il ne pouvait ou ne voulait pas lire nos pensées. On voyait bien que la situation lui échappait.
De mon côté, je commençais à avoir du mal à respirer, sa main me serrait trop fort.
DERNIÈRE SOMMATION ! VOTRE SECOND VA MOURIR SI VOUS NE VOUS ÉCARTEZ PAS !
Je crois que… … Godheim vous a sacrifié sur une partie dont vous ignorez les enjeux, mon bon… Artoc. Il savait… … pertinemment… que vous ne passeriez pas, l’idée était juste de donner un… … un message, comme quoi il n’était pas responsable de toutes les actions… … conséquentes aux nôtres.
C’est bon, dites-lui qu’on a comp… reposez… moi… … J’étouff…
Les autres ne lui laissèrent pas le temps de se décider. Le mauvais calcul d’Artoc était double. Il pensait qu’user de la force avec les exodés fonctionnerait, ce qui n’était pas du tout le cas, et il oubliait que les plus modérés étaient déjà en route pour la dispersion. Il ne restait dans le transporteur que les hommes et les femmes les plus attachés à ce vaisseau, quand ce n’étaient pas les plus fanatisés à Phil et Adénor. Pas du genre à parlementer trois heures… Ils attaquèrent donc.
Je profitai de sa stupéfaction pour lui envoyer mon genou en pleine tête avec mes dernières forces. Il me lâcha et je m’effondrai, la respiration sifflante. Lui se remit vite et pointait son arme sur moi quand la première barre de fer vola et le blessa à l’épaule.
Le sang des extraterrestres est bleu foncé, ce fut une découverte.
Je hurlais ce que je pouvais aux exodés, comme à ceux de Ragnvald, pour éviter un massacre. Certains soldats et techniciens comprirent, d’autres résistèrent, d’autres enfin firent feu. On dénombra deux morts de notre côté, cinq du leur et une bonne vingtaine de blessés plus ou moins gravement, de part et d’autre. Pendant qu’on portait sur des civières tout ce monde à l’hôpital, je ne pus m’empêcher de noter combien mes paroles, mes ordres, avaient été ignorés durant l’assaut. Je craignais que la rage, la ferveur dans les yeux des exodés n’obéissent plus à aucune règle… ou plutôt si : celle de Phil et Adénor.
Nous maintenions désormais en otage, à bord de Transporteur 3, un groupe de Ragnvald, et le sang avait fini par couler entre nous.
La réaction de l’Empereur-Dieu n’allait certainement pas tarder. Elle risquait de se montrer violente.


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RedU T1 Ch23 Ep09

Wed, 19 Jul 2017 00:23:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 9 "ExOne Média"

« Bonjour à tous, vous êtes bien sur Ex-One Média, et c’est Titus Matrane en direct de Transporteur 3 pour l’édition du soir !
Voici les titres :
Retour sur cette impressionnante série de miracles dont nous recevons les images presque quotidiennement par nos multispectateurs. Il semble que Saint P… Phil Goud et Adénor Kerichi… aient décidé de montrer l’étendue de leurs capacités. Le nombre de leurs adeptes ne cesse de croitre et pas seulement dans l’Exode !
La dispersion imposée par l’empire de Ragnvald se poursuit, mais elle est loin de se dérouler dans la paix. Des témoignages en provenance des dix-mille mondes en seconde partie.
Enfin, nous ferons un tour d'horizon des connaissances accumulées sur la société de Ragnvald, sa structure et ses contradictions.
Pour répondre à toutes nos questions et éclairer ce débat, nous recevons sur ce plateau le commandant Momumba Arlington en personne, qui s’installe en ce moment à mes côtés.
Retrouvons-nous juste après une page de publicité ! »

Retour dans votre édition du soir d’Ex-One Média. Colonel Arlington, c’est un plaisir de vous recevoir ici, vos interventions publiques se font plutôt rares.
Le plaisir est partagé, cher Monsieur Matrane. J’adorerais venir commenter l’actualité plus souvent, mais il s’avère que je suis, en raison de mes fonctions, au cœur de cette actualité. Rappelons à vos multispectateurs, s’il en était besoin, qu’il y a environ un mois, nous étions happés dans une dimension autre que la nôtre, alors que l’on traversait la Passe de Magellone…
… Et nous en sommes revenus directement pour être récupérés par l’Empire de Ragnvald. Tout cela n’est plus guère « nouveau » dans le flux médiatique, alors que ces images-ci…
Là, nous voyons Sainte Adénor Kerichi qui s’élève dans les airs et prie face au mur protégeant le service des soins intensifs de l’hôpital. Un exodé avait été gravement blessé en barrant le passage des machines-outils, venues démanteler notre transporteur. La nouvelle de sa rémission miraculeuse nous est parvenue quelques minutes plus tard et on a même pu voir l’homme saluer la foule et s’agenouiller devant Adénor.
Ici, c’est Sai… Phil Goud qui confirme être apparu à ce pilote de corvette dont nous avions reçu le témoignage quelques heures plus tôt. Il avait été ainsi prévenu du passage d’une météorite, sur sa trajectoire de descente vers Monte Circeo.
Ou cet extraordinaire redémarrage du circuit secondaire de Transporteur 3, quand Phil et Adénor ont uni leurs mains et effleuré le générateur. Celui-ci s’est remis à fonctionner, fournissant l’électricité indispensable à la cité intérieure, coupée depuis plusieurs heures.
Ces miracles ont été vérifiés et confirmés sur place. Aucun trucage n’a pu être mis à jour. Colonel, votre commentaire ?
Vous savez… dans ma culture tropicalienne, nous sommes habitués aux mystères de l’esprit et de l’autre monde. Les divinités ne sont, en fin de compte, qu’une part de notre univers et nous cohabitons avec eux en permanence, de la naissance à la mort. Et bien sûr après, lorsque notre âme pénètre elle-même ces mystères.
Je ne peux que me réjouir de voir les très estimés Phil et Adénor devenir ainsi une forme de pont avec cet autre univers. D’une manière ou d’une autre, ils ont réussi à atteindre cette forme que l’on qualifie de « divine », mais qui, à mes yeux, n’est qu’une représentation supplémentaire des forces mystiques naturelles.
Je ne peux que vous donner mon opinion, bien entendu. Que peut le ver de terre face à la baleine-verte, n’est-ce pas ?
En effet, Colonel. Mais du point de vue officiel, l’administration de Transporteur 3 ne fait pas de commentaire. Pourquoi ? Techniquement, ce sont des troubles à l’ordre public auxquels nous assistons.
Tout de suite les grands mots ! Mon cher Titus, une autre dimension, le capitaine Magellone, Ragnvald et l’Empereur-Dieu, le Yesmaïl… Nous ne pouvons que nous réjouir de voir apparaitre un tel repère pour nos exodés, compte tenu de la dispersion.
Comprenez-moi bien : il est nécessaire que chacun conserve ses racines fondamentales. La religion en fait partie, que l'on vive ici ou à des millions d’années-lumière.
Donc tout va bien et aucune règlementation n’est enfreinte ?
Totalement.
Alors, poursuivons notre journal. Nous avons actuellement cent-douze-mille-trois-cent-quarante-quatre exodés qui ont « choisi », si l’on peut parler de choix, de se rendre dans un des dix-mille mondes de Ragnvald, parfois seuls, parfois avec leur famille. Comme promis, les communications sont ouvertes et non filtrées par le pouvoir en place. Nous pouvons donc obtenir des retours. En voici certains recueillis par notre équipe…
(my-ëve)
« Vous m’entendez ? … très bien, je commence ? Bonjour, je me nomme Orta, je suis parmi les premiers à avoir suivi l’Empereur-Dieu lorsqu’il est venu nous parler dans le transporteur.
Je vis seule avec mon hamster, le déménagement a été simple. J’ai accepté une place dans une station spatiale en orbite, autour d’une géante gazeuse. Heu… je ne peux pas vous dire où exactement, mais on a voyagé cinq jours en Transition. L’endroit est spacieux, nous sommes un millier d’habitants, dont une trentaine originaires de l’Exode. Je ne me plains pas de la fonction qu’on m’a attribuée, c’est pile dans mes compétences.
En fait, le seul truc qui me gène ce sont les quatre prières de la journée à l’Empereur-Dieu. Elles ne sont pas obligatoires, mais ceux qui ne les font pas sont vite repérés. On essaye de nous convaincre, de discuter… et ensuite, on commence à nous rejeter. Non, pas rejeter, on ne nous ouvre plus les portes de la communauté, vous voyez ?
Sur une station spatiale, ben on va vite tourner en rond. Alors, on se rapproche des autres exodés, même ceux qu’on n’appréciait pas trop, comme ces deux Octotes qui ont voyagé avec nous. Je veux dire, je ne suis pas religieuse, ni l’Empereur-Dieu, ni Phil et Adénor, juste… juste que je crois à la liberté de culte. Un soir, je suis venue les soutenir alors qu’ils faisaient face à un groupe d’illuminés qui leur refusaient le droit de s’installer dans une petite pièce, presque un dépotoir, pour prier.
Je dois être honnête, j’ai vraiment l’impression que la tension augmente entre les exodés, solidaires des Octotes et majoritairement non croyants, et les habitants de Ragnvald. Hier, on m’a refusé une part supplémentaire alors qu’il y avait du rab aux cuisines. C’était injuste et une des consoles s’est allumée, ordonnant que je reçoive mon dû. C’était l’Empereur-Dieu qui parlait, il est partout et, lui, il est juste, mais ce n’est pas le cas de tout le monde, loin de là… Voilà, c’est ce que j’avais à raconter, merci beaucoup et passez le bonjour à ceux qui sont restés, de la part d’Orta. Dites-leur que… qu’ils me manquent… »
(Tristan)
« Bonjour à Ex-One Média et, par Saint Phil, bravo pour vos émissions. En ce qui me concerne, lorsque nous avons pris la décision, avec ma femme, de quitter le transporteur pour la dispersion, c’était d’abord pour nos enfants. Nous voulions qu’ils aient enfin accès à un réel espace de vie, sans restriction. Je suis spécialiste en compression de fluide et nous avons été affectés sur une planète géothermique. Plusieurs villes couvertes sont construites à sa surface et l’énergie pour les faire fonctionner est captée du sol sous forme de chaleur, puis convertie.
Nous avons une petite serre avec un potager, comme tous les foyers sur cette planète, et c’est ma femme qui s’en occupe. Nous allons bientôt récolter nos premiers légumes, ce ne sont que quelques poignées de carotte-lait, mais toute la famille les attend avec impatience. L’eau et la nourriture sont donc disponibles à volonté et la cité est très calme et sereine.
Nous entendons bien parler d’accrochages dans d’autres mondes de Ragnvald au sujet de la religion… pourtant nous ne subissons pas d’ostracisme particulier ici. Personne ne s’est plaint à ce que je crois savoir… Oui, chérie ?… Ah ! Ma femme me signale qu’en fait c’est plutôt l’inverse, nous avons trois habitantes de la cité qui sont venues suivre une réunion de prières à Sainte Adénor, la semaine dernière. En fait, même la maitresse de nos enfants s’est montrée très intéressée par nos croyances et nous l’avons invitée demain, justement, à en discuter.
On assiste plutôt, ici, à un mouvement d’acceptation et d’intégration dans les deux sens.
En tout cas, sauf incident majeur, nous ne voyons pas pourquoi nous repartirions dans le transporteur… on est vraiment dans un endroit idéal. »

Colonel Arlington ?
Ce que nous venons d’entendre recoupe mes propres sources, voyez-vous. Nos exodés volontaires ont décidé de refaire leur vie, il serait loin de notre idéal de les en empêcher. Mieux : je propose même de les aider et de nous disperser encore plus massivement ! Une seule règle prévaudrait, c’est de ne jamais oublier qui nous sommes. Et comme le trésor commun qui nous unit est à la fois notre esprit d’indépendance et les réels miracles divins, de nos Saints Messies Phil et Adénor, alors que cela reste au cœur de chacun et soit emporté au travers des étoiles.
Vous appelez à accélérer la dispersion ? C’est bien ce que vous venez de dire, Colonel ?
J’appelle nos hôtes à accepter un vrai et profond partage. Ils nous offrent une société bien établie et puissante, nous leur donnons une expérience de vie et d’autres voies de croyance.
Nous allons-en reparler dans quelques instants, mais la religion autour de l’Empereur-Dieu est unique et n’accepte pas de concurrence, le premier témoignage en est une démonstration.
L’Empereur-Dieu Godheim est un être tolérant et je l’ai rencontré à plusieurs reprises, ainsi que ceux qui l’ont croisé sous sa forme de sympathique vieillard. Nous savons tous que ce brave homme est d’abord empli de bonté. Qui en douterait, cher Titus ? Vous ?
Les petits incidents ou tensions ne peuvent être que des cas isolés. Le temps effacera les différences, c’est le fondement même de l’assimilation.
Et si cela se généralisait ? Si nous étions frappés d’hérésie ?
Ce serait si injuste, je n’ose croire que Godheim refuse les preuves indubitables des miracles de Saint Phil et Sainte Adénor. Ce serait nier l’évidence et il est bien trop… trop majestueux pour cela.
Bien, si vous le dites. Je suis certain de mon côté que Saint Phil saurait convaincre même l’Empereur-Dieu en personne.
C’est possible, qui sait ?
Une virgule publicitaire et nous nous retrouvons pour la conclusion. Ne zappez pas !

Retour dans votre émission d’information pour la dernière partie. Colonel, nous sommes en retard et nos multispectateurs sont impatients de retrouver leur héros Képri Apriolli dans une nouvelle aventure de « Panique violente », la série produite par Ex-One Média.
Donc, je vais vous soumettre plusieurs assertions relevées dans les médias ou sur les réseaux sociaux, et vous nous les commenterez.
Êtes-vous d’accord ?
Comme une jeune mariée, Titus.
L’empire de Ragnvald est une dictature théocratique.
Je ne suis pas de cet avis. C’est un système théocratique, fondé sur une croyance, une confiance plutôt, en un dieu omniprésent et juste.
Donc, une dictature ?
Selon nos critères, sans doute, mais sont-ils bien à propos dans cette partie de l’univers ?
Pas besoin de police quand même la sonnette d’entrée est une extension de l’Empereur-Dieu.
Hé, hé ! Cher Titus, cette personne a de l’humour. Je suis tout à fait d’accord avec cette phrase, elle recoupe d’ailleurs la logique précédente : si vous faites confiance à l’Empereur-Dieu, alors vous n’avez rien à craindre. D’après quelques sources bien placées, il ne réagit d’ailleurs pas souvent, sauf en cas de délit majeur ou d’injustice flagrante comme précédemment dans les témoignages. On peut supposer qu’il accumule les informations, les classe et les trie. Cela ne serait pas formidable de pouvoir revivre, au travers de cette base de données, une journée de l’existence de notre… arrière-arrière-grand-père ?
Mais soyons clairs : nous pouvons tourner autour du pot de confiture jusqu’à ce que les mouches à langue viennent en lécher le fond, cela n’y changerait rien. Ce système politique, mêlant omnipotence et infaillibilité, croyance et acceptation, a permit à cet empire de s’agrandir en subvenant aux besoins de tous. La justice y est rendue équitablement, les conflits sont rares et mineurs, la corruption n’existe pas, les inégalités non plus. Et cela depuis… cinq-cents années. Il fonctionne, même si cela gêne notre idéal démocratique.
L’arrivée de l’Exode ne risque-t-elle pas d’apporter du changement dans cette belle mécanique ?
C’est là que nous allons voir si ce système théocratique, basé sur une réelle entité impartiale et immortelle, peut tenir la route. Nous pouvons y apporter notre pierre pour construire ce nouvel édifice… ensemble.
Une phrase à l’expression assez fleurie : On n’a qu’à appeler les autres et venir leur mettre la pâtée.
Oh ! C’est sûr qu’avec deux petits croiseurs et une vingtaine de chasseurs, l’Exode doit donner des sueurs froides à la flotte de Ragnvald. Plus sérieusement, nous ne pouvons contacter l’Exode, tout simplement. Ne me demandez pas pourquoi, nos ingénieurs et spécialistes ont tout essayé, mais le signal ne passe pas.
Dernière assertion : Phil et Adénor sont de plus grands Dieux que l’Empereur-Dieu.
Mmhmm… Je n’apprécie guère ce genre de comparaison. Dans le sens que… l’avis des habitants de Ragnvald est actuellement à l’exact opposé. Nous ne venons pas ici nous affronter au jeu de celui qui a le dieu le plus réel. Nous venons en paix et nous acceptons l’assimilation en prônant simplement le respect de nos coutumes et croyances.
Je vous propose de conserver cette belle tournure comme conclusion de cette émission, Colonel Arlington. Merci d’être venu sur notre plateau dialoguer en direct avec nous et partager votre point de vue sur les évènements actuels.
Je remercie également l’équipe qui a permis la réalisation de cette émission et bien entendu Saint Phil et Sainte Adénor pour leur protection.
À très bientôt, sur Ex-One Média !


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RedU T1 Ch23 Ep08

Tue, 11 Jul 2017 23:55:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 8 "Godheim (suite)"

Je m’arrêtai devant la grande porte de la caverne de Godheim. Mes barrières mentales bien levées, je perçus les suggestions diffuses qui m’assaillaient de toutes parts, mais, cette fois, je ne commis pas l’erreur de baisser ma garde : mon esprit était en configuration militaire de combat, celle enseignée aux Forces mentales, avec barrières multiples et espace de transfert entre l’extérieur et moi. Sur le fond, la mesure du pouvoir psychique de Godheim était à la portée d’un agent courant, et quelqu’un comme Ralato n’aurait eu aucun mal à le contrer. C’était certainement sur la durée et l’épuisement de ses adversaires que tout le système reposait. D’ailleurs, compte tenu de la taille de l’empire, j’étais surpris de ne découvrir aucun Mental, au moins « sauvage », au travers de mes projections. Les retenait-il quelque part ou les supprimait-il ?
Dans la même veine, je soupçonnais un cerveau organique dans cette coque cyborg. QuartMac m’avait maintes fois démontré que seule une matière vivante pouvait créer le pouvoir de l’esprit, les meilleurs brouilleurs ou amplificateurs ne faisaient que modifier les vibrations psychiques sans les générer. Les Titans se chargeaient de ce dernier point (seul Godheim et moi-même le savions) et j'étais persuadé qu'il en était autant de l'origine du pouvoir de l’Empereur-Dieu.
Une réunion importante octotes sur un monde lointain avait été retardée à cause de cette demande pressante de l’Empereur-Dieu. Je ne pouvais prendre le risque d’être à la fois confronté à lui et fomenter une sédition religieuse.

La porte s’ouvrit et quelques pas me placèrent sous la colonne de lumière. IL se tenait là, à deux mètres sur ma droite, dissimulé dans l’obscurité. Le grand phallus était capable de contorsions qui auraient ravi les cinéastes érotiques.
SA voix résonna depuis le néant.
TU TE FERMES À MES INCURSIONS MENTALES. DOIS-JE USER DE NOUVEAU DE TON TALON D’ACHILLE ?
Allons, Sire Godheim. Toutes les serrures ne sont pas faites pour être ouvertes, n’est-ce pas ?
J’entendis une forme de ricanement, du moins c’est à cela que ça me faisait penser, et la tête du cyborg apparut… juste devant moi, à ma grande surprise.
Bon, d’accord, il s’était encore joué de mes perceptions. Au moins, ne traversait-il pas mes barrières… enfin, je l’espérais.
« SOIT, JE L’ACCEPTE. MÊME SI JE DOUTE QUE TU SACHES QUI ÉTAIT ACHILLE. »
Blabla… venons-en aux faits. Le sujet de cette convocation était une évidence, mais puisqu’il désirait me voir en personne au cœur de son antre, et pas par l’intermédiaire d’un avatar, autant en profiter pour soutirer autant d’informations que possible.
« Sire Godheim, je me faisais une remarque sur certaines correspondances entre votre… auguste demi-millénaire et les débuts de l’Histoire de MaterOne, telle qu’elle fut écrite.
Vous savez certainement qu’Ang… que le contramiral Poféus et moi-même avons effectué des recherches sur le passé caché de l’humanité. Parmi les multiples découvertes, il semble que des êtres différents, « non humains » devrais-je dire, guerroyèrent un long moment avec elle.
Une race comme celle d’Artoc, peut-être ?
Et, coïncidence supplémentaire, les archives les plus lointaines sur ce sujet remontent à un… demi-millénaire. »
Et pan dans les dents. Alors mon gros phallus divin, qu’as-tu donc à répondre à cela ? Chaque indice donne un coup de pinceau supplémentaire qui permet d’appréhender la toile un peu plus correctement. Quoi que tu dises, cela m’aidera.
Plusieurs rouages roulèrent sous les tendons des joues alors que la tête s’approchait de moi. Les odeurs mélangées de semi-décomposition et de produits chimiques étaient pires que la première fois et m’agressèrent les narines, mais je dissimulai ma gêne. Il savait pertinemment ce qu’il faisait, bien sûr.
TRÈS PROCHAINEMENT, IL NE SERA PLUS CONTRAMIRAL.
Angilbe a des problèmes ? Ce serait surprenant de sa part…
CE QUI SE PASSE LÀ-BAS OU ICI… TOUT EST LIÉ, PASSEUR, TOUT ! L’ENSEMBLE EST SUPÉRIEUR À LA SOMME DE SES PARTIES.
Houla… « l’ensemble est supérieur à la somme de ses parties », celle-là est à noter au feutre rouge. Ce qui se passe sur MaterOne avec Angilbe aurait des répercussions jusqu’ici ? Mais comment ?
Godheim ne me laissa pas poursuivre ma réflexion, il se rapprocha encore un peu, l’odeur d’égout passé au désinfectant me souleva horriblement le cœur. Alors qu’une nausée prenait naissance, il me susurra à l’oreille, comme une caresse de métal.
« JE T’OFFRE L’INFINI, PASSEUR. POURQUOI ME COMBATS-TU ? »
Je suffoquai et me retournai brusquement, vomissant mon petit-déjeuner sur le terreplein. Je contins une seconde contraction, respirant profondément l’air rampant de l’autre côté de mes souillures pour dissiper l’abominable relent qui hantait mes narines. Mieux valait la poussière étouffante à cette… odeur !
Que n’avais-je pris un mouchoir avec moi ! C’est avec le revers de ma chemise que j’essuyai ma bouche. Je me redressai sous la lumière, affrontant à nouveau les yeux rouges qui m’analysaient et l’odeur qui m’assaillait. Je serrai les dents en lui répondant.
Laisse-nous partir, si tu ne veux pas que je t’affronte !
TES PRÉDÉCESSEURS DISAIENT « LAISSE PARTIR MON PEUPLE ». TU DEVRAIS T’EN INSPIRER, ILS SAVAIENT METTRE DE L’ENVERGURE DANS LEURS ENVOLÉES LYRIQUES.
Il voulait me pousser dans mes retranchements. Tu désires une confrontation musclée, cyborg de malheur ? Soit !
Les civilisations que tu as absorbées n’étaient en rien comparables à l’Exode ! Tu veux de l’envolée lyrique ? Ces gens qui m’accompagnent ont affronté mille tourments, ils ont abandonné un régime de terreur pour créer un monde où la liberté et la justice seraient les formes primaires d’une nouvelle société. Je te jure que tu ne reviendras pas de cette bataille. Jamais tu ne briseras la volonté de résister de ceux qui ont déjà connu mille tourments, et dont tu n’es qu’un ultime avatar.
ASSEZ, PASSEUR ! UN AUTRE QUE TOI PRONONCE CES MOTS ! JE NE JOUE PAS ICI UNE PARTITION DE MAGICIEN, RESPECTE AU MOINS CELA !
Je… en fait, c’était vrai. J’ignorais la provenance de ma réponse : « Un autre que toi prononce des mots » ?
Bon… à mettre dans le tiroir des choses à analyser plus tard. Cette rage expulsée oralement aura au moins eu le mérite de me calmer et de me permettre de surmonter l’étape du dégout.
TU SAIS TRÈS BIEN QUE PLUS TU UTILISES LE POUVOIR QU’ILS TE DONNENT, PLUS TU LES RENFORCES. JE CROYAIS QUE LES TITANS T’EFFRAYAIENT ?
Tu ne nous laisses pas le choix, Sire Godheim. N’était-ce pas la même logique qui poussa les humains à faire appel à eux par le passé ? Tu ne fais que reproduire des schémas anciens.
HAAAAAA ! JEUNE PASSEUR, TU VOIS LE FOND D’UNE GROTTE ET TU PENSES COMPRENDRE LE MONDE.
TU NE SAIS, DE VOTRE PRÉ-ROYAUTÉ, QUE CE QUE LES HOMMES D’ALORS ONT BIEN VOULU EN CONSERVER, ET EUX-MÊMES N’EN PERCEVAIENT PAS L’ENSEMBLE.
… MON BEAU PASSEUR. TU IGNORES LES ARMES QUI TE PERMETTRAIENT DE TE MESURER À MOI. SEUL LE FAISEUR LES RÉVÈLERA.
AIDE-MOI À LE TROUVER, LA ROUE DU TOUT VA CHANGER D’AXE ET L’ANTICIPER EST NÉCESSAIRE, POUR NOUS DEUX !
Je devrai pour cela te faire confiance, Godheim. Et nous en étions encore loin. Cependant, je me disais que, quitte à me projeter un peu partout dans l’empire de Ragnvald pour toucher les exodés, je serais bien inspiré de chercher également ce Faiseur. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis et, finalement, tout le monde le voulait, des Titans à Godheim. Il ne fallait pas se faire trop d’illusions quand même : l’Empereur-Dieu était présent partout en même temps, difficile de l’égaler en termes de surveillance de masse.
Des aérateurs dissimulés dans la roche s’activèrent et libérèrent, oh surprise, une senteur printanière qui prit le pas sur l’empreinte malodorante des profondeurs du cyborg.
J’inspirai son offrande, redécouvrant des émotions qui remontaient à longtemps… bizarrement, cela me rappela notre enfance, à Ralato et à moi, dans la maison familiale…
Un parfum du versant sud des Amalaches ! Sire, vous me comblez.
PRENDS CELA COMME UN GAGE DE MA VOLONTÉ CONCILIANTE. TOI ET TON PEUPLE NE DEVEZ PLUS CONTRECARRER L’ASSIMILATION, SOUS PEINE DE CONNAITRE MON COURROUX.
ET TROUVER LE FAISEUR EST NOTRE SEULE VOIX COMMUNE VERS LA PAIX UNIVERSELLE, PASSEUR. NE L’OUBLIE PAS.
Si le Faiseur est bien dans l’Exode, et que nous libérer n’est pas une option, alors je ne peux que conseiller à Votre immensité de bien réfléchir avant de prendre quelque mesure de rétorsion que ce soit.

Les portes s’ouvrirent derrière moi, tandis que Godheim reculait dans l’ombre. Sa présence se brouilla totalement pour mes sens, sans doute sous l’action d’une multitude de gadgets répartis dans la salle.

Je savais que j’avais touché la contradiction principale de l’Empereur-Dieu : si tout exodé peut se révéler être le Faiseur, quelles rétorsions peut-il prendre sans risquer de le détruire par erreur ?
Je me demandais si afficher ainsi sa faiblesse n’était pas contreproductif, voire dangereux.
Je parlais au début de cet entretien d’un cerveau organique donc, peut-être de couches conscientes et inconscientes. Et celles-là pouvaient mal réagir si on les poussait trop loin.

Je me dirigeai vers la sortie, sentant presque physiquement sur moi son regard rouge perçant.


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RedU T1 Ch23 Ep07

Tue, 04 Jul 2017 23:11:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 7 "Godheim"
Cercle de Khabit.
Région fermée sous contrôle militaire Nalcoēhual. Regroupement des transporteurs de l’Exode,
Communication psychique directe entre l’Empereur-Dieu de Ragnvald et la parlementaire Ci’chi.

PARLEMENTAIRE CI’CHI. VOS CROISEURS DE COMBATS SE FONT TROP TÉMÉRAIRES. VEILLEZ À LEUR RAPPELER LES TERMES DE NOTRE ACCORD, SOUS PEINE DE ME VOIR AGIR EN CONSÉQUENCE.
Éminence, je vous conjure de croire en notre bonne foi. Les ordres nécessaires seront donnés rapidement pour respecter notre parole.
QU’IL EN SOIT AINSI. POURQUOI N’ÉPROUVEZ-VOUS PAS DE CONFIANCE QUANT À L’AVENIR DE CETTE SITUATION ?
Je… Votre capacité à lire en vos interlocuteurs complexifie la fonction de négociatrice, Éminence. Je pense que vous connaissez déjà ma réponse. Les rapports de pouvoirs chez les Nalcoēhuals sont très fluctuants en ce moment et l’arrivée de l’Exode, suivie de votre intervention, entraine des… remous.
RAGNVALD N’A QUE FAIRE DES DÉSIDÉRATAS CONTRADICTOIRES DE VOTRE SYSTÈME POLITIQUE. CE QUI SE JOUE ICI EST D’UN NIVEAU BIEN PLUS ÉLEVÉ QUE VOUS NE L’IMAGINEZ, CI’CHI.
La parlementaire nota intérieurement ce nouvel indice offert par l’Empereur-Dieu. « Un niveau plus élevé »… cela expliquait cette intervention musclée au risque de conflit réel. Mais les questions qui en découlaient relevaient alors d’un mystère encore plus profond. Qu’est-ce qui pouvait être plus important qu’une guerre interstellaire entre les deux plus grandes puissances de ce côté de l’univers ? Rien que de s’en interroger ouvrait un abime de perplexité pour la parlementaire.
Elle songea qu’une fois de plus, Loxa ne serait jamais apte à la gouvernance, surtout avec sa vision castrée de la complexité du monde.
LES NUISIBLES ONT CELA DE COMMUN AVEC LES AÉROLITES QUE LEUR EXISTENCE EST NÉGLIGEABLE EN PETIT NOMBRE.
Heu… oui, votre Excellence. Le problème c’est que certains de ces « nuisibles » peuvent être investis d’un pouvoir qui… les dépasse, décuplant ainsi leur capacité de nuisance…
VOTRE LOXA SERA-T-ELLE INVESTIE D’UN TEL POUVOIR ?
Conféré par les lois de la République nalcoēhuale, oui, c’est possible.
NOUS EN PRENONS BONNE NOTE, PARLEMENTAIRE. VEUILLEZ MAINTENANT TRANSMETTRE LE MESSAGE À VOTRE FLOTTE.

Et la puissance se retira.
Seul dans son immense grotte, l’Empereur-Dieu des dix-mille soleils releva l’appendice qui lui tenait lieu de visage, ses yeux métalliques rougeoyant dans l’obscurité.
Fabio Ouli relayait ses capacités mentales pour les amplifier à un niveau extraordinaire dans le but d’impressionner les Nalcoēhuals. Cela fonctionnait, même si l’utilisation du pouvoir des Titans, au travers d’un allié aussi imparfait que ce Passeur, n’était pas de son gout.
Il sentit monter en lui ce qui se rapprochait le plus d’une sorte d’affliction, ses rouages les plus profonds se serraient, ses chairs les plus intimes se contractaient…

L’antique jeu d’échecs n’est pas à la hauteur des complexités présentes… le Go, peut-être ?
Je suis Godheim, l’être le plus proche de la divinité qui existe, à ma connaissance, dans cet univers… et ma connaissance est très vaste. Celui-ci, nommé Ragnvald en l’honneur d’une antique culture humaine, est basé sur une liberté de chacun, établie au sein d’une société obéissant à Mes lois et Ma religion. Ceux qui voient en cela une contradiction ne connaissent pas l’Histoire comme moi je la sais, comme je l’ai vécue depuis plus d’une demi-douzaine de siècles.
Plus important, les forces en jeu leur échappent. La Passe du nom de ce traitre de Magellone est traversée, la structure du Cercle de Khabit où l'on vénère Cibus (Vegas IV pour les humains) est analysée, le tout sans aucune vision d’ensemble. Telle la fourmi escaladant la pente avec son bourdon desséché, on ne pense qu’à ramener sa nourriture, ignorant que le bourdon est empoisonné par des insecticides ou que la pente mène à un prédateur affamé.
Lorsque je laisse l’œil de mon esprit voyager à travers mon empire, je contemple la vie de milliards d’individus de toutes origines, de toutes opinions et de toutes races. Ainsi, sous ma sainte protection, ils vivent en paix, avec pour seul objectif de fonder un foyer et agrandir l’empire…
… Mais sous-estimer les fourmis, et particulièrement celles des Exodes multiples de l’Histoire, serait une erreur. Leur volonté transcende jusqu’au pouvoir inébranlable de ma propre religion.
C’est ce que les Titans (j’utilise ici leur appellation humaine) mirent du temps à comprendre et dont ILS semblent maintenant vouloir jouer.
ILS m’ont contacté de nombreuses fois depuis l’arrivé de l’Exode sur mon territoire, voyant en ce hasard ma main, avec justesse il faut l’avouer. Mais que pouvaient-ils y faire ? Après tout, nous cherchons tous le Faiseur et l’important est de le débusquer, n’est-ce pas ? Ils ne sont donc pas intervenus, surveillant de loin, œuvrant à leurs plans cachés. Comme si je ne les voyais pas avancer leurs pions sur MaterOne ou chez les Nalcoēhuals…
Sans aucun doute, ce fut une partie passionnante, voire excitante, de mon unique et grande existence. Concentré sur les « dialogues » avec EUX (pour peu que cela ait un sens en termes humains), je n’ai suivi que de loin la dispersion des exodés sur les dix-mille soleils, constatant seulement que le ferment ne semblait pas s’intégrer aisément.
Ils représentent un risque pour l'empire et moi-même, mais je n'en pris conscience que ce jour où, passablement contrarié, je mandai Artoc en urgence…

ARTOC. VIENS À MOI.
Monseigneur ?
Le fidèle parmi les fidèles. Un des premiers espions nalcoēhuals envoyés au sein de Ragnvald. Il m’a fallu du temps pour le convertir, mais sa loyauté récompensa mes efforts. À la tête de ma garde rapprochée, composée exclusivement de Nalcoēhuals, il disposait d’un excellent œil exercé à juger les autres, surpassé uniquement par mon universel Mien.
LES EXODÉS NE S’INTÈGRENT PAS AUTANT QUE NOUS L’ATTENDIONS.
Oui, Monseigneur. Au-delà de leur volonté assez exceptionnelle, il y a une puissante religion qui est en pleine expansion chez eux. On diffuse des « miracles » en direct sur la chaine multivisuelle des exodés. Cela entraine des résistances.
CERTES, MAIS TU AS AUTRE CHOSE EN TÊTE.
Même si je ne suis, hors de mes capacités techniques, qu’un Mental d’une compétence moyenne, l’expression de mon Artoc parlait d’elle-même. De plus, sa démarche aux épaules légèrement voutées et cette lueur dans le regard s’exprimaient pour lui.
Votre… rayonnement ne semble guère agir sur eux. Je sens, de la part de ce jeune homme blond, une sorte de contrepouvoir au vôtre qui me trouble, Monseigneur.
Fabio Ouli, le Passeur. ILS lui ont offert les capacités absolues qu’ils avaient déjà utilisées jadis, lors de leur première tentative. Cette nouvelle stratégie a le mérite de démontrer qu’ils n’abandonneront jamais. Sauf à réaliser un miracle.
Quoi qu’il en soit, et même si ce Passeur n’apprécie pas le visage de ses « petits amis », sa puissance psychique dépasse de loin la mienne et ses capacités représentent le summum de ce qu’ILS pouvaient lui offrir.
Il contre effectivement le rayonnement mental que j’insuffle sur mon empire au travers de relais disséminés. Lui ne peut agir en tout lieu comme moi, mais ponctuellement. Il s’affranchit des distances et je peux facilement mesurer les résultats de ses actions sur la ferveur de mes citoyens. Si je suis un quasi-Dieu, il est la marche juste en dessous, et je sens bien derrière lui une autre main, celle du Faiseur, qui tire ses ficelles sur celles des Titans.
LES OCTOTES SONT L’UN DES PRINCIPAUX PILIERS DE LA DIFFUSION DE CETTE RELIGION PAÏENNE. LES « MIRACLES » PROJETÉS EN DIRECT PAR LEURS CANAUX D’INFORMATION N’EN SONT PAS. CE NE SONT QUE DES TOURS DE PRESTIDIGITATEUR EXÉCUTÉS PAR UN MAGICIEN DE TALENT.
ENVOIE DES TROUPES SUR LES PLANÈTES QUE JE T’INDIQUERAI. CE SERONT DES MISSIONS D’INFILTRATION DANS LA POPULATION POUR PRÉPARER NOTRE CONTROFFENSIVE DE LA VRAIE CROYANCE SUR CETTE HÉRÉSIE.
Bien, Monseigneur.
ET FAIS MANDER FABIO OULI. JE VEUX LE VOIR SÉANT.
Il en sera fait ainsi, Monseigneur.
Je tournai les gonds de la porte derrière Artoc et le suivis, m’amusant à pointer sur lui tous les capteurs qu’il croisait. Sa marche s’accélérait, son rythme cardiaque se modifiait. Il paraissait soulagé. Une forme de sourire remua les engrenages en lieu et place de mes zygomatiques : le maitre s’engageait dans l’offensive et le chef de la garde s'en réjouissait.
En attendant le nouveau Passeur, je me reconcentrai, activant mes recherches pour démasquer le Faiseur parmi l’Exode. C’est alors que les Titans me contactèrent à nouveau.
« CES NON-TEMPS N’Y CONNAISSENT DÉCIDÉMENT RIEN EN TERMES D’AGENDA. », grognais-je, seul dans ma grotte.
Et je m’élançai à leur rencontre entre les dimensions.


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RedU T1 Ch23 Ep06

Tue, 27 Jun 2017 23:06:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 6 "Réunion"

« Bonjour, nous vous attendions, le colonel est déjà à l’intérieur. »
Adénor et moi arrivions à peine que Carrillo nous tombait dessus pour nous entrainer dans un conteneur d’habitation, à la base d’une tour où s'en empilaient plusieurs. C’était cela la cité intérieure d’un transporteur : des conteneurs les uns sur les autres, et des familles qui y logeaient, aménageant leur « doux foyer » comme ils le pouvaient.
Cela ne ressemblait pas aux bidonvilles de MaterOne, non, tout le monde ici avait l’eau courante (même rationnée) et l’électricité, mais on était loin du confort « en dur » de l’équipage et on différenciait facilement l’habitat d'une famille modeste de celui d'une plus aisée. L’argent avait beau avoir disparu durant le voyage, il avait de toute évidence été présent au départ.
J’aidai Adénor à enlever sa cape, la mienne suivit (on nous avait demandé de venir incognito et ça n’avait pas été simple). Au milieu de la grande « pièce principale » se trouvait une table éclairée par une petite ampoule orange. Pas de mobilier, juste un terminal et un téléphone accrochés sur le mur du fond. Ce n’était pas un logement, nous étions dans une sorte de cachette d’Arlington… Est-ce qu’il maintenait beaucoup d’endroits de ce genre en activité ?
Il nous regardait, assis de l’autre côté de la table, discutant à voix basse avec Fabio qui semblait plus pâle que d’habitude ; je sais qu’il a été placé sous surveillance médicale après le Yesmaïl. Nous n’avons pas eu de ses nouvelles depuis, ce qui est étonnant.
Le colonel se tourna vers nous, l’air plus sérieux qu’à son habitude. Connaissant le bonhomme, ce n’était pas de bon augure.
« La demi-heure de retard, c’est une coutume chez vous ? Asseyez-vous pendant que je résume le début de la réunion. Nous sommes dans un lieu sécurisé et discret. Personne ne peut nous suivre jusqu’ici ni nous écouter, je connais personnellement le chef de ce quartier et c’est quelqu’un de confiance. Monsieur Ouli nous garantit de son côté qu’aucun Mental ne nous perçoit. »
Fabio hocha silencieusement la tête. Adénor me l’avait suggéré dans le transport tubulaire : il ne s’agissait pas d’un simple travail de planification, mais bien d’une réunion secrète. Pas besoin d’être devin pour en déduire le thème, je coupai donc au plus court :
OK, Arlington, nous avons compris l’idée. Vous avez un plan pour combattre Ragnvald ?
Oui. Vous avez pu voir les nombreux exodés qui se sont laissé tenter par la dispersion. C’est une grande perte pour nous… mais on peut retourner cette arme contre l’Empereur-Dieu. Tout son empire est basé sur, un, sa présence omnipotente et, deux, la religion sur sa personne. On peut, au moins temporairement, se jouer du premier avec des systèmes d’impulsions électromagnétiques et quant au second… Fabio ?
Le blondinet se racla la gorge et nous regarda très sérieusement.
Avez-vous pu sentir cette espèce de champs psychiques assez diffus qui s’étend là où Godheim le désire ? Je pense que c’est un effet induit et que sa religion est basée dessus. On a pu expérimenter cela durant la révolution Castiks dans… hem… dans les Forces mentales. Vous placez plusieurs Mentaux autour d’un endroit et vous disposez des amplificateurs de manière équidistante. Cette technologie est dérivée des capteurs psychiques, en fait. Bref, il a été possible de jouer, non pas sur une action particulière, mais sur une suggestion, une « pression suggestive » devrais-je dire. On a pu l’appliquer sur un village entier.
CANVIEILLES ! hurlais-je spontanément.
C’était le village de mon enfance, là où ma première femme et Ange, mon meilleur ami avions grandi avant que les forces royales décident un jour d’y envoyer leurs groupes de nettoyage. En moins d’une journée, l’endroit était devenu un village fantôme !
Fabio leva immédiatement les mains pour éviter un incident :
Absolument pas, rassure-toi. Au contraire, cette méthode visait justement à remplacer ce genre de… ce genre d’actions unilatérales. Cela s’est passé après. L’objectif était de donner, durant une heure, une sensation de forte sécurité aux habitants d’une localité où se cachaient des révolutionnaires.
Cela a rendu les groupes de guérilléros moins prudents, intervint Adénor. Elle me serra, quelques secondes, la main un peu plus fort. J’étais là… et je comprends mieux maintenant ce qui s’est passé. Ils sortaient tranquillement et nous n’avions plus qu’à les aligner dans les viseurs pour…
Oui, c’est cela. « Opération crabe-tambours », poursuivit Fabio. Une des unités de J.F.Hill en a particulièrement souffert, mais ne rouvrons pas les… anciennes plaies, si vous le voulez bien.
Durant plusieurs secondes, Arlington ne put cacher son regard désapprobateur, mais il se reprit.
Bref… Donc, ce que Fabio essaye de nous dire, c’est qu’on soupçonne Godheim d’utiliser des relais, ou quelque chose comme cela, pour obtenir un effet similaire. Nous l’avons tous vécu durant le Yesmaïl et nous en connaissons le résultat… Sans cela, la religion, « le ciment de Ragnvald » comme il le dit lui-même, peut se fissurer ou être fissuré par une autre religion qui interfèrerait. Et c’est là que nous avons pensé à vous.
Je refuse totalement de jouer avec cette hystérie qui s’accumule autour de nous !
J’avais élevé la voix, tout aussi naturellement que pour Canvieilles. Je ne voulais pas être une quasi-divinité, je ne voulais pas être suivi en permanence ni qu’un de mes pets puisse déclencher des euphories contemplatives ! C’était faux, tout cela n’était qu’un malentendu ! Godheim pouvait se croire dieu, mais pas moi, pas nous. Nous ne devions pas transformer cela en mensonge froid et manipulateur. Était-ce bien le colonel Momumba Arlington, l’humaniste et idéaliste qui avait inventé ce stratagème abject ?
Nous n’avons pas le choix, lâcha simplement Adénor. Colonel, Fabio, pouvez-vous nous laisser en tête à tête quelques instants ?
En théorie, ce serait plutôt à vous d’aller vous isoler, réagit Arlington, visiblement vexé. Fabio, venez visiter l’étage avec moi. On y a entreposé une réserve de bouteilles tropicaliennes avec quelques chips barbanes. Faites-nous signe, quand vous serez décidés…
Goud… Nous pouvons nous tromper et je peux me tromper. Mais nous devons nous battre et ceci est une arme que nous ne pouvons pas ignorer.

La suite ?
Je refusais de toutes mes tripes, mais Adénor me parla simplement. Je ne pus qu’admettre son premier argument : que je le veuille ou non, mon choix allait malheureusement porter à conséquences, quel qu’il soit. Et des gens en souffriraient, de toute façon.
Tu as raison, Adénor. Mais il y a forcement d’autres manières de contrer ce faux dieu !
Cela ne me plait pas non plus, tu sais, mais nos options sont limitées. Comment peut-on contrer autrement un empire de cette taille ?
Comment résister à l’Empereur-Dieu ? Frontalement, nous n’avions aucune chance. Pire, il pourrait retourner nos propres exodés contre nous !
Se soumettre et dissoudre une partie de l’Exode dans l’empire de Ragnvald ?
Adénor suivait mes pensées, elle prononça, d’une voix presque inaudible :
Veux-tu baisser les bras ? Que l’on s’abandonne au Yesmaïl et à une vie indolente rythmée par les célébrations et l’expansion de l’empire ? Si… si c’est ton souhait, je te suivrai, Phil, toujours.
Hors de question. Nous avons traversé trop d’épreuves et sommes trop près du but pour baisser les bras. Mais je ne veux pas me battre comme ça, pas en reniant une autre de mes convictions !
Oh mon Phil… elle semblait heureuse de m’avoir entendu prononcer ces mots. Quand tu as ouvert les portes de la forteresse Castiks, quand tu as retrouvé ton ami Ange, te savais-tu en train de trahir tes idéaux ? En train de renier ton serment de soldat royal ?
Oui...
Et pourquoi l’as-tu fait quand même ?
Parce que… parce que j’avais confiance en Ange et que je ne pouvais l’imaginer faire quelque chose de mal… Simplement. Ça parait idiot, avec le recul.
Tu m’as alors sauvée. De mon point de vue, c’était un acte héroïque et tous ceux qui ont pu être libérés de ces geôles pensent comme moi.
On peut ne pas être fier d’un acte héroïque…
… C'est justement l'une des conditions d'un tel acte.
La liberté de l’Exode est notre but, n'est-ce pas ? Je crois qu’avec cette idée, nous pouvons battre l’Empereur-Dieu, Phil. Agis comme tu as agi pour moi, alors qu'en prison ma vie n'était plus qu'un rêve perdu. Ce jour-là, tu as pris la bonne décision malgré tes remords, et si je peux t'accompagner aujourd'hui, t'ouvrir les yeux, c'est grâce à ta fierté que tu as jadis sacrifiée pour le plus grand nombre, grâce au héros que tu as été pour moi.
Rien qu’un rapport de force, de quoi faire trembler Ragnvald sur ses fondations. Une nouvelle religion parasitant la première, utilisant d’autres canaux, présentant un autre message, prouvant d’autres théories.
Un vrai choc de civilisations ?
Je pourrai apporter mon aide. L’Empereur-Dieu ne me fait pas peur et il n’osera pas s’en prendre à moi, intervint Fabio en descendant l’escalier à l’autre bout de la pièce.
Il ne peut pas nous laisser tranquilles cinq minutes, sans nous épier ? Je détestais et déteste encore cela, encore plus que ce ton arrogant qui ne le quitte jamais…
Ce n’est pas parce qu’il veut te parler qu’il hésitera à te tuer pour protéger son empire !
Il a besoin de moi et du Faiseur, contra-t-il. Il le cherche et sait qu’il est dans l’Exode. Il ne fera donc pas tirer sur qui que ce soit de chez nous, de peur de tuer le Faiseur.
Il n’y aurait peut-être pas de victimes, ou très peu ? Arlington descendait les marches derrière lui.
Le « Faiseur » ? Mais de quoi parlez-vous ?
Je vous expliquerai, Colonel. Alors, Phil, ta décision ? demanda Fabio.
Je soupirai, déchiré de l'intérieur, mais le Mental me connaissait par cœur, et Adénor jouait trop bien avec les fils de mes sentiments pour échouer à les tisser selon ses désirs.
Comme si tu ne la connaissais pas déjà, répondis-je, les yeux dans ceux d’Adénor.

Un acte héroïque, hein ?
Je regretterai amèrement ma fierté, peu de temps après… Mais pour lors, Fabio n’était pas disposé à me laisser du temps supplémentaire pour réfléchir :
« Et si on commençait par contacter les Octotes ? Eux et ton amie Catherine sont les mieux placés pour être notre fer de lance, non ? »


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Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
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RedU T1 Ch23 Ep05

Wed, 21 Jun 2017 09:34:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 5 "2eme phase"

Avec l'apparition de Transporteur 4 tracté à travers l’ouverture dimensionnelle par les corvettes de Ragnvald, l’Exode était finalement regroupé. La dernière fois, cela remontait au départ pour la Passe de Magellone.
Parmi les derniers arrivés, un homme s'impatientait de pouvoir étudier la technologie de leur mystérieux allié. Le professeur Schwarzkof attendait l’ouverture du sas de secours avec le second et les chefs de section ; une navette de transport venait d’accoster de l’autre côté et le mécanisme de pressurisation était en cours. Vernek Junta pénétra en premier, comme il seyait au commandant du vaisseau, et salua l’équipe. Il signifia « sa joie de revenir chez lui » en serrant les mains qu'on lui tendait : son absence pour raisons diplomatiques sur Transporteur 1 prenait fin… après un fiasco mémorable. On lui résuma autant que possible les avaries en l’entrainant vers le centre de commandement. Le reste du groupe en provenance de la navette entra et Schwarzkof se focalisa sur eux : des techniciens et ingénieurs du transporteur d’Arlington, des membres de cet empire de Ragnvald et le capitaine Carrillo.
Bonjour officier et bienvenue. Je suis le professeur Schwarzkof, responsable scientifique de ce transporteur. Quand pensez-vous que nous pourrons commencer ?
Bonjour professeur. Oui, je suis au courant que vous voulez tout savoir. L’installation des équipements estampillés Ragnvald prendra un peu plus d’une semaine, mais les ressources de… de cet empire sont vastes et les réparations de tous les transporteurs débuteront conjointement.
Schwarzkof débordait de joie, tel un enfant devant de nouveaux jouets.
Formidable ! Alors par quoi commençons-nous ? Avez-vous des plans, des concepts ou quelques formules ? Je suis vraiment impatient, impatient, im-pa-tient !
Hé, hé… Je vous renvoie dans ce cas vers les ingénieurs de Ragnvald ici présents, professeur. Ils sauront vous renseigner, je ne suis qu’un facilitateur, mon travail est de faire profiter votre équipage de mon expérience avec ces matériels.
Carrillo serra la main des autres responsables et la petite troupe se dirigea vers le plus gros des défis : l’installation des nouveaux Compresseurs dimensionnels de Ragnvald.

*

Quand je pense que me voici promu spécialiste des technologies de Godheim.
Moi… Andro Carrillo. C’est risible. Le partage du Yesmaïl et la dispersion, l’intégration par la dissolution de l’Exode dans un ensemble plus vaste, tel était le plan original de Godheim. Spéculez comme vous voulez, mais je ne l’aime pas du tout cet « Empereur-Dieu » d’opérette. Qu’il soit notre allié de circonstance n’enlève pas à mes yeux qu’il nous ait kidnappés avec Transporteur 3 pour nous imposer Sa Loi.
Dès le lendemain de l’orgie, je me réveillais dans les bras d’une… enfin de plusieurs… enfin bref, je me réajustais et revigorais les derniers indolents à coups de pied. Je ne décolérais pas : nous étions tombés dans un piège. Subtil, certes, vicieux même, mais réel : quelque chose nous avait tourné la tête, mais quoi ? Tout ce que je savais, c’était que Fabio, le Mental qui nous accompagnait, avait été emmené à l’infirmerie, souffrant d’une violente migraine.
Ce genre d’évènement risquait d’émousser les certitudes chez certains des nôtres, favorisant l'acceptation de la dispersion et du « recyclage » de notre transporteur. On s’était tous laissé aller et on risquait maintenant d’en payer le prix.
Avec Arlington, je supervisais le retour de tous à bord et l’interdiction de ressortir du vaisseau durant les prochaines vingt-quatre heures. Je veillais personnellement à ce qu’aucun membre de Ragnvald ne pénètre dans ce qui était, hélas, notre ultime sanctuaire. Pas question de « Mais je l’aime ! » ou de « Laissez-nous, c’est notre droit ! », je demeurais inflexible, allant jusqu’à user de la force.
Pour le coup, j’avais choisi des gardes adeptes de Phil et Adénor : ces deux-là avaient montré une voie dans notre sens, restant entre eux et retournant au transporteur parmi les premiers. Leurs adeptes rouleraient donc dans la même direction que moi. Ce choix allait porter à conséquence, mais je l’ignorais encore.
Lorsqu’Arlington nous rejoignit, je pensais qu’il allait nous sermonner pour notre zèle à la limite de l’activisme, mais il n'en fit rien. C’est ce que j’apprécie le plus chez lui : aux côtés d’une façade humaine se dresse un militaire pragmatique et intelligent. Il nous comprend et nous soutient sans réserve.
Cependant, c'était une autre raison qui le poussait à nous tenir compagnie ce matin-là :
Dites à vos hommes d’accélérer, Carrillo. Fabio m’a contacté depuis l’infirmerie, « IL » arrive.
Pardon ? Quoi… une attaque ? répondis-je, réfléchissant déjà à remonter le pont et élever une barricade.
Mais non.
Plus futé que cela, mon ami. Regardez là-bas : le voici…
Une centaine de petits avatars de l’Empereur-Dieu approchaient doucement, clopinclopant, tous avec ce sourire serein et ce corps émacié.
Quelle hypocrisie ! Des androïdes recouverts de chair synthétique, voilà ce que Godheim appelait ses « représentations divines » : des choses bourrées de senseurs qu’il pilotait à distance. Je méditai quelques secondes devant cette forme de « petits vieux » humbles et compatissants… encore un autre piège de ce pseudo dieu.
Nous avions quelques minutes. Je pressai les derniers contrôles en ouvrant un sas secondaire et ainsi libérer l’entrée principale. Arlington, fin stratège, prit les devants et descendit au pied du pont d’embarquement où il accueillit les premiers avatars. Je me précipitai à ses côtés, plusieurs gardes armés sur mes talons. Le petit vieux le plus proche commença :
Bien le bonjour, colonel Arlington. Vous êtes-vous bien remis de cet Yesmaïl ? J’ai personnellement félicité les organisateurs, ce fut un excellent cru.
Bonjour également, Votre Grandeur. Je pense qu’il est inutile de vous résumer ce que vous savez déjà, n’est-ce pas ? Seriez-vous, cependant, disposé à m’éclairer en retour ? Je suis très intrigué par votre présence… maintenant et en si grand nombre. Pourrais-je en connaitre la raison ?
Bien évidemment, Colonel. Nous venons promouvoir la prochaine dispersion pour vous et vos exodés. Il est parfaitement normal que ce concept rencontre une certaine résistance, nous allons donc simplement répondre aux questions qui se poseraient.
Pas de trace d’Artoc ou d’un quelconque soldat de Ragnvald. Bien évidemment, c’était la seconde phase d’un processus bien rodé. Après avoir abattu les dernières barrières morales lors de la sauterie, il envoyait ses gentils petits vieux à la voix douçâtre enjôler, dans un « pacifisme » étouffant de fausse naïveté, les plus récalcitrants. C’était simplement machiavélique.
J’échangeai un regard avec Arlington. Il saisissait, bien sûr, tout aussi bien que moi, ce qui se jouait ici. D’un signe de tête envers les gardes restés plus haut, je confirmai l’option armée et tous se préparèrent. Et tant pis si cela représentait un futur incertain.
Arlington décida de gagner du temps. Il fit quelques pas face à la foule d’avatars, longeant ces clones qui lui répondaient l'un après l'autre, comme un seul interlocuteur qui se serait promené avec lui. Je l’accompagnai, laissant les gardes sur le pont d’embarquement, prêts à tirer.
Vous savez, Éminence, lança-t-il l’air un peu ennuyé, je me disais que la perspective d’un nouveau long voyage pourrait contrecarrer le projet même de la dispersion. Peut-être devrions-nous repousser l’idée encore de quelques jours ?
Ne vous inquiétez pas pour cela, Colonel. Tout point de Ragnvald se situe à environ une semaine de Transition de Monte-Circeo. Cela dit notre technologie est bien supérieure à la vôtre, sans vous froisser.
Hmmmm… je vois, répondit Arlington, dubitatif. Mais si j’étais un de mes exodés, j’hésiterais à me séparer des miens pour aller me perdre dans un quelconque tunnel de planétoïde. Malgré, bien sûr, Votre Auguste Présence protectrice.
Il me sembla percevoir une sorte de ricanement parcourir la foule d’avatars. L’avais-je imaginé ? Toujours est-il que Godheim ne se lassait pas de cette conversation, ô combien sous-entendue.
Les communications sont parfaites entre les mondes de Ragnvald, vous avez pu vous en rendre compte hier soir avec les holoprojections. Et il y a plus d’espace dans nos « tunnels » que dans votre transporteur. Combien de douches êtes-vous autorisé à prendre chaque semaine, Colonel ?
Les familles ne seront bien évidemment pas séparées, elles resteront unies, c’est un voyage volontaire. Ragnvald n’est pas une dictature.
Non, pas exactement, murmurais-je. Arlington me lança un regard réprobateur tandis que quelques avatars me dévisageaient.
Capitaine, la religion qui lie notre empire n’est en rien comparable à une dictature, elle est le ciment qui nous unit.
Arlington leva rapidement la main alors que je m’apprêtais à rétorquer. Il reprit :
Cette démonstration de force, même sous une forme non violente, reste une démonstration de force, Sire Godheim. Je pourrais vous empêcher d’entrer et vous attendriez des lustres avant d’abandonner la partie.
En emprisonnant vos exodés à l’intérieur de ce transporteur ? Allons, colonel Arlington, vous n’êtes pas comme cela, nous le savons tous deux.
Je sentis une sorte de fatigue s’abattre soudain sur nous. Le colonel donnait des signes en ce sens également, comme les gardes de l’entrée que notre ballade nous avait fait rejoindre. Cela me fit tout de suite penser à l’orgie. Quelque chose de diffus pesait sur nous, à nouveau.
J’allais proposer de riposter en transformant quelques avatars en Roubiano, quand Arlington prit la parole :
Ne nous méprenons pas, Votre Majesté. Je vous donne, bien entendu, libre accès à Transporteur 3, mais pour trois heures seulement. Au-delà, je vous demanderai de vous retirer, et… j’ajoute que votre petit jeu de pression psychique ne me plait pas du tout. Veillez à ne plus y avoir recours, si vous désirez de nous une collaboration franche, merci par avance.
Les dieux n’ont pas la nécessité d’artifices pour convaincre, cher Momumba. Votre proposition est sage et je l’accepte, malgré vos remarques frisant l’hérésie.

Trois heures plus tard, à la minute près, l’armée d’avatars débarquait. Elle entrainait à sa suite de nombreux exodés, bien plus que je n’avais osé l’imaginer. Je serrai les dents.
Lorsque Phil Goud apparut à l’entrée, mon sang se glaça. Lui aussi ? Mais il ne faisait qu’accompagner la petite Catherine, une de ses groupies octotes. Ainsi la secte avait choisi la dispersion, mais qu’espérait-elle à s’éloigner de son « sauveur » ? J'observai les mines inquiètes de mes hommes à l’entrée et leur soulagement, voire une nouvelle motivation, lorsque Goud retourna vers sa cabine sur un dernier salut pour la jeune fille.
Mon contacteur vibra, c’était Arlington.
Mon colonel ?
Carrillo, je pense qu’une visite de la Cité intérieure de Transporteur 3 s’impose pour donner suite au départ de tant des nôtres. Il y a surement des structures que l’on pourrait améliorer ou réparer, voire de la place à gagner. Je vous propose de nous retrouver dans une heure au quartier tropicalien, pour commencer.
Je… bien, Mon colonel. J’y serai.
Très bien ! Nous allons inviter à… l’étude des cas, nos amis spécialisés en mécanismes des sas et communications de toutes sortes. Passez le mot ! À tout à l’heure.
Phil Goud et Adénor Kerichi étaient tous deux rattachés aux sections d’ingénierie des sas et « Communications de toutes sortes » me faisait penser aux Mentaux, donc à Fabio Ouli.
Le colonel préparait quelque chose. On allait lancer la controffensive et je m’en félicitais.


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RedU T1 Ch23 Ep04

Wed, 14 Jun 2017 11:07:00 GMT

Red Universe Tome 1 Chapitre 23 Episode 5 "2eme phase"

« Yesmaïl » ? C’est quoi ? me demanda Phil dans son registre d’incrédule permanent.
Il s’agit de quelque chose comme une fête en l’honneur des nouveaux arrivants, si j’ai bien saisi.
Pas besoin de fête, lança-t-il sèchement, on repart dès que possible et on les emmerde.
Cela risque d’être difficile, mon chéri. D’après Carrillo, nos compresseurs dimensionnels refusent simplement de s’activer et le Lithium de nos réservoirs semble… comment dit-il déjà ? Figé ?
Phil ne répondit pas, il se contenta de hocher la tête, comme toujours lorsqu’il n’aimait pas reconnaitre que quelque chose le dépassait.
Je m’appelle Adénor Kerichi, je suis une exodée, une déracinée. J’ai grandi dans l’armée royale et j’étais devenue une de leurs meilleures tireuses d’élite. Un jour, ils ont pris mon père en otage pour que je neutralise une personne que je respectais, c’était le père de la commandante Benkana. J’ai… beaucoup d’assassinats sur la conscience et je devrai vivre avec ça pour le reste de mes jours. Quand Phil m’a trouvée (en fait, il m’avait sauvée auparavant, sans le savoir, à la Forteresse Castiks), nous nous sommes plu immédiatement. Et bien que j’étais « de l’autre côté », il m’a acceptée comme telle, avec mes défauts. Je l’aime et je mettrai toutes mes forces pour l’accompagner, le soutenir et le protéger. Il représente ma rédemption et l’Exode notre avenir.
Nous suivions, avec tout un groupe de nos supporteurs, un avatar de l’Empereur-Dieu venu nous chercher. En fait, nous arrivions les derniers pour la fameuse invitation du « Yesmaïl », une célébration impossible à définir. Pour une raison de notoriété et probablement de politique, les exodés devaient se regrouper dans plusieurs stades souterrains, dispersés un peu partout sur la planète. Carrillo et Arlington avaient exigé que des gardes armés accompagnent systématiquement chaque groupe et qu’un système de communication radio fonctionne jusqu’à leur retour. Cela avait fait sourire l’avatar face à eux, mais l’accord avait été donné.
Nous avons pénétré dans une pièce visiblement conçue pour l’attente, dont la seule sortie était une large et lourde porte décorée d’épaisses moulures et dorures. Arlington et toutes les personnalités importantes de Transporteur 7, ainsi que quelques gardes et deux avatars de l’Empereur-Dieu, nous attendaient. Le colonel n’aimait pas les retardataires :
Ha, il ne manquait que vous. Nous sommes au complet, maintenant. Empereur-Dieu, est-il prévu de commencer un jour ?
Oui, Commandant. Un peu de patience, certains préparatifs terminent de se mettre en place. Ce n’est plus que l’affaire de quelques minutes.
Je jetai un œil sur les gardes de Ragnvald postés aux quatre coins de la pièce. Ils ne semblaient pas spécialement anxieux ni même lourdement armés, en tout cas clairement moins que nos propres soldats.
Étrange ambiance.
Mon Phil trépignait, mais simulait correctement un calme attentif. Ce matin, nous avions croisé Catherine, sa groupie personnelle, elle venait d’intégrer la religion des Octotes et psalmodiait avec les adeptes sur notre passage. Phil, comme à son habitude, lui offrit son plus beau sourire et cela la ravit. Les mecs sont tous des imbéciles, ils ne savent pas mettre fin clairement à une relation, même ténue, avec une femme. Ils passent leur temps à la relancer en croyant y mettre un terme. Je ne pensais absolument pas que mon homme puisse se laisser aller à profiter de la situation. Ce n’est pas dans son genre et nous sommes suivis et épiés en permanence entre Fabio, les miliciens d’Arlington, les journalistes et nos adeptes Octotes (ou d'autres encore : la liste s’allonge tous les jours).
Peu de place pour l’intimité, même entre nous deux.
Le vieil avatar prit la parole, sa voix résonnait en imposant le silence parmi les convives.
Nous allons bientôt sortir. Il ne s’agira que de quelques mètres à faire puis nous trouverons nos emplacements. Attention, le Yesmaïl requiert la position debout, du moins au début. C’est un signe de révérence envers les nouveaux arrivants, faites tous de même.
« … au moins au début » ? reprit Arlington vivement.
Oui, vous comprendrez le moment venu. Ne vous inquiétez pas des projections géantes, le Yesmaïl se déroule simultanément sur tous les mondes de l’empire. C’est une communion importante pour notre société.
Je regardais Fabio, ce Mental avait d’habitude toujours une longueur d’avance. Je le trouvais serein, mais un peu fatigué. Il n’avait pas été très clair sur le contenu de sa discussion en tête à tête avec l’Empereur-Dieu « Godheim ». Nous cachait-il quelque chose ?
Lorsque la porte s'ouvrit, la vague de chaleur nous enveloppa. On avait sans doute ajouté plusieurs degrés, au point que je dégrafai mon chandail malgré les regards gourmands sur ma poitrine, principalement des gardes de Ragnvald.
À la suite des empereurs-dieux, nous avancions sur un balcon assez large, séparé par quelques marches des gradins. N’importe qui pouvait aller et venir n’importe quand, la sécurité n’était donc pas assurée sinon par nos gardes. Quant au stade, il devait s'étendre sur plusieurs centaines de mètres de diamètre et plusieurs dizaines de hauteur, encadré par de larges écrans holographiques. J’estimai la foule à vingt-mille spectateurs, au moins. Au centre s’élevait un décor composé de formes géométriques simples, de tremplins et autres accessoires sportifs. Étrangement, l’agencement évoquait une sorte de poitrine féminine stylisée.
Phil s’approcha de moi, passant son bras autour de mes hanches. Je me lovai contre lui et croisai son regard. Il était empli de désir. Malgré les circonstances, j’éprouvais étrangement des sentiments semblables. Pourtant, d’habitude, nous savions tous deux faire la part des choses entre nos envies et les situations. Je n’ai pas de souvenir d’un manque ou d’une incompréhension entre nous à ce sujet. Pourquoi alors, aujourd’hui quelque chose semblait-il si… exagéré ?
Beaucoup de femmes et d’hommes du public allaient jusqu’à s’embrasser sans retenue… et cela donnait des idées à leurs voisins qui résistaient difficilement à l’envie de les rejoindre.
Les grands écrans faisaient la part belle à des scènes semblables se déroulant dans d’autres lieux de l’empire. Si l’on s'en tenait aux dires de l’Empereur-Dieu au sujet des dix-mille mondes, il y avait une quantité incalculable de scènes à retransmettre.
La chaleur venait-elle de monter encore d’un cran ou était-ce moi ? Soudain, l’intérêt du public se focalisa sur le centre de la piste.
« Je rêve ? C’est pas vrai ? » réagit Phil, sous la surprise.
Au sommet d’une des boites les plus hautes, était apparu… Monsieur Loyal. Aucune erreur possible, c’était bien le même costume noir et blanc en queue-de-pie, le même bonnet ridicule et…
« OOOOooooooooYYYYOOOOOOOOOOOOO ! »
… la même voix stridente et incompréhensible qui retentissait dans les hautparleurs ! Et la musique, celle du cirque du Positron, monta doucement, envoutante, traversant les esprits et les corps. L’illusion était parfaite… car il s’agissait bel et bien d’une mascarade :
Ce n’est pas « notre » Loyal, Phil. Celui-là est un humain normal jouant un rôle. Nous sommes bien dans notre dimension et on peut voir le ventre de celui-là rebondir quand il bouge.
Tu as raison, confirma-t-il. Regarde comme il sautille plus lourdement que celui de là-bas. L’autre pouvait faire dix mètres d’un pas. Mais la coïncidence est frappante.
OOOOOOOuuuuuuuuuuiiiiiiiIIIIIIIIIII !
Des danseuses et des jongleurs envahirent la piste, chacun s’exerçant sur un instrument, un emplacement ou multipliant simplement les poses suggestives. Certains étaient habillés d’un juste au corps arlequin, d’autres d’un collant noir et blanc ne cachant aucun muscle, aucune courbe.
Le désir monta encore en moi, comme s’il irradiait du fond de mon ventre pour saturer mon âme. Phil m’embrassa le cou, ce qui ne m’aida pas à conserver mon calme. Je lui serrai plus fortement la main, cherchant à comprendre ce qu’il se passait. Je surpris Fabio à porter sa paume en visière, comme s’il tentait d’échapper à une lumière trop forte. Pourtant nous étions éclairés par des sources indirectes qui emplissaient l’immense lieu d’une coloration rougeâtre. Aucune clarté n’aveuglait les spectateurs.
Dans le public, je vis des mains baladeuses de toutes provenances caresser d’autres corps, même parfois le leur. Deux rangées devant nous, une femme se pencha face à son voisin dans une attitude ne laissant pas de doute sur ses intentions, tandis que celui-ci embrassait… un homme à sa droite. Quant aux écrans, ils affichaient tantôt des spectacles de mimes ou d’autres acrobates, tantôt des flirts poussés entre plusieurs partenaires.
Cette chaleur, cette tension qui montait et cette diffusion d’images… quelles surprises nous réservait encore ce Yesmaïl ?

La musique se tut et les artistes sur la piste s’arrêtèrent, les spectateurs stoppèrent leurs émois et des projecteurs pointèrent le sommet de la voute occupée par une sorte de trappe.
« Vous allez devoir tous mettre un genou à terre en signe de révérence, maintenant » demanda gentiment le petit avatar. La moitié des écrans présentèrent la voute, tandis que l’autre moitié se fixa... sur nous. Arlington comprit immédiatement le risque et donna ses ordres :
« Les enfants, on fait tout ce qu’on nous demande. Je ne veux pas un pet de travers, est-ce clair ? Goud, genou à terre ! »
Phil s’exécuta, même si je ne pouvais certifier qu’il n’était pas attiré en premier lieu par mon décolleté.
Un silence concentré s’abattit sur le stade, comme si tous les désirs s’étaient soudain éloignés, phagocytés par une ferveur religieuse. Mais je sentais parfaitement que l’irrésistible pression au creux de mes reins ne s’arrêtait pas et la réprimer ne faisait que l'accentuer. J’entendais le souffle rauque d’un garde, sur ma droite, qui lorgnait une petite minette à côté de lui. Cette situation risquait de très vite dégénérer…
Une clameur parcourut le public alors que les pans de la trappe s'ouvraient soudain. J’assistai, comme tout le stade, et sans doute les dix-mille mondes, à la descente de l’Empereur-Dieu en personne. Sa longue et brillante forme, glissant par l’ouverture, emplit tous les écrans comme si elle voulait d’abord pénétrer nos yeux. On devinait la petite tête moulée dans le gland. Cette forme suggestive, à la limite de l’obscène, prenait bien évidemment tout son sens quand on voyait l’ambiance électrique dans laquelle se trouvait le public. C’était une scène absolument délirante et la présence de monsieur Loyal, même fictive, n’était plus si farfelue au milieu de tout cela.
L’Empereur-Dieu se courba lentement sur lui-même comme pour bien voir les gradins, ou bien être vu par tous, puis dans notre direction. Fabio échappa un cri qui fut immédiatement couvert par un hurlement de Loyal :
« YYYYESSSMAAAAÏLL ! »
Et la musique explosa dans nos oreilles en même temps qu'un feu d’artifice recouvrit la voute. Une chanteuse apparut de l’intérieur du second « sein » de la piste. Son corps était vêtu pour le moins sobrement, mais son couvre-chef trônait au-dessus d’elle, immense et délirant. C’était un mélange complexe de plumes colorées géantes, de longs serpents lumineux flottant et surtout de lasers voyageant aux quatre coins du stade. Elle chantait divinement et suavement dans une langue inconnue (une sorte de Souriant, mais avec des intonations jamais entendues). Le rythme primitif entrait en réaction avec mon (notre ?) désir réprimé, le rendant incontrôlable. Comme clou du spectacle, une colonne de choristes nus, aux torses recouverts de simples lanières de cuir noir, apparut à la périphérie de la piste. Ils progressaient le long des premiers rangs du public, enchainant chorégraphies et performances vocales.
Les feux d’artifice et les confettis pleuvaient de partout, animant la totalité de l’immense voute. Au milieu de cette féérie de lumières et de couleurs, l’Empereur-Dieu nous observait tous, extatique.
Je ne peux dire à quel moment l’ambiance, la musique et surtout la chaleur étouffante finirent par avoir raison de ma retenue. Peut-être était-ce simplement Phil qui se jeta sur moi d’une manière animale, comme presque tant de couples dans le public. Il me griffa en abaissant violemment mon pantalon et plongea sa tête entre mes cuisses, me prodiguant une de nos entrées en matière préférées. J’ondulais instinctivement mes hanches contre son visage, strictement incapable de résister à cette envie… Que ce soit sur les écrans ou autour de nous, l’orgie géante avait commencé.
Les corps emmêlés se serraient, se bousculaient ou se lovaient les uns contre les autres au rythme de cette musique tribale paralysant les volontés. On voyait des vêtements arrachés qui volaient ou trainaient, tandis que les hurlements de jouissance parcouraient les gradins. On trouvait là des exodés, là des habitants de Ragnvald, des couples de tous genres et de tous nombres, dans des positions et des schémas sans limites. Seuls les artistes sur la scène poursuivaient leur spectacle, imperturbables et appliqués. Je m’interrogeais sur ce qu’il était advenu de Fabio, mais ne put découvrir qu’Arlington à la découverte des attributs de plusieurs Tropicaliennes et d’une Souriante.
Lorsque Phil me pénétra, je perdis la notion du temps et de l’espace. Plus rien d’autre ne compta pour nous que de rassasier notre besoin de jouissance, aussi puissant et absolu fût-il.
Au milieu des brumes du plaisir, une voix lointaine nous parvint :
« LE PARTAGE AVANT LA DISPERSION. LIBÉREZ-VOUS DE VOS CONTRAINTES MES ENFANTS, OFFREZ-VOUS AU YESMAÏL ! »
Phil et moi hurlâmes notre orgasme commun sans nous arrêter, partant déjà à la recherche du suivant.


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RedU T1 Ch23 Ep03

Tue, 06 Jun 2017 23:56:00 GMT

"Terre ou Liberté", le second chapitre dédié à Kaourantin GLoalen, est disponible au complet et en livre numérique gratuit !

Kaourantin Gloalen, jeune officier à bord de l’Exode fût un membre très actif de la révolution Castiks. Aidé de son ami Nikolaï Makhinov, il participa à la grande déroute royale dans la baie de Guiraël. Une terrible vengeance pour la mort de ses parents. 

C'est sur RED UNIVERSE !


Le sens de la rencontre avec l’Empereur-Dieu ne peut être compris dans toute sa profondeur que narrée par celui qui fut et est encore le personnage central de cette histoire : Fabio Ouli.

Artoc « le fidèle » n’était pas humain, mais plus incroyable, c’était un Mental. En tout cas, pour moi, c’était une découverte propre à révolutionner la pensée fondamentale sur les facultés psychiques et leur origine. Je voyais parfaitement voler autour de lui quelques Titans (leur ancien nom) lui prodiguant leurs pouvoirs, comme s’ils voulaient me montrer l'insignifiance de ma « rébellion » envers eux. Sans doute avaient-ils raison : je les appelais malgré moi dès lors que je me concentrais. Quelle pouvait alors être ma réelle marge de manœuvre ?
Artoc m’intriguait, m’impressionnait plus encore que l’Empereur-Dieu lui-même. Cela peut paraitre étrange, mais en furetant dans les recoins cachés de l’esprit humain, j’avais découvert plus d’une fois des êtres, des pensées et des désirs plus abjects que cette chose se prétendant « dieu ».
Dieu se veut être partout et nulle part, mais lui est bel et bien ici. Par ailleurs, je ne sais comment l’expliquer clairement, mais j’éprouvais soudain une forme de pitié pour cet être mi-technologique, mi-organique. Cette sensation ne me quittera par ailleurs jamais.
La tête géante s’approcha de Phil et… le flaira. Oui, exactement comme les Titans dans le cirque délirant, le même petit hochement, la même expression dubitative.
Artoc maugréait méchamment derrière nous, il nous voulait agenouillés devant son Seigneur et ne comprenait pas pourquoi « Dieu » tolérait un tel manque de révérence. De mon côté, je me demandais quelle était cette étrange ambiance psychique dans laquelle nous pataugions. Un bruit de fond d’origine inconnue baignait cette planète et se renforçait en ce lieu, face à… Godheim ?
GODHEIM EST LE NOM QUE JE VOUS OFFRE. IL EST LA PREUVE DE MA VOLONTÉ DE VOUS AIDER DANS L’INTÉGRATION.
Heu… De quelle intégration parle Votre Majesté Godheim ?
Je souris en coin : Momumba Arlington possède l’esprit vif des joueurs d’échecs, toujours à calculer le troisième voire le quatrième coup d’avance. Cette question portait bien sa marque. Godheim le regarda puis pivota son long cou jusqu’à placer son visage face à moi.
Je pouvais sentir l’odeur étrange de mélange d’antiseptiques, de métal graisseux et même d’un soupçon de pourriture qui émanait de cette bouche depuis ses entrailles. La fusion machine/vivant n’était, d’évidence, pas une simple formalité. Cela ne m’empêcha pas de soutenir son regard métallique.
Il répondit à Arlington avec une douceur qui pouvait surprendre :
« NOUS ALLONS DÉMONTER ET RECYCLER LE TRANSPORTEUR. TOUS LES OCCUPANTS SERONT INTÉGRÉS ET RÉPARTIS DANS L’EMPIRE. TELLE EST LA RÈGLE DE RAGNVALD, MA LOI IMMUABLE. VOTRE AVENIR EST DÉSORMAIS ASSURÉ, HEUREUX EXODÉS QUI VENEZ DE TROUVER VOTRE TERRE PROMISE EN MON SEIN… ET NE SOYEZ PAS FOU POUR VOUS Y OPPOSER.
MAINTENANT, LAISSEZ-NOUS. JE SOUHAITE M’ENTRETENIR EN TÊTE À TÊTE AVEC L’HUMAIN OULI ».
Je bloquai une fois de plus Phil Goud pour éviter que la situation ne dégénère, charge à Arlington et Adénor d’arrondir les angles.
Là-dessus, Artoc s’approcha, barrières mentales levées, main posée sur l’arme inconnue à sa ceinture. J’échangeai un regard compréhensif avec le colonel qui saisit l’idée et s’éloigna avec les autres. Même Artoc les suivit, nous laissant seuls.
Si ce dieu chimérique pensait m’impressionner, il allait être déçu. Je pouvais sentir chaque rouage de son pseudo corps, chaque muscle et, bien sûr, son cerveau mixé, amalgamé, intégré à un réseau plus vaste. Je me préparais à faire appel aux Titans pour calmer celui qui prétendait nous arrêter, lorsqu’il prononça un mot.
Un seul mot.
« SHAZAM »

J’ouvris les yeux. J’étais étendu au sol. La lumière qui tombait du puits m’éblouissait. Je me redressai sur un coude lorsque la voix de Godheim tonna de nouveau derrière moi :
« SHAZAM »

Je retombai dans l’inconscience… pour me réveiller plus tard. Impossible d'estimer le temps passé ainsi privé de repères : une heure ou une année ne changeait rien à cette place ni à ce personnage.
« SHAZAM »

Même provenant d’une voix éloignée, le mot ne perdait pas de son effet… Combien de fois retombais-je ? Combien de fois Godheim joua-t-il ainsi à me maltraiter ? J’ouvris les yeux et hurlai.
« ASSEZ ! C’est bon, j’ai compris ! »
Il me montrait sa puissance et mes faiblesses. Un bras de fer, voilà simplement ce que ce préambule annonçait.

Aucun retour du mot-clé, car c’était bien d'un mot-clé implanté en moi dont il s'agissait, probablement par QuartMac, il y a longtemps. Comment le vieux savant avait-il réussi cet exploit sans que je m’en rende compte ? Comment Godheim pouvait-il le connaitre ? Certaines déductions tombaient sous le sens, d’autres demeuraient sous le sceau du mystère.
Je me relevai et l’odeur caractéristique du corps mi-chair mi-circuits effleura à nouveau mes narines. Il m'observait à quelques pas de là, la tête un peu penchée. Curiosité ou… attendrissement ?
Je lançai la conversation, il fallait bien commencer par quelque chose et mon intuition me disait que l’Empereur-Dieu voulait réellement me parler, pas simplement jouer.
QuartMac ?
OUI, PASSEUR. C’EST BIEN LUI QUI T’A IMPLANTÉ CETTE JOLIE CLÉ. MON SAVOIR VA BIEN AU-DELÀ DE LA PASSE DE MAGELLONE, AU CAS OÙ TU EN DOUTERAIS.
Mmmmh… Je ne crois pas en « dieu », Sire Godheim. La taille et les sources d’une base de données n’offrent pas la divinité. J’ignore ce que vous me voulez, je vous écouterai donc puisque… je n’ai pas d’autres choix.
VOIS-TU LES TITANS DANS CETTE PIÈCE, PASSEUR ?
Je clignai des yeux, prenant le temps de bien m’assurer des mots prononcés. Il savait tout cela aussi ? Sa base de données s’étendait loin, mais, après tout, on pouvait recouper de nombreuses informations si l’on en avait la patience.
Que savez-vous des Titans ou du Passeur ?
QUESTIONNES-TU UN DIEU, FABIO OULI ? SI ARTOC ÉTAIT LÀ, MÊME MOI J'ÉPROUVERAIS DES DIFFICULTÉS À LE RETENIR. LES RACES DE L’UNIVERS SONT SOUVENT SI COLÉRIQUES, SI PEU SENSIBLES AU CALME ET À LA CONTEMPLATION.
Je le questionne en effet, Sire Godheim.
ET IL T’A RÉPONDU, PASSEUR.
On ne questionnait donc pas un dieu, mais il ne me privait pas de réponse pour autant. Juché sur son phallus géant, ce Godheim semblait attendre quelque chose. Une réponse ? Non, il savait déjà presque tout… Une question ? Non plus, puisque l’on ne questionnait pas un dieu, parait-il…
… Je réalisai soudain que l’on pouvait interroger un dieu indirectement et testai ma nouvelle théorie.
Je me suis toujours demandé si la notion de « Passeur » avait une quelconque signification…
LE POUVOIR COSMIQUE NOUS MONTRE SES SYMBOLES ET SES REPRÉSENTANTS. L’HARMONIE DES CHOSES N’EST QU’UN ORDRE IMPOSÉ OÙ L’ON RETROUVE LE CHAUD ET LE FROID, LE YIN ET LE YANG, LE PASSEUR ET LE FAISEUR…
Les Titans ne sont pas dans l’ordre des choses. Je ne crois pas qu’ils soient « naturels ».
ILS CONNAISSENT CET ORDRE, ILS EN JOUENT TOUT EN NE POUVANT L’ENFREINDRE. C’EST LEUR PUISSANCE ET LEUR FAIBLESSE ET ILS CHERCHENT À S’EN AFFRANCHIR.
Comme vous ?
Pas de réponse.
Le cou géant se tendit et s’approcha doucement, murmurant plus qu’il ne parla :
JE TE PRÉFÈRE INTELLIGENT, MON BEAU NOUVEAU PASSEUR. LORSQUE L’ON A LA CHANCE DE S’EXPRIMER FACE À UN DIEU, ON ACCEPTE SON NIVEAU… ESSAYE ENCORE OU VA-T’EN !
Quelle déception dans sa dernière phrase ! Espérait-il, attendait-il de moi un sujet particulier ?
Ou alors une certaine subtilité ? Serait-ce si simple ?
Je pensais à toute vitesse, la moindre de ses paroles révélait des indices qu’il m’offrait visiblement pour que je le comprenne.

« Une conversation qui a un quelconque intérêt »
« Un ordre des choses imposé. »
« Un nouveau Passeur. »
« On accepte son niveau. »

Les dieux sont immortels. Serait-ce le cas aussi des Titans ? Non, car des dieux entravés n’en sont pas et l’immortalité n’est que subjective : une tortue-méduse est immortelle comparée à un papillon-coccinelle. De même pour lui, il se retrouve soumis à un ordre des choses qui lui a permis de rencontrer/connaitre plusieurs Passeurs, mais qui lui impose des limites. Lesquelles ?
D’où le « niveau » de la discussion : Faiseur, Passeur, Titans et Godheim seraient une autre forme de cet ordre des choses qui régit le cosmos ?
J’étais bien placé pour comprendre cela, me souvenant de la forme féline rencontrée dans Phil Goud, le jour où Angilbe m’avait demandé de le tuer…
… Était-ce celui que tout le monde appelle le Faiseur ?
Le Faiseur… Godheim… les Titans… le Passeur. Soudain, je fus frappé par l’évidence.
Vous êtes à la recherche du Faiseur, vous aussi. Vous voulez vous affranchir de cet ordre des choses et lui et moi sommes les seuls à pouvoir le briser !
JE SUIS UN DIEU JEUNE, COMPARÉ AUX TITANS, ET MA VISION EST DIFFÉRENTE DE LA LEUR.
UN DEMI-MILLÉNAIRE NE M’A PERMIS D’APPRÉHENDER QU'UNE PARTIE DE LA COMPLEXITÉ DU TOUT.
Le phallus géant glissa alors sur ma gauche, comme s’il désirait s’éloigner, mais sans que sa présence me quitte. Il ne poursuivit sa phrase que de loin, signalant, pour qui savait entendre entre les mots, que la réunion au sommet prenait fin.
« AIDE-MOI À LE TROUVER, FABIO-LE-NOUVEAU-PASSEUR. IL EST PARMI VOUS, IL NOUS OBSERVE TOUS.
L’EXODE NE PÉRIRA PAS, ELLE SERA SAUVÉE D’UN AVENIR DÉPLORABLE EN INTÉGRANT L’EMPIRE DE RAGNVALD. C’EST LE MEILLEUR QUE JE PUISSE LUI OFFRIR. »
Il se figea dans l’obscurité, laissant aux rares sons de l’immense salle le soin de commenter ses propos. Je m’approchai doucement de l’entrée. Elle s’ouvrit, ne révélant qu’un couloir vide de toute personne, sinon d’un des avatars « petit-vieux » de l’Empereur-Dieu.
« Laisse-moi te raccompagner. »
« LAISSE-MOI TE RACCOMPAGNER. »
firent les deux voix.
Tout en suivant mon guide, je ne pouvais me départir de cette si étrange sensation de pitié qui m’étreignait envers Godheim.


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Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
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RedU T1 Ch23 Ep02

Wed, 31 May 2017 00:54:00 GMT

Ce Weekend, "Terre ou Liberté", le second chapitre dédié à Kaourantin GLoalen, sera disponible au complet et en livre numérique gratuit !

Kaourantin Gloalen, jeune officier à bord de l’Exode fût un membre très actif de la révolution Castiks. Aidé de son ami Nikolaï Makhinov, il participa à la grande déroute royale dans la baie de Guiraël. Une terrible vengeance pour la mort de ses parents. 

SAMEDI 3 JUIN 2017 SUR RED UNIVERSE !


Le point de vue incrédule du lieutenant Goud est des plus intéressants au sujet des évènements ayant succédé à l'arrivée de Transporteur 7 sur Monte-Circeo. Observons-les désormais depuis celui-ci.

Je revenais d’un pont inférieur pour une dernière tournée d’inspection des sas avant la rentrée dans l'atmosphère. Ce transporteur est aussi vieux que les autres et devait subir les frottements. Je voulais être certain d’éviter les surprises, j’ignorais si les pilotes des corvettes qui nous tractaient connaissaient notre seuil de résistance.
Devant ma cabine, comme toujours depuis quelques semaines, un périmètre de sécurité se dressait, au-delà duquel de nombreux admirateurs me faisaient des signes. Enfin, « admirateurs », plutôt des « adorateurs »… à commencer par l’incontournable Catherine.
Notre jeune voisine avait le béguin pour moi et je ne savais comment la repousser sans la désespérer. Adénor la voyait évidemment d’un mauvais œil et j’avais peur qu’un jour, elle ne se lance dans une explication musclée.
« Phil ! Phil, on t’aime ! Phil, je t’aime ! »
Je salue tout le monde et j’insiste sur mon signe à Catherine, que pouvais-je faire de plus ? Ces derniers temps, je la voyais souvent avec le groupe des Octotes dont les représentants se relayent nuit et jour devant notre porte. J’espérais qu’elle n'entrerait pas dans leur délire.
Les tremblements de la coque ne semblent pas inquiéter outre mesure ce beau monde. La foi déplace des montagnes, parait-il, mais protège-t-elle des avalanches ?
Peu après, avec Adénor et Fabio (il ne nous lâche plus, lui, jouant à la perfection son rôle autoproclamé de gardien, faussement fraternel), nous gagnons le hangar central. Un groupe d’officiels de cet « empire » attend à l’extérieur du transporteur, ceux qui nous ont nommément demandés. Pas de quoi calmer nos adorateurs ou de rassurer Arlington. J’avoue qu’à sa place, j’ignore comment je réagirais à cette hystérie montante dans son transporteur. Peut-être pas avec autant de flegme ; je ne gère que de petites équipes, pas des centaines de milliers d'individus.
Une passerelle pressurisée, la plus large que je n’aie jamais vue, nous permet de rejoindre ce qui doit être la base principale… même si « base » fait penser à une cabane de pêcheur. À bord du convoi, d'apparences modestes, on découvre une immense ville dans les profondeurs de la planète. Monte-Circeo est privée d’atmosphère, alors ils l’ont creusée de toutes parts, puis pressurisée. Par exemple, Transporteur 7 est « emboité » dans un cratère géant et l’on en sort par le fond. Comme Arlington, je n’en revenais pas de la coïncidence entre ses dimensions et celles de notre appareil. C’est comme si cette aire d’atterrissage avait été conçue pour lui, d’après les mêmes plans que sur MaterOne.
Le petit vieux qui nous conduit ressemble, trait pour trait, à celui qui nous a rendu visite, mais, de ses propres mots, ce n’est pas lui, plutôt « un autre, tout en étant nous-mêmes ». Incompréhensible, sinon que la révérence, l’amour même des personnes que nous croisons est bien réel ! Pour eux, le petit bonhomme, les petits bonshommes sont un, ou des êtres très importants.
« Un seul et unique Dieu » me précise Fabio sans que je lui demande quoi que ce soit. Il m’énerve dans ces moments-là…
On s’arrête devant un très haut et très long couloir, deux ou trois plantons de garde à l’entrée surveillent les passants, l’œil soupçonneux. Fabio interpelle notre petit dieu :
Pourquoi tout le monde pense-t-il que vous êtes Dieu « partout », mais également « ici » ? C’est illogique un « dieu » centré en un endroit… je n’arrive pas à trouver un élément de réponse dans les esprits de vos fidèles.
Fabio, intervint Arlington, nous verrons cela plus tard, voulez-vous ?
Laissez, Colonel. Je suis tout et je suis un. Ici et partout à la fois. Considérez cette enveloppe comme un simple avatar. J’accepte vos autres questions.
En fait, tout le monde en avait : la multitude ethnique des citoyens de Ragnvald, la planète entière creusée, les vaisseaux spatiaux et la dimension de cet empire...
Ragnvald est ce qui est bon pour tous : ses habitants, mes enfants, ou vous, par exemple. Je suis présent en tout endroit, de la simple corvette aux villes souterraines, comme celle-ci. Le chiffre de dix-mille soleils n’existe que pour marquer l’esprit des masses, nous en sommes à onze-mille-sept-cent-vingt-sept systèmes solaires colonisés… le vingt-huitième vient d’être officialisé à l’instant. Onze-mille-sept-cent-vingt-huit, donc.
Les bases de l’empire peuvent être très modestes, comme de simples satellites de surveillance où ma présence se suffit souvent à elle-même. Ce qui compte n’est pas tant la domination humaine que ma marque gravée dans tout système. Nous sommes bientôt arrivés.
Si vous êtes un vrai dieu, vous êtes déjà partout. Pas besoin de station spatiale, lui dis-je.
Les dieux et les divinités me sortaient par les trous de nez et celui-là n’en était pas un. Dieu est abstrait, il n’apparait pas sous les traits de qui que ce soit de vivant et n’intervient pas directement dans la vie des humains, en tout cas c’est mon opinion. Qui ou quoi qu’il était, j’espérais que personne de l’Exode ne se laisserait duper par sa mégalomanie.
Le petit vieux s’arrête devant une immense porte. Le mécanisme se débloque et les battants s’écartent, s'ouvrant sur une salle sombre. Grâce à quelques luminaires nichés dans les recoins, on devine une place démesurée. Une puissante colonne de lumière descend de la voute et donne une idée de la hauteur : bien plus haut qu’une cité intérieure de transporteur, par exemple, l’endroit le plus grand que je connaisse.
Mais le plus impressionnant allait venir. La voix du petit vieux qui me répond est dédoublée par une autre jaillissant de l’obscurité, face à nous.
« Suis-je votre guide par simple notoriété ? Tu es Phil Goud, ta seule force est d’avoir été choisi par le faiseur, ne te crois pas de nature divine pour autant ! »
« SUIS-JE VOTRE GUIDE PAR SIMPLE NOTORIÉTÉ ? TU ES PHIL GOUD, TA SEULE FORCE EST D’AVOIR ÉTÉ CHOISI PAR LE FAISEUR, NE TE CROIT PAS DE NATURE DIVINE POUR AUTANT ! »
Fabio, Adénor et moi-même sommes restés sans voix. Comment connaissait-il le faiseur ? Monsieur Loyal ne nous en avait parlé que quelques heures plus tôt, dans le cirque de l’autre dimension.
Quoique… peut-être n’était-ce pas son propos qui nous avait estomaqués, mais plutôt la VOIX qui résonnait autour de nous.
« Approchez dans le rond de lumière au centre de la pièce. »
C’était quelqu’un caché dans l’angle. Il avait un accent étrange et, chose rarissime, cela fit sursauter Fabio.
Alors oui, notre première rencontre avec un extraterrestre pur jus ne se passa pas dans la joie, je dois vous l’avouer.
Adénor se colle contre moi pour que l’on se protège par une quelconque défense, Arlington se targue d’un :
« Nom de Dieu ! Heu, enfin… non de non, voulais-je dire. »
Fabio se fige, pétrifié… ou en pleine transe mentale, allez savoir, avec lui...
Une forme de bouteille avec un grand bassin, pas de cou et pas de nez. Sa peau est grisâtre, avec des nævus bleus sur le haut des joues et d’immenses yeux jaunes avec de larges iris. Ce dernier point fait irrémédiablement penser à Fabio et aux Mentaux.
Difficile d’en dire plus. On ne voit pas grand-chose. Il porte une tenue ample en tissu blanc qui cache jusqu'à sa tête, le symbole de Ragnvald bien en évidence au milieu. Même dans une autre civilisation et avec un… un non humain, je peux reconnaitre un soldat gradé. La fonction de certains signes, comme ceux accrochés sur sa poitrine, ne change jamais.
« Ne soyez pas effrayés par Artoc, il est fidèle parmi les fidèles. La nature divine transcende les races, l'ignores-tu encore… Fabio Ouli ? »
« NE SOYEZ PAS EFFRAYÉS PAR ARTOC, IL EST FIDÈLE PARMI LES FIDÈLES. LA NATURE DIVINE TRANSCENDE LES RACES, L'IGNORES-TU ENCORE… FABIO OULI ? »
À ce moment, il faut peut-être résumer la situation. Nous avons été capturés par une nouvelle civilisation disposant d’une technologie qui nous dépasse. Nous étions face à un « dieu » qui donnait des ordres, se prétendait omniscient et nous parlait du faiseur. Nous découvrons un extraterrestre en chair et en os (ça avait l’air d’avoir des os) et… une sacrée (si j’ose…) connaissance de notre peuple et sans doute de nos histoires personnelles.
"Un dieu", je ne sais pas, mais quelqu’un de bien renseigné, ça, c’est certain ! Au milieu de toutes ces circonstances, j'oubliais de profiter du regard hagard, sinon perdu, de notre Fabio national, qui ne contrôlait pas grand-chose, cette fois. Alors, Fabio, ça fait quoi de se sentir « normal » ?
Le Ragnvald non humain tend le bras vers la base de la colonne de lumière, dressant un de ses… six… sept doigts. Whooo… sept doigts !
Le petit vieux reste dans l’embrasure de la porte. Apparemment, « dieu » n’avait pas à nous suivre, puisqu’il… il était là aussi.
Mais VRAIMENT là.
Dans l’obscurité, on devine une forme incertaine, mais très phallique, fixée au centre probable de la salle géante. Le prétendu « Dieu » est un grand « machin » de plusieurs mètres de haut, de chair et de métal, à la surface sombre et luisante, un fabuleux tuyau vivant. S’il n’était lui-même une divinité, rien que cette… forme en serait devenue une dans certaines tribus de MaterOne. Mais lorsque le sommet (un peu comme une girafe-raie, vous voyez ?) se penche vers nous, il s’approche assez pour que la lumière réfléchie par nos vêtements lui éclaire le… le visage. Clairement pas une réussite dans un concours de beauté, mais avec des traits qui font penser à un humain.
Comment vous décrire cet appendice ? Le « visage » sortait du gland (phallique vous disais-je) comme moulé dans la masse. Surtout composée de circuits et de rouages, on voit de la chair rouge mélangée à l’intérieur. Il y a un menton et une bouche recouverte d’épaisseurs de fils et de tendons. Il ne reste au front que quelques morceaux de peau et deux globes aux pupilles métalliques se trouvant à la place des yeux. "Un dieu", encore une fois, je l'ignore, mais une chimère, certainement.


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RedU T1 Ch23 Ep01

Wed, 24 May 2017 00:49:00 GMT

Toute l'équipe de Red Universe est solidaire des victimes de l'attentat de Manchester et de leurs proches.

http://reduniverse.fr/2017/05/23/2017-faucheuse/


Momumba Arlington patientait derrière la grande verrière du centre de commandement de Transporteur 3. Au-delà s’étendait l’infinité de l’espace sidéral, lieu de tous les espoirs et de toutes les peurs. IL lui avait dit que Benkana et Transporteur 7 allaient arriver à quelques encablures de leur position. En conséquence, le colonel venait d’affréter une navette avec du personnel médical et technique ; elle se tenait sur l’air d’envol du spatioport, prête à décoller. Apparemment, les Nalcoēhuals avaient pratiqué la même « chirurgie » sur l’autre partie de l’Exode, détruisant pistes de décollages, chasseurs, moyens de défense, de communication et, surtout, les compresseurs dimensionnels.
Qu’à cela ne tienne, Ragnvald possédait des méthodes de transport bien supérieures à toutes les technologies actuelles, nalcoēhuales incluses. Ses corvettes faisaient fi de la folle perturbation régionale créée par la multitude de pulsars, géantes rouges et autres quasars qui hantaient le Cercle de Khabit, et recelaient de surprenantes capacités telle que celle qui se produisait maintenant sous ses yeux.
Un cercle parfait de lumière se dessinait lentement au loin, dans l’éther. Lorsqu’il se ferma, l’espace à l’intérieur disparut simplement, laissant apparaitre Transporteur 7 remorqué par deux corvettes qui se découpaient sur une autre configuration d’étoiles. Pendant que le géant d’acier traversait l’étonnant portail, Arlington devina l'extrémité de plusieurs corvettes aux abords du passage, source probable de la magie qui se déroulait sous les yeux de tous.
La formation rompit les rangs une fois le vaisseau passé et le trou dans l’espace disparut aussitôt. Pourquoi la technologie de Ragnvald ne pouvait-elle le maintenir pour les trois autres transporteurs ? Mystère, sans doute une limitation d’énergie… IL était assez avare d’explications techniques.
Trois quarts d’heure plus tard, le sas de la navette s’ouvrit, dévoilant une Aurora Benkana fatiguée, mais heureuse de retrouver un ami qu’elle pensait ne plus jamais revoir :
Momumba, fit-elle en l’enlaçant à la grande joie de ce dernier, tu es vraiment la meilleure chose qui nous soit arrivée récemment.
Hé, hé, hé… Dans ma famille, on disait que l’homme juste tombe sept fois et se relève. Il me reste encore six jokers, donc ! Mais toi, comment vas-tu ? Vos épreuves n’ont pas été faciles d’après ce que j’ai appris.
Non, mon vieux, pas du tout. Et… tu sais sans doute, pour John.
Le colonel grimaça, laissant le silence flotter quelques secondes.
Il… il me manquera, comme tous les autres.

Viens. J’ai cuisiné un superbe Roubiano qui nous attend autour d’un café dans ma cabine. On pourra discuter plus tranquillement avant de rencontrer Décembre…
Parfois, la mesure des pertes ne peut se faire qu’à l’aune du gain.
Momumba reconnut cette citation de J.F.Hill qui lui était déjà revenue en mémoire il y a peu, alors que son transporteur réapparaissait dans cette dimension. Cela le replongea dans ces évènements qui vont vous être narrés. Momumba Arlington lui-même se plaisait à les introduire comme suit…

*

Une petite corvette de Ragnvald venait donc de nous intercepter. Nous n’avons pas ri longtemps alors, car des dizaines, des centaines de nouvelles corvettes se sont matérialisées tout autour, armes braquées… et le capitaine Carrillo, mon second, poursuivait la litanie des apparitions :
« Mon Colonel ! Flashs de transitions multiples en sept, quatre, vingt-deux et soixante-et-un. Et il en arrive d’autres ! »
Fabio, ce jeune « soldat » qui n’en était certainement pas un, a ajouté :
Ai-je… oublié de vous préciser qu’ils… hem… détestent MaterOne ?
Nouveaux flashs en huit, dix-huit, quatorze, cinq, trente-et-un, vingt-deux, trente-trois…
Même avec toutes nos défenses activées, nous n’avions qu’une chance ridicule de survie lorsque cet essaim s’abattrait sur nous.
Oui, la phrase de John était, alors, bien d’actualité.
Carrillo dénombre nos assaillants à deux-cent-vingt-quatre appareils, lorsque Fabio, le regard toujours dans les nuages, m’interrompt (quand je vous dis que ce garçon est aussi soldat que moi une hypogazelle…).
Quelque chose se passe à l’intérieur de nombreux vaisseaux. Les équipages ressentent une grande appréhension… Quelqu’un arrive, heu… plutôt… plusieurs personnes importantes (je ne sais comment les présenter) semblent se « réveiller ».
Tu ne peux pas être plus précis ? Ça ne veut rien dire ! Ils étaient endormis, ce sont les chefs ?
C’est le lieutenant Phil Goud, encore une sacrée tête de pioche. Lui et sa petite amie Adénor Kerichi sont des sortes de rocks-stars de l’Exode avec, à leur actif, plusieurs faits d’armes indéniables et responsables d’un engouement médiatique frisant l’hystérie. C’est probablement à cause d’eux que nous avons été emportés dans une autre dimension pour rencontrer le capitaine Auguste Magellone, légende de la conquête spatiale, survivant là-bas, on ne sait comment, dans le « Positron ».
À l'heure où je vous parle, je ne possède toujours pas les informations quant à ce qui s’est passé sur le Positron, car l’équipe est revenue à l’ultime minute, alors que l’on changeait encore de dimension… pour tomber en plein dans ce guet-apens. Quand je parle « d’équipe », j’entends ces trois-là : Goud, Fabio et Kerichi. Pas un pour rattraper l’autre.
Benkana s’est déjà cassé les dents sur eux par le passé, je suis le suivant, je pensais faire mieux qu’elle… « La prétention, c’est la méconnaissance absolue », dit le proverbe.
Mais je m'égare. Fabio répond alors à Goud :
Désolé, Phil, mais je ne comprends pas moi-même sinon que… que… heu, oui ?
Fabio, vous parlez tout seul, maintenant ? Demandais-je, prêt à accepter n’importe quelle étrangeté de leur part.
… Oui. Bon, ben d’accord, je vais passer le message.
Adénor Kerichi, ancienne tueuse du régime royal, me pose la main sur l’épaule comme si l’on avait gardé les mouettes-moutons ensemble.
« Mon Colonel, Fabio parle mentalement avec quelqu’un d’autre. »
C’est vrai, bien sûr. Je venais de comprendre cela peu de temps avant, mais, que voulez-vous, je n’ai jamais été un admirateur béât des Mentaux et j’ai du mal à m’habituer à des gens qui parlent autrement qu’avec leur bouche. Heureusement, le garçon poursuivit à voix haute :
« Bon, alors, message à tout le monde. Un… ambassadeur d’un rang extrêmement élevé chez nos… nos amis, nous rejoint au spatioport dans quelques instants. Je crois qu’on doit l’y retrouver. »
Invitation courtoise et situation désespérée, comment refuser ? Je ne suis pas capable de vous donner la raison exacte qui poussa le trio à m'accompagner, ni même ce qui leur a épargné une geôle profonde, les fers aux pieds. Toujours est-il que nous nous sommes retrouvés en bout de piste, alors qu’une corvette aux armoiries de cet « empire » se posait à quelques mètres de nous. Carrillo retenait la trentaine de soldats armés jusqu’aux dents qui voulaient transformer l’engin en passoire pour nouilles souriantes, tandis que nous suivions l’ouverture du sas.
Entre nous, je ne m’attendais pas à voir ce tout petit vieux, à peine vêtu d’un pagne sur les hanches, en sortir et descendre douloureusement les marches.
On souffrait pour lui, le pauvre. Ses muscles émaciés laissaient transparaitre ses tendons et ses côtes sous sa peau mate. Il portait une fine moustache grisonnante, rasée à la tondeuse comme ses cheveux et seuls ses grands yeux donnaient l’indice d’un esprit alerte.
Ma mère m’avait emmené voir une communauté d’ascètes durant mon enfance. Ces gens respiraient le calme et la sérénité, même si le moindre microbe représentait pour eux un problème d’une gravité extrême. Ils étaient connus comme des sages, des personnes capables de vivre « au-delà » de notre quotidien et de nous offrir un avis détaché des contraintes matérielles. J’avais été impressionné à l’époque, voulant même devenir l’un d’entre eux… jusqu’à la première journée de jeûne. Quoi qu’il en soit, cet homme me faisait grandement penser à ces gens et, d’un point de vue plus prosaïque, me rassurait quant à l’espoir d’un accord permettant notre survie.
Lorsqu’il mit enfin pied sur le terreplein du spatioport, je m’approchai de lui pour le saluer et lui proposer mon aide. Un de ses gardes s’interposa, la main sur son arme. Inutile de dire que Carrillo dut élever la voix pour éviter un déferlement de balles traçantes. Le petit vieux offrit alors un simple regard, empli de douceur, aux soldats de Ragnvald et tous mirent genou à terre, renonçant à tout tempérament belliqueux. Puis, il s’adressa à moi pour la première fois :
« Vous ne devez pas me toucher, Colonel Arlington. Je suis la représentation divine de l’empire et, en tant que telle, porter la main sur ma personne relève du sacrilège… N’y voyez là aucune offense, plutôt une révérence à suivre envers moi. »
Puis, il prit appui sur l’épaule d’un des gardes agenouillés et observa un à un ceux qui m’accompagnaient. Je demeure certain, encore plus maintenant à la lumière de ce que l’avenir nous a réservé, qu'il s'attarda davantage sur Fabio. Quoi qu’il en soit, le vieil homme se redressa et, presque naturellement, me lança :
Je vous propose de venir parlementer dans notre colonie mère, sur Monte-Circeo. Vos compresseurs dimensionnels sont désactivés, nos corvettes se chargeront du voyage de votre transporteur.
Excusez-moi, Votre Excellence. (J’ignore totalement comment s’adresser à « une représentation divine » alors, dans le doute, j’utilise les termes destinés aux rois) Vous semblez bien informé sur nous, donc vous savez que nous…
Vous nous suivrez parce que vous n’avez pas le choix, Colonel. C’est aussi simple que cela.
Il se retourna et regagna le sas, affrontant laborieusement la pente. Nous aurions échangé le thé que cela eût été pareil. Tout en serrant les dents à chaque marche, il ajouta :
Ne vous inquiétez pas…… j’ai déjà décrété un saufconduit pour votre appareil…… son inviolabilité est désormais assurée.
Je ne suis pas d’accord ! grogna Goud derrière moi.
J’allais ordonner qu’on le mette immédiatement à mort pour éviter l’incident diplomatique, quand Fabio fit quelque chose… j’ignore quoi, mais quelque chose de mental. Ou alors ce fut le petit vieux… ou les deux en même temps. Toujours est-il que le lieutenant leva soudain une main tremblante, en sueur, les yeux inquiets et la bouche ouverte, comme s’il tentait d’apaiser une tempête qui s'abattait sur lui. Sa compagne le soutint d’un bras pour qu’il ne s’écroule pas, tandis que de sa main libre, elle enserra le cou de Fabio. La vivacité de ce geste, digne d’un boa poilu, me laissa pantois : cette femme athlétique restait redoutable.
Le Mental ne réagit pas, s’exprimant cette fois avec les yeux : l’incident était clos, elle pouvait se rassurer.
Pendant ce temps, l’attention du petit vieux était dirigée ailleurs. Je suivis son regard et assistai, un peu gêné il faut l’avouer, à une prière de certains soldats pour célébrer la survie de Goud. Ai-je omis de rappeler qu'un lien incompréhensible s’était établi entre lui, Adénor et la religion des Octotes, sorte de secte prédisant le retour d’un prophète ? Sans doute était-ce un mélange des circonstances de l’Exode, des effets de la Passe de Magellone, de la recherche d’espoir pour l’avenir… et que sais-je encore ? Dans tous les cas, Goud et Kerichi s’étaient retrouvés au centre de prières de plus en plus nombreuses dans la flotte, et nos aventures dimensionnelles n’avaient pas aidé le phénomène à se dissiper.
Très loin de là.
Carrillo avait grommelé quelques commentaires acerbes envers les prieurs pour qu'ils se reprennent. Le petit vieux était retourné dans l’habitacle de son appareil et je dus vite reculer alors que les suspenseurs combattaient la gravité pour prendre leur envol.
La suite fut très proche de ce que l'on a vu tout à l'heure : les corvettes en cercle, la lumière, le passage qui s’ouvre sur l’orbite d’une planète inconnue et notre transporteur, tracté comme une vieille remorque, emmené vers on ne savait où.


Soutenez Reduniverse.fr - Prod: PodShows, Réa: Raoulito, Relecture: Kwaam, JMJ, Acteurs: Adastria (Nar), Arlington: DrWolf, Benkana: AnyaK, Phil: Lorendil, Adénor: Coupie, Fabio: Zylann, Carrillo: Andro, Ghandi: Icaryon, Catherine(&derush): zizooo, musiques: VG, Cleptoporte et Ian, montage: Raoulito

Les génériques de début et de fin de ce chapitre ont été exceptionnellement créés à partir de "Grasslands" de "Ramzoid"
https://soundcloud.com/ramzoid/grasslands-1

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RedU T1 Ch22 Ep012

Tue, 02 May 2017 23:44:00 GMT

DERNIER ÉPISODE DU CHAPITRE 22 ! Nous espérons que vous avez apprécié. Rendez-vous la semaine prochaine pour la playlist et la suivante pour le Chapitre 22 intégral.
Le 24 Mai 2017 commencera le futur monstrueux Chapitre 23, intitulé sobrement : " DIEU " (simplement, oui..)
À très bientôt !


Le spatioport de Transporteur 4 s’ouvrit en grand pour laisser décoller de son hangar tous les appareils disponibles, Momumba Arlington en tête. On avait dépêché, en toute urgence, techniciens et personnel médical, pièces de rechange essentielles, et matériel de communication.
Depuis la verrière de la salle de commandement, Junta accompagnait la pirate Choupa, menottée et sous surveillance, pour une mise au point. Celle-ci s’était révélée plus conciliante qu’à l’accoutumée, visiblement rassurée de respirer encore. Il fallut pourtant lui laisser plusieurs minutes à contempler la scène et les quelques rapports que l’on pouvait lui fournir pour qu’elle se reprenne et accepte de collaborer.
Vous m’avez menti. Je ne voulais pas être ici, et vous avez mis ma vie en jeu. C’est inadmiss…
Personne ne vous a demandé d’attaquer l’Exode. Je vous écoute, qui sont-ils ? la coupa sèchement le politicien. L’heure n’était plus aux plaintes.
Des appareils de l’empire de Ragnvald. Encore des gens à éviter, même si eux vous laissent une chance de fuir avant de vous rayer des cartes spatiales.
« Empire… » ? Il y a des empires de ce côté-ci de la Passe de Magellone ?
La jeune pirate l’observa quelques secondes, l’air sincèrement ahuri. Compte tenu de leur différence d’âge, on aurait cru un enseignant pris en flagrant délit d’erreur grossière par une de ses étudiantes. Elle soupira puis se tourna à nouveau vers l’extérieur, suivant le parcours des secours en provenance de l’autre transporteur.
« Oui, Monsieur Vernek Junta. Il y a bien des empires de ce côté-ci de la Passe. Et on dit que celui de Ragnvald compte plus de dix-mille soleils… »
Derrière eux, à l’opposé de la salle, le général Décembre grommela dans sa barbe. Il se leva de son siège et quitta la pièce pour se diriger vers le quai de secours, situé à l’arrière de la tête du transporteur. Il suivait la conversation par les enregistreurs et n’aimait visiblement pas l’idée d’autres civilisations capables de balayer la flotte en quelques tirs.
Junta n’appréciait pas cela non plus d’ailleurs. Il s’adressa à la jeune pirate :
Au fait, je ne vous ai pas autorisé à m’appeler par mon prénom.
Et pourquoi pas ? Nous venons tous de frôler la mort, répondit-elle, revêche. Cela fait de nous des compagnons d’armes… et puis, vous le faites bien vous-même.
Le politicien ne dissimula pas son sourire : elle avait raison cette petite, ils s’en sortaient presque tous vivants. Vernek décida de montrer sa bonne volonté pour, au moins, reconnaitre à la pirate son statut de « conseillère spéciale » de l’Exode.
Après tout, elle les avait parfaitement prévenus des dangers qu’ils encouraient.
« Enlevez-lui ses menottes. Madame Choupa… mérite notre attention. »
La prisonnière frotta ses poignets libérés, meurtris par la folie des dernières heures et adressa à Vernek un hochement de tête approbateur. Mais le politicien ne se leurrait pas sur son attitude : elle n’était pas leur amie et pas vraiment rassurée par le statuquo.

*

La portion de coque délimitée s’ouvrit et se sépara en plusieurs parties, formant un quai d’appontage donnant sur l’espace. Il était sommaire, certes, mais solide et pressurisé ; les deux premières navettes de secours vinrent doucement s’y amarrer. Le colonel Arlington pénétra le premier dans le corridor, tout juste assez large pour trois personnes : ce serait juste, mais il faudrait faire avec, le temps que le petit spatioport de Transporteur 1 soit de nouveau opérationnel.
Le second sas du fond s’ouvrit devant lui et il découvrit un général Décembre aux traits fatigués qui attendait de l’autre côté, ainsi que son second et quelques responsables de section.
Général, on dirait que vous en avez vécu des vertes et des pas mures !
À qui le dites-vous, Arlington… … c’est bon de vous revoir, soldat ! Je… nous… … bref, on vous pensait tous morts dans la Passe.
Je vous comprends, nous-mêmes nous y avons crus !
Les deux hommes se serrèrent vigoureusement la main. Chose qui en disait long, Décembre posa sa seconde main sur leur poignée, prouvant ainsi une véritable émotion pour ce militaire bourru. Un septième de l’Exode revenu pour les sauver avec un allié de circonstance, cela ne pouvait que lui apporter du baume au cœur.
« … … Venez avec moi. Laissons Gunjral et les contremaitres recevoir vos secours et… … se répartir vos hommes. Vous avez de nombreuses choses à me raconter, je… … je pense. »
Arlington le suivit de bonne grâce dans des coursives plus ou moins endommagées, tout en réfléchissant à deux détails qui le tracassaient. D’abord, le lieutenant Carrillo, son second, pourrait-il s’en sortir avec la bande d’excités qu’il avait laissé à bord de son transporteur (à savoir, la fine équipe de Phil Goud, Adénor Kerichi et Fabio Ouli, mais également l’Empereur-Dieu lui-même, tout du moins un de ses avatars) ?
Ensuite, fallait-il commencer maintenant sa narration ? Ragnvald avait promis d’établir rapidement une communication entre les deux parties de l’Exode en utilisant ses appareils comme pont, encore fallait-il que ceux de l’autre coté lui fasse confiance. En attendant qu’ils se connectent, mieux valait plutôt laisser Décembre raconter d’abord leur histoire.
Momumba avait hâte d’entendre des nouvelles de ses amis Benkana et J.F.Hill.

*

Planète MaterOne
Station orbitale militaire Alpha III.
Salle d’observation.

Le ministre Ralato Ouli admirait la formation de centaines et de centaines de croiseurs lourds, propriété personnelle du chancelier, emportant à leur bord de très nombreux agents Mentaux.
Ces hommes entrainés manqueraient, car les humains doués psychiquement ne représentaient qu’une infime partie de la population, moins que les surdoués, moins que les personnes atteintes de maladies rares. De plus, cette flotte partait pour une mission hasardeuse, violente et même dangereuse si l’on croyait les dernières assertions de feu Monsieur Heir.
Un Stuffy, debout à ses côtés, noua un lien de communication d’esprit à esprit. Si l’on désirait discuter discrètement, il n’existait que ce moyen.
Cela me fait bizarre de m’imaginer partir pour peut-être ne jamais revenir. Enfin, je veux dire lui…
Il a accepté l’idée, comme nous tous. La destruction de l’Exode n’est pas un bon plan, du tout. L’envoi de cette flotte pour coloniser des contrées inconnues ne me dit rien qui vaille et désigner QuartMac, qui a trahi deux fois, à la tête de cette armada ne m’arrange pas. J’ai besoin de quelqu’un de fiable à l’intérieur pour suivre tout cela et, peut-être, arrondir les angles.
Oui, bien sûr… répondit l’autre, dubitatif. Je pensais à lui parce que « la bande des quatre » allait sans doute disparaitre pour de bon. Ce Stuffy-là connait parfaitement la nouvelle flotte, cela l’aidera, j’espère.
Ralato soupira. Toute cette mission relevait de la folie. Folie de son organisateur perdant un peu plus la raison chaque jour ; folie des Mentaux volontaires visiblement fanatisés par Poféus ; folie de « perdre » QuartMac qui serait bien mieux installé sous leurs yeux dans un quelconque laboratoire secret plutôt qu’isolé de l’autre côté de l’univers.
Le ministre se pencha pour activer le commutateur dans l’angle de la paroi métallique. Immédiatement, une carte spatiale présentant le trajet qu’allait emprunter la flotte se matérialisa sous leurs yeux. Ralato suivit les repères en dates et en localisation, tout en questionnant son ami.
Du nouveau sur Calande Rorré ?
Pas encore. Ce n’est pas simple de chercher sans mettre qui que ce soit au courant. Ça limite les moyens, tu reconnaitras, mais je progresse. Ce n’était pas une Mutualiste, c’est désormais confirmé par le Stuffy à la tête du mouvement et Heir a bien assassiné sa mère… ou, plus exactement, l’aura fait disparaitre. Plus aucune trace nulle part.
Poursuis le travail. Je veux qu’on soit certain qu’il n’y a rien de ce côté qui puisse être compromettant pour la chancellerie… conclut Ralato, laissant son doigt glisser au travers du symbole représentant la Passe de Magellone. Impressionnants, ces nouveaux Compresseurs dimensionnels. L’Exode est parti depuis plus de six mois, il sera rejoint, en théorie, dans trois ou quatre semaines. La colonisation de cet autre univers est effectivement devenue envisageable avec ce genre de technologie.
Tu en as gardé un, je crois ? Personne n’a bronché ?
Hé… je ne pense même pas qu’ils s’en soient rendu compte ! Tu te souviens des seize jours de voyage pour aller dans la Nébuleuse de Talbot ? C’est l’affaire de six jours maintenant. Je voudrais faire un tour des Stuffy, si tu le permets. Tu garderas la maison en mon absence.

L’autre n’eut pas le temps de répondre, car un signal clignota dans un coin du schéma. L’heure du départ était venue : un à un, les mille appareils s’évanouirent du firmament étoilé dans une bulle de lumière.
« Un véritable feu d’artifice, annonçant probablement une nouvelle ère »,
pensa Ralato. Lorsque la dernière sphère de dématérialisation eut disparu, lui et Stuffy éteignirent la console et quittèrent silencieusement la pièce, presque comme pour un enterrement.

*

Quelque part, loin, très loin de MaterOne…

Au cœur d’une planète sèche, forée de part et d’autre de cavernes, deux yeux s’ouvrirent soudain dans l’obscurité d’une immense salle vide. La créature impossible, dont on ne devinait que les contours, tourna imperceptiblement son long coup pour s’orienter en direction de… MaterOne.

« AINSI DONC, CELA RECOMMENCE : RAMSÈS LANCE SES CAVALIERS. L’HISTOIRE SE RÉPÈTE… »

Puis, il reprit sa position divine, se concentrant sur les tâches à venir.

FIN DU CHAPITRE XXII


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RedU T1 Ch22 Ep011

Tue, 25 Apr 2017 23:18:00 GMT

300eme épisode ! Retrouvez un épisode spécial dans les Coulisses, un épisode inédit des "Grosses Têtes de Red Universe" et une nouvelle mini-série intitulée "Terre ou Liberté"

Tout cela sur le site http://reduniverse.fr et sur les flux "mini-séries" et "spéciaux"


Quasi simultanément, les capteurs relevèrent un afflux d’énergie en plusieurs endroits du cuirassé, signes indubitables que les canons étaient déjà sous tension et prêts à tirer.
Soudain, une décompression de Transition se produisit à quelques centaines de mètres du croiseur parlementaire. Les alarmes rugirent à l’intérieur de la salle de commandement tandis que la coque répercuta d’horribles bruits de métal subissant une pression inhabituelle. Ce genre d’évènement, survenant lors de l’apparition d’un appareil soumis à l’action de son Compresseur dimensionnel, représentait des risques importants pour tout engin se trouvant dans son environnement proche et pas uniquement à cause d’une possible collision. Des vagues de déformations subspatiales s’étiraient sur une courte distance autour du point d’arrivée et, si la coque d’un quelconque vaisseau se retrouvait sous leur influence… que les anciens viennent en aide aux marins de l’espace présents à bord.
Le croiseur se cabra et l’image holographique disparut du centre de la pièce. L’équipage reprit rapidement le contrôle des commandes, appliquant les procédures prévues pour s’échapper au plus vite de la zone de danger. Juste avant leur microtransition d’urgence, Ci’chi reconnut un second transporteur de l’Exode, machine immense devant laquelle ils ne représentaient guère plus qu’un caillou face à une comète. Les déformations subspatiales les avaient forcément atteintes, mais l’important était d’éviter un impact (imminent) entre les deux vaisseaux.
Changement de configuration d’étoile, le croiseur parlementaire avait bondi de l’autre côté du cuirassé. Mais il était trop tard et la structure de l’appareil était bien trop affaiblie pour résister : une partie de l’arrière se détacha dans un hurlement de métal, submergeant les sirènes d’alarme. Ils tanguèrent, puis les fermetures étanches réagirent automatiquement comme prévu, condamnant les issues. Pourtant, le mal était fait : Ci’chi ne put quitter des yeux les corps des marins nalcoēhuals, instantanément congelés par le vide spatial et glissant dans le néant de l’autre côté des verrières. Avec horreur, elle reconnut le jeune soldat qui dissimulait maladroitement le flux de ses pensées : une fois arrivé à la salle de commandement, le pauvre était retourné à son poste et il y avait rencontré le destin.
La parlementaire s’accrocha à la rambarde, serrant les dents, elle ignora ses assistants qui criaient ou se roulaient en boule de peur, dans un coin de la pièce. Elle savait que leur appareil s’en sortirait, difficilement, mais il s’en sortirait. Par contre, elle ne lâchait pas des yeux le nouvel invité surprise de l’Exode qui stationnait calmement toujours au même endroit.
La réaction du cuirassé ne se fit pas attendre et les afflux d’énergies se réorientèrent, déchainant un feu nourri sur ce second transporteur. Désormais à deux, ces engins égalaient en taille le fer-de-lance de la flotte de guerre Nalcoēhual. Ci’chi ne put s’empêcher d’imaginer le prétentieux vice-amiral éprouver un début d’inquiétude, devant ce nouveau rapport de force.
Surprise.
Sur les cinq puissants tirs simultanés, quatre se brisèrent sans atteindre le vaisseau ennemi, le dernier explosa dans une gerbe de feu totalement inexpliquée, lui aussi loin de sa destination. Qui ou quoi avait fait obstacle aux terribles rayons ?
Les alarmes se taisaient l’une après l’autre à bord du croiseur parlementaire et même si les opérateurs poursuivaient la litanie nerveuse des ordres, on sentait bien que le plus gros de l’accident (mais en était-ce un ?) se trouvait derrière eux. La projection holographique, bien qu’incomplète et parasitée, reprit sa place au centre de la pièce. Devant le nouveau transporteur, de nombreux petits vaisseaux à la conception caractéristique faisaient écran : des corvettes aux boucliers antiénergie poussés à leur maximum. Ci’chi écarquilla les yeux, reconnaissant le design et évaluant en une unique seconde les implications de la présence de ces appareils.
Elle abaissa immédiatement ses barrières mentales et hurla, le mot n’est pas usurpé ici, un ordre de cessez-le-feu qu’elle espérait assez fort pour être relayé à l’intérieur du cuirassé, somme toute assez proche. Fort heureusement, les amplificateurs psychiques reconnurent sa signature officielle et lorsque le capitaine du croiseur parlementaire ouvrit le contact radio avec le vice-amiral, celui-ci ordonnait déjà d’interrompre la montée d’énergie dans les canons.

La scène se figea alors sur ce spectacle insolite dans cette partie de l’univers, qui n’en avait plus vu de tels depuis bien des cycles. Nous étions en présence de deux appareils gigantesques, dont l’un était sérieusement endommagé, faisant face au monumental vaisseau amiral d’une puissante flotte, secondé par un croiseur de moindre taille s’abritant derrière lui, endommagé également. Et une poignée, une huitaine dirait-on, de modestes corvettes spatiales entouraient le transporteur géant apparu en dernier.

Plusieurs signaux clignotèrent au milieu des parasites de l’hologramme central, attirant le regard de la parlementaire. Il s’agissait de l’apparition de nouveaux petits vaisseaux, qui se positionnaient cette fois en protection du transporteur endommagé.

*

À bord de Transporteur 1, le désarroi et l’espoir atteignaient leur paroxysme. On activait ou réparait tout capteur pouvant aider à se faire une idée claire de la situation. Personne n’avait remarqué l’apparition d’un second transporteur avant que le cuirassé n’ouvre le feu sur lui. Décembre s’approcha du politicien Junta, les dernières analyses en main.
Le petit appareil ennemi s’est trouvé dans la zone de sortie de Transition, sa coque en a souffert et ils sont maintenant très gravement endommagés.
Et ces corvettes qui nous entourent, vous en savez quoi ? questionna sèchement l’autre. La situation leur échappait totalement, mais ces petits engins semblaient tenir la dragée haute à l’immense vaisseau ennemi et cela les avait sauvés. Pourquoi ?
Je l’ignore, avoua Décembre. Comme j’ignore quel est ce ce transporteur. C’est un des nôtres, mais impossible de savoir lequel… Nous tentons de les de les contacter en fréquence d’urgence sur ondes courtes, ils devraient…
Général, hurla le lieutenant Gunjral depuis l’autre bout de la salle de commandement, ils répondent !
Passez-le sur les hautparleurs principaux, Gunjral ! Ici Transporteur 1 à transporteur de l’Exode, je suis le général Décembre. Qui êtes-vous ?
Une petite seconde de brouillard radio puis une voix inattendue résonna dans la pièce :
Décembre ? Bien le bonjour, mon vieux. Je suis parfaitement navré de ne pas être arrivé un poil d’éléphant-melotte plus tôt. Mais comme le disait ma grand-mère, on peut manger toutes les tartes aux pommes même si elles sont trop cuites !
ARLINGTON ? réagirent, simultanément, le général et le politicien.
Moi-même, Général, ainsi que presque tout le monde. Je me doute que vous avez de nombreuses questions et nous allons nous voir incessamment, mais avant… ah, oui, c’est bon je les laisse… Je vais vous reprendre bientôt, à tout de suite !
Junta se précipita sur le flan bâbord de la verrière, celle d’où l’on apercevait le mieux Transporteur 4, ne pouvant s’empêcher de poser à voix haute les questions que tous se formulaient :
« Mais qu’est ce qu’ils ont préparé ? Et comment ont-ils… »

Une puissance.
Une puissance se fit alors ressentir.
Une puissance qui transcendait les cœurs et les âmes.
Une puissance si grande, si forte, qu’aucun être doué de sensibilité ne pouvait, ne serait-ce qu’espérer, avoir un jour l’honneur d’y être confronté.

Une puissance au-delà de tout, au-delà de la vie elle-même.

*

Ci’chi tenta de relever ses barrières, mais rien n’y fit, la vague psychique se déchaina sur elle et, probablement, sur toute la zone. Elle était d’une telle intensité, d’une telle violence implacable qu’aucun Nalcoēhual, même bien expérimenté, ne pouvait espérer la contrer. Elle serra les dents, devinant sans même regarder les veilleuses rouges que les amplificateurs-fusibles psychiques s’étaient tous mis en court-circuit.
Elle savait parfaitement quelle force s’abattait ainsi sur eux et sans aucun doute n’était-elle pas la seule. Cela les abritait, au moins, d’une nouvelle attaque irréfléchie du vice-amiral.

La VOIX s’éleva alors au cœur de la vague psychique. Elle provenait de partout et de nulle part, forte, mais douce à la fois, universelle et pourtant si intime en l’esprit de tous et de toutes. En introduction, ELLE fit simplement :

« JE SUIS CELUI QUI EST. »

La parlementaire ne fut pas surprise. Les corvettes faisant rempart autour des transporteurs étaient parfaitement connues et cette voix ne faisait que confirmer ses pires criantes. Pour quelque raison que ce soit, l’Empereur-Dieu de Ragnvald venait d’entrer en scène, protégeant les vaisseaux de l’Exode.
Et Nalcoēhual lui ayant vaporisé un appareil et son équipage, cette opération « Foudre et Cendres » se transformait de fait en crise diplomatique majeure, aux conséquences incalculables.


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RedU T1 Ch22 Ep010

Wed, 19 Apr 2017 00:54:00 GMT

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Quasi simultanément, les capteurs relevèrent un afflux d’énergie en plusieurs endroits du cuirassé, signes indubitables que les canons étaient déjà sous tension et prêts à tirer.
Soudain, une décompression de Transition se produisit à quelques centaines de mètres du croiseur parlementaire. Les alarmes rugirent à l’intérieur de la salle de commandement tandis que la coque répercuta d’horribles bruits de métal subissant une pression inhabituelle. Ce genre d’évènement, survenant lors de l’apparition d’un appareil soumis à l’action de son Compresseur dimensionnel, représentait des risques importants pour tout engin se trouvant dans son environnement proche et pas uniquement à cause d’une possible collision. Des vagues de déformations subspatiales s’étiraient sur une courte distance autour du point d’arrivée et, si la coque d’un quelconque vaisseau se retrouvait sous leur influence… que les anciens viennent en aide aux marins de l’espace présents à bord.
Le croiseur se cabra et l’image holographique disparut du centre de la pièce. L’équipage reprit rapidement le contrôle des commandes, appliquant les procédures prévues pour s’échapper au plus vite de la zone de danger. Juste avant leur microtransition d’urgence, Ci’chi reconnut un second transporteur de l’Exode, machine immense devant laquelle ils ne représentaient guère plus qu’un caillou face à une comète. Les déformations subspatiales les avaient forcément atteintes, mais l’important était d’éviter un impact (imminent) entre les deux vaisseaux.
Changement de configuration d’étoile, le croiseur parlementaire avait bondi de l’autre côté du cuirassé. Mais il était trop tard et la structure de l’appareil était bien trop affaiblie pour résister : une partie de l’arrière se détacha dans un hurlement de métal, submergeant les sirènes d’alarme. Ils tanguèrent, puis les fermetures étanches réagirent automatiquement comme prévu, condamnant les issues. Pourtant, le mal était fait : Ci’chi ne put quitter des yeux les corps des marins nalcoēhuals, instantanément congelés par le vide spatial et glissant dans le néant de l’autre côté des verrières. Avec horreur, elle reconnut le jeune soldat qui dissimulait maladroitement le flux de ses pensées : une fois arrivé à la salle de commandement, le pauvre était retourné à son poste et il y avait rencontré le destin.
La parlementaire s’accrocha à la rambarde, serrant les dents, elle ignora ses assistants qui criaient ou se roulaient en boule de peur, dans un coin de la pièce. Elle savait que leur appareil s’en sortirait, difficilement, mais il s’en sortirait. Par contre, elle ne lâchait pas des yeux le nouvel invité surprise de l’Exode qui stationnait calmement toujours au même endroit.
La réaction du cuirassé ne se fit pas attendre et les afflux d’énergies se réorientèrent, déchainant un feu nourri sur ce second transporteur. Désormais à deux, ces engins égalaient en taille le fer-de-lance de la flotte de guerre Nalcoēhual. Ci’chi ne put s’empêcher d’imaginer le prétentieux vice-amiral éprouver un début d’inquiétude, devant ce nouveau rapport de force.
Surprise.
Sur les cinq puissants tirs simultanés, quatre se brisèrent sans atteindre le vaisseau ennemi, le dernier explosa dans une gerbe de feu totalement inexpliquée, lui aussi loin de sa destination. Qui ou quoi avait fait obstacle aux terribles rayons ?
Les alarmes se taisaient l’une après l’autre à bord du croiseur parlementaire et même si les opérateurs poursuivaient la litanie nerveuse des ordres, on sentait bien que le plus gros de l’accident (mais en était-ce un ?) se trouvait derrière eux. La projection holographique, bien qu’incomplète et parasitée, reprit sa place au centre de la pièce. Devant le nouveau transporteur, de nombreux petits vaisseaux à la conception caractéristique faisaient écran : des corvettes aux boucliers antiénergie poussés à leur maximum. Ci’chi écarquilla les yeux, reconnaissant le design et évaluant en une unique seconde les implications de la présence de ces appareils.
Elle abaissa immédiatement ses barrières mentales et hurla, le mot n’est pas usurpé ici, un ordre de cessez-le-feu qu’elle espérait assez fort pour être relayé à l’intérieur du cuirassé, somme toute assez proche. Fort heureusement, les amplificateurs psychiques reconnurent sa signature officielle et lorsque le capitaine du croiseur parlementaire ouvrit le contact radio avec le vice-amiral, celui-ci ordonnait déjà d’interrompre la montée d’énergie dans les canons.

La scène se figea alors sur ce spectacle insolite dans cette partie de l’univers, qui n’en avait plus vu de tels depuis bien des cycles. Nous étions en présence de deux appareils gigantesques, dont l’un était sérieusement endommagé, faisant face au monumental vaisseau amiral d’une puissante flotte, secondé par un croiseur de moindre taille s’abritant derrière lui, endommagé également. Et une poignée, une huitaine dirait-on, de modestes corvettes spatiales entouraient le transporteur géant apparu en dernier.

Plusieurs signaux clignotèrent au milieu des parasites de l’hologramme central, attirant le regard de la parlementaire. Il s’agissait de l’apparition de nouveaux petits vaisseaux, qui se positionnaient cette fois en protection du transporteur endommagé.

*

À bord de Transporteur 1, le désarroi et l’espoir atteignaient leur paroxysme. On activait ou réparait tout capteur pouvant aider à se faire une idée claire de la situation. Personne n’avait remarqué l’apparition d’un second transporteur avant que le cuirassé n’ouvre le feu sur lui. Décembre s’approcha du politicien Junta, les dernières analyses en main.
Le petit appareil ennemi s’est trouvé dans la zone de sortie de Transition, sa coque en a souffert et ils sont maintenant très gravement endommagés.
Et ces corvettes qui nous entourent, vous en savez quoi ? questionna sèchement l’autre. La situation leur échappait totalement, mais ces petits engins semblaient tenir la dragée haute à l’immense vaisseau ennemi et cela les avait sauvés. Pourquoi ?
Je l’ignore, avoua Décembre. Comme j’ignore quel est ce ce transporteur. C’est un des nôtres, mais impossible de savoir lequel… Nous tentons de les de les contacter en fréquence d’urgence sur ondes courtes, ils devraient…
Général, hurla le lieutenant Gunjral depuis l’autre bout de la salle de commandement, ils répondent !
Passez-le sur les hautparleurs principaux, Gunjral ! Ici Transporteur 1 à transporteur de l’Exode, je suis le général Décembre. Qui êtes-vous ?
Une petite seconde de brouillard radio puis une voix inattendue résonna dans la pièce :
Décembre ? Bien le bonjour, mon vieux. Je suis parfaitement navré de ne pas être arrivé un poil d’éléphant-melotte plus tôt. Mais comme le disait ma grand-mère, on peut manger toutes les tartes aux pommes même si elles sont trop cuites !
ARLINGTON ? réagirent, simultanément, le général et le politicien.
Moi-même, Général, ainsi que presque tout le monde. Je me doute que vous avez de nombreuses questions et nous allons nous voir incessamment, mais avant… ah, oui, c’est bon je les laisse… Je vais vous reprendre bientôt, à tout de suite !
Junta se précipita sur le flan bâbord de la verrière, celle d’où l’on apercevait le mieux Transporteur 4, ne pouvant s’empêcher de poser à voix haute les questions que tous se formulaient :
« Mais qu’est ce qu’ils ont préparé ? Et comment ont-ils… »

Une puissance.
Une puissance se fit alors ressentir.
Une puissance qui transcendait les cœurs et les âmes.
Une puissance si grande, si forte, qu’aucun être doué de sensibilité ne pouvait, ne serait-ce qu’espérer, avoir un jour l’honneur d’y être confronté.

Une puissance au-delà de tout, au-delà de la vie elle-même.

*

Ci’chi tenta de relever ses barrières, mais rien n’y fit, la vague psychique se déchaina sur elle et, probablement, sur toute la zone. Elle était d’une telle intensité, d’une telle violence implacable qu’aucun Nalcoēhual, même bien expérimenté, ne pouvait espérer la contrer. Elle serra les dents, devinant sans même regarder les veilleuses rouges que les amplificateurs-fusibles psychiques s’étaient tous mis en court-circuit.
Elle savait parfaitement quelle force s’abattait ainsi sur eux et sans aucun doute n’était-elle pas la seule. Cela les abritait, au moins, d’une nouvelle attaque irréfléchie du vice-amiral.

La VOIX s’éleva alors au cœur de la vague psychique. Elle provenait de partout et de nulle part, forte, mais douce à la fois, universelle et pourtant si intime en l’esprit de tous et de toutes. En introduction, ELLE fit simplement :

« JE SUIS CELUI QUI EST. »

La parlementaire ne fut pas surprise. Les corvettes faisant rempart autour des transporteurs étaient parfaitement connues et cette voix ne faisait que confirmer ses pires criantes. Pour quelque raison que ce soit, l’Empereur-Dieu de Ragnvald venait d’entrer en scène, protégeant les vaisseaux de l’Exode.
Et Nalcoēhual lui ayant vaporisé un appareil et son équipage, cette opération « Foudre et Cendres » se transformait de fait en crise diplomatique majeure, aux conséquences incalculables.


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RedU T1 Ch22 Ep09

Tue, 11 Apr 2017 23:41:00 GMT

Avis à tous, bientôt l'épisode 300 de RedUniverse ! Restez connectés, un bel évènement pourrait arriver :) !


Conseil restreint en stratégie du Parlement psychique Nalcoēhual
Réunion extraordinaire.

Parlementaire Loxa
(…) et l’intérêt même de cette réunion n’est que de faire diversion pour gagner du temps ! La caste « Divers-bas » est prête à toutes les bassesses pour nous imposer ses idées folles, jusqu’à mettre notre peuple en danger en usant des rouages de notre propre constitution !

Parlementaire Ci’Chi
Le fondement même de notre société est basé sur le droit à chacun de mettre en avant ses idées. Ce n’est pas vous, Loxa, qui changerez cet état d’esprit. La caste « Extreme-haut » n’a jamais accepté qu’une possibilité d’ouverture puisse amener une plus grande sécurité aux Nalcoēhuals. Pourtant, les humains sont nombreux, bien plus nombreux que votre propagande ne le divulgue, il me semble. Si un jour prochain, ils venaient en masse dans cette partie de l’univers, c’est d’une guerre totale, sans aucune certitude de victoire que…

Loxa
Objection de parjure constitutionnel ! La parlementaire Ci’chi vient de mettre en doute l’efficacité de nos forces armées. Je demande à ce que le président de la séance fasse retirer, céans, son intervention !
Et j’ajoute que, chaque seconde qui passe, la pénétration dans notre espace de ces vaisseaux de guerre ennemis est plus importante, nous…

Ci’chi
Ils sont déjà hors de combat ! Leurs moyens de propulsion et de communication ont été neutralisés. Que venez-vous pérorer ici votre haine des autres, en voulant achever ainsi ces pauvres êtres ? Qu’êtes-vous donc, Loxa, pour laisser envahir votre discours d’une violence aussi palpable ?

Loxa
Un de mes aïeux fut le seul rescapé d’un raid de ces « pauvres êtres » comme vous dites. Ils tuèrent sans pitié trente-huit Nalcoēhuals, dont douze hermaphrodites, à peine éclos.
Leurs appareils d’invasion sont affaiblis, anéantissons-les maintenant ! Je demande de passer au vote, monsieur le Président.
Je vote pour « Foudre et Cendres », une fois pour toutes. Mais, également, que l’on applique à la lettre le règlement des Conseils en stratégie, j’entends que la parlementaire Ci’chi supervise personnellement le bon déroulement de l’opération, en tant qu’opposante au projet.

Ci’chi
Je vote contre.

Parlementaire E-yoti
La caste de l’équilibre vote contre.

Parlementaire Linio
Les Huitlalcohs votent pour « Foudre et Cendres ».
En tant que maitre de cette séance, par présidence tournante, j’ai — personnellement — une seconde voix et je vote également pour, en mon âme et conscience.
En conséquence, le Conseil en stratégie extraordinaire valide la décision d’origine du Parlement Nalcoēhual de mener, à son terme, la frappe en cours contre les envahisseurs humains.
Parlementaire Ci’chi, vous êtes assignée comme responsable de la bonne tenue de ce décret. Vous vous rendrez immédiatement sur place au nom du Parlement.

Ci’chi
… soit, j’appliquerai le règlement. Mais j’insiste pour que soit inscrite, dans le procès-verbal de la séance, mon entière opposition ainsi que celle de ma caste à cette décision. Cela ne nous apportera rien de bon, ni à nous ni à nos enfants hermaphrodites.

Loxa
Ne perdez pas de temps, Ci’chi, nos soldats ont hâte de retrouver leur foyer.
Et assurez-vous que la place soit bien nette avant de revenir…

*

Ci’chi s’installa dans le fauteuil du compartiment des passagers, plusieurs assistants à ses côtés. L’un d’entre eux représentait le parlement et devait rapporter ce qu’il verrait, les autres l’aidaient dans ses diverses fonctions. Ils scellèrent tous leurs ceintures alors que le croiseur se détachait de l’astéroïde principal de cette région. Ci’chi leva bien hautes ses barrières psychiques, ne laissant une petite ouverture que pour les annonces officielles ou celles du pilote. Il n’était pas question pour elle de converser durant le voyage. La caste des « Divers-bas » était installée à quelques encablures du vaisseau solitaire, stoppé par le cuirassé amiral de la flotte, ils atteindraient la zone bien assez vite.

Elle pesta en suivant, au travers du hublot, le changement rapide de la configuration des étoiles dû à la Transition. Maudite Loxa, elle n’aura rien lâché. Sa caste, minoritaire il y a plusieurs cycles, avait progressivement gagné en influence au parlement, allant jusqu’à obtenir une voix qui portait plus que les « équilibres ». Même les hermaphrodites Huitlalcohs, habituellement plus modérés, écoutaient désormais attentivement les paroles radicales de la représentante Loxa. Lorsqu’elle n’était elle-même qu’hermaphrodite, Ci’chi n’aurait jamais laissé de tels appels à la sévérité et à l’intransigeance sans réponse. La future génération avait oublié les douleurs de la guerre et plaçait bien trop de confiance dans la puissance supposée des Nalcoēhuals face à l’adversité.
« Parjure constitutionnel pour mise en doute de l’efficacité de nos forces armées »… Cet amendement avait été une des premières victoires de « l’Extrême-haut » plusieurs cycles auparavant. Seuls quelques anciens, comme Ci’chi, s’étaient alarmés de cette dérive, mais rien n’y fit. Et la voici prise à son tour dans ce piège, obligée de superviser l’anéantissement de cette possibilité d’alliance avec les humains.
Elle desserra un peu son foulard aux broderies dorées, massant les vieilles antennes douloureuses d’avoir été trop étreintes ces dernières unités horaires.
Nouvelle transition, le croiseur allait arriver à destination au prochain saut, et alors…
… Alors Ci’chi donnerait le signal psychique pour l’estocade. Ces milliers, peut-être ces millions d’humains, allaient disparaitre en quelques minutes. Ils n’avaient aucune chance, ce serait l’abattoir habituel des opérations « Foudre et Cendres », sauf que l’échelle de celle-ci resterait dans les annales par son ampleur. Et encore, ceux dont elle allait assister à l’extermination périraient vite, les coups du cuirassé amiral étant dévastateurs. Le second groupe, dont le seul tort était de faire partie du même « Exode », comme ils prétendaient se nommer, subirait les tirs de croiseurs plus ordinaires. Leur nombre pallierait, certes, la disproportion de taille, mais les derniers survivants seraient encore sous le feu Nalcoēhual quand Ci’chi arriverait à leur hauteur pour son inspection.
Et quoi qu’il en soit, tous allaient périr.

Elle tourna son regard vers l’intérieur de l’habitacle. Le témoin du parlement feuilletait nonchalamment quelques documents administratifs. Elle le connaissait, c’était un membre de la caste « Haut ». Il avait voté avec eux la possibilité de négociations commerciales avec l’Empire de Ragnvald. C’était il y a un cycle et, déjà à l’époque, Loxa avait dénoncé la perte d’indépendance, la « soumission » à l’Empereur-Dieu de Ragnvald. Mais la caste « Haut » avait tenu bon. Et maintenant, ils votaient dans le même sens que l’Extrême-haut, était-ce spécifique à cette question des humains de l’Exode ou la preuve d’un mouvement de fond, encore plus inquiétant ?
Petite sensation de dédoublement, ça y était.
Ci’chi se leva, précédant l’appel psychique du commandant de bord signalant leur arrivée. Deux marins en uniforme pénétrèrent dans le compartiment pour les accompagner au travers du dédale de corridors et de sas, vers la salle des opérations.
L’un des deux était encore jeune, à peine sorti du stade hermaphrodite, et il dissimulait mal ses émotions. La discipline se relâchait-elle dans l’armée ? Deux de ses assistants, derrière elle, le notèrent également et s’en amusèrent. La parlementaire leur lança un regard sévère et ils reprirent une mine grave.
Ci’chi perçut encore quelques effluves du marin. Autrefois, ce genre de manquement aurait été immédiatement sanctionné, ou tout du moins corrigé avec vigueur et ne se serait pas déroulé à bord d’un appareil mis à la disposition du parlement. Trop de confiance, pensait-elle tout à l’heure ! Dans tous les cas, le jeune Nalcoēhual trépignait d’impatience d’assister à sa première « Foudre et Cendres », mélange d’excitation et d’appréhension. Vu le carnage annoncé, il allait être servi au-delà de ses espoirs. Ci’chi s’inquiéta secrètement qu’il y prenne gout…
La salle de commandement se révéla modeste, plutôt destinée à l’observation qu’à un état-major de guerre. Sur les représentations holographiques, le cuirassé amiral tenait en joue un engin à peine plus petit que lui. Ci’chi en frémit. Les humains pouvaient construire des monuments spatiaux de cette taille ? Était-ce un bâtiment conçu pour la bataille ? Les informations affichées autour de lui ne mentionnaient pas la présence d’arme en surnombre, non… par contre, de grands espaces de stockage emplissaient son cœur, visiblement occupé par des… des habitations ?
Que n’avait elle pas été vérifier la définition du mot humain « d’exode » avant de se présenter au parlement ? Cet armement sommaire, ce message et ces énormes appareils aux villes intérieures vides. Des réfugiés !
Nalcoēhual allait mettre à mort des millions de réfugiés, pas des guerriers !
Une image holographique du commandant en chef de l’expédition apparu soudain sur un quart de la scène de bataille. Ci’chi ne put retenir sa colère, lorsqu’elle lui jeta sèchement cette pensée :
« Pourquoi les rapports ne mentionnaient-ils pas plus précisément ces informations sur l’Exode ? Cela aurait pu modifier la vision que la représentation Nalcoēhual s’en est faite. Vous en répondrez personnellement au Parlement, Vice-amiral ! »
L’autre ne broncha pas et la politique se demanda à quel niveau Loxa avait pu être mêlée à cette rétention d’informations.

Les secondes s’écoulèrent, figeant la scène dans une ultime ruade de la parlementaire pour faire gagner quelques instants à l’espoir de paix et de fraternité entre les peuples.
Certains regards se tournèrent vers elle, mais elle ne réagit pas. Il fallut que le témoin du parlement se retournât, à son tour, pour que Ci’chi formule enfin l’ordre psychique :
« Vice-amiral, procédez à l’exécution de Foudre et Cendres… »


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RedU T1 Ch22 Ep08

Wed, 05 Apr 2017 02:44:00 GMT

Le Chapitre 10 « Pin’up (suite) » est disponible MAINTENANT en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red Universe !

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« Bien, les gens. Tonton Ralato et moi avons à parler de trucs sans importance, laissez-nous. Ma petite poule, ajouta-t-il dans un clin d’œil à la capitaine, je compte sur toi pour la gâterie de quatre heures, hein ?
Allez, hop ! Tout le monde au boulot ! »
Sur un signe de tête, Ralato salua ses deux subordonnés, intrigué comme eux par ce soudain entretien imprévu en tête à tête. Que préparait donc le chancelier ?
Ce n’est qu’une fois la porte bien refermée que celui-ci ouvrit un tiroir et en sortit une nouvelle télécommande qu’il activa. Un ronronnement monta du plancher puis se fondit dans le murmure ambiant : un système de protection ? C’était un mélange de plusieurs pare-feux psychiques et physiques, parasitant des écoutes à distance, des émetteurs cachés et bien évidemment des Mentaux. Ralato ignorait que Poféus avait fait installer un de ces couteux gadgets dernier cri, mais il s’inquiétait encore plus de ce qui allait suivre.
Il ne fut pas déçu.
L’expression du chancelier sembla fondre sur son visage, faisant place à une peinture digne d’un artiste torturé par la folie. Les muscles zygomatiques étiraient un sourire bien trop large pour ce long visage noueux, des rides inconnues apparaissaient sur le front, les pommettes et le cou, mais c’était évidemment à la hauteur du regard que la frayeur prenait sa source. Les yeux étaient exorbités au point de bleuir tous les lourds cernes qui se creusaient encore, dessinant beaucoup trop la structure osseuse. Les sourcils s’ébouriffaient, remontant le front en une pointe satanique. L’ancienne cicatrice, plus rouge que jamais, marquait plus qu’à l’accoutumée l’une des tempes du chancelier. La transformation faciale de Poféus se déroula devant un Ralato abasourdi, assistant, en direct, à l’une des interprétations les plus pessimistes transmises par son service médical : schizophrénie avancée et double personnalité.
La situation empirait et le ministre mental redoutait la suite.
Une voix éraillée, à la limite de l’intelligible, sortit des profondeurs de la gorge de Poféus. Elle résonnait de folie dans chacun des sons émis.
« Tu… Tu vois cette flotte, cette belle et grande flotte ? Hé bien figures-toi que ce n’est pas pour le putsch qu’elle est prévue… nan, pas pour çà… hé, hé, hé, HA, HA, HA ! »
Ralato vécu les secondes suivantes comme un supplice, des sueurs froides remontant de long de son épine dorsale. Instinctivement, il releva ses barrières mentales, comme un enfant se cacherait derrière ses bras devant un danger. Poféus toussa, manqua de suffoquer, puis se reprit, poursuivant son explication d’une voix brisée…
… l’EXODE ! … l’EXODE, IL FAUT LES DÉTRUIRE ! AZALA ET TOUTE LA CLIQUE DES ÉXODÉS NE DOIVENT PAS SURVIVRE.
Pardon, Monsieur ? ne put s’empêcher de demander Ralato, la surprise prenant le pas sur l’inquiétude.
On va envoyer la totalité de la nouvelle flotte à la… la chasse à l’Exode, tu vois ? Ils doivent les rattraper et les anéantir… hé, hé, hé… Cherchez… …cherchez le transporteur n° 7, celui-là doit être pulvérisé EN PRIORITÉ… Mais pas que… tous les autres aussi, car je ne veux plus de témoins, plus de seconde humanité pour nous faire de l’ombre. C’est TON idée… la tienne, et elle est putain de bonne, cette idée ! Tu te souviens ? On peut ENFIN la mettre en pratique, mon Ralato, on peut…
Ils sont trop loin, Monsieur, ils ne les rattraperont pas avant leur installation sur Antares IV et les débusquer sera bien trop compliqué.
Ralato l’avait simplement interrompu. Aussi incroyable que cela puisse paraitre et en contradiction totale avec ce Ralato, mentionné par Poféus, il venait de lancer le premier argument auquel il avait pensé pour contrer ce projet fou. Les mois vécus avec Stuffy, les tortures mutualistes et sans doute ses aventures passées, avaient doucement, mais sensiblement, modifié la manière de réfléchir du jeune lieutenant devenu colonel.
Apparemment, cela ne sembla pas déranger une seconde Poféus qui enchaina, balayant l’argument d’un revers de la main.
Six semaines… La flotte est équipée avec les derniers modèles de compresseurs militaires, le top du must du meilleur ! Ils sautent sept ou huit fois plus de dimensions à chaque Transition et le rendement de leurs calculateurs est… bref, le top ! Ces vieilles tôles de transporteurs de l’Exode ne feront… hé, hé, hé… pas le poids !
… il y a aussi la mise en garde de Monsieur Heir, insista Ralato. Il avait évoqué des civilisations au-delà de la Passe de Magellone. C’est dans mon rapport et le Stuffy à la tête des Souriants effectue des recherches dans ce sens, sur Talbot. Une arrivée massive de vaisseaux de guerre risquerait de déclencher…
Déclencher quoi ? Une guerre ? MAIS C’EST UNE FLOTTE MENTALE… hum, … une flotte mentale, mon petit Ralato, rien ne pourra l’arrêter ! Les croiseurs ont même les premiers boucliers magnétiques qui repoussent les missiles, ils vont avoir ce fameux canon psychique qui… … qui grillera le cerveau des ennemis, c’est pas trois pirates qui nous arrêteront ! Il n’y aura pas de guerre, car nous allons enfin restaurer la… hé, hé… LA GRANDEUR DE NOTRE CIVILISATION !
… Restaurer la grandeur de notre civilisation ?
Ralato n’en revenait pas de ce qu’il entendait, cette fois l’état de Poféus risquait de devenir un problème dépassant largement le cadre de la bienséance quotidienne.
« OUI… … nous allons élargir l’influence de MaterOne au-delà de la Passe. Il est temps de récupérer le juteux commerce des ressources qui se trouve là-bas et d’y envoyer notre administration… oui, on va y mettre plein de fonctionnaires, des impôts, des trucs comme ça… La royauté y avait tout abandonné aux pirates et aux aventuriers de merde.
D’une pierre trois coups, mon… hé, hé, mon Ralato : on s’agrandit, on fait des sous… … et on brise enfin le monopole en Lithium des Souriants ! »
Le colonel Ouli remua sur sa chaise, mal à l’aise, tandis que Poféus éructa une quinte de toux tout en se grattant l’entrejambe. Une colonisation militaire intensive qui remplacerait les rares missions d’exploration, c’était risqué, mais bon… Poféus avait, par contre, insisté sur la destruction de Transporteur 7, pourquoi ? De tête, Ralato ne se souvenait que de la princesse Azala qui se trouvait à bord et le chancelier n’avait pas de raison valable pour la haïr à ce point.
Soudain, il sursauta… et si c’était son frère ? Fabio voyageait avec l’Exode et probablement à bord du numéro sept ! C’était certainement lui que Poféus voulait détruire. Il tenait à faire disparaitre les ultimes traces d’un passé empli de lourds secrets qu’ils avaient partagés, dont la fameuse mort du roi comme l’avait suggéré Heir.
Une puissante flotte mentale contre un Mental puissant, cela semblait logique. Mais alors, pourquoi avoir attendu tout ce temps et ne pas l’avoir fait disparaitre quand il était à leur merci, prisonnier de la forteresse souterraine ?
Quelque chose ne tournait pas rond, mais Poféus ne daigna pas le laisser poursuivre sa réflexion :
Départ dans trois petites journées. QuartMac s’en ira avec eux… Hé, hé, hé ! Le vieux aura du temps pour améliorer encore les interfaces mentales et le fameux… … le fameux canon. Dis-lui qu’il sera mon… mon gouverneur, mon bras droit, avec TOUS pouvoirs, une fois de l’autre coté. Çà, ça va lui plaire !
Pourquoi voulez-vous la mort de Fabio ? questionna brutalement Ralato.
Fabio ? Calande… Fabiooooo… Ah.
Je l’avais oublié… … entre nous, s’il avait fait ce qu’on lui avait demandé, l’Exode serait déjà volatilisé… Mmmmh… J’ai… j’ai froid, tiens ?
Et, une nouvelle fois, Ralato assista au cauchemar de la transformation du visage. Les traits redevinrent plus sereins, les orbites se recouvrirent de chair et de peau soudain moins bleue, même la sensation de tension émanant du corps entier sembla se dissiper. L’homme ne se rendait pourtant pas compte de sa propre métamorphose, se contentant de se frotter les bras pour se réchauffer.
En quelques clignements de paupières, Ralato retrouva le personnage hédoniste qui se trouvait devant lui quelques minutes plus tôt, bien plus calculateur, bien moins… inquiétant.
D’une voix plus posée, Angilbe Poféus reprit :
Préviens QuartMac que Fabio peut avoir la vie sauve s’il arrive à s’échapper, on peut même envisager de le rapatrier. Ce n’est pas lui notre cible et… évitons que des Mentaux ne se retrouvent face à lui, même avec des boucliers psychiques… C’est un modèle identique qui équipe ce bureau, tu vois, pas bête, hein ? Donc, bref, on autorisera Fabio à s’en sortir. Mais que cela reste ultrasecret.
Content ? Ton bienaimé frère s’en tirera.
Je… certes, Monsieur. Trois jours, ce sera un peu court, tenta Ralato dans une ultime ruade pour gagner encore un peu de temps : ce n’était pas possible que le destin de l’Exode bascule aussi vite. Il nous faudra plusieurs semaines pour…
Les ordres ont déjà été donnés par missives cryptées le lendemain du putsch. Je ne te demande pas de préparer leur départ, mais de disperser la flotte royale pour prendre le relai. Maintenant que tu as eu le temps d’entrer dans tes fonctions, tu sauras les répartir convenablement. Fin de la discussion, ça m’ennuie…
Le chancelier tourna son siège vers les grandes fenêtres. Le soleil de cette fin de matinée égayait les couleurs des jardins du palais et tout ce qui volait en profitait pour se manifester. On assistait au spectacle d’une atmosphère bucolique de printemps, bien éloignée de la terrifiante discussion qui venait de se tenir dans ce bureau. Ralato remarqua la main droite de Poféus qui frottait son entrejambe d’une manière bien trop prononcée. Il se leva, préférant quitter la place avant d’assister à quelque démonstration inavouable. Au moment de refermer la porte, le chancelier l’apostropha :
« Dis à ta petite Fakir de venir tout de suite, il y a urgence ! »
Le ministre Ouli tira la clenche et traversa l’antichambre rapidement. La flotte allait-elle vraiment partir à la chasse à l’Exode ? Ou n’était-ce qu’une nouvelle lubie de ce… fou ?
Et si Fabio n’était pas la cible, alors pourquoi cette priorité de la destruction de Transporteur 7 ?

Azala ! Dès le début il l’avait nommément citée. Ce n’était donc pas une simple formulation.


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RedU T1 Ch22 Ep07

Wed, 29 Mar 2017 01:42:00 GMT

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La lourde porte du bureau s’ouvrit enfin, et le président Wolf, impeccablement habillé, sortit, le sourire aux lèvres. Reconnaissant le ministre de la Sécurité, ses habitudes de communicant reprirent immédiatement le dessus et d’un air soudain gaillard, il s’esclaffa :
Colonel Ouli ! Mais quel plaisir de vous croiser ici ! Vous devriez vraiment venir à nos petites réunions avec le chancelier, vous savez !
Merci, Monsieur, mais mes responsabilités ne m’y autorisent malheureusement pas. Je vous présente l’officier Stuffy, un de mes subordonnés.
Wolf serra chaleureusement la main des deux hommes. Il n’ignorait certainement pas qui était Stuffy/QuartMac, mais n’en laissa rien paraitre et s’enquit simplement de l’installation de Ralato dans ses nouveaux locaux.
Quelques montagnes de dossiers à gérer, une organisation terroriste à combattre et deux flottes de guerre à faire tourner… Je trouve parfois du temps pour dormir.
Alors dans ce cas, ajouta l’autre malicieusement, vous allez sans doute pouvoir trouver du temps libre très bientôt.
Une très belle Tropicalienne, un peu trop maquillée et couverte de bijoux, apparut dans l’encadrement de la porte. C’était une courtisane rodant ces derniers temps chez quelques hauts personnages, mais elle fréquentait beaucoup le président Wolf et avait donc dorénavant accès à la Chancellerie. Elle serait placée sous surveillance discrète dès la fin de la réunion, mais sa présence empêchait le colonel d’en savoir plus sur l’étrange phrase du président.
Du temps libre très bientôt ?
Ses yeux brillants se fixèrent alors sur Ralato et l'image d’un guépard surprenant une gazelle traversa l’esprit de la jeune femme. Le Mental fit mine de l’ignorer et Wolf glissa son bras sous celui de sa cavalière pour l’entrainer vers la sortie. Elle minauda, jouant de ses lèvres pulpeuses en une expression prometteuse. Le parlementaire salua distraitement les deux Mentaux en pressant le pas ; leur petite sauterie n’était visiblement pas encore terminée.
Un message de Stuffy vient effleurer ses barrières psychiques.
« On lui dit pour le sperme autour du cou ou on la laisse comme ça ? »
Ralato sourit, mais ne répondit pas. Ce faux oubli était destiné à Wolf que cela excitait ; les secrets de chacun, même les plus intimes, représentaient le fonds de commerce de ses services.
Fakir passa à son tour la porte en tirant les lourds battants pour la refermer. Elle n’avait pas terminé son geste que la voix du chancelier Poféus résonna jusqu’à eux :
Fakir, laisse ouvert ! Il y a Ralato et un Stuffy qui sont surement là, qu’ils entrent. Prépare-nous des cafés serrés, okay ?
Il l’a fait cinq fois et de trois manières différentes. Il n’a consommé la courtisane qu’une seule fois en duo avec Wolf et son temps de rémission est de quatre minutes supplémentaires par rapport à la semaine dernière. Surtout, Wolf a échangé des documents avec lui avant que cela ne commence puis il a bien pris garde de ne plus y penser ouvertement. Sans une sonde mentale, on ne peut en déterminer le contenu.
Ralato hocha la tête en approbation du rapport mental. La nouvelle promue capitaine allait commander les cafés au mess et résumer tout cela à l’équipe médicale qui suivait discrètement l’ancien contramiral, pour le compte du ministère de la Sécurité. Les changements de personnalité du chancelier ne cessaient d’intriguer, sinon d’inquiéter, le colonel Ouli. Il se devait de rester vigilant. Il lança à haute voix à Stuffy :
« Et sinon, vivre dans un corps d’un petit vieux, c’est comment ? »
L’autre comprit tout de suite et renchérit, tout en suivant le ministre dans le bureau.
Difficile de faire mes exercices le matin, si c’est la question. Par contre, je reste étonné de la vitalité contenue dans un corps comme…
… Il ne peut plus baiser, ha, haha ! le coupa la voix, narquoise, depuis une pièce secondaire.
Ce fut en fermant sa braguette, les cheveux ébouriffés et une trace de rouge à lèvres sur le haut de la joue que le chef absolu de l’humanité, le chancelier suprême Angilbe Poféus apparut devant ses obligés, sa chemise mal boutonnée. Ralato grimaça devant l’afflux des odeurs de stupre. Il n’y avait pas de barrière pour bloquer ces sensations-là et l’on pouvait douter que les convives en soient restés au petit salon, qu’on devinait sens dessus dessous.
Poféus suivit l’expression de son ministre. Se saisissant d’une télécommande, il activa l’ouverture des grandes baies vitrées, visiblement amusé. Elles coulissèrent simultanément, laissant le parfum matinal des jardins royaux pénétrer la pièce. Sur un pet bien sonore, Poféus effectua une pirouette et s’affala dans l’épais fauteuil de son bureau, invitant ses deux convives à s’installer dans les leurs.
Maintenant que tout est grand ouvert, je peux en lâcher une, hein ? Bien, en attendant les cafés, quelles sont les nouvelles ? Stuffy/QuartMac, comment va la flotte ?
J’avoue que c’est impressionnant, Monsieur. Une trentaine de Mentaux seulement sont nécessaires pour diriger chaque engin. On trouve des relais psychiques disséminés un peu partout, des cerveaux-moteurs de pointe et bien sûr les dernières technologies en matière de propulsion et de drones.
QuartMac… enfin le vrai, il y a jeté un œil ?
Oui et mieux que cela. Il a déjà augmenté la portée des relais psychiques, c’est en cours de déploiement sur la flotte. Entre nous, il semble beaucoup s’amuser.
Pas étonnant, constata Poféus. Il n’a jamais eu des technos de cette envergure sous la main, jusque là. Passe-lui le message que je veux un système de « canon à résonance » opérationnel dans les prochaines semaines. Tu préciseras que j’ai fait porter le nécessaire dans l’appareil vingt-sept, je crois qu’il tourne autour de la zone nordiste, et qu’il s’y installera désormais avec armes et bagages.
Et nos amis mutualistes ? Et les Souriants ?
Ralato enchaina la suite du rapport. Si on pouvait douter de la tenue de Poféus dans les choses relevant du protocole quotidien, pour ce qui était des affaires sérieuses, force était de reconnaitre que son assiduité demeurait. Il maitrisait déjà ses dossiers avant que ses subordonnés ne viennent l’informer, ce qui en disait long sur les réseaux qu’il maintenait en sous-main.
Il y avait peu de chances que le double-jeu de Fakir lui ait échappé en fin de compte. Il la laissait faire, passant ainsi un message à Ralato, du genre :
« Je sais que tu sais, mais je t’y autorise parce que j’ai confiance en toi. Jusqu’à un certain point. »
On toqua à la porte. C’était justement la capitaine, portant un plateau sur lequel fumaient quatre grandes tasses. Elle distribua posément les couverts, servit le breuvage de chacun, posa une coupelle contenant quelques viennoiseries et… vint s’assoir sur les cuisses de Poféus. Stuffy faillit en lâcher son café quand Ralato se saisit simplement d’un petit croissant. On lui avait évidemment rapporté ce genre d’excentricité, mais cela ne posait pas de gros problèmes tant que ça ne se produisait pas en public, enfin pas trop souvent pour que ses services puissent étouffer l’affaire.
Poféus claqua la fesse de sa maitresse et enchaina :
J’aime bien la vie, moi ! Bon, première décision de la semaine : je veux que dans chaque ville de plus de cinq-cent-mille habitants, on baptise une avenue principale du nom du « Docteur Calande-Rorré ». Et, j’ai aussi entendu dire que l’artiste prévu pour sa statue sur la place… la place machin, là-bas… bref, que l’artiste n’est pas d’accord avec les petits anges aux pieds ?
Heu… Oui, je crois, Monsieur, modéra Ralato un peu embêté. Mais c’est du ressort de l’urbanisme, non ? Il y a déjà beaucoup à faire avec les…
M’en fous. Tu vas lui envoyer un ou deux gars pour lui expliquer la différence entre un client lambda et moi. Je veux que ma Calande ait une toge qui flotte au vent et des petits anges qui la vénèrent. Point barre.
Allez, tout le monde boit son café. Vous pensez quoi des croissants ? Perso je les trouve top, c’est un cuistot du quartier ouest que m’a conseillé Wolf, un vrai pro qui a appris le métier du temps de…
Effectivement, on devait reconnaitre qu’ils étaient de qualité. Mais, également, que le pâtissier était un obligé du président de l’Assemblée parlementaire, créancier de son frère pour de fortes sommes. Il faudra penser à l’écarter du Palais, tant pis pour les croissants.
Ralato en reprit un second.


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RedU T1 Ch22 Ep06

Wed, 22 Mar 2017 03:38:00 GMT

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MaterOne Centrum
Chancellerie (ancien Palais Royal)

Le ministre de la Sécurité, Ralato Ouli, avançait le long de l’interminable couloir conduisant au bureau du chancelier suprême, Angilbe Poféus. Le palais du Conseil de la Révolution ayant été gravement endommagé lors de la prise d’otage par les Mutualistes, personne n’avait donc trouvé à redire lorsque le nouveau maitre de l’humanité décida de s’installer… dans les locaux de l’ancien. En tout cas, on ne s’était pas exprimé à haute voix, mais le chef des services secrets, dont les fameuses Forces mentales, recevait tous les jours des rapports indiquant combien personne n’était dupe. La population dans son ensemble préférait simplement un pouvoir fort et stable à une politique chancelante, et les communautés savaient garder profil bas, maintenant qu’un croiseur géant n'était jamais très loin pour les survoler.
Un portier lui ouvrit l’entrée de l’antichambre, Ralato en profita pour resserrer son col, lisser un peu sa tenue et… s’assoir sur un des bancs d’attente. Le Colonel Ouli étudia la décoration : d’une lourdeur toute royale, elle multipliait les moulures, dorures et ornements. Le plafond était entièrement recouvert d’une peinture célèbre représentant un homme sur la tête d’un dragon qui écrasait de ses pattes avant de petits êtres ovales indéfinis. Et dire qu’on l’apprenait aux enfants dès l’école alors qu’il posait, en ce moment, les yeux sur l’œuvre originale. Si les caméras dissimulées ne le surveillaient pas, il irait gratter le secrétaire installé en face pour confirmer que ses angles étaient bel et bien dorés à la feuille d’or. La révolution s’était déroulée en douceur en fin de compte et le peu de pillages recensés s’était déroulé dans des lieux éloignés. Le colonel ne doutait pas d’y voir, là, la marque de révolutionnaires comme J.F.Hill ou Arlington.
Si peu de bruits traversaient les épaisses cloisons protégeant le bureau du chancelier, les barrières psychiques de Ralato devaient être relevées bien haut pour ne pas subir les vagues de cris et de jouissances transpirant de l’esprit des participants. Ce n’était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière qu’une petite sauterie aurait cours ici, alors Ralato prit sur lui de patienter. Au moins, il n’aurait pas besoin de supprimer ceux-là comme c’était le cas auparavant, avec les mignons. Combien de ces gamins avaient fini par le fond, pour de froides raisons de secret ? Cent… cinq cents… plus ?
C’était heureusement du passé : selon les membres de la protection rapprochée du chancelier, les gouts de Poféus oscillaient maintenant presque quotidiennement. On trouvait dans ses parties fines des prostitués hommes ou femmes, de très jeunes ou de très vieux, des bourgeois ou des intellectuels… On lui avait même rapporté des orgies avec plusieurs couples d’acteurs célèbres.
Une onde de plaisir particulièrement forte vint s’écraser contre ses défenses.
Ralato releva un sourcil, reconnaissant la personne en question. Il s’agissait de la capitaine Fakir, ancienne aspirante montée extrêmement vite en grade pour devenir l’assistante du chancelier. Une Mentale qui rapportait scrupuleusement à Ralato les moindres faits et gestes du chef suprême, même les plus intimes, ainsi que les pensées de ses invités. Elle semblait profiter de tous les avantages de sa nouvelle situation… Quant à Poféus, était-il conscient que son remplaçant à la tête du ministère de la Sécurité le maintenait sous surveillance rapprochée ?
La porte extérieure s’ouvrit sur un nouveau participant à la prochaine réunion : Quartmac-Stuffy, « un des quatre » comme il était maintenant coutume de les surnommer dans les couloirs du ministère. Le cerveau de ce petit vieux était une copie de l’esprit de Stuffy, ancien membre des Forces mentales, ancien agent de la princesse Azala et ancien Mutualiste qui avait vécu une sorte de collocation dans l’esprit de Ralato. Les mois passés ensemble avaient transformé les deux Mentaux qui s’étaient rapprochés l’un de l’autre plus intimement que personne. Ralato était devenu sans doute moins renfermé, moins agressif ; Stuffy avait acquis une forme de détachement et son côté impulsif s’était atténué. Mais Monsieur Heir avait réussi à le tuer, les « libérant » l’un de l’autre, d’une certaine manière. La parade avait été de dupliquer cet esprit dans les chimères de remplacement du professeur QuartMac, une ancienne connaissance des Forces mentales et le mentor de Ralato qui serait disparu de ce monde sans cette technique.
Le vieux savant était d’ailleurs retourné à ses recherches, bénéficiant cette fois de moyens sans commune mesure avec ceux dont il avait pu profiter auparavant. Sa nouvelle mission comme scientifique en chef était simple : améliorer à l’infini la puissance des Mentaux et leur intégration aux nouveaux croiseurs de la flotte personnelle du chancelier.
L’ombre de l’un de ces engins géants, survolant la ville, chassa momentanément la lumière et le Quartmac-Stuffy resta quelques secondes pensif, regardant passer le monstre aérien par-delà la fenêtre.
Une nouvelle vague de plaisir, d’un invité mâle cette fois, vint s’écraser sur les barrières des deux Mentaux, les ramenant à la réalité. Stuffy ne put retenir sa surprise :
Encore ? Mais, il ne s’arrête jamais ?
Disons qu’il redécouvre des choses… ou plutôt qu’il profite d’un sentiment de sécurité oublié depuis longtemps, tenta Ralato comme explication. Le soudain appétit sexuel gargantuesque de l’ancien contramiral restait tout de même une énigme, même pour lui.
Je suppose qu’il a toujours été comme cela, oui. Sinon, quoi de neuf au ministère ? demanda Stuffy en s’asseyant aux côtés de son ami.
En quelques semaines, à peine un mois, les Quartmac-Stuffy s’étaient légèrement différenciés les uns des autres. Celui qui remplaçait Alpha (alias Monsieur Heir) à la tête des Mutualistes s’était encore un peu plus endurci, même si les contacts avec ses hommes demeuraient toujours par silhouette et à distance. Sa mission consistait à poursuivre les attentats, tout en les rendant moins meurtriers ; c’était toute une mécanique que de simuler une tension terroriste en limitant au maximum les victimes (par exemple en évacuant moins d’une heure avant).
Pendant ce temps, celui qui dirigeait la communauté souriante devenait de plus en plus philosophe. Il faut préciser qu’il s’était associé avec un assistant de feu Monsieur Heir, un certain Qiānbǐ, et agissait en délégation du pouvoir de Poféus. Apparemment, chez ces gens-là, tuer de ses mains l’ancien dirigeant vous donnait automatiquement des droits régaliens. Donc, désormais, la production de Lithium ou de « Nuage de miel » venait alimenter directement les caisses de l’État. Quant aux conglomérats souriants et leurs puissantes banques, ils obéissaient aux ordres.
Un ministère de la Sécurité qui pilotait les terroristes et un ministère de l’Économie qui dirigeait les conglomérats, tout le nécessaire pour maintenir fermement une société humaine.
Les deux derniers Stuffy collaboraient directement avec Ralato : l’un le remplaçait à la tête des Forces mentales et l’autre voyageait au gré des missions spéciales, quand il ne passait pas en revue les équipages des nouveaux croiseurs. C’était celui-là qui était assis aux côtés de Ralato en ce moment.

Multiples vagues de plaisir.
Cette fois-ci, ils étaient plusieurs et un râle leur parvint. Stuffy reconnut enfin le participant :
Wolf ? J’ignorais qu’il était devenu un intime du chancelier, en tout cas pas à ce point… là ?
Il s’était trouvé à la tête de l’abattement « légal » de la royauté, c’est un malin, comme Poféus. Il a toujours su tirer son épingle du jeu et je ne serais pas étonné que ces deux-là se soient mis d’accord, pour le vote du parlement de la semaine dernière.
Stuffy pouffa doucement, puis se reprit et dit simplement :
Majorité absolue et aucune abstention.
Et nous n’y sommes pour rien, poursuivit Ralato, songeur. Je n’avais dépêché personne pour faire pression sur les parlementaires. Tout cela s’est arrangé en coulisse, d’après mes informations. Wolf profite visiblement des fruits de ses bonnes intuitions.
Président de l’Assemblée parlementaire, seconde place dans la hiérarchie de l’État… Tiens ? C’était le bouquet final, on est en train de se rhabiller, là derrière.
Ralato reçut presque immédiatement le rapport de Fakir et confirma par un petit balayage psychique les propos de son voisin. Seul l’esprit du chancelier était fermé aux pouvoirs des Mentaux, à la suite de l’accident ayant eu lieu lors d’une expérience malheureuse du professeur QuartMac.
Au fait, reprit Stuffy en lui tapotant l’épaule, je n’ai pas eu l’occasion de te féliciter pour ta promotion ! Je l’ai apprise seulement hier, mais enfin bravo, mon vieux ! Colonel, ça gagne bien alors ?
Cafetière et toilettes privées, tu ne peux pas imaginer le luxe.
Et tous deux partirent dans un petit rire enfantin. Les opportunités pour s’amuser leur manquaient ces derniers temps, contrairement au chancelier.


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RedU T1 Ch22 Ep05

Wed, 15 Mar 2017 02:22:00 GMT

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Vernek Junta entendait les hurlements de Choupa alors qu’il venait seulement de pénétrer sur le pont inférieur au centre de commandement. Les gardiens ne savaient plus que faire, la jeune femme semblait frappée de folie furieuse et rien ne pouvait la calmer. Fort heureusement, on avait installé sa geôle à proximité de la salle principale, de telle sorte que l’on puisse rapidement la faire venir si la nécessité s’en ressentait. Le sort voulut donc que ce soit Junta qui profita de l’idée en premier.
La jeune femme était plaquée au sol, ligotée et paralysée sous le poids de ses trois geôliers, mais cela ne l’empêchait pas de crier sa détresse d’une voix forte. Junta s’étonna d’entendre une telle profondeur de gorge dans un si petit être, mais après tout, commander à des centaines de pirates supposait une certaine puissance vocale.
Que se passe-t-il ? Bon, relevez-la… Madame Choupa, est-il possible que vous vous offriez en spectacle pour…
LAISSEZ-MOI QUITTER CE VAISSEAU, MAINTENANT !
Non, et crier ne servira à…
JE NE VEUX PAS MOURIR AVEC VOUS ! FAITES DEMI-TOUR, OU DONNEZ-MOI UNE NAVETTE, MAIS VITE !
Le politicien ne savait comment la calmer. La pauvre fille paniquait vraiment et, malgré toute la confiance qu’il pouvait avoir en Décembre et ce transporteur, cela le mettait mal à l’aise.
Nous sommes déjà bien avancés dans la zone du Cercle de Khabit et aucun incident, ni même une rencontre avec qui ou quoi que ce soit, ne se sont produits. Peut-être que…
VOUS N’ÊTES PAS PRÊTS ! LORSQU’ILS SERONT LÀ, IL SERA TROP TARD !
Bon, d’accord. Faites venir un membre du personnel médical, on va devoir…

Soudain, un signal retentit dans la coursive, il se répercutait de très loin, sans doute dans tout le vaisseau.
Trois coups, un coup, trois coups.
Une alerte jaune !

« HAAAAAAAAAA ! »
hurla Choupa en tombant à genoux, les yeux grands ouverts, terrifiée. Elle secoua la tête dans une vaine tentative de se soustraire au son martelant ses oreilles. Ses poignets rougissaient sous la tension qu’elle leur imposait contre les menottes. Le summum de la panique.
Junta devait remonter immédiatement en salle de commandement, mais la chef pirate risquait de devenir vite indispensable, elle aussi. Il s’adressa aux gardes tout en s’élançant dans la coursive :
Faites ce que j’ai dit, mais il faut la calmer, pas l’endormir, okay ?

Quelques mètres plus loin, le politicien passait un sas quand le signal sonore changea de rythme.
Quatre coups, silence, quatre coups, silence.
Une alerte rouge, le transporteur était-il attaqué ?
Comme pour répondre à sa question, un grondement monta des profondeurs du vaisseau, suivi d’un tremblement qui fit vibrer les cloisons.
Un tir ?

Junta manqua tomber à quelques pas de sa destination lorsqu’une seconde puis une troisième explosion, quasi simultanées, ébranlèrent le transporteur. L’un des coups n’avait pas frappé loin : on ciblait des installations spécifiques. Le sas secondaire de la salle de commandement s’ouvrit devant lui, déversant sur Vernek l’ambiance de stress et d’agitation, teintée de professionnalisme, que l’on pouvait deviner. Décembre donnait ses ordres, les rapports d’avaries pleuvaient tandis qu’on dépêchait les secours sur les zones atteintes. Le lieutenant Gunjral bouscula le politicien en courant d’un poste à l’autre, il énumérait les informations au général.
Pardon, Monsieur ! Général, le spatioport a été partiellement anéanti : la piste de décollage est impraticable et deux chasseurs sont en feu !
Et celle d’urgence ? Je veux nos appareils dehors immédiatement ! hurla Décembre. Tirs de riposte des tourelles quatre et cinq pour…
nouveau tremblement, nouvel impact.
Mon général, les deux tourelles viennent d’être détruites et un nouvel afflux d’énergie arrive… commença Gunjral avant qu’un tir ne les frappe à nouveau.
Cette fois, Transporteur 1 perdit temporairement son assiette et ceux qui ne purent s’accrocher furent déséquilibrés, dont Junta. Gunjral criait déjà son rapport alors que le vaisseau reprenait lentement son aplomb :
On n’a plus de contact avec le spatioport ! La salve était dirigée sur eux !
MERDE ! fit Décembre dans un accès de colère qu’on ne lui connaissait pas. MANŒUVRES DE REPLI, faites-nous sortir d’ici, Lieutenant ! Combien de temps avant qu’on puisse faire un saut ?
Quatre minutes, mais on devrait pouvoir… NOUVEL AFFLUX D’ÉNERGIE DEPUIS L’APPAREIL ENNEMI !
L’intense explosion qui ruina le Compresseur dimensionnel du vaisseau de l’Exode et la violente secousse qui suivit furent accompagnées de plusieurs ruptures de canalisations et d’une surchauffe des calculateurs. Des gerbes d’étincelles illuminèrent plusieurs postes de la grande salle, brulant plus ou moins gravement des opérateurs qui tentaient de limiter les dégâts.

Junta ne réagissait plus depuis une bonne minute, tétanisé sur le sol. Il s’était retrouvé sur le plancher métallique lorsque le transporteur avait perdu sa stabilité et, en se relevant, il l’avait vu : au-delà des grandes verrières blindées, à bâbord, se tenait un croiseur. Un gros, un très gros croiseur. Presque deux fois la taille des géants de l’espace dans lequel l’Exode voyageait, sombre et brillant comme la surface du chasseur qu’ils avaient affronté sur Vegas IV. Les minuscules points éclairés, sans doute des hublots ou des verrières, qui parsemaient ses flancs donnaient une idée de la taille démesurée de la chose qui les attaquait. Mais pire, si cela était possible, Vernek Junta reconnaissait ce monumental vaisseau de guerre. Il l’avait déjà vu, de l’intérieur comme de l’extérieur, lors de la traversée de la Passe de Magellone : c’était l’un des fameux « souvenirs » des artéfacts que les mystérieuses « bulles de temps » avaient ressuscité. Des images avaient été enregistrées à l’époque et les ingénieurs planchaient encore sur ce qu’ils pouvaient tirer comme connaissance de ces engins, mais…
Par tous les dieux, jamais, non jamais Vernek n’avait imaginé se retrouver face à face avec ce monstre.
Le général Décembre cherchait désespérément une issue, sans en trouver. Par dépit, il lança deux ordres coup sur coup :
Envoyez un message codé au reste de l’Exode… … pour qu’ils quittent cette région au plus vite et… signalez notre reddition sur tous les canaux possibles…
Un minuscule flash de lumière bleue pulsa de l’immense croiseur ennemi et un local adjacent explosa. Le souffle brulant endommagea le sas d’où était sorti Junta et évanouit les derniers espoirs des exodés, au point que Gunjral ne prit même pas la peine de vérifier ses paramètres lorsqu’il fit son rapport :
C’était… le centre des communications. Ils savent ce que l’on fait, Mon général. Ils nous suivent en direct… ENCORE UN AFFLUX !
Vernek ferma les yeux, murmurant cette phrase de Choupa désormais d’une glaçante réalité :
« Vous n’êtes pas prêts. Lorsqu’ils seront là, il sera trop tard… Elle nous avait prévenus. »

*

Les quatre transporteurs qui naviguaient à la lisière du Cercle de Khabit étaient immobilisés, menacés par une vingtaine de croiseurs ennemis. Dès que ces vaisseaux au long fuselage noir et brillant étaient apparus, plusieurs salves d’une sorte de faisceau d’énergie bleu avaient frappé les spatioports, les tourelles de défense et les centres de communications des appareils de l’Exode. Ces engins de guerre n’imposaient pas autant que celui, unique, qui attaquait le premier groupe ; ils ne représentaient, chacun, qu’un petit quart d’un transporteur, mais leur nombre comblait largement ce handicap.
La vitesse de l’attaque avait autant surpris Sterling-Price… que son brusque arrêt : ces êtres avaient parfaitement paralysé les transporteurs, mais ne cherchaient pas (encore) à les détruire. Preuve en était qu’ils tournaient désormais autour du convoi des exodés, tels des faucons prêts à fondre sur leur proie. Que désiraient-ils vraiment ? Le colonel décida de lancer les préparatifs d’une possible contrattaque.
Allumer le laser de communication, nous allons tenter la même approche que lors de l’attaque pirate et contacter les autres appareils. Tristo, travaillez avec les gens des transmissions et cherchez un moyen de pénétrer leurs systèmes.
B… bien, m’sieur ! répondit le jeune informaticien de génie.
Il se dirigeait vers les opérateurs en question, lorsqu’un des croiseurs tira une salve qui réduisit en tôles fumantes le dôme supérieur et son laser, à quelques dizaines de mètres du centre de commandement. Le colonel Sterling-Price comprit immédiatement et avertit son équipage :
Messieurs, ils nous entendent d’une manière ou d’une autre. Prenez vos précautions.
Quoi ? Mais… heu, comment peuvent-ils faire çà ? s’inquiéta Edmund Tristo, un début de panique dans la voix.
Aucune idée. Dans ces cas-là, il faut imaginer le pire, mon garçon. Des Mentaux très puissants, peut-être ?
Hein ? Mais… mais on est foutu !
Chantez ou jouez de la musique tout en travaillant. Cela brouillera un peu vos pensées et tout système d’écoute. C’est un vieux truc de militaire… conseilla le colonel avec un soupçon de sourire.
Et joignant le geste à la parole, il fredonna, de plus en plus fort, une ancienne comptine, tout en s’interrogeant sur ce qui pouvait bien retenir leurs ennemis de les anéantir sur-le-champ.

*

Parlement psychique Nalcoēhual
Extension de la réunion d’urgence en niveau deux.

Parlementaire Ci’chi, représentante de la caste minoritaire « divers bas »
Au nom de la caste minoritaire des divers bas et en vertu de l’article deux-cent-trente-sept, alinéa quatre de notre constitution, je dépose une motion de consultation stratégique prioritaire. Elle concerne le sujet de cette réunion, soit l’arrivée de ces humains sur un territoire que nous contrôlons. En attendant que le Conseil en Stratégie de cette assemblée statue sur leur devenir, toute opération en cours doit être suspendue jusqu’à nouvel ordre ! J’insiste pour que cela soit transmis immédiatement à l’état-major et aux responsables de l’attaque.

Application de l’article deux-cent-trente-sept alinéa quatre. Le parlement devra réunir le Conseil en Stratégie sous trois unités horaires et proposer son analyse de la situation.
Ordre est désormais transmis aux forces Nalcoēhual d’interrompre séance tenante l’opération « Foudre et Cendres ».


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RedU T1 Ch22 Ep04

Wed, 08 Mar 2017 13:18:00 GMT

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« Bienvenue sur Transporteur 2, Aurora ! »
Encore perturbée de sa brouille avec Azala, Aurora découvrit avec surprise la sœur du politicien Junta habillée en tenue civile, l’accueillant d’un sourire charmeur dès l’atterrissage de la navette.
« Il ne manque plus que de jeunes enfants avec des colliers de fleurs », pensa-t-elle.
En réponse de quoi, elle eut droit à… une bise sur la joue par la gradée face à elle. Onawane semblait très différente de la stricte officière habituée aux états-majors. Ici, on avait presque la sensation qu’une amie vous invitait à un lèche-vitrine et un chocolat chaud en centre-ville. Aurora se demanda s’il ne fallait pas immédiatement rompre avec cette fantaisie, puis se ravisa : c’était un jeu, un moment où la commandante Benkana pourrait se mettre au repos et elle en avait bien besoin.
Qu’Azala disparaisse un peu de ses pensées, si cela devait passer par un théâtre de fausse amitié avec Onawane, qu’il en soit ainsi !
Accompagnées de deux gardes discrets, les deux femmes parcoururent donc le transporteur en visite privée. Certes, elles ne firent que le tour des infrastructures accueillant les exodés des autres vaisseaux, cela ne représenta qu’une petite partie de la promenade. Aurora nota au passage quelques bonnes idées pour partager des surfaces plus efficacement dans la cité intérieure et un système de tickets de couleurs permettant un accès prioritaire suivant les conditions familiales. Le regard de ces exodés démontrait un réel respect pour sa personne, voire de la gratitude pour certains dont le corps portait les stigmates de la première bataille contre les pirates du sénéchal Petrovach. Elles évitaient soigneusement certains passages peu fréquentés, non pas pour quelques risques, mais à cause des traces encore visibles des violents combats. Onawane avait su appliquer ses idées libérales d’une manière originale qui n’était pas sans rappeler certaines pratiques de Sterling-Price dans sa baronnie. Que l’on apprécie ou pas ces concepts, le résultat demeurait tangible et vivre sur Transporteur 2 ne semblait pas si mal, en fin de compte.
Mais Onawane lui réservait d’autres surprises et elle eut le droit à… un magasin de chaussure où elle put tester plusieurs paires, attendant son tour à l’essayage comme tout le monde. L’ancienne rebelle porta son choix sur des sandales brodées bleues lui rappelant son enfance, Onawane prit la note sur ses fournitures personnelles. D’habitude, ce genre de moments plutôt prisés du sexe faible représentait une épreuve de patience où Aurora puisait dans ses ressources pour ne pas hurler. C’était également le cas aujourd’hui, mais à la différence qu’Onawane se révélait une hôte des plus courtoises, voire intéressantes et même… des plus séduisantes. Ses remarques étaient souvent précises, posées et surtout elle lançait des traits d’humour sans discontinuer, améliorant sensiblement l’humeur de la commandante de Transporteur 7.
À un moment de la grande ballade, à l’intérieur d’un transport tubulaire, Aurora eut la surprise de sentir le bras de son hôte se glisser sous le sien. Onawane lui offrit son beau sourire comme réponse à la question non formulée.
Onawane…
Quel était son prénom en fait ?
Maeve. Onawane c’est le nom de mon ex-mari, mais je l’ai gardé par… on dira pour retenir la leçon.
Pardon ? se surprit à réagir Aurora. Elle venait presque d’en lâcher ce délicieux praliné, offert par un pâtissier prisé de la cité intérieure. Que tu aies été mariée, c’est une chose, mais garder le nom de famille après, je ne comprends pas.
Je l’ai abattu alors qu’il tentait de s’enfuir avec des documents confidentiels. C’est ma manière d’expier mon… mon péché.
Benkana resta sans voix une poignée de secondes, découvrant brutalement que sa vis à vis avait également une existence passée, pas forcément rose. Tuer son mari dans le cadre de ses fonctions ? Comment ? Péché ? Onawane était-elle pieuse ?
Maeve poursuivit, tout en signalant au serveur un second duo de chocolats chauds :
Quand notre père fut assassiné par les dirigeants corrompus de la banque Maha’dong, Vernek et moi avons pris du recul, chacun de notre côté. J’en vins à douter de moi-même, de la société, de l’armée… En fait, j’avoue avoir connu un passage à vide. Et cet homme, Pepeto comme il s’appelait, me tentait de ses charmes depuis longtemps. Alors un soir, puis une semaine… puis des vacances et une demande en mariage plus tard nous fumes liés et je devins « Onawane ». Mais ce n’était pas moi qu’il désirait, c’était mes accès aux états-majors et aux plans de certaines armes derniers cris, qu’il comptait revendre au plus offrant. Voilà.
Pepeto… un Nordiste ? réagi Benkana, levant un sourcil interrogateur.
Oui, un Nordiste. Mais cette culture est passionnante en elle-même je trouve. Rude, mais droite, je pourrais en parler des heures en toutes sortes de termes. Ils sont contradictoires sur bien des points, mais, à la fin, ils font souvent les bons choix.
Mon père aussi a été assassiné par la petite amie d’un héros de la révolution que je n’ai pas eu le courage de tuer de mes propres mains, quand j’en ai eu l’occasion, rebondit Aurora. Si l’heure était aux confidences, autant entrer dans ce domaine plus intime, d’autant que la proximité avec Maeve l’avait mise en confiance.
La responsable de Transporteur 2 observa quelques secondes son invitée, comme si elle se retenait de lui parler de quelque chose…
Oui, cette histoire est bien connue et elle a valu à Phil Goud et Adénor Kérichi une sorte d’aura mystique qui me dépasse. Mais, sur le fond, la mort de Kérichi n’aurait rien changé, n’est-ce pas ?
Non et c’est bien pour cela qu’elle vit encore, répondit tranquillement Aurora. Nos deux pères ont eu des fins tragiques. C’est pour cela que tu as choisi l’exode ?
Et la discussion se poursuivit, accumulant anecdotes, décisions de vie et pralinés. Laquelle des deux profitait de ce moment pour entrouvrir les portes de son âme ? Les deux semblaient l’assumer également, progressant toujours un peu plus dans la découverte de l’autre. Tel un rideau qui venait de se retirer d’entre deux miroirs, les commandantes des transporteurs se renvoyaient leurs propres reflets à en toucher un infini illusoire.

Bras dessus bras dessous, elles se retrouvèrent tard, suivant le système du protocole horaire sur l’Exode, face au sas de la navette de Benkana. Elles se firent la bise et se promirent d’organiser un après-midi sur Transporteur 7, où Aurora se faisait fort de l’inviter à son tour dans un excellent restaurant qui…
… les lèvres de Maeve Onawane se retrouvèrent caressant les siennes l’espace de quelques secondes. Aurora ne réagit pas, mais ne la repoussa pas, à la fois surprise et… attentive.
L’instant dura, puis dura encore… puis elles s’écartèrent.
Les deux femmes restèrent immobiles l’une face à l’autre, silencieuses. Ce fut Aurora Benkana qui se saisit du col de Maeve pour la rapprocher à nouveau et, cette fois, offrir au nouveau couple un vrai baiser passionné qui dura, lui, un certain temps.
Pudiques, les gardes du corps s’étaient retournés, fusillant du regard tout passant ou docker qui semblait s’intéresser à ce que faisaient les deux femmes.

*

Parlement psychique Nalcoēhual
Réunion d’urgence en niveau deux (seconde partie)

Parlementaire Loxa, représentante de la caste « extrême haut »
Mes amis parlementaires de tous bords. Je m’adresse à vous non pas en tant que représentante d’une caste ou d’un mouvement de pensée, mais en tant que femelle, pilier de mon clan. Je ne sais comment dire à quel point les réactions complaisantes, dois-je parler de frileuses, de certains membres de cette glorieuse assemblée me font encore plus frémir que la présence, si proche de nous… par le divin, ils sont si proches… de NOS BOURREAUX. Viennent-ils finir le travail ? Passent-ils innocemment en quête d’un quelconque butin ?
MAIS DE QUEL DROIT METTONS-NOUS NOS ENFANTS EN DANGER ? La caste des hermaphrodites parle en leur nom, je suis une mère et je suis d’accord avec eux.
Nous ne sommes pas ici pour débattre de possibles relations commerciales avec Ragnvald, mais de laisser des hordes connues d’une espèce particulièrement nocive instaurer leur loi chez nous, pratiquer leurs rites devant nous et… NOUS ÉRADIQUER, COMME ILS L’ONT TOUJOURS FAIT. Je refuse qu’une quelconque naïveté ou peur nous conduise à risquer l’existence de ce que, moi femelle de mon clan, j’ai de plus cher.
Honorables membres de ce parlement, vous représentez les castes qui composent notre peuple, alors faites ce qu’il exige : ÉRADIQUEZ LA MENACE, MAINTENANT !

Vote à la majorité psychique.
Quarante-et-une voix pour et vingt-neuf contre.

Le parlement Nalcoēhual, au terme de la réunion consacrée à l’arrivée d’un appareil de fort tonnage d’origine humaine à l’intérieur de nos frontières, acte pour une intervention « Foudre et Cendres ».
Résolution numéro 643-18 du deux-cent-douzième cycle.


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RedU T1 Ch22 Ep03

Wed, 01 Mar 2017 02:05:00 GMT

Le Chapitre 10 « Pin’up (suite) » sera disponible SAMEDI 4 MARS en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red Universe !

Le marchant Broto est vraiment plein de ressources. Il peut proposer ce que vous voulez, et même ce que vous n'imaginez pas. Mais tout a un prix.
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« C’est inadmissible ! Pernov représente la quintessence de ce qu’il y a de plus mauvais et d’impitoyable dans la culture nordiste ! Et pire encore, tu mets délibérément tout notre transporteur sous la coupe d’une seule et unique communauté, là où j’essaye depuis des mois de maintenir un équilibre entre chacune !
Mais comment… comment as-tu pu prendre une telle décision, sans même me consulter ? »
Azala ne décolérait pas, comme prévu. Le sang lui montait à la tête sous l’effet de son emportement et rougissait ses adorables joues. Aurora souffrait d’avoir été dans l’obligation de lui annoncer maintenant cette nouvelle : la princesse était visiblement dans des dispositions plus conciliantes que d’habitude et la robe de fine mousseline qu’elle portait ne dissimulait pas grand-chose de son anatomie.
Malheureusement, repousser l’annonce de la nomination d’Antonio Pernov n’aurait fait qu’exacerber sa réaction, voir plus si Azala l’avait apprise ailleurs.
Je n’avais pas à le faire, c’est tout… répondit-elle, un peu trop sèchement. Mais, surtout, je savais que tu allais tout tenter pour m’en empêcher, donc j’ai préféré te mettre devant le fait accompli, voilà.
Aurora… cette communauté a été jusqu’à te manipuler pour que tu abattes Phil Goud et sa compagne et dissimuler ainsi le secret de leurs caches d’armes. Ces mêmes Nordistes qui n’ont eu de cesse que de ralentir et mettre des entraves aux tentatives de mixage de populations que nous avions appliquées, tu te souviens, n’est-ce pas ? Tu avais trouvé la décision intéressante et nous avions accepté de…
C’était avant l’attaque pirate. Ces armes nous ont sauvés et l’aide des Nordistes y fut déterminante. Ce que tu sous-entends comme sauvagerie n’était qu’une réponse à celle de nos ennemis et la population du transporteur ne s’en est pas plainte… bien au contraire, je devrais même dire. Ils sont considérés comme des héros.
Je sais, dit Azala, un soupçon de peine traversant son regard. On me reproche bien assez de n’être pas descendue au cœur de la bataille alors que je m’évertuais à coordonner la défense du vaisseau.
Arrête. Ces accusations sont bien sûr injustes et je ne les ai jamais cautionnées.
Aurora ne savait comment renouer avec Azala, relancer la fougue de leur amour. Si la princesse et elle différaient de vision sur la tenue du transporteur et des exodés, elles réussissaient toujours à voir au-delà et placer leur relation comme le socle inamovible qui les unissait. Mais l’épreuve du feu était passée par là et elles avaient souffert dans leur âme comme Transporteur 7 dans son corps.
Azala ne connaissait que la commandante Benkana « guerrière », elle n’avait jamais côtoyé que la femme forte et patinée par la vie de rebelle, l’ancienne combattante organisatrice du quotidien en temps de paix. L’alliance avec les Nordistes représentait avant tout un acte de politique intérieure dont les indices d’efficacité ne manquaient pas. La gestion des innombrables prisonniers s’était déroulée dans un calme remarquable jusqu’à ce que les membres du Conseil de l’Exode viennent y mettre leur grain de sel. Aurora savait de source sure que la situation avait bien dans les derniers temps précédents la libération des prisonniers. Les pirates étaient devenus exigeants et mutins au point qu’on avait dû, dans certaines parties des transporteurs, refaire appel aux Nordistes.
Pernov lui avait confirmé l’information et elle avait confiance en cet homme, aussi dur et impitoyable fût-il. Sa nomination, en tant que second, en était d’ailleurs une preuve supplémentaire et c’était cela qu’Azala ne pouvait supporter : sa partenaire montrait publiquement sa préférence à une autre ligne que la sienne. La princesse reprit la parole, exposant un nouvel argument qui surprit Aurora :
Pourquoi m’as-tu disqualifiée pour faire partie du groupe de négociations avec les habitants de Khabit ? Tu détestes, à juste titre, Junta et pourtant c’est lui qui représentera l’Exode dans les pourparlers. Est-ce que c’est ton nouveau chevalier nordiste qui t’a soufflé cette grande idée ?
Quoi ? Mais… mais cette mission est longue et périlleuse. J’ai… j’ai préféré t’avoir à mes côtés pour…
… pour baiser ! Parce que, soyons clair : madame Benkana est en manque et elle voudrait bien un moment sympathique avec sa petite princesse de la chambre du fond !
Alors là, c’était totalement injuste. La tenue d’Azala démontrait combien, elle aussi, désirait renouer avec son amante, mais sous le coup de la nouvelle, elle replongeait dans une colère noire et s’éloignait à nouveau. Aurora se concentra sur les seins de la jeune femme qui pointaient sous la robe de mousseline, résultat de l’augmentation de la tension et du frottement du tissu sur les parties sensibles.
Une expiration profonde… ne pas écouter les paroles de colère… ne ressentir que les choses agréables comme ce désir…
Azala, s’il te plait, réussit-elle à prononcer d’un calme olympien. Je ne cherchais pas à te punir ou te faire du mal, juste à te protéger. Eh oui, j’ai maladroitement pensé à relancer… à nous retrouver. Le voyage s’annonçait long et…
… tu as pensé toute seule pour nous deux, simplement. Tu n’as pas été mieux que ces princes, du temps de la royauté, qui voyaient en moi un instrument de pouvoir doublé d’un bonus sexuel.
L’autre resta pétrifiée quand la jeune femme glissa lentement jusqu’à quelques centimètres de son visage, ondulant des hanches, son parfum tournant les sens, les yeux plus aguicheurs que jamais. Elle posa un doigt sur la nuque d’Aurora, le laissant effleurer la peau. Elle lança alors, d’une voix froide dissimulant mal sa colère :
« La prochaine fois que tu voudras que « l’on se retrouve » apprend à montrer plus de respect qu’un soudard nordiste ! »
Sur un geste précis de son ongle, elle entailla le cou de Benkana et s’esquiva rapidement. Aurora pensa la rattraper, mais la jeune princesse était tellement énervée qu’elle pouvait ordonner à Melba de mettre la commandante à terre. De l’autre côté de la porte, le regard de la garde du corps ne laissait d’ailleurs que peu de doute quant à l’entrain avec lequel elle aurait exécuté l’ordre. Melba aida sa maitresse à enfiler sa veste et referma derrière elles.

Une petite sensation de dédoublement, puis un retour à la normale. Le transporteur venait d’effectuer un nouveau saut de puce.
Aurora n’avait pas le cœur brisé, non, mais elle se sentait bêtement abandonnée. Terriblement seule.
Comment se pouvait-il qu’une femme comme elle puisse se sentir… seule ? Cette sensation s’était distillée lentement, elle avait commencé un peu avant l’attaque pirate, et ne s’était qu’amplifiée jusqu’à maintenant.
Si la commandante Benkana avait droit à une vie, Aurora, elle, n’avait que les miettes, les conséquences des choix de la première. Elle pourrait quand même courir après Azala, lui dire qu’elle regrettait, qu’en fait la nomination de Pernov n’était pas définitive, qu’elle l’intègrerait plus à ses décisions à l’avenir, que…

Elle s’approcha d’un fauteuil et s’assit, face au grand hublot, laissant le calme absolu du firmament étoilé la vider de ses émotions. D’un geste, Aurora confirma que la coupure à sa nuque cicatrisait déjà, la seule petite goute de sang séché put s’effacer avec le pouce et un peu de salive.

Qu’allait-elle faire maintenant ?
Un signal retentit. On lui rappelait son rendez-vous avec la lieutenante-colonelle Onawane. Cette promenade pour se changer les idées ne pouvait mieux tomber.


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RedU T1 Ch22 Ep02

Wed, 22 Feb 2017 02:50:00 GMT

« Hô, sublime Antigone ! » ( Chapitre spécial Révolution Castiks n°2 ) est disponible en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red universe !

La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandante Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…
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Quatre explosions de lumière, quatre transporteurs apparurent sous le firmament.
Nous nous trouvons à la lisière du Cercle de Khabit, une zone tampon pas encore vraiment dangereuse, mais plus tout à fait sure. Les transporteurs 2, 3, 5 et 7 et la quasi-totalité de l’Exode survivante effectuaient leurs sauts de puce en contournant autant que possible le Cercle. Tel était le choix de la sécurité qui avait prévalu. Alors que Junta et Décembre recherchaient un accord, le reste des bâtiments se lançait dans un plus long voyage qui risquait de durer de très nombreux mois supplémentaires.
Les communications étaient restreintes au minimum, utilisant autant que possible les liaisons par faisceaux laser, préférant les déplacements physiques à la radio. S’ils n’étaient théoriquement pas menacés, la proximité d’un lieu réputé pour sa dangerosité amenait à faire profil bas.

Quatre transporteurs, mais seulement trois commandants : autour de la table, Aurora Benkana constatait amèrement combien les rangs de l’Exode étaient clairsemés.
Assis face à elle, le colonel Sterling-Price mesurait toujours ses propos, affichant un calme apparent à toute épreuve ; son ventre proéminent et ses cheveux grisonnants dégarnis ne cachaient en rien son âge, mais conféraient au militaire cette indicible aura de sagesse, dont il savait jouer au besoin. Il avait déjà mille fois prouvé ses capacités de stratège, au long de sa carrière : durant la terrible attaque pirate ou, bien avant, lors des émeutes communautaires et encore plus auparavant, sous l’ancien régime royal. Le conte, car il était noble, était à l’origine de ce plan de scission. S’agissait-il de répartir les chances ou d’équilibrer temporairement les rapports de force au sein du Conseil des Commandants ? Avec lui, on ne pouvait pas le savoir…
Sur sa droite, Aurora se sentait scrutée, détaillée, par la lieutenante-colonelle Onawane. La petite femme aux cheveux courts et au regard perçant était la sœur du politicien Vernek Junta et une fervente admiratrice de Sterling-Price. Elle avait accompli sa carrière depuis les grandes écoles d’officiers jusque dans les états-majors, montrant des qualités de chef comme de stratège ou de combattante. Benkana persiffla entre ses dents : les mains douces et blanches de cette énarque prouvaient que le feu de la bataille ne les avaient pas souvent ternies.
Mains douces et blanches… le tendre corps d’Azala manquait à Aurora. Elles faisaient lits à part depuis presque deux semaines maintenant. Seul l’encombrement absolu du vaisseau, dû à l’afflux des Exodés des transporteurs 6 et 1, avait empêché la princesse de déménager définitivement. Cette situation de conflit prenait racine dans les conséquences de la victoire face aux pirates où Benkana avait fait alliance avec la communauté nordiste et son représentant : Antonio Pernov. Leurs méthodes brutales avaient démontré leur efficacité pour défaire les envahisseurs, pourtant bien plus nombreux et sur plusieurs vagues, ainsi que la mise au pas des prisonniers. Ces derniers avaient depuis été relâchés sur les barges qu’ils avaient utilisées pour attaquer, un ou deux vaisseaux pirates étaient en route pour les récupérer.
Benkana haïssait personnellement leur jeune chef, Choupa :
« Qu’elle puisse griller en enfer cette petite merdeuse ».
Pernov n’avait fait que confirmer ses pensées, en insinuant que la centaine de pirates exécutés discrètement dans la Cité intérieure de Transporteur 7 étaient bien plus surs que ceux qui s’en allaient, libres, pour on ne savait où.

« Commandante Benkana, comment se passe le partage des ressources de votre bâtiment avec les nouveaux arrivants ? »
La question de Sterling-Price ramena Aurora à la réalité du conseil restreint. On était sur le transporteur d’Onawane, celui qui n’avait pas subi la seconde vague d’attaques pirates, même si les stigmates de la précédente agression marquaient toujours, ici ou là, le corps du vaisseau… et l’esprit de ses occupants.
Onawane l’observait avec constance, calmement. Benkana décida de lui renvoyer son regard en répondant au colonel. Cette petite n’allait pas croire une seconde qu’elle pouvait l’impressionner, même si elle avait indéniablement de beaux yeux.
Tout fonctionne comme prévu. Certes, nous sommes un peu à l’étroit, mais la force des Exodés, c’est d’être capable d’accepter, pour le besoin commun, ce que d’autres refuseraient. Et vous, Onawane, ça se passe comment ?
Idem, répondit-elle dans un petit sourire. Mais… peut-être seriez-vous intéressée par une visite informelle de nos installations ? J’ai quelques idées que j’aimerais… partager avec vous.
Merci, mais un simple rapport pourrait suffire,
lança Aurora. La voix d’Onawane sonnait étrangement, telle une mélodie à ses oreilles.
Je vous invite cet après-midi, vous pourrez rester déjeuner, si vous le désirez. C’est entre chefs militaires que l’on peut le mieux se comprendre et cela nous aidera à renforcer notre cohésion.
L’ancienne rebelle était troublée, elle ignorait pourquoi, par les paroles de cette femme. On se croirait un peu comme dans ces comptes de sorcellerie tropicalienne, où les mots énoncés par la voix devenaient autres lorsqu’ils atteignaient l’esprit.
« Je… heu oui. Mais non, j’ai un rendez-vous sur le transporteur. Je passerai plus tard pour votre… visite. »
Avait-elle balbutié en prononçant ces mots ? Sterling-Price en profita pour clore la réunion :
« De toute façon, en l’absence de Décembre et de Junta, les sujets ne sont pas légion. Nous en avons fait le tour et c’est effectivement l’heure du déjeuner, nous nous verrons demain, si vous le voulez bien. Colonelle Onawane, merci pour la réunion, Commandante Benkana, puis-je vous raccompagner à votre navette ? »
Elle acquiesça et tous deux empruntèrent l’ascenseur tubulaire qui les conduisit à la base du transporteur où se trouvait le minispatioport. Aurora n’eut guère la tête à échanger autre chose que des banalités avec le colonel, l’annonce à Azala de la nomination de Pernov comme second de Transporteur 7 risquait d’être assez mouvementée.
La visite à Onawane procurerait un parfait alibi pour souffler un peu.

*

Parlement psychique Nalcoēhual
Réunion d’urgence en niveau deux. (seconde partie)

Parlementaire E-yoti, représentant de la caste « équilibre »
Mes chers collègues parlementaires, l’humanité tant haïe est à nos portes. C’est un fait indéniable : les vaisseaux sont imposants, le nombre d’humains est sans aucun doute important, les plans de vol sont clairs. Il est un autre fait indéniable que le souvenir que nous avons, de cette même humanité, est inscrit au fer rouge dans nos chairs. La marque est encore présente sur le corps de nos enfants hermaphrodites comme sur celui de leurs parents, mâles ou femelles.
Je vous le dis tout net, nous ne devons pas accueillir cette population, nous ne devons pas les aider, nous ne devons même pas tenter de les côtoyer !
Mais pour autant, devons-nous leur faire subir ce que préparent nos forces armées en ce moment ? Car notre civilisation sait être magnanime devant d’autres civilisations moins avancées, comme c’est le cas ici. Nous pourrions les balayer d’un revers de la main et il ne resterait que des ruines fumantes de leurs bâtiments et… la trace de ce massacre… de ce génocide sur notre conscience !
Le protocole d’interception, nommé à juste titre « foudre et cendres », est en place depuis des centaines de cycles, devons-nous pour autant l’appliquer aveuglément, aujourd’hui et ici ?
Je ne le crois pas. Qu’ils passent mais qu’ils n’attendent rien de nous et n’osent même pas lever les yeux, en échange de quoi nous les laisserons vivre.


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RedU T1 Ch22 Ep01

Wed, 15 Feb 2017 03:50:00 GMT

« Hô, sublime Antigone ! » ( Chapitre spécial Révolution Castiks n°2 ) est disponible en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red universe !

La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…
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Dans un éclair, Transporteur 1 apparut là où seul le néant de l’espace dictait auparavant sa loi. Une fois n’était pas coutume, l’appareil chauffa ses puissants propulseurs et s’ébroua en vitesse infraluminique, brulant chaque minute le Lithium nécessaire à une cité.
Cette zone, dans laquelle il pénétrait, perturbait les calculateurs sophistiqués qui déterminaient les trajectoires entre les dimensions lors des Transitions. Les opérateurs des systèmes embarqués affirmaient que le taux d’erreur s’accroissait dangereusement et ne permettait que des petits sauts. Entre les temps de charge et de décharge des Compresseurs dimensionnels, le vaisseau géant progressait donc plusieurs heures en propulsion standard, avant d’effectuer un nouveau saut… de puce.
La proximité d’une étrange multitude de dangereux restes d’étoiles effondrées et de planètes vaporisées était responsable de cet état de fait. On trouvait, pêlemêle, des pulsars émettant des rayonnements à des fréquences et des intensités dont seule la nature avait le délirant secret ; des étoiles à neutrons et des nuages géants de matières ensemençant lentement l’éther de l’espace ; quelques redoutables trous noirs, tombeaux stellaires de la lumière elle-même. Des restes de systèmes solaires jonchaient cette zone large de quelques années-lumière, émiettant sur des surfaces considérables des cimetières infinis d’astéroïdes. Certaines de ces roches pouvaient rivaliser avec de petites planètes, quand elles n’en étaient pas simplement une ancienne partie, visiblement arrachée il y a fort longtemps.

Étrange lieu, où le passé avait été suffisamment mouvementé pour conduire à l’anéantissement de tant de soleils.
Étrange lieu, loin de MaterOne et de l’espace connu de l’homme, au-delà de la Passe de Magellone.
Étrange lieu, désagréablement désigné « Cercle de Khabit. »

Dans la salle de commandement du vaisseau, tout le monde vaquait consciencieusement à sa tâche dans un silence concentré. On avait installé un second fauteuil aux côtés du siège central du général Décembre, le responsable de ce transporteur, et c’était le politicien Vernek Junta qui y trônait, son éternel fume-cigarette à la bouche.
« Et c’est reparti pour trois heures au minimum, enfin si vos équipes ne se perdent pas encore dans leur procédure, Général. »
L’autre parcourait distraitement une série de rapports sur de quelconques maintenances et les valida avant de répondre.
Je vous croyais plus patient, Monsieur Junta nous sommes dans une zone présumée hostile et la majeure partie des membres de ce transporteur se trouve avec le reste de l’Exode. Ce sont de précieuses mains qui nous manquent, même pour un fonctionnement à minima.
Donc vos hommes ont le droit à l’erreur ?
Donc mes hommes rencontrent des situations inédites et y font face. Le prochain saut ne sera pas retardé, faites-moi confiance.
Vernek Junta tira une bouffée du cigarillo, qu’il exhala en quelques cercles concentriques vers le plafond de la grande salle. La patience était son point fort, pourtant. Mais ici, il s’agissait de ce qu’il aimait le moins : attendre quelque chose d’inconnu pour négocier un accord improbable.

Lors de la précédente période infraluminique, il était descendu au niveau pénitentiaire où l’on maintenait sous bonne garde la seule captive de ce transporteur : mademoiselle Choupa, chef pirate. Il désirait plus d’informations, si cela était possible, car on n’en savait jamais assez sur son vis-à-vis lors d’une négociation. La jeune femme ne l’entendait pas de cette oreille, malheureusement.
Je vous ai dit tout ce que je savais sur ceux de Khabit ! Vous avez donné la parole du Conseil de l’Exode de me relâcher et me voici ici, alors que tous les autres membres de ma fratrie sont partis !
Vous avez accepté de nous servir de guide, nous aurons donc besoin de votre aide encore cette fois. Avez-vous eu vent de protocoles de présentation ou d’introduction envers ces gens ? Y a-t-il un message particulier qui les attire ou une fréquence qui…
… où sommes-nous ?
le coupa-t-elle, une expression d’angoisse figeant soudain son visage.
Nous avons décidé de nous séparer temporairement du reste de l’Exode pour une… une mission un peu spéciale.
Vous avez vidé ce transporteur, je le sais. Pourquoi ? OÙ SOMMES-NOUS ?
N’était-ce pas de la transpiration qui se formait sur le front de la chef pirate ? Et ce regard… Elle commençait à paniquer. Alors, elle n’allait pas aimer la suite, pensa Vernek.
Nous sommes entrés, depuis quelques heures, dans le Cercle de Khabit pour négocier avec eux un passage au travers de leur espace. Il nous fera gagner presque la moitié de la durée de notre voyage et…
VOUS ÊTES FOUS ! Je vous ai pourtant prévenu : ils ne discutent pas, ils ne négocient pas, ils ne vous laissent pas pénétrer dans leur espace et encore moins en ressortir… Nous… nous sommes… nous sommes perdus.
Et la jeune femme de s’effondrer sur sa chaise, les menottes cliquetant quand ses poignets heurtèrent le bord métallique. Elle refusa de répondre à d’autres questions, prostrée, le regard dans le vague, comme si elle s’était résignée à une fin trop proche.

« Général ! Un écho en trente-deux, dix-huit. Distance quarante-neuf. On a cru à un astéroïde, car il n’émettait rien, mais les analyses de la structure désignent une composition métallique à cent pour cent. »
Junta sursauta, ce retour à la réalité lui rappela combien le moment était délicat. L’attente allait-elle prendre fin ?
Excellent, lieutenant Gunjral, répondit le général Décembre. Alerte Jaune et dirigez-nous vers cette structure. Junta, votre message tourne toujours en boucle ?
Oui, une seconde… Mmmmh, je confirme. Plusieurs dialectes connus, plusieurs fréquences, s’ils ne nous comprennent pas ils peuvent au moins nous entendre, répondit le politicien en écrasant sa moitié de cigarillo dans le cendrier.

*

Parlement psychique Nalcoēhual
Réunion d’urgence en niveau deux.

Parlementaire Ci’chi, représentante de la caste minoritaire « divers bas »
Mes amis, le moment que nous attendions depuis si longtemps est en passe de se produire. Vous avez, comme nous, reçu les rapports de la présence de ce vaisseau humain dans notre espace protégé. Mais cette fois il ne s’agit pas d’aventuriers, de pirates, ou même de quelques égarés, non… Cet engin, le plus grand que nous ayons jamais croisé ces derniers cycles, émet des signaux clairs qui nous sont destinés. Les traductions sont formelles, nous recevons une demande de concertation pour autoriser le passage à cet… « Exode ».
Le secret de notre existence n’est plus en jeu ici, ni un risque d’invasion ou le vol de notre technologie, voire de nos ressources. Ils viennent en paix, pour dialoguer.
Au nom de ma caste, je demande que l’on réponde favorablement et pacifiquement à cette prise de contact.

Parlementaire Linio, représentant(e) de la caste institutionnelle des hermaphrodites Huitlalcoh « haut »
Ainsi, le premier contact est arrivé et nous rejoignons au moins en cela notre chère Parlementaire Ci’chi. Mais, contrairement à elle, nous ne ferons pas preuve de la même naïveté, je dirais plutôt, du même oubli. Nous, les Huitlalcoh sommes la prochaine génération à venir, NOUS aurons à traiter les suites de l’évènement qui se produit ici et maintenant.
Et, comme cela nous est enseigné dans les centres culturels, nous regardons d’abord le passé pour y chercher des éléments de réponses aux questions de demain. Et qu’y voyons-nous ?
Nous voyons que cela avait déjà commencé ainsi, il y a plus de deux-cents cycles. Que, de la même manière, les humains étaient venus à nous et nous leur avions ouvert les bras. Et que s’était-il passé ? Quel en fut le résultat ?
… Nous vivons dans une zone inhospitalière que nos ancêtres ont appris à domestiquer à force de persévérance et de sacrifices.
VOULONS-NOUS VRAIMENT QUE CELA SE REPRODUISE ?

*

Décembre grognait, demandant analyses sur hypothèses. Il réclamait à Gunjral toujours plus de rapports dans une recherche dérisoire, sinon futile, d’informations sur leurs ennemis. Mais pour Vernek Junta, le doute n’était pas permis.
La structure métallique qu’ils avaient repérée était un amas agrégé de carcasses de vaisseaux interstellaires d’origines diverses. On distinguait nettement des ailerons, des cockpits, des fuselages de différentes couleurs, formes et époques. L’ensemble avait été assemblé, sous une pression énorme, en ce bloc d’un millier de mètres de diamètre, flottant dans le vide. L’horreur n’aurait pas été à son comble sans quelques restes humains gravitant autour, conservés à tout jamais dans le froid de l’espace pour peaufiner le message.
Vernek imaginait facilement plusieurs totems de ce genre, placés en des lieux stratégiques autour du Cercle de Khabit, avertissements ultimes du danger encouru.
Telles les anciennes tribus tropicaliennes, ceux qui effrayaient tant la jeune Choupa marquaient ainsi l’entrée de leur domaine.

Malheur à ceux qui poursuivront leur chemin.


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RedU T1 Ch21 Ep13

Wed, 25 Jan 2017 03:41:00 GMT

« Hô, sublime Antigone ! » ( Chapitre spécial Révolution Castiks n°2 ) est disponible en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red universe !

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« Calande. Rorré. Je t’écoute… »
Les yeux de l’autre se plissèrent, visiblement il connaissait ce nom.

Il parla malgré l’arme qui gênait sa parole.
Poféus essaya de comprendre, mais n’y parvenant pas il retira le canon, agacé de cette perte de temps.

Pas dégourdi… Bon, vas-y abruti. Alors, qu’est ce que tu sais ?
Tu veux savoir si ta psy… …bossait pour nous, c’est cela ? J’y gagnerai quoi ?
Sans hésiter, Poféus le frappa d’un coup de crosse sur la pommette gauche. Maintenant son ennemi par le col, il le retint de tomber et lui asséna deux coups supplémentaires au visage. La mâchoire de Heir s’enflamma instantanément, virant au bleu foncé.
« Tu peux passer les prochaines minutes en enfer, si tu veux… »
Il leva à nouveau la main pour frapper et Heir eut un geste de recul, capitulant :
C’est bon, arrête ! Elle… elle avait été aperçue suffisamment autour de ton bureau pour que cela devienne louche. J’ai pu avoir des infos par sa… mère et j’ai supposé la suite. Un traceur… …caché dans une petite poupée qu’on lui avait offerte en pays tropicalien, a fait le reste. L’attentat contre… …contre toi aurait pu se produire n’importe où ailleurs, du moment qu’elle était présente.
Aaah ! Les belles-mères, c’est une plaie pour tout le monde, ricana le contramiral. Heir sourit en retour, du moins autant que le lui autorisait sa blessure.
Celle-ci n’embêtera plus personne. À moi de poser une question… et ne me frappe pas, hein ? Comment avez-vous su pour cette opération ?
Poféus le regarda, l’air sincèrement surpris :
« Elle n’est pas digne du grand Monsieur Heir, celle-là. Les Mutualistes allaient forcément faire une nouvelle tentative. Tu avais enlevé Ralato et lui seul connaissait cette entrée secrète… Les derniers détails, QuartMac et les Stuffy sont venus me les donner. Il ne nous restait plus qu’à patienter.
Une autre question ? »
Ralato intervint.
Monsieur, il a prétendu devant moi être un fils illégitime du roi Magnam IV. Je ne sais pas si nous pouvons cautionner cela sur ses simples dires, mais il semblait sincère…
BÂTARD ? hurla Poféus.
Ses yeux brillaient soudain d’une colère indicible vers Ralato qui sursauta devant la violence affichée. Puis, réaffirmant aussi vite une humeur joueuse, Poféus se tourna vers Heir.
« Mais dites donc, ce vieil Archibald fourrait sa queue un peu partout ! Hé, hé, ha, ha, HA, HA, HA, HA ! »
Le contramiral éclata d’un rire dément dépassant tout ce qu’on lui connaissait depuis son sauvetage dans sa résidence. Il se plia même en deux sur le sol, sa main libre plaquée contre son visage dans une naïve tentative de dissimuler son hilarité.
Ralato, le professeur QuartMac et les Stuffy en restaient bouche bée. Était-ce l’émotion malsaine contenue dans ce rire forcé, son incongruité dans l’instant ou simplement le décalage avec le Poféus qu’ils connaissaient depuis des années ? Heir s’adressa à eux, une lueur d’affolement flottant dans son regard.
Il est complètement dingue, votre Poféus ! Vous le voyez bien non ? Aidez-moi et… …nous pourrons refaire MaterOne ensemble !
Il faut reconnaitre qu’il va peut-être nous claquer dans les doigts à force de rire, remarqua un des Stuffy.
De toute façon, entre un Poféus pas net et un Heir mal en point, je me demande quel serait le meilleur choix ? Ralato, une idée ? poursuivit un second Stuffy.
Le vrai QuartMac répondit à la place du lieutenant, presque amusé :
Et dire que vous avez vécu tout ce temps dans sa tête. Ralato restera fidèle à Poféus, même s’il devait l’accompagner en enfer. N’est-ce pas, mon petit ?
Je trouve surtout qu’il y a beaucoup de QuartMac plus ou moins Stuffy dans cette pièce. Mais sur le fond, je suis d’accord. Contramiral Poféus, reprenez-vous !
Le rire s’arrêta net.
Toujours plié en deux, Angilbe Poféus récupérait son souffle, visiblement avec difficultés. Une quinte de toux le traversa puis, de nouveau, une respiration silencieuse.
Il se redressait quand on frappa à la porte, autorisant l’entrée de la pièce à l’aspirante Fakir. Elle fut surprise de trouver plusieurs QuartMac et le lieutenant Ralato, mais se concentra sur ses consignes.
Monsieur, vous m’avez demandé de vous avertir quand…
Poisson à pattes ?
O… oui, Monsieur. Je pense que c’est cela.
Excellent. Passez l’ordre aux forces en orbite de n’intervenir sous aucun prétexte, compris ? Aller hop, dépêchez-vous !
L’aspirante fermait la porte quand le contramiral se tourna vers le groupe autour de Ralato et, sous le sceau du secret, leur confia :
« C’est le plus beau cul de toutes les forces mentales. Et croyez-moi, je m’y connais en arrière-train. Celle-là, je la mets dans mon lit sous deux semaines ou je ne m’appelle plus Poféus… hmmmmmm ! »
Et sa langue glissa plusieurs fois sur ses lèvres, tel un enfant en arrêt devant quelques pâtisseries. Face aux mines effarées dépeintes sur les visages, il se sentit obligé d’ajouter :
Ben quoi ? Ne me dites pas que personne ici n’y a pensé ?
En fait, répondit un des Stuffy, maintenant que vous soulevez l’idée, j’avoue que…
POFÉUS… … JE NE SAIS PAS À… QUEL JEU TU JOUES, MAIS FINISSONS-EN ! Gémit soudain Monsieur Heir.
Le politicien n’était plus effrayé, juste épuisé par ses blessures et les combats incessants de ces dernières heures. La souffrance sur son visage n’était pas simulée et il brulait en ce moment ses ultimes forces. Ses pouvoirs mentaux amoindris lui seraient de toute façon inutiles face à un Poféus imperméable aux ondes psychiques, sans compter la présence de Ralato et des Stuffy. Il avait perdu. Il le savait et redoutait juste la sentence.
Le contramiral lui adressa un regard empli d’absolu mépris que Ralato ne lui connaissait pas. Il leva son révolver vers l’ancien membre du Conseil de la Révolution :
« T’es pas le seul à être un bâtard. »
Et il acheva le maitre mental d’une balle en pleine tête. Pris d’une soudaine loufoquerie, il tendit sa main libre vers le plafond, ploya la jambe correspondante et tira à nouveau deux fois sur le corps inerte. Tournant sur lui-même, il se courba en arrière et étendit ses deux bras derrière lui, faisant feu encore, mais sans atteindre sa cible.
Riant aux éclats, il multipliait les poses de danse, les concluant systématiquement par un ou deux tirs en direction du corps de son adversaire. La tête de celui-ci ne ressemblait déjà plus qu’à un magma sanglant et le mur contre lequel il se tenait ruisselait de larges giclures foncées. Sous un nouvel impact, le meuble se déplaça et libéra le buste de Heir qui glissa au sol. Poféus poursuivit pourtant sa farandole obscène, vidant son chargeur sur celui qui fut un des plus extraordinaires personnages de MaterOne ces dernières années.
Maitre mental hors norme, héritier de la couronne, membre des Triades et du Conseil de la Révolution, chef absolu de l’organisation mutualiste et grand architecte de la prise du pouvoir pour la communauté souriante. Ralato se fit la remarque que jamais les livres d’histoire ne lui rendraient justice.
« Aïe ! grogna Poféus en arrêtant soudain sa danse folle. Je viens de me faire un tour de rein. Putain ça fait mal ce truc !
Bon, il a son compte et mon chargeur est presque vide. Il reste… une seule balle, tiens ? Dans ce cas… »
Il tira donc au jugé la dernière cartouche sur la masse sanglante de son ancien ennemi et jeta l’arme par terre. Puis, se dirigeant vers la sortie du bureau, il fit signe aux autres de l’accompagner dans les escaliers.
Ralato n’était pas suffisamment libéré de l'emprise de Heir pour avancer sans risquer un faux pas, deux Stuffy le soutinrent donc jusqu’à l’ascenseur. Le professeur QuartMac demanda naïvement à Poféus, qui escaladait les marches deux par deux, quelle serait la destination.
« On se retrouve sur le toit, les mauviettes ! Le sport et le sexe, il n’y a que cela pour maintenir la forme ! Saloperie de dos, je suis bon pour des séances de kiné, moi… »

*

C’était une fin d’après-midi grisâtre pour MaterOne Centrum. La couche nuageuse n’augurait rien de bon pour la nuit, mais au moins le vent ne soufflait pas très fort sur la terrasse de l’immeuble du ministère. Centième niveau, tout rond.
Le contramiral grimpait les ultimes marches quand l’ascenseur s’ouvrit sur Ralato et les autres. Quelques étages seulement séparaient le bureau de l’officier en chef de la terrasse supérieure.
« Amiral, que faisons-nous ici ? »
s’enquit Ralato dès qu’il l’aperçut. Cette histoire tournait très bizarrement et il s’inquiétait de savoir quelle lubie avait encore traversé l’esprit du ministre de la Sécurité. En suivant des yeux Poféus sur l’esplanade, il fut pris d’un doute.
Il est désormais bien plus qu’un ministre, n’est-ce pas ?
En effet, confirma QuartMac quelques pas derrière lui. Je ne vois plus personne ayant les moyens de le contrer, maintenant.
Le pire, c’est que c’est Heir qui lui aura fait tout le travail, gracieusement, compléta le troisième Stuffy, railleur. Ce type a une chance de… enfin bref, il a beaucoup de chance.
À la vitesse d’un Ralato exténué, ils rejoignirent Poféus au milieu de la terrasse. Celui-ci fouillait du regard la couche de nuages et tous observèrent le ciel, par mimétisme.
« Bon sang, mais où sont -ils ? » grogna-t-il.
Il activa un petit contacteur qu’il sortit de sa poche :
Fakir ! Alors ?
Ils arrivent par nord-nord-ouest, Monsieur. Vous devriez les voir d’ici quelques secondes…
Nord, nord-ouest. Donc ce serait… LÀ-BAS, REGARDEZ !
Il montrait un endroit du ciel, le doigt tendu. Dans la direction indiquée, les nuages subissaient effectivement des remous étranges et, au milieu d’eux, la pointe inférieure d’une structure de vaisseau descendait vers la ville. Au fur et à mesure, ce qui se révéla en fait la proue d’un appareil sembla s’agrandir sans fin. L’engin poussait les cumulonimbus, écrasait de son imposante taille les plus hauts bâtiments de la capitale.
C’était un croiseur géant, un monument à la gloire de la guerre, large comme plusieurs villes.
QuartMac intervint derrière eux :
« Il y en a d’autres ! Regardez là-bas ! »
Tous se retournèrent, et en fin de compte nul besoin de choisir une direction particulière. Sur les trois-cent-soixante degrés du panoramique autour de la terrasse, des dizaines de croiseurs géants apparaissaient dans le ciel de MaterOne Centrum. Si certaines formes différaient, ils partageaient tous une taille démesurée.
Ralato comprit en même temps que Stuffy :
La flotte secrète de l’amiral…
… Elle est désormais opérationnelle ! Bon sang de bonsoir, les quantités qu’il a fallu détourner pour construire ces…
… Ce sont mille croiseurs de combat, conçu pour être pilotés par des équipes réduites composées exclusivement de Mentaux, coupa Poféus. Il y a des années de production de l’humanité en Lithium, en métaux et en matériaux de tous genres. La liste est telle que je serais incapable de vous la réciter en une journée complète.
Puis il s’adressa à Ralato, le majeur levé comme en guise de remontrance. Sa voix était saccadée, excitée au plus haut point :
« Cela m’a pris… des années ! Déjà bien avant la Révolution Castiks… Mais c’est qu’il n’y a pas tout le monde ici, vois-tu ? ' Poisson à pattes ' c’est beaucoup plus ! Les autres mégapoles sont également survolées : Tropicaliennes, Nordistes, Brunes… Les colonies lointaines de Talbot à Piñata el grande sont désormais sous la garde de croiseurs géants, elles aussi ! »
Il se saisit du lieutenant par les épaules, enfonçant ses doigts dans les tissus, meurtrissant les chairs, le regard fou :
Çà, mon petit Ralato… çà, tu vois ? Çà, c’est un VRAI PUTSCH !
Vive le nouveau Chancelier suprême de l’humanité ! Vive le Chancelier Angilbe Poféus ! cria le professeur QuartMac à la surprise des quatre autres.
Poféus se redressa, bras tendus vers le ciel, courant le long de la bordure sur la terrasse de l’immeuble de la sécurité. Il hurlait au vide face à lui, consommant sa victoire.
« J’AI GAGNÉ, VOUS M’ENTENDEZ ? HEIR, J’AI GAGNÉ ! MAUDIT PÈRE, J’AI GAGNÉ ! MAGNAM, J’AI GAGNÉ ! CALANDE ! Calande… c’est… c’est fini mon amour, nous avons gagnééééé… »

Les centaines de réacteurs au Lithium avaient balayé les nuages et le ciel ne se distinguait plus qu’entre les géants menaçants. On devinait les habitants de la capitale retenant leur souffle, comme sans doute beaucoup de monde partout dans l’univers. Et l’homme à la tête de tout cela courait en ce moment autour d’eux, applaudissant et criant comme un enfant, fou de joie.
« Vive le Chancelier Angilbe Poféus… »,
murmura Ralato, sans conviction.


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RedU T1 Ch21 Ep12

Wed, 18 Jan 2017 03:28:00 GMT

« Hô, sublime Antigone ! » ( Chapitre spécial Révolution Castiks n°2 ) est disponible en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red universe !

La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…
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Un rapide balayage mental confirma l’absence d’ennemis dans la pièce. On ne pouvait être certain que le contramiral se trouvait bien présent, compte tenu de son esprit réfractaire aux pouvoirs psychiques. Mais quelqu’un avait actionné le mécanisme d’ouverture, donc…
Heir attendit avec le lieutenant pendant que les commandos mutualistes se ruaient à l’intérieur du bureau du ministre de la Sécurité. Bien qu’un peu anxieux, le maitre mental ne cachait pas sa satisfaction quant à la manœuvre employée pour en finir avec son rival. Il s’en ouvrit à la seule personne avec qui il pouvait discuter : Ralato.
Tu vois lieutenant, la prochaine fois que tu décides de prendre d’assaut un endroit, commence par t’assurer que tu n’es pas attendu. Bon… je t’accorde que la situation différait, mais…
Allez vous faire foutre !
Tss, tss… Quel langage ! Un jour, tu me parleras autrement. Alors, qui avons-nous là ? Poféus et un petit bonhomme… QuartMac ? Tiens donc.
Ils pénétrèrent dans la pièce à la suite des commandos et Heir effectua un nouveau balayage de sécurité. Tout semblait en règle, sauf peut-être dans le salon secondaire. Quelque chose d’indicible y grouillait, caché derrière une brume. Sans préavis, il passa en mode actif et découvrit le leurre.
« C’EST UN PIÈGE ! »
Immédiatement, une puissante vague mentale s’abattit sur eux. Ses propres boucliers ployèrent sous l’attaque, sa force étant divisée pour maintenir Ralato emprisonné dans son corps. La porte du petit salon secondaire et celle du bureau s’ouvrirent violemment et plus d’une vingtaine d’agents mentaux armés pénétrèrent dans la pièce. Il y avait parmi eux un détail incongru : plusieurs professeurs QuartMac les accompagnaient, comment cela était-il possible ?
Les balles fusèrent, rapides et précises, abattant sans sommation les six soldats mutualistes tandis que Poféus pressait le bouton de la télécommande qui verrouilla l’entrée secrète. La vague mentale s’arrêta. Heir leva les bras face à lui, prévenant tout le monde et jouant son vatout :
« Je contrôle Ralato ! Laissez-moi sortir d’ici ou il mourra avec moi ! »
Poféus fit un pas en avant, sortant de sa poche un révolver qu’il pointa sur l’ancien membre du Conseil de la Révolution. L’autre menaça à nouveau :
J’ai dit de me laisser sortir !
QuartMac, à vous de jouer, murmura le contramiral en lançant un regard sur sa droite, vers le groupe des professeurs.
L’un d’entre eux se détacha et avança vers Ralato. Heir n’aimait pas du tout cette situation. D’où venaient tous ces QuartMac et celui-là, qu’allait-il tenter ? Soudain, une nouvelle vague psychique le frappa, cette fois elle était concentrée en totalité sur lui. Il serra les dents, en appelant à toutes ses ressources pour résister. Qui attaquait en ce moment ? Il put déterminer que cela venait de tous les commandos, bien entendu, mais également des QuartMac !
Comment cela était-il possible ? Depuis quand le vieux professeur possédait-il des pouvoirs psychiques ? La vague s’amplifia, provenant pour moitié des trois savants groupés près de Poféus. Les autres soldats formaient un large demi-cercle autour de la scène, entourant d'un rempart le contramiral. Cette posture était celle d’agents entrainés, pas de rats de laboratoire. Et cette signature psychique, cela lui rappela soudain quelqu’un. Son nom jaillit alors, telle une évidence impossible :
« AGENT STUFFY », hurla-t-il !
Au même instant, le QuartMac aux côtés de Ralato prononça un mot à quelques centimètres des oreilles du lieutenant : « Shazam. »
Monsieur Heir ne put qu’assister, impuissant, à l’effondrement total de toutes les barrières mentales de Ralato, sans aucun préliminaire. Non seulement celles du lieutenant, mais également les siennes qui le maintenaient prisonnier. L’officier des forces mentales écarquilla les yeux et inspira une large bouffée d’air… puis il s’affala sur le sol, maladroitement ralenti dans sa chute par le frêle professeur.
Avant que Heir n’ait pu entreprendre quoi que ce soit, deux balles lui traversèrent le torse. La violence de l’impact le projeta contre le mur derrière lui et l’angle d’un secrétaire lui meurtri les hanches en s’effondrant avec lui.
En état de choc, il réagit par réflexes et remonta ses barrières psychiques tout en atténuant, autant que possible, l’intensité de la douleur au niveau de ses récepteurs neuronaux. C’était une des rares techniques souriantes inconnues des Forces mentales. L’air s’échappait de ses poumons et surtout sa respiration se compliquait, car le sang coulait et emplissait des zones de son corps où il n’aurait pas dû se trouver. De la sueur commençait à perler sur son front et il ressentait des tremblements le parcourir, un froid glacial s’insinuait en lui mais il n’y pouvait rien.
« Heir ! »
Une voix vint de loin le ramener à la réalité. Ralato se relevait, soutenu par deux QuartMac, un troisième lui prenant le pouls. Dans quel piège était-il tombé finalement ? Où donc sa brillante intelligence avait-elle failli ?
L’agent Stuffy vivait maintenant dans des chimères. C’était tout bêtement la technologie utilisée par les Mutualistes, utilisée cette fois pour l’esprit du Mental. N’étant plus qu’un être psychique, il n’avait pas rencontré de grosses difficultés à se dupliquer dans plusieurs corps de réserve.
« Shazam » avait prononcé QuartMac. Un mot-clé, un implant que le professeur avait sans doute placé il y a longtemps dans l’esprit de Ralato, durant les années passées sous sa tutelle. Maintenant qu’il y repensait, cette clé avait déjà été utilisée par le savant dans les Amalaches, lors de la première tentative d’insémination.
L’ancien scientifique des forces mentales avait bel et bien trahi les Mutualistes, offrant toutes ses connaissances à leurs ennemis. Heir regretta de ne pas l’avoir éliminé plus tôt. Maintenant, il était trop tard.
Mais quand donc tout cela avait-il été mis en place ? Le temps leur avait manqué, toute l’opération de son putsch reposait sur un rythme, une mécanique d’enchainements que l’on ne pouvait théoriquement contrer. Alors ?
Le maitre mental croisa le regard de Ralato. Lui-même l’observait, mais ne semblait pas en savoir plus. L’un des Stuffy-Quartmac qui le soutenaient prit la parole, s’adressant au lieutenant sans lâcher Heir des yeux. À ce niveau, on se comprenait sans même s’expliquer.

Ralato, dis-moi. Le Stuffy en toi est mort, n’est-ce pas ?
Oui… On a affronté Heir et Myan en même temps : Stuffy et Myan se sont entretués. Donc, tu… vous êtes Stuffy, aussi ?
Absolument, répondit l’autre Stuffy qui le soutenait. Tu te rappelles le laboratoire caché, là où se trouvaient les chimères ? En fait, on applique ici le plan que tu avais toi-même élaboré. Le Stuffy dans ta tête t’en a effacé le souvenir et les… les sauvegardes des autres Stuffy.
Vous saviez donc… … que la prise d’otage était un piège ! Et que j’allais… me débarrasser de toi… de vous, intervint Heir. Malgré la douleur, on pouvait discerner un petit sourire se dessiner sur ses lèvres. Un bon joueur d’échecs reconnaissait une manœuvre astucieuse, même de la part d’un adversaire.
Cela venait de moi, lança le troisième et dernier QuartMac autour de Ralato en lui lâchant le poignet. J’ai pu leur confirmer que vous… qu’Alpha tenait beaucoup à Ralato, l’agent Stuffy dans sa tête n’étant qu’un accident. Donc, le second devait être préservé et j’ai proposé mes chimères.
Oh ! Pardon, je suis le « vrai » QuartMac. Enchanté de vous rencontrer enfin à visage découvert, Alpha.
Heir grimaça sous la violence d’une douleur qu’il n’avait pu atténuer. Au fur et à mesure que sa vie s’en allait, il sentait son pouvoir diminuer, la solidité de ses boucliers se réduire. Il y a peu, il avait assisté à un évènement semblable en brulant le cerveau des membres du Conseil de la Révolution ou, quelques mois plus tôt, lors de l’exécution, avec Myan, des agents mentaux du contramiral. Une histoire ancienne, certes, mais un massacre qu’il n’oublierait jamais.
Ralato et Stuffy, QuartMac et Poféus… Heir avait pu construire la puissante organisation immortelle des Mutualistes, il avait mis à genoux les Triades souriantes, mais venait d’échouer face à ces quatre-là.
Quelle déchéance, pour l’héritier de la couronne de MaterOne.

Deux bottes s’arrêtèrent devant lui.
« Poféus », pensa-t-il, devinant la suite. L’heure de l’estocade était arrivée.
Le politicien leva lentement la tête au fur et à mesure que ses yeux se rapprochaient de ceux du ministre. Lorsque leurs regards se croisèrent, Heir y remarqua quelque chose d’inédit auquel il n’avait pas prêté attention : le contramiral avait changé. Vraiment changé.
Tout en dominant son adversaire, Poféus donna ses ordres.
« Qu’on débarrasse la pièce, je ne veux plus de cadavres ni de soldats. Allez Messieurs, la fête est finie : on ferme !
Ralato et les QuartMac restent ici, ils assisteront à un truc ou deux et prévenez Fakir qu’elle vienne nous voir dès que ça commencera. En attendant, annoncez à toute la planète la disparition de Monsieur Heir, emporté on ne-saura-jamais-où par les méchants mutualistes. »
S’agenouillant doucement face au politicien, et ne cachant pas un petit ricanement malsain, le contramiral s’aida d’une main pour placer le canon de son révolver dans la bouche de son ennemi. Puis, il rapprocha encore son visage pour un moment d’intimité glaciale.
« Et maintenant que les Mentaux ont discuté, moi aussi j’ai quelques questions. »


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RedU T1 Ch21 Ep11

Wed, 11 Jan 2017 04:25:00 GMT

Tous nos vœux pour 2017 de la part de l'équipe de Red Universe !


Ralato s’approcha du cerf. Tête levée, l’animal maintenait le garçon prisonnier de ses cornes, vigilant. De la vapeur s’échappait des naseaux au rythme profond de sa respiration. Il regarda son maitre et le laissa lui flatter le flanc, tapotant le cuir épais. Le ruminant exprima sa satisfaction en raclant le sol d’un coup de sabot puis se concentra à nouveau sur son ennemi. Ralato en fit de même :
Dans l’hypothèse où votre théorie ne soit pas fantasmée, en quoi cela nous concerne-t-il ? Vous êtes à la tête des Mutualistes et l’allié des Souriants. Mon devoir est de vous enfermer à double tour pour que vous ne nuisiez plus à la société…
Je suis le chef des Souriants : désormais, deux puissantes organisations me soutiennent sans retenue. Associons-nous !
Déjà demandé sur Talbot et déjà refusé, me semble-t-il…
Sauf que Poféus est mort et que le Conseil de la Révolution est décapité. De qui crois-tu que nous sommes en train de parler ? Nous représentons les forces les plus importantes de l’humanité, Ralato ! Tu as le bras militaire et Mental, j’ai le bras économique et les Mutualistes. Soit nous nous exterminons tous deux, soit nous construisons la paix, une paix qui mènera MaterOne vers un nouvel âge d’or !
Un âge d’or ? Basé sur le contrôle total par deux personnes ? Stuffy vous rétorquerait que ce n’est guère rassurant comme perspective.
Je serai Roi ! Le parlement reprendra ses prérogatives et ne sera plus cette simple salle d’enregistrement qu’il est en ce moment. Ralato, je te connais : tu n’es pas un idéaliste. La dizaine de milliards d’êtres humains qui peuple cet univers ne peut être régie que d’une main de fer dans un gant de velours. On ne peut tolérer les séparatismes, mais on doit leur laisser le droit de s’exprimer. L’avenir de l’homme, c’est l’espace infini, c’est le seul destin qui nous est donné et nous pouvons… nous devons tous les unir dans ce but. Lorsque l’on découvrira d’autres Antarès IV, lorsque l’Humanité aura tant essaimé qu’aucun danger ne pourra plus jamais la mettre en péril, alors notre mission sera accomplie.
Des dangers menaçant l’humanité ? Ralato observait les yeux de son interlocuteur. Pendu aux bois enfoncés dans son corps, l’intensité du regard corroborait la vibration sous-jacente de la voix, malgré le timbre d’enfant. Heir croyait à ce qu’il disait… ou méritait un prix d’excellence pour son jeu d’acteur. Le garçon compléta :
« Je sais que parler de dangers peut paraitre étrange, mais au-delà de Magellone, il se passe des choses. Cette technologie de chimères et d’autres indices concordants ne m’inspirent aucune confiance sur ce qu’il se passera une fois que l’Exode aura pénétré dans cette région de l’espace. »
Ralato cherchait la faille dans ce raisonnement où tout semblait si logique.
Vous avez tué des troupes mentales dans votre guerre contre Poféus. Toutes les actions mutualistes visaient délibérément à saper la crédibilité du contramiral. Pourquoi cet acharnement ?
J’ai eu… accès, nous dirons, à des témoins de ce qui s’est passé au-dessus de l’Abime-sans-Nom. Mon père, Magnam, s’est retrouvé seul et désarmé dans un orthoptère face à Poféus et deux pilotes. Il est tombé de l’appareil et l’engin a piqué vers la surface de l’océan pour disparaitre à jamais. Poféus fut l’unique survivant.
Je ne crois pas une seconde à une tentative stupide pour prendre le contrôle de l’orthoptère. Magnam n’avait rien à y gagner. Par contre, il avait toujours été clément avec Poféus malgré ses agissements et ce pédophile ne méritait pas le dixième de ce qui lui a été accordé.
Il aurait tué Magnam IV ? Pourquoi ?
Heir soupira, les yeux dans le vague… Cette question, il avait dû se la poser durant des années, pensa Ralato.
« J’ai cherché et je n’ai pas trouvé de réponse claire. Une seule possibilité : leur présence en ces lieux. Quelque chose, là-bas, était assez important pour qu’un corps expéditionnaire des Forces mentales aille y affronter la quasi-totalité des Lakedaímōns.
J’y suis allé plusieurs fois en reconnaissance, mais l’Abime-sans-Nom a conservé tous ses secrets. Rien, je n’y ai rien trouvé : ni traces de combats, ni base quelconque.
Rien du tout… »
Ralato avait également eu vent de cette histoire. Son frère et un tiers seulement des hommes étaient revenus, dans un état peu enviable. Les rapports avaient été falsifiés, mais le lieutenant mental s’était forgé une conviction : quoiqu’il se soit passé là-bas, une partie de la destinée de MaterOne (peut-être plus encore ) s’y était jouée. Cela avait sans doute un lien avec les recherches de Fabio et Poféus, ils avaient beaucoup voyagé durant l’année précédente.
Mais Ralato n’avait pu en savoir plus. Le contramiral ne partageait jamais ses secrets, il les enterrait en lui.
« Quand je te disais que je t’offrais une famille, je ne tentais pas de réactiver l’insémination. Je t’offre la possibilité d’être avec quelqu’un qui partagera tout, je te l’ai déjà démontré sur Talbot et encore ici, maintenant ! Poféus te proposait son sillage, je te propose le second trône. Une place d’où NOUS pourrons guider le monde en toute connaissance de cause. Ensemble, rien ne nous résistera. »
Un déclic dans la tête de Ralato, quelque chose que Stuffy aurait sans doute remarqué depuis plus longtemps, s’il avait été là.
Heir répondait à ses questions orales, mais également à ses pensées ! Le lieutenant recula, serrant les dents, et le cerf se cabra en raclant de sol de ses sabots. Ses barrières étaient pourtant bien levées, Heir se tenait devant lui et… en fait, c’était un avatar de Heir. Se pourrait-il que… ?

Soudain, l’image du garçon s’étira et se dissout dans l’éther. L’infini perdit sa blancheur immaculée, devenant une immense grille aux formes acérées qui se contractaient rapidement sur Ralato. Heir avait réussi à lui échapper d’une manière ou d’une autre durant leur discussion, ou était-ce déjà le cas avant leur affrontement ? Le grillage psychique ne dépassait plus le lieutenant que de deux têtes. Le cerf attaquait, donnait des coups pour tenter de percer les fibres coupantes qui se refermaient, mais les bois de l’animal se prirent entre deux ramifications. Prisonnier, il se retrouva vite enserré par la sphère qui rétrécissait toujours. La projection de Ralato fut déchiquetée sur une ultime ruade, alors que la grille touchait maintenant le lieutenant. Lorsqu’elle s’arrêta enfin, celui-ci était totalement compacté dans un volume correspondant à la moitié de son corps, emprisonné. Certes, il y avait encore une part de lui-même dans son enveloppe charnelle, mais pourrait-il l’atteindre pour l’aider à se libérer ?
Cette grille n’était pas ordinaire, elle contenait des souvenirs désespérés, une rage intériorisée dégageant une volonté irrémédiable. Cette technique avait été évoquée comme théorie, en dernière année d’université mentale, mais Fabio avait réussi à mettre au point une preuve du concept. Au lieu de simplement créer une forme dans son esprit, comme le cerf, on mélangeait des sentiments au « matériau », lui donnant des propriétés nouvelles. Cela pouvait être de l’amour pour donner à la statue d’un être cher l’intensité des sensations ressenties, ou cela pouvait être les faces les plus noires d’un caractère, pour donner une solidité et une dangerosité à toute épreuve.
Ralato ne pouvait évidemment plus bouger, mais il se doutait que Heir le surveillait.
« J’apprécie cette manière de parlementer, Heir. Et dire que j’ai failli croire à vos jolies paroles… »
L’autre réapparut, mais cette fois-ci ce fut sous les traits qu’on lui connaissait d’ancien membre du Conseil de la Révolution. Son visage emplissait tout, géant parmi les géants, dieu d’un espace psychique où il régnait sans partage. La bouche s’ouvrit et sa voix puissante tonna dans le silence, telle une série d’explosions loin de celle, flutée, de l’enfant avec lequel Ralato avait discuté.
TU ES BIEN TROP DANGEREUX POUR QUE JE PRENNE LE MOINDRE RISQUE. IL EST DOMMAGE QUE TU AIES COMPRIS LE STRATAGÈME, NOUS AURIONS PU FAIRE DE GRANDES CHOSES ENSEMBLE.
Ah, mais c’est toujours possible ! Relâchez-moi, Heir, nous allons parlementer. Parole de Ralato… ricana le lieutenant, fanfaron. L’autre sourit à l’allusion.
SI L’INSÉMINATION AVAIT PU ÊTRE POUSSÉE À SA CONCLUSION, NOUS AURIONS RÉELLEMENT DOMINÉ CETTE HUMANITÉ, RALATO. LES POUVOIRS DE FABIO, TON FRÈRE, SONT EN TOI, TU L’AS ENCORE PROUVÉ TOUT À L’HEURE. C’EST POURQUOI JE NE PEUX PRENDRE AUCUN RISQUE.
Les pouvoirs de Fabio ?
LA COMÉDIE EST UN ART QUI SE PARTAGE ENTRE ACTEURS, DIT-ON… MAIS TRÊVE DE BAVARDAGE, J’AI BESOIN DE TON CORPS ET TU M’AS LAISSÉ UN BIEN BEAU FIL À SUIVRE AU TRAVERS DE TES DÉFENSES. NOUS SOMMES ICI DANS TA TÊTE ET J’AI EU ACCÈS À CERTAINS SOUVENIRS TRÈS UTILES.
Mais de quoi parlez-vous ?
TU LE COMPRENDRAS BIEN ASSEZ TÔT… QUOIQUE TU AIES LE DROIT DE SAVOIR. JE SERAI BON JOUEUR !
SI STUFFY AVAIT ÉTÉ AVEC TOI, JE N’AURAIS PAS PU M’ÉCHAPPER. RIEN QUE POUR AVOIR RÉUSSI CET EXPLOIT, JE PEUX T’APPRENDRE QUE J’AI RENDEZ-VOUS AVEC UN CERTAIN ANGILBE POFÉUS. BONNE JOURNÉE, RESTE SAGE ET LÈVE LE DOIGT.
Pardon ?

En haut de l’escalier secret qui traversait le ministère de l’Intérieur, Ralato leva le doigt et pressa la surface tactile de l’interrupteur. Celui-ci s’illumina d’une lumière rouge. Autour de lui se tenaient Monsieur Heir, les yeux mi-clos une main sur la tête du lieutenant et six Mutualistes mentaux armés lourdement.
Si l’entrée centenaire exclusivement utilisée par Ralato était surveillée, on ne ressentirait que la présence du second de Poféus, dont le corps n’était désormais plus qu’une marionnette dans les mains du descendant de Magnam IV.
Un déclic monta de l’épaisse porte blindée et la lumière vira au vert. Le contramiral Poféus venait d’ouvrir à son fidèle second.


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La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…

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RedU T1 Ch21 Ep10

Tue, 03 Jan 2017 23:27:00 GMT

Tous nos vœux pour 2017 de la part de l'équipe de Red Universe !


La scène se figea.
Plusieurs cornes transperçaient Heir, le maintenant en hauteur, mais l’animal-symbole des Ouli restait immobile. Dans le champ de l’esprit, les équivalences au monde « réel » n’étaient que subjectives : mourir d’un des côtés se répercutait dans l’autre, mais c’était à peu près tout. Ralato s’approcha du corps qui se balançait, suspendu aux bois.
« … Maintenant, je veux bien parlementer. »
dit-il simplement. La tête de l’enfant se redressa, observant le lieutenant. Puis, ricanant, il répondit à son interlocuteur.
J’ai connu de meilleures conditions. Mais, si cela te convient, alors…
Qui êtes-vous, Heir ?
La question de Ralato était sans nuance, directe. Le regard de l’autre s’assombrit et sembla se perdre dans l’infini blanc de ce monde sans repère.
« Je suis comme mes élèves, ceux que toi et l’agent Stuffy avez tués, Ralato. Nous sommes des créatures des Triades qui pressentaient les changements à venir… Il leur fallait une force capable de rivaliser avec le bureau des Affaires mentales, et si la culture souriante maintenait depuis des siècles une connaissance et une pratique des pouvoirs psychiques, elle n’était pas à la hauteur de… de quelqu’un comme toi, par exemple.
J’ai été le premier. Plus tard, je maitrisais le processus et redonnais vie à un jeune garçon condamné, Hoú Niao, avant de poursuivre avec Myan et d’en faire le puissant Mental que tu connaissais.
Voilà, certaines choses complexes et longues peuvent se résumer simplement, n’est-ce pas ? »
Ralato recollait les éléments du puzzle. Tout tournait autour du nuage de miel, cette drogue des Souriants, produite en quantité dans la Nébuleuse de Talbot. Là-bas poussait la Lamprasine, une plante inconnue sur MaterOne, mais dont les propriétés semblaient infinies.
L’apparence « psychique » de Heir donnait un autre indice. Ralato poursuivit l’interrogatoire.
Et vous étiez jeune quand ils vous ont fait subir ce qui vous a transformé, n’est-ce pas ?
Absolument, comme tu peux le constater. Je n’avais que six ans, mais la nouvelle de la chute de la royauté les a obligés à accélérer leurs plans. J’ai failli y rester, tu sais ?
La suite, tu peux la deviner. Mes pouvoirs latents ont été décuplés, j’ai pu pénétrer le milieu des affaires et de la politique avec l’adoubement des banques souriantes, faisant de moi une personnalité de premier plan en très peu de temps. Un mois après ma naissance venait Hoú… deux mois encore et apparaissait Myan. Il ne fallut pas une demi-année pour qu’il intègre l’université mentale.
Etonnant quand on y pense, n’est-ce pas ? Les préparatifs de l’Exode n’étaient pas encore achevés que nous avions déjà commencé notre travail de contrôle de la société postrévolutionnaire !
Veux-tu bien me relâcher, maintenant ? C’est assez désagréable comme position…
Non,
répondit Ralato, sans hésitation.
La dangerosité de Heir n’autorisait aucun relâchement. Bien au contraire, le Mental renforça les défenses et la structure du cerf. Cela n’échappa pas à son prisonnier qui grimaça puis soupira doucement. Ses traits affichaient une réelle tristesse depuis le début de leur affrontement, mais n’était-ce pas simulé ? Cet homme, cet enfant, maitrisait l’art de la dissimulation comme personne. Il poursuivit, conversant avec Ralato plus comme une connaissance qu’un interrogateur :
« Quelques mois peuvent représenter des siècles… c’est une vieille maxime qui n’a jamais été aussi vraie qu’aujourd'hui. Myan, Hoú et moi-même subissions une sorte de croissance physique et psychique permanente. Nous ne dormions jamais, absorbant rapidement toute connaissance souriante des mystères mentaux ; nous repoussions nos limites là où peu d’êtres sont jamais allés, créant une nouvelle ère, celle des Mentaux supérieurs. Les quelques semaines d’avance que j’avais sur mes fils représentaient des années et je peux m’enorgueillir d’avoir réellement été leur maitre.
Ils me manquent maintenant.
Même diminué comme Myan, même handicapé comme Hoú, je… j’éprouvais pour eux une profonde affection. Sais-tu ce que ce mot signifie ? Toi qui a sacrifié ton frère sur l’autel du pouvoir et de la raison d’État ? »
L’image de Fabio lui tendant la main pour l’aider passa fugitivement devant les yeux de Ralato, suivie de celle de Stuffy qu’il considérait comme un collègue un peu différent, presque un ami.
Agirait-il de manière identique, maintenant ? Son partage avec Stuffy l’avait marqué, ou peut-être une empreinte résidait-elle dans son esprit, modifiant sa façon de percevoir le monde qui l’entourait. Toujours était-il que le froid Ralato ne se reconnaissait parfois plus lui-même.

Ce vide dans sa tête… Personne ne réagissait à cette affirmation, pour donner une opinion ou le contredire.
Stuffy était parti, définitivement. Et Ralato se retrouvait seul à nouveau. Comme toujours !
Il se reprit : pas question de se laisser aller, la capture, relative, de Heir ne permettait aucune faiblesse, même temporaire.
Nous parlerons de moi une autre fois. Qu’en est-il des Mutualistes, Heir ? Ou devrais-je dire « Alpha » ?
Ah oui, la Mutualité… Je ne me considère pas… Disons que je n’accepterai jamais d’être considéré comme une marionnette. Les fonds des Triades détournés, j’ai pu monter cette organisation qui ne répondait qu’à moi. Une force capable d’affronter les deux autres parties. Sais-tu que Poféus a participé au financement des Mutualistes en trafiquant la distribution du nuage de miel avec les Souriants ?
Oui. Et vous, savez-vous que les Mutualistes utilisent un système de chimères biologiques pour se dupliquer et ainsi ne jamais mourir réellement ?
Heir marqua le coup puis reprit, hilare :
QuartMac ! Bien sûr! Tu as dû trouver un moyen de lui mettre la main dessus et il a tout avoué. On peut être un génie et ne pas avoir de principes, c’est malheureusement courant.
Je considère cela comme une confirmation. D’où vient cette technologie ?
Comme si je le savais! De loin, au-delà de la Passe de Magellone. Les archives souriantes compilent avec rigueur toutes les informations que l’on peut obtenir sur ce qui se passe de l’autre côté et, crois-moi, ce n’est pas le havre de paix et de calme que l’on peut supposer. Il y a de nouvelles civilisations qui ont éclos, un jour cela risquera même d’être un problème pour MaterOne. Mais…
Heir grimaça un peu, prenant appui sur un des bois, visiblement mal à l’aise…
… Mais nous n’y sommes pas encore. Bref, un type venu de nulle part cherchait de l’argent et avait à vendre un système contenant ces informations. QuartMac t’a, sans doute, déjà raconté la suite.
Sais-tu que l’on pourrait partager un thé ou un café dans une ambiance bien plus agréable ? Je te l’ai dit, je suis ici pour parlementer avec toi, pas pour te combattre.
Vous êtes ici pour poursuivre l’insémination que vous et vos sbires avez tenté dans la base mutualiste des Amalaches. Vous l’avez continuée sur Talbot dans la raffinerie de TB-01 et maintenant, alors que vous êtes neutralisé, vous tentez encore de me retourner.
Un peu de sérieux, Heir. C’est fini pour vous et vous ne sauverez plus votre peau.
Je n’ai que faire d’être sauvé ! réagit vivement l’autre.
Crois-tu réellement que j’aurais mis en place, que j’aurais vécu tout cela dans le but basique d’obtenir un quelconque pouvoir ? Penses-tu que Myan, Hoú et tous ceux qui font partie des Mutualistes m’ont suivi sur un délire aussi mégalomane ?
Je veux sauver l’Humanité! Et Poféus n’est qu’un des avatars de ce qui menace tout l’univers des hommes ! En ce moment, tes barrières sont levées, mais je vois parfaitement que tu n’es plus celui que tu étais lors de la Révolution Castiks. Tu as redécouvert le cœur et la compassion pour…
Calmez-vous, Heir, le coupa Ralato. Vous n’êtes pas en position de parler d’amour et de tendresse envers l’humanité. Vous êtes, au mieux, une arme des Souriants, qui leur a échappé et, au pire, le chef d’une organisation terroriste. Dans les deux cas, épargnez-moi le sentimental, s’il vous plait.
Je veux restaurer la royauté ! Un vrai système égalitaire, retrouver un parlement qui légifère et un roi qui règne. La place de Chancelier suprême n’est qu’une porte ouverte pour s’emparer du poste et instaurer le régime souhaité. Et Poféus désire un empire, là où je veux remettre un homme juste sur le trône, en toute légalité.
Le lieutenant balaya l’idée d’un geste. L’argument était tout trouvé :
Azala est partie, le prince Mécaryon est mort sans descendant. L’arbre royal n’a plus de branche, à moins que vous ne découvriez de surprenantes greffes ?
Je les ai !
Ralato ne répondit pas. Heir s’enfonçait visiblement dans un délire de plus en plus profond. Il se voyait roi de MaterOne, tout simplement. À côté de lui, Poféus n’était qu’un petit rêveur du dimanche, mais l’autre insista :
« La reine Lanik fut la première femme de Magnam IV. Ils ont eu ensemble la princesse Azala puis un an après, Lanik qui mourut. Ensuite, Magnam a rencontré Chuang-Mu, une fille de la haute bourgeoisie souriante envoyée à la cour pour surveiller et rapporter. Ils tombèrent fou amoureux l’un de l’autre, mais pour ne pas risquer que les Souriants ne fassent main basse sur la Couronne, ils décidèrent de ne jamais officialiser leur liaison, du moins tant que Magnam IV serait sur le trône. Chuang-Mu eut un fils. Les Triades avaient percé le secret et, désormais, l’existence même de cet enfant relevait de la raison d’État ! Alors, elle quitta le roi et MaterOne, se réfugiant avec quelques fidèles dans un avant-poste lointain, en lisière du monde connu. Mais les Souriants ont des yeux partout et ils savaient parfaitement où se cachaient la maitresse royale et l’enfant… Lorsque le régime chuta, ils… vinrent le réclamer. »

Un doute se fit jour dans l’esprit de Ralato. Se pourrait-il que Heir, cet enfant de six ans, soit l'héritier de la Couronne ?


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RedU T1 Ch21 Ep09

Tue, 20 Dec 2016 23:10:00 GMT

Red Universe fête avec vous la fin d'année et c'est une pluie de cadeaux qui s'abat sur votre série ! Venez récupérer les vôtres sur http://reduniverse.fr/2016/12/17/red-universe-fete-la-fin-dannee-avec-vous/

VITE ! LE 25 DÉCEMBRE, CE SERA TERMINÉ, DÉPÊCHEZ-VOUS !


L’espace infini blanc qui l’engloba dès son entrée ne surprit pas Stuffy outre mesure. Le jeune Myan était rodé aux techniques de combat. Un des enseignements de base consistait à créer, dans des moments dangereux, un espace entre son moi intérieur et le bouclier pour éviter qu’un intrus parvenant à franchir les défenses ne soit en mesure de provoquer immédiatement des dégâts.
Dans un éclair, le Souriant se matérialisa devant lui, deux mâchoires en lieu et place des mains : l’une se planta dans la gorge de Stuffy, l’autre dans son abdomen.
« Vous n’auriez jamais dû venir me provoquer, agent Stuffy ! »
Ses doigts, devenus dents acérées, mordirent de ses dernières forces. Il était hors de question de se laisser surprendre par ce genre d’attaque, fût-elle le fait du fameux Stuffy. Et malgré son état de faiblesse grandissant, Myan voyait bien là une tentative désespérée de la part de ses ennemis. Le jeune homme ne faillirait pas devant son maitre.
Soudain, les mâchoires traversèrent l’intrus, mordant le vide, sa proie disparue. Myan n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait : Stuffy, remplaçant son avatar, jaillit devant lui, les avant-bras prolongés par des lames d'obsidienne noires comme la nuit mais mieux effilées qu'un rasoir . La première lame frappa l'aine, tranchant l'abdomen jusqu'au thorax, la seconde glissa le long des vertèbres cervicales, brisant la mâchoire : la pointe jaillit de la nuque en transperçant le cervelet.
Stuffy ne pouvait s’empêcher de regretter d’en arriver là.
« Désolé, mon gars. Un peu trop jeune et pas assez d’expérience. »
La bouche du Souriant explosa soudain, une langue obscène, hérissée de lamelles, en jaillit et lacéra Stuffy. Myan offrit ses derniers mots à son adversaire :
« Désolé… trop v… vieux sans… doute. »
La lame de Stuffy avait touché le cerveau de Myan, détruisant irrémédiablement la cohérence logique et psychique. 
La langue de Myan déchiquetait les ultimes traces de la psyché de Stuffy, esprit dépourvu de corps depuis trop longtemps. 
Tout devint noir.
Les mains de Myan se relâchèrent, sa tête roula doucement sur le côté; les yeux du jeune homme restèrent ouverts, encore humides d’une dernière larme à destination de son maitre. Et ce fut terminé.
« MYAN ! NON ! »
hurla Monsieur Heir qui sentait la vie quitter son disciple.
Il n’en fallut pas plus à Ralato qui profita du manque de concentration de son adversaire pour contourner ses défenses, d’une pirouette enseignée par Fabio, il y avait bien longtemps. Il lui avait expliqué combien les sentiments pouvaient modifier la forme des boucliers psychiques. Si vous haïssiez, votre moi de compassion était faible, si vous aimiez, alors c’est la partie analytique qui faiblissait.
Le lieutenant mental n’allait pas commettre la même erreur que son ami Stuffy et ne se projetterait pas entièrement : il créerait un pont, un puissant lien où il pourrait se déverser. Telle une armée en campagne, l’état-major commandait toujours de loin, en terre fidèle et fiable.
Ralato n’avait pas le temps de penser à ce qui venait de se produire. Il risquait de se fragiliser comme Heir. Il se concentrait donc totalement sur son attaque : l’heure était à la bataille, pas aux obsèques, ni aux remords.

Le monde blanc, zone de transit de tout Mental en combat psychique.
Face à lui se tenait un enfant à genoux, pleurant.
Heir ?
Deux loups apparurent de chaque côté de Ralato et se jetèrent sur le garçon. Ils s’écrasèrent contre la protection rapprochée de la frêle silhouette.
Un second bouclier ? C’était inédit, mais Ralato n’allait pas abandonner si facilement. Deux nouveaux loups jaillirent, puis trois autres, cinq, dix… Des meutes entières galopaient avec acharnement, piaffant et hurlant de rage tout en s’écrasant contre la barrière infranchissable qui protégeait le jeune garçon. L’attaque était soutenue, Ralato maintenait la pression. Il ne pouvait renoncer devant cette difficulté inattendue, jamais une occasion comme celle-ci ne se représenterait.
L’enfant le regarda calmement et d’une voix infantile, mais à la tonalité résolument adulte, s’adressa à lui :
Lieutenant Ralato ! Économisez vos forces, je ne vous attaquerai pas.
Pourquoi, donc ? Les loups ne sont pas vos animaux de prédilection ? Désolé, je connais votre préférence pour les dragons, mais je n’ai pas cela en stock.
Ce n’est pas cela. Vous êtes à bout et ce bouclier qui me protège a été conçu durant des années. Il est infranchissable. Et surtout, je suis prêt à parler avec vous. À… parlementer.
Mensonges !
Un cerf, l’animal fétiche des Ouli, apparut devant Heir. Il abaissa la tête, pointant ses cornes, recula légèrement et s’élança de toute la puissance de ses muscles, sabots plantés dans le sol. Le choc des bois contre le bouclier produisit des étincelles qui volèrent au hasard en explosant, tels des feux d’artifice.
Le cerf de Ralato n’était pas une meute de loups, son utilité était toute différente. Il enchainait les coups de tête, frappant consciencieusement contre l’ultime défense de son ennemi, usant la résistance de l’autre. Il démontrait ainsi une persévérance moins agressive, mais toute aussi efficace. Les explosions des jets d’énergie coloraient le monde blanc qui les entourait, illuminant le visage du petit garçon dont les larmes avaient cessé. On le sentait confusément en difficulté, obligé de porter son attention sur son environnement proche et cela était déjà une victoire.
Ralato suivait l’attaque de loin, piochant avec économie dans ses forces restantes. La technique de la fourmilière, comme on l’appelait. Prise indépendamment, une fourmi est peu consommatrice. Mais avec l'énergie mentale nécessaire pour controler une meute de loups, combien de fourmis pouvait-on créer ? Des centaines, des milliers d’attaques ciblées, faibles, mais innombrables, capables de porter des coups sur le même point. On ne travaillait pas en puissance, mais avec un effet psychologique, inlassablement, implacablement et… déprimant. Heir n’allait pas tenir longtemps à ce rythme : Ralato venait de retourner contre lui sa propre méthode de défense : attendre l’épuisement de son adversaire. S’il ne prenait pas l’initiative, il perdrait et se retrouverait embroché.
Et cela, tous deux le savaient. Des combats psychiques de ce niveau, c’était le summum de l'entrainement des Mentaux. Tous n’y étaient pas préparés ou tout simplement en étaient incapables.

Le cerf poursuivait, infatigable, frappant de ses bois, usant le bouclier du jeune garçon, illuminant le ciel, fatiguant son adversaire.
Soudain, Heir leva les bras et la protection qui l’entourait disparut. Les yeux rivés dans ceux de l’animal, il hurla :
« TU VEUX ME TUER ? ALORS VAS-Y ! »
Et le cerf embrocha l’enfant de ses bois.


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Merci à vous et rendez-vous pour le prochain épisode le Mercredi 4 Janvier 2017

Bonnes fêtes à tous et à toutes !

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Red Universe fête la fin d'année avec vous !

Fri, 16 Dec 2016 23:01:00 GMT

cadeaux

En cette fin d’année 2016 qui a connu moult mouvements et activités, que ce soit dans votre série préférée ou sur cette pauvre petite planète qui est la nôtre, nous avons décidé que vous méritiez bien quelques cadeaux de notre part ! Votre fidélité à toute épreuve, vos commentaires et votre soutien, tout cela mérite salaire, non ? :)

Alors voici ce qu’on vous offre, précipitez-vous (ou écoutez notre père Noël de RedU qui vous l’explique en fichier joint :) )


    1. Un épisode inédit des Grosses têtes (épisode n° 2) avec Momumba Arlington, Ralato, Stuffy, Phil et Adénor ! Section des Spéciaux du site.


    2. Le chapitre Spécial n° 2 Hô sublime Antigone, ENFIN EN LIVRE NUMÉRIQUE ! Plus de 90 pages d'aventure, de mystères, d'illustrations et de commentaires personnels de l'auteur. La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices. Sur la section des livres numériques. N'oubliez pas que les téléchargements directs ( sur le site ) donnent droit à tous les formats et des bonus en plus pour le même prix (parfois moins cher ) que les librairies en ligne !


    3. Le chapitre Spécial n° 1 Le temps des cerises est GRATUIT JUSQU’AU 25 DÉCEMBRE INCLUS ! C’est un autre cadeau, si vous avez manqué ce premier pavé des aventures de nos héros ! La Révolution Castiks, cet évènement fondamental à la source de l’Exode qui enchainera sur la scission de l’Humanité. Que s’est-il donc passé pour qu’une royauté, plusieurs fois centenaire, s’effondre devant une poignée de rebelles idéalistes ? Bienvenue dans cette première partie de la trilogie consacrée à la Révolution Castiks.

    4. Et enfin, un nouveau flux Red Universe uniquement dédié aux mini-séries et aux hors-séries ! (typiquement : les chapitres présentés lors des soirées de Podradio 27/24 et les épisodes des Grosses têtes, mais également des bandes-annonces, etc... ). Vous pourrez donc revivre ces aventures, en épisode et avec tout le plaisir des premières fois :) Le bouton est disponible en tête des mini-séries dans la section des Spéciaux.


    5. One more thing, figurez-vous que Red Universe est désormais disponible sur la plateforme Deezer ! Il suffit de chercher « Red Universe » et le podcast sera proposé (pour des raisons techniques, on a juste le titre, mais ils feront peut-être un gros effort un jour ?)


Donc nous vous souhaitons au nom de toute l'équipe de Red Universe de très bonnes fêtes ! Mais vous n'êtes pas totalement seuls, car, en plus des cadeaux susnommés, vous aurez l'épisode 9 ce Mercredi 21 Décembre 2016 :) Le suivant, il faudra l'attendre au 4 Janvier, mais vous serez certainement bien assez occupés comme cela !

À très bientôt !

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RedU T1 Ch21 Ep08

Wed, 14 Dec 2016 05:14:00 GMT

Pour les fêtes de fin d’année, Red Universe vous a préparé de superbes cadeaux ! Rendez-vous le 17 Décembre sur http://reduniverse.fr/


« Réveillez-vous, agents Ralato et Stuffy »

La voix déformée parvint aux oreilles de Ralato, le tirant des brumes de la conscience. Stuffy revenait avec lui.
Mince… le truc que Heir nous a collé… je ne sais pas ce que c’était, on a tous les deux été paralysés… Tu es prêt ?
Non, mais on ne va pas avoir le choix. Balayage passif, deux personnes dans une pièce. Ce sont des Mentaux.
Ouais. On est assis sur une chaise, pas d’entraves. Ça va se passer entre esprits.
Vous êtes réveillés, je le sens. Nous vous attendions, retentit à nouveau la voix. Elle résonnait oralement, mais frappait également les défenses psychiques de Ralato.
Il est fort, dit le lieutenant, soudain soupçonneux. En fait, je ne connais pas beaucoup de personnes capables de ce niveau.

Il ouvrit les yeux.
Il se trouvait dans une haute pièce vide, éclairée par un néon encastré dans le plafond. Face à lui, une faible lueur pourpre dessinait la silhouette d’un large siège et d’un homme qui l’observait, la tête penchée contre sa main droite. Sa voix était déformée par un quelconque système, et ses traits invisibles, perdus dans l’obscurité.
Je me nomme Alpha. Je suis le chef des Mutualistes.
Le fameux… Vous êtes en état… d’arrestation, monsieur Alpha, grogna Ralato en se relevant difficilement.
Votre humour manque de mordant, lieutenant. Mais enchainons, vous connaissez déjà notre ami commun, ici présent.

Un bras se tendit vers la gauche de la pièce, là où se trouvait la seconde présence. Un petit ronronnement de moteur se fit entendre et un brancard motorisé pénétra le cône de lumière, à quelques mètres du lieutenant. Celui-ci ne put retenir sa surprise en reconnaissant la jeune personne allongée sur le lit, penchée en avant.
« Myan ! Toi ? Ici ? Mais alors, Alpha… »

Alpha se redressa et s'avança vers Ralato. Portant une main à sa gorge, il décrocha une sorte de barrette en demi-cercle fixée à sa peau et la laissa tomber sur le sol : le visage de Monsieur Heir apparut à son tour dans la lumière.

Un petit moment de silence flotta sur la scène…
… Puis les yeux de Heir se plissèrent et Myan serra les barres de soutien de son engin. Stuffy rugit dans l’esprit de Ralato, confirmant l’intuition du lieutenant.
« Attention, ils attaquent ! »
La vague psychique qui s’abattit sur le duo mêlait les flux de deux des plus puissants esprits que les agents des Forces mentales aient jamais affronté. Le choc fut ressenti autant par la pensée que dans le corps du duo. Ralato avait l’impression que sa boite crânienne se déformait sous l’intensité de l’attaque.
ILS… NOS BOUCLIERS ! ILS VEULENT LES PERCER !
NAN… NAAAN, ON NE VOUS LAISSERA PAS… FAIRE ! hurla Stuffy.
Au tressaillement d’une paupière de Heir, on devinait que le message s’était affranchi des limites physiques de Ralato.
Les yeux mi-clos de Myan et la transpiration dont les premières gouttes perlaient sur son front montraient que le jeune garçon approchait déjà des limites de ses capacités et que son flux diminuait en intensité. Monsieur Heir comprit tout de suite le danger et il serra les poings, contractant les muscles de sa mâchoire, fermant son regard. Sa puissance d’attaque en fut décuplée, révélant un Mental aux pouvoirs largement supérieurs à ce qui était connu.
Fabio mis à part, bien sûr.

Ralato tomba et mit un genou au sol, écrasé physiquement par l’immensité de la vague déferlant contre lui. Mais il tenait bon. En fait, c’était l’aide de Stuffy qui leurs permettait de résister, Myan perdant de ses facultés seconde après seconde.
Ralato, j’ai un plan ! Donne-moi une trentaine de secondes, peut-être moins. Je vais renouveler ce que j’avais fait avec toi dans les Amalaches !
Tu veux dire que tu vas plonger dans Heir ? Tu es fou, oublie ça tout de suite, répliqua l’autre. La puissance de Monsieur Heir/Alpha ne pouvait être contrée à deux de l’extérieur, alors y aller seul et de l’intérieur…
Non, je pensais à Myan. Ses défenses sont anémiques et il donne tout ce qu’il a sur… ouch ! Purée, ils sont usants… On ne tiendra pas, réglons son cas au maillon le plus faible et concentrons-nous sur Heir, ensuite.
Ralato fit également face à la nouvelle vague, griffant jusqu’au béton du sol sous la pression. Ils ne résisteraient pas longtemps, certes, mais leurs ennemis non plus. Derrière ce flux se trouvait-elle une nouvelle attaque encore plus importante ou Monsieur Heir venait-il d’atteindre ses limites ?
Une diversion. S’il trouvait un moyen de gagner les quelques secondes nécessaire à Stuffy… Comment avait-il terrassé Myan la dernière fois ? Il ne s’en souvenait absolument pas. Dommage.
Ralato ne voyait plus qu’une solution pour permettre au plan d’être mené à bien.
Je vais me retirer un peu pour la technique Prana-Bindu. Notre seule chance, c’est de faire diversion, que Heir soit suffisamment déstabilisé pour briser sa concentration.
Tu maitrises bien ça ? s’enquit Stuffy. Une fois, je l'ai réussie. C’était il y a longtemps et pas dans ce cadre-là,
T’inquiètes pas. Fabio fut le meilleur des enseignants. Tu tiendras ?
Laisse un pied devant la porte pour m’aider, mais vas-y ; ne t’endors pas en chemin !
Et Ralato se retira de l’esprit conscient, ne maintenant qu’une petite partie de ses capacités mentales pour soutenir, plus moralement qu’en pratique, son compagnon. Celui-ci ressentit immédiatement les impacts quasiment physiques sur le crâne, la douleur des vaisseaux sanguins augmentant la pression à leur extrême limite pour fournir l’oxygène et les glucides aux neurones soumis à un stress insoutenable.
Il perdait du terrain, c’était indéniable. L’effet avait débuté dès le recul de Ralato. Stuffy se représentait la scène comme un fleuve et une rivière d’énergie déferlant en un point unique de leur environnement : sa tête. L’agent mental ouvrit les yeux et son regard affronta ses adversaires avec autant d'agressivité que sa psyché.
Il recula encore, sentant même un renouveau du côté de Myan, sans doute encouragé par la faiblesse apparente de son adversaire. La situation devenait critique : le cerveau de Ralato, cette fantastique machine humaine, avait atteint ses limites physiologiques. Stuffy sentait un liquide couler lentement de ses narines, le gout âcre du sang vint humecter ses lèvres. Des hallucinations d’objets hétéroclites et translucides, tels une assiette, un briquet ou un cendrier, lui apparurent, le traversant.
Il ferma à nouveau les yeux, s’accrochant frénétiquement à un ultime esprit de résistance.
« Ralato… c’est… maintenant ! »
Étrangement, l’hallucination se poursuivit malgré ses yeux clos. Il dépassait ses capacités, c’était évident. Quand soudain…

… soudain, tout s’arrêta. Comme dans l’œil d’un typhon, la tempête rugissait, mais plus sur lui. Que se passait-il ? Il regarda autour de lui et découvrit Monsieur Heir qui se relevait, visiblement très surpris, à plus d’un mètre ; Myan était, lui, terrifié, comme face à un méchant cauchemar que l’on vivrait soudain dans la réalité.
La voix de Ralato lui parvint, alors que celui-ci reprenait possession de son corps. Il ne respirait pas non plus la grande forme, sans doute avait-il tout donné.
« STUFFY, VAS-Y ! »

L’autre ne réfléchit pas et s’élança vers l’esprit du jeune Souriant terrifié. Il contourna ses barrières aisément et plongea dans le cerveau ennemi, espérant pouvoir en revenir un jour.


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RedU T1 Ch21 Ep07

Wed, 07 Dec 2016 04:09:00 GMT

Pour les fêtes de fin d’année, Red Universe vous a préparé de superbes cadeaux ! Rendez-vous le 17 Décembre sur http://reduniverse.fr/


Retour sur Ex-One Média, votre chaine d’information, pour la dernière partie. Avec notre invitée, l’ancienne princesse Azala de MaterOne, nous allons aborder deux sujets, l’un concernant l’Exode et l’autre vous concernant directement, madame.
Tiens, ce n’était pas dans le script de l’émission ! Mais ce sera comme vous voulez, Ted. Dans ce premier sujet, nous parlerons du « Cercle de Khabit », n’est-ce pas ?
En effet. Notre journaliste Drisso El Nofello, sur Transporteur 4, a réalisé une interview, quelques minutes seulement, du professeur Schwarzkof, éminent savant recruté par monsieur Junta. Il revenait d’une réunion avec le Conseil des commandants, où ils avaient justement abordé un sujet concernant notre avenir immédiat.
Vous avez oublié d’ajouter « merveilleux » : le merveilleux monsieur Junta, sinon cela n’apparaitrait pas assez évident.

Non ? Ted, vous êtes bien pale, soudain…
… Tout de suite, l’interview du professeur Schwarzkof.

*
Bonjour à nos multispectateurs, nous sommes avec monsieur Schwarzkof, diplômé de l’université de MaterOne en astrodynamique des fluides. Professeur, vous revenez d’une réunion avec le conseil dirigeant l’Exode, pouvez-vous nous en donner le thème ?
Bonjour. Oui, je ne pense pas que cela soit un secret. Nous avons évoqué les résultats des recherches effectuées par mon équipe au sujet de deux artéfacts découverts de l’autre côté de la Passe de Magellone.
Et en quoi ces recherches peuvent-elles intéresser l’Exode ?
En fait, elles sont à associer aux évènements rencontrés lors de la traversée de la Passe. Les fameux fantômes de nous-mêmes que nous y croisions. Les artéfacts ont réagi de même, projetant des… des sortes de « souvenirs » les imprégnant. On y voyait une civilisation non humaine et de puissants appareils de combat. Nos tests suivants ont exclu une autre origine pour ces mirages.
Ce n’est pas rassurant. Le conseil et vous-même pensez que nous pourrions les rencontrer ?
La datation des artéfacts n’exclut pas cette possibilité. Ils nous sont contemporains, à quelques dizaines d’années près.
Et serait-ce lié à cet endroit dont le nom se murmure à voix basse, particulièrement chez les prisonniers pirates : le « Cercle de Khabit » ?
Je ne peux, hélas pas répondre à cette question. Nous n’en savons rien, nous ne pouvons que proposer des hypothèses. Et l’une d’entre elles dit qu’effectivement, si l’on se base sur la technologie apparue dans les « souvenirs » des artéfacts et si l’on retient la quasi-inviolabilité de cette zone, c’est envisageable. J’ajoute que le nom de ce lieu est connu bien au-delà des pirates, on évite en général de le prononcer, même sur la station Piñata el grande.
C’est pour cela que les commandants Décembre et Junta vont s’y diriger avec leurs transporteurs, sans les autres vaisseaux de l’Exode ?
Je n’ai jamais dit cela. Vous en savez, sans doute, plus que moi.
Ce sont des rumeurs persistantes qui circulent parmi les hauts gradés. Les informations obtenues par nos journalistes sur l’Exode sont assez concordantes.
Je ne peux que vous croire. Nous verrons bien.
Hé bien, merci pour le temps que vous venez de nous accorder, professeur Schwarzkof. Nous vous souhaitons bonne continuation pour ce voyage et dans vos recherches.
Merci à vous également, et bien le bonsoir.

Madame Azala, l’Exode va donc se scinder à nouveau ?
Je ne confirme ni n’infirme rien, Ted. Je laisse le Conseil des commandants décider seul de son agenda de communication.
Donc, vous connaissez la réponse. Et cette histoire d’artéfacts, avez-vous un avis dessus ou est-ce également hors d’un quelconque agenda ?
Je connais un de ces artéfacts. Je me trouvais avec le marchand Broto lorsqu’il nous l’a proposé, en échange d’une place à bord de l’Exode. Si l’objet en lui-même s’est révélé plus passionnant que prévu, les conséquences de la présence de ce monsieur et de son faux fils ont été… dramatiques.
Certes, mais le politicien Junta a quand même bien réagi en nommant, dans le plus grand secret, un collège d’experts avec le professeur Schwarzkof à sa tête, non ? Nous serons ainsi prêts à faire face, quoiqu’il arrive dans l’avenir.

Vous ne répondez pas, madame Azala ?
… L’Exode devra faire face, quoiqu’il arrive, à de nombreux dangers… Et se croire trop en sécurité peut entrainer, à tort, certaines personnes vers une forme de servilité des plus… méprisables.

Vous ne répondez pas, monsieur Maos’n ?
Je pense que notre journal touche à sa fin, je vous remercie pour…
Vous aviez une seconde demande, non ? Si je puis y répondre, ce sera avec plaisir, Ted.
Ah oui, la… question. Vous êtes donc l’ancienne princesse de MaterOne, la fille du roi Magnam IV et votre garde du corps de l’époque est toujours à vos côtés, dans le studio ici même d’ailleurs. À ce titre, quelles ont été vos implications dans le régime de terreur qui s’est abattu sur tous, dans les dernières années de la royauté et en particulier lors de la Révolution Castiks ?
La grande Révolution Castiks cache encore bien des secrets, Ted. Personnellement, mes possibilités d’action étaient limitées : mon père, et surtout le milieu royaliste en général, acceptait mal l’idée qu’une femme puisse prendre de hautes responsabilités.
J’ai agi autant que possible pour que la situation ne dégénère pas, mais la diplomatie est impuissante dans un monde de haine et de suspicion. Je sais que mon nom et celui de ma lignée resteront à jamais marqués de l’opprobre des hommes. Et je ne peux les en blâmer. Voilà, Ted.
Peu efficace et coupable indirectement, donc ?
Je me souviens avoir fait disparaitre une note du maréchal Trumont demandant la mise sous tutelle militaire d’une partie de la presse et des rédactions. Cette mesure me révulsait. Peut-être vous trouviez-vous sur cette liste, Ted Maos’n ?
Nous ne le saurons jamais. Merci d’être venue et c’est ainsi que se termine votre journal d’information d’Ex-One Média. Rendez-vous à notre prochain numéro.

… et votre soi-disant majesté de merde ne devrait même pas avoir le droit de… haaaa, aïe, ça fait mal, bon sang !
Laisse-le, Melba. C’est juste un idiot. Partons.


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RedU T1 Ch21 Ep06

Wed, 30 Nov 2016 04:57:00 GMT

Pour les fêtes de fin d’année, Red Universe vous a préparé de superbes cadeaux ! Rendez-vous le 17 Décembre sur http://reduniverse.fr/


« …l’intérêt que le présentateur à de toujours aller à l’encontre de … »
Retour sur Ex-One Média, votre chaine d’in… D’INFORMATIONS ! Derrière ma voix, vous entendez celle de l’ex-princesse Azala, notre invitée aujourd’hui. Princesse, vous vouliez dire quelque chose d’utile ?
Rien qui vous passionne, d’autant plus que le sujet suivant va être très stressant. Allez-y, nous écoutons…
… Heu, oui. Donc notre envoyé spécial à bord de ce transporteur, Rabsky Benkous, nous a rejoints pour aborder les conséquences du drame qui nous a frappé. Bonjour Rabsky, pouvez-nous nous donner un bilan de cette traversée de Magellone ?
Bonjour Ted. Les chiffres que je vais vous indiquer vont être annoncés officiellement ce soir et…
…excusez-moi  ! Vous avez accès à des documents non diffusés  ? J’ignorais que votre patron commençait à "jouer" avec le Conseil des commandants.
… ce bilan provient effectivement d’une source haut placée, que ma déontologie journalistique m’interdit de révéler, madame Azala. Ted, si vous le permettez, je poursuis ?
Mais allez-y, Rabsky. Nous sommes tout ouïe.
Deux transporteurs sont perdus, soit presque un tiers de nos vaisseaux. Le nombre de victimes de la grande attaque pirate, ainsi que de l’épidémie chez les Octotes du T2 et des disparitions dues aux conditions de la Passe elle-même est impressionnant. Sept-mille-trois-cent-quatre-vingt-quinze morts et vingt-deux-mille-six-cent-douze blessés (dont une large majorité par l’attaque pirate) sont à déplorer. Mais ce n’est qu’une broutille comparée à l’autre drame, devrais-je dire le drame principal…
Je vois ce que vous voulez dire… Transporteur 3.
Oui, Ted. Trois-cent-cinquante-mille disparus, tous rayés de la vie de cet univers, en un claquement de doigts. C’est unique dans les annales spatiales, on n’avait jamais atteint de telles pertes.
J’interviens pour signaler, si vous ne le savez déjà, qu’une grande soirée de recueillement va être organisée dans trois jours pour, sinon enterrer nos morts, au moins aider les familles dans leur deuil. Il se tiendra…
… Sur Transporteur 7 de la Commandante Benkana. Oui Princesse, merci. À cette occasion, Ex-One Média diffusera en direct l’intégralité de ce moment émouvant. Nos multispectateurs voudront certainement y participer, autant que faire se peut.
Certes, ce sera un moment émouvant à partager, mais également un moment d’unité. Ne pas oublier cette unité, monsieur Maos’n.
Rabsky, nous poursuivons ?
Bien sûr, Ted. Donc, des pertes humaines, mais aussi de lourdes pertes en matériels, et surtout en ressources (provisions, Lithium, pièces détachées… la liste est longue). Cyniquement, si la destruction de Transporteur 6 a porté un coup très dur, la majorité de ces exodés sont revenus, mais leurs réserves ont disparu. À ce titre, ce qui est arrivé à Transporteur 3 est plus… gérable du point de vue de la « survie globale », j’entends.
Certains de vos journalistes ne manquent pas de cynisme à Ex-One Média, dites-moi Ted.

Mmoui… Rabsky… enchainons. Vous vouliez nous parler des prisonniers pirates, n’est-ce pas ?
Oui en effet. Je m’excuse d’avoir préalablement paru détaché dans la comptabilité des victimes et de leurs conséquences, mais j’estime que notre Exode se doit de… garder une tête froide, malgré tout, et de penser aux survivants.
Vous avez raison : un peu moins d’un demi-million de victimes, restons calmes… Vous vous enfoncez, jeune homme ! Et sinon, qu’allez-vous donc nous conseiller pour les pirates  prisonniers ? Je pense avoir une idée de ce qui va suivre : vous trouvez qu’avoir négocié leur libération est un acte touchant à la trahison envers toute la communauté des Exodés et qu’on aurait dû les juger, un par un ?
… oui. Ce sont des monstres sans foi ni loi, ils ne méritent pas notre mansuétude !
Ce sont des hommes et des femmes que nous ne pouvons pas passer au fil de l’épée parce que c'est contraire à ce pour quoi nous avons fui MaterOne !
Ces gens n’ont pas de principes ! Nous ne devons leur en accorder aucun !
… Rabsky ! S’il vous plait..
Le nombre de survivants chez les pirates est de un pour quinze, le prix qu’ils ont payé pour leur attaque est largement supérieur au nôtre ! Et pour les quelques centaines qui restent, je ne vois pas comment nous pourrions tous les soigner, les juger et les condamner sans y passer des années.
On peut accélérer les jugements, il existe des procédures spéciales…
… qui ont été unanimement réprouvées dans la charte même de notre Flotte ! Dites-moi, monsieur Benkous, vous êtes certain que vous n’avez pas pris le train de l’Exode par erreur ? Autre chose, vous êtes journaliste sur Transporteur 1, celui-ci, disait Ted, non ? L’attaque pirate n’a été qu’une information à votre arrivée, pourquoi tant de haine ?
Madame la princesse, Rabsky… s’il vous plait ! Concentrons-nous sur les prisonniers, voulez-vous ? Voici une interview que nous a accordée le médecin-chef de Transporteur 2, le docteur Blame. Il a été diligenté par le Conseil des commandants pour aider, rapporter et centraliser l’assistance médicale aux prisonniers. Je vous rappelle que ceux-ci sont répartis sur tout l’Exode. Écoutons-le donc, interviewé par l’envoyé spécial sur T2, Dave le limier.

Docteur Blame, merci de nous accorder cette interview. Vous êtes le médecin en chef du second transporteur de l’Exode, mais également le rapporteur, pour le Conseil des commandants, des conditions sanitaires de la détention des pirates. Qu’en avez-vous conclu ?
Hé bien, je dirais que, dans l’ensemble, le minimum vital est présent. Nous avons pu constater que la qualité de la captivité dépendait fortement du lieu. Je peux vous dire qu’il vaut mieux être prisonniers sur Transporteur 4 ou 2, par exemple. Les autres sont dans la moyenne…
… on parle pourtant de Transporteur 7 comme d’un point noir sur votre carte ?
Certes, mais nous avons pu améliorer la situation ces derniers jours. Sans être idéal, ils reçoivent un traitement digne et sont maintenant suivis avec, sans doute, un peu plus d’attention.
C’est à dire ? Décrivez-nous donc ce traitement qu’ils recevaient auparavant.
Transporteur 7 a subi de plein fouet l’attaque pirate et seul un mouvement de colère, proche de l’hystérie collective, leur a permis de remporter la victoire. Nous avons connu la même chose, il y a plusieurs mois à bord de Transporteur 2, vous le savez comme moi, car vous y étiez. Ne demandons pas trop aux Exodés et essayons de calmer la situation.
C’était grave au point que vous ne voulez pas en parler ?
Les pirates ne sont pas des chatons, mais ils restent des êtres humains, comme nous tous. Excusez-moi, mais je dois retourner à mes obligations. Merci.

Madame Azala ? Vous êtes la Médiatrice officielle de votre transporteur. Nous vous écoutons.
Merci, Ted. Comme vous venez de le rappeler, ma fonction m’a conduite à m’intéresser au sort que l’on réservait aux pirates.
« Ils peuvent crever ! »
Rabsky, vous êtes à l’antenne ! Excusez-nous messieurs-dames, et vous aussi, Princesse. Poursuivez, je vous prie.
Vous savez, les opinions de votre journaliste sont partagées par de nombreuses personnes. C’est bien cela que j’ai dû combattre, un peu seule je vous l’avoue, jusqu’à ce que le Conseil des commandants rencontre la chef des pirates. À partir de ce moment, nous avons pu obtenir toute l’aide nécessaire.
Est-ce à dire que madame la commandante Benkana, votre compagne, ne satisfaisait pas à vos exigences d’équité ?
Arrêtez avec vos piques. C’est exactement comme l’a expliqué le docteur Blame, que je tiens par ailleurs à remercier ici, et publiquement, pour son implication et sa fougue humaniste. Nous devions tenter de faire comprendre à une population, qui venait de frôler la folie, que l’état de droit était revenu et que les soldats ennemis avaient justement des droits. Peu, je précise, car ce sont des prisonniers de guerre, pas des civils. Je vous confirme également que, maintenant, les brimades ont cessé, certains responsables ont été remplacés et les pirates un peu mieux répartis dans la flotte.
J’insiste sur un point : la Commandante Benkana a parfaitement saisi ses obligations humanitaires, et il ne saurait être question de mettre en doute ses intentions pacifiques. Elle est également membre de ce Conseil des commandants qui a, justement, pris les bonnes décisions et fourni les moyens adéquats.
Soit. Nous en resterons donc là, en attendant des nouvelles sur le mode opératoire de la libération des pirates. Des informations là-dessus, peut-être ?
Je n’en ai malheureusement pas. Tout ce que je puis vous affirmer, c’est que cette situation ne devrait pas se prolonger longtemps.
Une estimation ?
J’estime que c’est l’heure de la publicité, Ted. À tout de suite, dans Ex-One Média !


Soutenez Reduniverse.fr - Prod: PodShows, Réa: Raoulito, Relecture: Kwaam, JMJ, Acteurs: Icaryon (Maos’n), Elioza (Azala), Lorendil (Dave le limier), Akira ( Blame), Dir acteurs : Andropovitch, Derush: Zizooo, Compo: Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch21 Ep05

Wed, 23 Nov 2016 20:45:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livre numérique !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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« Bonjour à tous, vous êtes bien sur Ex-One Média, et c’est Ted Maos’n en direct du Transporteur 1 pour l’édition du soir !
Voici les titres de l’actualité :
Retour sur cet épouvantable carnage de l’attaque du premier convoi. Seront présents nos journalistes, en première ligne, qui ont fort heureusement survécu au drame : Foudia Hacham et Angélus Air.
Puis, avec Rabsky Benkous, nous parlerons de l’avenir de l’Exode, car il faut malgré tout aller de l’avant. On évoque des… des négociations avec les pirates  prisonniers.
Enfin, ce sera avec notre invitée que nous aborderons les préparatifs du départ et ce qui se murmure dans les couloirs, une nouvelle scission de l’Exode à l’approche de notre prochaine étape : le Cercle de Khabit… »

Alors le moment est venu de vous présenter notre invitée. Princesse, nous vous remercions d’avoir enfin accepté de débattre, avec nous et nos envoyés spéciaux, de l’actualité. Bienvenue à vous !
« Enfin », n’est-ce pas ? Je pense que les sujets qui vont être évoqués aujourd’hui requièrent tant l’attention de nos commandants, que l’Exode ne pourra malheureusement profiter que de mes modestes analyses.
Mais nous les avons toujours attendues ! La perspicacité de l’ancienne héritière de toute l’humanité est bien connue, ainsi que votre proximité avec la commandante Aurora Benkana de Transporteur 7. Comment avez-vous survécu à l’invasion pirate, ces heures n’étaient-elles pas trop longues, enfermée comme vous l’étiez dans le centre de commandement ?
Malgré tous les sarcasmes que l’on peut entendre concernant la stratégie de défense : corridor par corridor, pont après pont puis le tragique décompte des victimes, tout cela ne m'a pas permis de passer du temps avec ma manucure… si c’est de cela dont vous parliez, Ted.
Vous jouiez à la maitresse de guerre ?
Certains jouent bien aux journalistes. Donc, tout est possible.
… heu… Bien. Une page de publicité et nous revenons avec Foudia et Angélus qui s’installent en ce moment sur le plateau. Ne zappez pas !
Ok, écoutez : je ne fais que mon boulot ! Pas la peine de me prendre de haut avec vos grands airs de…

… si vous voulez que je vous considère comme un journaliste, alors agissez comme tel et…
… et retour dans votre édition du soir d’Ex-One Média en… direct. Sur ce plateau, l’ex-Princesse de MaterOne, Azala, qui nous honore de sa présence. Mais également, pour approfondir les sujets, Foudia Hacham qui était envoyée spéciale sur Transporteur 6 de feu le colonel J.F.Hill. et Angélus Air, envoyé spécial d’Ex-One Média sur Transporteur 5 du colonel Sterling-Price.
Bonsoir à vous deux. Avant d’aller plus loin, quelques images de la cérémonie funèraire de John Fidgerald Hill qui a marqué ce que l’on pourrait appeler la conclusion de l’attaque pirate. Au milieu du grand hangar aux appontages de ce vaisseau, vraiment plein à craquer, on voit le cercueil du colonel J.F.Hill porté par les autres commandants de l’Exode. Vous étiez aux premières loges, Princesse, peut-être pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
C’était un moment d’une force incomparable, Ted. Le colonel Hill représentait l’idéal de la révolution Castiks et avait activement participé à préparer l’Exode. Je pense que par leurs gestes, par les oraisons qui ont été prononcées, on sentait un réel moment de cohésion de tous et de toutes, quelles que soient leur personnalité ou leurs opinions. Nous avons tous pleuré, Ted, souvent en secret.
Votre discours sur la grandeur de l’homme a marqué les esprits. Votre culture littéraire exultait dans ce texte.
Merci, Ted. J’ose espérer que le message fut aussi remarqué que la forme ! Hill et ses soldats sont morts pour que nous puissions aller de l’avant. Mais ce n’était pas dans un esprit de haine ou de guerre, c’était une idée de liberté et de justice qui guidait leurs pas.
J’étais également présente, Princesse, je voudrais vous dire combien tous ont été émus par votre message qui a été très bien reçu !
Merci, Foudia. C’est grâce à la volonté de tous que l’Exode ira de l’avant, n’est ce pas, Monsieur Maos’n ?
Oui… oui, madame Azala. Angélus, parlez-nous de votre expérience. Que s’est-il passé sur votre transporteur lors de l’attaque pirate ?
C’était assez impressionnant, Ted. J’en profite pour joindre mes félicitations à celles de Foudia pour votre éloge de J.F.Hill, Princesse. C’était vraiment émouvant.
Merci, Angélus, cela me va droit au cœur. Ted, vous faites de drôles de geste ?
Heu, je… j’essaye de… de tenir mon rôle et les délais, malheureusement. Donc, Angélus, cette attaque ?
En fait, les hommes du colonel Sterling-Price étaient parfaitement organisés, je dirais même qu’ils avaient été entrainés pour cela. On ne peut pas dire que nous ayons été pris au dépourvu, saufs peut-être dans les premières secondes et encore ! Je vous donne un exemple : lorsque les pirates ont percé la coque pour pénétrer dans le transporteur, les zones où ils sont entrés étaient déjà vides depuis quelque temps. Il ne restait sur place que peu de troupes destinées à leur faire croire à une résistance importante. De fait, ils ont tergiversé de précieuses minutes et, lorsqu’ils sont repartis à l’assaut, ils n’ont rencontré que des pièges et des chaussetrappes !
Des chaussetrappes, Angélus ? Expliquez à nos multispectateurs ce que cela signifie.
Alors que l’on terminait d’évacuer les populations, les ingénieurs reprogrammaient les systèmes pour inverser les cartes, changer des valeurs, jusqu’au numéro des ponts. Pire, pour les pirates, certaines directions les conduisaient directement dans des zones de décompression, quand ce n’étaient pas simplement de longs couloirs difficiles d’accès et à l’extrémité condamnée.
Excuse-moi de t’interrompre, Angélus, mais les araignées d’antimatière, comment les arrêtiez-vous ?
Ils ont commencé à avoir des doutes lorsque plusieurs de leurs groupes ont décompressé dans l’espace. Ils ont donc réfléchi à deux fois avant de désintégrer les parois et les sas !
Bien vu ! Le colonel Sterling-Price est renommé pour ses connaissances en stratégie. Merci, Angélus. Et vous, Foudia ? Il semble que, justement, la résistance ne fut pas aussi ordonnée sur votre transporteur. On raconte que l’ancien guérilléro (J.F.Hill) a abandonné son poste pour un face à face courageux, certes, mais inutile pour la survie de tous.
Tiens, comme le dit Monsieur Junta ?
Pardon, Princesse ?
Rien Ted, je réfléchissais à voix haute. Foudia, qu’avez-vous pensé de la coordination des pirates, privés de leur chef ?
Clairement pas beaucoup de bien, Madame. Au début, ils avaient un plan, c’est certain, mais rapidement ils ont perdu l’avantage de l’offensive. En fait, lorsque les membres du transporteur ont pu contrattaquer en les piégeant entre les deux ponts qu’ils ont fait exploser, ils ne savaient plus que faire.
C’est dans les barges d’évacuation qu’on me l’a expliqué. Le colonel n’avait jamais abandonné ses équipes, sa canne restait reliée à tout le système, il aurait même pu relancer les réacteurs s’il l’avait voulu. Mais plutôt que de tenter de fuir, il a préféré emporter les pirates et leur chef avec lui, après avoir laissé le temps à tous les Exodés d’évacuer. Angélus m’avait d’ailleurs expliqué, hors antenne, qu’en analysant les batailles et leurs déroulements, certains officiers du colonel Sterling-Price pensaient que la volonté de détruire le transporteur était présente dès le début chez le sénéchal Pétrovach. Nous, les Exodés du colonel Hill, avons subi la pire attaque de l’invasion du premier convoi. C’est un avis qui tend à faire l’unanimité des analystes.
Voilà, Ted.
Parfait, merci Foudia. Toi et Angélus pouvez maintenant céder la place à Rabsky.
On se retrouve après cette page de publicité, à tout de suite !
« Je n’ai pas le droit de donner mon avis ? Pourtant je suis l’invitée ici, non ? »


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RedU T1 Ch21 Ep04

Wed, 16 Nov 2016 04:39:00 GMT

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Le sac hermétique numéro douze avait été scellé comme beaucoup d'autres, durant la première heure. On tenait la civière du contramiral pour qu’il puisse être assis, face à celle qu'il aimait. L’aspirante rongeait son frein : deux orthoptères étaient déjà en route pour récupérer le ministre. Compte tenu de la situation, le fait qu’il ait survécu prenait une tournure capitale pour toute l’humanité : chaque minute comptait.
Ouvrez… le sac.
Mais Amiral..
OUVREZ-LE
Elle fit signe à un des préposés qui glissa la lame d’un cutteur sur le pourtour supérieur du sac, puis il saisit l’un des bords et le souleva suffisamment pour que Poféus en voie bien le contenu. Fakir détourna la tête vers les arbres arrachés, au loin. Aucun des corps retrouvés dans la résidence n’était entier. En fait, souvent, on n’avait découvert que quelques morceaux, des tissus brulés et mêlés aux restes des vêtements, des os calcinés. Et cela valait peut-être mieux pour eux, plus le corps était détruit, plus la mort avait été rapide. Et le cadavre de la femme dans le sac numéro douze ne faisait pas exception.
Elle entendit alors, derrière elle, quelque chose d’inattendu. Une réaction déplacée… malsaine.

« hé… hé… ha, ha, HA HA HA HA, HA, HA ! »

Le contramiral riait à gorge déployée, luttant contre une quinte de toux qui lui enrayait la voix. Tous l’observaient, ne sachant quelle attitude adopter. Fakir perçu une pointe de démence, derrière ce rire qui montait vers les aigus entre chaque crachat expulsé par ses poumons. Elle fit signe de refermer le sac et d’éloigner la civière sans demander l'avis de Poféus. Il se trouvait en état de choc, c’était une évidence, elle n’aurait jamais dû céder à sa requête ; la vue du corps meurtri de la femme qu’il aimait l’avait profondément touché.

Il s’était tu lorsque, sous la tente, on lui avait administré un calmant, les examens complémentaires ne faisaient que confirmer les premières observations : quelques contusions et un état de choc posttraumatique. Le contramiral Poféus sortait indemne du terrible attentat terroriste le visant personnellement. On pouvait crier au miracle, sans retenue.
Un des deux orthoptères s'était posé à une dizaine de mètres, les turbines allumées tandis que l’autre, tel un aigle à la recherche d’une proie, effectuait des cercles autour de la propriété. Plusieurs groupes de chasseurs des forces spatiales passèrent à haute altitude, la nouvelle que le ministre responsable des services de sécurité planétaire avait survécu circulait déjà et les Mutualistes devaient forcément se tenir informés.
L’aspirante Fakir expliquait aux médecins que la section médicale des Forces Mentales allait prendre le relais et qu’on devait évacuer immédiatement leur chef, lorsque celui-ci lui fit signe. Elle s’approcha, toujours inquiète de ce petit sourire qui ne le quittait pas, dominée par ce regard où une étincelle noire laissait présager en permanence les pires intentions.
Monsieur ? Nous allons vous transférer d’ici quelques minutes.
Oui ma petite, bien sûr… Cont… contacte le central des com  et dis-leur d’activer le plan Poisson à pattes. Et bouge tes jolies fesses, c’est très urgent.
« Poisson à pattes ». Heu, je… oui, Amiral !
Fakir couru vers l’orthoptère, troublée. Elle n’avait pas souvent eu l’occasion de se retrouver en présence du ministre, mais elle était certaine que ce style de langage ne lui était pas coutumier. Dès son arrivée, on lui donna un casque et elle transmit l’ordre, ignorant comme probablement les opérateurs des communications de MaterOne Centrum de quoi il retournait. Déjà, on amenait la civière du contramiral où celui-ci reposait, les yeux fermés, les doigts croisés sur la poitrine, un petit sourire vissé sur les lèvres. Une véritable icône de la méditation bienheureuse, et cela ne pouvait qu’inquiéter au plus haut point l’aspirante. Elle se promit de transmettre un rapport au lieutenant Ralato dès son arrivée, le contramiral n’était pas en état de reprendre du service, c’était évident.
Il fut installé dans un des fauteuils de l’arrière, spécialement aménagé pour les déplacements des personnalités et Fakir claqua personnellement la porte alors que l’appareil s’élevait. Les paupières de Poféus ne s’étaient pas ouvertes, le sourire était moins prononcé, presque inexistant. Peut-être l’état de choc s’estompait-il ?

Quelques minutes plus tard, l’orthoptère se posait en douceur sur le toit du ministère de la Sécurité. Le contramiral surprit tout le monde en demandant à pénétrer dans le bâtiment debout. On pouvait l’aider et le soutenir, mais il voulait marcher, alors Fakir passa son bras gauche autour de ses épaules tandis qu’un subordonné prenait l’autre bras. Les pieds du ministre progressaient avec difficultés, il était aisé de sentir combien l’homme souffrait de ses contusions lui constellant tout le corps. Mais son petit sourire s’affichait à nouveau et son regard présentait toujours cette étincelle malsaine. En fait, la jeune femme avait la sensation que cela avait empiré.
Il refusa d'aller à l’infirmerie et ils durent l'aider à atteindre laborieusement son bureau où il demanda simplement, un peu essoufflé par les efforts qu’il s’était imposés :
« Fakir… Va voir pour un rapport avec toutes les nouvelles. Je veux savoir où on en est. Et dis aux toubibs qu’ils peuvent venir ici, mais je ne quitterai pas mon antre. Ce bureau, c’est… ma tanière, tu comprends ? Aller, hop ! Dépêche-toi…

Il fait chaud, non ? On ne peut pas baisser un peu le thermostat… ? »

Elle revint quelques minutes plus tard, suivie d’un colonel mental qui la doubla, la toisant, et déposa un épais rapport sur le bureau du ministre. Il présenta oralement la situation : le président et les membres du Conseil de la Révolution étaient morts, Heir en fuite avec les Mutualistes et le lieutenant Ralato capturé.
« Mais c’est une manie chez lui de se faire avoir par cette bande de raclures ? Je ne vais pas passer mes mandats à lui courir après, merde ! »
Personne ne broncha dans la pièce. D’abord, il n’était pas d’usage de commenter les colères du contramiral, mais surtout, les termes employés surprenaient au plus haut point. Le colonel jeta un regard à l’aspirante, celle-ci hocha doucement la tête : elle n’était pas la seule à trouver le comportement de leur chef étrange. La situation ne laissait pourtant pas de choix possible : le contramiral Poféus était la dernière personne avec un pouvoir exécutif légitime, alors que l’état vivait une crise sans précédent depuis la révolution Castiks. On devrait lui confier les rênes, quoi qu’on en pense.
Le communicateur sur le bureau sonna et le ministre, contre toute attente, fit signe à Fakir de répondre tout en se grattant la nuque. La jeune femme s’exécuta, décrocha le combiné et transmit l’information :
« Monsieur, un individu reconnu comme le professeur QuartMac demande à vous rencontrer. Que devons-nous faire ? »
Poféus se redressa soudain, l’air joyeux, ouvrant des yeux plus noirs que jamais.
« QuartMac, ce vieux traitre ? Mais qu’il vienne, bien sûr ! Un peu de sport me fera le plus grand bien… Hi, hi, hi, ha, ha, HA, HA, HA ! »
Et il se lança à nouveau dans un rire à la limite de la démence…


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RedU T1 Ch21 Ep03

Wed, 09 Nov 2016 04:59:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livre numérique !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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Une dizaine de corps gisaient alignés, empaquetés dans des sacs mortuaires. L’aspirante mentale Fakir vérifia une nouvelle fois l’identité de chaque cadavre avec sa liste, énumérant consciencieusement les numéros d’identification et les comparant, un à un. Les blessés les plus graves étaient déjà partis en orthoptère et, d’après les dernières informations, ils s’en sortiraient presque tous. Il s’agissait surtout des tireurs et des gardes répartis dans la forêt, ils avaient été soufflés avec elle. Le petite femme resta quelques secondes pensive devant l’alignement morbide, ses cheveux bruns mi-long ondulaient doucement dans la brise venue du sud.
Mais assez rêvé : on l’avait entrainée à ce genre de situation et c’était l’heure du rapport des fouilles. Sur le chemin de la grande tente blanche où l’on donnait les premiers soins, elle activa son communicateur. À une centaine de mètres de là, les excavatrices poursuivaient avec précautions leur travail dans le cratère, creusant et dégageant les gravas à la recherche des dernières personnes manquantes. On entendait les chiens des secouristes aboyer de temps en temps, noyés dans la poussière de béton omniprésente. Parmi les absents, le plus important était évidemment dans tous les esprits : le contramiral Poféus.
Ici Fakir, des nouvelles ?
Rien de neuf, mais nos senseurs sont bloqués par la dalle sous la résidence. Seul détail certain, un nouveau corps apparait à moitié en radiométrie, çà lui est tombé dessus, on sera sur lui dans… oui ? Et c’est… ? Bon, je viens… Excusez-moi, on me signale une sorte de faille dans le béton, je vais voir.
Parfait, tenez-moi au courant.
L’aspirante entrait sous la tente improvisée, se préparant à mettre à jour une seconde liste lorsque son communicateur vibra à nouveau.
Fakir.
Madame, venez vite ! C’est incroyable, on a un survivant ! Il répond aux coups sur les barres de soutien, on met tout le monde dessus !
J’arrive !
Elle n’osait y croire. Dans la résidence, personne n’avait survécu, c’était le centre de l’impact : le Lithium s’y était enflammé à des températures de plusieurs centaines de milliers de degrés, fondant la pierre. Un survivant, là-dedans ?
Elle enjamba plusieurs blocs moulés expulsés de leurs sculptures et descendit dans le cratère en direction des excavatrices. Presque tous les ouvriers s’étaient regroupés derrière une des machines et celle-ci levait lentement son puissant bras mécanique pour soulever une portion de dalle. Fakir manqua de glisser par deux fois, puis arriva enfin à la hauteur du chef de chantier. On la laissa passer et elle put contempler la scène.
Au milieu des chiens qui aboyaient, on extirpait de sous les décombres un des gardes, la tête broyée, mais le corps intact. Elle soupira :
Une fausse alerte…
Nan, Madame. Les coups viennent de derrière lui. Regardez la dalle, elle est à moitié fondue, un mètre cinquante de béton armé ! Sous l’impact, deux pans entiers se sont superposés et ce garde était une cinquantaine de centimètres trop en avant, il a reçu la partie avant qui… Écoutez !

Dong, dong…
Des coups résonnèrent le long d’un morceau de canalisation. À quelques mètres, un ouvrier répondit avec une grosse pierre sur le métal. Le chef de chantier motiva ses troupes, l’heure n’était pas à la contemplation.
Allez-y ! Douuuucement, tout doucement… Là, un bras qui bouge ! Il est couvert de poussière, mais il remue !
C’est une main âgée. Il n’y avait pas beaucoup de gens âgés parmi ceux qui étaient présents lors de l’attentat.
nota l’aspirante, emplie d’un nouvel espoir. On tira lentement la personne, rien ne semblait la retenir. Se pourrait-il qu’aucun membre n’ait été meurtri ?
Le contramiral Poféus inspira une immense bouffée d’oxygène quand on le sortit enfin entièrement de son abri de fortune. On le fit assoir et deux médecins l’examinèrent sommairement, vérifiant ses réflexes musculaires, l’intégrité de son squelette, sa tension…
L’aspirante Fakir apporta un verre d’eau tandis qu’on mettait une couverture sur les épaules du ministre. Il ne présentait que quelques blessures superficielles, mais un bilan complémentaire allait suivre sous l'abri. On l’installa avec précaution sur une civière, portée par deux infirmiers bien bâtis. Fakir n’eut pas besoin de sa formation de Mentale pour noter le respect visible des secouristes pour cet homme revenu de l’enfer. Ils étaient impressionnés et elle-même ressentait une certaine fierté de travailler sous les ordres de cet indéfectible survivant. Sur le chemin, elle put recueillir le premier mot que son chef prononça :
C… Caland.. Cal..
Amiral, ne forcez pas, il faut vous reposer.
CAL… CALANDE !
Je pourrai vous présenter un bilan sommaire quand vous serez…
OÙ EST… ELLE ?


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RedU T1 Ch21 Ep02

Wed, 02 Nov 2016 05:00:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livre numérique !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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Le lieu présentait l’apparence d’une salle de cinéma ordinaire à laquelle on aurait retiré la moitié des places. Les paliers étaient plus larges, les fauteuils plus confortables et équipés de plateaux individuels et de communicateurs.
Ralato pénétra en courant parmi les derniers, il suivait ainsi les consignes de Stuffy. D’un balayage mental rapide, il confirma que les deux Mutualistes du balcon supérieur venaient d’être abattus, tandis qu'il enjambait les corps de trois preneurs d’otage en se dirigeant vers les ministres attachés à leurs sièges.
Le silence était retombé dans la salle. Les cris et les sommations, les sifflements étouffés des tirs… il ne restait plus qu’un léger fumet de poudre flottant en certains endroits. Une intervention rapide et efficace.
« Contactez les troupes, ambulanciers et milice, et passez-moi cet endroit au crible. Je veux un maximum d’indices sur la méthode qu’ont employé ces gars pour arriver jusqu’ici ! »
ordonna Ralato d’une pensée.
Il s’approcha du président du Conseil. Pas besoin d’échanger plus d'un regard avec les commandos qui l’avait précédé : le vieil homme était mort, cérébralement parlant. La tête penchée en avant, les yeux ouverts, de la bave coulait de sa bouche béante… mais le cœur battait encore.
Les Mentaux apprenaient, dès leur première année d’université, qu’un corps pouvait vivre plusieurs heures, voir plusieurs jours pour les plus résistants alors que l’esprit était mort. On « brulait », il n’y avait pas d’autres mots, les parties supérieures, conscientes et inconscientes, du cerveau d’une très forte attaque psychique. Les ultimes fonctions reptiliennes commandant les réflexes nerveux, telles la respiration ou l’adaptation des pupilles à la lumière, pouvaient être épargnées et le système digestif conservait encore un temps sa propre entropie. Vu aux infrarouges et aux balayages mentaux, il était impossible de deviner le stratagème sans un encéphalogramme (ou une certaine expérience, comme ici). Stuffy constata d’une voix amère :
Et il n’est pas le seul, regarde les autres… Tous grillés. Saloperie, on est arrivé trop tard.
Heir a toujours ses boucliers levés et il n’y a qu’un groupe de Mentaux de haut vol qui peut réussir une telle série de décérébration.
Il est là-bas, déjà sous surveillance.
Deux hommes se tenaient à distance du politicien, doigt sur la gâchette. La consigne était de ne pas le quitter du regard, barrières psychiques levées comme il se doit pour une intervention des Forces Mentales. C’était les ordres directs de Ralato, qui ne faisait pas confiance à ce membre du conseil.
Le lieutenant s’approcha. L’homme semblait dormir, mais ses boucliers levés, il n’était pas possible d’en avoir la certitude. Stuffy vérifia ce qui pouvait l’être puis, à une série de mouvements subtils de l’otage, résuma son analyse :
« Il se réveille, on dirait qu’il est épuisé. Peut-être le résultat de sa résistance à une attaque extérieure ? »
De fait, Heir entrouvrit les paupières et grommela quelque chose, les yeux révulsés. D’instinct, Ralato s’approcha pour recueillir les propos, inintelligibles de loin.
R… Rala… o… aah…
Oui, Monsieur ?
Je… suis… haa… arght…
Vous êtes quoi ? Dites-le-moi, allez-y. Vous êtes en sécurité maintenant.
Je suis plus en sécurité que toi, lieutenant Ralato !
Une onde psychique d’une violence inouïe frappa tous les membres du commando mental. Instantanément, des pans de contreplaqué s’abattirent sous le grand écran de projection et quatre Mutualistes sortirent de derrière le faux mur en ouvrant le feu. Les premiers soldats, dont ceux entourant Heir, furent fauchés avant même d’avoir compris ce qu’il leur arrivait.
« DES MUTUALISTES MENTAUX ! À terre ! »
hurla Stuffy. Brusquement, Heir rompit ses liens et plaqua son front contre celui du lieutenant. Celui-ci n’eut pas le temps de repousser son assaillant qui lui fixa quelque chose sur la nuque. Immédiatement, une décharge électrique vrilla le crâne de Ralato, tandis que Heir, ressentant probablement aussi une partie du courant, écartait largement les paupières, le regard fou à la limite du mystique peint sur son visage.
Des tirs de ripostes commencèrent pourtant à fuser du côté des Forces Mentales. Malgré l’intensité de l’attaque en cours, l’entrainement de ces soldats d’élite reprenait le dessus et un des Mutualistes fut touché par une rafale. Les boucliers se renforçaient, le feu répondait au feu, une contrattaque psychique permit même de désorienter un second Mutualiste, réduisant l’intensité de l’onde.
Heir sortit de derrière lui plusieurs grenades fumigènes paralysantes qu’il lança autour de lui, d’un geste sûr. Les flashs aveuglèrent les membres du commando qui n’avaient pas protégé leurs yeux et leurs tympans. Il fit basculer le corps inerte de Ralato sur son épaule en envoyant ses ordres et tenta de gagner du temps en augmentant la pression psychique pour combler celle de ses hommes tombés.
Un des deux survivants du groupe le rejoignit et l’aida à soulever le lieutenant, tandis que l’autre faisait sauter, avec un pied-de-biche, un pan de contreplaqué à l’extrémité de la rangée. Elle dissimulait une large trappe. Le Mutualiste sortit de ses poches plusieurs appareils qui tenaient dans le creux de sa main. À peine posés contre la paroi, de petites pattes se déplièrent et les araignées, porteuses de charges infinitésimales d’antimatière, sautèrent par l’ouverture. Elles dégageraient le passage de manière sure et silencieuse en désintégrant tout obstacle.
Heir et le second Mutualiste le rejoignirent, courbant la tête pour éviter les balles sifflantes. Loin de faire feu au jugé, les commandos de Mentaux utilisaient les sources de l’onde psychique qui les frappait comme cible, ignorant la présence de leur lieutenant dans le groupe : il n’était pas conscient et les fumigènes bloquaient la vue des tireurs. Mais de nombreuses signatures approchaient déjà ; une nouvelle vague de soldats mentaux et toute la sécurité accouraient, répondant aux appels.
Heir sauta le premier dans le conduit de service, serrant Ralato, aidé du second Mutualiste. Le troisième reçut deux balles dans le torse, il s’effondra contre l’ouverture. Dans un dernier geste, l’homme brisa une grosse capsule de verre contre la paroi. Une mousse ocre à prise rapide gonfla instantanément autour de lui, l’écrasant sous la pression, mais bloquant également la trappe de service sous plusieurs mètres cubes d’une matière chimique, solide comme le roc.
La découverte de la disparition de leur chef motiva d’autant les troupes mentales et, moins d’une trentaine de secondes plus tard, les survivants de l’assaut transmettaient les informations utiles à leurs collègues du rez-de-chaussée. Celui-ci étant effondré à la suite de la première explosion, aucun accès au conduit de service n’était malheureusement possible. Quelques minutes furent nécessaires pour saisir le plan ennemi et une demi-heure plus tard, on découvrit que les araignées chargées d’antimatière avaient creusé un passage jusqu'à la voute supérieure de l’égout circulant sous le palais. Deux miliciens qui patrouillaient à proximité furent retrouvés, froidement abattus, et le tunnel débouchait sur le réseau inextricable des eaux usées de MaterOne. La piste, si on arrivait à la trouver, ne permettrait plus de rattraper les terroristes.
Une fois de plus et au prix de lourdes pertes, si l’on comptait la filature originelle et l’assaut, les Mutualistes parvenaient à leurs fins. Le Conseil de la Révolution était anéanti et le lieutenant Ralato, dernière autorité de l’état de MaterOne, venait d’être enlevé.


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RedU T1 Ch21 Ep01

Wed, 26 Oct 2016 03:16:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livres numériques !

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Palais de la Révolution,
Soixante-quatorzième étage,
Quatrième heure après le début de la prise d’otage.

La vis de la grille d’aération se déforma soudain et disparu, sans avoir eu le temps de tomber sur le tapis du petit couloir. Ses quatre congénères subirent le même sort et une main invisible fit disparaitre la grille à l’intérieur du conduit.
Deux sphères de quelques centimètres de diamètre sortirent de l’ouverture en flottant et chacune vint se placer à quelques mètres de là, contre deux caméras de surveillance. Elles prirent le contrôle des appareils, en capturèrent les images durant quelques minutes, puis les réémirent en boucle. Les preneurs d’otage branchés sur le circuit vidéo ne verraient rien de ce qui allait suivre.
Une tête en combinaison noire, lunettes de vision nocturne sur les yeux, se laissa descendre lentement, arme automatique en main. Il regarda à droite puis à gauche. Ayant confirmation de son précédent balayage mental, et de l’absence de témoin, le commando tira deux balles sur la petite console enfoncée dans le mur; elle rendit l’âme dans un crépitement d’étincelles plus silencieusement que le souffle des deux tirs.
À l’autre extrémité du couloir, près des verrières, une forme noire équipée de ventouses se matérialisa sur le panorama de MaterOne Centrum. Avec un diamant, elle découpa une ouverture circulaire, retira le morceau de verre et passa la main pour déverrouiller le mécanisme de la fenêtre qui se débloqua en douceur.
Dans les trois minutes qui suivirent, quatorze commandos des forces mentales envahirent le couloir, sécurisant cette partie du niveau.
L’un des soldats présentait une ligne blanche cousue sur l’épaulette. C’était vers lui que les regards se tournaient, mais aucun son n’était échangé : chez les Mentaux, la communication orale ou même gestuelle était inutile. Le lieutenant Ralato fit le point avec ses hommes, confirmant la première phase de l’opération :
« Caméras hors service, sécurité des fenêtres et lasers au sol désengagés. Formez les deux groupes, rendez-vous aux deux extrémités de la salle. Bonne chance à tous ! »
Les relevés radars et infrarouges donnaient une image précise de la situation. On avait regroupé les otages dans la grande salle de projection de ce niveau. C’est donc là que les commandos allaient frapper, de plusieurs endroits, mentalement et physiquement. Même des Mutualistes, peut-être immortels (dans le sens qu'ils profitaient d'une technologie du savant Quartmac permettant de répliquer leurs corps et leurs esprits à l’infini), ne pouvaient résister à ce genre d’attaque. Plus ce serait rapide, moins on risquerait de perdre des otages.
Alors que les sept hommes progressaient le long des couloirs, déployant les sphères de blocage vidéo, neutralisant les appareils de la sécurité, Stuffy, l’ancien ami prisonnier dans l’esprit de Ralato, intervint :
Je sais que je vais rabâcher des évidences. Mais, non seulement, s’ils sont réellement des professionnels immortels, ils ont surement placé des pièges sur le chemin qui mène aux otages, on doit, en plus, considérer qu’ils ont peut-être des Mentaux avec eux.
Et si Heir est derrière tout cela, notre présence ne peut pas lui avoir échappé,
répondit Ralato, un genou à terre, couvrant l’avancée de ses hommes.
Stuffy ne dit rien, se concentrant sur son balayage mental. Il lança l’alerte en premier, les autres hommes réagirent de leur côté quelques secondes plus tard.
« Deux Mutualistes en approche. Ils sont sur leur garde, mais ne se doutent de rien. »
Ralato transmit ses ordres, préparant la réception. À peine le coude du couloir passé, les deux hommes chancelèrent sous plusieurs attaques psychiques et le lieutenant, assisté de deux autres tireurs, les acheva de plusieurs balles. Ils s’effondrèrent dans les bras des commandos qui les entassèrent dans un local de service, désactivant leurs communicateurs. La neutralisation n’avait duré que quelques secondes, mais d’ici peu on allait se rendre compte de l’absence des deux gardes. Il fallait presser le pas.
D’un point de vue stratégique, c’est quand même osé. Alors qu’en bas, ils tentent de contacter les preneurs d’otage, nous, on est déjà à l’action. Même pas peur de blesser un otage !
On n’obtiendra rien des Mutualistes, tu le sais bien.
répondit Ralato, pragmatique. Il poursuivit :
Quant à l’importance des ministres, Heir peut bien y rester, je m’en moque. Le président va démissionner dès l’élection du Chancelier suprême et les autres sont remplaçables,
On est toujours sans nouvelle de l’attentat sur la résidence de Poféus. Sans lui, ni Heir, ni le président, il ne restera qu’un homme fort sur MaterOne. Et c’est toi.
J’espère ne pas en arriver là.
Ils approchaient de leur objectif. C’était la sortie de secours de la salle de projection, l’autre groupe allait se présenter sur l’estrade surélevée et l’assaut serait donné. Déjà, des Mentaux repéraient les emplacements des protagonistes sur un plan, l’image serait transmise à tous une fois complétée. Stuffy et Ralato surveillaient les alentours à la recherche d’une présence inopportune.
N’empêche, mon Ralato, tu sais que je ne rechigne pas à l’action. Mais on parle quand même de la tête de l’humanité ! S’il ne reste que toi, ce serait dommage qu’une méchante balle mette fin à ta carrière de chancelier suprême, non ? Restons au moins en arrière.
Personne ne pourra dire que j’ai profité de l’occasion. De toute façon, avec la Loi martiale sur la capitale et l’État d’urgence planétaire, on aura le temps de voir venir avant que la société civile ne bouge.
Stuffy resta étrangement muet, bien que ces affirmations ne manquaient pas de failles, dont Ralato était lui-même conscient. Mais il fallait qu'il fasse partie du commando, son intuition était formelle. Son ami prit quelques ultimes secondes à compléter le balayage des couloirs adjacent.
Rien de mon côté… Tu sais, je n’aime pas trop ce qu’on est en train de risquer. L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions et c’est presque une nouvelle révolution Castiks qui est en jeu, ici.
Les Mutualistes ont l’avantage de ne pas avoir de bonnes intentions du tout. Heir non plus d’ailleurs.
Plusieurs rapports arrivèrent de l’autre équipe. Trois ennemis neutralisés, ils confirmaient les emplacements dans la grande salle et tous se tenaient prêts. Stuffy vérifia les derniers détails :
« J’ai bien Heir au milieu des otages. Il a levé ses défenses psychiques, mais semble somnoler comme les ministres et le président. »
Il ajouta, soupçonneux…
On a dû les droguer. Aucun Mutualiste n’est mental, on dirait.
Alors, on y va.
C’est trop facile, non ?
s’enquit Stuffy, flairant le piège.
« Beaucoup trop, mais on n’a pas le choix. À toutes les équipes d’intervention : top moins trois, deux, un. En avant ! »


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RedU T1 Ch20 Ep13

Wed, 05 Oct 2016 03:17:00 GMT

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Les brumes de sa conscience commençaient à peine de se disperser lorsque le message mental lui parvint. La force de l’impact était proportionnelle à l’inquiétude de l’envoyeur qui n'était pas capable de doser ses liaisons psychiques. C’était un rapport urgent, en priorité absolue.
Ralato ordonna à son contact de revenir une minute plus tard, il n’était pas encore en état de réagir. Lentement, le lieutenant leva la main, la ferma et la rouvrit, ses doigts lui envoyaient des sensations étranges. La voix rassurante de Stuffy monta alors à son tour, un peu embrumée elle aussi, pourtant le Mental dans son esprit ne dormait jamais, en théorie :
Salut. L’heure est déjà passée ?
Oui, QuartMac nous avait prévenus que le processus… durerait une petite heure…
Il n’avait pas prévenu qu’on serait patraque à ce point
En quelque sorte, si… mais avec ses mots.
répondit Ralato en soulevant doucement le casque dont les électrodes étaient fichées sur son cuir chevelu. Il ne put retenir un gémissement sous la migraine qu’il ressentit alors, mais elle s’évanouit rapidement, comme le professeur l’avait également prédit.
La liaison mentale urgente revint, une minute exactement après la première. Ralato inspira et baissa ses barrières. Si l’agent de transmission était un peu affolé, il n’en réussit pas moins à rendre un rapport aussi précis et concis que possible. Une demande d’ordres concluait la liaison mentale. Ce fut Stuffy qui releva leurs barrières psychiques, dès que l’autre fut mis en attente.
C’est une énorme attaque mutualiste ! Les salauds ont agi sur deux fronts en même temps. Très fort !
Poféus serait mort ? Je… je n’arrive pas à le croire.
Va savoir avec lui, c’est un type qui est revenu de tout depuis toujours. Les équipes sur place nous tiendront au courant. Mais c’est vrai que là ils ont mis le paquet, il y a peu d’espoir.
Le lieutenant tenta de se relever. Ses jambes ne lui procurèrent qu'un équilibre incertain, l’obligeant à patienter. Déjà, les agents qui le gardaient durant la séance venaient le soutenir, il leur fit signe d’attendre encore quelques secondes. Cette sensation de ne pas être maitre de son corps rappelait d’autres souvenirs, plutôt mauvais, à Ralato.
C’est comme la cuve de désensibilisation mutualiste dans leur base des Amalaches.
Oui, il y avait un peu de cela, les drogues en plus. Le tournis est en train de passer et on va devoir se décider, Ralato. Qu’est ce qu’on fait de QuartMac ?
Hé bien, en théorie, il devrait avoir commencé son transfert corporel. Allons voir.
Prenant son inspiration et s’accrochant à un de ses gardes, il parcourut les quelques mètres qui le séparaient d’un autre groupe de Mentaux, installés à proximité d’une cuve un peu spéciale. On l’avait posée à part, reliée à un appareillage comparable à celui que Ralato venait de laisser. Le professeur QuartMac semblait dormir, fixé par des sangles et le casque aux électrodes bien engoncé sur la tête. Dans la cuve verticale à côté de lui flottait un autre professeur QuartMac, une des chimères, qualifiées de « plus à maturité ».
« Il est parti pour barboter encore un moment. Je dirais qu’on n’a pas besoin de rester à côté, les gardes surveilleront si tout se déroule bien. »
analysa Stuffy, totalement réveillé. Ce n’était toujours pas le cas du lieutenant, même s’il pouvait maintenant marcher seul.
« D’après le rapport, Heir se trouvait parmi les membres du Conseil, je me demande… »
Un nouveau rapport arriva dans la foulée. Une revendication était tombée sur plusieurs rédactions de chaines télévisées et de journaux : les Mutualistes annonçaient une prise d’otage au Conseil de la révolution. Ils donnaient la liste des ministres retenus, dont le Président et Heir, et réclamaient la libération de leurs prisonniers ainsi que la tenue d’élections libres sous trois mois.
Stuffy et Ralato n’en revinrent pas, ce dernier se doutait de quelque chose d'anormal.
Cela ne rime à rien ! On ne détient qu’une centaine de Mutualistes et seule une petite dizaine sont des membres actifs. Pas vraiment de quoi mériter une revendication de cette importance.
Je suis d’accord. Ils se moquent bien des sympathisants, et je parie que ceux qu'on a emprisonné ne font pas partie du noyau des « immortels ».
Si notre théorie est exacte…
tempéra Ralato. Cette hypothèse séduisante exigeait des preuves pour être validée. Stuffy insista :
« Elle l’est ! Ça colle bien avec l’efficacité de ces types. Enfin Ralato ! On sait combien il est impossible, à quelque organisation que ce soit, d’échapper aux Forces mentales aussi longtemps. En plus, cela explique les suicides et les sacrifices si faciles de leur côté. »
On ne pouvait que souscrire à cette dernière remarque. Mieux valait, à fortiori, partir de cette hypothèse et traiter leurs adversaires en conséquence.
Quant à la tenue d’élections libres, elles étaient prévues, en théorie, une fois le Chancelier suprême choisi. Ce qui rendait également l’autre revendication caduque. Clairement, cette prise d’otage cachait quelque chose.
« Bien, je pense que ça va mieux. Allons-y ! »
déclara soudain le lieutenant, aux gardes autour de lui. Il poursuivit ses ordres par liaison psychique :
« Je veux une dizaine d’hommes en permanence dans cette pièce, ne laissez QuartMac seul sous aucun prétexte. Verrouillez la ville, les Forces mentales sont installées à Palaos Verde jusqu’à nouvel ordre ! »
Montant les barreaux de l’échelle, il continua de faire le point avec Stuffy, un détail le chiffonnait.
Poféus… cet attentat contre lui est incroyable. Comment pouvaient-ils être surs qu’il se trouverait là ?
Sa nouvelle copine : d’une manière ou d’une autre, elle était la seule personne, extérieure au service, à le savoir.
proposa l’autre. C’était une possibilité. Le contramiral conservait jalousement secrètes les informations la concernant et, si la protection de la jeune femme n’était pas du ressort de Ralato, il pouvait s’enquérir de quelques retours. La sécurité autour d’elle était montée d’un niveau depuis une semaine, équivalant maintenant à une personnalité de haut rang. Elle pouvait effectivement être un point de fixation du ministre, permettant de planifier une attaque. Stuffy compléta le tableau :
Si c’est une Mutualiste, elle peut aussi se sacrifier et renaitre ailleurs.
Beaucoup de « si », là-dedans. Nous connaissons le contramiral. Je ne l’imagine pas se faire avoir par quelqu’un qui dissimulerait des opinions haineuses à son égard. D’ailleurs, personnellement, si j’avais à envoyer un hameçon à Poféus, ce ne serait certainement pas une femme que je choisirais.
Bien vu, en effet.
Le souffle des pales de l’orthoptère ondulait la tenue du lieutenant et ses cheveux courts vibraient à l’approche de l’engin. Une dizaine d’agents armés l’accompagnaient et tous montèrent dans l’appareil. Ralato mettait son casque lorsque le dernier Mental coulissa la porte derrière eux.
Heir, aussi, laissait d’autres questions en suspens…
Tu vois mon Ralato, avec tout ce qu’on sait du bonhomme, ses pouvoirs mentaux et ses contacts avec les Souriants, j’ai du mal à croire à une coïncidence. Si les Mutualistes débarquaient dans un endroit où il se trouvait, même saturés de Boramol, il aurait la capacité de les rendre inoffensifs.
Cela me rappelle Paul, notre agent sur Talbot, à la solde des Souriants. Tu lui avais implanté une amorce psychique, mais quand on la lui avait fait exploser…
Il avait hurlé à la gloire de la Mutualité, oui. Cela venait de très profond chez lui, comme le premier cri d’un bébé, sans réfléchir.
L’orthoptère s’éleva doucement, prenant son envol, et le pilote demanda à Ralato la destination. Celui-ci lui répondit tout en lançant ses ordres :
« Direction le Palais de la révolution. Mettez-moi en liaison avec les principaux responsables d’opération des forces mentales sur MaterOne Centrum. Annoncez aux états-majors militaire et policier que je prends le commandement effectif du ministère de la Sécurité à partir de maintenant.
Qu’on mobilise tous les renforts disponibles à proximité et placez la capitale et sa région sous Loi martiale. Personne ne sort, personne n'entre, activez les bases de l’armée aux alentours pour ce faire.
Transmettez également : le reste de la planète passe sous État d’urgence et que les mesures adéquates soient prises partout avec préséance permanente pour les Forces mentales.

… Une dernière chose : je veux un rapport, chaque heure, des équipes de secours à la résidence du contramiral. »
Stuffy, à l’intérieur de lui, remarqua simplement :
« Cette fois, ça y est, les Mutualistes déclarent la guerre totale. Et il n’y a que nous deux en face. J’espère que ça sera suffisant. »

Ralato ne répondit pas, le regard perdu dans l’horizon tandis que ses ordres étaient transmis sur tout MaterOne.


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RedU T1 Ch20 Ep12

Wed, 28 Sep 2016 04:00:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livres numériques !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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« Alors, comment était-ce là-bas ? Apportez-nous un peu plus de thé au jasmin, merci. »
Poféus poursuivait sa redécouverte de plaisirs de l’amour avec Calande. La jeune femme était rentrée durant la nuit et tous deux s’étaient immédiatement jetés sous les draps, pour des retrouvailles plus intimes. L’odeur de sa compagne, quelle qu’elle fût, lui semblait un nectar. Ses mots, quels qu’ils fussent, s’entendaient tels des poèmes. Sa présence lui injectait une vitalité nouvelle que son absence lui arrachait.
À un moment, tôt dans la matinée naissante, il s’était tourné vers elle et, un peu somnolant, l’avait appelée Méhala. Heureusement, la jeune femme dormait profondément, elle n’avait rien entendu. Cela en disait long sur les sentiments que le contramiral éprouvait.
Mon chéri. Je ne voudrais pas gâcher notre petit déjeuner océanique. Tu te doutes combien c’était horrible… Et toi ? Il m’a semblé qu’on tournait la clenche de la porte, peu avant mon réveil, et tu n’es revenu à mes côtés que de longues minutes plus tard. Qu’y avait-il ?
On dira que je passais en revue les préparatifs du petit déjeuner, la fraicheur des crustacés, la cuisson des poissons… Je te conseille la fricassée d’algues-fourmis, une spécialité reconnue du chef.
J’y vais donc de suite… Et en réalité, ta sortie de ce matin était secrète, n’est-ce pas ?
Totalement.
Elle avait ajouté cette question, plutôt une remarque en fait, en se servant une belle cuillérée d’algues roulées en boules avec un peu de mayonnaise au centre. Quelle femme, quelle intelligence… Poféus n’en revenait toujours pas.
Et, comme toujours, elle avait raison : le rapport qu’il avait reçu, du responsable de l’opération en cours, l'inquiétait suffisamment pour qu'il réponde en personne. Rien ne prouvait que les Mutualistes attaqueraient directement le palais du Conseil de la révolution, mais il fallait prendre toutes les précautions. Les renforts étaient en route, l’alerte avait été donnée et des fouilles ordonnées. Il ne restait qu’à attendre.
« As-tu prévu quelque chose de précis pour aujourd’hui ? »
La question le ramena à la réalité. Il n’avait pas encore touché à sa crème de crevette-tubes et la psychologue le lui signalait astucieusement.
Oui et non. Je dois toujours être joignable dans le cadre de mes fonctions, tu t’en doutes et aucun rendez-vous prévu ne peut être déplacé, mais… ta présence m’est très chère.
Alors nous pourrions aller nous balader dans la forêt du Domaine royal au sud de la capitale, non ? Un panier avec quelques provisions, une bouteille d’eau et nous pourrions passer une journée mémorable.
L’idée me plait. Mais il faudra se sacrifier à un impératif…
ajouta Angilbe, d’un air mystérieux. N’était-il pas en train de faire un trait d’humour ? Il s’opérait en lui une nouvelle magie autrement plus efficace que la chasse aux mignons.
La jeune femme grimaça et leva un sourcil, interrogative :
… oui ?
Nous devrons vider la forêt de tous ses visiteurs et l’avoir pour nous tout seuls. J’espère que cela ne te dérange pas ?
Oh ? Laisse-moi y réfléchir… Hmmmm… Bon, allez exceptionnellement, j’accepte de profiter d’un des plus beaux parcs forestiers de la région uniquement en ta compagnie !
Ils rirent tous deux de bon cœur et, les choses étant, Poféus se tartina une généreuse épaisseur de crème. Il allait croquer dedans lorsque :
Quelle est cette fumée au loin ? Un accident sur la déviation ?
Où donc ? Mais dans cette direction, la rocade est déjà terminée, en fait c’est proche du Pal…
Le contramiral se releva brusquement, lâchant sa tartine à l'instant précis où un agent mental se précipitait à ses côtés, lui tendant un message visiblement prioritaire. Il le parcourut et ne put dissimuler une frustration, un moment de colère dans le regard. Ils avaient osé aller jusque là, et ses services avaient échoué à les arrêter.
Calande, mon amour. J’ai peur que nous ne devions remettre à plus tard cette escapade en solitaire. C’est une urgence. Prend tout le temps que tu veux, la demeure est à toi.
Que se passe-t-il ?
Regarde les informations, ce sera difficile de cacher cela.
Et il l’embrassa, tendrement. Méhala réapparut brièvement devant ses yeux, mais ses traits se troublèrent, adoptant ceux de Calande Rorré, psychologue et partenaire dans cette nouvelle vie.
Un moment d’hésitation, leurs mains étaient presque agrippées… puis elle hocha doucement la tête, en signe d’encouragement.
« Donne-moi des nouvelles, de temps en temps. »
Poféus l’en assura, l’embrassant à nouveau et s’élança à la suite de son agent.
Deux étages plus bas, dans le bunker soutenant la demeure, plusieurs gardes se précipitèrent, lui hurlant de se dépêcher par de grands gestes. Quelque chose de nouveau ?
Il accéléra le pas, mais déjà on le poussait, le forçant à courir. Un son étrange, le frottement d’un appareil qui rentrait dans l’atmosphère, résonna à l’intérieur du corridor.

À une vitesse supersonique, la navette de transport de Lithium immatriculée A7G3C, en provenance directe de la station spatiale numéro un « Maman-Lolo » avec une pleine cargaison, vint percuter la résidence du ministre de la sécurité, le contramiral Poféus. La déflagration souffla le bâtiment, projetant les véhicules et les gravats à plusieurs centaines de mètres. Elle creusa dans le sol rocailleux un cratère géant, les flammes carbonisèrent le parc et les débris déchiquetèrent de nombreux agents dissimulés alentour.
La navette spatiale venait d’être déclarée volée vingt-trois minutes auparavant, et les opérateurs radars qui suivaient sa trajectoire n’avaient pu déterminer sa destination qu’aux derniers instants. L’appareil ne respectait aucune limitation de vitesse ou d’inclinaison pour l’approche et il avait fallu se rendre à l’évidence : le pilote ne cherchait pas à atterrir, mais à s’écraser.
C’est durant l’ultime minute qu’une transmission radio fut ouverte, juste quelques mots :
Gloire à la Mutualité.


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RedU T1 Ch20 Ep11

Wed, 21 Sep 2016 04:31:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livres numériques !

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Les gardes du corps couraient dans les couloirs, se postant aux carrefours et dans les zones sensibles du bâtiment. L’information à peine diffusée, c’était le branlebas de combat. En ajoutant, aux soldats, les membres de la sécurité et les gardes rapprochés de chaque ministre et celle du président du conseil, les Mutualistes allaient se heurter à près d'une centaine d’hommes en arme, sans compter les renforts, forces mentales en tête.
La fourgonnette avait été retrouvée à deux rues du palais, vide bien sûr. Bizarrement, aucune caméra de cette zone n’était activée et on ne pouvait pas savoir ce qu’ils étaient devenus, alors on passait au peigne fin tous les égouts, les cages d’ascenseurs, les ruelles et les appartements du quartier.
Les soldats en permanence à l’entrée principale se tenaient prêts, une balle engagée dans leurs fusils-mitrailleurs.
Un bruit de bottes s'approchant au pas de course les fit se raidir, doigt sur la gâchette. C’était un groupe, avec treillis noir et écusson des Forces mentales. Bien qu’un peu rassuré, il n’était pas question de faire confiance à qui que ce soit et le planton les fit s’arrêter à plusieurs mètres. Un officier, seul, s’approcha pour prouver l’identité de la petite troupe. Le central confirma les accès : on avait affaire aux forces d’intervention qui avaient donné l’alerte quelques minutes plus tôt. Comme elles ne se trouvaient pas loin, elles avaient couru le dernier kilomètre, d’ailleurs tous transpiraient.
Le planton salua et reçut en retour la ferme poignée de main du chef, mais tous gardaient la mine sombre des moments graves. Contre les Mutualistes, on n’était jamais assez nombreux ni assez préparé. Ces Mentaux représentaient un atout de taille.

*

« … Puisque le contramiral ne nous fait pas l’honneur d’être présent, Monsieur le Président et Messieurs les Ministres, ce sera sans son accord que je me permets de mettre à votre disposition ce rapport élaboré par mes services… les copies sont distribuées ? Très bien. Il prouve l’implication du Bureau des affaires mentales dans l’importation et la distribution de la drogue ‹ nuage de miel › sur MaterOne ! Oui, vous avez bien entendu, cette armée secrète, cet état dans l’état s’avère être un cancer qui ronge les bases de notre société.
Je ne nie ni l’importance ni l’histoire de cette organisation, dont les racines remontent aux origines de l’ancienne royauté, mais je crois, et je vous invite à croire avec moi, qu’il est temps d’en changer la tête et d’en réformer le cœur. »
La porte de la salle du conseil s’ouvrit discrètement sur une poignée de gardes du corps dont un se dirigea vers le président.
« Dans ce but, je dépose une demande officielle pour un vote à la majorité qualifiée des membres de ce conseil en vue de…
Président ? »
Le vieil homme se rembrunit, hocha la tête à son interlocuteur puis se leva :
Messieurs-dames, je vous demande de garder votre calme. On vient de m’informer que nous sommes sous la menace d’un attentat mutualiste. On nous demande de quitter la salle par la sortie secondaire. Elle est sécurisée et nous conduira sur le toit où des orthoptères ainsi qu’une escorte nous attendent.
Une alerte ? Mais Président, le vote que je propose est…
… verra plus tard, monsieur Heir. Gardes, ouvrez la voie, nous vous suivons. Allons tous, du calme, merci.

*

Le planton vérifia que la sécurité de son arme était bien relevée. Doigt sur la gâchette, lui et ses camarades se tenaient en peu en retrait de l’entrée principale, protégés par des sacs de sable et des guérites blindées. Tout le secteur était sous couvre-feu d’urgence et on avait retiré les véhicules stationnés. C’était une étrange sensation que ce quartier vide, sans autre animation que les échos des recherches qui s’effectuaient tout autour. Malgré tout cela, le commando ennemi demeurait introuvable. Un son d’orthoptère monta alors, signalant l’approche d’un… non, de deux appareils. La rue était fermée et les engins volants vinrent se poser à une cinquantaine de mètres. L’écusson sur le côté ne laissait aucun doute : encore des Forces mentales.
Les turbulences de l’atterrissage obligèrent les gardes à se protéger. Au moins, quand les mentaux intervenaient, ils y mettaient le paquet. Une troupe en treillis noire descendit et s’arrêta d’elle-même à quelques mètres. L’officier s’approcha, seul, pièces d’identité en main. Dans un sourire, le planton jeta un œil aux papiers et à l’ordre de mission. Ce fut en énumérant les codes pour le central de surveillance qu’il comprit : il venait DÉJÀ de donner ces numéros à la vérification, c’était le groupe précédent qui…
Il n’eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions.
Une immense déflagration embrasa le rez-de-chaussée du palais. Le feu balaya les hommes et les véhicules, réduisant tout en cendres. L’explosion fut si puissante qu’elle souffla toutes les vitres dans un rayon d’un kilomètre autour de l’épicentre.
Protégé par une partie du mur d’enceinte, le planton repoussa un sac de sable éventré et se releva malgré un violent tournis. Il ne put que constater le désastre : alors que débris et cadavres jonchaient la cour intérieure, les deux premiers étages du palais n’étaient plus que ruines et un panache d’épaisse fumée noire montait, obscurcissant le ciel.

*

Armes au poing, les gardes du corps courraient en tête du groupe, entrainant les ministres dans la cage d’escalier de secours qui montait encore et toujours. Le vieux président soufflait comme un phoque-sanglier, il restait encore une dizaine d’étages à grimper et ses jambes ne le porteraient plus bien longtemps. Soudain, un tremblement secoua le bâtiment tandis que le rugissement de l’explosion leur parvint aux oreilles. Le groupe s’arrêta quelques secondes. Ils allaient repartir d’autant plus vite, lorsque…
« Stop, arrêtez-vous ! »
Heir hurlait derrière eux. Le président grogna : mais que se passait-il ? Immédiatement, plusieurs gardes se placèrent devant lui et pointèrent leurs armes sur un homme en treillis noir qui se tenait dans le dos du ministre et le garrotait, menaçant. Il ne put retenir sa surprise :
Un… ils sont arrivés ici ? Mais comment est-ce possible ?
Tout le monde reste calme ! Écoutez, qui que vous soyez, je ne pense pas que… mmphhh.
Le preneur d’otage serrait la lanière encerclant la gorge de Heir. Il lui chuchota quelque chose à l’oreille puis desserra un peu son garrot.
« …ouf… il… il dit que l’on doit déposer nos armes, que c’est une prise d’otage pour la… pour la Mutualité. »
D’un coup d’œil, les gardes du corps se décidèrent et deux d’entre eux restèrent face au preneur d’otage tandis que les autres faisaient reculer les membres du conseil pour poursuivre leur chemin. Le président sentit alors la poigne de son protecteur devenir molle. Il eut juste le temps de voir les yeux de l’homme se révulser avant qu’il ne tombe dans les escaliers. Avec horreur, les ministres assistèrent à l’évanouissement de tous leurs gardes, tandis que des bruits de bottes résonnaient sur les marches au-dessus d’eux. D’autres Mutualistes apparurent, d’autres tenues noires, à l’écusson des forces mentales, qui les tenaient en joue. Une arme pointée sur lui, le vieux président du conseil ne put s’empêcher de demander :
Bon Dieu ! Mais que se passe-t-il ? Ce sont des forces mentales ?
C’était une attaque psychique, certes, mais ces hommes n’appartiennent pas à Poféus.
lui répondit Heir d’une voix étrangement calme. Le Mutualiste venait de le relâcher, lui donnant même une arme ! Le chef du gouvernement provisoire n’osait pas croire ce que ses yeux lui montraient, et il n’était pas le seul. Les membres du conseil étaient tétanisés, certains au bord des larmes, d’autres cherchaient du regard une improbable issue. Il prit la parole, tentant de mettre dans sa phrase toute son autorité naturelle :
Monsieur Heir. Relâchez-nous immédiatement.
Navré, monsieur le Président, ce n’est pas ce que j’avais prévu. Sachez que je suis en train de tous vous sauver, en fait.
Il sourit, observant un à un les visages inquiets.
« Poféus allait commettre un putsch, c’était évident. Alors, je me suis dit qu’il était plus salvateur pour nous tous que je le devance. Vous ne pensez pas ?
Et, pour nos chers ministres : coopérez maintenant et vous participerez à mon premier gouvernement. Parole de Chancelier suprême… Ah, je sens que du monde arrive. Navré, mais nous allons devoir avancer rapidement pour rejoindre l’avant-dernier étage et la salle de projection. Le prochain acte se déroulera là-haut. »
Sans un mot, les Mutualistes regroupèrent les membres du conseil et les invitèrent fermement à poursuivre l’ascension. Pour compléter l’horreur, la voix de Heir résonna dans les têtes.
« Et je vous suggère de presser le pas : dans une minute trente, cette cage d’escalier sera soufflée par l’explosion d’une forte charge. Allez, allez, on se dépêche ! »


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RedU T1 Ch20 Ep10

Wed, 14 Sep 2016 04:39:00 GMT

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J-0

Le lendemain matin, banlieue de MaterOne Centrum.

« Ici agent de surveillance. La cible se déplace, à vous de jouer »
Sur l’écran de contrôle en salle d’opération, un indicateur vira au rouge. C’était une petite flèche, entourée d’un cercle pivotant, le tout surmonté d’informations précises telles que vitesse, longitude et latitude, hauteur absolue. Elle se dirigea vers la voie rapide traversant l’est de la capitale et s’engagea dans un des chemins d’accès.
« Passez sur Ortho cinq et six. Je veux un Mental derrière chaque sortie. »
ordonna le responsable aux divers opérateurs qui transmirent l’information.
Dans une des ailes du ministère de la Sécurité, l’opération de filature monopolisait à elle seule une trentaine d’agents et une flotte de véhicules. Il s’agissait de connaitre la destination d’un petit camion de livraison, occupée par un groupe d’assaut Mutualiste qu’une longue et fastidieuse enquête avait permis de découvrir. Les ordres étaient clairs : le contramiral ne voulait plus entendre parler d’attentats dans la capitale et sa région. Cette priorité ne connaissait aucune exception et ses Mentaux n’avaient reculé devant aucune méthode pour obtenir des renseignements. Quelques heures auparavant, la chance leur avait souri : on venait de retrouver le cadavre récent d’un livreur de pain ; or son camion de livraison quittait le dépôt comme d'habitude.
« Agent de surveillance. La cible vient de passer en dessous de moi, je confirme la poursuite sur le tronçon central. »
La voie résonna dans la tête des intéressés. Telle était la force du Bureau des affaires Mentales, un réseau d’esprits qui communiquaient directement à d’autres esprits, des agents entrainés au combat comme aux filatures et bien sûr, un matériel de pointe à profusion.
Une moto de surveillance doubla la camionnette mutualiste, le pilote transmit son rapport à l’un des Mentaux dans l’orthoptère cinq, qui passa le message au préposé des transmissions. Ce dernier donna l’information directement dans l’esprit du responsable.
Alerte déplacement ! Une fourgonnette bleue s’est mise exactement à la hauteur de la cible. Des hommes sautent en route dans le nouveau véhicule.
Je veux un traceur sur cette nouvelle cible  ! Ortho Six, vous avez le feu vert.
L’ordre parvint à un des tireurs Mentaux qui, d’un geste précis guidé par satellite, planta un émetteur de la taille d’une épingle en haut du parechoc arrière de la fourgonnette bleue. Immédiatement, un indicateur apparut à côté du premier et reçut le matricule logique de « numéro deux ». À quelque distance tournaient deux carrés jaunes, c’étaient les deux orthoptères des Forces mentales et un peu plus loin, le rond du drone de liaison.
Le responsable resta concentré, les Mutualistes étaient malins. Sauter d’un véhicule à un autre, en roulant au beau milieu d’une voie rapide, n’était pas à la portée de n’importe qui. Ces gars n’avaient peur de rien et ne commettaient que peu d’erreurs. Il patienta, attendant de nouveaux rapports.
Certes, pour certains spécialistes militaires, ce mélange de liaisons psychiques et radio semblait représenter une perte de temps. C’était bien sûr une illusion de non-initiés. La révolution Castiks avait démontré, s’il en était besoin, comment les piratages informatiques et les impulsions électromagnétiques pouvaient désorganiser totalement des régiments entiers.
Pas de cela aux affaires mentales. Une liaison radio cryptée pour la longue distance, par drone volant, et le reste était discrètement et efficacement transmit par un lien psychique regroupant les agents concernés. La salle des opérations elle-même semblait flotter dans le silence que seuls les bruits de claviers perçaient par moment. C’était la marque des êtres supérieurs qui composaient cette caste.
L’orthoptère six envoya une image de la fourgonnette bleue qui s’éloignait maintenant de la cible. Un véhicule de fleuriste, étrange… Quelques pensées furent transférées de part et d’autre et on abandonna la poursuivre du camion de pain, focalisant la filature sur la fourgonnette. Le responsable se ravisa :
« Correction : Ortho cinq, restez sur la cible numéro un ».
Il n’était pas à court de moyens et ce camion pourrait se révéler intéressant pour la suite. L’indicateur numéro deux prit la première sortie vers la vieille ville où il passerait à nouveau sous la surveillance visuelle de la moto.
Probabilités. Je veux une liste des destinations possibles pour ces Mutualistes.
Voilà, Monsieur. Musée Magnam, presses et rotatives communautaires et… le marché central !
Neutralisation par le groupe d’intervention, allez-y. Envoyez un ordre en priorité absolue aux sections locales de police : fermeture des avenues principales et rues secondaires, ils ont trois minutes. Prenez le contrôle du système gérant la circulation, au besoin.
Quatre triangles jaunes entrèrent alors dans le schéma rapproché de la poursuite. Les commandos Mentaux allaient tomber sur la cellule Mutualiste avant qu’elle ne commette un nouvel attentat. On obtiendrait d’autres informations en fouillant les dépouilles et en retraçant l’historique de tout ce qu’on trouverait sur place : du bouchon du carburateur aux numéros des armes.
Les tireurs de l’orthoptère de poursuite se mirent en position synchronisée avec leurs collègues du groupe d’intervention. L’efficacité des Mentaux à l’œuvre.
Message d’un agent de surveillance depuis l’angle du boulevard : la camionnette ne contient que trois signatures psychiques !
Comment ? Caméra du drone, sur zone immédiatement !
Il avait crié sa réaction à haute voix, dérogeant à la règle qui voulait le respect du silence dans un centre d’opération Mental. Mais déjà, les tireurs faisaient feu, neutralisant le chauffeur et détruisant le moteur du véhicule, tandis que les commandos sautaient sur la fourgonnette qui glissait encore sur le bitume. Un des opérateurs, joystick en main, fit cabrer le drone de surveillance qui passa rapidement à la verticale, pointant des caméras thermiques et d'autres censeurs sur la scène.
Aucune erreur n’était possible : trois formes gisaient dans la fourgonnette tandis que les « opérations spéciales » grouillaient tout autour de l’épave. Mais où était la douzaine d’hommes qu’on leur avait signalés ?
« Ortho Six, répondez ! »
D’une pensée, tous les opérateurs suivirent son raisonnement et on recadra le schéma sur l’autre carré jaune à proximité de la première flèche rouge, toujours sur la rocade. Aucune réponse de l’orthoptère. On tenta les communications de toutes sortes, mais non, rien.
« Agent de surveillance, voie rapide sud. Une trainée de flamme est apparue dans le ciel, elle tombe sur un immeuble de bureaux ! »
L’indicateur rouge vira sur la dernière sortie et s’enfonça entre les bâtiments. Elle disparut du schéma en même temps que le carré jaune de l’orthoptère.
Ces salauds les avaient encore menés par le bout du nez, mais qui étaient donc ces gens ? Comment pouvaient-ils avoir toujours une longueur d’avance ?
Le responsable de l’opération avait des ordres clairs et n’allait pas lâcher prise si facilement : la cible n’allait pas loin, c’était certain.
« Probabilités. Quelles sont les destinations possibles ? »
Le système mit quelques secondes à calculer un résultat et les algorithmes finement conçus envoyèrent leur réponse sur le téléscripteur.
« Bon sang, Monsieur ! C’est… sur cette sortie, la principale cible, c’est le Palais du Conseil de la révolution ! »
L’autre s’autorisa une demi seconde pour absorber l’information et lança ses ordres, à voix haute comme mentale, l’heure n’était plus à ce genre de précautions.
« Que toutes les unités de suivi et d’intervention se dirigent vers le palais. Contactez la sécurité présidentielle, et… et ouvrez-moi immédiatement une ligne avec le contramiral Poféus ! »


Une bande son spéciale accompagne cet épisode pas ordinaire. Il s'agit en effet d'un clin d'œil/hommage à une scène mythique du superbe "Ghost in the Shell" de Mamoru Oshii que vous pouvez admirer ici même :https://www.youtube.com/watch?v=swmWZGgt4vk
Nous avons logiquement utilisé les deux morceaux musicaux de Kenji Kawai

  1. Nightstalker
  2. Floating museum

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RedU T1 Ch20 Ep09

Thu, 08 Sep 2016 00:36:00 GMT

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Monsieur Heir prit une inspiration puis fit signe au préposé à la porte. Le mécanisme s’activa, écartant les doubles battants qui fermaient la salle des dépositions du Triangle. Le rituel de l'audience ne tolérait aucune incartade et le politicien dut attendre sous le cône lumineux au milieu de la pièce, face aux statues divines qui semblaient le scruter, ou le désavouer ?
Le rideau de perle tinta et les trois silhouettes vinrent se mettre en place, respectant quelques secondes de silence. Enfin, celui de gauche prit la parole :
Comme vous le constatez, Wángzǐ, nous sommes toujours ouverts à ceux qui viennent en paix faire œuvre de contrition. Le conseil du Triangle vous écoute, parlez sans crainte.
Le politicien prit une inspiration, et se lança :
Merci à vous, pères des Triades. Je me suis permis de vous soumettre une… requête, car j’ai senti que nous rencontrions certaines difficultés. Il m’a semblé judicieux de venir vous faire part de mes dernières réflexions sur ces désaccords.
Nous entendons bien cela, Prince. Allez au but, votre temps s’écoule vite.
Tel est mon désir, grand sage. Cela fait autant d’années que ma courte vie en compte, que le Triangle m'assiste et pourvoit à mes besoins. Certes, le calcul politique faisait partie des raisons, mais qui serais-je si je ne pouvais pas reconnaitre l’importance de mettre en valeur toutes les cartes de mon jeu, n’est-ce pas ?
Heir laissa passer quelques secondes de silence, pour l’instant aucune réaction indignée. Il en fallait plus pour les sortir de leur flegme ou étaient-ils disposés à lui accorder une part de ses revendications ? Il était leur atout maitre, ce ne serait pas étonnant. Le politicien reprit :
Sachez que je vous suis profondément reconnaissant pour cette vie, aux possibilités infinies, que vous m’avez offerte. L’étendue de ce pouvoir psychique, les ressources intellectuelles et matérielles de l’Empire… oui c’est bien de cela qu’il s’agit, les moyens de l’Empire Souriant m’ont été, et me seront encore longtemps, une source intarissable pour mes projets.
Pardon ? Que voulez-vous dire ?
Le père de droite venait de réagir vivement, c’était le plus virulent des trois, pas étonnant qu’il bondisse avant les autres, mais ces derniers n’en pensaient sans doute pas moins.
(heir) C’est simple : il est évident que le Triangle a choisi de laisser les mains libres à Poféus, préférant un retour aux bénéfices habituels, quitte à mettre à la trappe le plan muri de longue date sur lequel nous nous étions pourtant mis d’accord !
Vous vous préparez donc, vous, une des seules forces capables de lui tenir tête… à nous vendre, comme des prostituées, à ce régicide !
VOS PROPOS DÉPASSENT LES BORNES, HEIR ! Ce conseil n’acceptera pas une seconde de plus que vous veniez cracher votre venin à ses pieds. GARDES !
hurla le vieux sage du milieu, outré. Les décorations de son chapeau en pointe tintaient à un rythme effréné, trahissant sa colère outrée.
Immédiatement, les battants de la grande porte du fond s’ouvrirent, laissant une vive lumière chasser les ombres de la pièce. Les visages des membres du Triangle se dévoilèrent enfin devant le politicien qui ne put s’empêcher de profiter de cette première victoire.
« Gardes ? GARDES ! »
cria le sage, mais personne n’entrait pour se saisir de l’homme, debout face à eux. Un léger bruit de moteur s'approchant se fit entendre. Quelque chose n’allait pas, les trois membres du Triangle échangèrent des regards inquiets. Leurs visages étaient marqués par les années, bien au-delà de ce que la nature pouvait offrir. Depuis combien de temps utilisaient-ils de la liqueur distillée de Lamprasine pour prolonger leur existence ? Une ombre grandit sur le sol tandis que le bruit du moteur résonna dans la pièce. Les sages ne purent retenir leur surprise de voir le brancard automatisé de Myan s’arrêter, légèrement en retrait de Monsieur Heir.
C’est fait, Zhǔ. Ils sont tous neutralisés, et les capteurs psychiques sont hors service.
Bien joué, envoie le signal. Messieurs, vieux messieurs… anciennes choses croulantes raccrochées à la vie par un futile et ténu fil de soie, permettez-moi de vous expliquer.
Voici le résultat de mes réflexions : vous n’êtes plus compétents pour diriger l’Empire Souriant, il est donc de mon devoir, ici et maintenant, de faire valoir de plein droit mon titre de Prince de MaterOne. Votre rang de nobles Souriants et vos privilèges de pères soi-disant sages sont supprimés. JE prends désormais la tête de la Communauté souriante, ainsi que de tous ses rouages.
Nǐ fēngle ! JAMAIS ELLE NE VOUS SUIVRA !
rugit celui de droite.
Bien sûr que non, je ne suis pas fou, et vous le savez parfaitement. Mon sang est royal et Souriant. Ce qui me désigne, ce qui m’a toujours désigné comme un rival potentiel que vous avez cru pouvoir manipuler. Je vous accorde un point cependant, les rênes doivent être transmises dans les règles… Ah ! Justement, voici nos témoins !
Des hommes en arme, qui n’appartenaient pas à la communauté, pénétrèrent à leur tour dans la salle des dépositions. Ils escortaient une dizaine de cadres des Triades, mains croisées derrière la nuque. Dans un réflexe pour dissimuler son identité, le vieux père de droite cacha naïvement son visage. Vestige d’un temps révolu, c’est pathétique, pensa le politicien. Il s’adressa alors aux prisonniers, leur faisant signe de baisser leurs mains.
Messieurs, l'ancienne coutume dit qu’un différend de ce niveau doit se résoudre par la mort d’une des parties. Je vais donc appliquer la loi, car, vous ne le savez peut-être pas, je suis très attaché aux traditions.
JE VOUS ORDONNE, A TOUS, DE QUITTER CE SANCTUAIRE ! VOUS N’AVE… Arrgh !
Silence.
Monsieur Heir n’avait prononcé qu’un mot, mais sa puissance mentale s’était déchainée, écrasant l’esprit du vieux père de gauche qui n’avait pas encore compris que son temps prenait fin. Un des nouveaux venus remit à Heir un objet dont le contrejour rendait la forme incertaine, celui-ci s’en saisit et le manipula tout naturellement, en s’approchant des nattes au fond de la pièce. Les trois petits vieux se prirent soudain la tête entre les mains, grognant et bavant de peur.
« Vous ne partirez pas, votre temps s’achève maintenant. Voici un couteau traditionnel Souriant : lame courbée, alliage fabriqué sur Talbot, la divinité étant… ça alors, quel heureux hasard !
Le puissant Mental montra l’arme bien en évidence aux témoins derrière lui ainsi qu’aux pères gémissant sur leurs carpettes.
Un Lóng, un dragon sculpté sur le manche. »
Sans hésiter, il se plaça derrière le plus haineux, celui de droite, lui saisit la tête et lui trancha la gorge. Puis il s’approcha de celui de gauche, qu’il décapita à son tour. Juste avant de laisser la lame découper la chair molle du plus ancien, celui du milieu, il ne put s’empêcher de prononcer la phrase rituelle :
« Biànlùn bèi guānbì, le débat est clôt. »


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narration: Tristan,
Acteurs: Mr Heir: Destrokhorne, Myan: Lorendil, vieux souriants: raoulito, Leto75 et Bleknoir
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RedU T1 Ch20 Ep08

Wed, 31 Aug 2016 04:20:00 GMT

Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livres numériques !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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Sterling-Price et Vernek Junta patientaient dans une pièce assez haute au centre de laquelle s’élevait une geôle aux épais barreaux d’acier. Un petit passage en tôle permettait d’accéder directement à l’intérieur de celle-ci, depuis le couloir.
« On croirait qu’elle va nous présenter un fauve. Benkana en fait un peu trop. »
glissa le politicien. Difficile de nier la démesure de la démonstration, la commandante voulait sans doute en imposer à sa prisonnière pour des raisons plus personnelles qu’autre chose. Le colonel avait pu en toucher quelques mots avec la princesse Azala qui les avait accueillis à leur arrivée sur le Transporteur 7, alors que Junta recevait un rapport quelconque sur son communicateur.
Comment allez-vous, princesse ? Je crois savoir que vous avez fait montre de réelles capacités de commandement durant l’attaque. Considérez cela comme une reconnaissance entre… vieux combattants.
Je n’ai fait que gérer au mieux les urgences, colonel, avec l’aide de Melba, ma garde du corps, qui a une certaine expérience en la matière. Vous êtes le vrai héros de l’histoire, ne soyez pas modeste.
Avait-elle répondu sur un ton amusé ; elle semblait bel et bien une sorte de miroir de Benkana. Le vieil officier de l’armée royale jeta un coup d'œil à la femme d’origine Brune se tenant quelques pas derrière eux. La redoutable Melba était l'une des dernières Lakedaímōns encore en vie, l’élite de l’ancienne Garde du Roi, pas étonnant qu’elle ait donné de bons conseils.
Certes, chacun a offert ce qu’il savait faire de mieux lors de ce drame, n’est-ce pas ? Et comment va la commandante ?
Aurora se porte comme un charme ! Mais évidemment, la gestion des prisonniers et les réparations du vaisseau lui dévore tout son temps, ce qui explique ma présence en ces lieux.
Je ne doute pas qu’une guerrière, expérimentée comme elle, soit resté insensible aux horreurs de la bataille. Mais il m’a semblé qu’elle prenait certaines… choses de manière trop personnelle, non ?
Vous avez sans doute mal interprété ses réactions, dans le feu de l’action. Je vous assure qu’elle est très posée.
Junta raccrocha son communicateur et se dirigea vers eux. Price rapprocha rapidement son visage de l’oreille de la princesse.
« Trêve de diplomatie. Je suis votre allié le plus sûr au Conseil des commandants. Hill et Arlington ne sont plus, si la commandante Benkana ne peut maitriser ses pulsions alors l’Exode en entier court un risque certain. Je ne joue pour aucune écurie en particulier, si vous avez besoin d’aide, contactez-moi en ligne directe, n’importe quand. »
Azala le regarda, troublée. Puis elle hocha discrètement la tête, les lèvres pincées, alors que le politicien les rejoignait. Rien que ce petit geste en disait long sur ce que la compagne de la chef de ce transporteur masquait, derrière son apparente nonchalance.

« Ah, enfin, les voilà ! »
La phrase de Vernek le ramena à l’instant présent. On entendit un sas se déverrouiller derrière le passage en tôles tandis que Benkana entrait dans la pièce. Un garde en tenue noire, solidement bâti, sorti le premier, tenant un filin d’acier relié aux menottes de Choupa qui le suivait les yeux fermés, une prothèse lui paralysant la mâchoire pour ne pas qu’elle se morde la langue. Son cou également était enserré d’un harnais métallique fixé à un autre filin que le deuxième garde, derrière elle, tenait en main. Les trois se redressèrent au centre de la cage, face au groupe des commandants de l’Exode.
Sur un signe de Benkana, un des hommes lui déverrouilla la mâchoire, libérant le système qu’il retira sans douceur de la bouche de la pirate. Un peu de bave tomba sur le sol, tandis qu’on lisait le soulagement sur le visage de la chef ennemie qui pouvait enfin laisser sa langue humidifier ses lèvres et l’intérieur de ses joues. Benkana ne lui autorisa guère plus de temps et commença l’interrogatoire.
« Regardez-nous ! »
L’autre ouvrit les yeux, fusillant la commandante d'un regard saturé de haine. La jeune femme avait reçu des coups, plusieurs contusions et ecchymoses, étaient visibles, ici et là. Était-ce le résultat de la bataille ou celui de mauvais traitements ?
« Vous êtes face à une partie du Conseil de l’Exode qui vous fait l’honneur de vous interroger. Répondez franchement et tout ira bien, sinon... »
Même le politicien Junta grimaça sous la menace, à peine voilée, de Benkana. Fort heureusement, la pirate ne semblait pas vouloir garder le silence.
Qu’avez-vous fait de mes hommes ? Je ne sais même pas combien ont survécu à vos sbires !
Quelques-uns…
Choupa remua sa langue dans sa bouche puis cracha le peu de salive qui lui restait en direction de la commandante. Quelques gouttes tombèrent près des barreaux, mais le message était clair. Vernek décida de prendre la suite de l’interrogatoire.
« Il y a cent-quatre-vingt-dix-huit survivants, dont une cinquantaine hospitalisés, Madame. Vos hommes sont bien traités, vous avez la parole du Conseil. »
insista-t-il à l’intention de la pirate, autant que de Benkana. Certains points devaient être clairement établis. Il poursuivit :
Nous sommes devant vous pour parler d’avenir, le vôtre et le nôtre. La problématique est simple : vous et vos pirates ne pouvez être une charge pour l’Exode, nos ressources sont limitées et les partager relèverait du sacrifice.
Que voulez-vous savoir pour nous relâcher ?
Réponse et question directes et sans ambages. Cette petite réfléchissait vite, pensa Price, et elle ne refusait pas de collaborer. Le colonel poursuivit donc la stratégie de l’interrogatoire mise au point avec le politicien.
Qu’est-ce que le Cercle de Khabit ? Qui sont-ils ? Quelles sont leurs forces ? Leur technologie ? Leur zone d’influence ? Bref, aidez-nous à nous préparer à les rencontrer. Ils sont sur le chemin de notre destination. Et… en gros, dites-nous ce que nous ignorons de ce côté de l’univers.
Vous rêvez en couleur si vous pensez que les habitants de Khabit vont sympathiser avec vous. Mais je veux bien vous dire tout ce que je sais, dès lors… que nous aurons réglé toutes les autres négociations.
Lesquelles ?
Le lieu où vous allez nous relâcher, par exemple. Nos conditions de détention, également. Mais demandez-lui, elle voit très bien de quoi je parle.
Les regards se tournèrent vers Aurora. Décidément, celle-ci accumulait les reproches à son égard. Choupa poursuivit sans lui laisser l’occasion de répondre.
Il n’existe pas de colonie planétaire où nous serions acceptés de toute façon, je vais devoir lancer un message pour que des vaisseaux pirates viennent nous récupérer. Et d’ici là, je veux que… ce ne soient plus les nordistes qui soient nos geôliers ordinaires.
Et un petit déjeuner aussi ?
répliqua la commandante du tac au tac. Junta coupa court :
Toutes ces demandes ne sont pas un obstacle, nous en discuterons préalablement au Conseil. De notre côté, nous avons des questions sur certaines technologies que vous avez utilisées pour votre attaque : en particulier les compresseurs dimensionnels de votre base astéroïde et… comment avez-vous décrit cela, commandante Benkana ?
Ismène, une intelligence artificielle recouverte de peau et de muscles humains qui trompaient nos systèmes de sécurité, faisant croire à un adolescent.
C’est cela. Et encore quelques babioles ainsi que des cartes de la région, même si l’étude des ordinateurs des barges et de vos vaisseaux de transport se révèle déjà très intéressante. Donc, sommes-nous d’accord ?
La jeune femme passa d’un visage à l’autre des deux commandants, ignorant Benkana. Elle réfléchissait, mesurant le pour et le contre, puis reprit la parole, visiblement convaincue.
« Pour Ismène, je ne peux pas vous dire grand-chose. Votre commandante a tué la personne la plus informée sur ce sujet. Pour le reste, vous voulez une sorte de guide de la région ? J’accepte dès que les conditions que j’ai données seront acceptées en retour. Je crois en votre parole, à vous deux seulement. »
L’entretien s’arrêta là. Il faudrait quelques heures pour valider en Conseil la négociation et mettre tout en place. Sterling-Price et même Vernek Junta ressortirent avec une terrible appréhension : la pirate Choupa ne représentait peut-être pas leur plus gros problème, en fin de compte.
Benkana et elle se mesurèrent du regard encore quelques secondes, puis on replaça la prothèse dans la bouche de la jeune femme alors que les commandants quittaient la pièce.


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Relecture: Kwaam, JMJ
narration: Elioza,
Acteurs: Choupa: istria, Benkana: Kanon, Junta: Arthur, Sterling-Price: raoulito,
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RedU T1 Ch20 Ep07

Wed, 24 Aug 2016 10:46:00 GMT

Les Samedi et dimanche 27 Août, c’est le 27/24 de podradio ! http://2724.podshows.fr

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À très bientôt lors du 27/24 !


« QUOI ? »
hurla Benkana, se levant brusquement de sa chaise. Sterling-Price intervint rapidement, lui posant une main sur l'avant-bras, pour qu’elle lui laisse la parole. Il parla posément, sans grandiloquence, avec peut-être un mélange de lassitude ou de fatigue perçant au travers de sa voix.
« Monsieur Junta, je viens de passer quelques jours assez éprouvants et je vous saurais gré de mesurer vos propos. Nous avons fait de notre mieux, avec le minimum de pertes possibles. Vous me voyez navré si les pirates ont payé un prix lourd tribu, mais jusqu’à preuve du contraire, ils étaient les agresseurs. »
Si personne, au Conseil des commandants de l’Exode, n’ignorait que le vieil homme avait été l’architecte de la victoire, Benkana et feu-J.F.Hill recevaient, eux, l'ire du politicien Junta, visiblement troublé par le bilan de la bataille.
D’après les premiers interrogatoires des pirates prisonniers, ils étaient plusieurs milliers et, au plus, deux-cents survivants. Ceux qui ont pénétré dans la Cité intérieure du Transporteur 7 étaient six fois plus nombreux que dans la vôtre, colonel, et pourtant on ne retrouve qu’une poignée d’entre eux dans les geôles, les corps des autres ayant déjà été largués dans l’espace.
Junta ! Où voulez-vous en venir ?
Intervint le général Décembre. Pour la première fois depuis bien longtemps, celui-ci ne prenait pas la défense du politicien. Le militaire ressentait parfaitement, au fond de ses tripes, les signes de la terrible bataille. Les réfugiés dans les bras des familles dont il manquait plusieurs membres, les hôpitaux débordants dans les coursives adjacentes, le regard hébété des soldats survivants… Oui, le général rageait de n’avoir pas combattu aux côtés de ses compagnons. Lui n’était arrivé qu’après, quand tout était fini, ayant perdu un transporteur entier sans avoir rien pu faire.
Sur le fond, le politicien avait raison, il était évident que Benkana avait commis des exactions. Mais soyons réalistes, les pirates auraient sans aucun doute fait pire et les Exodés auraient eu bien du mal à gérer plusieurs milliers de prisonniers, si tant était que cela fut possible. Donc Junta allait devoir faire profil bas cette fois et, au moins, respecter le deuil.
Disons juste que certaines zones d’ombre persistent. Pourquoi s’être débarrassé des pirates morts si rapidement, comment ce… ce Karl a-t-il pu causer autant de dégâts sans être inquiété, pourquoi J.F.Hill a-t-il laissé son transporteur livré à lui-même sans prendre la tête de la controffensive, et…
C’est suffisant Vernek. Arrêtons là, veux-tu ?
Sa propre sœur, la lieutenante-colonelle Onawane, venait d’interrompre son énumération. Elle avait vécu le drame des exodés se battant avec la rage du désespoir, et son vaisseau portait encore les marques du passage des troupes du terrible sénéchal Petrovach. Le colonel Hill était une icône sur le Transporteur 2, l’homme qui avait tout risqué pour les sauver, en pleine Transition. Petrovach s’en était personnellement pris à lui par vengeance, c’était évident ; le glorieux J.F.Hill venait de payer de sa vie, son courage et son abnégation. Même de la part de son frère, Onawane ne pouvait tolérer qu’il salisse sa mémoire.
Junta la dévisagea quelques secondes, mesurant les propos qu’elle venait de lui tenir. Il poussa un gros soupir puis croisa les bras, s’enfonçant dans son fauteuil, boudeur. Mais Sterling-Price n’allait pas lui laisser l’occasion de s’enferrer dans son mutisme.
« Monsieur Junta, parmi les premiers rapports qui nous sont parvenus, celui évoquant des artéfacts de technologie inconnue et de fantômes m’a particulièrement intrigué. Puis-je parler de… non-humains ? »
Vernek jeta un œil au général, impassible. Soit, l’heure était aux aveux ; de toute façon, les implications de ses découvertes allaient bien au-delà de son transporteur, tout l’Exode était concerné, sinon menacé. La commandante Benkana renchérit alors qu’il allait parler.
Et cette histoire autour de Vegas IV ? Vous faisiez quoi là-bas ? Vous chassiez les petits hommes verts ? Je suis très curieuse d’entendre vos explications.
Le général Décembre, fort de son autorité naturelle, décida que le temps des cachoteries était terminé.
« Mhmm… Je pense qu’il est inutile de maintenir le secret. Nous… mmhmm… avons eu un accrochage avec un appareil d’origine inconnue autour de la planète Vegas IV. J’ai perdu plusieurs pilotes, mais avec une… mmhmm… une stratégie astucieuse, Junta a réussi à le neutraliser et à en récupérer un fragment. J’ai… mmhmm… personnellement pris la responsabilité de garder cet évènement secret, voulant d’abord en savoir plus et… mmhmm… c’est le Transporteur 4 qui s’est occupé des recherches approfondies avec un spécialiste que… mmhmm… que nous avons recruté sur la station Piñata. Voilà, vous savez tout. »
Un lourd silence s’abattit sur la pièce.
Ainsi, une autre face de l’Exode se dessinait en ce moment, au milieu de ce conseil, faite de crimes de guerre, de mensonges et de conspirations en tout genre. On pouvait y ajouter l’expansion du mouvement religieux autour de Phil Goud et d'Adénor Kerichi, les drogues des Octotes ou le communautarisme à tout va. Le bilan humain n’était qu’un des aspects du désastre auquel ils devaient faire face.
Décembre, conscient comme tous les autres de cet état de fait, se décida à tendre la main pour resserrer les rangs.
Messieurs, nous avons l’oraison funèbre du colonel Hill dans trois grosses heures… mmhmm… je compte sur votre présence à tous. Nous devons montrer un front uni à l’Exode, je… mmhmm… je pense que vous le comprenez. Colonel Sterling-Price, je vous propose de réfléchir à la suite de notre voyage, d’un point de vue tactique. Je parle de ce… mmhmm… Cercle de Khabit. Préparons-nous à tout et réfléchissons à une stratégie. Vous êtes… mmhmm… vous êtes de loin le meilleur à ce jeu, je vous laisse nous présenter vos propositions. Combien de temps vous faudra-t-il ?
Quelques jours. Je vais devoir sans doute interroger cette Choupa et quelques-uns de ses lieutenants. Commandante, puis-je ?
Pas de problèmes, je serai avec vous.
répondit Benkana. Junta intervint, visiblement dégrisé.
Je veux en être également. Si l’on considère cette femme comme la chef politique d’une faction de cette partie de l’univers, je participerai à la négociation.
Qu’il en soit ainsi,
confirma Décembre avant que Benkana ne rugisse.
Monsieur Junta, je souhaiterais que vous envoyiez une copie complète de tous… mmhmm… j’insiste, de tous vos dossiers concernant ce que nous savons sur ces artéfacts, il faudra sans doute aussi que ce conseil rencontre le professeur… mmhmm… Schwarzkof. Colonel Onawane, nous avons besoin d’une liste précise de nos ressources englobant tout l’Exode, ainsi que des demandes médicales et matérielles. Pouvez-vous nous préparer cela ? Commandante Benkana, je vous laisse la gestion des… mmhmm… des prisonniers. Réquisitionnez tout ce dont vous avez besoin, nous pourrons mettre des espaces à disposition sur nos transporteurs, vous avez le soutien de tous ici et… mmhmm… et trouvez ce que nous pourrions faire… mmhmm… ce que nous pourrions faire d’eux. De mon côté, je vais préparer un autre bilan, militaire cette fois. Je ne vous cache pas mon appréhension pour la suite de cette aventure. Le chemin vers Antarès est encore semé d’embuches et nous… mmhmm… JE ne veux plus avoir à compter nos morts.
Voilà, si personne n’a quelque chose d’important à ajouter, je vous donne rendez-vous tout à l’heure en tenue de cérémonie pour un… mmhmm… un dernier hommage au colonel Hill.
Les commandants se levèrent à l’unisson. L’heure n’était pas à la discorde, en effet. L’Exode pansait encore ses plaies et comptait ses morts


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Acteurs: Onawane: istria, Benkana: Kanon, Junta: Arthur, Décembre/Sterling-Price: raoulito,
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RedU T1 Ch20 Ep06

Wed, 17 Aug 2016 11:41:00 GMT

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La table du petit déjeuner était dressée sur la grande terrasse du salon. Angilbe se tenait debout, habillé d’une simple robe de chambre blanche qui reflétait le soleil de cette belle matinée. La personne qu’il attendait descendait les marches menant ici et il ne voulait commettre aucun impair, comme celui de commencer le repas sans elle.
Le contramiral patientait donc, laissant son regard parcourir l’étendue boisée entourant sa propriété ; on y retrouvait de très nombreuses essences d’arbres, des bosquets d’églantiers aux rangées de sapins ou des saules pointant leurs feuilles si reconnaissables, aux robustes chênes centenaires qui dominaient l’ensemble de leur majesté. Il fut un temps, Poféus ne se serait pas perdu à détailler ce qui composait cette forêt, mais plutôt à réfléchir si un ennemi pouvait s’y dissimuler. Depuis l’attentat manqué contre sa personne, à l’étage au-dessus, les mesures de sécurité avaient été largement durcies et s’étendaient maintenant au-delà des limites de la propriété. De nombreuses cimes de ces arbres dissimulaient des tireurs d’élite aux ordres du contramiral. Lui et la belle Calande ne risquaient donc rien en cette matinée radieuse. Le froissement du tissu d’une robe en mousseline le fit se retourner.
Les cheveux mi-longs de la jeune Brune qui se tenait devant lui, brossés de peu, flottaient sur la brise. Le blanc cassé de sa tenue légère laissait transparaitre les formes de son corps dans un jeu de tons foncés ou clairs, sur lequel resplendissait le magnifique visage sans fards de sa bienaimée. Elle lui souriait d’une expression simple, presque naïvement douce, la jeune femme rayonnait et Angilbe ne put retenir l’afflux d’une bouffée de désir.
Mais comment était-ce possible ? Lui, l’homosexuel convaincu, le pédophile assumé, comment avait-il pu ressentir ces summums de plaisir qu’il venait de découvrir ces dernières nuits ? Les sensations nouvelles, les mouvements des corps plus subtils, les organes plus tendres, tout différait de ce qu’il connaissait. Rien que de laisser ses mains parcourir la peau féminine lui avait procuré de douces ondes qui aidèrent sa virilité à surgir, fière et impatiente.
Haletant à une heure nocturne, il s’en était ouvert à elle alors que les draps froissés aux relents de musc et de transpiration reposaient à même le sol, laissant les deux amants reprendre leur souffle avant une nouvelle joute.
Comment puis-je… c’était bon au-delà de mes souvenirs, Calande ! Pourquoi ? Comment ? Vous êtes une femme et pourtant je suis attiré comme jamais…
Tu avais oublié l’Amour, Angilbe. Simplement. Le désir seul ne peut suffire.
Inutile d’ajouter plus, les instincts primaires reprirent la parole dès les derniers mots de la jeune femme. Oui, l’amour. Il avait pourtant aimé Fabio et même quelques mignons, durant un temps trop bref. C’était certainement plus qu’une simple question de sexe du partenaire. En tant que sa psychologue, Calande Rorré avait réussi à l’aider à dénouer les mailles de ses frustrations de jeunesse : la perte de Méhala, sa double sexualité, la douleur de la séparation d’avec son père et encore ignorait-elle ses liens avec Magnam IV. La femme Brune avait accepté ses déviances pédophiles, les qualifiant de « règles de la société qui ne devaient pas interférer dans le travail de compréhension » et cela aussi avait joué. Bref, il se retrouvait dans ces cas typiques de patient tombant amoureux de son praticien, à la différence près qu’elle l’aimait également en retour, et rien que cela tenait du miracle.
« Peut-être devrions-nous nous assoir avant de tomber de fatigue, Angilbe, ne crois-tu pas ? »
L’autre sursauta. Quoi, une fuite de réalité ? Non, c’était plutôt un moment d’éblouissement face à cette nymphe qui avait su ouvrir les portes de son cœur. Il se précipita pour lui présenter une chaise et s’assit en face. Sur un signe, un serviteur apporta l’incontournable thé au jasmin et, un second, le sucre et les cuillères. Poféus allait poursuivre la découverte de ce monde étrange en commençant sa première journée depuis longtemps sans café noir.
Un couple de mésanges-sauterelle vint caqueter à l’autre bout de la terrasse, ajoutant à l’atmosphère bucolique de ce petit déjeuner. Poféus avait eu quelques hésitations pour engager la conversation, mais ensuite, il put discuter sans difficulté avec sa vis-à-vis, dont l’appétit s’avérait par ailleurs remarquable. Elle se confia à lui en souriant.
Je ne veux pas que tu penses du mal de moi, mais les déjeuners du matin sont de loin mon moment préféré. Et les cuisiniers sont ici d’une rare qualité alors…
Mais servez-vous, ma chère. S’il n’y a que cela pour vous ravir, on pourra même demander des thèmes pour chaque matin : Tropicalien, océanique, Texos… Le chef me l’avait un jour proposé, mais je n’en avais pas vu l’intérêt.
La vie à deux apporte des sources de bonheur et de changement. Demain, je ne pourrai pas déjeuner avec toi, mais après-demain, un petit océanique me remplirait de curiosité… et d’appétit !
Tous deux rirent de bon cœur même si le contramiral ne put s’empêcher de se demander ce qui pouvait être plus important que leur relation. Paranoïa, jalousie ou simplement déception d’un amoureux transi ? De toute façon, il le saurait, car déjà du temps de leur rapport patient-praticien, une équipe des affaires mentales la suivait en permanence, autant pour sa sécurité que pour sa surveillance. La protection du ministre de la Sécurité était à ce prix, qu’Angilbe y croit ou pas, et la jeune femme l’avait explicitement accepté.
Donc tout allait pour le mieux.
Tu sais surement qu’un nouvel attentat des Mutualistes a eu lieu hier, c’était dans une ville tropicalienne. Je fais partie de la cellule de soutien aux victimes et mon avion décolle ce soir, mais je n’y resterai que vingt-quatre heures. Dis-moi, pourquoi ne peut-on arrêter tout cela ?
C’est un sujet secret, tu sais. Je ne peux pas en discuter avec toi. Disons juste que leur organisation est très cloisonnée. Ce n’est pourtant qu’une question de temps et ils finiront par tomber.
Je me suis souvent dit que… que certaines dispositions politiques, du genre plus d’ouverture pour les élections ou quelques touches de… démocratie plus horizontale pourrait empêcher des gens de… suivre les extrêmes.
Tu ne penses pas ?
Elle avait dit cela avec une grande prudence, cherchant ses mots, mesurant son ton et ses propos. Angilbe ne put retenir un sourire qu’il dissimula en s’essuyant la bouche : le dossier sur sa jeune amante mentionnait clairement ses idées politiques et il savait parfaitement que, s’il voulait la garder à ses côtés, il n’avait pas d’autre choix que d’aborder ces sujets. D’ailleurs, ses réponses étaient déjà toutes prêtes.
Je suis d’accord.
Ah bon ? Je… je ne m’attendais pas à cela.
Disons qu’on abordera cela un jour ou l’autre entre nous. Peux-tu me rapprocher le pot de confiture, s’il te plait ?
Le contramiral étala une large portion de la gelée sucrée sur un morceau de pain et croqua généreusement dedans.
disons que… pour déminer une situation, parfois il faut savoir donner des… des… comment dire ?
… des gages ?
C’est cela, des gages… Après tout, la révolution a eu lieu et, une fois que le nouveau chancelier suprême sera élu, il sera temps d’appliquer des modifications en profondeur du système.
Tu avais déjà réfléchi à tout, n’est-ce pas ?
Pour vivre, ce qu’il me reste, à tes côtés, je ne reculerai devant aucun effort. Sincèrement.

Un voile de tristesse passa devant les yeux de Calande Rorré. Angilbe, lui, était simplement heureux qu’ils soient tous deux attablés, ici et maintenant.


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Relecture: Kwaam, JMJ
narration: Anna,
Acteurs: Poféus: Pof, Calande: Coupie
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morceau musical de fond: Les choeurs de l'armée rouge "Korobelniki"

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RedU T1 Ch20 Ep05

Wed, 10 Aug 2016 11:26:00 GMT

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À très bientôt donc :-)


Seules les statues des quatre pouvoirs ancestraux gardaient la salle secrète des dépositions, figées dans leur posture impressionnante. Les pères Souriants ne voulaient visiblement pas risquer d’attendre leur auditionné ou peut-être passaient-ils ici un message. Ce serait bien dans leur genre…
Qiānbǐ patientait sagement derrière la lourde porte qu’on avait refermée sur Heir lorsqu’il était entré. Étrange bonhomme, quels intérêts suivait-il  : ceux des Souriants, ceux du politicien ou quelque chose de plus personnel ? Toutes les possibilités étaient offertes. Il faudrait trancher cette question au plus vite.
Un gong discret retentit et les trois sages pénétrèrent dans la pièce, par leur entrée privée et s’installèrent, probablement aux mêmes emplacements que les fois précédentes. Heir salua conformément aux traditions et attendit la suite. Cela ne dura pas longtemps et ce fut celui de droite qui prit la parole, sèchement.
« Wángzǐ, nous vous avons fait venir, car de nouvelles informations nous sont parvenues et nous désirons vous faire part de notre mécontentement. L’enquête de nos assistants commençait à peine que, déjà, de surprenants résultats apparaissaient. »
Le politicien sentit qu’il n’allait pas apprécier cette réunion au sommet. Celui de gauche poursuivit :
« Des sommes très importantes, que vous déclariez comme destinées à votre campagne de désinformation et de déstabilisation du pouvoir en place, ont disparu. De tels montants ne peuvent pas être le fruit d’erreur de comptabilité ou du hasard. Nous vous demandons des éclaircissements sur ce sujet, allez-y. »
Quelle bande d’hypocrites ! Cela faisait des années que cet argent était réassigné. Ils le savaient parfaitement et révoquaient simplement leur accord tacite, car ils voulaient le mettre au pas. Oui, lui ! Ce n’était donc rien d’autre qu’une repentance que l’on attendait maintenant de lui, mais c'était hors de question.
Sages pères du Triangle, je ne saisis pas de quoi nous parlons. Je pensais que l’enquête diligentée devait porter sur le contramiral Poféus. La tenue de mes comptes n’en faisait pas partie, à ce que je sache.
Arrêtez immédiatement ce manège. Ce conseil ne supportera pas plus longtemps vos manigances, Prince. Vous accusez Poféus de détourner des milliards, mais vous oubliez que c’est en nous faisant profiter de cette manne qu’il les a accumulés. Par contre, vous nous avez entrainés dans une guerre stérile avec ses puissants services de sécurité, et le statuquo qui en résulte nous désavantage. Jamais les ventes de nuage de miel ou de Lithium de contrebande n’ont été aussi faibles. Des barrières administratives s’élèvent un peu partout à l’encontre de nos banques et de nos institutions que les pots-de-vin habituels ne suffisent plus à abaisser. La main de Poféus et des forces Mentales est derrière tout cela, c’est évident. Et vous voici devant nous, prétentieux, ayant détourné d’autres milliards et nous demandant de changer un plan, établi de longue date, pour une action violente aux conséquences imprévisibles sur la foi de soupçons. Votre haine personnelle envers Poféus vous aveugle, nous ne vous suivrons pas sur cette voie.
Il était très rare d’entendre un Père parler avec tant de grandiloquence, Heir releva également que les ornements de la silhouette du vieux Souriant remuaient plus que d’habitude. Depuis leur dernière rencontre, l’avis majoritaire du conseil avait évolué et pas dans son sens. Ou cela avait-il toujours été le cas ? Avec ces personnages, on ne pouvait jamais être certain. Il s’adressa donc directement à la silhouette au centre, le plus âgé des sages.
Je vois, il n’y aura pas d’enquête… et qu’est-ce que vos grandeurs ont également décidé ?
Quels sont vos liens exacts avec l’organisation Mutualiste ?
interrogea le père installé au milieu du trio.
Je ne comprends pas.
Nous sommes surpris que les sommes disparues correspondent à la montée en puissance de ce mouvement, quelle étrange coïncidence. Nous n’arrivons pas à pénétrer leurs secrets, tout juste possédons-nous la liste de quelques sympathisants. Pourtant ces gens sont nombreux, professionnels et extrêmement bien équipés et renseignés. Pour créer et développer toute cette organisation, il faut de grands moyens financiers, l’accès à des sources de connaissances et une intelligence hors du commun. Tout cela nous fait penser à vous, Wángzǐ.
Comme s’ils n’attendaient aucune explication de sa part, ils se levèrent et ce fût le Souriant de gauche qui conclut l’interrogatoire, avec cette sentence :
« Vous êtes désormais assigné à résidence. Le versement de tous les fonds qui vous étaient alloués est suspendu et nous vous retirons le droit d’accès à toutes les ressources de notre communauté. Lorsque vous serez décidé à collaborer de nouveau avec nous, nous serons disposés à revoir les termes de nos relations, sur des bases plus saines à nos yeux.
Biànlùn bèi guānbì. »
Les sages se retirèrent et la lourde porte derrière lui s’ouvrit. Qiānbǐ, le petit secrétaire discret, vint se placer à sa hauteur, sans parler. Heir n’était pas d’humeur à jouer, encore occupé à évaluer les implications des sanctions du conseil.
Je ne suis plus en état de grâce. Vous pouvez me laisser seul désormais.
Ne jamais sous-estimer un dragon acculé, Wángzǐ. Ces animaux-là disposent de pouvoirs magiques insoupçonnés.
Le politicien regarda son secrétaire. Mais à quel jeu jouait-il, à la fin ?


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Relecture: Kwaam, JMJ
narration: Tristan,
Acteurs: destrokhorne : Heir, Akira : Qiānbǐ, raoulito/leto75/bleknoir : vieux souriants
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RedU T1 Ch20 Ep04

Wed, 03 Aug 2016 04:40:00 GMT

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À très bientôt donc :-)


C’était une petite villa, dans la banlieue de MaterOne Centrum, qui ne payait pas de mine. Ni trop cossue, ni trop délabrée, avec son vieux Souriant à la retraite qui taillait ses rosiers le matin, et sa femme qui allait encore aux courses avec un panier en osier. Quelques amis passaient les voir de temps en temps, mais rien de spectaculaire ; de l’avis général, tout respirait la sérénité. Et pourtant, les sous-sols de ce lieu étaient aménagés en clinique secrète pour les Triades Souriantes : c’était ici que l’on amenait les hommes blessés dans les échauffourées, ici que les hauts dignitaires de l’organisation venaient recevoir les meilleurs soins possibles auprès des spécialistes Souriants. Et ces derniers temps, une des chambres était occupée par l’élève de monsieur Heir, Mai Rui Ian dit « Myan », enfin sorti du coma dans lequel l’avait laissé son ultime rencontre avec le lieutenant Ralato Ouli.
Nǐ hǎo, maitre. Je suis navré de ne pouvoir me lever pour vous accueillir, ils m’ont annoncé que j’étais paralysé.
Nǐ hǎo, Myan. Je… le drame qui te touche meurtrit mon cœur, mon enfant. Et pourtant, tu me vois rayonner de joie de t’entendre à nouveau.
Heir serra la main posée sur le lit, conscient du côté symbolique du geste, Myan pouvait ne même pas en sentir le toucher. Le grand homme froid, au passé trouble, n’éprouvait que peu de sentiments en général, sauf pour ses deux fils spirituels : Myan et Hòu niǎo. Si le premier était revenu en piteux état de leur voyage sur Tb01 (planète centrale de la Nébuleuse de Talbot), le corps du second avait basculé dans les brumes des mers de Lithium qui composaient la surface de ce monde. Sans doute avait-il été plus durement touché, enfin peut-être… Heir espérait quelques réponses du jeune homme allongé sur le lit. Que s’était-il passé exactement là-bas, sur la plateforme ? Comment la puissance physique et mentale de Hòu niǎo, et les incroyables capacités de Myan, avaient-elles pu être mises en échec par le lieutenant de Poféus, même assisté du fantôme de l’agent Stuffy ?
« Mon garçon, je ne veux pas te fatiguer, mais ton aide va m’être indispensable, car la situation sur MaterOne devient critique. J’ai de bonnes raisons de penser que… »
Il se tut, se souvenant combien le Triangle avait des oreilles et des yeux partout. C’est par l’esprit qu’ils poursuivraient cette conversation.
… j’ai de bonnes raisons de penser que nos ennemis préparent quelque chose, mais le Triangle ne prend pas mes soupçons au sérieux. Pire, je pense qu’eux aussi ont leurs propres plans, pas forcements compatibles avec ce que nous avions décidé à l’origine. Bref, mon garçon, nous sommes seuls. Peux-tu revenir combattre aux côtés de ton vieux maitre, même si je n’ai pas le droit de te le demander ?
Bien sûr, Lǐngbān, ma vie vous appartient, que puis-je faire ?
Monsieur Heir ne put retenir un petit sourire se dessiner sur son visage.
Son autre fils, Hòu niǎo, avait été condamné dès sa naissance par une erreur due à l’imprécision de la génétique naturelle. Il avait alors été le premier à être traité avec une substance dérivée de la Lamprasine, un des éléments de base de la drogue des Souriants « le nuage de miel », mais à des doses supérieures, suivant le raffinement d’une chimie que Heir conservait précieusement. Cela permettait de développer des capacités hors du commun et, devant les résultats très prometteurs, on avait fait venir Myan : cette fois, la technique serait utilisée sur un enfant normal, juste un peu avancé pour son âge.
Le jeune Myan avait passé sa prime enfance avec Heir, traité en permanence durant des années, sa croissance accélérée. Le succès avait été tel qu’on l’avait envoyé en mission d’espionnage à l’université Mentale, puis au ministère de Poféus. L’adolescent avait menti à tous les Mentaux et psychologues qui l’avaient croisé, mystifiant même Ralato et Stuffy. Heir le considérait comme son futur égal d’ici quelques années, avec un avenir prometteur. Mais voilà, il était désormais paralysé, quoique ses facultés semblaient demeurer intactes.
J’ai besoin de savoir ce qui s’est passé là-bas. Comment est mort Hòu niǎo et comment Ralato a-t-il pu te vaincre ?
C’est… c’est assez flou, en fait. Hòu n’était plus en état de se battre, il avait perdu ses capacités physiques une fois son distillateur arraché. Ça, je peux le comprendre, mais moi…
Je suis certain d’avoir vaincu le lieutenant et le deuxième esprit dans sa tête était impuissant, reclus dans un coin. Pourtant…
Pourtant il est bel et bien revenu.
Oui il est revenu, je ne sais pas comment dire, presque d’entre les morts ! Et cette fois sa force était… était… zhè shì nányǐ xíngróng de zhǔ !
C’était indescriptible ? Que penses-tu de cette hypothèse : Fabio Ouli (tu as lu les dossiers sur son frère) ? On dit qu’il pouvait lancer des attaques à plusieurs centaines de kilomètres et même soulever des orthoptères, rien qu’avec son esprit. Est-ce que cela correspond à ce que tu as vécu ?
L’autre resta pensif plusieurs secondes, les yeux fixant le néon du plafonnier. Sans nul doute, cette expérience avait dû être terrible à vivre pour son élève.
Un bruissement discret fit se retourner Heir. Qiānbǐ, son secrétaire particulier, créature du Triangle placée à ses côtés pour l’espionner, se tenait un peu en retrait.
Wángzǐ, votre voiture vient d’arriver. Nous avons rendez-vous avec les pouvoirs ancestraux, les trois sages vous requièrent.
J’en ai encore pour quelques minutes.
Ma patience est infinie et j’ai le plus grand respect pour votre action, Wángzǐ, mais je regrette que le Triangle ne partage pas les mêmes opinions à votre sujet. Ce rendez-vous impose l’exactitude, j’en ai peur.
Le membre du Conseil de la révolution observa son secrétaire, un peu étonné. Le petit homme venait d’évoquer un désaccord avec ses maitres du Triangle, ignorait-il que cette pièce avait toutes les chances d’être sous surveillance et que ses propos seraient rapportés en haut lieu ?
Ou alors cela faisait-il partie d’une stratégie destinée à mieux gagner la confiance du politicien ?
Oui
Pardon ? Myan, tu disais ?
Je pense que la puissance qui habitait le lieutenant Ralato lors de notre affrontement équivalait à celle décrite pour son frère. Cela n’était pas le cas au début, mais quand il est revenu à la vie…
Lǐngbān, je vous le dis comme je l’ai vu, il est apparu comme un soleil illuminant, pardon, brulant tout. Intouchable, indestructible, impitoyable… on ne peut pas se battre contre un soleil. Alors oui, on peut comparer cela à ce qu’on sait de Fabio Ouli.
C’est fantastique ! Merci d’être à nouveau parmi nous, Myan. Je reviens vers toi bientôt, mais, pour l’instant, prends du repos. Mon entretien avec les vieux croulants va débuter et, comme le dit Qiānbǐ, il serait indécent de ne pas arriver à l’heure exacte.
Au revoir, Maitre, et merci pour votre visite.
Le jeune homme laissa sa tête s’enfoncer dans le coussin, fermant les yeux. Rien que cette entrevue venait de le vider de ses maigres forces, et pourtant, Heir risquait de lui demander bien plus dans un avenir proche.
Mais d’ici là…
Allons-y, Qiānbǐ, ne faisons pas attendre les sages.
Votre sagesse est grande également, Wángzǐ. Je préviens le chauffeur de démarrer les suspenseurs.
Obséquieux ou sincère ? Dans cette culture, on ne sait jamais vraiment, se dit monsieur Heir, en fermant doucement la porte de la chambre derrière lui.


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Relecture: Kwaam,JMJ
narration: Andropovitch,
Acteurs : Destrokhorne : Heir, Lorendil : Myan, Akira : Qiānbǐ
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RedU T1 Ch20 Ep03

Wed, 27 Jul 2016 04:10:00 GMT

Aurons-nous encore des larmes d'ici la fin de l'année 2016 ?
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Ralato reçut la tasse tendue, et l’avala rapidement. Ce café était délicieux, l’homme de confiance du professeur savait y faire, et de toute façon, on avait testé le breuvage à la recherche d’un quelconque poison. La prime jeunesse du lieutenant, alors que lui et son frère venaient d’être « recrutés » par les affaires Mentales, l’avait été auprès de ce petit homme. Certes, Fabio était l’étoile du duo, lui ne faisait que suivre, mais QuartMac avait toujours pris soin de ne pas dissocier les deux enfants, aussi dur avec l’un qu’avec l’autre, malgré des objectifs opérationnels différents. Ralato était la promesse d’un excellent agent Mental, efficace et puissant. Son entrainement se prolongea ensuite à l’université Mentale, où il mettait un point d’honneur à être le meilleur dans tous les domaines. Fabio, lui, était destiné à toute autre chose : son pouvoir surpassait tout, au point qu’il pouvait effectuer une frappe orbitale ciblant un neurone. Sa relation (commencée très — trop — jeune) avec Poféus n’avait fait qu’intensifier sa distance avec Ralato au point que, bien plus tard, celui-ci avait lui-même proposé de sortir Fabio de sa prison pour une mission suicide dans l’Exode.
« Te rappelles-tu notre dernière rencontre ? La dernière avant celle sous les montagnes, j’entends… »
La question de QuartMac ramena le lieutenant à la réalité.
Oui. Vous étiez mourant, dans un hôpital militaire.
Mhmm… Je n’ai pas ce souvenir, dommage. Les ultimes jours de ma vie n’ont pas été enregistrés ce qui fait que, lorsque ma première chimère reçût l’implantation psychique, je me réveillais dans un corps tout en m’éteignant dans un autre. Troublant, n’est-ce pas ?
Poféus était-il au courant ?
Le professeur étudia l’expression de son ancien élève. Quelle étrange remarque  ! Il venait de lui parler d’évènements dont seule la science-fiction émettait l'hypothèse et sa première question portait sur la connaissance du secret par le contramiral : les nombreuses cachoteries de Poféus avaient érodé la confiance de Ralato.
Intéressant.
Une petite partie, oui, mais certainement pas tout. D’ailleurs, c’est pour cela que je me suis tourné vers les Mutualistes. En fait, ce sont eux qui sont venus à moi. Alpha, leur chef, me contacta un jour avec une proposition de budget et une assistance telle qu’un homme aux portes de la mort, comme je l’étais, ne pouvait refuser.
Ne me dites pas que l’armée limitait vos moyens ?
interrogea le lieutenant, amusé.
Eh bien si, figure-toi ! Et j’en ai été très irrité. Il faut se remettre dans le contexte. L’expérience ratée, qui m’a valu cet œdème inopérable au premier lobe frontal, avait également couté la vie à de nombreuses "huiles", des militaires très portés sur l’influence et le pouvoir Mental. Les nouveaux chefs orientèrent alors leurs recherches sur la "cybernétisation" des troupes, les prothèses, l’assistance poussée, que sais-je encore. Moi… moi j’étais abandonné, mes crédits fondaient comme neige au soleil et seul Poféus maintenait le nécessaire pour toi et Fabio. Une fois votre entrée à l’université actée, on attendait simplement que je meure pour dissoudre la structure.
Sauf que les Mutualistes ont eu vent de votre existence et vous ont récupéré !
Cela en dit long sur l’étendue des renseignements auxquels ils ont eu accès, n’est-ce pas ?
Stuffy intervint, apportant sa pierre à l’édifice.
« D’ailleurs, on pourrait aussi parler des moyens colossaux dont ils disposent. Tu te souviens de la base sous la Colline aux vacances ? De celle sous la chaine des Amalaches ? Elles m’avaient beaucoup impressionné. Mais pour leur soutirer le moindre renseignement, c’était peine perdue. »
Le vieux savant gémit soudain, portant instinctivement la main à son estomac. Des gouttes de transpiration perlèrent de son front dégarni pour glisser sur ses épais sourcils. Un tremblement parcourut ensuite tout son corps puis il soupira, la crise était passée.
Je… désolé ce corps approche de la fin, c’est souvent douloureux.
Parlez-moi un peu de cette technologie. C’est assez surréaliste, même si, de votre part, je ne suis plus étonné de grand-chose, professeur, vous avez toujours excellé.
Hé, hé, hé… Oui, merci. Mais je n’ai apporté qu’une partie du travail. Mes recherches sur l’esprit Mental m’avaient permis d'approfondir le transfert de personnalité. J’ai pu le rendre rapidement utilisable, à défaut d’être parfait. Mais les chimères…
Le savant posa sa main contre la vitre glacée. Il pouvait sentir les bulles ricocher contre la surface interne, rebondissant entre les doigts, glissant sur le sternum de l’être suspendu à l’intérieur de la cuve. QuartMac soupira et retira sa main avant qu’elle ne se pétrifie sous le froid. Ralato allait-il le laisser vivre ? C’était possible en fin de compte.
C’est Alpha lui-même qui m’a donné la clé qui contenait les plans et les explications, il dut même me fournir le lecteur, tellement ce système était spécial. Tout ce qu’il a accepté de me dire, c’était que cela venait de très loin, bien plus loin que la Passe de Magellone et que, si j’arrivais à l’exploiter, je pourrais sans doute vivre encore longtemps… Évidemment, il s’agissait de vie avec des corps successifs, mais vous et Poféus alliez partir, je n’avais guère le choix. J’ai travaillé seul, en secret. J’ai replongé dans les études pour compléter mes connaissances sur de nombreux sujets dont je n’étais pas un spécialiste. Aucun de mes collaborateurs ne fût mis dans la confidence, ni Poféus, comme tu t’en doutes. Pas question d’offrir à ces lâcheurs le moindre cadeau.
J’ai transmis à Alpha l’enregistrement de ma psyché quelques jours avant qu’on ne m’emmène mourir à l’hôpital, ainsi que tout le nécessaire pour concevoir la première chimère Mutualiste. Il supervisa lui-même mon « retour », me permettant de prendre le relais dès que je le pus, comme scientifique en chef. La suite ne fut qu’une succession d’amélioration pour retrouver toute ma mémoire, perfectionner les organismes, rendre les transferts plus efficaces. J’ai même pu convaincre certains de mes anciens assistants de m’accompagner…
Voilà, en gros, tu sais tout. J’avoue avoir été surpris quand il m’a demandé d’arrêter mes recherches pour m’occuper de ton interrogatoire. Ils venaient de te capturer, et, ceci dit entre nous, Alpha mettait de grands espoirs en toi.
Ralato ne répondit pas. La torture qu’il avait vécu sous les Amalaches, dans la cuve insensibilisante, ne s’était pas cicatrisée. Pire, elle avait ouvert des failles dans ses certitudes : son frère était-il bien son frère ? Quels secrets se cachaient dans l’histoire familiale des Ouli ? Les mystères de Poféus n’avaient rien arrangé à son trouble. Stuffy réagit immédiatement :
On en a déjà parlé et je t’ai expliqué tout, de fond en comble, c’était un montage. QuartMac nous a aidés à mettre tout au point pour que tu sois ébranlé.
Et vous y avez parfaitement réussi.
Je vois çà. Après tout ce temps, tu continues à ruminer.
Son ancien collègue, l'un de ses rares amis, avait collaboré avec les Mutualistes pour le capturer et l’interroger. L’intervention de son frère (?) Fabio, malgré des distances considérables les séparant, avait anéanti tous les espoirs de l’organisation et pulvérisé la base des Amalaches. Pour survivre, Stuffy n’avait pas eu d’autre choix, en profitant de conditions particulières, que de se projeter à l’intérieur de l’esprit de son prisonnier, assistant à la mort de son corps physique. Ils vivaient dorénavant ensemble et cela durait depuis tant de mois, presque une éternité. Ils avaient affronté les Triades Souriantes, Hòu Niǎo le géant, Myan le Mental renégat et monsieur Heir, sur la Nébuleuse de Talbot. Puis ce fut la troublante découverte des traces d’un passé enfoui sous des siècles d’occultation, suivi enfin de la découverte de l’armada secrète que Poféus construisait, détournant les ressources de tout MaterOne pour son projet fou.
Tout cela à cause, ou grâce, aux Mutualistes.
« Ralato ? Tu penses à la même chose que moi ? »
Pris d’une inspiration, le lieutenant se tourna vers son professeur.
Je suis prêt à vous laisser vous transférer dans votre nouveau corps, sous deux conditions. D’une part, je veux y assister et que toutes vos connaissances reviennent aux forces Mentales. Vous pourrez même poursuivre vos travaux après, je m’y engage.
Ralato ? Te voilà bien généreux. J’accepte. Et quelle est la deuxième demande ?
Est-ce que les Mutualistes utilisent également cette technologie ?
QuartMac eut un petit sourire, suivi d’une quinte de toux. Puis, s’appuyant sur le bras de Ralato, il reprit son souffle et s’économisa avec une réponse évasive :
« Je l’ignore. Mais je doute qu’ils aient pu recruter autant de professionnels du secret sans aucune fuite. Sauf à obtenir leur silence, d’une manière ou d’une autre. »
Les implications de ce concept même firent frémir Ralato, et Stuffy ne put le rassurer :
À bien y réfléchir, je me souviens avoir vu souvent des têtes semblables chez eux. Si on est dans le vrai alors…
… Le mouvement Mutualiste ne serait composé que de dupliqués qui se répliqueraient au fur et à mesure de leur élimination…
… Conservant leurs expériences passées, les croisant et les magnifiant à chaque nouvelle vie.
Bref, une armée d’immortels en puissance. Voilà quel serait notre ennemi et cela expliquerait bien des choses…


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RedU T1 Ch20 Ep02

Wed, 20 Jul 2016 05:00:00 GMT

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À très bientôt donc :-)


Le professeur QuartMac s’adossa contre un tronc pour reprendre son souffle. La voiture prévue était bien là, Manúel y avait veillé, comme toujours. La côte qu’il venait de gravir à pied, dans ce bout de jungle tropicalienne, l’avait vidé de ses forces, mais c’était nécessaire pour interrompre toutes les filatures, humaines ou électroniques. On l’avait peut-être vu pénétrer dans cette vallée avec un autre véhicule, il repartirait donc dans cette vieille camionnette, en sens inverse, par le sommet d’un versant.
Les jambes de QuartMac refusèrent de le porter jusqu’à la voiture, il se retrouva soudain paralysé. C’était malheureusement prévisible. Il prit appui sur l’arbre derrière lui, une espèce de palmier large plutôt bas de branches, frappant plusieurs fois le membre récalcitrant contre l’écorce rugueuse. La douleur entraina la production d’adrénaline et réveilla certains muscles moteurs. Le savant se remit debout et réussit à se mouvoir suffisamment pour marcher jusqu’à la voiture. Il tourna la clé de contact et elle démarra correctement, seule la boite de vitesse grinçait bizarrement lorsqu’on passait les rapports. En descendant le sentier de caillasses, QuartMac pria intérieurement pour que son corps tienne, le temps d’arriver à destination.
Trois heures plus tard, la camionnette passa devant une vieille pancarte qui indiquait la bourgade de Palaos Verde. C’était un gros village, typique de cette région, suffisamment évolué pour qu'on ne soit plus surpris par la présence de voitures, mais encore très traditionnel, avec ses péons au large chapeau de paille, profitant d’une sieste en ce milieu d’après-midi. QuartMac s’engageaentre deux maisons de tôles et de bois et se gara à l’abri d’une grange, loin des regards. Il traversa la cour où s’égaillaient quelques poules, poursuivies par une ribambelle de poussins, et pénétra dans l’arrière d’une épicerie. Manúel l’attendait au comptoir, toujours impassible, arrangeant quelque produit sous la caisse. Il lui offrit un petit signe amical, le vieux serviteur de son défunt frère était d’une fidélité à toute épreuve et il avait pu s’appuyer sur lui pour concevoir son laboratoire secret.
Quelque chose semblait pourtant troubler le gros homme : son regard fuyait, de la sueur perlait sur son front. QuartMac jeta un œil dans la boutique : une vieille hésitait devant un pot de marmelade et un jeune lisait des bandes dessinées, dans un coin. Rien d’autre, tout était commun et habituel. Le professeur mit sur le compte de la chaleur et d’une quelconque affaire privée, l’attitude de son homme de confiance : cinq enfants et une femme tropicalienne. Cela pouvait porter sur les nerfs parfois.
Sans insister, il retourna dans l’arrière-boutique, déplaça une caisse et… son bassin se figa à son tour. Pestant contre sa malchance, il héla Manúel. Le gros homme mit un peu plus de temps que d’habitude à le rejoindre. QuartMac lui expliqua le problème, après quelques formules de politesse, et le bonhomme lui débloqua les reins d’une clé précise, tel un professionnel rodé à l’anatomie. Il frappa ensuite l’angle du mur derrière la caisse et une trappe, dissimulée dans le sol, s'ouvrit soudainement. D’un coup de tête, il salua le professeur et, sans un mot, repartit au comptoir s’occuper de ses clients. Le savant regarda la trappe ouverte sur les barreaux d’une échelle qui disparaissait dans l’obscurité. Ce n’était plus de l’appréhension dorénavant, ses sens lui hurlaient qu’un danger le menaçait. Manúel n’avait pas pu s’empêcher de trembler en le manipulant. Lui, le dernier fidèle, était en train de le trahir. À bien y réfléchir, le jeune dans la boutique ne semblait pas tant absorbé que cela par son album et la vieille mettait trop de temps avec un seul pot en main.
Devant lui, l’obscurité l’appelait, tel le peloton d’exécution pour le condamné. Qui se trouvait derrière ce piège ? Comment avait-il su ? De toute façon, sans le contenu de son laboratoire, il n’avait plus que quelques jours d’espérance de vie devant lui. Quelle que soit la personne qui attendait en bas, il devait y aller. Le professeur prit une inspiration et s’enfonça dans l’ouverture.
Au pied de l’échelle, il cherchait à tâtons l’interrupteur lorsqu’il remarqua de la lumière dans son bureau, au bout de la pièce. Ainsi, on le prévenait d'un piège, on était suffisamment sûr de soi pour ne pas se cacher. Bien, inutile d’allumer, il voyait assez pour ne pas heurter quoi que ce soit et il n’avait pas envie de croiser le regard des tueurs sans doute dissimulés dans les recoins…
QuartMac longea quatre grands tubes de Plexiglas transparent, laissant sa main courir sur leur largeur, résultat de tant d’années de recherches acharnées. L’humidité des parois collait à ses doigts, conséquence de la condensation due à la différence de température entre l’extérieur et le liquide à l’intérieur. Elle entraina immédiatement un refroidissement de ses phalanges et celles-ci se figèrent. Il ne put même pas les replier une fois arrivé devant la porte de son bureau. Seule la lumière de sa petite lampe perçait la vitre opaque. Mutualiste ? Alpha aurait-il décidé que son savant en chef ne servait plus à rien ? Forces de sécurité ? Ce serait pire encore, quoique… Le contramiral Poféus pouvait avoir besoin de lui et de ses découvertes. Il poussa la porte.
Son fauteuil était tourné face au mur, dissimulant celui qui y était installé et dont on ne voyait qu’une chevelure coupée court. Mise en scène non mutualiste, ces gens-là ne discutaient jamais. Donc qui d’autre ? Ce léger parfum flottant dans l’air… des bonbons ? Caramel-melorange. Ce n’était plus trop à la mode de nos jours mais ça l’était, il y a plusieurs années. L’individu ne bougeait pas, semblant attendre.
De toute façon, QuartMac avait déjà deviné, inutile de jouer plus longtemps.
« Alors Ralato, comment vas-tu depuis tout ce temps ? »
Le fauteuil se retourna, laissant apparaitre le lieutenant Ralato Ouli, un sourire en coin. On croirait un enfant espiègle qui montrait avec fierté à son père sa dernière bonne note à l’école.
Mais très bien ! Professeur. C’est toujours un plaisir de vous revoir, quelles que soient les circonstances.
Je suppose que Manúel est le seul habitant de ce village qui ne soit plus un agent mental. Laisse-le partir, quoi qu’il ait fait pour moi, ce fut par fidélité. Je collaborerai, mais laisse-le… s’il te plait…
Ne vous inquiétez pas. Ce benêt n’a pas vraiment su rester de marbre, malgré ses efforts pour protéger sa famille. Mais les agents mentaux reconnaissent l’honnêteté, vous le savez très bien »
QuartMac souffla intérieurement pour le gros bonhomme, pourtant il se surprit à penser que le Ralato dont il se souvenait n’aurait pas laissé partir ainsi un témoin gênant. Son fils spirituel avait-il changé ?
Parfait, alors quel est le programme ?
Une discussion, tout d’abord. Votre ami nous a préparé du café comme vous l’aimez, on nous l’apporte en ce moment. Asseyez-vous donc.
Je resterai debout. Si je m’assois, je ne suis pas certain de pouvoir me relever. Je t’expliquerai.
Je pense avoir déjà trouvé la plupart des réponses dans ce laboratoire secret, professeur,
lui répondit-il en se levant.
Tout est Mutualiste ici, n’est-ce pas ? Leur symbole est partout.
Ralato entraina le vieil homme hors du local, vers le couloir et les quatre tubes. Son ami l’agent Stuffy, qui partageait son esprit depuis des mois, en profita :
Tu as vu son visage fatigué ? Et ses cheveux, il n’en reste pas la moitié !
Oui. Nos soupçons étaient fondés. Il se meurt.
Ralato permuta un commutateur derrière la porte et une lumière crue inonda la pièce, révélant plusieurs hommes en armes et le jeune à la bande dessinée qui descendait l’échelle, portant un plateau avec deux tasses fumantes. L’odeur âcre du café le précéda bien avant qu’il ne les eût rejoints devant les parois cylindriques.
Le jeune eut un sursaut : visiblement, il n’avait pas été prévenu de la présence d’humains flottant dans le liquide de chaque tube. Et tous ressemblaient, à s’y méprendre, au professeur QuartMac.


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RedU T1 Ch20 Ep01

Wed, 06 Jul 2016 04:52:00 GMT

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J-4

Salle secrète des dépositions du Triangle.
MaterOne Centrum.

« … et nous n’avons aucune idée de ce que le contramiral Poféus fait de ces millions de tonnes de matières premières : lithium, titane, osmium, aciers et céramiques en tout genre. Je tiens la liste à votre disposition et elle est longue. Mon instinct… mon intuition me dit que tous ces fonds secrets du ministère de la Sécurité qui disparaissent, tous ces agents mutés on ne sait où, tout cela indique qu’il prépare une action en force, et de grande envergure.
Nous devons lancer immédiatement le plan que je vous ai présenté, avant de ne plus avoir la possibilité de le contrer. »

Le grand rectangle délimitant la pièce était bas de plafonds, sans aucune fioriture. La culture des Souriants glorifiait la simplicité poussée à l'extrême, ne conservant que l’utile ou le symbolique. Pour preuve, ces éclairages focalisés sur « l’auditionné » lui-même, monsieur Heir, et cette barre de lumière indirecte à la base du mur du fond, ne dessinant que les silhouettes des trois pères des Triades « le Triangle ». Ils se tenaient une dizaine de mètres devant lui, assis sur leurs talons, les nattes posées à même le sol. Unique décoration, mais oh combien importante dans l’esprit de cette culture, les quatre statues piliers derrière le Triangle dont les volumes étaient mis en valeur par la même lumière indirecte : une tortue-serpent, un tigre-loup, un chauve-phénix et un dragon. Les quatre pouvoirs ancestraux, représentant les éléments combinés, les points cardinaux et les couleurs principales de l’art.
Heir attendait la réponse. Face aux trois chefs de l’organisation mafieuse la plus riche et la plus puissance de l’Humanité, il n’était pas d’usage de prendre la parole sans y être invité. Aussi loin qu’il se souvienne, il s’était toujours soumis à leur décision, sa mère étant Souriante mais pas son père. Il leur devait beaucoup, mais ils lui avaient beaucoup pris également, et le membre du Conseil de la Révolution qu’il était ne croyait plus, depuis longtemps, à l’équilibre de cette relation.
Les silhouettes se penchaient alternativement, échangeant à voix basse des propos inaudibles pour l’auditionné, seuls les grands chapeaux pointus aux décorations tombantes indiquaient les mouvements de ses interlocuteurs. Bien que ce terme fût mal choisi, car impliquant une discussion, ce qui était rarement le cas avec les pères des Triades.
La silhouette de droite prit enfin la parole :
Wángzǐ, cette accélération du processus que nous avions défini nous semble particulièrement audacieuse. Les évènements pourraient échapper à notre contrôle, alors que tout se déroule conformément au plan initial. N’y a-t-il pas une autre raison derrière ce soudain désir de bousculer les choses ?
Il y a aussi cet agent, ce Ralato, répondit Heir. Il a terrassé mes deux élèves. Il a un frère dont nous connaissons la puissance et qui a été expulsé avec l’Exode. Et il n’est pas le seul, un ancien agent, un Mental, retourné par la princesse Azala, Stuffy, fait partie intégrante de son esprit. Il peut amplifier les actions de Ralato ou agir de son propre chef. Cet homme, ce duo, est un des rouages essentiel du système Poféus, le retourner nous permettrait d’affaiblir efficacement notre principal ennemi.
Nous savons déjà tout cela, intervint la silhouette de gauche, et nous avons décidé d’attendre. En quoi donc les évènements seraient-ils soudain si dramatiques pour nécessiter de recourir à votre cabale.
Heir serra les dents. Évoquer son plan comme une « cabale » revenait à clairement le ranger dans la folie solitaire d’un homme. Comment convaincre ceux qui, visiblement, étaient déjà convaincus du contraire ? Il devait bien choisir ses mots et tenter une dernière carte.
« J’ai… vous m’avez permis de devenir ce que je suis maintenant. Et, grâce à ces facultés sans commune mesure que vous m’avez attribuées, j’ai accès à un niveau d’analyse inconscient qui dirige ces fameuses intuitions. Vous l’avez voulu ainsi. Ce Triangle m’a donné des ailes pour voler, des griffes pour m’agripper et des dents pour mordre. Vous me nommez Wángzǐ, c’est le titre qui m’est du, mais nous savons que ma fonction réelle est dédiée à la guerre postrévolutionnaire, je suis votre Lóng, je suis votre… dragon. »
Nouveau conciliabule entre les trois pères, on voyait les décorations remuer vivement sur celui du milieu, il avait un avis qu’il tentait d'imposer : était-il positif, négatif ? Aucune idée, il était impossible d’utiliser une sonde mentale, même passive, en ce lieu. Les pères étaient rodés aux techniques psychiques, capables de reconnaitre les sensations d’une intrusion, sans parler des Mentaux derrière les murs et des détecteurs d’activité mentale disséminés un peu partout. On était bien dans le saint des saints des Souriants, pas question de jouer de ses pouvoirs ici, il devait ruser.
Le père au centre, le doyen du Triangle, se releva, puis les deux autres, signifiant la fin de l’audition.
Wángzǐ, votre tirade fut comme toujours suffisamment éloquente pour attirer notre attention sur les points que vous avez soulevés. En conséquence, nous allons décréter une enquête de sept jours qui sera menée par nos informateurs et nos archivistes. Durant cette période…
Sept jours ? Mais c’est beaucoup trop long ! Les preuves que je…
… DURANT CETTE PÉRIODE, il vous est demandé de n’agir en aucune manière et de ne tenter aucune action qui ne soit préalablement approuvée par ce conseil. Et j’ajoute que nous savons parfaitement combien le sentiment de pouvoir peut parfois faire oublier à son détenteur quelles sont les racines de sa foi ou la source de ses forces. La langue habile du politicien ne saurait dissimuler cela à nos yeux, puissiez-vous vous garder de cette erreur, elle a souvent été… fatale.
Biànlùn bèi guānbì !
Et comme un seul homme, ils s’éloignèrent tous trois dans l’ombre d’une issue en trompe-l’œil derrière un rideau.
« Biànlùn bèi guānbì, le débat est clôt. »
prononça Heir, le regard plus mauvais que jamais alors que la grande porte de la salle s’ouvrait derrière lui, inondant la pièce de lumière.
La statue du dragon semblait le narguer.


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RedU T1 Ch19 Ep16

Wed, 15 Jun 2016 05:00:00 GMT

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Le choc de la paroi contre son dos lui parut presque une délivrance. Misha venait de le poser à moitié sur une poutre, à moitié contre le mur. Ses souffrances ne cessaient de le harceler, mais elle diminuait d’intensité. Il entendit plus qu’il ne vit, son frère s’affaler à ses côtés, lui aussi en proie à un douloureux épuisement.
Ils étaient donc maintenant tous les deux, le dos contre l’entrée de la salle de commandement, face au long corridor bordé de hublots, que traversaient parfois, de plus en plus en fait, d’intenses éclairs bleus au son strident.
La fin approchant, le vieux transporteur ressentait ses premiers spasmes.
Les intentions du sénéchal étaient maintenant claires, même si J.F.Hill ne les comprenait pas au premier abord. Un mouvement sur sa main droite le surprit et il découvrit son voisin, s’efforçant, malgré ses deux membres abimés, de lui glisser dans la paume une petite fiole. John s’en saisit, étudiant l’objet incongru.
« Quand tu as mis la raclée à mes pirates, l’un d’entre eux a perdu ça dans un coin. C’est surement un alcool quelconque, mais je n’arriverais pas à l’ouvrir. À toi l’honneur, tu me le passeras ensuite. »
Le colonel resta dubitatif, puis ouvrit la fiole et porta le goulot à sa bouche. La force du breuvage rendit dignement grâce à l’alcool frelaté des pirates, au point qu’il dût forcer sur la déglutition pour faire passer le liquide. La chaleur irradia de son ventre dans tout son corps, apportant un semblant d’anesthésie à la douleur de ses hanches qui devint moins aigüe.
Il tendit la fiole à son frère. Celui-ci tenta de la tenir de la main gauche, mais son pouce refusait de se fermer, quand à son bras droit il ne bougeait plus du tout. Misha regarda la petite bouteille, visiblement gêné par la situation. Ce fut Igor qui fit alors l’effort de se pencher, malgré les élancements de son bassin meurtri, et porta lui-même le goulot aux lèvres de son frère. Celui-ci ferma les yeux, reconnaissant, et en but une longue rasade avant de se laisser aller contre la paroi. Dans un grognement, le colonel se redressa, avalant derechef une nouvelle lampée.
Un nouvel éclair illumina le couloir, suivi d’un second à l’extérieur du vaisseau. Dans un soupire, Micha rompit le silence entre les deux frères : « Tu m’imagines seul, au milieu de tout ton Exode ? S’ils ne m’écharpent pas , ils me feront croupir dans une geôle ou simuleront un procès pour me pendre plus proprement. Mes troupes n’en sont plus, mes alliés n’en sont plus, et tu ne m’a pas raté coté blessures…
Nan… c’est la fin du chemin, alors je la passerais avec toi, Igor. »
John ne su que répondre alors, d’un geste, il proposa une nouvelle gorgée que l’autre accepta avec un hochement de tête.
Dehors les éclairs devenaient nombreux, tandis qu’une mauvaise odeur de brulé remontait des canalisations. Quelque chose, comme une montagne de pneu, qui se consumerait …
Les deux frères restèrent silencieux encore quelques minutes, puis ce fut au tour de J.F.Hill de prendre la parole.
Pourquoi lui as-tu fait cela, Misha ?
Parce qu’elle t’aimait.
La réponse était venue seule, sans fioritures, sans étalage, direct. Igor sursauta sous la surprise, se tournant vers le géant roux, sans comprendre.
« Lorsque je suis venu à elle, ce soir-là, j’étais soul, d’accord, mais pas au point de perdre la tête. Tu avais essayé, le matin, de m’expliquer qu’Esfir n’était pas faite pour moi, qu’on était frères et sœur, tous. Tu te souviens ? Alors je voulais en avoir le cœur net, et il m’avait bien fallu boire plusieurs litres avant de trouver le courage d’aller lui parler, crois-moi.
Je lui ai avoué mon… mon amour pour elle. Alors elle m’a caressé la joue, c’était doux, je ne l’oublierais jamais. Elle m’a dit simplement, comme si c’était tout naturel : il n’y a qu’un homme qui saura m’offrir ce que je n’ai pas, le seul capable de me compléter. Navré Misha, ce n’est pas toi.

Alors je lui demandais qui était ce pirate plus fort ou plus courageux que moi.

Mais c’est Igor, Misha, tu ne l’avais pas compris ? Il sera le futur chef de tous les pirates et le seul avec qui je pourrais un jour mettre au monde un enfant.
Toi que je considérais comme... comme un faible, comme celui qui ne pourrait jamais arriver à quelque chose, tu venais de me donner sans même le savoir, la plus grande gifle de ma vie. Après, l’alcool aidant, mon… mon caractère prit le dessus, comme si je pouvais tout changer par la force de ma bite. Tu connais le reste… voilà. »
Un puissant éclair traversa la cloison à quelques mètres d’eux, magnétisant les objets métalliques et les cheveux des deux combattants. Igor ignora l’incident, se collant à nouveau contre la paroi. Presque naturellement, il avala une nouvelle gorgée de l’alcool brulant dont les effets commençaient, maintenant, à se sentir au niveau de son esprit. Ce qui, de son point de vue, se révéla salvateur.
Esfir… Misha… ils étaient frères et sœur, demi-frères et demi-sœur, certes, mais quand même. Ils étaient ensemble, unis, un pôle où tous se retrouvaient. Une famille !
Une famille…
Quelque chose de nouveau commença à se produire, la gravité diminuait, certains petits objets se mirent à s’élever de quelques centimètres tandis que des sortes de vagues traversaient le vaisseau, comme des ondes déformant la réalité même. Le compresseur n’en avait plus pour longtemps.
Une série d’éclairs déchira l’obscurité extérieure, alors que des grincements de la structure du transporteur se répercutaient en tous lieux du vaisseau.
Malgré l’apocalypse approchant, les deux hommes restaient silencieux, perdus dans leurs pensées. Jusqu’à ce que Misha réagisse, juste après le déchirement d’un éclair plus puissant que les autres. Sa voix avait changé, ce n’était plus la brute sauvage, mais le frère aimant. Non, il y avait autre chose, presque… des accents enfantins.
« Avant qu’on y passe, j’ai toujours voulu savoir un truc. Et toi, avec tout ce que tu as vécu, tu sais ! »
Igor croisa son regard, interrogatif.
« Comment c’est de vivre dans une forêt, à l’air libre ? Quel effet ça fait de sentir autre chose sous ses pieds que du métal, de respirer sans réfléchir ni avoir de combinaison toujours à portée de main ? De voir… de voir des oiseaux se balader librement au-dessus de soi et… de recevoir la pluie sur son visage ? »
Un sourire apparu alors sur les lèvres du colonel J.F.Hill, l’homme connu pour ses années passées dans la jungle avec ses guérilléros, à multiplier les coups de main contre les troupes royales.
Enfin, le grondement tant attendu monta des profondeurs du Transporteur, faisant trembler les poutres, les parois, les hublots, alors que les éclairs devenaient fous et que les deux guerriers commençaient à se sentir portés dans les airs par la modification de gravité.
Quelque chose arrivait, une vague, qui allait tout emporter.
John inspira et agrippa son frère, se serrant contre lui pour que le son, de plus en plus assourdissant, n’étouffe sa réponse.
« C’EST SENTIR LA VRAIE LIBERTÉ. LE JOUR OÙ J’AI POSÉ LES PIEDS SUR MATERONE, J’AI COMPRIS QUE TU AVAIS RAISON, MISHA ! JE ME SUIS SENTI ENFIN LIBRE ! »
L’autre le regarda, d’abord surpris, puis sourit à son tour et l’enlaça en l’embrassant sur le front.

Misha et Igor, Petrovach et J.F.Hill…
Deux frères qui se retrouvaient enfin…

Le transporteur 6 s’effondra sur lui-même à la suite de la fusion avancée de son compresseur dimensionnel, emportant avec lui tous ceux qui n’avaient pas pu le fuir. Parmi les victimes, on comptait les pirates et leur chef, le redouté Sénéchal Petrovach et une majorité des troupes défensives, mortes au combat, dont le Colonel John Fidgerald Hill, héros de la révolution Castiks.

Les exodés survivants des batailles furent tous récupérés et répartis à bord des autres transporteurs. On prodigua les soins et partagea les ressources, jusqu’à l’arrivée du second convoi, celui du politicien Junta et de sa sœur, la Lieutenante-colonelle Onawane. Il fallut attendre une semaine de plus pour l’arrivée du troisième convoi, celui que l’on avait imaginé naïvement être la cible principale des pirates. Le malheur s’abattit une nouvelle fois sur les exodés, lorsqu’ils ne découvrirent qu’un seul transporteur avec le Général Décembre à sa tête. Le second appareil, celui du Colonel Arlington avec toute sa population, dont les fameux Phil Goud et Adénor Kerichi, avait été absorbé par on ne savait quel vortex, au beau milieu de la Passe de Magellone.

Au total, deux transporteurs étaient perdus et un demi-million d’âmes avait péri d’une manière ou d’une autre. Les dégâts occasionnés aux convois, comme la disparition d’importantes ressources en nourriture, eau et matériel, rendaient encore plus incertaine l’arrivée heureuse à destination.
Les rationnements, la montée de puissants mouvements religieux, les rapports de force au Conseil des commandants et l’imprévu de ce côté-ci de l’univers, totalement inconnu de tous, n’allaient certainement pas simplifier le chemin encore à parcourir.

L’Exode allait-il renier son âme pour autant ? « (…) des hommes et des femmes qui ont abandonné un régime de terreur pour créer un monde où la liberté et la justice seraient les formes primaires d’une nouvelle société. (…) »

« (…) Jamais vous ne briserez la volonté de résister de ceux qui ont déjà connu mille tourments (…) »

« (…) ce ne sont pas de simples marchands. Ce sont des hommes et des femmes qui ont tout perdu. Ils préfèreront briser eux-mêmes ce vaisseau de leur main, plutôt que de vous le laisser. »

« (…) c’est préférer regarder ses enfants grandir libres, c’est préférer le courage à la lâcheté, l’abandon de soit pour une plus grande cause… C’est… préférer l’avenir au passé (…) »

Colonel John Fidgerald Hill

FIN DU CHAPITRE XIX


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RedU T1 Ch19 Ep15

Wed, 08 Jun 2016 05:00:00 GMT

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Petrovach coupa son transmetteur. Il était désormais inutile de communiquer avec qui que ce soit. L’extérieur les avait abandonnés, et si ses hommes trouvaient une échappatoire, ils sauveraient d’abord leur peau. En plaquant son dos à la paroi, il sentit la douleur se rappeler vivement à son bon souvenir : sa plaie à l’épaule était dangereusement enflée, l’intérieur cicatrisait difficilement et les pulsations ne diminuaient pas. Son ménisque criait à chaque mouvement, même s’il l’ignorait, quant à sa main gauche, le tendon apparaissait au fond de la coupure qui avait sectionné le muscle du pouce. Il mettrait du temps à pouvoir réutiliser cette main convenablement… en fait, tout son corps allait demander une longue période de rémission.
Lentement, il s’autorisa quelques secondes d’abandon et se laissa glisser le long de la paroi. Son ménisque hurla encore lorsque son fessier toucha le sol, mais ce fut tout. Misha Petrovach releva sa tête pour la caler contre l’acier du mur derrière lui, le petit bruit du choc résonna quelques instants, vite absorbé par les grincements inquiétants qui montaient dans les coursives.
Son frère était allongé à quelques mètres de lui, le dos au sol, l’os de la hanche suffisamment endommagé pour le paralyser durablement. Il ne bougeait pas non plus, le visage fermé, observant quelque ondulation du plafond.
C’est… c’est un sacré engin que tu avais là. Cette série de transporteurs était construite en dur… À ton avis, on a combien de temps ?
Je dirais une vingtaine de minutes. Peut-être moins. Et pour ton information, nos compresseurs dimensionnels sont d’anciens modèles. Une fois en court-circuit, on ne peut plus les arrêter.
Hé, hé… Penses-tu ? Moi, j’ai pu mettre hors circuit un compresseur à deux doigts d’une fusion !
Ha bon ? Et comment donc ?
demanda le colonel, d’une voix soudain moins agressive.
En fait je ne sais pas trop. J’ai balancé trois techniciens dedans en leur disant qu’ils mourraient avec elle s’ils ne stoppaient pas le processus. J’ai été bon joueur, le survivant a été relâché sur une colonie proche.
Tu es un monstre, Misha.
Toujours les grands mots. Et toi, combien de types as-tu tués ? Étaient-ils tous de bons méchants, croqueurs de bébé joufflus ? J’en doute, mon frère, j’en doute… Les soldats aussi font des choses sales.
J.F.Hill ne répondit pas, le spectacle d’une plaine qui s’effondrait sur elle-même et d’une ville disparaissant sous un cataclysme sans précédent, glissa fugitivement devant ses yeux. Oui, le nombre de morts qu’il avait sur la conscience n’était peut-être pas si éloigné de celui de son frère, en fin de compte.
Par ailleurs, Misha n’était pas blessé comme lui :
Va-t’en. Il y a largement assez de capsules de secours pour tout le monde, n’hésite pas.
Pourquoi ? Ma présence te dérange tant que ça ?
Tout va exploser, toi tu peux encore t’enfuir, alors fais-le.
Alors qu’il prononçait ces mots, une sorte de décharge de foudre traversa le couloir à bonne distance. Misha resta pensif quelques secondes puis, sous la grimace, se redressa par palier, visiblement souffrant. Il reprit lentement son souffle, laissant ses blessures s’adapter à la station debout, puis boita jusqu’à un autre bout de la pièce.
Il se déplaçait hors du champ de vision d’Igor. Celui-ci l’entendit juste fouiller quelque chose, dans les débris jonchant un des coins, près de l’entrée encombrée de la salle de commandement.
Il entendait le grondement sourd, profond, du compresseur en court-circuit qui entrait en surchauffe. Un souffle au cœur, pensa-t-il, mon vieux transporteur, tu vas bientôt avoir un infarctus. Pardonne-moi, et merci pour tout ce que tu as fait.
Il savait pourtant bien que la réalité serait plus spectaculaire. Un compresseur de cette génération en fusion avait toutes les chances de développer, en son point le plus chaud, une microsingularité, une sorte de trou noir qui allait absorber le vaisseau sur lui-même. Ces millions de tonnes de métal, de plastique et de lithium seraient réduits à quelques millimètres sous une attraction folle. À de tels niveaux de pression, les lois traditionnelles de la physique n’avaient plus cours, et l’instabilité quantique de cet objet le ferait glisser au travers des dimensions pour l’éternité.
Mourir dans un trou noir, une fin à la hauteur du personnage, sourit-il intérieurement.
Le lourd pas trainant de son frère se rapprocha alors et une main solide lui agrippa le col. La tête de Misha apparut à l’envers, au-dessus de lui.
« Main droite pour tenir, bras gauche pour tirer, ça va faire un peu mal. »
Et alors que le plafond défilait sous ses yeux, J.F.Hill ne réussit pas à retenir les premiers hurlements qui remontèrent de ses hanches pour jaillir au plus profond de sa gorge.


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RedU T1 Ch19 Ep14

Wed, 01 Jun 2016 05:00:00 GMT

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La moitié ! Seule la moitié de ses hommes avait pu traverser le barrage formé par les pilotes de l’Exode. Maudit croiseur, maudit Petrovach ! Une majorité du convoi pirate n’était composée que de vaisseaux civils de transports, armés sommairement sans grande maniabilité. Les six chasseurs avaient provoqué des carnages, mais la force de frappe de ce croiseur s’était révélée bien pire encore… Peut-être devait-on reconnaitre à cet idiot de Sénéchal, qui avait abandonné à leurs ennemis une arme si redoutable, d’avoir mis hors jeux les appareils du troisième transporteur dont il avait fait exploser le spatioport.
Ceux, comme Choupa, ayant pu se faufiler au travers des mailles du filet s’étaient posés à l’intérieur de la barge, toujours fermement ancrée au vaisseau de Benkana.
Benkana…
« Karl, tu seras vengé… »
murmura la jeune femme en progressant dans les coursives étrangement vides. Elle avait rameuté ceux qu’elle croisait, s’était échinée à relancer la flamme épuisée dans les yeux hagards des groupes de pirates qui pansaient leurs plaies. À voir leur état ou celui des corridors, et à enjamber les morts de toutes origines, Choupa saisissait mieux les rapports qu’elle avait reçus. Non, les Exodés n’étaient pas des proies ordinaires, et le prix à payer pour les soumettre sera (était déjà) exorbitant. Mais elle et les siens étaient désormais acculés, ils ne pouvaient plus faire machine arrière, ce Transporteur devait tomber entre leurs mains, coute que coute.
À part les morts et quelques assaillants de la première vague, aucun signe des exodés. Où étaient-ils donc ?
S’abritant contre une conduite, elle laissa son regard parcourir les troupes qui la suivaient. Ils étaient suffisamment, malgré tout : plus nombreux encore que le groupe originel ayant pris d’assaut ce vaisseau de l’Exode, et il grossissait doucement, au gré des rencontres avec les pirates égarés ou restés en arrière.
Les éclaireurs lui firent signe et elle s’élança, suivie par le gros des troupes. Sur une consigne qu’elle martelait inlassablement, personne ne parlait, toute la progression devait se faire en silence. Pas question de se lancer tête baissée dans la mêlée, elle refusait de laisser la moindre chance à leurs adversaires.
Un éclaireur resté en arrière lui fit signe de la rejoindre. Le visage sombre, il désigna une pièce au sas entrouvert d’où émergeaient des bras et une jambe. Le spectacle la tétanisa.
Tous des pirates, tous exécutés d’une balle dans la nuque, tous entassés là, cadavres bien empilés pour maximiser l’espace du petit local. L’odeur du sang prenait à la gorge. Choupa ne put s’empêcher de demander :
« Les exodés sont-ils donc des fauves ? Qui a pu faire… ça ? »
L’autre lui montra un symbole sur les poignets et les chevilles pendants dans le couloir. Il y avait été gravé au couteau : une sorte de tête d’animal, un ours.
« Nordistes… »
Leurs ancêtres. Ce n’était pas un acte gratuit, c’était un message de la part d’Exodés aux mêmes racines. Choupa plissa les yeux, refluant une nouvelle vague de colère.
« Nous croyez-vous donc loups devenus moutons ? Vous allez regretter votre prétention…
Fermez la porte autant que possible, que les troupes derrière ne voient pas cela, vous y veillerez. Nous continuons… »
La jeune femme inspira une dernière fois cette odeur de mort concentrée, fixant cet instant dans sa chair autant que dans sa mémoire, et elle s’élança, l’épée et le révolver serrés comme jamais.

La Cité intérieure du Transporteur 7.
Il y avait deux grandes entrées, les deux étaient occupées par les pirates de Choupa. Ils avaient même rejoint un groupe de la première vague, qui leur avait rapporté des faits inquiétants : depuis une trentaine de minutes, les combats avaient cessé. Il semblerait que les troupes ennemies s’étaient retirées, mais on ne pouvait en être absolument certain : des tireurs embusqués pouvaient être disséminés un peu partout dans cet enchevêtrement inextricable de conteneurs.
Dubitative quelques instants, devant ce taudis labyrinthique qu’ils osaient appeler « cité intérieure », la chef pirate lança ses ordres. On allait avancer par colonnes multiples et sur plusieurs tracés différents, toujours en silence. Si piège il devait y avoir, on devait pouvoir se porter systématiquement assistance, pas question de se la jouer comme le Sénéchal. Sa guerre était barbare, celle de Choupa se voulait stratège.
Ils s’élancèrent.
Une dizaine de groupes, répartis sur presque toute la largeur de l’immense espace délimitant la cité, se glissèrent furtivement le long des formations de conteneurs, restant autant que possible dans l’ombre. Toujours personne, rien. D’un coup d’œil, elle avait pu constater que les habitations inférieures étaient laissées à l’abandon, vidées de leurs occupants. Certes, il restait encore des ponts supérieurs, mais vu la quantité de personnes ayant été déplacées d’ici, on pouvait difficilement les imaginer au-dessus, tous entassés les uns sur les autres, terrifiés à l’idée de l’avancée ennemie. Cela ne collait pas avec la détermination sans faille dont les proies avaient fait preuve jusqu’à présent.
Alors ?
Levant les yeux vers les lumières géantes qui éclairaient la ville, Choupa entraperçut une ombre qui se faufilait derrière un puissant projecteur. En observant de plus près, beaucoup d’ombres se déplaçaient là-haut, à l’abri des regards. Elle fit signe à sa colonne de stopper et de se mettre à couvert sous des porches ou des balcons, en résumé d’éviter de possibles tireurs embusqués dans la structure immense de la voute.
Soudain, des dizaines et des dizaines de petites explosions retentirent le long de la paroi du plafond : cette fois, ils attaquaient. Choupa se préparait à combattre, quand un flot de liquide rosâtre dévala la façade de son immeuble de conteneurs. La pression était énorme, la matière gluante, adhérente à toute la surface de son corps, à son révolver, à son épée. Elle n’eut pas le temps de réfléchir qu’une seconde vague de liquide lui tomba dessus, suivi d’une troisième. Des cris extérieurs lui parvenaient, parfois de très loin, on attaquait toutes les troupes pirates simultanément. Elle sentit alors ses mouvements devenir plus difficiles, nécessiter plus d’efforts… on leur versait une sorte de mousse à prise rapide ! Dans un réflexe, elle força une porte d’habitation et tomba sur un tapis au sol, presque paralysée dans cette entrée entourée de fleurs multicolores. Elle vit avec horreur une masse de gelée rose glisser sur elle à sa suite, mais stopper à quelques centimètres de son corps, figée par sa propre chimie.
Le silence s’était abattu à nouveau sur la cité intérieure, l’attaque pirate venait d’être neutralisée.
Un quart d’heure plus tard, la porte du fond de la pièce où elle se trouvait coulissa sur ses gongs. Une grande femme blonde habillée en tenue militaire, suivie d’un vieil homme grisonnant et de quelques civils armés, s’approcha d’elle. Choupa ne pouvait toujours pas bouger, la tête bloquée vers le haut. Seuls ses yeux pouvaient voyager.
Les bottes de la femme vinrent se poser à quelques centimètres du visage de Choupa. Sans même mettre un genou à terre, la blonde la toisa, un sourire carnassier se dessinant sur ses lèvres.
Choupa c’est cela ? Pas très impressionnant pour quelqu’un qui voulait me faire mordre la poussière.
Pernov, occupez-vous de ses sbires. En silence…
Bien Madame, cela ne devrait pas être très long. Carlo, Pietro, et vous deux… allez-y !
Les civils rangèrent leurs armes et sortirent des canifs et autres couteaux. Puis, calmement, ils commencèrent à égorger les pirates de la colonne de Choupa, paralysés dans la gelée rose. Les plus chanceux s’étaient déjà noyés depuis plusieurs minutes…
« Çà, chère petite catin, c’est une entrée en matière pour que tu comprennes à qui tu as affaire. Tu seras mise en prison de haute sécurité et nous aurons probablement… »
elle lui posa le talon de sa botte sur la joue, appuyant en tournant le pied…
« … beaucoup de choses à nous dire. »

Puis elle fit demi-tour et quitta la pièce. On l’entendit activer son émetteur tout en s’éloignant :
« Envoyez un message à Price pour le remercier. Son idée a parfaitement fonctionné. »
Benkana disparut du champ visuel de Choupa, alors que les râles ou d’infâmes gargouillis continuaient à lui parvenir. Elle ne voyait rien, juste savait-elle poser des images sur ces sons.

Contrairement aux yeux, on ne pouvait pas fermer ses oreilles.


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RedU T1 Ch19 Ep13

Wed, 25 May 2016 05:00:00 GMT

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À très bientôt donc :-)


L’épée se faisait toujours plus dangereuse, toujours plus précise. Plus son frère comprenait combien sa cause était perdue, plus son côté pirate reprenait le dessus, la fougue combattante inscrite dans ses gènes explosait en une vigueur que seul Misha Pétrovach était à même d’admirer.
« Vas-y Igor, oui c’est cela, ooooh ! Joli coup ! »
Il exultait, la force et la hargne de ce sang coulant dans ses propres veines brulaient sous ses yeux. Oui, il l’avait retrouvé, peut-être même venait-il de trouver enfin son frère ! Après toutes ces années passées, Igor était enfin devenu un homme, mieux que cela, il était devenu LE pirate que Misha attendait depuis si longtemps.
Un coup de talon le frappa au milieu du ménisque alors que le géant exécutait une feinte, et l’improbable se produisit : l’os se fendit. Un choix judicieux, un moment parfait, une connaissance de techniques de combats inédites pour Misha qui recula, grimaçant sous la douleur. Mais s’il pouvait ignorer les impulsions qui remontaient de sa jambe meurtrie, il ne pouvait obliger son corps à fonctionner correctement avec deux blessures graves. Elles handicapaient ses mouvements et Igor en profitait, lançant ses dernières forces dans la bataille.
La lame de l’épée entailla alors la main tenant la hache et, sous le choc, celle-ci tomba et rebondit sur le sol, désormais hors de portée. Petrovach garda son sang-froid et évita de justesse les deux jambes tendues qui tentaient de le renverser. Il n’avait plus qu’un membre encore intact, mais cela suffisait : d’un retournement qui surprit son adversaire, le géant roux se laissa tomber le coude en avant, sur les hanches du corps qui se repliait, bien trop près de lui.
Un craquement, suivi d’un rugissement de douleur à J.F.Hill qui arracha un sourire au pirate blessé.
« Un combat n’est jamais terminé sans la mort de l’adversaire. Tes manières de gentleman de MaterOne te l’on fait oublier, mon frère… »
prononça-t-il doucement.

Un moment de silence flotta alors sur la scène que seules quelques fuites de vapeur et des explosions lointaines parvenaient à percer.
Le temps suspend parfois son vol sur des instants sans nom. Tel celui de ces deux frères, dont la peau entrait enfin en contact après tant d’années, mais dont l’un prenait définitivement l’ascendant sur l’autre, mettant fin à un combat fratricide débuté il y avait bien longtemps maintenant.

En grommelant sous les multiples vagues douloureuses, Misha se releva, mais pas Igor. Celui-ci tentait de remuer ses jambes, mais le moindre mouvement le faisait hurler.
« N’essaye pas de bouger, tes hanches sont au mieux foulées, au pire brisées. Remarque, j’ai volontairement évité la colonne, je ne veux pas que tu subisses le destin de ton transporteur, juste que ça te fasse un peu mal. »
Voir ainsi son adversaire au sol, obligé de ramper dans la douleur pour avancer, avait quelque chose de pathétique. Même ici, très loin de la planète de ses exploits, le nom de J.F.Hill était murmuré, comme une icône, porteuse d’espoirs de changement. Quelle surprise, lorsqu’il avait découvert qu’il s’agissait en fait de son frère ! Il s’approcha doucement, boitant, les bras ballants.
Viens avec moi. Je pense que tu as compris que j’avais gagné. Arrêtons de nous entredéchirer, d’accord ?
Non.
Misha remonta sa main valide à son communicateur.
Préparez-vous à faire sauter un pont supplémentaire.
Sénéchal, nous avons des problèmes, on est obligé de reculer !
Pourquoi ?
Les exodés, ils sont complètement fous depuis qu’on a fait… Attention, la structure !
MAIS QU’EST-CE QUI SE PASSE ?

Seul le grésillement lui répondit puis, soudain, un tremblement parcourut la coque, encore un. À nouveau, l’assiette du transporteur fut perdue, à nouveau les alarmes rugirent. Les derniers circuits encore intacts se rompirent, projetant leurs étincelles qui rebondirent sur le sol, sous les fumeroles de vapeurs s’échappant de tuyaux plusieurs fois vidés de leur substance…
IGOR ! JE COUPERAIS TON VAISSEAU EN PETITS BOUTS, TU M’ENTENDS ?
Ce ne sont pas tes hommes qui viennent de détruire un pont cette fois, nous le savons tous deux, Misha.
Ici votre Sénéchal qui vous parle ! grogna Petrovach, le doigt sur l’interrupteur. Est-ce qu’il y a quelqu’un ?
Une voix différente sortit alors du communicateur.
« Chef, les exodés ont fait s’effondrer deux ponts sur nos troupes qui les minaient ! Nous n’arrivons pas à les repousser on croirait des.. HAAAAAAA ! »
Le colonel, étendu au sol, se retourna vers son frère, retenant ses cris de douleur au prix d’intenses efforts. Un sourire aux lèvres, malgré son état, il planta son regard dans le celui du géant roux :
« Je te l’ai dit, ce ne sont pas de simples marchands. Ce sont des hommes et des femmes qui ont tout perdu. Ils préfèreront briser eux-mêmes ce vaisseau de leur main, plutôt que de vous le laisser. Tu… mmhhmm… tu ne retiens pas les leçons Misha, quoiqu’on te dise. »
Puis, appuyant sur un interrupteur caché dans sa canne, J.F.Hill ajouta à l’intention de tous :
« Ici votre commandant. J’ordonne… j’ordonne l’évacuation du transporteur, je répète, évacuez le transporteur selon la procédure prévue. Et que l’on mette en court-circuit le compresseur dimensionnel ! Merci à tous… pour votre courage indomptable. Sauvez maintenant votre vie, mes amis, et que notre vaisseau devienne leur tombeau à to… »
D’un brusque coup du pied, Misha arracha la canne des mains de son frère, l’envoyant rebondir au loin dans le corridor.
Alors c’est ainsi que tu vois les choses ? C’est ÇÀ être un exodé ? Ne savoir que mourir dans la gloire, sans protéger les siens, sans un regard pour ses enfants ?
C’est préférer… c’est préférer regarder ses enfants grandir libres, c’est préférer le courage à la lâcheté, l’abandon de soit pour une plus grande cause… C’est… préférer l’avenir au passé, Misha. Jamais les pirates ne pourront comprendre cela, JAMAIS !
Vous êtes fous, tous. Tu m’accusais d’être cruel et sans pitié, mais toi et tes exodés, vous êtes… vous êtes pires !
Ha, ha, ha ! ouuuch ! Ha, ha ! MISHA ! NOUS SOMMES LE MUR DEVANT LEQUEL TOI ET TES PIRATES VOUS VOUS SEREZ ÉCRASÉS !
Petrovach recula instinctivement.
L’esprit du chasseur venait enfin de reprendre le dessus sur la bête enragée et sur celui du frère éploré. Un piège énorme se refermait sur lui et ses hommes, quelque chose d’impitoyable dont il prenait enfin la mesure. Il n’avait plus guère de choix. Boitant en serrant les dents jusqu’à un petit hublot, il modifia la fréquence de son communicateur et…
Ici Petrovach, j’appelle Choupa. Nous avons besoin de renfort, je répète, envoyez-nous de quoi contenir les exodés encore un temps.
Petrovach ? Je vois que vous ne suivez guère le déroulement des opérations ! Vous allez devoir vous débrouiller seul, mon vieux : l’astéroïde est détruit, Karl est mort, les exodés ont repris le contrôle de leur convoi et nous nous dirigeons avec le reste des troupes vers un autre transporteur pour l’envahir.
Venez prendre le mien !
Vu d’ici, il ne restera plus grand-chose le temps d’arriver. Désolé Petrovach, mais soit vous trouvez un moyen de nous rejoindre, soit vous vous débrouillez.
MAIS JE…
On va devoir couper, des chasseurs et même un croiseur, se dirigent vers nous pour nous intercepter. Et vous savez quoi ? Ce sont VOS appareils que vous leur avez abandonnés lors de votre stupide attaque en solitaire. Choupa, TERMINÉ !

Par le hublot, on pouvait apercevoir les premières grappes de capsules de sauvetage qui étaient larguées, tandis que lui et ses hommes étaient piégés dans des ponts entiers dont on scellait consciemment les issues.
« NOUS SOMMES LE MUR DEVANT LEQUEL TOI ET TES PIRATES VOUS VOUS ÊTES ÉCRASÉS ! »
Cette phrase tournait en boucle dans sa tête.


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RedU T1 Ch19 Ep12

Wed, 18 May 2016 05:47:00 GMT

Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


« Passez-moi le centre de commandement, on ne va pas attendre que cette salope arrive ici sans rien faire. Azala, tu m’entends ? »
Benkana et sa troupe remontaient les corridors et les escaliers de service ; ils avaient récupéré ce qu’ils pouvaient, abandonnant les morts et les matériels endommagés après les dernières échauffourées. Le Transporteur était toujours envahi par des hordes de pirates et il n’était pas question de laisser des hommes en vie en arrière, tant pis pour les cadavres, on s’en occuperait, plus tard.
Aurora… le transporteur de J.F.Hill… Il vient de perdre une partie de ses ponts inférieurs…
QUOI ?!
Le spatioport et.. Un second pont explose ! Par tous les Dieux, le pont suivant vient à son tour de se détacher ! On a vu une suite d’explosions et toute la structure s'est séparé du reste du vaisseau. A-t-on des plans rapprochés ? Affichez les sur l’écran princip…
La voix de la jeune femme s’était soudain brisée. La commandante se faisait déjà une idée, de ce que sa compagne voyait en ce moment.
… Azala ?
Oui, je suis là. On… on voit des corps flotter dans le vide, plusieurs… quelques dizaines, impossible de dire si ce sont des soldats ou des civils.
Bon sang, John, que fais-tu ?! Sauf problème, nous serons de retour d’ici une vingtaine de minutes. À tout de suite.
Je… Avant le Transporteur 6, on a… on a détecté des décollages multiples sur l’astéroïde pirate. Beaucoup d’appareils de transport, mais aussi des chasseurs, et ils viennent droit sur nous.
La Choupa n’a pas perdu de temps. Passe le message, on va devoir se battre sur plusieurs fronts. Est-ce qu’au moins Price a fait décoller ses appareils et le croiseur ? Et les nôtres, ils sont en route ?
Il nous a dit d’attendre un peu et de surveiller l’astéroïde. Et l’on enregistre depuis un petit moment des variations d’énergie bizarres. La signature ressemble à celle de compresseurs dimensionnels.
Benkana ralentit son pas, au bord d’une nouvelle colère…
Qu’est ce qu’il mijote, encore ? Bon, ordre à nos chasseurs de décoller, et envoie la demande en clair, que tout le monde la reçoive, notre vieux colonel et même l’autre folle qui arrive.
Arrête de n’en faire qu’à ta tête, il suit une stratégie visiblement bien préparée.
Hé bien, qu’il la partage avec moi. Fais décoll…
LES COMPRESSEURS DE L’ASTÉROÏDE ENTRENT EN FUSION !
Les hommes de Benkana se mirent en position de défense, sécurisant les alentours immédiats : leur chef venait de s’arrêter net au milieu de sa lancée.

Choupa serrait fermement les manches de direction et de poussée de son chasseur. On avait pu mettre deux fidèles lieutenants à elle dans le petit espace dédié aux bagages et ce scénario s’était répété dans tous les engins qui décollaient encore. Il n’y avait ni assez d’appareils ni assez de temps pour embarquer pour tout le monde, alors on improvisait, comme seuls les pirates savaient faire. L’un après l’autre, les compresseurs dimensionnels virèrent au rouge, puis au blanc et tel un chapelet de l’enfer, embrasèrent toute la surface de son astéroïde. Quelques secondes suffirent pour que de nouvelles explosions, bien plus puissantes, ne remuent les profondeurs du gigantesque rocher. Et enfin, alors qu’une gerbe enflammée emportait le spatioport où des vaisseaux de transports tentaient encore de décoller, sa base, l’abri où elle et les restes de l’équipage de son père avaient trouvé refuge par le passé, sa maison, se disloqua.
La jeune femme serra les dents. Karl et maintenant l’astéroïde, ce n’était plus simplement une affaire de dette de sang entre Benkana et elle, c’était une question de survie pour tous. Ils n’avaient plus le choix, la principale porte de repli venait de se refermer.
Pas de larmes, elle en avait trop versé par le passé et l’urgence était ailleurs : elle se sentait capable d’arracher les yeux à tous ces maudits exodés, un par un s’il le fallait.
« Appel général : la destination se trouve droit devant nous, à bâbord. C’est notre future maison qui nous attend là-bas, messieurs. EN AVANT ! »
Et, slalomant entre les débris, les corps et les morceaux épars de l’astéroïde qui n’arrêtaient pas leur course, des dizaines et des dizaines d’appareils de toute sorte convergèrent à la suite de Choupa vers le Transporteur 7.

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RedU T1 Ch19 Ep11

Wed, 11 May 2016 05:11:00 GMT

Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


La hache de Petrovach s’abattait sans retenue sur le colonel J.F.Hill, ne laissant même pas à ce dernier le temps de reprendre son souffle. Le géant roux faisait tourner son arme comme un moulinet, effritant, coup après coup, la résistance de son adversaire qui n’arrivait, tout juste, qu’à dévier la puissance déchainée contre lui. Cette fois, le pirate ne s’était pas embarrassé de précautions et jouait la carte de l’énergie contenue dans ses solides muscles : choc, contrechoc et impact, tel était l’essentiel de la stratégie qu’il avait adoptée. Primaire, mais dangereuse également pour lui, car seule l’endurance de Petrovach empêchait son adversaire de contrattaquer et la combustion de ses calories ne se poursuivrait pas indéfiniment.
Le dos du colonel buta contre des éléments du remblai accumulés devant l’entrée de la salle de commandement ; il ne pouvait désormais plus reculer, mais les attaques ne semblaient pas diminuer, bien au contraire.
Soudain, son frère fit effectuer une courbe différente à la hache qui passa en dessous de l’épée tendue et vint s’enfoncer profondément dans une poutre de métal à côté de sa tête. Il ne put conserver l’intégralité de son corps que grâce à un réflexe de dernière seconde, mais cela n’empêcha pas le sang de couler le long de son cou, en une petite ligne chaude qui suivait la forme de sa nuque. Venait-il de perdre son oreille ?
Il verrait plus tard, car Misha lui offrait une ouverture sans pareil, son arme trop enfoncée pour lui servir de protection. Igor projeta en avant la pointe de son épée, mais ne la pénétra que de quelques millimètres dans le torse de son frère, arrêtant son geste pour ne provoquer qu’une simple égratignure dans cette masse musculaire. Celui-ci ne bougeait plus depuis sa dernière attaque, un petit sourire au coin des lèvres. Mieux : il écartait même les deux bras, en une offrande de son corps à tous les coups que l’on pourrait lui porter !
J.F.Hill retira son épée, roula sur lui-même et reprit son équilibre à quelque distance. De sa main libre, il put constater que ce n’était qu’une coupure qui saignait juste en dessous de son oreille, un filet vermeil comparable à celui qui s’écoulait maintenant du torse de son frère. Petrovach ricana dans sa moustache et sèchement, arracha sa hache pour se remettre en position.
Sang pour sang, Igor. Comme au bon vieux temps n’est-ce pas ? Tu n’as aucune chance, tu le sens bien, n’est-ce pas ? Alors, si tu oubliais un peu ton idée de justice des pirates, et tu réfléchissais ? Moi, je te veux à mes côtés, encore plus maintenant qu’avant ! Ton courage s’est affermi autant que ton corps. À nous deux, nous prendrions le dessus sur la frêle Choupa, et nous serions les vrais maitres du monde pirate !
C’est une obsession chez toi de me faire revenir ? Je t’ai déjà donné ma réponse.
Comme quoi, je fais preuve de plus de souplesse que par le passé. Je te mets en demeure d’accepter maintenant, ou nous détruisons ce vaisseau, en commençant pas les ponts inférieurs !
John serra les dents, se préparant à reprendre l’attaque. Ce changement de position n’échappa pas à son frère :
« N’y pense même pas. Mes hommes n’attendent que mon signal. Rends-toi : vous êtes paralysés et pas prêts à une invasion de guerriers comme nous… »
À peine eut-il prononcé ces mots que les néons se mirent à clignoter sur toute la longueur du grand corridor. Derrière le sas bloqué, on put entendre des cris de soulagements, des applaudissements. Petrovach leva les yeux, surpris : le plan de la petite prétentieuse n’avait visiblement pas tenu tant que cela. Les exodés venaient de contourner la paralysie de leurs systèmes d’une manière ou d’une autre, et ce malgré les efforts du vieux Karl. Cette relique était-elle enfin hors de son chemin ?
Ce n’était pas une déroute, juste un contretemps et il reporta son attention sur la raison de sa venue en ces lieux. Ce fut pour sentir le métal fin et coupant de la lame lui transpercer l’épaule droite, celle qui maniait la lourde hache ! Une onde de douleur le parcouru lorsqu’elle ripa sur l’omoplate, entaillant les chairs, blessant les tendons, sectionnant les veines. Le choc de l’impact, ou de l’attaque inattendue, lui coutèrent deux précieuses secondes qui suffirent à J.F.Hill pour lui décrocher un violent uppercut au menton. Les dents cognèrent, certaines se brisèrent et la tête du pirate partit en arrière, entrainant le corps à sa suite. Il sentit, plus qu’il ne vit, la lame sortir de son épaule, entrainant avec elle une gerbe de sang autrement plus importante que le filet coulant sur son torse. Une nouvelle fois, son maudit frère venait de le blesser. Une nouvelle fois, son bienaimé frère, qu’il s’obstinait à pardonner, venait de l’attaquer, de l’agresser.
La fureur remonta alors en Misha, profitant de la douleur pour prendre le dessus sur tout le reste. Sa jambe partit en arrière, le stabilisant. Non, il ne tomberait pas devant lui. De son autre main, il attrapa la hache qui s’échappait. Non, il continuerait à la tendre bien haut. Et sur un rugissement sauvage, il se redressa, gonflant tous ses muscles pour faire face, le visage déformé sous le cri de colère.
« Non Igor, je ne suis pas vaincu… à peine blessé ! Tu ne t’en tireras pas comme çà. »
Pensa-t-il. Soufflant comme un taureau, un bras ballant, Misha ne connaissait pas d’autre manière de communiquer dans un combat que par des démonstrations de puissance et de résistance. Et, malgré sa petite victoire, il voyait bien dans les yeux de son frère que celui-ci recevait parfaitement le message.
« Igor… Tu… Aaah, quel coup, ça fait mal, je te l’accorde. Mais ça ne suffira… ÇA NE SUFFIRA PAS ! »
Il grimaça et remonta légèrement la main à l’épaule blessée, pour activer un interrupteur sur sa ceinture.
Sénéchal ?
Faites sauter le premier pont.
À vos ordres !
NON !
Hurla J.F.Hill, en se précipitant sur son adversaire, la lame tendue. L’autre se cabrât, bien plus vif qu’on n’aurait pu s’y attendre et, du plat de sa hache, projeta son agresseur à plusieurs mètres.
John se relevait, lorsqu’il sentit de puissantes vibrations remonter le long de la superstructure du Transporteur. Immédiatement, des alarmes se mirent à hurler un peu partout et de nouveaux cris leur parvinrent de l’autre côté du sas, dans la salle de commandement. Le vaisseau en perdit momentanément son assiette, tandis que des canalisations explosaient sous la surpression envoyée depuis la base de l’immense appareil. Des jets d’étincelles tombaient du plafond, rebondissant un peu partout et divers objets glissaient sur le sol, jusqu’à buter sur quelque obstacle. Les sirènes hurlaient, les opérateurs du centre de commandement hurlaient, le son d’explosions lointaines se répercutait au travers des parois.
Misha Petrovach ne disait rien, se contentant d’un sourire énigmatique.
Puis l’appareil reprit son équilibre, doucement. Les Exodés étaient suffisamment expérimentés pour répondre à ce genre de calamité, et le colonel Hill avait toute confiance en son équipage, mais le vaisseau survivra-t-il à cette blessure ? La pression des gaz éjectés de la tuyauterie diminua, le nombre de courts-circuits se réduisit, et les explosions lointaines cessèrent. Il ne restait qu’un lourd silence ponctué de cris sourds ou de grincement de colère de la coque blessée du Transporteur.
Igor ? Veux-tu revenir, maintenant ?
Je ne te pardonnerais jamais ce que tu viens de faire… JAMAIS !
Ça, je peux presque le comprendre. Il doit… oui… il doit y avoir une partie de votre spatioport, et Dieu sait combien de réfugiés, qui suffoquent en ce moment, ou se congèlent, dans le vide spatial.
Mmmmh, pas drôle tout çà, n’est-ce pas… ?
John Fidgerald Hill ne pouvait refouler la haine qui le submergeait à son tour. L’équivalent de ce qu’il avait ressenti des années plus tôt, alors qu’il tenait dans ses bras Esfir, leur sœur.
L’expression dépeinte sur son visage ne perturba pas particulièrement Petrovach qui se contenta d’activer à nouveau l’interrupteur de sa ceinture, sous une nouvelle grimace de douleur.
Sénéchal, le pont inférieur s’est bien détaché de l’appareil, comme prévu.
Parfait… faites sauter le second pont.
Oui, monsieur.
MISHAAAAAAAAAAA !

J.F.Hill s’élança à nouveau contre son frère, autant par vengeance que pour sauver ses exodés.

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RedU T1 Ch19 Ep10

Wed, 04 May 2016 05:12:00 GMT

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


La radio principale, au centre de commandement du transporteur 5, retransmettait en direct la scène qui se déroulait sur l’autre vaisseau. L’activité de la salle était particulièrement discrète, la plupart des opérateurs écoutant attentivement. Seul Edmund Tristo pianotait frénétiquement sur son clavier, conscient d’apporter la pierre centrale au plan du colonel Sterling-Price.
Le vieil homme suivait, comme les autres, le son grésillant renvoyé par les hautparleurs, impassible.
« Je suis le commandant Benkana, responsable d’un des transporteurs que vous agressez en ce moment. À qui n’ai-je pas l’honneur de parler ? »
Petit silence.
On devinait la surprise, l’appréhension et probablement la prise en considération de cette nouvelle donne. La voix féminine du transistor reprit alors, plus posée :
Mon nom est Choupa la sans peur, je dirige en effet cette attaque. Comment avez-vous pris le contrôle de notre fréquence ?
Ce n’est pas votre fréquence, et surtout, je pense que nous avons une connaissance en commun. Monsieur Karl, dites un mot à madame…

Dites un mot, ou je vous tire une balle dans le pied pour qu’on vous entende crier.
CHOUPA, N’ACCEPTE AUCUN CHANTAGE, JE NE…
KARL !
Je n’ai pas demandé un roman. Relevez-le.
La jeune femme, la future reine pirate, avait réagi d’instinct à la voix de son ami et au coup qu’il venait certainement de recevoir.
Sterling-Price gardait ses bras croisés, debout à quelques pas de Tristo. Chaque seconde qui passait était du temps de gagné pour son informaticien, ce qui allait dans le bon sens ; mais quelque chose dans la voix et dans la personnalité de Benkana l’inquiétait. D’après ses connaissances, l’ancienne chef rebelle n’avait jamais été une tendre, il se demandait si elle saurait se maitriser suffisamment dans ce moment délicat.
Benkana, que voulez-vous ?
Bien, on peut parler. Rappelez vos chiens en route vers nous, et arrêtez d’éloigner votre astéroïde.
D’une voix soudain douçâtre et pleine de sous-entendus, elle ajouta :
Vous ne voudriez pas nous quitter alors que l’on commence à peine à s’amuser, n’est-ce pas ?
Et puis, notre ami Karl semble se languir de vous.
D’accord, je suspend l’envoi des renforts.

Tristo attira l’attention du colonel, celui-ci se rapprocha. Sans un mot, Edmund tourna le clavier de sa console vers le vieil homme, indiquant du doigt la touche de validation. Price ne comprenait pas grand-chose au pavé de symboles en tous genres qui s’égayaient sur l’écran, mais il distinguait nettement un curseur clignotant à la fin de la dernière ligne.
Il ne fut pas surpris de voir le jeune homme croiser les bras et faire un signe négatif de la tête ; après le carnage auquel il avait assisté dans la cité intérieure et sa responsabilité indirecte, il refusait simplement de déclencher un nouveau drame.
Comment ne pas le comprendre ?
Le colonel Sterling-Price hocha de la tête et approcha son pouce du clavier, la bataille des transporteurs allait prendre fin très prochainement. Soudain un hurlement rugit depuis les hautparleurs.
« CHOUPA ! NE FAIT PAS CELA ! »
Il s’en suivit plusieurs bruits de lutte, puis un coup de feu suivi un nouveau cri :
« KARL ! QUE SE PASSE-T-IL ? »
On n’entendait à nouveau plus rien. Price éloigna son pouce de quelques centimètres, totalement captivé, comme tous dans la salle, par ce silence perturbé uniquement par le bruit de fond du système radio. Que venait-il de se passer ?
BENKANA ?
Votre Karl est mort… Il a réussi à surprendre un de ses gardes, s’est emparé d’une arme et s’est tiré une balle dans la tête. On n’a rien pu faire.

Tristo tourna vers le colonel un regard horrifié. L’autre lui renvoya une expression aussi concentrée que sans émotion ; le pouce toujours tendu au-dessus du clavier, il attendait la suite.
Du coté des deux transporteurs, on retenait son souffle.

La voix de la pirate monta à nouveau dans le poste, mais cette fois, Choupa la sans-peur ne mesurait plus ses propos.

« … Benkana…
JE VAIS VOUS ANÉANTIR, vous m’entendez bien ?
Ordonnez à tous les appareils de décoller ! Dites-leur qu’à partir de maintenant, une dette d’honneur doit être payée. La vengeance pirate sera appliquée ! Allez, donnez les ordres ! »
La colère froide de la jeune femme se transformait graduellement en une rage aveugle à chaque mot prononcé. Price observait les hautparleurs, fronçant les sourcils.
BENKANA, JE N’AURAIS DE CESSE DE VOUS POURSUIVRE QUE LORSQUE VOTRE SANG SERA RÉPANDU SOUS MES BOTTES.
Moi, Choupa la sans-peur, j’en fais le serment.
Alors, viens, petite merdeuse ! Je t’attends.
Un coup de feu, des bruits de petits éléments rebondissants pardon ; Aurora Benkana venait de détruire le transistor radio.
« Pernov, vous aviez raison ! Qu’on passe le message… on ne fait plus de quartier ! »

Price enfonça la touche de validation.

*

Choupa n’arrivait pas à cacher ses larmes, mais ses ordres fusaient, précis et clairs, mettant en branle les milliers de pirates dans l’astéroïde.

Karl, son ami, son second… peut-être son premier père.
L’annonce de la dette d’honneur circulait dans les rangs de la troupe tel un appel à une nouvelle dimension dans le combat. On n’allait plus seulement s’emparer des richesses et des femmes, on allait laver un affront dans le sang. Ceux-là, dont les ancêtres Nordistes avaient bâti des cités au cœur du froid et la glace de MaterOne, possédaient toujours dans leur âme cette flamme d’orgueil, cette loi inexpugnable qui disait que la dette d’honneur d’un chef signifiait la mort ou la victoire de tous ses hommes.

Choupa gémit, s’appuyant à la conduite d’eau d’un recoin sombre. Elle laissa s’échapper un sanglot…
… puis ravala ses larmes.
Dans une inspiration, elle révéla alors sa haine, son nouveau moteur, bien plus puissant encore que la vengeance accumulée envers le Cercle de Khabit.
« Je te tuerais, Benkana, je… te… tuerais. »

Dans les entrepôts de l’astéroïde, on s’activait autour des ascenseurs internes pour déplacer les appareils aussi vite que possible vers la zone d’envol. De là, les uns après les autres, on les remplissait de pirates et d’armement et on les faisait décoller en direction du transporteur 7.

À l’intérieur de son vestiaire, la reine pirate se saisit de l’épée familiale que Karl avait emportée avec eux lors de l’évacuation de son vaisseau, il y avait tant d’années. Elle la sortit de son fourreau, brusquement : la lame brillait de mille feux, toujours coupante et vibrante de combats. Ce métal allait bientôt plonger à nouveau dans le sang, redonnant vie à ce vieux proverbe Nordiste que la communauté pirate respectait, génération après génération :

C’est par le sang et la gloire que se forge un peuple, que la peur frappe nos ennemis : l’heure des Hommes est venue.

La jeune femme se dirigeait vers les ponts d’embarquement où son chasseur particulier l’attendait, quand on l’arrêta dans un couloir, un combiné décroché à la main : un appel urgent de son central d’opération. Agacée, elle s’en saisit :
Quoi ?
Chef, on a une brusque poussée de surchauffe dans les compresseurs dimensionnels !
Une surchauffe ? De quel ordre ?
Cela ne… Attention, la jauge du quatre !
Le bruit étouffé d’une explosion lointaine se répercuta dans les corridors de la base.

La centaine de compresseurs dimensionnels en série, bricolés en chapelet autour de l’astéroïde, étaient tous entrés soudain en surrégime. Simultanément, les systèmes de refroidissement s’étaient bloqués en mode erreur, refusant toute commande de relance.
Si l’on n’arrivait pas à couper leur alimentation, les compresseurs allaient tous exploser dans les prochaines minutes, emportant toute les installations et la base entière de Choupa avec eux.

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RedU T1 Ch19 Ep09

Wed, 27 Apr 2016 05:04:00 GMT

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Les flashs de lumière aveuglèrent immédiatement Karl tandis que les gaz paralysants le prirent à la gorge. Le pirate n’était plus un grand guerrier et, courbé en deux sous l’asphyxie, des larmes submergeant toujours ses yeux éblouis, il ne put offrir de résistance lorsque des soldats équipés de respirateurs le plaquèrent au sol.
Une poignée de minutes suffirent pour évacuer l’air vicié et, même s’il ne distinguait encore que de vagues contours dans le brouillard blanc de sa vision, les quintes de toux du pirate s’étaient tassées. Il prit enfin conscience de ce qu’il se passait dans la pièce autour de lui et la première chose qu’il entendit ce furent des bottes qui foulaient le sol, s’arrêtant devant sa tête.
Une personne légère, probablement une femme. Il ne fut pas surpris de reconnaitre la voix de la commandante.
« Broto… »
Rien, pas un mot de plus, une simple constatation. Existait-il déjà des doutes sur lui et Ismène ?
On arma plusieurs fusils mitrailleurs et, lorsque le feu de la destruction s’abattit sur sa créature, le vieux pirate ne sut refouler un pincement au cœur et une ultime larme qui se mêla à celles causées par le gaz. Quelques gouttes de sang synthétique vinrent s’écraser sur sa joue, tel un dernier adieu ; il ne resta plus que quelques bruits de courts-circuits et une abominable odeur de plastique brulé emplissant l’atmosphère. Toujours sans un mot, la commandante s’éloigna de la pièce, laissant Karl au sol alors qu’on le menottait sans ménagement.

« Ici Benkana, me recevez-vous ? »
On avait installé un relai à bord de la navette dont la radio communiquait avec le transporteur de Price. Un moyen simple et efficace pour se tenir informé.
Allo, il y a quelqu’un ?
Ici Price. Alors, où en êtes-vous ?
Nous avons neutralisé l’intelligence artificielle et nous…
Yeaahhh ! C’est vrai, ça y est, les systèmes se débloquent les uns ap…
Monsieur Tristo, conservez un peu de discrétion, merci. Vous disiez, commandant ?
… Nous avons un prisonnier et les barges sont toujours en train de nous rapprocher de l’astéroïde.
Sans préavis, quelque chose vibra à nouveau dans son transporteur. Elle entendait des ronronnements assourdis reprendre leur place dans le fond sonore quotidien, les néons des corridors s’allumaient les uns après les autres, et même les systèmes de communication interne de vaisseau grésillaient à nouveau.
Commandant ?
Désolé, tout est en train de se rallumer ici. C’est une excellente nouvelle, félicitez notre ami Tristo.
Merci, Commandant ! Maintenant on a un problème avec la base pirate. J’aurais besoin que vous nous les occupiez un petit peu !
Intervint Tristo du fond de la pièce derrière Sperling-Price.
Je traduis, si monsieur Tristo le permet… Il semble qu’ils reculent en ce moment leur astéroïde, ils préparent probablement quelque chose, mais nous aussi. Regardez, autour de l’intelligence artificielle, s’il n’y a pas un moyen quelconque de communication pour joindre le commandement pirate, et tâchez de négocier n’importe quoi pour gagner du temps.
Je pensais plutôt nettoyer mon transporteur et faire décoller nos chasseurs et croiseurs pour leur rendre la monnaie de leur pièce.
Nous y travaillons, justement. Et dites-vous qu’une poignée de minutes suffiront, vous pourrez sécuriser votre bâtiment ensuite, commandant.
Le fait d’appuyer insidieusement sur le dernier mot rappelait à Aurora une certaine hiérarchie militaire, mais également d’expérience quant à la stratégie, en faveur de Sterling-Price. Sans apprécier spécialement, elle se rangea donc à l’avis de celui qui avait gagné la confiance de son ami J.F.Hill.
« Soit. Je vais laisser le communicateur branché que vous puissiez suivre. N’intervenez que si besoin. »
Aurora n’était pas satisfaite de devoir patienter encore ; si le retour à la normale des systèmes avait sans doute galvanisé ses troupes, la partie n’était pas encore gagnée et son transporteur pas encore libéré. Elle pénétra dans la pièce, lançant un regard de dédain au vieil homme plaqué au sol, qui avait abusé des valeurs mêmes de l’Exode pour se glisser à bord avec son instrument de mort. Chaque seconde qui s’écoulait voyait mourir un membre de son vaisseau et c’était à cause de lui. Elle fit signe à un des soldats qui le maintenait de le relever.
« Comment gardez-vous le contact avec le commandement pirate ? »
Pas de réponse.
Un nouveau signe de tête à un des gardes et un violent coup de poing fut asséné dans les côtes du vieillard. Sous la douleur, celui-ci poussa un grognement, mais il ravala sa salive et se tut à nouveau, le regard dans le vide.
« Madame le Commandant… » intervint Antonio Pernov.
Le vieux chef Nordiste se tenait un peu à l’écart, mais suivait évidemment avec assiduité tout le déroulement des opérations.
… nous pourrions le faire parler si vous le désirez. Nous connaissons plusieurs méthodes dans ce but, mais…
Mais ?
Peut-être que si l’on réfléchissait simplement, la réponse pourrait se trouver sous nos yeux ?
Il désigna de la tête le poste de radio à quelques centimètres de Benkana, posé sur une étagère. Celle-ci s’approcha et s’en saisit ; c’était un instrument un peu vieillot, normalement destiné uniquement à la réception, idéal pour passer les contrôles sans se faire remarquer.
Elle enclencha l’appareil et la voix de Choupa monta du poste, forte et claire :
« Karl ! Répondez-moi mon ami. Nous sommes en train de reculer l’astéroïde et nous envoyons en ce moment une première vague de navettes vous porter secours. Courage, tenez bon, j’ai besoin de vous ! »
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RedU T1 Ch19 Ep08

Wed, 20 Apr 2016 05:23:00 GMT

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Tristo suivait le Colonel Sterling-Price, eux-même précédés de plusieurs gardes sur le qui-vive. Le long tubule que les pirates avaient utilisé pour pénétrer dans le transporteur 5 était devenu le passage obligé pour les troupes conquérantes de Price. Malgré leurs pertes, les envahisseurs résistaient avec acharnement si l’on en jugeait par les impacts sur les parois. La surface adhérente qui tapissait l’intérieur du tubule faisait un bruit bizarre sous les pieds du jeune informaticien, mais force était de constater que l’on pouvait y marcher convenablement malgré des angles d’inclinaison très aigus. Le système était visiblement bien rodé.
« D’après les renseignements que l’on m’a fournis, il y aurait des accès aux terminaux dès la sortie du bras perforant. J’espère qu’ils utilisent les mêmes prises que vous ?
J’ai emporté tous les adaptateurs que je possédais, ne vous inquiétez pas. Les connectiques sont souvent standards dans les vaisseaux civils, c’est chez les militaires qu’ils compliquent tout.
Car vous vous y connaissez en connectique militaire ?
Oui, une fois, j’avais pu récupérer un vieux serveur mal reconditionné avec quelques potes et on l’avait complètement désossé, pour récupérer des informa…
Je me passerais de la suite de cette histoire, Edmund. D’autant que nous arrivons. Ah, oui là-bas, ce jeune sergent qui nous fait signe devant plusieurs emplacements. »

Le soldat se planta en garde-à-vous devant le haut gradé, alors qu’on entendait, au loin, des coups de feu et quelques rafales. Tristo avait du mal à rester serein…
« Dites, ils sont pas loin ?
Non, mais suffisamment pour que vous puissiez faire votre office en toute sécurité. Combien de temps vous faudra-t-il ?
Quelques minutes… Prises AM Sept, rien que du standard, comme prévu. Bon… je me connecte. Heu… Colonel, pendant que ça mouline, je peux vous demander quelque chose ?
Bien sûr, qu’y a-t-il ?
C’est ce qu’on a vu tout à l’heure, la cité intérieure… Je… vous saviez que ça allait se terminer comme ça ?
… Tout dépend de ce que vous entendez par ‹ terminer comme çà ›.
Ben, tous ces morts, même pas de prise de prisonniers. Les soldats tuaient tout ce qui bougeait, sans chercher à faire preuve… d’humanité. »
Tristo baissait la voix devant le regard désapprobateur du sergent qui les gardait. Le colonel fit un signe au soldat qui s’éloigna de quelques pas et s’approcha de l’informaticien, visiblement navré.
« Edmund, j’aimerais vous dire que je n’aurais pas pu éviter ce bain de sang, que la peur insufflée par l’attaque pirate et leur fureur au combat avait enragé mes hommes, au point de les rendre incontrôlables… mais non. Il y a eu un ordre direct pour neutraliser définitivement une majorité des troupes assaillantes. C’était voulu.
Mais… mais pourquoi ? C’était monstrueux, l’Exode c’est pas çà ! Çà, c’est le régime Castiks, la royauté, je sais pas !
Mais… c’est à cause de vous, ne comprenez-vous donc pas ?
QUOI ? »
Il en avait lâché son sac par terre, heureusement le terminal portable était déjà posé et ses scripts déroulaient leurs flots de données sur l’écran verdâtre.
« Vous m’avez expliqué qu’un accès, à l’intérieur de cet appareil, vous permettrait de lancer une contrattaque dans le réseau mère utilisé par les pirates. Nous ne pouvions envisager une prise, même partielle, de leur vaisseau, avec tout un pan de nos troupes bloquées par la garde et la surveillance de centaines de prisonniers, sans parler de la reprise en main des ponts encore occupés. »
Edmund sentait un sanglot lui monter du fond de la gorge, il bredouilla…
« M… mais vous… ce terminal, ce qu’on est en… en train de faire…
… est la raison du carnage auquel nous avons assisté. Oui mon ami, j’en suis navré. »
Le colonel posa une main sur l’épaule du jeune homme. Celui-ci regardait les symboles parcourir son écran, ses sanglots devenant nausée.

*
Karl regardait l’étincelle brillante parcourir lentement le contour de la porte du sas ; celui-ci barrait l’entrée à la pièce de service où il se trouvait en compagnie d'Ismène, son faux fils, et de quelques étagères. L’intelligence artificielle dans son dos pulsait régulièrement de ses multiples diodes, toujours branchées aux systèmes de l’Exode. Il sourit en se demandant en quoi ce fils était-il si faux que cela ?
Un premier coup tonna contre la porte, mais le métal du sas tint bon.
Le vieil homme brancha son émetteur et prit contact avec sa bien aimée fille.
« Ici Karl. Chou, quelles sont les nouvelles ?
Karl ! Je viens à l’instant de recevoir un rapport inquiétant, il semble que les hommes que j’ai envoyés pour vous protéger soient tombés dans une embuscade, j’ai déjà demandé à un nouveau groupe de partir, mais la situation devient tendue et je ne sais pas s’ils arriveront à temps.
Pourquoi donc ?
Les exodés sont à ta recherche, ils peuvent arriver n’importe quand ! Je ne comprends pas comment ils ont su pour toi et Ismène. »
Plusieurs coups dans la porte, cette fois un petit coin du sas se tordit et immédiatement l’étincelle reprit sa progression.
« Quel était ce bruit ?
Rien, ma Reine, juste quelques échos lointains. Et qu’en est-il des combats ?
Là encore, ce n’est pas glorieux. Les combats sont violents et au coude-à-coude sur ton transporteur, la résistance est d’autant plus féroce qu’ils ne se contentent pas de se défendre : ils attaquent en permanence et semblent plus armés que ce nous avions prévu. C’est encore pire sur le transporteur de tête, on a complètement perdu le contact avec les équipes d’attaques et les seuls rapports sont ceux de l’équipage de la barge qui combat des troupes dans ses propres coursives ! »
L’étincelle s’arrêta, nouveaux coups, plusieurs, cette fois il put voir une petite partie de la masse apparaitre par l’ouverture qui s’agrandissait. Puis l’étincelle, encore…
« Karl ! Mais quel est ce…
Ce n’est rien, et Petrovach ?
Il ne donne aucune nouvelle, on a pu joindre un de ses lieutenants et on a la certitude qu’il livre aussi de durs combats, mais surtout une vendetta personnelle. Il fait son chien fou et on ne peut le contrôler.
Comme d’habitude, donc. C’est celui qui s’en sort le mieux ?
Oui. Karl, mon ami, que se passe-t-il ?
Mais ma Reine, rien que de très normal dans une bataille de ce genre. »
Cette fois, la moitié supérieure de la porte fut enfoncée sous le nouvel impact. Karl sortit son révolver et tira dans l’ouverture, obligeant les autres à se mettre à l’abri.
Choupa comprit immédiatement :
« KARL !
Ils sont déjà là, en effet. Je vais les retarder autant que possible, mais il faut absolument que vous puissiez attaquer au moins un des transporteurs avant qu’Ismène ne soit coupé.
KARL, mets-toi à l’abri, protège-toi. Ce ne sont pas quelques minutes qui feront la différence, tu..
À l’abri ? Le local où nous nous trouvons ne fait que quelques pas de larges, il ne contient aucun abri. Tu sais, ma Reine, je suis un pirate, et rares sont ceux qui ont fini leur carrière dans un lit de plume. Je vais devoir te laisser, je pense… On va bientôt couper.
NON, NE FAIT PAS CELA !
Je t’aime, ma Choupa. Mets-toi à l’abri avec l’astéroïde si l’attaque continue à mal tourner. Adieu, ma fille… »
Le vieil homme coupa le transmetteur et tira encore quelques cartouches. Que faisaient donc ses assaillants, pourquoi ne lançaient-ils pas l’assaut final ?
La réponse lui parvint lorsque deux grenades paralysantes, sitôt jetées dans la pièce, explosèrent.


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RedU T1 Ch19 Ep07

Wed, 13 Apr 2016 05:53:00 GMT

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« Allez-y ! »
L’ordre de Benkana fut immédiatement suivi d’une déflagration et on entendit la carcasse du lourd sas projeté au travers du corridor. Il ne s’était pas encore stabilisé que l’assaut était donné ; les soldats pénétraient l’arme au point, prêt à anéantir toute résistance.
Mais la pièce se révéla vide comme les deux précédentes. Cela faisait déjà une vingtaine de minutes que la commandant et ses hommes arpentaient les couloirs du transporteur, évitant autant que possible le contact avec les colonnes pirates. Compte tenu du temps qui s’écoulait bien trop vite, elle avait décidé qu’une ouverture en douceur des sas ne serait pas assez efficace, c’était donc à l’explosif que l’on frappait aux portes des pièces à visiter. Son communicateur grésilla :
« Aurora, un rapport de Sterling-Price, ils ont repoussé les pirates !
Price est réellement impressionnant. Et nous, comment cela se passe ?
La technique frontale semble fonctionner. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’on leur livre une bataille aussi acharnée. Mais les pertes sont terribles.
Elles le seront plus encore si les rats atteignent la cité intérieure. Azala, on est en guerre.
Et je la mènerais avec toi. Mon père ne m’avait pas préparé à cela, c’est tout… Et le troisième nœud de transmission ?
Vide, comme les deux précédents. C’est à se demander si on ne perd pas un temps pré…
Un rapport vient d’arriver du pont au-dessus de votre position. Une colonne pirate aurait été aperçue se dirigeant vers les niveaux inférieurs. Aurora, ils risquent d’arriver sur vous ! »
Effectivement, on entendait une multitude de bruits de bottes et quelques tirs sporadiques résonnant le long des coursives.
« Pirates confirmés et ils s’approchent. On va tenter d’éviter le contact, silence radio d’ici là. Terminé. »
Sur quelques gestes bien précis, elle fit passer le message et toute la petite troupe recula, se dissimulant autant que possible dans le décor. En armant son révolver, Aurora s’inquiéta de la porte du sas tordue en travers du corridor, il était difficile de faire moins discret pour signaler leur présence.
Comme s’ils l’avaient entendu, les premiers éclaireurs apparurent au premier coude du couloir. Ils avançaient prudemment, faisant signe au gros de la colonne que la voie était libre. Quinze, peut-être vingt, Benkana serra les dents ; ils étaient supérieurs en nombre et, même avec l’effet de surprise, la victoire ne serait pas certaine. Leur chef s’approcha de la carcasse du sas, la déplaça du pied et regarda, dubitatif, l’intérieur de la petite pièce, ignorant que plusieurs soldats en arme y étaient dissimulés. Il fit signe à un de ses hommes qui déplia une carte et tous deux commencèrent à échanger en promenant leurs doigts sur le papier. Aurora comprit plus qu’elle n’entendit ce qu’il se passait. Ces hommes cherchaient eux aussi les nœuds de transmission et, visiblement, ils s’étaient trompés de destination, cette pièce ne semblant pas les intéresser. Ils recherchaient un endroit en particulier et cela signifiait plusieurs choses très importantes : il y avait effectivement un des nœuds de transmission qu’ils voulaient protéger, et elle n’allait pas avoir d’autres choix que d’anéantir cette colonne, sous peine de s’y confronter plus tard dans des circonstances peut-être moins propices. À l’intention des autres, elle donna ses ordres et tous se préparèrent.
Une dizaine contre une vingtaine. Certains de ceux qui l’accompagnaient étaient des survivants d’Okagwam, ils avaient connu l’enfer des troupes iX et la jungle, ces pirates ne les impressionneraient pas. Benkana visa le chef et l’abattit d’une balle en pleine tête, lançant l’assaut général. Ceux près de la pièce ouverte furent fauchés par les rafales venant de l’intérieur, mais la riposte nourrie ne se fit pas attendre. Grenades et mitrailleuses lourdes, cris ou hurlements des deux côtés, le corridor qui n’était pas si large s’illumina des impacts de balles traçantes et des explosions ; comme Aurora le craignait, le rapport de force n’était pas en leur faveur, d’autant que l’arrière-garde de la colonne arrivait, augmentant le nombre d’assaillants quand elle comptait déjà ses pertes.
Plusieurs nouvelles explosions résonnèrent, cette fois lointaines, provenant des corridors derrière les pirates. Un mouvement incongru fit alors avancer à découvert une partie des ennemis, comme s’ils étaient poussés par-derrière. Cela marqua un retournement de situation, les soldats de Benkana tirant maintenant les pirates comme à l’exercice et ceux-ci, totalement désorientés et désordonnés, se blessaient parfois entre eux.
Les derniers jetèrent leurs armes à terre et levèrent les bras, signe universel de reddition ; Benkana ordonna immédiatement le cessez-le-feu et les tirs cessèrent.
Enfin presque. Plusieurs rafales partirent, fauchant les pirates survivants qui s’effondrèrent au sol. On entendait des bruits de pas multiples, une autre troupe s’approchait, visiblement guère plus sympathique que la colonne originale. Encore quelques coups de révolvers disparates, on achevait les blessés. Aurora fit le signe à tous de se tenir prêt à reprendre le combat.
Un premier homme apparu, une cigarette pendant à la bouche, mitraillette à la main, puis un second, suivi de toute une troupe. Ces visages n’étaient pas inconnus à Benkana, c’était des Nordistes !
Un bonhomme d’un certain âge passa enfin l’angle du corridor et, d’une voix forte à l’accent inimitable, appela la commandant :
« Madame Benkana, êtes-vous là ? C’est la princesse qui nous envoie pour vous soutenir dans votre mission. Est-ce qu’il y a quelqu’un ? Vous deux, cherchez des survivants, et mettez-moi des partisans dans les couloirs adjacents. Madame Benkana ? Nous venons vous aider, il y a encore quelqu’un de vivant ici ? »
Aurora sortie de sa cachette, seule, elle avait bien pris garde de demander à ses soldats d’attendre en embuscade.
« Je suis là. Nous nous sommes déjà rencontrés, je pense,non ?
Tout à fait, Commandant. Antonio Pernov, je faisais partie du comité des anciens lors des négociations, lorsque vous recherchiez l’agent douze…
Je vois. Sachez qu’il n’est pas dans nos habitudes d’exécuter les prisonniers ou d’achever les blessés. Et voir de tels actes nous rend… suspicieux.
Ah… Je comprends. À chacun ses traditions, n’est-ce pas ? Les batailles qui se déroulent en ce moment dans le vaisseau mettent les nerfs de nos partisans à rude épreuve, je leur demanderais d’avoir la gâchette un peu moins facile à l’avenir. »
Aurora observa l’armement des nordistes. Il s’agissait de stocks différents de ceux des pirates ou de l’Exode. Elle était persuadée que la communauté avait exhumé d’autres caches secrètes d’armes pour s’en servir contre l’invasion pirate. Difficile de le leur reprocher, même si l’on devrait en discuter plus tard. Elle activa son communicateur :
« Aurora à Azala. Des nordistes prétendent être venus à ta demande, peux-tu confirmer ? »
Pernov fonça les sourcils, la commandant du transporteur mettait en doute sa parole et cela touchait à sa fierté. La voix de la princesse s’éleva alors de l’appareil :
« Contente d’entendre ta voix, Aurora. Oui, j’ai pris contact avec la communauté Nordiste, et comme ils avaient des choses à se faire pardonner, ils ont accepté de nous prêter quelques combattants.
Alors tu transmettras de ma part…
elle échangea un regard avec le vieil homme qui lui faisait face,
…mes plus chaleureux remerciements pour leur aide précieuse. Nous continuons avec eux vers le dernier nœud de transmission. Bien joué Azala, terminé. »
Elle tendit la main au vieux nordiste qui la serra chaleureusement. Sur un geste, les soldats survivants d’Aurora apparurent à leur tour. D’un coup d’œil, elle fut satisfaite de constater que ses pertes n’étaient pas si importantes qu’elle l’avait cru au premier abord.


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RedU T1 Ch19 Ep06

Wed, 06 Apr 2016 05:00:00 GMT

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« Monsieur Tristo, pensez-vous que les pirates regardent les informations télévisuelles ?
Pardon ?
Si vous avez une minute, je voudrais que nous descendions dans la cité intérieure, j’aurais quelque chose à vous y montrer.
Heu… Oui. En fait, pouvez-vous me laisser un p’tit instant, je termine de lancer un script et je suis à vous…
Aucun problème. L’intelligence artificielle vous donne toujours du fil à retordre ?
Ouh là là oui ! Mais elle ne peut plus pénétrer dans notre transporteur et j’ai fini de nettoyer plus de la moitié de notre maison. Vous ne voulez toujours pas que je remette en route les générateurs ? On pourrait, vous savez ?
Bien sûr, vous me l’avez déjà dit. Et que vous avais-je répondu ?
heu… de garder l’interrupteur avec moi, et d’attendre le moment propice. J’ai ici mon terminal relié au réseau. Il ne me suffit que de quelques secondes.
Bon, on dirait que c’est parti. Le script tourne, je suis à vous ! »

Edmund éteignit l’écran de sa console, vieux réflexe de hacker pour limiter les regards indiscrets, et referma son terminal portable. Puis il rejoignit Sterling-Price en vérifiant la mise en veille du système ; s’il voulait pouvoir l’utiliser en quelques secondes, mieux valait s’assurer qu’il se rallumerait.
Ils prirent des issues secondaires, descendirent plusieurs échelles de secours, longèrent quelques plateformes suspendues avant de se retrouver sur une extrusion d’un mur d’enceinte, transformé en un large balcon avec une vue imprenable sur la gigantesque cité intérieure. Plusieurs soldats, visiblement des officiers, l’attendaient, le visage fermé. On avait dressé quelques protections supplémentaires ainsi que ces jumelles à focale surélevée, permettant de voir sans être vu.
« M’sieur Price, dites. C’est pas la cité intérieure qu’on devait protéger à tout prix pour les civils ?
Bonne mémoire Edmund, en effet. Regardez là-bas, on poursuit l’évacuation vers les niveaux supérieurs. C’est risqué, mais ce ne dev… »
Une explosion rugie de l’autre côté de la cité, puis une seconde. Certains officiers déclenchèrent leur talkie-walkie et firent signe au colonel d’un hochement de tête.
« Nos pirates sont pile à l’heure. Regardez là-bas, vous voyez ces petits points noirs qui se déplacent ?
Mais… mais ils entrent ? On doit partir là, non ? »
Comme pour confirmer son inquiétude soudaine, on entendit le sifflement de plusieurs balles qui ricochèrent sur la paroi autour d’eux.
« …ILS NOUS VISENT !!
Certes, mais seulement avec ce qu’ils ont sous la main, et plus dans l’esprit de tirer sur quelque chose que de nous cibler, nous. Ne vous inquiétez pas, même une roquette n’entamerait pas ce blindage… Regardez là-bas, des cerveaux-moteurs de combat ! Mazette, nos amis ont mis tous leurs moyens dans cette attaque de la cité intérieure ; d’après les rapports ils en avaient quatre, et les voici. Saviez-vous Edmund, que le Colonel J.F.Hill en avait récupéré un, lors de la bataille du transporteur 2, lui et ses hommes étaient arrivés alors que son équipe en terminait le montage et… »
On entendait de nouvelles explosions, des rafales d’armes automatiques qui fusaient de plus en plus profondément dans la cité intérieure, les pirates progressaient alors que les derniers civils étaient évacués au loin. Edmund Tristo regarda le vieux colonel affable. Celui-ci ne semblait pas outre mesure inquiet et racontait avec délice comment Hill avait retourné l’arme des pirates contre eux. Même les officiers gardaient leur calme, malgré l’avancée inexorable des envahisseurs du transporteur. Quelque chose lui échappait , mais quoi ?
« …et c’est ainsi qu’il put les soumettre. John est sans nul doute le seul adversaire qui m’ait jamais battu sur le terrain et c’est mérité, croyez-moi. Haaa, je me souviendrais toujours de… Oui, on est prêt ? Parfait. Edmund, je vous raconterais la suite plus tard. Mais dites-moi, vous êtes bien pâle ? Pouvez-vous toujours réactiver les générateurs ?
Heu… oui M’sieur, mais… heu.. les pirates, là… »
L’informaticien pointait du doigt les zones où de grands panaches de fumée noire montaient s’écraser contre le plafond, s’accumulant tel un ciel nuageux prêt à libérer sa pluie. Sterling-Price fronça les sourcils devant la masse sombre et demanda à ses subordonnées si les hommes présents là-haut pouvaient gérer la situation. On lui répondit par l’affirmative après quelques échanges radio.
« Parfait, Edmund, préparez-vous. Une minute vous suffira-t-elle ?
Oui. Attendez… connecté ! Le code était déjà prêt, c’est quand vous voulez.
C’est beau l’informatique, des fois. Une rapidité exemplaire. Préparez-vous, nous attendons un dernier signal sur le terrain. Ces pirates sont de rudes gaillards, courageux et batailleurs, mais il leur manque clairement des notions de stratégie. Ils se sont tous rués dans la cité intérieure sans même se rendre compte qu’on leur en ouvrait grand le passage. Ils croient probablement être sur le point de faire tomber le transporteur…
…et non ? »
Le voisin d’Edmund, un capitaine moustachu, eut un petit sourire méprisant, mais ne répondit pas, pas plus que le commandant du transporteur. En tout cas, pas directement :
« Monsieur Tristo, vous n’avez toujours pas répondu à ma question de tout à l’heure. À votre avis, les pirates regardent-ils les informations télévisuelles ?
Je sais pas… non, sans doute ?
Voilà le signal. Hé bien ils vont le regretter. Lancez les générateurs, mon ami. Et finissons-en ! »
Le jeune homme lança la commande et deux petites secondes s’écoulèrent avant que les néons géants surplombant l’immense cité intérieure ne percent les épaisseurs de fumées, et n’inondent de lumière la ville attaquée. Presque immédiatement, des centaines de petites explosions retentirent le long de la voute ; certaines étaient cachées derrière les fumées, d’autres parfaitement visibles.
« LE CHEWING-GUM, bien sûr ! »
hurla Edmund Tristo, comprenant enfin. On venait de faire sauter tous les réservoirs de mousse ignifugeante et des tonnes de produits se déversaient maintenant dans les rues de près d’un tiers de la cité intérieure. Les quantités étaient bien supérieures à celles de la révolte au chewing-gum, évènement de colère communautaire que Sterling-Price avait stoppé en douceur, en paralysant la foule des manifestants sous des quantités ciblées de mousse ignifugeante à prise rapide. Cette fois, on ne prenait pas de gants avec ceux que l’on visait ; certains allaient se noyer, sans aucun doute : de la mousse submergeait de petits empilements de containers, pompeusement appelés immeubles et des flots engloutissaient les corridors et les petites rues secondaires. Les tirs de mitrailleuse et les explosions stoppèrent net, laissant place à des cris de douleur ou de rage.
« Lancez l’estocade, messieurs. »
prononça gravement le colonel. Quelques ordres aux talkies-walkies et un long et large cri de guerre se propagea dans toute la cité intérieure. D’abord, murmure, ce fut vite un brouhaha évoquant plus la mort que la victoire. On criait, on tirait, et sans doute pire. Des troupes en arme pénétraient par l’entrée d’où les pirates encore libres tentaient de refluer, les taillant en pièce. De l’autre côté, on neutralisait définitivement ceux accessibles en surface de l’énorme masse rose.
Tristo était effaré. Il entendait, plus qu’il ne voyait, le déferlement de haine ; on tuait les pirates assaillants par groupes, on vidait ses chargeurs à l’aveugle au travers de l’épaisseur de mousse maintenant durcie, où d’autres attaquants prisonniers s’asphyxiaient depuis quelques minutes déjà. C’était un massacre, un pur et simple massacre. Il se tourna vers Sterling-Price, lentement, redécouvrant le vieil homme qui lui parlait de courage et de stratégie quelques heures plus tôt. L’autre sentit son regard et le lui rendit. Il n’était pas heureux, non, c’était évident, mais il semblait bien impuissant à arrêter les horreurs perpétrées par ses propres hommes. Tout au plus déglutit-il, puis quitta le balcon par le corridor derrière eux.
« Dites-leur que nous aurons besoin d’un maximum de prisonniers. Venez, Monsieur Tristo, les navettes tubulaires doivent à nouveau fonctionner. Rentrons au centre de commandement, ici tout est… presque fini. »


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RedU T1 Ch19 Ep05

Wed, 30 Mar 2016 05:36:00 GMT

Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


Le Contre-amiral Poféus se leva enfin du fauteuil de son bureau au ministère de la sécurité. C’était l’heure de son rendez-vous avec Calande, et il surveillait avec appréhension le défilement des chiffres sur l’horloge murale, depuis déjà plusieurs heures. Elle devait s’être maintenant installée dans le petit salon et, peut-être, avait commandé son thé au jasmin ? Il avait donné des ordres aux cuisines pour en préparer un toutes les dix minutes à l’approche des horaires de ses rendez-vous. C’était un accroc à la sécurité, la présence de la psychologue était censée rester secrète, mais il voulait tellement qu’elle se sente à l’aise. Le feu dans la cheminée, la propreté du salon, la semi pénombre des rideaux, tout était passé par ses circulaires.
Leurs rendez-vous devaient être parfaits, point. Et celui-ci tout particulièrement…
Il ouvrit la porte du petit salon avec une appréhension de jeune premier, mais fut déçu de n’y découvrir personne. Calande avait du retard, c’était rare chez elle ; il traversa la pièce puis vint réchauffer ses mains au foyer brulant, n’ayant d’autre idée que d’attendre l’arrivée de sa praticienne. L’hiver approchait et la température générale diminuait ; ces grands bâtiments rénovés étaient parfaitement isolés et leurs climatisations sans faille, mais la chaleur de l’âtre, naturelle, primaire, comblait désormais un besoin bien plus complexe chez Poféus.
Une poignée de secondes plus tard, la clanche de la porte tourna enfin sur elle-même, révélant Calande Rorré, emmitouflée dans une épaisse gabardine. À peine avait-elle accroché son vêtement au portemanteau qu’elle éternua, dans un bruissement aigu.
Poféus sursauta… Calande était malade ? Mais que pouvait-il faire pour l’aider ?
« Angilbe, je suis navré du retard. Je… j’ai attrapé un petit froid hier soir, mon réveil n’a pas sonné, les embouteillages… excusez-moi. »
Elle s’approcha à son tour du foyer et donc de lui par la même occasion. Son parfum l’enlaçait à nouveau, pénétrant au-delà de ses narines et capturant son âme aussi surement qu’un filet ; il nota que rares avaient été les moments où leur proximité avait été aussi grande.
« Ce n’est rien Calande. Vous auriez pu… décommander ? Je m’en voudrais que vous aggraviez votre froid à cause de moi. Et puis…
Oui ?
…je vous aurais fait porter quelque chose à votre cabinet, je ne sais pas… un thé au jasmin ? »
La jeune femme pouffa, d’un de ces petits rires féminins où l’on sent la personne touchée par une tendresse inattendue.
« Écoutez, j’accepterais volontiers un de ces merveilleux thés bien chaud, justement. Mais…, ajouta-t-elle d’un air coquin, si j’avais su pouvoir en profiter tout en restant chez moi, je ne serais pas venu ! »
Et une nouvelle magie s’opéra chez le contre-amiral, quelque chose qui relevait plus de l’évènement cosmique que d’une humeur naturelle ; il sentit ses muscles zygomatiques se contracter, une bouffée monter en lui en une forte inspiration et se contracter un temps avant de…

« Ha, ha, ha, ha … Mmmhm… je… pardon, excusez-moi, mais… Ha, ha.. C’est, c’était très drôle.
Oui ? Vous m’en voyez… hé, hé, ravie, ha haaa… »

Le serveur entra à ce moment et pu assister à, sans aucun doute, une scène qu’il devra garder secrète sous réserve de paraitre affabuler sur son redouté supérieur. Le contre-amiral riait sincèrement avec une de ses invités, au point qu’ils semblaient tous deux ne même pas s’être rendu compte de sa présence. Lorsque le ministre de la sécurité l’aperçu enfin, celui-ci se recomposa immédiatement un visage pour demander qu’on leur laisse tout sur la table. Le domestique aurait pu penser avoir rêvé la scène précédente, s’il n’avait pas ajouté un…
« …Merci bien. »

Une fois la porte refermée, Angilbe fit un geste à son invité, lui intimant d’attendre près de la cheminée. Il s’approcha de la théière et, méticuleusement, rempli une tasse en y ajoutant un sucre unique. Puis, la cuillère tournant lentement pour en diluer la douceur, il apporta le breuvage près de l’âtre.
« Angilbe ! Mais ne vous donnez pas toute cette peine… Je ne sais que dire ?
Alors je vous propose, Calande, de faire comme toujours : laissez-moi parler. »
La jeune brune resta sans voix un instant, les yeux interrogateurs, puis porta la tasse à ses lèvres et but une première gorgée. Tous deux savaient que cela signalait habituellement le début de la séance proprement dite, même si celle-ci devrait se dérouler debout, devant le foyer aux braises vives.
« Tout d’abord, je voudrais vous remercier. Vous avez… nous avons fait un travail absolument remarquable et il m’est difficile d’en ignorer les résultats. Quelque chose en moi a tout d’abord été… remué je dirais, puis des fissures l’ont lézardé et il a commencé à fondre, un peu comme si c’était mon âme que nous avions porté devant ce feu de cheminée.
Mes sautes de réalité ont diminué, ce qui me permet d’être plus actif et pertinent dans mes activités journalières. En cela aussi, je vous dois beaucoup.
Elles n’ont pas cessés, n’est-ce pas ?
Non. Mais je ne vous apprend rien.
Que voulez-vous dire ? »
Elle venait de poser un peu trop vivement sa soucoupe sur le linteau et, sans vraiment qu’elle s’en aperçoive, sa respiration s’était accélérée. Poféus remarquait, maintenant, des choses qui lui échappaient auparavant ; c’était incroyable combien quelques difficiles souvenirs refoulés pouvaient vous transformer une personne.
Suivant la suite de son programme, il préféra ne pas penser à ce qu’il faisait et, délicatement, se saisit d’une des mains de sa vis à vis.
« Calande. Je sais et je l’accepte… »
L’autre ne bougea pas. Ses yeux immobiles semblaient hypnotisés par ceux de l’homme mûr face à elle.
Alors Calande, quand la souris devient le chat, en quoi se transforme l’ancien prédateur ?
pensa-t-il, en adressant à la belle ce qu’il réussissait de mieux en matière de sourire.
« … je ne vous en veux absolument pas, bien au contraire. Vous avez fait preuve de compassion, ainsi que de professionnalisme, en poursuivant ce but de m’aider à… m’ouvrir à moi-même. Même si cela impliquait de me cacher un aussi lourd secret.
De… depuis quand le savez-vous ? demanda-t-elle, de l’angoisse à peine dissimulée dans la voix.
Vous êtes intelligente, vous deviez vous douter que je ne laisserais pas des analyses de ce genre dire des choses sur moi que j’ignorerais. Je l’ai su très vite et très discrètement, j’en ai les moyens.
…alors, vous… Non, Angilbe, je veux vous l’entendre dire. Peut-être ne parlons-nous pas de la même chose ? »
Sans hésiter, laissant toujours parler son instinct plus que son esprit d’analyse, Angilbe se rapprocha encore de sa psychologue, soulevant la main de la jeune femme, tel un dernier rempart entre leurs deux visages.

« Je vais mourir.
Ce qui m’empêche d’être entendu par les mentaux, les suites de cet accident arrivé loin d’ici, il y a longtemps, me tue à petit feu. Et mon espérance de vie n’est que de quelques semaines, au mieux quelques mois.
C’était cela l’origine physiologique de mes absences. »

Il embrassa lentement, un à un, le dessus des doigts offerts, puis poursuivit, devant l’absence de réaction, l’acceptation peut-être, de la jeune femme.
« Mais vous aviez remarqué une autre chose derrière la machine que j’étais lors de notre première rencontre. Et vous avez creusé, vous m’avez poussé à faire ressortir l’homme enfoui sous les innombrables secrets de mon existence. Cette fêlure profonde, cette lourde omission qui me hantait, nous l’avons extrait de son obscurité ensemble ; c’est grâce à l’épaule que vous m’avez offerte, grâce à votre dépassement des aprioris et de ce que vous appeliez les lois de la société, que nous avons pu obtenir ce résultat.
Cette maladie, aviez-vous prévu de me l’annoncer aujourd’hui ? »
La jeune femme au maintien si stricte, si sure d’elle d’habitude, se contenta d’une moue suivie d’un hochement de tête, rappelant une petite fille prise en faute. Mais elle n’était plus une enfant et cette façade ne saurait la protéger de la suite.
« Bien… maintenant, je vais repousser ces lois encore un peu plus loin, et faire quelque chose que je n’aurais même pas imaginé il n’y a pas si longtemps…
…vous pouvez refuser. »

Angilbe approcha son visage de celui de Calande, et, délicatement, lui déposa un baiser sur ses douces lèvres. Elles étaient chaudes, tendres… et accueillante.


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RedU T1 Ch19 Ep04

Tue, 15 Mar 2016 22:28:00 GMT

Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

http://reduniverse.fr/livres-numeriques/

À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


Le sénéchal repartit d’un grand rire devant l’affront :
« Alors je peux te pardonner Igor, oui vraiment ! Par contre, pour ce qui est de quitter ton vaisseau, malheureusement non, j’ai bien peur qu’il soit le butin de la fratrie pirate ! Et on n’est pas partageur, tu le sais bien… »
Devant le mutisme de son vis-à-vis, le géant roux poursuivit, visiblement très sûr de lui.
« Écoute… je te propose un marché. Je m’engage à ce qu’on ne massacre personne ici si vous vous rendez maintenant, gentiment et sans conditions. Et même mieux : je t’offre de reprendre… ta place parmi les tiens. Elle t’attend toujours !
Bon, il te faudra un peu de temps pour t’adapter, tu sais, pas mal de choses ont changé et…
Parles-tu sérieusement ?
…Pour ? Nous n’avons rien contre les voyageurs en eux-mêmes, tu le sais bien, nous n’en avons qu’après les vaisseaux et les richesses transportées. Quand à ta place chez les pirates, j’y ai bien réfléchi : tu n’es pas parti volontairement au travers de la Passe, et ma foi… trois semaines d’un voyage pas facile, surement remplit de péripéties à ton arrivée de l’autre côté… tu as refait ta vie. Je peux com…
JE NE RETOURNERAIS JAMAIS CHEZ LES PIRATES ET NE VOUS LIVRERAIS JAMAIS CE TRANSPORTEUR, MICHA ! »

Le sénéchal ne broncha pas. En fait il resta plusieurs longues secondes pensif, attirant les regards interrogatifs de ses hommes. Il était pourtant venu se venger, effacer à jamais l’humiliation que lui avait fait vivre son frère. Mais là, maintenant, alors qu’il prononçait les mots de ce qui aurait dû être un mensonge, il s’était inconsciemment pris à y croire. Et si Igor le rejoignait ? Et si sa seule famille pouvait revenir auprès de lui ? Les Petrovach perdureraient, il avait déjà deux fils et une autre maitresse était engrossée, mais que restait-il de ses racines ? Quelques demi-mères qui allaient bientôt tirer leur révérence et une réputation d’assassin ; Igor était le seul à pouvoir l’accompagner maintenant.
Et le voici qui refusait.
« Tu n’as pas le choix, mon frère. Une seconde colonne se dirige à grands pas vers le compresseur dimensionnel. Même avec toutes les issues bloquées, ils passeront, juste que cela prendra du temps c’est tout.
Mais du temps, nous en avons, bien plus que vous… »

Pas de réponse.
Le colonel du transporteur était retourné se cacher derrière un mutisme total. Petrovach fit glisser deux doigts sur sa maudite cicatrice qui lui barrait de visage. Comment pouvait-il encore lui donner une chance après ce que son frère lui avait fait ?
D’un hochement de tête, il fit signe à un trio de pirate sur le devant. Ses hommes avancèrent prudemment vers l’officier qui leur barrait le passage puis, comme l’autre ne réagissait pas, il se jetèrent sur lui. Rapide comme l’éclair, la crosse de la canne sculpté accueillie le premier au milieu de son visage, lui brisant le nez, brouillant sa vue ; le second se pliait déjà en deux, l’entrejambe écrasé par la pointe métallique d’une des bottes de J.F.Hill. Le troisième entraina le colonel dans un roulé-boulé mais ne s’en releva pas, assommé par deux directs en pleine mâchoire.
Misha ne put, à nouveau, réfréner un sentiment de fierté devant ce frère qui se redressait et replantait sa canne exactement là où elle était précédemment, attendant la suite. Un sourire en coin, il fit signe à un duo d’aller affronter leur ennemi à leur tour.
Les autres hésitèrent, se regardèrent un instant, puis coururent en hurlant, épées pointées en avant. D’une feinte avec sa canne, J.F.Hill passa au travers des pointes acérées et réduisit ses deux adversaires au silence en leur décochant deux coups de coude nets au menton. Puis, posément, il reprit sa place, droit, face à la meute.
Le sénéchal était impressionné : Igor n’avait rien perdu de sa hargne, mieux, il s’était diablement amélioré en combat au corps à corps. Les deux tests avaient été concluants et il était inutile de poursuivre ; d’ailleurs, un coup d’œil permettait de jauger de l’inquiétude croissante chez ses hommes. Les pleutres priaient en ce moment leurs dieux de ne pas être les prochains sur la liste à affronter le frère de leur commandant.
On pourrait bien sûr lancer tout le monde en même temps, Igor serait rapidement débordé ; on pourrait également le neutraliser d’une rafale dans les jambes et l’expédier illico dans un caisson de stase en direction de sa demeure passée. Mais ce ne serait pas rendre hommage au guerrier qu’il était, à ce courage indomptable que rien ne pouvait arrêter.
« Igor, assez joué, je ne suis pas stupide. L’avancée des colonnes pirates se fait en minant au fur et à mesure tes ponts. D’un claquement de doigts, je peux décider de couper ton bel engin en petits bouts et ces bouts en plus petits bouts encore…
Nous allons tout réduire en miette et il n’y aura aucun survivant, c’est cela que tu cherches ? Je te croyais plus responsable… Pense à toutes ces femmes et ces enfants à bord, à tous ces fermiers et fonctionnaires, ces artisans ou ces ingénieurs, ils rêvent d’un ailleurs meilleur je crois, non ? Je connais Antares IV figures-toi, j’y suis déjà passé, et je me souviens même y avoir croisé quelques comptoirs marchands. Après tout, cette petite planète inhospitalière permet de respirer à l’air libre, n’est-ce pas ? Vous pourriez en faire un lieu touristique incontournable, et y skier ne serait pas difficile vu les températures. Quel bel avenir, quel espoir incroyable, mais pour toi, c’est non ! Tu décides de tout balayer avec ton orgueil et de les condamner à périr dans l’espace…

Je pensais que tu avais appris à connaitre les exodés, Misha.
Pardon ?
Nous ne sommes pas des colons cherchant à ensemencer une nouvelle terre, nous ne sommes pas de ceux qui profiterait d’un nouvel espace commercial… Ce sont les proies habituelles des pirates, mais ne nous confond pas avec des gens-là. »
J.F.Hill se redressa alors et pointa un doigt vengeur sur le pirate le plus proche à sa droite. Puis il en désigna un autre, puis un troisième…
« Toi, toi, et toi, et vous tous ici. Vous allez affronter des hommes et des femmes qui ont abandonné un régime de terreur pour créer un monde où la liberté et la justice seraient les formes primaires d’une nouvelle société. Je vous jure que vous ne reviendrez pas plus de cette bataille que vos prédécesseurs sur le Transporteur n°2. Jamais vous ne briserez la volonté de résister de ceux qui ont déjà connu mille tourments, et dont vous n’êtes qu’un ultime avatar.
Misha, as-tu raconté à tes hommes comment des femmes se jetaient sur les épées de tes pirates pour permettre à leurs fils et à leurs maris de les atteindre ? As-tu raconté comment tu as été blessé grièvement par le Baron Basavech alors qu’il ne t’affrontait qu’avec un fleuret ? As-tu enfin raconté combien exactement d’assaillants sous tes ordres ne sont jamais revenus de ta folie ?

Vous tous ici, je ne vois plus rien que des morts en sursis, que des victimes de leur cupidité et de leur foi mal placée en un fou, qui n’a jamais su s’arrêter !

Et toi Misha…
JE TE DÉFIE DE TON COMMANDEMENT. Moi, Igor le penseur, ton demi-frère, je prends tous ces hommes à témoin et je réclame le droit à la justice du sang !
Tu n’as aucun droit de revendiquer cela ! Tu n’es plus des nôtres !
Je croyais que ma place était toujours libre ? Il faut savoir…
Vous autres ! Laissez-nous et trouvez un autre passage vers le centre de commandement ! Partez tous, maintenant ! »
Comme certains hésitaient, s’interrogeaient du regard, le sénéchal tonna de sa voix la plus forte :
« J’AI DIT DEHORS, TOUS ! »
Comme un seul homme, les pirates se raidirent soudain et coururent aussi vite qu’ils le pouvaient en sens inverse. Ils n’avaient pas encore tous disparus de l’angle de la coursive que Petrovach brandissait sa hache bien haut, menaçant son frère.
« La Justice du sang hein ? Tu n’en as pas le droit, mais je te l’offre, Igor ! Tu as refusé ma main tendue, nous allons donc pouvoir régler une fois pour toute nos différents.
Je relève le gants, pirate, choisit ton arme !
Elle n’attendait que toi, Misha. »
Et, actionnant une sécurité cachée, la crosse sculptée de sa canne pivota à la verticale puis, dans une torsion, le Colonel John Fidgerald Hill sortit de l’intérieur du bâton une épée que l’on devinait délicatement ciselée aux armes de l’Exode.
Il la leva bien haut et la tint droite devant son visage en un salut traditionnel de duellistes. Petrovach lui rendit son salut, la hache levée également, puis jeta derrière lui son arme automatique.
Un duel comme celui-ci se devait de respecter les formes.

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RedU T1 Ch19 Ep03

Wed, 09 Mar 2016 06:00:00 GMT

Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


Petrovach ne cillait pas et ce que sa mitrailleuse ne pouvait transpercer, sa gigantesque hache le réduisait en lambeau. Les exodés avaient enfin décidé de se défendre ; une barricade levée à la hâte, une petite troupe bien armée, l’un des chemins principaux pour atteindre le centre de commandement… Le feu nourri de leurs adversaires avait décontenancé ses hommes, et il avait fallu, une fois de plus, que le sénéchal monta en personne à l’assaut des débris accumulés, utilisant un petit véhicule de levage pour enfoncer la ligne de défense et se jeter dans la masse de ses ennemis.
Allons Igor, serais-tu désespéré ? Ils sont nombreux, certes, mais tu sais parfaitement qu’ils n’ont pas les moyens de nous arrêter, aussi courageux qu’ils soient, bien plus que mes poltrons de pirates. Ce n’est pas à toi que j’apprendrais la stratégie, alors qu’as-tu donc en tête ?
Deux discrets corridors étaient ouverts dans un coin et les exodés fuyaient par ces espaces peu visibles. Mais ce n’était pas une fuite éperdue, non, il s’agissait visiblement d’une retraite calculée. Déjà, des déflagrations à l’intérieur indiquaient qu’on condamnait les passages, emportant les stupides assaillants qui les avaient suivis. Misha se redressa, taillant négligemment le cou du dernier défenseur, et observa le couloir qui s’ouvrait devant eux, dubitatif.
Un instant d’hésitation, puis il fit signe aux autres d’avancer avec lui. Cela sentait le roussi. Il y avait plusieurs voies pour rejoindre le centre de commandement mais, entre les issues bloquées et la défense particulière (on aurait dit même l’unique défense) de cette voie, l’instinct des loups avait été volontairement guidé vers ce corridor.
L’expérience du sénéchal lui hurlait qu’il s’agissait d’un piège, un piège tendu par Igor, son frère, qu’il n’avait plus affronté depuis des années…
Pas d’affrontement ne signifiait pourtant pas qu’ils ne s’étaient pas rencontré récemment…

Une goutte du sang de Petrovach s’écrasa sur le sol, comme au ralenti. Certains exodés en furent surpris. Petrovach sentait ses paupières s’alourdir, ses phalanges peinaient à serrer la lourde hache. Puisque tu veux que l’on en finisse comme cela mon ami, alors qu’il en soit ainsi. Et J.F.Hill prit sa décision. Il releva son revolver lentement, et le rangea dans son holster, fit demi-tour et s’éloigna, laissant derrière lui Petrovach et toute l’assistance médusée.
« Qu’il s’en aille avec ses hommes survivant dans son vaisseau. Nous conservons les autres croiseurs à notre discrétion, et nous ne voulons plus jamais avoir à croiser votre chemin, Sénéchal Petrovach. »
Personne ne réagissait, la décision semblait si absurde. Seuls les hommes du colonel, qui avaient reconnu l’intonation dans la voix de leur chef, ouvraient doucement un passage à Petrovach. Ils repoussaient, avec autant de compréhension que possible, les exodés qui ne comprenaient pas. Le commandant pirate gonfla d’air le peu d’espace encore libre dans ses poumons. Un discret filet de sang s’écoulant à la commissure de ses lèvres, il se mit en marche, tentant d’afficher autant de fierté et de grandeur que possible. Mais, claudiquant d’une jambe, alourdi par ses armes et dégoulinant de sang, il paraissait moins grand dans la défaite que Basavech dans sa mort. Passant aux côtés de J.F.Hill, il murmura à son intention :
« Nous nous retrouverons, Igor.
– N’oubliez pas vos pirates en sortant, Sénéchal . » Lui renvoya le colonel. »

La blessure avait eu le temps de guérir, ce n’était désormais qu’une cicatrice de plus devant lesquelles s’extasiaient ses compagnes de couche ; mais l’autre cicatrice, morale, de ces retrouvailles teintées d’une cuisante défaite avec son demi-frère, ne se refermait pas. Au contraire, elle était brulante et le faisait hurler durant ses nuits de cauchemar ! Igor, le frère qu’il avait chéri, celui qui lui avait marqué le visage à jamais d’une profonde balafre, son frère l’avait humilié une nouvelle fois lui, l’indomptable, l’indestructible Misha le puissant. Il avait perdu deux de ses plus grands duels et il était bien décidé à rompre le cycle aujourd’hui.
Le géant pressa le pas, accélérant le rythme de la progression de tous. Ses hommes sentaient parfaitement qu’ils prenaient de gros risques à avancer vite et sans l’aide d’éclaireurs, groupés ainsi sur une seule ligne. Mais le Sénéchal Misha Petrovach connaissait son adversaire et, d’une manière ou d’une autre, c’était un combat loyal qu’il leur réservait. Avançant toujours vers l’inéluctable confrontation, le géant grommela :
« Igor, tu n’es pas le seul à savoir jouer de la stratégie, ne me sous-estime pas… mon frère… »

Le corridor bifurqua et s’agrandit encore. Les premiers pirates se figèrent, et après quelques pas Misha stoppa à son tour. On y était : devant eux une quantité assez impressionnante de métal, de bois, de poutres, d’objets hétéroclites avaient été soudés, scellés, encastrés les uns dans les autres en une masse protégeant tout le sas d’entrée de la salle de commandement. Mais ce n’était pas cet amas qui attirait le plus les regards.
Un homme se tenait devant l’entrée scellée. Il était seul et se tenait droit, un cache-poussière usé sur les épaules, une canne à la main, quelques mèches rebelles ondulant devant ses yeux.
Igor, alias John Fidgerald Hill se dressait seul contre tous, en un improbable rempart.
Une sensation, plus forte que la haine qu’il ressentait, monta du fond du cœur de Misha ; était-ce de la fierté, de la joie ? Il jeta un œil à ses pirates, peu d’entre eux avaient connu Igor, et après le carnage dans ses rangs lors de l’attaque de transporteur n°2, il avait dû recruter beaucoup trop de jeunes sans réelle expérience. Ceux-là ne connaissaient pas le vrai courage, ils ne savaient plus, ils ne savaient pas mettre en jeu leur vie pour ce qu’ils croyaient. Et là, seul devant une armée affolée, son bien-aimé frère leur faisait une des plus belles démonstrations d’intrépidité de l’histoire pirate. Il ne put s’empêcher d’en rire, comme une bonne farce familiale qu'on lui aurait réservé.
« Igor, Igor… Igor ! Je te retrouve enfin, seul contre tous, avec rien d’autre que ta témérité pour arme. J’apprécie vraiment cela chez toi, tu sais ?
Et j’appréciais aussi des choses chez toi par le passé, Misha. Mais tu as tout brisé ici-même, il y a longtemps.
Oui… c’était il y a longtemps, en effet. Nous avons roulé notre bosse tous les deux… Enfin, surtout toi. Tu es colonel, il parait ? Je t’avais dit que l'armée c'était ton truc, la vie des pirates est trop… irrégulière pour toi.
Trop brutale et injuste, sans doute aussi… En parlant de justice, je vois que de ton coté aussi les choses ont bien été : visiblement Père t’a pardonné pour tes actes.
Cela n’a pas été facile, crois-moi, mais c'est vrai. Il lui a fallu quelques années, en fait ce n'est que sur son lit de mort qu'il m'a définitivement transmis les rênes. Il y avait une pensée pour toi dans ses derniers mots ; il voulait… que je te pardonne comme lui m'avait pardonné, et que nous fassions la paix ensemble. »

J.F.Hill resta muet un instant puis, dans une grande inspiration, il reprit la parole :
« Alors respectons ses dernières volontés. Pardonnons-nous mutuellement… ET QUITTEZ MON TRANSPORTEUR IMMEDIATEMENT ! »

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RedU T1 Ch19 Ep02

Tue, 01 Mar 2016 18:53:00 GMT

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« Vous êtes prêt ? »
Le colonel Sterling-Price attendait un peu à l’écart de ses techniciens. Ils venaient de travailler d’arrache-pied, mais avaient réussi à re-calibrer manuellement le laser de transmission inter-transporteur. Cet engin leur avait servi pour les communications lors de la traversée en Transition dans la Passe de Magellone ; les ondes radio se perdaient immédiatement et seule la lumière concentrée parvenait à franchir la distance entre les transporteurs. Il avait fallu y apporter quelques modifications, mais l’appareillage pourrait se révéler à nouveau utile.
Son communicateur grésilla :
« Pour moi ça devrait être bon, M’sieur. Quand vous voulez !
Messieurs, nous n’avons pas suffisamment d’énergie pour la gaspiller, je compte sur vous pour un seul essai réussi. Allez-y ! »
Un ronronnement puis quelques clics… Ce fût tout. Il se tourna vers un des petits hublots de la petite salle. À quelques kilomètres devant eux, le transporteur n°7 du Commandant Benkana. Lui aussi était trainé par une barge vers l’astéroïde des pirates.
D’après les calculs de ses techniciens, le laser devait frapper exactement l’une des verrières de la salle de commandement, se réverbérant à l’intérieur plusieurs fois. Des séries de séquences de lumière se répétant d’une manière particulière. Le bon vieux langage ancestral binaire, codé basiquement et transmettant, dans le cas présent, trois mots : « navette, fréquence d’urgence ». Ils devaient comprendre, il le fallait ; tourner le laser vers le transporteur de J.F.Hill représenterait une consommation de temps et d’énergie colossale qu’ils ne pouvaient pas se permettre, Benkana devait donc saisir le message.
Il saisit son communicateur
« Alors ?
Rien pour l’instant, Monsieur, on émet mais pas de réponse de l’autre coté.
Poursuivez, nous allons relancer un appel au laser. »
Nouveau ronronnement, puis de nouveau quelques clics… Les minutes s’égrenaient, appesantissant la tension générale qui n’avait pas besoin de cela. Et si la commandant s’était laissé surprendre par une attaque plus violente que la leur ? Peut-être était-elle en train de défendre ses derniers bastions avec l’énergie du désespoir ? Sur le transporteur n°5, on avait astucieusement laissé quelques sas non verrouillés et de nombreux groupes de pirates s’étaient perdus dans le labyrinthe des inter-ponts, soulageant de fait les fronts principaux. Cela ne durerait pas, mais ils avaient gagné du temps. Pourvu que Benkana réponde, aller…
Soudain un grésillement :
« Monsieur, elle est là, le commandant Benkana, elle nous parle ! Je vous met en ligne avec nous !
Dieu soit loué… Commandant, êtes-vous là ?
Price ! Ça fait plaisir de parler à une tête connue comme la vôtre. Désolé mais il a fallu nettoyer une zone proche des ascenseurs tubulaire pour rejoindre le spatioport. Cette vermine a tenu quelques secondes de plus que ce que l’on pensait.
Je comprends donc que vous maîtrisez la situation et que notre message est bien passé ?
Difficile de le manquer : toute la salle de commandement s’est illuminée comme pour une fête ! Nous n’avions pas pensé à cela, bien vu ! Et de votre coté ?
De notre coté ?… Monsieur Tristo ? Est-ce bon ?
O… Oui M’sieur. Madame Benkana, je viens de transmettre un code temporaire, intégrez-le s’il vous plait dans le système de radio de la navette… voilà, laissez-moi une seconde, je lance le script de reconfiguration… Ca va couper et revenir. Ne bougeeeeez pas… maintenant !
Allo ? Vous êtes toujours là ?

Allo ?
Tristo ?
Nan mais elle devr…
Oui je suis là. Votre truc a fonctionné. D’après mes techniciens, nous sommes en communication cryptée maintenant et non sur le réseau ouvert d’urgence. C’est remarquable d’avoir pu ainsi reconfigurer l’ensemble radio aussi vite, ils vous félicitent et moi également.
M…Merci, M’dame… »
Sterling-Price sentait bien la fierté dans la voix de son consultant, le jeune prodige avait réussi à libérer tout le système des communications du transporteur n°5 et, alors qu’il cherchait un moyen de prendre contact avec les autres, le colonel avait pensé au laser. Le reste n’étaient que connexions à faire et processus à définir. Et maintenant, grâce à ce petit génie, l’Exode venait de gagner une première bataille, celle des communications. Le nerf de la guerre comme l’on disait.
« Commandant, vous parlez en ce moment à mon consultant en chef en matière de sécurité informatique. Nous allons faire court si vous le voulez bien. Pour l’instant, nous contenons les assaillants, mais il va être indispensable que toute la flotte puisse retrouver ses systèmes opérationnels. Monsieur Tristo, à vous la parole.
Oui… Madame, le virus informatique, qui a paralysé tout, venait de votre Transporteur et il est passé par les canaux sécurisés du commandement. Donc quelqu’un a un terminal branché quelque part chez vous, sur ce canal.
Je vois… Comment le trouver ?
C’est sans aucun doute une intelligence artificielle : les signaux continuent d’arriver, se modulent et s’adaptent. Donc quelque chose est connecté en ce moment et se défend contre toute tentative de déblocage, tout en poursuivant ses intrusions un peu partout.
Mais, comment avez-vous pu établir cette communication alors ? »
Price réagit immédiatement, il était inutile de préciser les manipulations illégales passées du jeune hacker qui les assistait maintenant.
« Nous passerons sur les détails, Commandant. Dans tous les cas, et en partant du principe que nos transporteurs sont fondamentalement identiques, nous avons pu définir plusieurs points de branchement possible sur la gaine de circuits primaires. Monsieur Tristo, envoyez la liste, s’il vous plait.
Je la reçois… Mmmhmm… Il n’y a aucune de ces zones qui soit contrôlée par les pirates. On devra faire quelques détours mais nous devrions pouvoir les visiter toutes.
Un dernier détail. Cette intelligence artificielle ne s’est pas branchée toute seule chez vous, il y a un traitre ou un espion dans vos rangs. Ce peut être quelqu’un de votre équipe, compte tenu des connaissances qu’il-elle a du vaisseau.
Oui… ou quelqu’un qui se serait beaucoup baladé durant la traversée de la Passe, par exemple. J’ai une petite idée de qui cela peut être, nous nous en occuperons également. Autre chose ?
Non, pas dans l’immédiat. Nous n’avons pas eu de nouvelles du transporteur de Hill, se pourrait-il que vous en ayez ?
Non, rien de rien. Mais je ne m’inquiète pas pour John, nous le connaissons tous deux, il donnera du fil à retordre aux assaillants, quelqu’ils soient.
Heu.. S’cusez-moi de vous interrompre, mais lorsque vous couperez l’IA du réseau, j’enverrais par le même canal un contre-virus qui réactivera assez vite les systèmes, même chez monsieur Hill. Mais je ne peux rien faire tant qu’elle est active et se défend, déjà on se bat pied à pied ici, elle et moi.
Et vous n’êtes pas le seul… Je reprend contact dès que nous aurons débusqué le cafard. Merci pour le coup de main et encore bravo à vous et à toute votre équipe, Price. John avait raison de placer sa confiance en vous. »
Parfait, tout avait été dit. Sterling-Price salua son homologue et lui souhaita bonne chance. Lorsqu’elle eut raccroché, il s’autorisa quelques secondes de silence. Le colonel regarda à nouveau l’immense vaisseau de l’Exode, si petit à cette distance. Le cancrelat pirate tenait toujours fermement sa proie et la trainait vers un destin funeste, mais un espoir, un infime espoir, venait d’apparaitre.
Il décrocha son communicateur.
« Monsieur Tristo, nous venons de gagner notre première bataille, et c’est grâce à vous… Merci. »

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RedU T1 Ch19 Ep01

Wed, 24 Feb 2016 06:22:00 GMT

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Elle marchait calmement au milieu des flammes et des explosions. Pour ses grands yeux d’enfants, tout ceci était fascinant et terrifiant. Telle une proie devant un des hamster-cobra de la ménagerie de son père, elle avançait vers son destin, insensible au danger mortel. Soudain un homme en feu surgit d’une coursive invisible, son corps n’apparaissait qu’au travers des flammèches rougeoyantes, mais elle devinait une bouche ouverte et des orbites vides. Il s’effondra à ses pieds, le bras se tendant vers elle dans un ultime effort, touchant presque l’enfant.
Un pied surgit de derrière elle, repoussant le danger sans ménagement. Un bras vif le suivit et enlaça l'enfant, la plaquant contre un corps vigoureux et protecteur qu’elle savait être celui de son oncle Karl. Le pirate répondit aux yeux étonnés par un sourire, vite effacé devant la concentration de sa tâche. Ils traversèrent au ralenti son ancien monde dévasté, celui de ce vaisseau où elle aimait courir et jouer à cache-cache avec ses amis de l’équipage.
On lui caressa la joue, elle se retourna toute étonnée. Son père avait du sang coulant de sa chevelure… Des mots incompréhensibles sortirent, pour elle, des lèvres un peu desséchées de celui qu’elle avait toujours accompagné. Puis la trace rouge carmin d’un baiser sur son front et son père qui s’éloignait, ou était-ce elle qui reculait ? Lui, il ne semblait plus bouger.
Karl, toujours, refermant un sas, l’attachant dans l’unique fauteuil d’un espace trop exiguë et s’accroupissant en la couvrant de son corps. Le choc du largage, puis plus rien…

Le souvenir de la séparation s’estompa, laissant l’hologramme de la carte spatiale envahir son champ visuel. De son astéroïde creusé de galeries et transformé en base secrète, Choupa supervisait la plus grande attaque coordonnée de l’histoire des pirates. Des milliers de guerriers attendaient dans les couloirs des hangars, prêts à se jeter sur leurs proies et trois barges géantes les trainaient vers eux avec plusieurs dizaines de troupes d’assaut déjà en pleine bataille. Toutes les grandes familles pirates étaient présentes dans ce qui deviendra le point de départ de l’union folle imaginée par son père : toutes ensembles derrière une seule bannière, la création d’une troisième vraie force qui compterait dans cette région de l’espace.
Leur cible n’était rien moins que le plus grand mouvement de population de l’humanité, la première vague de ce que l’on a appelé l’Exode. Trois des sept immenses transporteurs venaient de sortir nonchalamment de la Passe de Magellone, après un périple de plusieurs semaines, et ils se croyaient en sécurité. Mais c'était un leurre : Choupa avait personnellement placé un transpondeur multi-spatial à l’intérieur d’un des géants d’acier, et elle avait pu les suivre à la trace. Quel que soit leur lieu d'arrivée de ce côté de l’univers, elle le saurait et préparait consciencieusement le comité d’accueil.
L’autre phase du plan, c’était son Karl bien aimé, son père par substitution, qui la menait. Lors de la dernière étape de l’Exode, la station Piñata el grande, il s’était officieusement glissé à bord du transporteur contenant le transpondeur, accompagné d’une intelligence artificielle dissimulée sous l’apparence d’un adolescent. Ils avaient trompé la vigilance des exodés et mis à profit les semaines d’attente au travers de la Passe pour trouver le point faible permettant d’infecter et de réduire au silence tous les systèmes de défense et de détection de la flotte ennemie. Son tuteur ne manquait pas de ressources et la mission avait parfaitement été remplie, les trois proies pouvaient maintenant être tranquillement trainées par les barges. Elles seraient bientôt à portée des hordes qui piaillaient d’impatience dans l’astéroïde, et le butin de cette chasse serait à la hauteur de la démesure de l’attaque.

Choupa la pirate, Choupa la stratège et bientôt, Choupa la Reine ?
Elle avait une vengeance à assouvir : la mort de son père ne restera pas impunie et les assassins de la ceinture de Khabit paieront le prix fort, elle en avait fait le serment. Choupa allait entrainer une armée pirate dans sa croisade, et c’était aujourd’hui son baptême du feu.

S’approchant de l’hologramme où s’imprimait la vision, malheureusement très incomplète de la bataille, elle repassa encore en revue le plan : Karl bloquait l’Exode, Choupa arrivait sur zone et les barges contenant les troupes de choc harponnaient les trois transporteurs pour les rapprocher du cœur de l'armée pirates dans l’astéroïde. L’objectif des hommes déjà au contact était double : assurer la paralysie des transporteurs en prenant le contrôle des Compresseurs dimensionnels et des centres de commandement, et anéantir les résistances les plus vives et les soldats en arme pour simplifier le travail des fossoyeurs dans l’astéroïde.
Les rapports arrivaient et, pour l’instant, rien de très inquiétant n’était signalé. On reconnaissait pourtant les tactiques de défenses intelligentes des anciens soldats et rebelles composant l’exode ; plutôt que d’affronter les pirates, ils reculaient, bloquant tous les accès avec suffisamment de leste pour compliquer la tâche des assaillants, même armés des redoutables araignées à antimatière qui perçaient tout.
Soudain, Choupa eut une appréhension. Et si cette méthode pour gagner du temps cachait quelque chose d’autre ?
« Je veux un scan complet de cette zone à trois-cent soixante degrés. Contactez nos guetteurs et tous nos espions. Je veux savoir si les proies attendent une aide quelconque. Et je veux cela très vite ! »
Elle avait encore assez de répondant pour faire face à quelques imprévus et on lui avait bien confirmé que MaterOne ne bougerait pas le petit doigt pour les aider. Enfin, aucun convoi particulier n’avait précédé ou suivi l’Exode ; la Passe imposant une latence de plusieurs semaines dans les nouvelles, on ne pouvait qu’espérer…
On lui tendit deux rapports. Les chefs des attaques donnaient les dernières informations, seul un ne jouait pas le jeu de la communication. Évidement, comment pouvait-il en être autrement ?
« Relancez le Sénéchal Petrovach. Contactez ses subordonnés si besoin, il nous faut des nouvelles, c’est une priorité. »
Petrovach, le chef pirate le plus puissant et le plus redouté. Celui qui avait perdu de sa superbe, alors au sommet de sa puissance, en se cassant les dents sur l’Exode une première fois. C’était un solitaire, un caillou dans l’engrenage si bien huilé du plan global de la pirate. Un jour il faudra qu’elle s’en débarrasse, mais pas tout de suite ; il avait son utilité dans ce genre de moment et, malgré l’absence de rapports, elle ne doutait pas de la réussite de la mission assignée au géant roux. Il était connu comme l’invaincu, celui qui n’avait que rarement été blessé au combat, et n’avait jamais perdu une attaque, quelle qu’elle soit. Choupa sourit : la légende pouvait bien dire ce qu’elle voulait, la cicatrice sur le visage du sénéchal prouvait, qu’au moins une fois, quelqu’un lui avait résisté, et l’avait atteint. Etait-ce lié au fait qu’il avait expressément demandé à être à la tête de l’attaque de ce transporteur ? Nul ne le savait et, en fin de compte, cela importait peu, du moment que ses commandos faisaient correctement leur travail.
Et cela, Choupa n’en doutait pas une seconde.
« Et ces balayages de la zone, alors ? Où sont-ils ? »
Aboya-t-elle sur ses opérateurs. Allez une bonne nouvelle, juste pour se rassurer…

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RedU T1 Ch18 Ep15

Wed, 03 Feb 2016 07:00:00 GMT

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Le son déchirant se répercuta le long de toute la structure du transporteur n°6, grondement lointain de la pieuvre ennemie enlaçant sa proie. Devant la caméra allumé enregistrant tout, Foudia Hacham ne put s’empêcher de frémir à l’écoute du terrifiant écho. Derrière elle, le Colonel J.F.Hill donnait ses ordres, conservant un semblant de calme.

« Nous sommes désormais piégé et le vaisseau va être abordé. Peut-on avoir les caméra de sécurité ? Leur réseau était autonome, il devrait fonctionner.

Colonel, mais que se passe-t-il ?! L’appareil qui s’approchait vient de nous rentrer dedans ?

De manière contrôlée, madame Hacham. Tenez, aidez-moi. approchez-vous des baies vitrées et regardez si vous ne voyez pas ses réacteurs fonctionner au ralenti.

B… Bien, Colonel Hill. Alors, Mesdames et Messieurs, je me rends, en ce moment, vers la vitre la plus proche, ça va, tu suis ?… Encore quelques mètres. Voyons, je regarde donc et… Non je ne vois rien, Colonel ? Il ny a rien ici !

Déplacez-vous plutôt vers l’avant, votre angle de vu ne peut pas être bon là où vous vous tenez !

Ha… bon, alors j’avance encore… Mesdames et Messieurs les multispectateurs, inutile de vous dire combien tout ceci est parfaitement inattendu. Je me doute que vous devez vivre des instants aussi intenses que nous en ce moment, c’est tout de même une chance <mmhm> de… nous… trouver là, voilà, j’y suis ! Ha oui, on distingue une sorte de lueur en bas mais, cest inquiétant, ils ne sont pas très loin de la coque de notre transporteur, il vont la faire fondre !

Non. Normalement, s’ils savent s’y prendre, ils resteront dans la zone de tolérance de la structure. N’oubliez pas que l’on est censé pouvoir pénétrer dans l’atmosphère d’une planète avec cet engin. Merci, Madame Hacham, grâce à vous nous savons que notre marge est d’une cinquantaine de minutes pour résister et les repousser avant l’assaut final.

QUOI ? <…> Excusez-moi de courir… ainsi, MessieursDames, notre caméra-man tente de tenir le rythme… allez viens, on y est presque mais le commandant JFHill vient de… de donner une information très inquiétante, mon Colonel ! Pouvez-vous répéter pour l’enregistrement, je vous pris ?

Mmhmm ? Excusez-moi Madame Hacham, je crains que je ne puisse assurer le service minimum pour votre émission, vous devrez vous contenter d’observer…

Alors ces caméras de surveillance ? Ca vient ?

Juste quelques mots ? Vous parliez d’une cinquantaine de minutes et d’un assaut final ?

Colonel, s’il vous plait !

Le temps nous manque pour jouer aux devinettes, je vous accorderais le temps que je pourrais. Ce vaisseau, qui nous agrippe, va nous entrainer vers l’énorme astéroïde, là-bas. Je ne serais pas étonné si l’on découvrait qu’il s’agit d’une base pirate dissimulée sous toutes les structures que l’on voit à la surface. Ils vont débarquer ici pour nous occuper le temps que l’on soit à portée, et tout ce que contient cette partie de la galaxie comme pirate nous tombera dessus… et ils nous attendent certainement, avec impatience.

Débarquer… ici ?

Ha, les caméras, enfin ! Branchez les secteurs adjacents aux ponts abordés.

Oh… Mon Dieu… Je… tu filmes ? Ne manque rien, sil te plait. Nous voyons en ce moment ces soldats pirates sortir d’une sorte de tête de pince énorme ayant déchiré la coque. Ils portent des tenues… des scaphandres légers, dirait-on. Ils courent, on voit les couloirs défiler et toujours le même spectacle, des hommes en arme qui… Hé ? Mais ici ça tire, on dirait que des gens résistent !

Les fous, ils ne devraient pas se trouver là… J’avais demandé de tout évacuer !

L’un a été blessé ! L’autre vient à son secours mais ils sont débordés ! Il y a des épées… NON ! Ils sont… ils sont…

C’est fini. On ne résiste pas comme cela à une attaque de cette envergure. Qu’espéraient ces jeunes fous… Contactez les responsables d’unité, qu’ils vérifient systématiquement si personne ne reste en arrière !

Mais Colonel ! Il faut nous défendre, IL FAUT COMBATTRE !

Non Madame Hacham, pas encore et pas comme ils l’attendent. Et je vous prie de vous calmer et de conservez votre sang-froid ! Regardez autour de vous, croyez-vous que personne ici ne ressent la même terreur, la même horreur face à ce qui se passe en ce moment ? Mais ils gardent leur tête froide, car c’est cela qu’on attend de nous. Pardon ? Merci… oui autorisation de sceller les écoutilles. Je vous laisse filmer tout ce qui se qu’il se passe dans ce centre de commandement, et ce malgré l’urgence de la situation, par respect pour la parole donnée et pour aider nos concitoyens à comprendre. Cet enregistrement servira, je l’espère, de balise pour le futur. Mais n’abusez pas de ma tolérance…

Et rassurez-vous, nous n’allons pas nous laisser faire, ils vont…

Mais qui est-ce ? Cet homme là, qui sort au milieu des autres? C’est un vrai géant… Sa tête me dit… LE SÉNÉCHAL PETROVACH !

Colonel Hill, c’est l’homme que vous avez laissé s’enfuir lors du massacre à bord du Transporteur n°2 ! Le meurtrier du Baron Basavech ! Vous l’aviez épargné et le revoici venu pour se venger ! Il regarde la caméra de surveillance, il sait que nous le surveillons… Tu filmes tout cela hein ? Colonel, qu’en pensez-vous ? Regrettez-vous de l’avoir éparg… Mais que fait-il ? On amène à ses cotés un des jeunes hommes qui ont tenté de résister, il y avait un survivant ! Le Sénéchal lève sa hache et… IL lABAT SUR LA TÊTE DU MALHEUREUX ! MON DIEU, NON ! Nous venons de voir en direct le Sénéchal Petrovach assassiner un prisonnier. Ce monstre n’aura aucune pitié pour nous, C’EST ATROCE ! Il… il soulève vers nous le corps de sa victime, et semble dire quelque chose ? Avons-nous du son, peut-on savoir ? On dirait un i et un o qui se suivent ? I.O., i-or ? Colonel ?

Misha.

Pardon ?

Cet homme vient de prononcer le nom d’Igor. Et avant qu’il ne porte son titre de guerre de Sénéchal Petrovach, il s’appelait… Misha le puissant. »

« Nous terminons ainsi la première partie de ce documentaire. La suite est plus fragmentaire, mais nous avons pu en reconstituer une majeure partie. Rendez-vous donc bientôt, pour la seconde partie de ce document exclusif consacré aux terribles évènements de la sortie de la Passe de Magellone qui ont, je vous le rappelle, conduit au décès du commandant du Transporteur n°6, le Colonel John Fidgerald Hill. »

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narration: Tristan

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Anna: Foudia Hacham

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RedU T1 Ch18 Ep14

Wed, 27 Jan 2016 07:00:00 GMT

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La carte spatiale où figurait habituellement une partie de l’univers proche laissait apparaitre, cette fois, un schéma de la zone environnante. Trois gros points rouges, accompagnés de multiples informations, se tenaient immobiles au-dessus d’une masse équivalente, placée au centre de l’écran.

« Dans deux minutes, je veux une actualisation des rapports de pression des Compresseurs. L’équipe d’ingénieurs doit être capable de nous donner toute la ressource dont on aura besoin. Passez-leur le mot. »

Choupa, la pirate metteuse en scène de tout ceci, tentait de ne pas montrer à ses subordonnés combien elle pouvait être inquiète du déroulement de l’attaque. Elle avait joué l’ensemble ce qu’elle possédait dans cette opération ; il s’agissait de la plus grande attaque pirate jamais coordonnée de mémoire spatiale. Son précieux astéroïde, le cœur de son équipage, là d’où elle pouvait régner sans partage sur une zone jamais égalée, sa maison, était à découvert presque sans protection. Certes tous ses appareils étaient prêts à prendre l’envol si besoin, mais elle comptait garder cette carte en réserve pour le moment venu de l’estocade.

Cela faisait des mois qu’on testait, qu’on théorisait, qu’on reprenait les calculs. Les sommités de l’univers soit-disant connu de l’Homme méprisaient les connaissances et le savoir-faire pirate. Quelle erreur, quelle stupide erreur.

Cette communauté avait été la première à réellement s’adapter aux conditions de vie de ce coté-ci de la Passe de Magellone, à en maîtriser les aspects, à cohabiter autant que possible avec… tout ce qu’ils y avaient trouvé. Au-delà de la technologie de chimère du robot de Karl, les techniques d’assemblage en série de Compresseurs dimensionnels, héritage des connaissances que l’on avait du cercle de Khabit, avaient permis de déplacer l’astéroïde entier et tout son contenu au travers d’une Transition jamais vue. Et la réussite politique d’associer tous les clans dans un assaut général, en une attaque synchronisée, était également quelque chose de largement sous-estimé par MaterOne.

Son glorieux père cherchait à savoir ce que ceux de Khabit cachaient, il y avait trouvé la mort. Choupa s’était fait alors la promesse d’y retourner un jour pour se venger, et elle avait besoin pour cela du soutien de toutes les ressources humaines dans cette partie de l’univers. La chasse à l’Exode en était le point de départ.

« Aucune réaction des Transporteurs ? Où sont les derniers rapports? J’ai déjà demandé à les voir immédiatement, non ? »

Sur la carte holographique, les petits carrés jaunes s’approchaient de leurs cibles rouge. Pas un signe d’activité de l’Exode, tout se déroulait comme prévu.

Choupa se leva, s’approchant suffisamment du schéma pour en lire toutes les informations. Le second point jaune, commandé par le Sénéchal Petrovach l’intriguait. Certes, sa défaite contre le Transporteur n°2 avait sérieusement affaibli le redoutable chef pirate, mais pourquoi s’était-il laissé convaincre si aisément ? Il n’était pas connu pour sa volonté de coopération pourtant… Et pourquoi avait-il choisi expressément ce Transporteur là ?

L’arrivée d’un nouveau rapport l’interrompit. Elle en lut le contenu puis leva les yeux vers les représentations holographiques. Le premier point jaune était au contact.

On y était…

« Passez moi les chefs des groupes d’attaque ! »

*

Sterling Price s’approcha de son jeune informaticien. Celui-ci pianotait si vite sur le clavier de la console, que les mouvement de ses doigts en devenait invisible ; à croire qu’il écrivait du code aussi vite qu’il parlait.

« Monsieur Tristo ? »

L’autre ne réagit pas, profondément concentré. Ce jeune homme sera une recrue de premier choix si lon sen sort, se dit à lui-même le colonel. Derrière lui, un grognement suivi de quelques bruits de câbles roulant sur le sol, puis plus rien. Évidement, tirer les conduites électriques des batteries des navettes de transport depuis le spatioport, à la base du transporteur, n’avait pas été une mince affaire, mais l’énergie contenue dans ces engins avait permis de réactiver une partie de l’appareillage électronique du vaisseau.

« Monsieur Tristo ? Je vous parle.

Hein ? Ha oui, s’cusez-moi. Je tente de reprendre le contrôle des communications. Ça va être coton, le virus paralyse en particulier les nœuds réseaux, c’est bien vu de leur part.

Mais ?

…Mais, heu.. disons que j’avais laissé quelques… flaques d’eau.

C’est-à-dire ? »

répondit Price dans un sourire. Toujours ce langage imagé de son subordonné.

Des routines actives du système que j’avais infecté depuis longtemps, avec des petites choses personnelles Et elles ne répondent qu’à moi. Elles ne sont à priori pas essentiels donc ont été ignorés par le virus, mais ce n’est que ce que je voulais… faire croire. Voilà.»

Sterling-Price ne broncha pas. L’informaticien venait de lui avouer qu’il avait parasité le système informatique de son Transporteur à un niveau profond, et ce bien avant toute notion d’attaque ou de quelque danger que ce soit. Une absence de réaction de son commandant sera donc la plus juste forme de félicitation des exploits du hacker.

J’espère que vous allez réussir Edmund, il me faut une communication avec les autres commandants, et vite. De mon coté, je vais tenter de vous donner le plus de temps possible.

Qu’est que vous voulez dire ? »

Un grincement métallique lointain lui répondit ; il remontait le long des parois du vaisseau, comme un rugissement étouffé du transporteur. On commença à s’affoler dans le centre de commandement et plusieurs opérateurs quittèrent leur poste pour se masser contre les grandes baies vitrées. Un subordonné, visiblement crispé, apporta au commandant un pad, contenant un nouveau rapport.

« Qu’on scelle les niveaux au-dessus et en-dessous de ces zones. N’hésitez pas à faire sautez des parois s’il le faut et que les civils se regroupent dans la cité intérieur, on pourra la défende… »

Il ajouta doucement, à l’attention du jeune informaticien, comme à lui-même :

« … un temps. Nous venons d’être éperonné, Monsieur Tristo, comme au bon vieux temps de la marine à voile. Et comme le convoi entier de l’Exode est sans aucune ressource, on nous traine maintenant vers l’astéroïde que vous voyez là-bas, où une meute de pirate s’apprêtent à nous tailler en pièce, directement sous leurs lasers de découpage.

Quoi ? Mais.. mais, on ne peut rien faire ? Combien de temps on a avant d’arriver là-bas et qu’ils nous attaquent ?

Quils nous attaquent ? Mais vous pensez vraiment qu’il vont nous laisser nous préparer tranquillement ? Regardez ! »

Il lui tendit le pad, une photographie affichée en plein écran. On y voyait le large pan d’un mur déchiré par une sorte de point d’œuf ouverte en son centre et des ombres floues en sortir en courant, certaines se dirigeant vers le preneur d’image.

« Leurs troupes de choc sont déjà à bord. Cette photo a été prise il y a quelques secondes, juste après notre éperonnage. Ils vont devoir nous occuper, et si possible réduire à néant nos derniers espoirs avant que le gros de leurs camarades ne nous tombent dessus, là-bas ! »

Du doigt, il pointa le gros astéroïde, masse noire silencieuse au loin. Quoique, ne venait-elle pas de grossir depuis qu’il l’avait vu tout à l’heure ? Tristo s’efforça de respirer calmement, il riva ses yeux sur le clavier, les mains tremblantes. La panique guettait : il était prisonnier d’une coque de métal investie par des hordes de guerriers féroces et sans pitié. À quelques ponts de lui.

Le jeune garçon sentit alors son voisin l’aider à se redresser et lui tourner la tête vers son écran.

« Edmund, laissez moi cette guerre tactique, c’est mon métier et je sais y faire face, quelqu’en soient les obstacles. Mais le combat qui se livre derrière cet écran est celui qui nous sauvera ou nous anéantira. Moi je ne sais pas y aller mais, vous, vous y êtes né, c’est votre domaine, votre champ de bataille. Allez-y, mon garçon, et laissez-moi m’occuper du reste. Nous comptons sur vous, donnez le meilleur. »

Et il le laissa, s’en retournant décrocher un combiné pour édicter de nouvelles directives à quelques subordonnés.

C’était cela être un soldat ? Garder son sang-froid, quelle que soit la situation, et toujours préparer une contre-attaque ? Quoiqu’il en fut, le vieux bonhomme venait, par il ne savait quelle magie, de redonner de l’espoir à Edmund Tristo. Et celui-ci reprit le pianotage de son clavier, une vigueur nouvelle dans les doigts.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur, Kwaam

narration: Elioza

Acteurs: Raoulito: Sterling Price

Tristan : Edmund tristo

Istria : Choupa

Compo: Ian, Cleptoporte

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch18 Ep13

Thu, 21 Jan 2016 07:00:00 GMT

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Le vaisseau pirate se redressait, permettant aux deux frères de reprendre appui. Le visage en sang, un œil fermé, Misha ne s’amusait plus du tout, et le regard haineux qu’il lançait n’augurait rien de bon. C’était très certainement ce regard qu’Esfir avait rencontré pour ses dernières minutes de vie.

Le combat n’allait pas s’arrêter là et, visiblement, le géant ne se rendrait pas. Igor prit enfin, sans doute un peu tard, la mesure de son erreur de se mesurer à l’indestructible Misha. Alors qu’il en soit ainsi, il serra la poignée de son épée et reparti à l’assaut dans un nouveau hurlement. L’autre, handicapé par la perte momentanée d’un œil, jaugeait plus difficilement les distances, calculait moins bien les hauteurs et la redoutable hache fendit la paroi juste à coté d’Igor. Celui ci ne manqua pas l’ouverture ainsi faite, car son frère avait cette mauvaise habitude de répéter ses attaques. Le coup de genou qui parti s’empala sur la lame qu’Igor tendait, elle traversa la cuisse du géant de part en part. Sous la douleur, celui-ci reparti en arrière, se saisissant de l’arme fichée dans sa jambe et l’extirpa de lui à pleines mains. Sous les yeux ébahis de son propriétaire, Misha plia la lame à la rompe, se blessant les mains sans aucune émotion. Il jeta les morceaux derrière lui et, les bras levées, du sang s’échappant de sa combinaison par les gants, sa cuisse ou son heaume, l’impitoyable machine à tuer avança vers Igor, son œil plus mauvais que jamais.

Claquement derrière eux : le vaisseau bélier se désincarsérait, provoquant un violent appel d’air. Les deux pirates furent entrainés dans le vide ! Igor se saisit par réflexe de la porte ouverte de son vaisseau. Sa tenue le protégeant, il put se glisser à l’intérieur de l’engin ; quand à son frère, l’autre se retenait aux déchirures du métal autour de l’ouverture laissée béante par le vaisseau bélier. Les gouttes de sang s’échappant de son corps se congelaient sur place et le géant n’eut d’autre choix que de protéger son visage d’une main tout en se maintenant par l’autre. Misha pourrait-il s’en sortir ?

Hélas, Igor ne put s’intéresser plus longtemps au devenir de son frère car, si le croiseur pirate utilisait ses tuyères au maximum de leur poussée, pour désengager l’engin de l’attraction de la Passe de Magellone, le petit vaisseau bélier ne possédait pas de telles ressources. En quelques secondes, un kilomètre séparait déjà les deux appareils, ce sera le triple la poignée de secondes suivantes, et très vite il disparaitra dans le gargantua stellaire. Reprenant les commandes, le jeune pirate connaissait l’unique solution. Il allait devoir entrer dans la Passe, en transition, et il ne pourrait revenir qu’une fois arrivé de l’autre coté, un voyage de plusieurs semaines, seul, dans les quelques mètres carrés de son appareil. Les Compresseurs dimensionnels tiendraient-ils, les rations de survie suffiraient-elles ? Il redressa la pointe du vaisseau bélier, droit vers la Passe ; les moteurs étaient encore chauds, il allait pouvoir plonger. Igor enclencha les calculateurs et plongea en Transition face à la Passe de Magellone.

« Hé ? Que se passe-t-il ?

Pardon ?

Colonel, tout vient de s’éteindre ? »

J.F.Hill se redressa sur son fauteuil. Foudia Hacham avait raison, indéniablement. Les voyants de survie s’étaient activés, inondant de lumière rouge le centre de commandement ; les grands écrans n’affichaient plus rien, même les diodes habituellement folles semblaient être sans vie. Les premiers rapports, provenant des postes de milice de tout le transporteur, décrivaient la même situation un peu partout. Et inutile d’être un devin pour se douter que si le transporteur n°5 de Sterling-Price, à quelques kilomètres devant eux, n’émettait plus de lumière non plus, c’est qu’il était frappé de la même panne.

L’ancien guérillero comprit immédiatement. Il leva sa canne et activa un bouton caché. Le réseau d’urgence utilisé pour communiquer actuellement dans tout le vaisseau était autonome, avec sa propre source d’énergie, et sa canne avait été modifiée pour ce genre de situation.

« Ici votre commandant. Je demande à tous les membres des forces de sécurité de se mettre en place pour une alerte maximale ! Ce n’est pas un exercice, nous sommes sous la menace d’une attaque imminente. Je répète, alerte maximale, tout le monde à son poste ! »

Puis il se tourna vers les équipes à l’œuvre dans le centre de commandement

« Que l’on prépare toutes les barges de secours, scellez les couloirs principaux, mettez en place le réseau haute fréquence d’urgence !

Commandant ! Que se passe-t-il ?

Madame Hacham. Nos trois transporteurs sont à l’arrêt, tout est hors tension, des radars aux hangars de nos chasseurs et seuls les systèmes de survie tiennent le coup. Ce n’est pas un hasard, c’est une préparation pour une… »

Au même moment sur bâbord, un flash lointain éclaira l’obscurité glacée.

*

Sterling-Price ouvrit les yeux. C’était donc pour maintenant.

« Ils arrivent, ce sera par bâbord. Avez-vous vu la sortie de transition ?

Je vous l’avais bien dit ! Et merde, je n’ai même pas eu le temps de terminer les opérations fondamentales.

Monsieur Tristo, de combien de temps auriez-vous besoin pour sécuriser notre transporteur ?

Quoi ? Mais on a plus de courant !

Et si je pouvais vous en fournir ?

*

Benkana observait, aux jumelles, l’étrange forme apparue au loin. Elle n’était pas née de la dernière pluie et sentait le guet-apens à plein nez. Price ou Hill avaient certainement dû aboutir aux même conclusions. Mais qu’avaient-ils manqué lors des préparatifs de la traversé ? Où avaient-ils été imprudents ?

C’était un gros astéroïde qui venait d’apparaitre, presque de la taille d’un transporteur, et rien que cela donnait la mesure de ce à quoi ils allaient faire face. D’étranges structures formaient un réseau sur la surface, comme des moteurs ou quelque chose du genre.

Trois nouvelles formes se détachèrent de l’astéroïde, plus petites… enfin, vues d’ici. D’après la faible lueurs des réacteurs allumés derrières eux, il s’agissait d’engins spatiaux.

« Prévenez tout le monde. C’est une alerte abordage de grande ampleur. »

Trois barges d’abordages, trois transporteurs. Le Conseil des commandants avait cru pouvoir se jouer des pirates, ils pensaient avoir prévu le pire.

Quelle naïveté.

« Et envoyez quelqu’un chercher Azala et sa garde du corps. Je vais avoir besoin d’elle ici. »

La salle de commandement sera l’une des dernières places fortes ; elle préférait savoir la princesse ici, à ses cotés.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur, Kwaam

narration: Coupie

Acteurs: Raoulito: Igor,JFHill

Zylann: Misha

Anna: Foudia Hacham

Compo: Ian, Cleptoporte

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch18 Ep12

Wed, 13 Jan 2016 07:03:00 GMT

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( Aujourd’hui Red Universe a 6 ans, bon anniversaire 😉 )

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Misha poussa sans douceur plusieurs de ses hommes qui bloquaient le passage. Ces idiots s’étaient précipités, comme lui, pour affronter leur mystérieux agresseur mais, visiblement ils refusaient maintenant de se battre. Comment se pouvait-il que son équipage, le sien, lui qui l’avait suivi par-delà toutes les batailles, recule aujourd’hui ?

La réponse lui vînt dès qu’il scella sa combinaison, activant l’étanchéité du casque et… la radio.

« Écartez-vous de mon chemin, je massacrerais quiconque s’opposera à moi ! OÙ EST MISHA ?!

Pas la peine de hurler comme cela, Igor, je suis là. Vous autres, reculez, laissez-nous seul… »

Et sans demander leur reste, l’équipage disparu par les diverses coursives secondaires, fermant les écoutilles derrière eux. Le vaisseau bélier n’était pas planté bien loin et une décompression pouvait survenir à n’importe quel moment.

« Misha ! Rend-toi, je viens te ramener à la base pour que tu sois jugé pour ton crime. »

L’autre posa sa hache sur l’épaule, et soupira. Cette situation aurait presque pu être amusante en d’autres circonstances. Il pencha un peu sa tête, confirmant l’absence d’un quelconque autre intrus que son demi-frère.

« Et tu es venu seul… c’est un peu risqué, non ? Déjà que, lors des attaques, tu manquais souvent de te faire étriper ; te voici là, qui enfonce et endommage mon vaisseau, et vient menacer sans vergogne.

Esfir !

Elle est morte ! Elle s’est refusé à moi une fois de trop. Je ne dis pas que je suis fier de mon geste, mais c’était la seule issue poss…

C’ÉTAIT NOTRE SŒUR ! ES-TU DONC DEVENU FOU ?

C’était une grande guerrière, mais ce n’était aussi qu’une femme. Il était temps qu’elle prenne son rôle dans la communauté pirate et dans la famille !

Tu as toujours été protecteur envers les tiens ! Pour toi, on passait au-dessus de tout, comment as-tu pu ? COMMENT ?!

EN LUI ÉCRASANT SON JOLI COU, si tu veux tout savoir ! Et sa petite chatte ne méritait pas tout ce temps que j’ai attendu pour l’avoir ! »

Instinctivement, Igor s’élança vers son géant de frère, traversant les quelques mètres les séparant, son épée pointée vers lui. Sans inquiétude particulière, Misha para le coup de son énorme hache, bloquant l’arme contre la paroi.

« Laisse-moi partir loin, mon frère. Je veux être mon seul bourreau. Tu deviendras le futur chef de la communauté et, un jour, tu oublieras.

OUBLIER ?! »

Dans une contorsion qui surprit le géant, Igor désengagea son épée et, d’un bond, il repartit à l’attaque. L’autre se replia et frappa le jeune pirate fou de colère, d’un coup sec du son manche. Celui-ci fût projeté contre le mur et en perdit son épée sous le choc. Avant qu’il n’ait pu la récupérer, le pied énorme de Misha lui écrasait la main, la face aiguisée de la hache à quelques centimètres de sa tête.

« Je te demande de me laisser partir. N’insiste pas Igor, je…

Commandant, lattraction de la Passe augmente encore. Nous allons devoir allumer les propulseurs latéraux. Mais le vaisseau-bélier risque de se détacher, et la zone où vous êtes va subir une décompression.

Attendez encore.

On ne pourra pas attendre longtemps.

Je n’en ai pas pour longtemps, terminé. Alors, tu as entendu ? Il faut que tu rentres à la maison. Ton vaisseau est juste là-bas et le sas avant est grand ouvert. Tu rentres, tu me laisses partir, et tu ne me reverras plus. L’autre solution serait que je te tue là, tout de suite. Tu n’es pas stupide, fais le bon choix. »

Igor projeta ses deux pieds en plein dans le casque de son frère, posant sa main libre sur le plat de la hache et repousser le danger. Misha n’eut d’autre choix que de reculer, libérant son adversaire qui reprit immédiatement une position d’attaque :

« Tu vas rentrer avec moi, Misha. Père et tous les membres de notre famille te jugeront pour le crime que tu as commis ! »

Le géant resta sans voix quelques secondes. Mais qu’espérait son fou de frère ? Il n’avait strictement aucune chance, il était dominé physiquement et techniquement et pourtant il refusait de lâcher prise…

Soit.

Il empoigna sa redoutable hache, et se positionna à son tour.

« Comme tu veux, Igor. Je vais arrêter de jouer, désormais. Tu veux la guerre ? Je vais donc te donner la leçon que tu aurais dû recevoir depuis longtemps.

Je ne me laisserais pas faire ! HAAAAAA ! »

Et il attaqua, choisissant un angle bas ; son adversaire le para d’un simple geste, le frappant de son genou dans les côtes. Le choc coupa le souffle d’Igor, qui recula ; l’autre était déjà sur lui : d’un violent coup du plat de la hache, il le fit voler plusieurs mètres en arrière.

Roulant sur lui-même, le jeune pirate se rattrapa, vérifiant d’un coup d’œil que sa combinaison n’était pas endommagée. Tout allait bien, pour l’instant. Misha approchait, marchant tranquillement, fier de l’effet qu’il produisait sur son frère et de la démonstration offerte.

Igor recula encore, prêt à parer toute nouvelle attaque. L’autre s’en amusait, esquissant des gestes agressifs, puis s’arrêtant, recommençant d’un autre coté…

« Hey ! Hé non… Ha ! Pas encore… Alors, où est donc le grand guerrier vengeur qui voulait me faire mordre la poussière ? »

Et le géant avançait encore, toujours, repoussant son adversaire vers le vaisseau-bélier. Igor ne doutait pas de ce que cherchait son frère : il allait le remettre de force dans l’appareil. Puis le vaisseau pirate plongerait dans la Passe de Magellone, l’abandonnant là, charge à lui de se débrouiller pour rentrer.

Son dos toucha la pointe bélier. On y était, Misha l’avait ramené là où il le désirait.

« Tu y vas tout seul ou je t’aide ? »

Lança son frère, goguenard.

« Viens donc me chercher, je te mettrais moi-même à fond de cale !

Ha, ha ha ! Au moins, je te reconnais le sens de l’humour ! Comme tu veux, ça va faire mal. »

Il leva sa hache, visant clairement les jambes pour obliger Igor à sauter sur l’étrave de son appareil.

« Commandant, on ne peut plus attendre, il faut lancer les propulseurs maintenant !

Attendez encore !

Cest impossible, on est entrainé ! »

D’un coup, le vaisseau reprit son roulis, se penchant encore plus. Misha n’eut d’autre choix que de faire un pas de coté, et cela suffit à Igor. Envoyant son épée par-dessous, comme Esfir le lui avait appris, il remonta la lame le long de la combinaison de son frère ! Arrivée à la poitrine, la lame découpait déjà le tissu, arrivée au cou, elle entamait les chairs. Le mouvement ne s’arrêta pas sur l’accroche de la fermeture du casque, tout juste ripa-t-elle dessus et brisa la visière. Le réflexe de recul du géant lui sauva son œil, mais pas sa joue ni son arcade sourcilière ; la lame entailla profondément son visage du coté gauche. Misha roula sur lui-même et tenta de se rattraper mais il n’y parvint pas, le vaisseau pirate allait bientôt se retourner sur lui-même !

Soudain, un grondement leur parvint de l’extérieur. On avait activé les réacteurs pour tenter de sauver l’appareil. La coque du vaisseau-bélier grinça contre le métal perforé de la paroi ; dans quelques secondes, il allait se défaire et s’éloigner dans le vide.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur, Kwaam

narration: Icaryon

Acteurs: Raoulito: Igor,

Zylann: Misha

Compo: Ian, Cleptoporte

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch18 Ep11

Wed, 06 Jan 2016 07:00:00 GMT

Emission spéciale avec Silverson, Coupie, Elioza et Raoulito à REGARDER et à ECOUTER. Retrouvez les gagnants des Grands concours Red Universe à l’occasion de la sortie du « Temps des cerises » en édition numérique !

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« Les paramètres évoluent, le compresseur est toujours en synchronisation… L’attraction de la Passe agit sur nous, commandant. Rien de très grave pour l’instant, si besoin nous compenserons…

  • Mmm… »

Devant lui, la Passe de Magellone, lieu mythique séparant son univers de celui de ses ancêtres. Les yeux expérimentés de Misha voyaient parfaitement la légère distorsion dans la forme des étoiles face à eux et le petit espace vide créé au centre ; c’était la seule preuve de la présence du gargantua stellaire dans le spectre visible. Devant lui, c’était la promesse d’un monde nouveau, d’une nouvelle fortune.

Quels que soient les dangers au-delà de cette barrière entre les mondes, ils représentaient peu comparés à ce qu’il avait perdu car, derrière lui, il laissait tant. La femme de sa vie n’était plus, sa demi-sœur était partie… et il avait fuit sa responsabilité. Comment assumer d’avoir brisé de ses mains le cou de celle qu’il aimait, qu’il admirait ? Lui, qui comptait la famille au-dessus de tout, que lui était-il donc passé par la tête ? L’alcool, le désir, une soif qu’il ne pouvait plus épancher, une attente qu’il ne supportait plus ?

Cette sotte l’avait agressé, ou elle s’était moquée de lui, enfin il ne savait plus très bien mais il se souvenait d’une très grande colère montant en lui, quelque chose qui le tenait depuis longtemps par les tripes !

Il n’acceptait pas le refus.

« La dérive augmente de huit pour-cents, Compresseur synchronisés dans quelques secondes. Un écho en vingt-sept-douze, sans doute une sortie de transition. »

Il aurait pu rester, il aurait pu assumer le fait d’avoir tué une femme

— fusse-t-elle sa sœur — de ses mains. Son père l’aurait blâmé, peut-être même destitué mais guère plus. Nous sommes une communauté de pirates et ce genre de chose pouvait arriver, on ne devient pas un chef craint et respecté en faisant preuve de tendresse ou de compréhension. Ces choses là étaient pour Igor le penseur, lui serait un bon stratège, un chef politique, peut-être même un soldat, mais pas un commandant pirate, il n’en avait pas l’étoffe. C’était pour cela que, fondamentalement, il savait qu’on l’aurait pardonné pour son acte, un jour ou l’autre.

« Commandant, c’est un vaisseau-bélier ! Il est rapide et se dirige droit sur nous ! »

C’était lui-même qu’il fuyait. Misha n’avait cuvé l’alcool de sa soirée qu’une petite heure après la mort d’Esfir et, à son réveil, il avait mesuré ce qu’il venait de faire.

Esfir… il aurait personnellement écrasé la tête du responsable de cet acte, si cela n’avait été lui-même. Il n’avait pas hésité et avait lancé le rassemblement de ses hommes les plus fidèles puis les procédures pour l’appareillage. Misha s’était banni lui-même de sa communauté, et plus jamais il ne reviendrait ; telle était la sentence qu’il s’infligeait pour sa faute.

Et l’heure était venue de faire le grand saut, loin de tout.

« Préparez-vous à la plongée !

  • Mais commandant, il faut virer de bord ! Le vaisseau-bélier est presque sur nous !
  • LE QUOI ? »

L’impact fit vibrer toute la coque et le croiseur pirate en perdit son assiette, commençant à se retourner sur lui-même ! Toutes les alarmes du poste de commandement se mirent à hurler, tandis que la Passe se rapprochait soudain dangereusement.

Misha s’agrippa au bastingage, on osait l’attaquer, lui ?

« PAR OÙ ?

  • Bâbord arrière, deuxième pont ! l’attraction de la passe augmente considérablement, il faudra stabiliser pour compenser sinon on sera absorbé !
  • Débrouillez-vous ! Je m’occupe du vaisseau-bélier !
  • Commandant il faudra le détacher si on veut reprendre le contrôle ! Et il y a une décompression en cours là-bas !
  • Je connais mon affaire, et ce n’est pas le moment de me contrarier… »

prononça le géant d’un voix clairement menaçante. L’autre baissa tout de suite la tête et se plongea dans les paramètres de sa console tandis que son chef traversait la coursive, décrochant au passage sa hache et sa combinaison.

De l’autre coté du petit croiseur, une porte aux vis explosives sauta et un homme se jeta au travers de la coursive qu’il venait de ravager. Casque sur la tête, revolver dans une main, épée dans l’autre, il se dressait devant son vaisseau-bélier, un appareil conçu pour les abordages directs.

De sa radio, un seul son était émis, un cri de rage, un cri de guerre :

« MISHAAAAAAAAAAA !! »

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narration: Tristan

Acteurs: Raoulito: Igor,

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RedU T1 Ch18 Ep10

Wed, 30 Dec 2015 07:00:00 GMT

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Igor courait dans le couloir sans fin, le menant à la salle d’entrainement où il avait tant de fois croisé le fer avec sa sœur, brulant les heures à durcir ses muscles, à affiner son mental et sa technique.

Un angle. Il bouscula deux autres frères déambulant nonchalamment dans le nouveau corridor, manqua de tomber mais repris son équilibre et sa course. On y était presque, une petite foule s’était agglutinée devant la coursive, bloquant le passage :

« Écartez-vous ! Laissez moi passer ! »

On se poussa, lui ouvrant une voie d’accès. À l’intérieur, une autre foule, plus dense.

« Mais poussez-vous ! Je suis Igor, le frère d’Esfir, laisser-moi passer ! »

Encore une fois, on s’écarta. Un dernier groupe, deux soigneurs et la mère de sa demi-sœur, se tenait agenouillé à coté d’une personne allongée. Les mains du jeune pirate tremblaient : non, pas elle…

On le laissa s’approcher. Les vêtements d’Esfir étaient à moitié arrachés, des estafilades, des bleus parsemaient ses chevilles, ses bras, son visage… Son pantalon était déchiré et on avait étendu une serviette sur son bassin. Les petites tâches de sang sur un morceau de son sous-vêtement mal dissimulé ne laissait que peu de doute sur ce qui s’était passé.

Des traces de doigts marquaient irrémédiablement son cou si gracieux et, les yeux mi-clos, elle tentait visiblement de respirer, émettant un sifflement rauque à chaque mouvement de son thorax. Igor tomba à genoux devant elle, lui prenant délicatement la main. La grande Esfir, la guerrière à la mèche blonde, l’aventurière pirate modèle, qui pouvait lui avoir fait cela ? Le regard de la jeune femme monta vers le sien, difficilement. Elle ne pouvait bouger sa tête, les soigneurs lui ayant bloqué la nuque avec une mousse spéciale destinée à protéger ses cervicales endommagées. Une esquisse de sourire se dessina lentement sur son visage, vite interrompu par un spasme de douleur, lui obligeant à se remettre droite, face au plafond.

« Mais que s’est-il passé ? Appelez Misha, il doit être mis au courant immédiatement ! »

La mère d’Esfir se pris le visage entre les mains, étouffant un sanglot. Un des soigneurs la pris dans ses bras. Deux autres soigneurs arrivaient, fendant la foule désormais compacte. Certains amis d’Igor prirent sur eux de dégager le passage, grognant, poussant les badauds ; on devait garder un passage ouvert pour le brancard de l’infirmerie et laisser de l’espace libre autour du petit groupe.

Leur père étant en voyage de noce avec sa nouvelle femme, il ne reviendrait que d’ici une bonne semaine au minimum, faisant ainsi de Misha et d’Igor les seuls légataires de son autorité.

« Où est Misha ? »

Quelque chose n’allait pas. Certes les expressions étaient fermées mais, sur cette question précise, trop de visages se détournaient. On venait de violer leur sœur et son puissant frère, seul capable d’imposer par la force ce qu’il voulait n’était pas… Igor se figeât.

Non, non ! Il saisit, par le col, le soigneur à ses cotés, une rage froide montant en lui :

« QUI A FAIT CELA ? »

L’autre bredouilla le nom tant redouté, Igor le lâcha immédiatement, perdu dans l’horreur.

Misha était saoul hier soir, en prévision d’un prochain départ en campagne qui devait avoir lieu le lendemain. Il s’en fût retrouver Esfir et se trouva la force de lui avouer son désir pour elle. La jeune femme refusa et Misha… refusa son refus. L’homme qui était si protecteur avec les siens, le futur chef incontesté et incontestable leva la main sur sa sœur. Dans une rage aveugle, il la brutalisa, la frappant jusqu’à la rendre plus malléable à son envie, et la viola. Il alla jusqu’à vouloir camoufler son abominable forfait en tentant d’étrangler la jeune femme. Serait-il arrivé à ses fins si la mère d’Esfir n’était pas arrivée ? Devant les cris de la femme, il préféra abandonner le corps encore vivant de sa victime et disparu dans les coursives.

Le dernier souffle.

Un hurlement déchirant.

Les yeux d’Esfir ne bougeait plus et le second soigneur passa lentement sa main sur le jeune visage qui, désormais, ne verrait plus jamais la lumière du jour.

Serrant la main de sa sœur, de son amie, Igor ne put refluer les larmes qui s’échappèrent de ses yeux, répondant aux cris de la mère devant la mort de son enfant.

Esfir, pleine de vie…

« Achtouka, ce ne sont pas mes mains quelles cherchent, ha ha ha ! Y a que toi quest insensible. »

Esfir, pleine de force…

« Viens plutôt voir Esfir. Elle est en pleine forme aujourdhui et ferraille comme une diablesse, plus belle que jamais. »

Esfir, notre sœur…

« Regarde Esfir, elle a le feu sous la peau. Elle sait entrainer les hommes et semer la terreur chez nos proies »

Un grondement jaillit alors des profondeurs de l’âme du jeune pirate. Une rar ge implacable, une fureur faite de feu et de fer, une soif infinie de vengeance qui se concentrait en un nom :

« MISHAAAAAAAAAA !!!!! »

Il courait dans les couloirs, l’épée à la main, la mitrailleuse dans l’autre, les yeux fixes, les dents serrées. Rien ne l’arrêterait, il retrouverait son demi-frère et le trainerait aux pieds de la justice pirate, le faisant supplier le pardon de la communauté !

Mais l’oiseau s’était envolé. Il avait avancé la date du départ de l’expédition et avait appareillé, à la surprise de tous, à la tête de son vaisseau. Sans prévenir personne d’autre que l’équipage minimal, sans en informer Igor lui-même. Qu’à cela ne tienne :

« Préparez notre corvette la plus rapide, envoyez un message codé à notre père pour qu’il rentre en urgence ! Allez, VITE ! »

Et pendant qu’on s’activait à préparer le petit vaisseau, Igor serrait la crosse de son épée, à s’en blesser les articulations.

« Tu ne t’en sortiras pas comme çà, Misha. Je te poursuivrait jusqu’en enfer. »

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RedU T1 Ch18 Ep9

Wed, 23 Dec 2015 10:58:00 GMT

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« Bonjour à tous et bienvenue sur Ex-One Média, votre chaîne d’information. Je suis Foudia Hacham et nous sommes sur le transporteur n °6 pour l’émission que nous attendons tous depuis près de trois semaines : le premier convoi de l’Exode est enfin sorti de la Passe de Magellone !

Sur ce plateau, je suis accompagnée de mes confrères Jack Blast pour le transporteur n°7 et Angelus Air pour le transporteur n°5. Messieurs, bienvenue à l’autre bout de l’univers, donc. Jack ?

Bonjour Foudia et bonjour à nos multispectateurs. C’est un plaisir de vous retrouver tous… en chair et en os, hé, hé, hé ! Angelus, comment s’est déroulé ta traversé ?

Bonjour Jack, Foudia et bien sûr à nos fidèles multispectateurs ! Et bien, moi, j’ai affronté un nombre impressionnant de gens et d’objets fantômes, ce fût ma grande aventure durant trois semaines. Je me souviens d’un matin où j’ai mis plusieurs minutes à trouver mon vrai micro, perdu au milieu d’une multitude de mirages de lui-même.

Ha, toi aussi ? Je vois, messieurs, que nos expériences ont été similaires. Ne perdons pas les bonnes habitudes, voici, tout de suite, les titres :

– Le convoi n°1 est donc sorti enfin de la Passe et nous sommes en attente dans une zone proche pour nous préparer à accueillir le second convoi qui devrait arriver… Jack ?

Dans cinq jours et quelques heures, si tout va bien. Mais je détaillerais tout cela avec vous, dans un instant.

Merci à toi ! Second sujet : retour sur trois semaines d’émotions, certes, mais en fin de compte, pas aussi grave que ce que l’on avait craint. Pas d’attaque de pirate, les communautés sont restées calmes, on peut presque dire que, cette fois, tout s’est déroulé comme prévu. Angelus ?

Tout à fait. Mis à part les perturbations liées à la Passe elle-même, aucun incident majeur n’a été signalé. Les matériels ont bien supporté la traversée, les exodés également. Évidement, nous devront attendre les deux convois qui nous suivent pour être définitivement fixés mais, dans l’absolu, on ne voit pas ce qu’il pourrait bien leur être arrivé de pire qu’à nous, ha ha ha !

Hé hé ! Oui, nous étions la tête de pont… à nous les mauvaises surprises, n’est-ce pas ? Le dernier sujet portera sur la réunion que nos commandants ont tenu en huit-clos, assez rapidement après la sortie de transition, un peu comme nous en fait, et ce que nous avons pu en apprendre. Enfin, en cadeau, quelques images tirées du making-off d’un documentaire en cours de tournage sur le Colonel J.F.Hill. Ce célèbre commandant du transporteur n°6 a accepté de partager avec ExOne Média son quotidien et certains de ses souvenirs personnels.

Mais, avant tout cela, messieurs, qu’allons-nous retrouver ?

Au hasard, je dirais une page de publicité ?

Comme Jack, la pub !

Rendez-vous, donc, juste après la pause. Ne zappez pas ! »

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Click !

Ismène éteignit le petit écran portatif, sur un signe de tête de son père. Enfermé dans un petit local technique, le marchand Broto, Karl de son vrai nom pirate, soudait consciencieusement l’écoutille de l’entrée. La bloquer ne suffirait pas, il fallait être certain que l’on ne pourrait pas les déranger avant un bon moment. D’après les dernières nouvelles officielles, il ne semblait pas avoir attiré l’attention et tous fêtaient l’arrivée de ce coté de la passe.

En une dernière étincelle, ce fût terminé. On était arrivé à deux doigts du terme de sa mission, au moment le plus critique. Il s’y était préparé durant toutes ces longues semaines de traversée, analysant les schémas, laissant Ismène effectuer des simulations ici, décoder des signaux là, enregistrer le reste. Ce travail de longue haleine allait enfin porter ses fruits. Pas que le sien d’ailleurs. Sa fille adoptive, Choupa, avait accompli brillamment la première partie du travail, dès la première étape de l’Exode, sur la station Maman-lolo. Placer un transpondeur multispatial dans le transporteur n°7 n’était déjà pas une mince affaire ; mais faire dérailler le complot où se mélangeaient, pèle-mêle, des familles pirates, des membres des services de sécurité de MaterOne et la mafia souriantes relevait du génie, tout simplement. Confiée aux mains du vieil homme il y a des années par son commandant de père, alors que leur vaisseau disparaissait dans les flammes du Cercle de Rabbit, Karl avait donné toute son énergie pour l’épanouissement de la jeune femme. Et cet excellent plan, conçu par elle, en était l’apogée. Le Sénéchal Petrovach avait d’ailleurs failli tout faire capoter lors de son attaque surprise en pleine transition, utilisant un autre transpondeur caché dans un transporteur. Là encore, Choupa avait prit les devants et renseigné l’Exode, par un chasseur abandonné. J.F.Hill fît échouer les plans du Sénéchal, mais c’était bien la main de Choupa qui tirait les ficelles, une fois de plus. Amoindri, affaibli par la perte de ses troupes et cette cuisante défaite, le taureau s’était fait agneau et avait accepté de se ranger comme les autres derrière la bannière unique.

Karl posa douloureusement un genou à terre, son âge se faisait ressentir plus que jamais à l’approche de l’évènement. S’il ne pourrait plus participer comme avant aux missions, il prendra sa retraite sereinement, cette bataille étant, de toutes façons, le couronnement de sa carrière. Ismène se tenait droit devant lui, le regard dans le flou, comme toujours. Un jeune adolescent et un vieil homme. Le type de duo imparable, qui irait les soupçonner ? Il fit glisser sa main dans les cheveux du garçon, lui caressant l’épaule dénudée. Il admirait sincèrement la perfection de ce jeune corps.

Un dernier baiser sur le front de son fils.

Dans le silence du local, à la lumière crue d’un néon, il s’autorisa une dernière seconde en tête-à-tête avec l’enfant. Ce garçon était son bijou, la merveilleuse création dont un père pouvait être fier.

« Ismène, tu me manqueras… Adieu. »

Puis il recula, énonçant le code d’activation du processus numéro trois. L’adolescent se raidit et fit demi-tour, s’arrêtant devant quelques caisses accumulées face au mur du fond de la pièce. D’un simple geste, il dégagea le passage, déplaçant des dizaines de kilos sans même forcer. Face à la paroi, il leva les bras et les projeta contre la surface lisse, qui fût immédiatement percée sous la formidable pression des doigts. Sans sourciller, il déchira le métal, calmement, ouvrant un large passage sur un réseau de centaines de câbles mélangés, traversant le vaisseau. Au milieu de ce labyrinthe multicolore, une conduite en céramique, bien plus volumineuse que les autres, traçait son chemin en ligne droite vers les profondeurs. Karl prit son inspiration pendant qu’Ismène faisait voler en éclat , d’un doigt, le maigre rempart.

« Lancement du processus numéro deux. Certification sept-quatre-trente-deux… »

Un vrombissement monta alors du jeune adolescent, il se mit à trembler, comme prit d’une crise nerveuse. Et d’un coup sec… sa tête, ses bras et tout le haut de son corps se déchirèrent, libérant un système complexe de cerveaux moteurs et de câbles autonomes. Du sang synthétique avait giclé un peu partout, des morceaux de la chimère biologique que Karl avait patiemment laissé croitre à la surface de sa créature jonchaient le sol. Lui-même avait maintenant quelques taches sur sa veste. Il n’avait pas eut d’autre choix pour camoufler réelle origine de son « fils », la moindre fermeture aurait attirée l’attention de l’infirmier chargé de l’auscultation de routine. Seul un vrai corps pouvait donner l’illusion. Merci à ses mois passés à Ragnvald, et aux quelques spécialistes qui l’avaient suivi lors de son retour. Cette technologie dépassait ce que MaterOne pouvait produire, et ils avaient bien compté sur cet avantage pour berner les exodés.

Il se releva en douceur, soulageant autant que possible la souffrance de ses articulations. Sur l’étagère, en cherchant sur le petit écran la fréquence du transpondeur dissimulé à bord, il jetait un œil aux branchements multiples que les câblages articulés insérés dans le corps d’Ismène effectuaient avec précision.

La sécurité n’est jamais aisé à assurer à bord d’un vaisseau spatial, et certainement pas dans un géant comme celui-ci. Cette conduite était au cœur de tous les systèmes de communication internes et externes. La cacher derrière une paroi de métal n’était qu’une faible protection.

« Ici Karl, Vous me recevez ? »

Rien, pas de réponse sinon un grésillement neutre. Il n’avait plus pris contact depuis trois semaines, la Passe bloquant toute les transmissions, quelque chose se serait-il cassé ?

« Contact pour Chou, ici Karl, me recevez-vous ?

Ici Chou. Réception excellente Karl, malgré une petite latence. Contente de vous entendre enfin. Où en êtes-vous ? »

Le vieil homme soupira : ainsi le plan se poursuivait comme prévu, et par la voix même de sa fille adoptive, qui plus est. Il vérifia les diodes de contrôle pour être certain que toutes les connexions étaient effectuées et actives. On y était, le moment tant attendu était enfin arrivé.

« L’araignée a tendue sa toile. Nous sommes prêts.

Mon cher Karl, cest un grand jour. Mon père serait si fier de nous.

L’unité de tous les pirates sous une seule bannière, l’émergence d’une grande Reine pirate, capable de damer le pion à MaterOne, à Ragnvald et peut-être même à ceux de Rabbit. Oui, ma fille, nous y sommes enfin…

Donne l’ordre ma Reine. Il est temps que ton règne commence.

Karl, activation du processus numéro un. Paralysez lExode mon ami, nos compresseurs sont chauds, nous arrivons. À tout de suite. »

Click !

Karl releva la tête, répétant les mots de sa fille à haute voix. Les fibres optiques inclues dans les câbles se mirent à clignoter et la lumière du néon, qui inondait le local, vacilla.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur, Kwaam

narration: Andropovitch

Acteurs: Foudia Hacham: Anna, Jack Blast & Karl: Blast, Angelus air : Angelus Yodason, Choupa: Istria

Compo: Ian, Cleptoporte

Montage: Ackim


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Emission spéciale concours Noël 2015

Mon, 21 Dec 2015 22:04:00 GMT

Vous avez manqué la remise des prix, les réponses, la présentation du jury, la vidéo ou les bonnes blagues de Silverson, les avœux de Coupie ou les aventures d’Elioza ?

Tout est ici, à écouter, à regarder et à télécharger ! Venez vite !

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Bonne écoute et à Mercredi pour la suite de Red Universe !

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RedU T1 Ch18 Ep8

Wed, 16 Dec 2015 07:00:00 GMT

Profitez des Grands concours Red Universe à l’occasion de la sortie du

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« Sa réaction fût à la hauteur de ce que l’on pouvait attendre d’un gradé dans son genre. Brutale.

C’était lors d’une fin d’après-midi, après avoir transformé une partie de l’écurie en véritable galerie d’art moderne. Repus de création et de travail, nous nous étions assis sur un tas de foin, au fond de la salle. »

Poféus en eut un ricanement léger. Lui-même fût surprit de cette réaction instinctive. La plongée dans cette mémoire ancienne, la main de Calande, tout cela ouvrait des barrières longtemps restées fermées.

« Nous nous embrassâmes, nous nous caressâmes… Nous n’allâmes pas plus loin. Une fourche, vous savez, ces outils pour justement retourner la paille, se planta dans le bois à coté de nous. Mon père nous dominait de toute sa hauteur, tenant le manche. Pas besoin d’explication, son expression dépeignait une fureur sans fin. »

Le petit massage de main s’était arrêté. De l’autre main libre, Calande reprenait ses notes. Quand était-elle redevenue la psychologue ? Avait-elle seulement cessé de l’être ?

Malgré cela, elle le tenait encore et sa main était chaude. Et lors que le vin était tiré, il fallait le boire.

« Icnal se tenait à l’entrée, au loin. Son expression effrayée en disait long sur son regret d’avoir déclenché tout cela. Mais le mal était fait. Méhala fut saisie par le col et, d’un poing vengeur, Monseigneur Poféus lui brisa net le nez, la défigurant pour des mois. Tombant au sol, étourdie, elle trouva encore la force de tenter de se défendre et lui donna un violent coup de pied dans les jambes. Il faillit trébucher, mais se rattrapa à la fourche qu’il arracha du mur. Il s’en servit violemment pour, à plusieurs reprises, en écraser le manche sur ma pauvre amie. Dans un hurlement, Icnal vint s’interposer, protégeant de son corps celui de sa sœur. Quelle sotte, elle aurait mieux fait de réfléchir avant plutôt que laisser parler ses sentiments, et nous n’en serions pas là !

Quoiqu’il en fût, mon père s’arrêta et on appela les secours. Ma Méhala passa un long moment de convalescence à l’hôpital. Elle ne revînt jamais sur les terres familiales. Voilà.

Pourquoi n’êtes-vous pas intervenus lors de… l’agression de votre père ?

Pourquoi ?… que peut faire une souris face à un chien de guerre ? J’étais en rébellion contre mon père, mais j’éprouvais aussi beaucoup de crainte envers lui. Il m’imposait sa force et son respect tous les jours depuis que je vivais chez lui ; il me servait, encore maintenant sans doute, de modèle, que je le veuille ou non. Alors le voir ainsi… j’ai eu… Calande, pouvons-nous nous arrêter pour aujourd’hui ?

Bien sûr, je comprend. »

Elle retira sa main, peut-être un peu trop rapidement. Le contre-amiral regarda la jeune femme brune se lever, remettre ses affaires dans son sac. La séance se finissait, la magie était rompue.

« Angilbe, je vous souhaite une bonne semaine. Tenez-moi au courant si vous avez de nouvelles crises voulez-vous ?

Calande ! J’AI EU PEUR, VOILÀ ! J’était pétrifié devant la force de ce… de cet homme qui m’avait pris comme fils et sa fureur me traumatisait, me terrorisait au-delà de l’entendement ! Jamais, plus jamais, je ne serais ainsi sous la domination de qui que ce soit, vous m’entendez ?! Cette montagne de rigueur sans âme ne me méritait pas sinon suite à un pur hasard de l’Histoire ! »

C’était sorti tout seul. Comme un grand bol d’air, l’inspiration première de quelqu’un coulant depuis trop longtemps dans les eaux saumâtres du dénis et du mensonge. Tel un enfant venant de naitre et poussant son premier cri, le contre-amiral semblait découvrir un nouveau monde dans lequel il allait passer tout le reste de sa vie.

Calande jeta son sac sur la table, se rassit précipitamment et serra le bras du contre-amiral. Sans aucun préambule.

« Dites-moi la vérité, Angilbe. Votre père… votre référence paternelle disiez-vous, n’était pas réellement votre géniteur, n’est -ce pas ? Vous avez semé votre discourt de multiples indices qui m’amènent à penser cela.

Est-ce cela qui vous tourmente l’âme ? »

Aucune réponse, Poféus, celui maîtrisant tout… Comment avait-il pu laisser passer ces informations ? Encore une déconnexion ? Non, elle devait sans doute dire vrai, c’était une professionnelle et les allusions, les fautes ou les omissions ne lui échappaient pas.

Et encore, toute la vérité n’était pas sortie, heureusement. Si elle savait qui était son vrai père.

« En effet, j’ai été adopté par les Poféus. Ils ne pouvaient pas avoir d’enfant et… voilà…

Est-ce lié au fait qu’il ne me toucha pas ? Toujours est-il que je fût, dès la semaine qui suivie, envoyé en pension dans une académie des forces spatiales. Aux déchirements des adieux de ma mère, je ne savais quoi répondre d’autre que de l’indifférence, la perte de Méhala submergeant tout. La pauvre.

Le plus amusant c’est que les forces spatiales étaient ( et sont sans doute encore ) un nid d’homosexualité patente. Je n’en reviens pas encore combien mon père était aveugle sur la réalité du monde autour de lui. Bref… La suite est connue. Ascension des différents grades durant les grands voyages d’exploration, découverte d’Antarès IV, retour triomphal, etc…

Et avez-vous revu Méhala ?

Ha oui, la conclusion de l’histoire, voulez-vous dire ? Ce fût pitoyable. La famille de Méhala quitta, bien sûr, le service au château pour s’en retourner dans le pays Nordiste. D’après ce que j’ai appris, tous moururent dans un règlement de compte là-bas, quelques temps plus tard. Je ne la revis donc jamais ; apparemment ils avaient cru, à tord, que leur dettes s’était effacée avec le temps. Pourtant je retrouvais la trace, des années plus tard, d’Icnal. Elle avait échappé au massacre, et s’était retrouvée à se prostituer dans un bordel Tropicalien.

Et… vous avez été vers elle ?

J’espérais revoir Méhala, par miracle. Mais non, la sœur traitresse me confirma la mort de tous les autres membres de la famille. Elle-même était malade et se jeta aux pieds de l’homme puissant que j’étais devenu, pour demander de l’aide. Je me suis éloigné, lui laissant une pièce pour s’acheter du pain.

Je n’ai que de l’indifférence ou du mépris pour elle et ce qu’elle a fait. Et je n’en ressent aucune gêne.

Et vos parents ? Quelles ont été les relations avec votre père adoptif ?

La roue tourne Calande. La référence paternelle est tombée de cheval un jour de chasse, le dos brisé. Il mourut entouré des siens, enfin presque tous car je ne lui fit pas cet honneur. Je revît ma mère, par contre ; la vieille femme qu’elle était devenue s’avéra courtoise. Mais à certains indices, je devinais qu’elle n’avait plus toute sa tête. Je pourvois à ses besoins et à ceux du château. Comprenez-moi bien : c’est plus une dette que je paye qu’autre chose. Cette vie est loin de moi, je l’ai scellée il y a longtemps.

Jusqu’à aujourd’hui.

…Jusqu’à aujourd’hui, en effet. »

Plus tard dans la soirée, alors qu’aucune crise ne venait interrompre ce moment et que la fascinante Calande Rorré était partie, le Contre-amiral Poféus se tenait toujours assis dans son fauteuil, le regard tourné vers la grande fenêtre, profitant de la chaleur des dernières braises du foyer déclinant.

Il avait ouvert la porte.

Il se sentait, enfin, en paix.

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narration: Anna

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Poféus: Pof,

Calande Rorrée: Coupie

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RedU T1 Ch18 Ep7

Wed, 09 Dec 2015 07:00:00 GMT

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« Bonjour Angilbe. Comment allez-vous ?

Je vais, chère Calande, je vais. C’est déjà beaucoup, merci à vous. »

Le contre-amiral ferma la porte derrière lui et s’installa dans le fauteuil de cuir, face à sa psychologue. Ce rituel devenait naturel à force de séance et les doutes et appréhensions des débuts, la suspicion même dont il faisait preuve envers la jeune femme, s’étaient évanouis, laissant place, progressivement, à un réel attachement. Aussi incroyable que cela paraisse, Poféus appréciait ces rendez-vous et encore plus cette petite femme brune, aux cheveux courts et aux tailleurs strictes et impeccables.

Calande buvait consciencieusement son thé au jasmin, un autre élément du rituel, avec la petite cuillère et le morceau de sucre unique. Elle reposa la tasse sur la table, les yeux à moitié clos, profitant de quelques secondes de répit. Puis de grands yeux à la profondeur infinie se levèrent sur le contre-amiral. Celui-ci sentit cet agréable tressaillement tant attendu remonter le long de son épine dorsale.

« Alors Angilbe, pouvons-nous reprendre là où nous en étions resté la dernière fois ?

Bien sûr. J’ai malheureusement eu quelques sautes de réalité, à nouveau, cela commence d’ailleurs à s’ébruiter. Je suis obligé de faire tourner le personnel de maison plus rapidement. Dites-moi… Calande… progressons-nous ?

Je l’ignore, Angilbe, je l’espère sincèrement. Le fait de ressortir enfin vos souvenirs profonds vous oblige à faire appel à certaines parties inhabituelles de votre mémoire, peut-être est-ce justement cela qui active vos sautes de réalité.

Vous ne vous souvenez pas de notre dernière séance ?

Pas de la fin en tout cas. Nous parlions de ma.. de Méhala.

Alors sachez que vous m’avez serré la main très fortement. Je me doutais que vous étiez dans une de ces phases de déconnexion, appelons-les comme cela.

Pardon ? Mais je… je m’excuse, je ne voulais pas…

Ne vous inquiétez pas. Ce n’était pas douloureux, presque touchant je dirais. Lorsque je me suis levé vous sembliez être revenu à la normale, apparemment en tout cas. C’est à moi de m’excuser, je n’aurais pas dû vous laisser seul dans cet état. Si cela se reproduit, je resterai à vos cotés, le temps nécessaire.

Oui… merci… »

Le contre-amiral se serait caché sous le fauteuil, s’il l’avait pu sans se ridiculiser. Mais jusqu’où ces « déconnexions », comme on devait les appeler maintenant, allaient-elles le pousser ? Ne risquait-il pas de blesser quelqu’un, de la meurtrir elle dans une de ces crises ?

Le jeune femme posa son bloc sur l’un des accoudoirs, et, lentement, se pencha. Elle saisit la main droite du militaire, crispée contre son propre fauteuil. Doucement, elle dénoua les doigts, un à un, allant jusqu’à masser l’intérieur de la paume. Pourtant ses yeux ne quittaient pas ceux de son vis à vis, perçant ses barrières, pénétrant là où même les mentaux ne pouvaient aller.

« Angilbe, je suis ici pour vous aider. La dernière fois, nous avions parlé de vous accompagner dans les recoins de votre esprit, de partir ensemble à la recherche de ce qui vous tourmente tant. N’ayez pas peur de vous, n’ayez pas peur pour moi, vous n’êtes pas un homme méchant et cela, toutes nos séances l’ont amplement prouvé. »

Poféus était pétrifié. Le contact doux et chaud de ses mains, ses paroles apaisantes, hors de toute logique psychologique, cette bouche si sensuelle, cela… l’effrayait, le fascinait, l’attirait, le repoussait ! Jamais, il n’avait ressenti un tel sentiment, jamais. Sauf peut-être…

« Allez-y, Angilbe, vous êtes prêt.

Je… J’aimais tant Méhala. Je l’aimais, et une fois la surprise passée, peu m’importait qu’il fût un homme ou une femme ou quoique ce soit d’autre. C’était.. c’était fort, voilà.

Donc vous avez poursuivi votre relation, mais cette fois en assumant sa différence. Vous sentiez-vous différent vous aussi ?

Oui. Non. Je l’ignore. Peut-être l’avez-vous vécu, ou certainement qu’un de vos patient vous l’a déjà décrit. Je l’aimais pour elle, pour ce qu’elle était dans son esprit. Il n’y avait aucun désir spécialement homosexuel, juste une notion de partage, de plaisir, d’échange…

…de s’offrir…

… heu… oui c’est cela, de s’offrir. »

Petit silence entre eux. Qu’est-ce qui avait changé depuis la première séance ? Il parlait toujours de lui et de ses pensées profondes, juste avait-on repoussé les limites du superficiel.

Pourtant…

« Mais que s’est-il donc passé, ensuite ?

La sœur de Méhala, Icnal, une fille un peu plus jeune, une femme réelle, si j’ose dire, était amoureuse de moi en secret. Personne ne s’en était rendu compte, sauf peut-être Méhala, mais inutile de vous dire combien la relation entre les deux enfants de la famille n’étaient pas simple. Un jour, dans une crise de jalousie, elle décida de tout avouer au chef de la famille Poféus..

De tout avouer ?

Oui, la perversion de Méhala, mon choix pour une sexualité tordue, le..

Arrêtez, Angilbe. Ne présentez pas cela comme quelque chose d’anormal. Vous ne le saviez pas, et pour le choix de votre cœur vous avez été au-delà des a priori. Ce n’est pas tordre la réalité que de donner une preuve d’amour à celui que l’on aime.

… Merci Calande. Malheureusement, mon père, lui, homophobe convaincu, n’était pas de cet avis ouvert, voyez-vous. »

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COIN 2015 – Adapter une histoire à l’audio

Thu, 03 Dec 2015 19:57:00 GMT

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Le 31 Octobre 2015, à la Convention inoubliable de Lilles, s’est tenue une conférence sur « Adapter une histoire à l’audio » où on participé Silverson, Andropovitch, Adastria et le présentateur, notre Tristan.

http://reduniverse-coulisses.podcloud.fr/conference-adapter-une-histoire-a-laudio

Une trentaine de minute où l’on décortique le parcours de chacun et les reflections à avoir sur la transposition en œuvre sonore, que ce soit technique, pratique ou des questions de droits d’auteur.

Merci à Radiosphère et à Adastria pour cette mise à disposition, et aux participants, malgré un public restreint :)



RedU T1 Ch18 Ep6

Wed, 02 Dec 2015 08:00:00 GMT

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« Entrez. »

Le colonel Sterling-Price, commandant du transporteur n°5 survolait quelques rapports de routine sans grand intérêts lorsque l’on toqua à sa porte. Tous savaient qu’à bord de son vaisseau, il mettait un point d’honneur à répondre aux demandes de tout exodé. Du moins, celles à sa portée, et c’était le secrétaire dans l’antichambre qui faisait le tri. Globalement, tout s’était plutôt bien déroulé dans la Passe de Magellone, sinon quelques désagréables fantômes du passé ou du futur qui jouaient à effrayer les voyageurs. On venait de loin pourtant : les évènements inter-communautaires s’étant déroulés quelques mois auparavant, et ayant vu l’affrontement des bruns et des barbanes dans la cité intérieure, avaient été suivis d’un calme, et d’une retenue de tous, exemplaires. Un vrai modèle de paix sans doute pas étranger à la résolution de ce que l’on avait appelé « la révolution au chewing-gum » où plusieurs milliers de manifestants, particulièrement agressifs, s’étaient vus englués dans la mousse rose prévue contre les incendies. On avait mis plusieurs heures à les sortir, les uns après les autres, et les chefs de communautés en avait profité pour reprendre le contrôle de la situation et ramener tout le monde sagement à la maison.

Un dossier de plusieurs pages glissa brutalement sur son bureau, le tirant de sa rêverie. C’était la preuve d’un certain manque de tact ou de discipline, mais Price ne broncha pas : le nouveau venu n’était pas apprécié pour sa rigueur militaire mais pour son professionnalisme dans un domaine très particulier.

« Monsieur Edmund Tristo, rappelez-moi de vous initier un de ces jours à la notion de protocole. Asseyez-vous je vous prie. Alors, est-ce le rapport au complet ? »

Face à lui, un jeune homme boutonneux, à peine sorti de l’adolescence, prenait place dans l’épais fauteuil de cuir. Il était maigre, mal habillé de vêtements trop larges, le teint pâle tirant vers le grisâtre. Une chevelure noire, épaisse et grasse, recouvrait en partie des yeux aux pupilles étrangement élargies, entourés de larges cernes bleu nuit. Tristo était un expert incontesté en informatique, une de ces perles rares trouvées par Weston, au cœur de la population du transporteur n°5. L’ancien second du colonel était mort prématurément lors de son enquête sur une série de meurtres sauvages, celle-là même ayant déclenché les conflits inter-communautaires. C’était en mettant à jour la machine infernale responsable de tout cela qu’il y avait laissé la vie. Mais l’homme, organisé qu’il était, avait jalonné l’avenir de nombreuses pierres blanches, des idées dont il avait déjà apporté, au moins, une esquisse de solution. Et Edmund Tristo était de celles-là.

« Pas encore, M’sieur, mais c’une version préliminaire. Tout est posé et comme vous voulez que j’vous rende çà au plus vite, je m’suis dis que çà valait le coup de passer vous l’apporter.

Très bien, très bien… À vue de nez, le rapport ne contient guère plus d’une dizaine de feuilles. Est-ce à dire que tout va pour le mieux et que nous pouvons nous fier au système informatique de la flotte ? »

Car telle était l’une des ultimes suggestions de feu son second : faire une évaluation de la fiabilité du réseau interne à l’Exode, celui permettant toutes les transmissions. D’ExOne média aux censeurs multiples, des communications cryptées aux services vitaux, quelle était la confiance que l’on pouvait avoir dans ces systèmes complexes ?

« Monsieur, c’est une usine à gaz. Les protocoles sont multipliés, les systèmes fonctionnent sous des langages différents, certaines connexions sont inutilement sextuplés, et d’autres en mauvais état et uniques !

Je vois…

Non, vous ne voyez pas ! Tout la sécurité est inexistante, elle est même impossible à assurer efficacement ; j’ai réussi à accéder aux censeurs internes du Compresseur dimensionnel en me connectant à une simple prise de télévision !

…une prise de télévision ?

Oui M’sieur. J’ai même croisé des hackers qui furetaient en même temps qu’moi dans les bases de données de la milice. Ils ont pu effacer des noms, j’en suis certain. J’leur ai collé un p’tit virus alpha de ma fabrication. Ça devrait les calmer pour un moment, mais quand même quoi ?! Le… on vit sur un rafiot percé de partout, m’sieur, et on s’en rend pas compte ! »

Sterling-Price s’enfonça dans son fauteuil, croisant les doigts sur son abdomen un peu proéminent. Weston avait donc raison, probablement plus qu’il ne l’imaginait lui-même.

« Est-ce seulement valable pour le notre ? Ou ce problème est-il commun à tous les transporteurs ?

Je sais pas. Mais même si les autr’ vaisseaux ont prit en main certains problèmes, y’a des failles matériels qui ne peuvent être comblés sans ré-écrire les systèmes de communication inter-Exode. Donc tant qu’on peut parler à un transporteur par le système actuel, c’est qu’lui aussi, c’est un morceau de Grumental. »

On ne pouvait être plus clair. Price esquissa un début de sourire devant l’analogie à ce fromage réputé pour son odeur et ses multiples trous. Les informaticiens plaçaient des images là où il n’y avait que du code indigeste, une trace immuable de leur humanité en fin de compte.

« Parfait, Monsieur Tristo. Offrez une annexe à ce pré-rapport, et je le présenterais au Conseil des commandants qui se tiendra après notre sortie de la Passe. Si on ne peut pas remplir un océan d’un coup, alors dirigeons déjà les premiers fleuves. Chaque rivière, ensuite, aura son moment. Ne faites pas cette tête, il faudra juste vous organiser, je compte sur vous. »

Comme l’autre restait impassible, le colonel n’insista pas, comprenant que son interlocuteur n’avait pas saisit l’allusion. C’était un peu frustrant de sentir combien la différence d’âge et surtout de domaine pouvait gêner la communication.

« Remplissons le Grumental, Edmund, en commençant par les gros trous. Votre boulot est… génial ! »

L’autre se leva, souriant. Le message était passé cette fois. Pour le coup, l’expression du jeune homme démentait bien son nom de famille.

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narration: Coupie

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Tristan: Edmund tristo

Raoulito : Colonel Sterling Price

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RedU T1 Ch18 Ep5

Wed, 25 Nov 2015 07:00:00 GMT

Profitez des Grands concours Red Universe à l’occasion de la sortie du

« Temps des cerises » en édition numérique ! Fan-Arts et Quizz, tout est sur
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« Je l’ignore. Son attitude me semble… je déteste ce mot, mais c’est justifié ici : suspect. Broto est suspect.

Je veux bien te croire, mais se balader partout, ou s’intéresser à la structure du vaisseau n’est pas anormal. Cela fait trois semaines que nous naviguons, à chacun sa manière de passer le temps. »

Les deux femmes étaient enlacées dans le lit, profitant de ces moments d’entre-deux le soir, alors que le désir était repu mais les songes encore loin. La couverture repoussée à la moitié de la couche, elles profitaient toutes deux d’un moment de calme en cette fin de journée pour se laisser aller à partager leurs pensées profondes. Et depuis quelques temps déjà, pour la princesse Azala, le marchant Broto et son fils adoptif Ismène ne menaient pas l’existence de passagers ordinaires.

Aurora laissa l’extrémité de ses doigts glisser doucement sur la peau de sa compagne. Elle connaissait les vertus de ce geste sur elle, et les premiers effets ne tardèrent pas : le souffle d’Azala se fit plus profond, ses mains se firent plus pressantes tandis qu’elle accentuait la cambrure de son corps. Bien que politicienne expérimentée, l’ancienne princesse n’en demeurait pas moins une jeune femme, avec toute son énergie vitale prête à exploser. Tendrement, Benkana lui prit les lèvres tandis qu’une main savante s’aventurait vers le pubis de sa partenaire.

Bien plus tard, alors que la nuit était avancée, Azala veillait, les yeux grands ouverts, observant le plafond métallique lisse où se reflétait parfois quelques lumières extérieures de la Passe de Magellone. À ses cotés, Aurora dormait, du sommeil détendu d’un commandant bientôt arrivé en fin d’une dure traversée.

« Nous arriverons dici quelques heures. Prenons un peu de repos et je te promet que lon soccupera plus sérieusement de ce monsieur Broto une fois sortis de la Passe, daccord ? Aller, dormons, je tombe de sommeil… »

Lui avait-elle chuchoté avant de sombrer dans le monde des rêves. La princesse n’était malheureusement pas convaincue. Son intuition lui hurlait que toute cette histoire sentait le souffre. Le marchant Broto et son fils, avec lequel il semblait d’ailleurs entretenir une relation plus que trouble, traversaient le transporteur de fond en comble depuis plus de deux semaines. Rapidement elle avait demandé à Melba de suivre le vieil homme et de lui rapporter ses moindres faits et gestes. Et ils étaient nombreux, le duo ne tenant pas en place et demeurant inséparable. Ils s’était intéressés au Compresseur dimensionnel, au schéma électrique de plusieurs étages, avait passé quelques soirées à boire avec des soldats en permission et ils avaient même participé à deux visites hebdomadaires du centre de commandement du vaisseau. Melba, elle-même, reconnaissait l’existence d’un but caché derrière tout cela.

« Princesse, du temps de votre pè… disons avant, dans le doute on les aurait enfermé.

Merci Mel, au moins je ne suis pas folle. Mais que pourrait-on faire pour les amener à se trahir ?

Il suffit peut-être d’attendre. Maintenons la surveillance sans attirer l’attention, et nous verrons bien.

Ils sont très prudents, ce n’est pas certain que cela suffise. Une autre suggestion ? »

Une journée, alors que père et fils se « promenaient » le long des pistes du mini spatioport à la base du transporteur, les deux femmes avaient procédé à une inspection en règle de la cabine des deux curieux. En totale illégalité, bien évidement, mais la princesse voulait étayer ses soupçons. Elles avaient fait choux-blanc. Aucun matériel suspect, aucune note ou base de donnée particulière sur le vaisseau. Rien que le lieu d’habitation standard d’un vieil homme et de son fils adoptif. Quelques vêtements, une petite pharmacie d’urgence, quelques outils de bricolage simples et… deux lits, même si le plus petit était plutôt une carpette roulée sur le sol. Aucune allusion pédophile, oui Azala aurait aimé trouver au moins cela pour déclencher une enquête, mais non. Rien de rien.

Elle se tourna, lovant son corps contre le dos de sa compagne. Le nez enfoui dans sa chevelure, elle respirait l’odeur de musc dégagé par la tignasse rarement dénouée d’Aurora. La princesse était une des seules à connaitre cet aspect de la réputée et redoutée héroïne de la révolution Castiks, et quoiqu’en pensent les mauvaises langues, un véritable amour liait les deux femmes. Cela remontait immédiatement après la révolution, alors que l’on voulait surveiller de prêt la seule prétendante légitime au trône vacant de l’ancienne royauté. Le respect, né entre la geôlière et la prisonnière, s’était mué en reconnaissance, puis en amour. Devant la situation, il avait été décidé de les éloigner et ce fût leur premier vrai déchirement.

Que de chemin traversé depuis.

La princesse enfonça, plus profondément, son visage dans la crinière offerte. Cela l’aidait d’habitude à trouver le sommeil. Mais non, pas cette fois. Elle n’arrêtait pas de se demander ce que Broto et son fils manigançaient en ce moment même, et son intuition lui hurlait que ce n’était rien de bon.

La nuit allait être longue…

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Elioza: azala

Kanon: Benkana

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Grand concours Red Universe ( Noël 2015 )

Sun, 22 Nov 2015 21:26:00 GMT

À l’occasion de la parution du chapitre Spécial n°1 « Le temps des cerises » pour Noël 2015 RED UNIVERSE LANCE DEUX GRANDS CONCOURS POUR TOUS LES AUDITEURS !

Plus d’informations ici, sur la page spéciale des concours !
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Attentats de Paris, Red Universe marque le deuil.

Tue, 17 Nov 2015 15:59:00 GMT

En solidarité avec les victimes des attentats sauvages perpétrés à Paris ce Vendredi 13 Novembre 2015 au soir, il n’y aura pas d’épisode diffusé cette semaine.

La haine et le fanatisme que ces jeunes ont montré face à leurs compatriotes, sur des lieux et à des moments d’une si banale réjouissance, en disent long sur ce que prônent leurs commanditaires.

Personne de l’équipe de Red Universe n’a été blessé (voire pire) dans cet attentat, malgré le fait que certains habitaient et se trouvaient tout près lors des évènements. Nous nous associons tous à la souffrance des blessés et des familles des victimes dans ce moment dramatique.

Il n’y a pas grand-chose à ajouter, concluons donc sur une vignette commise par Philippe Geluck et son héros : le Chat. Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite de Red Universe… #reduniverse #prayforparis



RedU T1 Ch18 Ep4

Wed, 11 Nov 2015 08:00:00 GMT

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« Igor. »

Sur l’astéroïde aménagé en base pirate, l’espace était un luxe. Certes, tout y était plus vaste, comparé aux coursives des vaisseaux d’attaque, mais le labyrinthe de caissons pressurisés n’était pas comparable à ce que l’on pourrait trouver sur une colonie, voire sur la fameuse MaterOne, origine de l’Humanité et du pouvoir royal. Fort de sa filiation prestigieuse, Igor avait réussi à aménager une sorte de débarras de quelques mètres carrés en bibliothèque personnelle. Il y accumulait, depuis des années, toute sorte de livres et de lecteurs digitaux… N’importe quoi qui pu contenir du texte ou des informations sur l’univers : du roman à l’encyclopédie numérique, du magazine au recueil de poèmes. Des étagères improvisées débordaient d’ouvrages, le sol lui-même était couvert de piles à lire ou à ranger. Certains de ces ouvrages présentaient des couvertures ou des pages noircies et plusieurs cartes magnétiques étaient inexploitables car en partie fondue. Qu’importait à leur nouveau propriétaire : un jour, peut-être, il arriverait à en tirer quelque information, quelque vers…

Assis sur un tabouret et les pieds posés sur une petite pile, bilan du dernier butin, le pirate feuilletait passionnément un petit livre rouge, au titre écrit dans langue inconnue du nouvel arrivant.

« Ah, Misha, tu tombes bien. Connais-tu ce petit ouvrage ? C’est un recueil de réflexions d’un souriant dissident, sur ce que devrait être une société plus juste et égalitaire.

  • Ah ? Et ça donne de la liberté ? Ce serait bien nouveau…
  • Je n’en suis pas certain. Des règles, des droits et des devoirs, en effet. Mais déjà, ces droits, Misha ! Le droit de choisir son représentant, une transparence sur les décisions, une sorte de conseil suprême élu qui chapeauterait tout, un…
  • Igor, nous parlerons de cela plus tard : je ne suis pas venu rêver avec toi. »

Le géant se choisit une pile de livres vaguement stable et s’assit dessus, entrainant d’inquiétants craquements dans les cuirs. Son frère cachait mal une moue désapprobatrice, mais le pirate s’en moquait.

« Igor, ce marin qui voulait te tirer dans le dos, comment as-tu pu le rater ? Ce petit jeune était inexpérimenté et j’ai du mal à croire qu’il ait pu te berner, même dans le feu de l’action.

  • Cela peut arriver, tu le sais bien. »

Misha soupira, fixant la pointe de ses chaussures. Puis son regard glissa sur la collection accumulée dans le débarras. Le pirate géant n’était pas à son aise dans les discussions : pour n’importe quel sous-fifre la question aurait été réglée en quelques coups bien placés, mais il se refusait à en arriver là avec son jeune demi-frère.

« Est ce qu’on parle de la vie des pirates, dans tout çà ?

  • Quelques romans l’ont idéalisé, à la limite de la parodie, mais le plus souvent il s’agit… on dira du mauvais coté et de la peur qu’on inspire aux autres.
  • Et tu trouves cela mal, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas que c’que nous faisons représente la justice, pas vrai ?
  • Justice ? Que nous ont donc fait ces marchants, ces plaisanciers ? Nous pourchassons et sommes pourchassés. Nous pillions, violons et brulons parce que nous ne voulons pas intégrer la société humaine.
  • Nous sommes libres ! Et on nous rejette donc, voilà la vérité. Nos ancêtres étaient nordistes, des hommes rudes aux règles de société stricte. Ils ont rejeté la loi des hommes en s’élançant dans le vide de l’espace, et ont vécu mille tourments pour survivre. À coté de cela, ces riches et gras marchants passaient sous leur nez, débordant d’une richesse dont ils refusaient de partager la moindre piécette.

Que voulais-tu qu’ils fassent ? Je suis fier d’être redouté par-delà l’espace et de faire partie des pirates, Igor ! Nous sommes du même sang, tu devrais ressentir cela dans tes tripes aussi, comme Esfir. Ce ne sont pas tes livres qui t’auraient sauvé du marin d’hier !

  • Non… Ils m’expliquent son geste, mais ne m’auraient pas sauvé. C’est vrai. »

Misha se leva brusquement, dominant son demi-frère. Contre toute attente, il lui tendit la main, un sourire se dessinant sous sa moustache.

« Alors viens, brulons toute cette bouquinerie ensemble ! Avec moi, tu prendras la place qui te revient dans la communauté des pirate. TA communauté. »

L’autre regarda la main tendu… et l’accepta. Il se releva, se retrouvant face au géant, mais il ne lui arrivait même pas au sternum.

« Misha, merci encore pour ton aide là-bas. Mais je n’abandonnerais pas mes livres. Ce marin, je l’avais laissé vivre. Sans doute aurais-je dû… le neutraliser d’une manière ou d’une autre. Mais je n’ai pas pu, voilà.

  • J’en étais persuadé ! Tu n’as pas encore la trempe d’un pirate, et ces livres te bourrent le crâne de choses dangereuses. Regarde Esfir, elle a le feu sous la peau. Elle sait entrainer les hommes et semer la terreur chez nos proies…
  • … Et tu ne devrais pas oublier qu’elle est notre sœur. Elle n’est pas pour toi.
  • Quoi ?!… Tu… Je sais que je lui plais. Ne te mêle pas de çà.

  • Mes livres ou Esfir. Chacun ses faiblesses, Misha, n’est-ce pas ? Je ne serais peut-être jamais un grand combattant, mais je suis certain que tu confonds l’amour fraternel et l’amour tout court !

Esfir n’est pas pour toi. »

La tête du géant était cramoisie de gène et de colère rentrée. Sans répondre, il sortit du débarras en claquant la porte.

« Colonel J.F.Hill ? »

La caméra était braquée sur lui, épiant ses moindres faits et gestes.

« Tout va bien, Madame Hacham, rien que de très commun. »

Le commandant du transporteur se saisit du rapport tendu par un des officiers du pont. Tout était en ordre et les paramètres étaient optimum. Sur les écrans du centre de commandement, des diagrammes et des schémas modélisaient la sortie de la Passe de Magellone, et les opérateurs redoublaient d’activité. On allait arriver à destination, d’ici peu.

« Colonel, pouvez-vous expliquer rapidement, à nos spectateurs candides en matière de transport spatial, les grandes lignes de fonctionnement d’un poste de commandement comme celui-ci ? »

Sous le projecteur de la caméra d’Ex-One média, J.F.Hill s’assit simplement dans son fauteuil et croisa les doigts, cherchant par où commencer…

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Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Anna

Rôles:

Anna: Foudia Hacham

Misha: Zylann

J.F.Hill: Raoulito

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RedU T1 Ch18 Ep3

Wed, 04 Nov 2015 08:00:00 GMT

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La plupart des voyageurs de l’espace craignent, à juste titre, les pirates. On les sait affamés de richesses et prêts à tout pour les obtenir, ne reculant devant aucune action d’éclat ni aucune bassesse. Certains, plus lucides, savent également leur reconnaitre une rare témérité, une absence de peur qui fait d’eux des êtres d’exception.

Et encore sont-ils loin de la vérité…

Igor se tenait droit, serré dans sa tenue isolante contre les chocs thermiques, devant l’ouverture béante, à l’arrière de leur vaisseau. Il se trouvait à la quasi verticale de trois appareils cargos traversant la haute atmosphère de leur planète d’origine. Derrière la verrière de son casque, pas de toute première jeunesse, il pouvait distinguer la longue trace cristalline que la condensation laissait derrière les réacteurs au lithium à pleine poussée. C’était le point à éviter à tout prix, sous peine de se retrouver instantanément carbonisé. Au pire, si on ratait sa destination, on pouvait toujours venir se faire récupérer par la navette de secours qui sillonnait la zone, sous réserve que l’attaque se soit bien passée et que le suspenseur accroché dans leur dos, ou la combinaison, ne lâche pas.


Le convoi venait de décoller depuis une grosse poignée de minutes, et c’est lors des sorties d’atmosphères que les communications d’un engin sont les plus perturbées, voire inexistantes. Cela ne dure pas longtemps, mais c’est suffisant pour des pirates. L’autre avantage du lieu était que la présence d’atmosphère, même ténue, évitait les effets de dépressurisation forte, facilitant la progression en intérieur.

« Igor, on vise le troisième, j’y serais avant toi, petit frère !

Misha, ne fais pas comme si je n’allais pas vous griller tous les deux sur le poteau, comme toujours ! À tout à l’heure les peureux ! »

Répondit perfidement Esfir, dans la radio. Et sans préavis, la jeune femme s’élança et se jeta dans le vide, déclenchant l’attaque. Misha se précipita, suivi de tous les autres. Déglutissant, Igor plongea à son tour.

À cette altitude, si le frottement de l’air est négligeable, pour de petites surfaces comme celle d’un humain, la gravité céleste, elle, ne l’est pas. La chute est rapide, directe, sévère : seuls les petits compresseurs à air des suspenseur donnent un simulacre de contrôle à la chute. Tout le groupe, composé d’une trentaine de boucaniers, fondait sur le dernier cargo, il était la proie. Concentré sur sa descente, Igor nota pourtant les premiers petits flashes blancs, regroupés vers l’arrière de la zone d’atterrissage, si ce mot avait un sens pour une chute à cette vitesse. L’antimatière est une substance strictement interdite dans tout l’univers connu et, de tous temps, les rois de MaterOne en avait régulé la production et la dissémination. À trop forte dose, quelques grammes, elle pouvait fendre une planète en deux sous l’apparition d’une singularité dévorant tout. Pourtant, elle était couramment utilisée dans les cas précis d’actes de piraterie.

Choc…

Rebond…

Choc à nouveau. Les puissant électroaimants tinrent bon. Igor se trouvait un peu à l’écart, mais il était à destination et en un seul morceau, c’était le principal. Il sorti immédiatement laraignée, le surnom des ogives particulières aux pirates. Une fois posée, elle dépliait ses pattes et s’éloignait à distance respectable des porteurs de balise de reconnaissance. Puis, elle mettait en contact son millionième de gramme d’anti-matière avec la coque du vaisseau. D’où les flashes blancs que l’on apercevait de loin. Pénétrant la coque au travers de la paroi parfaitement découpée, Igor s’efforça de ne pas se souvenir des histoires de mauvaise dosage d’anti-matière dans les araignées, et de leur résultat apocalyptique. Épée dans une main, arme automatique dans l’autre, il courait dans les couloirs, faisant exploser les sas, prêt à abattre toute personne sur son chemin. Enfin presque, disons qu’Igor était sélectif, et ne répondait qu’aux attaques. Un son discontinu, en stéréo dans le casque, le guidait vers les autres balises, donc vers ses camarades. Évidement, l’objectif, une fois entré, était de se regrouper et d’attaquer la salle des machines. Les deux en même temps, parfois cela relevait du ch…

Il percuta un jeune matelot sortant d’une coursive qu’il n’avait pas vu. Tous deux tombèrent à la renverse, Igor en lâcha son automatique. Même s’il n’était pas le meilleur des bretteurs, il n’en demeurait pas moins entraîné au combat : roulant sur lui-même pour amortir sa chute, il se remit sur pied alors que l’autre se précipitait vers l’arme au sol. N’hésitant pas une seconde, il lui lança l’épée dans les jambes, se jetant à son tour sur l’automatique. Le temps que l’autre se relève, Igor était debout devant lui, le tenant en joue.

Le matelot leva les mains, se rendant. Inutile de chercher bien loin à déchiffrer son expression, celui-ci se pensait déjà mort. Igor n’avait qu’à appuyer, c’était si simple. Le jeune homme devant lui avait, au plus, vingt-deux ou vingt-trois ans. Si peu de différence avec son propre âge.

L’écho d’une explosion leur arriva aux oreilles, les combats faisaient toujours rage et la direction des bip-bip était évidente. D’ailleurs ils se rapprochaient, mieux valait se dépêcher. Tout en tenant en respect son vis à vis, Igor lui intima l’ordre de reculer. Il récupéra alors son épée sur le sol et abandonna le matelot tremblant, reprenant sa course dans le couloir principal.

Un peu plus loin, devant un important sas fermé, Igor saisit une de ses dernières araignée, et allait l’activer lorsqu’une rafale de mitrailleuse décrivit un cercle juste au-dessus de lui. Se jetant à terre, il se prépara à riposter… mais c’était inutile.

Le jeune matelot qu’il venait d’épargner se tenait devant lui, hoquetant, du sang coulant de sa bouche… Les yeux écarquillés, il serrait encore son arme fumante, mais ne touchait plus le sol, tenu en l’air par la pointe de la hache de Misha. Tandis que le garçon expirait, le demi-frère d’Igor ne cacha pas sa désapprobation :

« IGOR ! Quand est-ce que tu vas apprendre à surveiller tes arrières ? Ce gamin allait te dégommer comme un lièvre-tourterelle et tu y serais resté sans même comprendre ce qui t’arrivait ! »

Un dernier sursaut, et la tête du jeune ne bougea plus, les yeux encore grands ouverts.

« Un peu comme lui, quoi… Tsss… Bon allez, viens et reste prêt de moi. Y’a des mécanos qui refusent d’y rester gentiment, on a besoin de nous par là. »

Secouant son arme, il laissait le corps glisser sur le sol et indiqua une coursive secondaire. Igor le rejoignit, attardant son regard sur le jeune homme mort.

« Tu veux sa photo ? Viens plutôt voir Esfir. Elle est en pleine forme aujourd’hui et ferraille comme une diablesse, plus belle que jamais.

Misha… Merci.

C’est rien. Mais par l’enfer, fait attention, d’accord ? »

Et ils s’élancèrent vers les bruits de la bataille.

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Relecture: Arthur R, Icarion

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Esfir: Kanon

Misha: Zylann

J.F.Hill: Raoulito

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RedU T1 Ch18 Ep2

Wed, 28 Oct 2015 08:00:00 GMT

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Le colonel marchait d’un pas lent dans les coursives menant au centre de commandement. Il avait beau faire le fier, l’appréhension lui tiraillait l’estomac. Ôh oui, il connaissait bien la zone proche de la Passe vers laquelle l’Exode se dirigeait, et pour cause…

… C’était dans une autre vie avant la révolution, avant John Fidgerald Hill lui-même, un nom composé de plusieurs penseurs célèbres. C’était un temps où on ne le nommait — à la pirate — que par son prénom et une caractéristique propre : Igor le penseur, demi-frère du puissant Misha et dEsfir la sans-peur, rejetons d’un grand et puissant chef pirate. Ils n’étaient que trois enfants, ce qui était peu, comparé aux sept femmes de leur géniteur. Chez les pirates, les règles communes à la civilisation étaient non avenues et, bien évidement, le libertinage phallique régnait en maitre. Pourtant les femmes combattaient sur un pied d’égalité, sans doute par nécessité de survie pour leur famille, et elles n’étaient pas moins redoutables que les hommes. Sa grande sœur Esfir, par exemple, était une grande bretteuse devant l’Éternel. Les leçons d’escrime qu’elle lui prodiguait dans la base, lors des périodes de repos, le mettaient toujours à genoux.

« Igor, ta garde ! Relève ta garde ! Voilà, comme çà… Plus haut, et je t’ai déjà dit qu’il fallait bouger plus, c’est la mobilité qui fait l’escrimeur, sinon tu n’es qu’une cible !

Je… j’essaye. Même sans ton agilité, je devrais… pouvoir y arriver !

L’agilité viendra avec la pratique. Tu te souviens de la dernière escarmouche ? Avec ce garde royal, tu avais failli y passer. Il faut t’améliorer : les livres, ce n’est pas tout dans la vie d’un pirate ! »

Igor essayait de penser à ses pas, tout en contrant les attaques de sa vis à vis, se permettant même une feinte. Mais la jeune femme maîtrisait l’épée avec la grâce et l’agilité de ceux rompus aux combats, rien ne pouvait vraiment la surprendre et son frère faisait face à un mur d’acier. Elle n’avait que quatre petites années de plus que lui, collectionnait les amants et multipliait les batailles prestigieuses, aux cotés de leur père et de Misha. Une belle mèche blonde lui zébrait sa chevelure courte, et un fin collier d’or, qu’elle portait toujours autour du cou, lui servait de bijouterie : il datait de son premier pillage, un souvenir de ses débuts dans la piraterie, en quelque sorte. Malgré sa petite trentaine d’année, son nom et sa mèche n’étaient déjà plus inconnus dans les milieux pirates, et même chez leur proies.

Sur une ultime pirouette, elle désarçonna son frère. Le fleuret d’Igor s’envola, rebondit et glissa sur la poussière du sol jusqu’à l’entrée de la salle d’entrainement et du nouvel arrivant : Misha. Le géant était, avant tout, une masse physique, un être tout en muscle à la longue moustache rousse et à la voix tonnante. Il s’amusa sincèrement de la maladresse de son frère, en ramassant l’arme.

« Igor, tu devrais retourner à tes livres ou utiliser quelque chose de vraiment conçu pour les hommes ! »

Dit-il en tapotant le manche de sa redoutable hache, pendue contre son dos. C’était l’ainé de la famille, l’officier en second de leur père quand ils prenaient l’espace à bord du navire et bientôt le commandant de son propre vaisseau. Si Esfir commençait à être connue, la queue de cheval rousse de Misha était déjà redoutée de tous : il se montrait sans pitié avec les équipages capturés et sans aucune compassion avec les faibles ou ceux qui manquaient de courage sous ses ordres. Pourtant, malgré cette aura de violence, l’ainé aimait sincèrement sa famille, bon enfant et protecteur : malheur à celui qui leur chercherait des noises. Igor le lui rendait bien, préférant souvent être à ses cotés lors des batailles, son frère lui assurant une protection presque parfaite.

Car il était vrai que les livres passionnaient plus le jeune homme que les armes. Certes, il se savait pirate et destiné à vivre au milieu de la fureur des abordages et des pillages, mais il ne manquait pas une occasion pour se plonger dans la culture, les romances, les cartes spatiales, tout ce qui pouvait le faire voyager dans le temps et l’espace bien plus loin que ni lui ni son père n’avaient jamais été. Sa prédilection pour les poètes anciens était la seule compétence qu’on lui reconnaissait, en plus de la parenté de sa glorieuse famille, mais c’était un fait paternel, pas une compétence. Alors il s’entrainait, voulait participer aux batailles, aussi rudes soit-elles, cherchant, en faisant montre d’un courage sans faille et d’une analyse toujours plus fine, à combler ses lacunes de combattant. Malheureusement, cela semblait plus émouvoir les autres que réellement les impressionner.

Misha s’approcha et lui rendit son arme. Sur une bonne claque dans le dos qui fit tousser le jeune homme, il ajouta :

« Si tu veux un conseil, Igor, lit les cartes et continue à apprendre. On a des guerriers, mais des stratèges, ça c’est plus rare. »

Et sans préambule, il enlaça sa sœur par la taille, lui embrassant le cou.

« Évidement, je ne parlais pas pour nous, n’est-ce pas, Achtouka ?

Mais je n’en avais jamais douté, mon cher frère. Aller, enlève tes mains de moi avant que je ne te les coupe. Ce serait dommage pour toutes ces filles de bar que tu trousses dans tes soirées de beuveries, non?

Ha, ha, ha ! Achtouka, ce ne sont pas mes mains qu’elles cherchent, ha ha ha ! Y a que toi qu’est insensible. »

Demanda-t-il en la lâchant. Igor avait déjà remarqué ce manège que les deux se livraient, pardon, que Misha livrait à leur sœur. Certes, ils n’étaient que demi-parents, mais tout de même. Le pirate géant en faisait un peu trop, comme s’il tentait une cour maladroite. Pourtant, comme le signalait Esfir, ce n’étaient pas les conquêtes qui lui manquaient. Sa virilité et son endurance étaient elles aussi légendaires, et les femmes accouraient dès qu’il se présentait quelque part. Comble de la honte, il en avait prêté une à Igor, pour son dépucelage lors d’une soirée en retour de campagne. Les livres n’attisent pas les fantasmes féminins, semblait-il.

« Parce que j’aurais l’impression de toucher père, espèce de grand nigaud ! »

L’autre parti dans un dernier grand rire et se dirigea vers la sortie. Juste avant de franchir la porte il ajouta.

« Et n’oubliez pas de régler vos réveils. Demain, nous partirons tôt. Un convoi transportant les richesses d’un vieux marchand passera à portée. Bonne nuit, Igor, bonne nuit, Achtouka. »

Achtouka, un diminutif de guerre inventé par le géant pour leur demi-sœur. Une divinité païenne oubliée…

Esfir resta à l’observer alors qu’il disparaissait dans l’ombre des coursives, le regard indéchiffrable.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Tristan

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Esfir: Kanon

Misha: Zylann

J.F.Hill: Raoulito

Compo: Ian, cleptoporte

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch18 Ep1

Wed, 14 Oct 2015 07:00:00 GMT

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« Bonsoir. Suite aux dramatiques évènements arrivés lors de la sortie de la Passe de Magellone, la rédaction et moi-même avons décidé de retarder la diffusion de ce documentaire. Alors que le second convoi nous a maintenant rejoint, il nous a semblé judicieux den terminer le montage et de vous le proposer. Les rushes ayant, par miracle, pu être conservés par nos équipes, voici donc, dans une bien malheureuse exclusivité, ce qui est devenu lultime message de liberté et despoir de -feu- le Colonel John Fidgerald Hill. »

-Générique-

« Bonjour à tous et bienvenue sur Ex-One Média, votre chaîne d’information. Je suis Foudia Hacham et nous sommes sur le transporteur n °6 pour un documentaire spécial sur la sortie prochaine de la Passe de Magellone. Pour cet évènement très particulier, nous avons eu l’immense honneur d’être autorisés à suivre, minute par minute, le Colonel J.F.Hill, commandant de ce transporteur, lors de toutes les manœuvres d’arrivée.

Alors, Colonel, bonjour. Nous sommes ici dans vos quartiers, et au nom d’Ex-One média et de notre public, nous vous remercions encore pour votre esprit d’ouverture et de transparence. Peut-être pouvons-nous commencer ce documentaire avec quelques mots de votre part sur la situation actuelle du transporteur, ainsi que… nous dirons votre sentiment sur ce voyage ?

Bonjour Foudia, c’est un plaisir que de battre en brèche ceux qui prétendent que sur le n°6, les libertés seraient en berne. Et je vous remercie de braquer votre projecteur là-dessus. Alors la situation actuelle ne présente aucun problème, aucune anomalie particulière, ce qui me permet de féliciter toutes les équipes qui assurent le fonctionnement de ce géant de l’espace qu’est le transporteur. Nous savons qu’il n’est plus de toute première jeunesse, alors passer trois semaines d’affilées à traverser Magellone en Transition représente un sacré challenge !

Oui, d’autant que nous avons affronté des perturbations très éprouvantes, comme les sautes temporelles. Tous les équipements ont bien tenu ?

Oh, vous savez, c’est une solide électronique embarquée, dans cette bonne vieille cathédrale de métal et de lithium. J’ai connu autrefois la Passe dans des conditions bien plus rude. Cette fois-ci, ce n’était qu’un voyage agrémenté, tout au plus.

Vous avez déjà traversé la Passe ? Mais c’est une information : nous l’ignorions ! De quelles conditions autrement plus difficiles s’agissait-il ?

Mmhmm… Disons que mon vaisseau était endommagé, ce qui a rendu la traversée particulièrement éprouvante. Mon arrivée sur Pinup, le petit nom de la station Piñata el Grande, fût assez rocambolesque.

Mais c’est passionnant cela ! Vous veniez de l’autre coté de la Passe ? Je pensais qu’il n’y avait que des marchants-contrebandier, quelques rares vaisseaux d’exploration et des pirates, là-bas ?

Ha, ha, ha ! Madame Hacham, un jour, je coucherais peut-être le récit de ma vie sur les pages d’un livre et je vous promet de vous en tenir informée, mais l’heure n’est pas encore venue, ha, ha, ha !

Merci à vous, Colonel. C’est vrai qu’avant d’être commandant de l’Exode, vous avez été politicien dans le premier gouvernement Castiks — dit de transition. Auparavant, vous étiez un chef rebelle, vainqueur de la bataille controversée des monts Atos contre le Colonel Sterling-Price, lui-même actuel commandant du transporteur n °5. Cela se passe bien entre vous deux ?

Hélas non. Il a gagné toutes nos parties d’échec de ces dernières semaines. J’envisage d’arrêter de jouer avec lui, il est bien trop fort. Pourtant, c’est véritablement un homme cultivé, droit et foncièrement bon que j’apprécie, dommage qu’il soit un tel stratège, c’est frustrant.

Hé, hé ! On peut donc conclure que vous vous entendez bien. Mais nous avons eu beau chercher dans les données à disposition, nous ne trouvons pas de trace de vous avant les prémices de la révolution. Vous étiez alors, déjà, à la pointe de la contestation intellectuelle, et votre nom était associé à de grands auteurs célèbres de l’époque. Que faut-il en conclure, et pouvez-vous nous apporter des précisions sur cette période ?

Un jour, chère Foudia, un jour, je vous le promet. Mais je peux tout de même vous avouer un petit secret. Ma longue vie m’a appris trois choses importantes : d’abord, il faut toujours être prévoyant. On m’a, par exemple, installé à proximité un accès à certaines commandes directes du transporteur. Ce qui autorise, en cas d’urgence, des réactions très rapides.

Des rumeurs parlent en effet de votre canne qui aurait été améliorée, est-ce le cas ? Et qu’est ce que vous anticipez de si grave ?

Vous vous doutez bien que je ne commente pas les rumeurs, quand à la raison, c’est que justement, on ne sait jamais. La seconde leçon de vie, c’est… comment dire… peut-être qu’une citation d’un ancien poème serait plus claire ?

Toi qui aime, découvre la vie

Toi qui ressent, découvre ta raison d’être

Toi qui comprend, découvre lamour.

Je ne sais malheureusement plus d’où il provient, j’en suis sincèrement navré.

Mais je le connais ! Il a été écrit par un conseillé de Magnam I, peu après la création de la royauté, en l’an quatre-vingt trois si ma mémoire est bonne. Le roi l’utilisa dans un discours pour aider la population à croire en l’avenir et à procréer. Votre goût pour la littérature ancienne est également connu, voulez-vous dire par là que l’amour est votre seconde leçon de vie ?

Chère Foudia, vous me ravissez : j’en tiens enfin l’origine ! Oui, l’amour, mais l’amour comme moteur de l’espoir. Nous, humains, demandons de l’amour pour donner un sens à nos existences, et de l’espoir pour construire le futur. Et c’est cela ma troisième leçon de vie : ne JAMAIS désespérer. Et si nous n’avons plus d’espoir alors tenter au moins d’en transmettre à d’autre qui poursuivrons la destinée du groupe.

N’est-ce pas ce que nous reprochions à l’actuel gouvernement Castiks et qui a conduit au schisme de l’Exode ?

Parfaitement ! La voie choisie par les hautes instances n’était plus compatible avec cet idéal de vie. Antarès IV représente un nouvel espoir pour tous les exodés et, malgré de réels remords, nous sommes partis à l’aventure, préférant, redoutant parfois, la mort à la soumission et à l’extinction.

L’amour et l’espoir comme moteur de l’Exode. C’est une définition qui risque de faire date.

Elle le fait déjà, chère Foudia… Bien ! D’ici deux heures environ, nous sortirons de la Passe. Je vous propose de nous rendre au centre de commandement, où mes officiers m’attendent pour superviser les derniers préparatifs.

Peut-être un petit survol de ce qui nous attend à l’arrivé ?

Nous sortirons de Transition un peu plus loin que la Passe elle-même, un endroit assez sûr et hors de l’attraction de la faille dimensionnelle. Puis nous ferons une pause en y attendant quelques jours le second puis le dernier convoi. Il sera intéressant de profiter de ce temps pour cartographier autant que possible ce nouvel univers, et définir la meilleure route à suivre vers Antarès IV.

Un endroit sûr, la meilleure route à suivre… Votre expérience passée de ce coté-ci de la Passe vous inspire-t-elle de l’inquiétude ?

Tout l’univers est inquiétant, madame, tout l’univers… Je vous propose de rejoindre la passerelle, maintenant. Voulez-vous ?

Avec plaisir, Colonel, et dors et déjà merci pour cet entretien.

Une pause de nos annonceurs et nous revenons dans quelques instants. À tout de suite sur Ex-One Média.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: :-)

Rôles:

Foudia Hacham: Anna

J.F.Hill: Raoulito

Compo: Ian, cleptoporte

Montage: Raoulito


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Red Universe: Playlist Chapitre 17 « Circus »

Fri, 09 Oct 2015 22:48:00 GMT

NOUVEAU : désormais vous pourrez accéder aux musiques de Red universe (originales ou Jamendo) sur la toute nouvelle page des Thèmes et Musiques du site ! Tout y est: lecteur automatique jamendo, lien téléchargement des compositions, biographie des compositeurs (dans la partie écoute gratuite des compos originales).

Les compositions ont été mises à jour pour tenir compte des nouveaux thèmes ajoutés (Thème Empire de Ragnvald) , ainsi, nouveauté, que des génériques de Ian (chapitre 18-19 et Chapitre 1-2 revisités).

Le chapitre 17 est terminé, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant, entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores de « Vortex ».

Voici certains thèmes à remarquer pour leur utilisation dans ce chapitre :

  • Thème du cirque (n°2) : « Techproge » de Breathing Statue / alb: Late Awake (retirée de Jamendo)
  • Thème des révélations finales : « Last line » de Nersonangelo / alb: “Rising Ember”
  • Les thèmes originaux de Ralato & Stuffy, Fabio Ouli ou de Phil Goud


Tout cela est donc disponible dans la section Musiques & Thèmes :-)

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 18 « Sobrevivir » de RedUniverse

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RedU T1 Ch17 Ep16

Wed, 30 Sep 2015 06:00:00 GMT

RENTRÉE LITTÉRAIRE sur Red Universe ! Mise à jour de nos livres numériques avec les chapitres V et VI et la mini-série de l’été: « Dualité » !

Venez enrichir votre expérience de cette grande saga avec les textes réécrits pour l’occasion, des illustrations et des commentaires de l’auteur.

Disponibles sur toutes plateformes ou en achat direct.

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Fabio ouvrit les yeux. À ses cotés, Adénor commençait à bouger ainsi que quelques uns des commandos. Le monde tournait encore un peu mais ils recouvrait tous leurs esprits. Des diodes pulsaient doucement sur quelque console dispersées face à eux, et c’était la lumière d’urgence, d’un rouge vif, qui inondait l’espace arrière de la navette. Rouge vif, avec beaucoup d’ombres, d’un noir de jais.

On était donc revenu dans la dimension originelle. C’était un plaisir de rentrer chez soit.

« Tout le monde va bien ? »

Demanda une voix un peu chevrotante depuis le poste de pilotage. La tête de Carillo dépassait du fauteuil du co-pilote, embrassant le groupe des survivants. Phil eut un sursaut :

« Que.. Quoi ? Attention, l’entrée ! On va s’écraser ! »

Si les sangles ne l’avaient retenu, il se serait jeté sur les commandes à l’avant. Quelques soldats dissimulèrent mal leur amusement, même Fabio et Adénor sourirent. C’était moins la réaction du pauvre Phil que le fait qu’ils soient toujours en vie, qui entrainait cette réjouissance.

« Nous nous sommes… bel et bien écrasé, Lieutenant. En tout cas, la vitesse était bien trop grande lorsque l’on a pénétré dans le transporteur. Mais les systèmes de sécurités de la navette et surtout de la zone d’appontage se sont automatiquement activés. On est à… deux mètres du mur, elles ont du être mis à rude épreuve mais on s’en est sorti. Bienvenue sur le transporteur n°3, messieurs-dames. »

Un grésillement bien à propos l’interrompit. Le pilote décrocha : Arlington les attendait au centre de commandement.

« Heu.. si c’était possible, je voudrais rester quelques minutes avec Adénor, nous vous rejoindrons immédiatement après ? »

Devant la réaction des autres, pour ne pas dire la suspicion, il ajouta :

« S’il vous plait… Laissez un garde ou deux si vous voulez ? Je veux juste régler un petit quelque chose, ce ne sera pas long. Adénor acceptes-tu ? »

Comme l’autre acceptait d’un hochement de tête, Phil insista pour attendre également. Dans un soupir, le Capitaine Carillo prévint qu’ils auraient tous « quelques minutes de retard »…

Momumba Arlington survolait les premiers rapports. En gros, ils étaient bel et bien revenus dans leur dimension. Tous les équipements avaient tenu le choc et les avaries étaient minimes. Çà, c’était les bonnes nouvelles.

« Alors, quelqu’un peut-il me répondre ? Je veux savoir OÙ nous sommes ? »

On s’affairait, on comparait les cartes spatiales, on s’interrogeait. Les calculateurs analysaient la position des étoiles, des nébuleuses, des vents solaires, n’importe quoi qui pût apporter un renseignement. Car s’ils avaient été renvoyés dans la bonne dimension, il eut été trop simple que ce soit dans la Passe de Magellone, bien sûr.

« Et Carillo et les autres ? Je n’avais pas demandé à ce qu’on… »

Au même moment la porte principale s’ouvrit et le groupe pénétra dans la salle. Arlington prit sur lui de conserver son flegme légendaire. Cette bande de rebelles lui avait donné beaucoup de sueurs froides.

« Carillo, mettez leur les menottes. Ils sont en état d’arrestation, je vous rappelle.

Je… Oui, Mon Colonel. Gardes… »

Immédiatement les soldats sortirent les menottes qu’ils avaient préparé pour leur première rencontre autour du Positron, mais l’urgence d’alors avait changé les priorités.

Phil et Adénor se laissèrent faire, l’un résigné, l’autre n’appréciant visiblement pas.

« Ce n’est pas une manière d’accueillir ceux qui vous ont permis de revenir de là-bas, commandant ! »

Déclara la jeune femme sans ambages. Arlington en fût surpris, à la fois par le ton que… par la forme.

« Madame Kerichi, je suis ravi d’entendre à nouveau votre voix. On m’avait dit que vos blessures mettraient du temps à cicatriser ?

Monsieur Fabio, ici présent, y a pourvu.

Oui, il avait à se faire pardonner de quelques petites… choses. »

Compléta Phil, et tous se retournèrent vers le mental. Une scène assez cocasse se déroulait : le soldat venait de boucler, deux fois déjà, les menottes, mais celles-ci se détachaient d’elles-même et tombaient par terre. On lui prêta une nouvelle paire, mais, étrangement, elles firent de même. L’intéressé haussait les épaules et se laissait faire, cachant mal son amusement. Un second soldat vînt prêter main forte au premier et le comique de la scène dura encore quelques secondes. Arlington s’approcha du mental blond, il n’avait vraiment pas le cœur à rire :

« Arrêtez cela immédiatement.

Mais Colonel, nous ne sommes pas un danger et vous le savez bien. Je peux comprendre que vous soyez.. irrité.

C’est le moins qu’on puisse dire. Savez-vous tenir une parole monsieur… Fabio ? Et vous deux également ? »

Tous acquiescèrent.

« C’est sans doute une des seules choses que je ne crois pas avoir jamais trahis »

Ajouta Fabio, lançant une oeillade au couple à ses cotés. Ils ne semblaient pas complètement convaincu, mais ne répondirent pas.

« Alors c’est bon. Je veux qui vous restiez à notre disposition en permanence, avec deux gardes pas loin au cas où. Les rumeurs de votre retour n’ont fait qu’amplifier tous les échos religieux vous concernant, Et je n’aime pas cela. »

Il fit un signe aux gardes, qui détachèrent le couple. Devant Adénor, il ajouta :

« Je pense que vous me comprenez.

Tout à fait Colonel, Nous resterons sage, n’est-ce pas, mon petit chou ?

Hê ? Heu oui chérie, nous… ferons comme le dit le colonel… »

Adénor caressa la joue de son amant, puis se toucha la mâchoire, en vérifiant la solidité. Oui, elle se souviendra longtemps que faire confiance à qui que ce soit pouvait être aussi dangereux sur le transporteur qu’avant, sur MaterOne. Son regard croisa celui de Fabio… désormais le jeune homme, aussi, serait à suivre avec précaution.

Le mental décida qu’il était temps de changer de sujet.

Colonel Arlington, nous vous écoutons. Alors où sommes-nous ? Car à vue de nez, ce n’est pas le Passe de ce cher et regretté Capitaine Magellone, n’est ce pas ?

Non, en effet, nous cherchons toujours. Lorsque le vortex nous a emporté, nous avions plutôt les yeux rivés sur votre arrivée in-extrémis. Pensez-vous… pouvoir nous fournir quelque indice ?

Si je peux me rendre utile, ce sera avec plaisir. Laissez-moi réfléchir ».

Fabio se concentra, et cette fois ils apparurent, comme avant. Ses « petits amis » : les Titans. Nous étions sortis de la Passe, et ils avaient délivré leur message. Désormais, ils allaient faire comme si de rien n’était et reprendre leur régulière et sage discipline pour aider le mental. Mais plus jamais, il ne jouerait avec eux. Pas après cette lueur malsaine qu’il avait croisé dans les yeux de Monsieur Loyal. Ils n’étaient pas des êtres inoffensifs, mais bel et bien une race puissante, avec un but, des plans précis pour y arriver, et… un sens de la mise en scène remarquable.

« Nous sommes de l’autre coté de la Passe, en avance sur l’Exode, donc. Mon seul soucis, c’est que je ne peux vous dire où, dans cet autre coté. »

Silence. La révélation de Fabio surprit les uns et confirma les craintes des autres : on les avait expédié quelque part dans l’univers, visiblement dans un lieu où l’homme n’était jamais encore allé et dont aucune carte n’existait.

Une alarme retenti dans un coin, coupant court aux questions de tous. Carillo s’approcha de l’opérateur concerné.

« Mon Colonel, un appareil vient d’effectuer une transition à quelques kilomètres devant nous.

Des précisions Carillo, sil vous plait ?

Design inconnu. Pas très grand, l’équivalent d’un tonnage de corvette. Propulsion au Talbium-3, on dirait, mais le saut dimensionnel qu’il vient d’effectuer est d’une précision et d’une finesse au-delà de nos limites… Attendez… présence d’armes ! C’est un vaisseau de guerre !

Alerte rouge dans tout le vaisseau ! Procédure de protection des civils et que les chasseurs se tiennent prêt au combat. Ne me dites pas qu’après tout cela, nous sommes tombés sur des pirates ?

Colonel… On reçoit une émission radio sur une fréquence inhabituelle. On vous la passe… Allez-y envoyer. »

Quelques grésillements, puis une voix monta dans le centre de commandement :

« À vaisseau inconnu, ici patrouilleur de lEmpire, déclinez votre identité, cest un Haut-Ordre ! »

Un hochement de tête d’Arlington et le capitaine brancha le micro.

« Je suis le Colonel Momumba Arlington, Commandant du quatrième transporteur de l’Exode. Nous sommes placés sous la protection des forces spatiales de la planète MaterOne, et nous ne sommes que de passage. Nous n’avons aucune intention belliqueuse. »

Fabio écoutait les pensées des membres de l’équipage du patrouilleur. Ils étaient plutôt inquiets de voir un vaisseau de dix fois leur taille apparaitre comme par magie au beau milieu de leur zone de surveillance.

« Vous n’allez pas aimer la suite, je vous préviens… »

Déclara-t-il simplement. Tous se tournaient vers lui lors la radio rugit à nouveau :

« Transporteur numéro quatre de lExode, vous êtes désormais la propriété du Grand Empire céleste de Ragnvald. Tout vos occupants, matériels et carburants doivent nous être livrés. Préparez-vous à être abordés dès maintenant.

C’est une blague ? Ils veulent nous aborder avec leur coquille de noix ?

Oui Phil, mais je serais toi, pardon Colonel, je serais vous, je ne prendrais pas à la légère leurs demandes.

Expliquez-vous, Monsieur Fabio. Qu’avez-vous appris ?

Que nous sommes tombés sur une civilisation humaine de l’autre coté de la Passe, voilà. Et que, lorsqu’ils parlent dEmpire, ils ne rigolent absolument pas. »

Au même moment, plusieurs nouvelles alarmes retentirent un peu partout. Les opérateurs activèrent tous les appareils, réglant les radars et autres censeurs.

« Mon Colonel ! Flashes de transition multiples en sept, quatre, vingt-deux et soixante et un. Et il en arrive d’autre ! »

Fabio ajouta, cherchant à trouver ses mots :

« Ai-je… oublié de vous préciser qu’ils… hem… détestaient MaterOne ?

Nouveaux flashes en huit, dix-huit, quatorze, cinq, trente et un, vingt-deux, trente-trois,…»

La liste égrenée par le capitaine Carillo ne semblait plus vouloir finir…

FIN DU CHAPITRE 17

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Phil: Lorendil,

Adénor: Coupie,

Fabio: Zylann,

Carillo: Andropovitch,

Momumba: JCK,

Radio: Raoulito

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch17 Ep15

Wed, 23 Sep 2015 06:00:00 GMT

RENTRÉE LITTÉRAIRE sur Red Universe ! Mise à jour de nos livres numériques avec les chapitres V et VI et la mini-série de l’été: « Dualité » !

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Silence. Ralato ne s’attendait pas à cette demande de la part du malade. Mais du coté de Stuffy, c’était un drame en direct.

« On en a les moyens, tu le sais. Ensemble, nous pouvons littéralement éteindre ses fonctions cérébrales, et ce type arrêtera de souffrir.

Et nos renseignements ? Et sil ne nous donnait pas tout ce que lon pourrait apprendre ?

Un scan direct. Cest douloureux mais sil laccepte, on lui garanti une mort rapide après. Ralato… »

Le scan mental permettait de connaitre tout ce qu’un esprit contenait, il était également utilisé comme arme pour désarçonner un adversaire ou le rendre temporairement hors d’état de nuire, suivant l’intensité qui y était mis. Même sous Boramol, la drogue anti-mental, il était difficile de cacher quelque secret que ce soit. Les personnes « scannées » n’étaient plus en état d’être interrogées après cela, du moins pas avant un bon moment.

« Docteur Evlosky, vous voulez vraiment mourir ? Nous savons tous deux que Quartmac est encore en vie. Et si je vous proposais de subir un scan mental en échange dune mort rapide, vous accepteriez ?

OUI !… »

Le malheureux avait d’abord subit une rude vie carcérale, et maintenant ses conditions de vie depuis son accident avaient fini de le briser. Il n’avait même pas hésité, hurlant sa pensée plus qu’autre chose. Un espoir de délivrance, voila ce qu’il quémandait. Bien qu’il ait tout d’abord tenté de maintenir le secret de la survie de Quartmac, il accepterait n’importe quoi en échange de l’ultime présent.

Il était donc prêt et volontaire : Stuffy et Ralato plongèrent en même temps.

En fait, ils n’eurent même pas besoin de recourir à un scan. L’autre ouvrait toutes grandes les portes de son esprit, ne cachant rien. Des zones entières étaient effacées, usées par la douleur permanente, par l’horreur de cette nuit dans la glace où sa vie s’accrochait malgré toute logique. Ses diverses amputations, ensuite, progressives : à chaque fois que le personnel médical venait le voir, on l’envoyait sur la table d’opération lui ôter un nouveau membre gangreneux. Il avait vécu le calvaire de se sentir diminuer progressivement, rogné par les séquelles sans fin de cette nuit glacée.

Plus loin, on retrouvait d’autres souvenirs, antérieurs à son arrivée au camp. Il assistait Quartmac chez les Mutualistes, cette fois il n’y avait plus l’ombre d’un doute. Il participait aux expériences, supervisait les suivis. Un homme de confiance du savant. Ralato poursuivit ses recherches, découvrant deux repères secrets de l’organisation, notant au passage quelques codes et un nom. Une empreinte forte qui ne s’était pas usée, quelque chose qui importait beaucoup au sein du mouvement : « Alpha ».

Un chef, LE chef des Mutualistes, l’araignée au centre de la toile ? Dans un mouvement cloisonnée à la paranoïa, cette information n’avait jamais pu ressortir. Ainsi les Mutualistes avaient un leader ?

« Ralato ? Viens voir par ici… »

Stuffy était parti suivre un sentiment de gêne éprouvée par Evlosky en présence de Quartmac. Il savait que l’homme était censé être mort d’un cancer, et pourtant il vivait toujours. Lui seul, le connaissant bien déjà auparavant, avait remarqué cette peau statique, ce regard plus souvent neutre que perçant.

« Il sest intéressé à la résurrection de Quartmac ?

Oui, et il la suivi. Regarde là, on est où ? Attendces plaines, ces montagnesNon cela ne me dit rien.

Ici, un panneau. Palaos Verte ? Cest une ville, un lieu-dit ?

Un gros village peut-être. En tout cas, chaque année le savant y allait. Seul. La dernière fois, Evlosky lavait suivi là-bas. Mais arrivé au villageil lavait perdu. Landouille, il avait laissé trop de distance, de peur d’être vu.

Palaos Verde. On trouvera. »

Les souvenirs suivants devenaient des bribes, seuls survivaient ceux de ses enfants disparus lors de la révolution Castiks, de sa femme, morte bien avant dans un accident de voiture, ses parents… Les deux ressortirent d’un commun accord. Cela faisait maintenant plus de deux heures qu’ils fouillaient l’esprit de médecin, heureusement pour lui qu’il s’était laissé faire.

« V..Votre parole… »

Ralato hésita.

D’autres renseignements pouvaient être encore dissimulés dans un coin ou un autre de l’esprit du mutualiste, et celui-ci avait l’avantage d’être toujours à disposition.

« On a promis Ralato. Si tu ne le fais pas, je men occuperais seul.

Je men doute. Je réfléchissais cest toutSoit. Pour ce quil a été durant notre adolescence avec Fabio, je peux lui offrir çà.

Prends-le comme tu veux. Du moment quil ne souffre plus jamais, je pense quil se moque éperdument de nos motivations. »

Le lieutenant approcha ses mains du visage abimé et les posa de chaque coté des tempes. La respiration du malheureux s’accéléra.

« M..merci

Je vous dois quelques bonbons, Evlosky. Vous êtes quelquun de bien.

PMerciAdadieu… »

Et le Lieutenant Ouli focalisa sa pensée sur la centaine de nœuds centraux que comptait l’esprit d’un humain. Stuffy s’occupait de son coté des fonctions fondamentales telles que les battements du coeur, la respiration. Ce qu’ils faisaient n’avait jamais été réussi par un ou plusieurs mentaux… sinon Fabio, le frère de Ralato. Mais le duo que les deux agents formaient était depuis longtemps au-delà des normes communes.

En une poignée de secondes, l’esprit de l’homme fût irrémédiablement éteint. C’était presque comparable à une série de lumières que l’on couperait dans une fête foraine ou une salle de spectacle en fin de représentation. Ralato se redressa et regarda une dernière fois le médecin. Une larme avait perlé de son unique œil valide, dont la pupille ne bougeait maintenant plus. Heureux d’en finir avec tout cela, simplement.

« Oui, le spectacle est définitivement terminé pour lui. Merci Ralato, ce nest pas exactement recommandé dans les manuels mais

Jaimais bien ce type. Cest tout.

On dira Mort lors de linterrogatoire. Le pire, cest que personne ny trouvera à redire.

Passons à la suite, lui n’était que lassistant. Trouvons le maître maintenant. Et cela va passer par un petit village perdu

Palaos Verde ! »

Compléta Stuffy alors qu’ils s’éloignait du lit où gisait désormais un cadavre. En fin de compte, il leur tardait de quitter au plus tôt cet abominable camp d’Asbjörn.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Ralato: Raoolito

Stuffy: Luciole

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch17 Ep14

Wed, 16 Sep 2015 06:00:00 GMT

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Un vent glacial cinglait la peau du Lieutenant Ralato, passant au travers des espaces laissés libre malgré l’épaisse tenue. Le souffle était modéré mais le froid mordait. Un ordonnance se précipita pour l’accueillir, accompagné de deux gardes alors que l’orthoptère coupait ses turbines. Tous entrèrent dans l’allée, protégée sous bulle, qui menait à l’entrée principale du camps.

Nous étions au nord du nord, à quelques kilomètres de l’extrémité de l’hémisphère. Cette base militaire avait été construite sur une ancienne mine de Talbium-3, abandonnée après quelques années d’exploitation. Vu le coût des équipements et les conditions de travail des mineurs, elle n’était pas rentable, surtout lorsqu’on comparait sa production aux tonnes récoltées, chaque heure, dans les nébuleuses de Talbot. Alors une autre utilité lui avait été imaginée : des ouvriers d’un genre différents allaient poursuivre l’exploitation du filon, et les conditions météorologiques atroces allaient en devenir un atout majeur.

Un sas s’ouvrit à leur approche et une douce chaleur enveloppa le lieutenant. On le conduisait à l’officier supérieur du « Camp de reconditionnement » d’Asbjörn, à la limite du monde des Nordistes. Suite à la chute de la forteresse Castiks, certains avaient milité naïvement pour la fin des camps de détentions « sévères », d’autres en avaient plutôt tiré une leçon : mieux valait, pour ce genre d’endroit, un lieu éloigné, désertique à la limite de l’inaccessible. Les Nordistes, parties prenantes à la révolution, n’étaient pas spécialement des démocrates convaincus et ils acceptèrent, sans difficultés, de mettre cette ancienne mine à disposition de l’armée.

« On ne revient pas de cet endroit vivant, Ralato. Cest le tombeau des prisonniers politiques.

Tu me las déjà dit. Je peux comprendre que tu napprécies pas d’être ici, mais ce nest pas la raison de notre venue.

Nempêche, il faudra un jour fermer définitivement ces lieux dhorreur. Ici les morts ne croupissent pas, ils ne se putréfient pas, ilsgèlent pour l’éternité. »

Oui, c’était d’ailleurs exactement l’idée. On pouvait accumuler un charnier de centaines de cadavres, à deux pas, sans la moindre nuisance. Rien que creuser la glace pour concevoir une fosse prenait plusieurs heures à une équipe armée de pioches chauffantes. Par ailleurs, seuls des orthoptères spécialement conçus ou des navettes spatiales ravitaillaient l’endroit.

« Un enfer gelé. Le Purgatoire made in Poféus, voilà ce que cest.

Bien sûr : que les autres membres du Conseil de la révolution ferment les yeux ou que les autorités Nordistes gardent le secret absolu sur ce lieu ne compte pas ? Sois réaliste : ce genre de zone disolement existera toujours car elle arrange beaucoup de monde. »

Stuffy, l’ancien collègue, l’aspirant Mutualiste dans la tête de Ralato était fondamentalement un utopiste. Malgré ces mois à cohabiter ensembles dans le même esprit, le lieutenant conservait toujours, lui, son pragmatisme, partisan d’une ligne dure. Le résultat était un mental hybride redoutable, étonnamment efficace : il était juste avec les amis mais sans pitié avec les ennemis.

Il expliqua au colonel, responsable du camps, son désir de rencontrer un certain prisonnier. L’autre fit la moue, ce qui n’augurait rien de bon. Bien que d’un grade supérieur, l’officier n’ignorait pas la place réelle que le lieutenant occupait en pratique, dans les forces de sécurité de MaterOne, et il hésitait visiblement à donner une « mauvaise réponse ». Finalement, on le conduisit à l’infirmerie du camp. Dès le premier coup d’oeil, on comprenait que les soins apportés ici visaient plutôt l’accompagnement à la mort que le rétablissement. C’est dans un des lits du fond qu’on leur présenta celui qu’ils cherchaient. Le bonhomme avait manqué la fermeture quotidienne des portes car sa jambe s’était retrouvée coincée dans une crevasse. De très bonne constitution, il respirait encore quand on l’avait retrouvé le lendemain, enroulé en boule. Il avait creusé le sol de sa pique pour se concevoir un abris de fortune, ce qui l’avait sauvé. Enfin c’était la version optimiste. Il vivotait maintenant depuis quelques semaines, sans bras, ni jambes. Ses fonctions digestives étaient presque toutes définitivement hors d’usage et on le nourrissait de bouillie, tandis que des tuyaux implantés dans son bas ventre récupéraient ses quelques excréments. Son visage avait été trop gelé pour que ses muscles s’en remettent, ce qui fait qu’il ne parlait plus. Sans nez, sans oreilles, il se contentait de fixer le plafond de son dernier oeil valide.

Seule la télépathie allait permettre de communiquer avec lui. Compte tenu des informations à obtenir, c’était plutôt un avantage et le scientifique, coutumier des mentaux, ne devrait pas être choqué outre-mesure.

« Bonjour docteur Evlosky. Je suis le Lieutenant Ralato. Nous nous connaissions durant la période où vous collaboriez avec le professeur Quartmac aux Affaires mentales. Vous souvenez-vous de moi ? »

L’œil de l’autre s’agrandit sous la surprise. Non seulement il le reconnaissait, mais c’était probablement la première fois où il pouvait discuter avec quelqu’un depuis un bon moment. Stuffy compatissait sincèrement.

« Tu sens cette douleur ? Ce type déguste depuis des semaines, en permanence. Et encore, là, il est sous sédatifs. Le pauvre vieux.

Oui. Je me rappelle bien de lui : il nous promettait des bandes dessinées si on obtenait de bons résultats, ce que Quartmac désapprouvait. Mais il le faisait quand même. C’était une force de la nature, une armoire à glace impressionnante et pleine de vie… à l’époque.

Ça la desservit. Un type moins costaud y serait resté, et ça aurait peut-être été mieux pour lui.

Mais pas pour nous. »

Ralato replongea dans l’esprit de l’ancien médecin.

« Je suis à la recherche du professeur Quartmac. Savez-vous où le trouver ?

JeRalatoJe souffre

Vous men voyez navré, Docteur. Il se murmure que vous étiez dans la mouvance Mutualiste. Cest dailleurs pour cette raison que vous vous êtes retrouvé ici. Lauriez-vous revu là-bas ?

Qu..quartmac est mort. Jai maltuez-moi, tuez-moi Ralato… »

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Ralato: Raoolito

Stuffy: Luciole

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch17 Ep13

Wed, 09 Sep 2015 06:00:00 GMT

RENTRÉE LITTÉRAIRE sur Red Universe ! Mise à jour de nos livres numériques avec les chapitres V et VI et la mini-série de l’été: « Dualité » !

Venez enrichir votre expérience de cette grande saga avec les textes réécrits pour l’occasion, des illustrations et des commentaires de l’auteur.

Disponibles sur toutes plateformes ou en achat direct.

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« …de la navette du Transporteur n°3, veuillez lever vos mains et vous rendre sans résistance. Je répète : je suis le Capitaine Carillo, officier commandant ce… »

Ils venaient à peine de sortir du boyau les ayant conduit à la si étrange rencontre au-delà des dimensions, qu’ils en avaient oublié que les gens du Transporteur pouvaient avoir quelques griefs à leur encontre. Phil tenait la main d’Adénor, et malgré les épais gants de la combinaison, il lui semblait presque sentir sa chaleur. Toujours plus proches l’un de l’autre. Leur couple n’en finissait pas de souder ses liens, étranger à la durée, aux évènements… aux révélations.

Il avait failli devenir l’un des rouages de cet univers, puis en fait non. Elle était pourtant resté instinctivement à ses cotés, sans aucune hésitation, un peu comme lui était parti à sa rencontre, alors que tout lui commandait de rester et d’attendre, lors de la chasse de Benkana au travers de la cité intérieure du transporteur n°7. Et que dire de l’attentat dont ils avaient été victimes… quand Fabio était venu à leur rescousse, d’une manière bien à propos, rétrospectivement. « Certaines choses demandenton dira : un juste timing » Disais-tu ? Oui, nous devrons éclaircir certaines choses en temps et en heure.

« J’ai dis : mains en l’air ! »

Grogna Carillo sur la fréquence radio. L’appareil se tenait toujours face à eux, pointant son nez comme s’il voulait les intimider. Après tout ce qu’ils venaient d’apprendre, et même cet effrayent moment où les « Titans » s’étaient mis en colère… franchement, Carillo, qu’espérais-tu ? Tu n’étais pas venu jusqu’ici pour nous abattre, surement pas avec un blanc-seing d’Arlington, même tacite, sur notre venue. Non, tu montrais juste combien l’équipage de ton Transporteur était en colère d’avoir été tenu à l’écart et mis devant le fait accompli. Bon aller, à défaut de lever les mains jusqu’à ce que tu nous laisses monter à bord, un petit mot s’imposait.

« Capitaine Carillo, ici le Lieutenant Phil Goud. Nous ne sommes pas armés et nous nous rendons. Permettez que nos mains restent baissées : nous ne représentons aucun danger, et vous savez aussi bien que moi la gène du port de ces combinaisons. Affaire conclue ? »

Aucune réponse, mais l’appareil commença doucement à se rapprocher de la coque du Positron, présentant son flan et son sas principal.

« Carillo, au rapport. Comment ça se passe ? »

La voix surprit le capitaine qui dirigeait la manœuvre au plus juste pour approcher les deux vaisseaux. Proche mais sans toucher, avec une marge de sécurité, c’est un exercice périlleux quand on sait combien, dans l’espace, aucun frottement ne vient ralentir ou arrêter le moindre mouvement.

« Ils ont l’air de se laisser faire sans résistance, Colonel. Nous allons bientôt les accueillir à bord, le peloton est prêt à les mettre en état d’arrestation dès que…

Vous ferez cela plus tard. Prenez-les et revenez aussi vite que possible : nos senseurs commencent à afficher des valeurs qui font penser à celles qu’on a connu lors de l’ouverture du vortex.

Bien reçu. On a combien de temps ?

Au mieux… douze minutes, ce sera très juste. Dépêchez-vous, on vous prépare le sas d’entrée ici. Transporteur, terminé. »

Carillo ne perdit pas une seconde et envoya le message à tout le monde, profitant de la fréquence d’urgence. Les commandos à l’arrière avaient désormais ordre de faciliter la montée à bord des suspects pour un départ précipité. Le petit groupe dehors pressait le mouvement et on ouvrait déjà le sas latéral. Chaque minute comptait. Carillo surprit alors Magellone qui s’éloignait :

« Capitaine Magellone, nous n’avons pas de temps à perdre, revenez immédiatement ! »

Phil et Adénor enjambaient le sas, seul Fabio se retourna. Il ne fit aucun mouvement mais le gros officier du Positron se retourna au loin et leva un bras en guise de salut. Le mental blond resta pensif quelques instants, puis rendit le salut, montant rapidement à bord de la navette à la suite des autres.

« Capitaine Carillo, je pense que notre vedette n’est pas d’avis de nous suivre.

Quoi ? Mais cela fait des centaines d’années qu’il vit seul ici, éloigné de tout ?!

Pas seul, Capitaine, non… loin de là. »

Ajouta Fabio alors que le pilote enclenchait les procédures pour prendre de la distance. Par le hublot, on apercevait Magellone tendre les bras à une gracieuse nymphe trapéziste qui traversait la coque pour le rejoindre. Les deux s’enlaçaient tendrement.

Non, il n’était pas seul, les Titans, leur ancien nom de « petits amis translucides » ne convenant définitivement plus, y avaient pourvu. Vivre solitaire avec eux et leurs représentations, cela rappelait d’ailleurs quelque chose au mental.

« Carillo, dernières estimations : huit minutes ! On se prépare à un accostage en catastrophe pour vous, les filets de sécurité sont en train de monter ! DÉPÊCHEZ-VOUS !

Vas-y !… Fusées d’urgence.. enclenchées Colon..Colonel ! On donn… tout ce qu’on… a ..!!! »

Le Transporteur géant semblait bien loin encore alors que d’étranges distorsions de sa forme apparaissaient aux abord et que des éclairs multicolores s’échappaient… de plus en plus !

« On.. va pas.. y .. arriver !!! »

Grogna Phil, serré dans sa ceinture et subissant la force de l’accélération, bras dessus, bras dessous avec Adénor.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam

Narration: Coupie

Acteurs:

Phil: Lorendil,

Fabio: Zylann,

Magellone: Raoulito,

Adénor: Anna

Carillo: Andropovitch

Arlington: JCK

Compo: Ian

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch17 Ep12

Wed, 02 Sep 2015 06:00:00 GMT

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

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« Je le pense. En fait j’en suis certain, et depuis longtemps, même si j’ignorais tous les tenants et les aboutissants de l’histoire. »

Il baissa les yeux vers Adénor, puis ajouta :

« Oui, il y a de cela aussi. Je devais vous les faire rencontrer, vous ne comprenez pas ? Ces êtres là sont avec… à nos cotés depuis des siècles, et ils m’accompagnent depuis ma plus tendre enfance. Ils m’ont plusieurs fois montré combien Phil était important et…

Je n’arrive pas à trouver d’autres mots que excellent à ton travail attends je cherche non je ne trouve pas très bien joué

Mmhmmm ?

Je vous l’aurais dit un jour, bien sûr, mais pas tout de suite. S’il vous plait, ne me faites pas ces pensées effarouchées. Imaginez que je vous raconte… je ne sais pas moi… tenez, ce cirque et toute cette histoire. Ne m’auriez-vous pas prit pour un fou ? Certaines choses demandent… on dira : un juste timing.

YEEEAAAAAAHHHH ? »


Pas besoin d’explication supplémentaires, tous comprirent que leurs hôtes s’impatientaient. Phil inspira profondément, serra une dernière fois les mains d’Adénor et se redressa. Il ne fût pas surpris que sa compagne fasse de même, peut-être un peu plus lorsque Fabio se rapprocha également du duo.

Le lieutenant restait tout de même dubitatif : alors ce serait lui le centre de tout cela ? Le… petit singe qui pouvait « bloquer les rouages de lunivers » comme l’expliquait Magellone ? Il ne voyait pas vraiment comment, en fait il ne comprenait pas grand chose. Mais Fabio, qui visiblement leur cachait pas mal de choses, et Magellone semblaient le croire. Que lui-même ne le sache pas ne prouvait rien de particulier. Les cordonniers ne sont-ils pas notoirement les plus mal chaussés ?

Bon, allons-y :

« Je suis le Lieutenant Phil Goud, celui que vous appelez le Faiseur. C’est moi que vous cherchez !

Et je suis Fabio Ouli, le.. la trapéziste ? »

Magellone vînt au secours du mental blond. Il lui précisa dans un sourire :

« Le Passeur, fiston. T’es lPasseur. »

Et se retournant vers toute l’équipe des artistes de la folle représentation, il ajouta :

« Mes amis ! Y’ sont LÀ ! Ceux qu’vous che’chez d’pis si longtemps, l’Passeur et l’Faiseur sont enfin réunis ! On va pouvoi’ t’availler ensemble et vous laisser reveni’ nous donner vos pouvoi’s ! »

Magellone était bel et bien de leur coté. Que lui avaient-ils promis ? L’avaient-ils convaincu d’une manière ou d’une autre ? Fabio croisa le regard de la trapéziste, son homonyme. Oui, elle devait y être pour quelque chose. Il offrit pourtant son plus beau sourire au capitaine, clairement en désapprobation avec ces pensées.

Loyal s’éleva alors du sol et s’approcha de Phil, suivi par tous les artistes. Nez en avant, il le renifla, comme l’aurait fait un chien ou un chat, suivi, là encore, de tous les autres. Le lieutenant se raidit de sentir tous ces visages proches de son corps à flairer ses odeurs. Que préparaient-ils tous ?

La trompe de l’éléphant se figea d’un coup sur la base de sa nuque. Phil ne put s’empêcher de pousser un petit cri, quand il sentit le contact de l’appendice du pachyderme contre sa peau, mais il se laissa faire. Etrange spectacle que le balais de tous ces participants à la représentation, qui se succédaient pour renifler la nuque du jeune homme. Lui tentait de sourire, mais sa tension était palpable.

Et comme si de rien n’était, les artistes s’envolèrent soudain, ou plutôt se laissèrent flotter vers le haut, pour redescendre ensemble au centre de la piste. Apparemment, l’inspection était terminée.

« Ce n’est pas lui, n’est-ce pas Magellone ?

Je… je comp’end pas. Pou’tant on était su’ !

Oui, vous n’êtes pas le seul à n’y rien comprendre, croyez-moi… »

Les deux amoureux ne savaient plus qui suivre du regard : les artistes du cirque, Loyal, Fabio, Magellone ? Adénor questionna froidement le mental blond :

« Mhhmm ?

Non… non, c’était une erreur. Une incroyable, hallucinante et, autant le dire, une bien belle boulette ! »

Fabio inspira profondément. Il apprenait cette nouvelle comme tous et devait la digérer lui aussi. Certaines briques collaient trop bien, il aurait dû s’en douter. Eux aussi d’ailleurs.

« Quand je pense que c’était les Titans qui m’avaient aiguillé sur toi, Phil. J’ajoute que tu as toujours été au bon endroit au bon moment, comme si une force te guidait à ton insu, cela pouvait donner matière à réfléchir.

Pas de chance, hein ? Au fait, Capitaine, du coup, suis-je vraiment le Passeur ?

Pas d’doutes la-d’ssus, gamin. Mais sans l’Faiseur, té pas v’aiment utile…

J’adore quand on m’annonce mon inutilité. Bien ? Bon ben si tout le monde en a fini… on peut, peut-être, enchainer pour la suite ? J’ai quelques questions pour nos petits amis. »

Le projecteur ronronna alors, changeant de nouveau de diamètre et ne laissant plus apparaitre que Monsieur Loyal, qui marchait vers eux, le micro en main. Il ne s’arrêta que pour le porter à sa bouche et conclure d’une manière sèche et sans appel :

« TttttrrroooOOOOOOVaaiiii—- lleuuuuuuuuuuu »

Tous se regardèrent, à la fois surpris et embarrassés. Phil grilla la politesse à Fabio qui s’apprêtait à répondre :

« Et…

Mais OÙ le chercher ? »

Loyal le pointa du doigt et rugit dans son crissement vocal habituel, tout en demeurant compréhensible :

« PrRRRRRROOOOooooCCCHhhhhhhh… TTTTRRRÉééééééssSS POOOOOOOOCHHHhhhhhh !!!!! HA Ha Ha Ha Ha »

La clef boursouflée s’éteignit alors, son ronronnement s’amenuisant très vite pour disparait dans un ultime murmure. Elle se laissa descendre doucement, comme un ballon qui aurait perdu son hélium et, redevenue « clef normale sans boursoufflures », se posa sur l’épaule droite de Fabio. Tandis que l’univers autour d’eux redevenait d’une blancheur laiteuse, sans aucun repère.

D’une petite veille mentale, il su que la clef était redevenue invisible aux yeux des autres. Sauf, peut-être, pour Magellone : rien n’était certain avec celui-là. Mais il avait, visiblement, d’autres impératifs en tête :

« Écoutez vous tous ! Dans l’immédiat, j’vous conseille su’tout de fermer vos combi’. La magie des Dieux va s’en aller et c pas d’ole si on est pas p’êt ! »

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam

Narration: Elioza

Acteurs:

Phil: Lorendil,

Fabio: Zylann,

Magellone: Raoulito,

Adénor: Anna

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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« Une histoire de la révolution » Mono-MP3 par Zeppo et Flohyd.

Sat, 29 Aug 2015 17:51:00 GMT

Rarement nous avons l’occasion de mettre en avant les créations des autres. Sans doute le narcissisme Red Universien frappe en plein.

Cependant, Zeppo et Flohyd, gagnants du concours de mono MP3 du 27/24 de podradio, méritent pour la qualité de leur travail, la profondeur de leur univers et leur humilité de faire partie de cette poignée de « chanceux ».

En plus d’avoir présenté eux-même leur création lors du 27/24 2015 ( vous retrouverez l’intégralité de l’interview ici_même ), nous leur offrons la possibilité d’écrire et de proposer un scénario basé sur l’univers de Red Universe. Ce futur travail sera produit et mis en ligne à part entière dans le catalogue d eRed UniversE.

Bravo à eux, Zeppo et Flohyd, de la part de l’équipe de podShows et de celle de Red universe.

:D


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RedU T1 Ch17 Ep11

Wed, 26 Aug 2015 06:00:00 GMT

Ce weekend-end retrouvez toute l’équipe de Podradio (et votre serviteur) pour la grande fête du Podcast le 27/24 ! 27 heures d’émission non-stop et une mini-série spéciale Red Universe sur Fabio intitulée « Agapé »

Du Samedi 29 à 6h du matin au Dimanche 30 Aout à 9h sur http://podradio.fr

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Phil réfléchissait à voit haute, les yeux pensifs dans ceux de sa compagne comme s’ils partageaient leurs pensées. Ce n’était, certes, pas le cas mais l’amour, le vrai, accomplissait des miracles parfois :

« La trapéziste, c’est quelqu’un qui peut faire des choses que personne ne sait réaliser. Même Loyal, même le singe. Elle… Elle est habillée comme les deux autres, les humains et les ennemis.

Bien vu, Phil. C’est une humaine ou une ennemie, ou les deux. Elle est comme eux, mais différente. Dans le monde réel, ce serait quelqu’un qui… »

Il se figeât, changeant d’expression.

« YYYYYeeEEEEEEEAAAAAAAAA!

Vouiiii c’ca gamin ! Et de un ! Ha, ha, ha !

Fabio ? »

Demanda Phil, inquiet. Il vit le mental livide, ayant perdu toute sa hargne, ou, tout du moins, l’ayant mise de coté. La main d’Adénor serra soudain la sienne, elle venait de comprendre à son tour et indiquait le jeune homme blond de la tête, de manière insistante.

« Tu… C’est toi la trapéziste, c’est cela ? Tu es… tu es la personne qui peut faire traverser les barrières des mondes à ces êtres. »

L’autre ne répondit pas. Une nouvelle fois en quelques minutes, des briques se déplaçaient et se ré-assemblaient dans sa tête. Certaines options se voyaient mises en lumière, d’autres vérités s’effondraient définitivement. Les êtres translucides n’avaient pas besoin de lui pour influer sur ce monde, ils aidaient déjà les mentaux en leur insufflant quelques pouvoirs depuis des centaines d’années et sans son intervention. Mais lui savait utiliser et exploiter cette force bien au-delà des limites communes, d’où sa légende de « super-mental ». À la lumière de ce qu’il venait d’apprendre, il n’utilisait en fin de compte que la puissance nominale fournie par les Titans, les pouvoirs mentaux courants n’en étaient, eux, qu’un vague reflet. Cela donnait d’ailleurs une idée de ce qu’avaient dû être les affrontements entre hommes et ennemis, à l’époque des débuts de MaterOne.

Fabio leva ses mains et les observa, pensif. Dans la cathédrale sous-marine, il avait dirigé des flots d’êtres translucides, il leur avait fait traverser une porte qui, en fin de compte, s’était avérée inexistante. Tout cela alors qu’il végétait dans un état second. Le carnage ne s’était arrêté qu’une fois tombé évanoui pour de bon, la vague des êtres ayant alors reflué spontanément au travers de leur porte. C’était cela son pouvoir ? Permettre aux Titans de passer chez nous ? Evidement cela expliquait bien des choses à commencer par le simple fait de les voir, ce qui était la première faculté qui le différentiait de tous les autres mentaux.

Pas encore arrivé au bout de ses réflexions, le jeune homme blond se rassit, pliant les doigts, observant les jointures se serrer, dessinant leurs rigoles dans le creux des paumes. Même le choix d’une trapéziste n’était certainement pas anodin. Il re-croisa le regard inquiétant de Loyal :

Mes goûts sont-ils différents parce que VOUS l’avez voulu, ou vous êtes-vous seulement inspirés de la réalité ?

L’autre ne répondit pas, laissant la question en suspens. Par contre, il se tourna et se saisi du petit singe aux cymbales. Celui-ci se laissa faire, bovin. Il se mit tout de même à se tortiller et rigoler quand le présentateur glissa ses longs doigts sous la fourrure d’or, pour une séance de chatouilles destinées à le rendre plus vivant.

« Alors M’sieurdames, et l’Faiseur, il est où ?
Le Faiseur ? »

Répondirent-ils tous d’une même voix. Ce nom n’éveillait rien chez Phil ou Adénor, mais Fabio se souvint l’avoir lu une fois, dans la description d’une bataille passée. Les hommes étaient devenus maîtres de leur territoire, en ayant chassé les ennemis. Mais certains groupes voulaient partir à la recherche de ce Faiseur, tandis que d’autres les en interdisait. Evidement une guerre s’en suivi, et ce fut le groupe refusant la recherche, regroupant le plus de monde, qui vainquit. Il était resté dubitatif à l’époque sur ce nom. Sans autre indication, l’information était passée au second plan, jusqu’à aujourd’hui.

Le Faiseur… Faiseur de quoi ? De miracles ?

« L’univers est une g’ande « oue qui tou’ne, une so’te d’eng’enage infini qui ent’aine tout. Le Faiseur peut, momentanément pou’ su’ , en bloquer les rouages, gripper l’système. C’est ça sa fo’ce. Sans lui, tu peux pas t’nir longtemps si t’utilise ton v’ai pouvoir, mon gars.

Je vois. »

Fabio se tourna alors vers Phil, doucement, l’air presque malheureux pour la nouvelle qu’il avait à annoncer au lieutenant. Le moment de dévoiler ses ultimes cartes était venu.

« MMMhhmmmmm !!!!!! »

Hurla Adénor, se serrant contre son compagnon. L’autre comprit.

« Je… c’est moi ? Je suis le… le Faiseur ? »

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Kwaam

narration: Icaryon

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Magellone: Raoulito

Adénor: Anna

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch17 Ep10

Wed, 19 Aug 2015 07:00:00 GMT

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« Monsieur Loyal ici présent, s’il ne parle pas bien notre langue, nous comprend donc parfaitement. Nous venons d’assister à une représentation imagée de quelque chose que nos amis estiment d’une grande importance, au point d’avoir créé un vortex dans l’espace pour nous y faire assister.

J’ai raison jusque là, capitaine ?

Mmmhmm.. C’tinuez gamin, c’bien…. »

Répondit simplement le gros officier. La solution ne viendra visiblement pas de lui. Adénor lança donc le débat :

« MMhmm.

…En essayant de trouver le rôle de chaque intervenant ? Pas bête Adénor. Les jongleurs sont les plus simples à trouver. Ce sont les humains et les ennemis.

Quoi ? Des humains ? Et… des ennemis ? »

Il restait à mettre Phil dans le secret. Fabio entendit l’esprit d’Adénor effectuer les connexions manquantes : même si tout n’était pas encore clair, elle avait déjà remonté, de son coté, presque tout le puzzle.

« J’ai eu l’occasion, peu avant la révolution Castiks, d’effectuer des recherches sur l’histoire de l’Humanité. Dans le cadre de… mes fonctions d’alors, je suis remonté plusieurs siècles dans le passé, à une époque lointaines, précédant l’arrivée de la royauté. L’enquête nous… m’avait amené dans des endroits dissimulés depuis si longtemps, qu’il en étaient oubliés des hommes.

Et cela raconte une lutte pour la liberté entre les humains et ceux que l’on nommait alors les ennemis, des êtres aux pouvoirs mentaux visiblement hors-normes, peut-être même supérieurs à ce que l’on connait actuellement. C’est probablement à cela que nous venons d’assister. »

Il laissa les deux amoureux digérer l’information. Lui-même se remémorait les souterrains, le vieux coffre et la carte mémoire, son intrusion dans la tête du Roi de MaterOne, et enfin l’incroyable cathédrale sous-marine. Sauf que derrière tout cela, revenait un nom. La dénomination d’une puissance, sans limite, venue aider les humains. C’est cette force que Poféus avait tenté de trouver et maitriser, dans l’espoir fou de dominer la race humaine. (*)

« … Les Titans.

  • WWHWHHHHAAAAAAAAAAAYyyaaaaaaaAaaheeeeeAAAAAA »

Hurla Loyal en sautillant et tournant sur lui-même. Visiblement, ils étaient sur la bonne voie.

« Tu veux bien nous expliquer ? C’est quoi les Titans ?

Je l’ignore. D’après les rapports que j’ai pu lire, certains les auraient rencontré, mais je ne voulais pas y croire à l’époque. Les descriptions… ne collaient pas, on dira. »

Il était tombé dans l’inconscience durant tout le contact, mais pas inactif : on prétendait même qu’il les avait dirigé ! Une force, composée de millions de petits objets translucides aux pouvoirs inimaginables. À l’époque, il avait refusé de faire le lien avec eux, ceux qui l’avaient nourri si puissamment de leurs pouvoirs. Ils n’étaient pas des êtres de mort, seulement des sources de pouvoir, n’est-ce pas ?

Sauf qu’après tout ce qui venait de se dérouler, depuis le vortex jusqu’au spectacle, et cet incident où ses « amis » lui avaient montré un visage complètement différent, il ne savait plus.

« Les animaux : l’éléphant-melotte et le tigre rouge. Ce sont les Titans, c’est cela, Loyal ?

  • WWHWHHHHAAAAAAAAAAAYyyaaaaaaaAaaheeeeeAAAAAA
  • Et… c’est VOUS, ces fameux Titans. »

L’autre s’arrêta, le visage se déformant sous un sourire bien trop grand, et Monsieur Loyal effectua une longue et belle révérence devant le mental blond. Puis il releva la tête, croisant leurs regards. Sans en comprendre exactement la raison, Fabio n’aima pas ce qu’il y lut. Mais alors pas du tout.

« Alleeer, tous! Vous a’êtez pas en si bon ch’min ! Poursuiv’ez. C’qui les aut’es ?

Il y a une ligne, une frontière, quelque chose qui les empêche de…

Votre dimension ! »

Rugit Fabio, les dents serrées, il venait de se dresser. Son regard toujours croisé avec celui de Loyal, le jeune homme terminait son apprentissage du monde, ce monde qu’il avait toujours tant cru comprendre, qu’il pensait maîtriser. Mais en fin de compte, chaque pas qu’il faisait, dans cette relique du passé qu’était le Positron, lui prouvait qu’il n’avait réellement été qu’un jouet, une marionnette dans les mains des Titans.

Magellone tenta de calmer le mental. Mais il se rassit brusquement, d’un coup. Comme si la pesanteur était soudain devenue plus forte. Fabio n’avait levé qu’un doigt. Ses pouvoirs étaient toujours présent et, visiblement, on lui laissait le droit de les utiliser.

« Loyal, vous avez besoin de la trapéziste pour traverser les dimensions, et du singe pour… pour perturber les lois de la nature. Vous voulez reproduire ce qui s’est passé aux origines de Materone, VOUS VOULEZ REJOINDRE LES HOMMES !! »

Le bourdonnement de la clef à molette boursouflée reprit alors du volume au-dessus d’eux. Toute la piste, plus encore, toute la scène, incluant les artistes, les portes délirantes, les estrades vides pour le public et même le toit du chapiteau, entra soudain dans la lumière noire. Loyal se redressa, Magellone tremblait, Adénor et Phil se préparaient à tout, Fabio était fou de colère.

Il avait été trahi, depuis le début. Ces êtres poursuivaient un but. Un but qui n’avait rien de noble, rien de sage. Non ce n’étaient pas des animaux calmes et paisibles qui diffusaient leurs pouvoirs aux hommes ou aux ennemis.

S’il n’avait pas croisé le regard de Loyal, s’il n’y avait pas lu cette certitude, cette lueur que l’on ne retrouve que dans l’oeil du chasseur, il n’aurait pas compris.

« Mais alors qui sont ces deux là ? Comment trouver la trapéziste et le singe ?

  • C’est la raison de tout ce qui vient d’arriver Phil. C’est peut-être aussi la raison de l’Exode, de la révolution Castiks, qui sait ? Depuis combien de temps nous manipulez-vous ? Nous les humains, seuls et abandonnés, n’ayant rien d’autre à croiser que votre reflet de l’autre coté du rideau infranchissable. Vous n’avez jamais eu qu’un seul but que vous poursuivez, inlassablement.
  • Yahaaaa… OUUUUUOOONNNNNIIIIIIIIIIIII ???! »

Hurla Loyal, l’air plus amusé que revanchard. Fabio traduisit pour ses compagnons : Et où sont-ils ?

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Kwaam

narration: Icaryon

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Magellone: Raoulito

Adénor: Anna

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Montage: Ackim


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RedU T1 Ch17 Ep9

Wed, 12 Aug 2015 07:00:00 GMT

Ne manquez pas la diffusion de la MINI-SÉRIE Reduniverse

« Dualité »

en exclusivité sur Saga Audio Compagnie ! Du 1 août jusqu’au 15 Août 2015 !

Retrouvez le Docteur Blame, le Lieutenant-colonel Onawane et le Professeur Quartmac dans la sombre bataille du Transporteur n°2 lors de l’attaque des pirates.

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Fabio se garda bien d’émettre une quelconque critique, il risquait de mettre tout le monde en danger. Le couple sur la gauche soupirait de soulagement : tous comprenaient combien ils étaient à la merci de leurs hôtes.

Comme pour un résumé de l’épisode précédent, le frère blessé recula de plusieurs mètres puis reprit son trot vers le groupe formé par les deux animaux et son propre frère, l’omnipotent. On sentait l’imminence du clash entre les deux et peu de chance de réussite pour loutsider.

Fabio dirigeât alors son regard dans une autre direction, il sentait que le coup suivant viendrait de..

« YAAAAAAAAAAAAAAAAAAA »

Loyal hurla dans son micro puis frappa le sol avec son balais, de toutes ses forces ! Immédiatement d’énormes explosions de fumées retentirent sur toute la piste, et même au-dessus, dans les airs. Quelques unes jaillirent près de la nymphe qui se protégea sur son trapèze, en position fœtale. La scène entière sembla se mettre à bouillir de fumée. Plusieurs explosèrent, enfin, juste dessous les animaux. Le tigre rouge fût projeté dans les airs sous l’impact, une seconde explosion le cueillit au dessus de la ligne tracée sur le sol et l’envoya terminer son voyage du coté opposé, de là où il venait. D’autres explosions harcelaient l’éléphant-melotte. Le puissant animal avait beau simuler des barrissements et piétiner le sol tout autour, l’attaque de Loyal ne s’arrêtait pas. Il finit par s’affoler et couru se mettre à l’abri de son coté. Visiblement, il pouvait passer, dans ce sens là, sans problème…

L’intérêt des spectateurs se reporta immédiatement sur le duel entre les deux frères. Le départ des animaux signifiait que leurs pouvoirs n’étaient plus, donc la seule différence sur la balance sera :

« …La volonté de vaincre. Celui que l’on croyait perdu…

  • …Va maintenant reprendre le dessus. Je vois que tu as tout compris, Phil. Reste que j’aimerais bien savoir ce qu’il adviendra de l’ancien omnipotent de frère ?
  • Shhhht ! ’gardez, qu’on en finisse !
  • okay, okay… voyons cela. »

Quon en finisse, avait-il dit ? Le spectacle touchait donc bien à sa fin, comme prévu.

Le résultat de la bataille fratricide fût à la hauteur des attentes : le frère vengeur frappa tant et si fort que l’autre battit en retraite, se trainant dans un coin de la piste. Il commença même à escalader la rambarde pour s’abriter de l’autre coté et ne dut sa bonne fortune qu’à l’épuisement de son adversaire qui abandonna la poursuite.

Le projecteur changea d’ouverture. La lumière se focalisa sur le frère vainqueur, marchant, claudiquant un peu, passant devant les animaux qui l’accompagnait de leur coté pendant quelques mètres. La nymphe trapéziste tournoyait toujours, et, quelques fois, il pouvait presque la toucher des doigts.

Tête baissée, il poursuivait sa marche sans fin : il avait perdu son frère et ses pouvoirs. Désormais seul, allait-il trouver un nouveau but à son existence ?

L’ancien trapéziste en tenue à damier, passa devant Loyal qui mimait une pose de statue. Le projecteur s’arrêta sur le chef d’orchestre, laissant le dernier héros de l’histoire quitter « la lumière », en but à sa nouvelle solitude.

La musique s’arrêta enfin.

Seul le présentateur demeura visible des spectateurs. Monsieur Loyal n’avait plus de balais, juste son micro qu’il tenait dans le dos, les bras repliés. Après quelques secondes d’attente, il fit plusieurs pas en direction de nos héros, ne s’arrêtant qu’à une poignée de mètres d’eux.

La tête un peu penchée, un sourire aux lèvres, il les regarda tous attentivement : Phil, Adénor, Fabio et même Magellone. Visiblement, il attendait quelque chose.

« Je pense qu’il faut applaudir non ? »

Suggéra Phil. Il s’empressa de joindre le geste à la parole. Et tout le groupe applaudit à tout rompre comme si c’était le but de leur existence.

Il fallu bien se rendre à l’évidence : Loyal, s’il comprenait l’idée derrière le geste, attendait autre chose.

Mais quoi ?

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Andropovitch

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Magellone: Raoulito

Adénor: Anna

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch17 Ep8

Wed, 05 Aug 2015 09:14:00 GMT

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« Dualité »

en exclusivité sur Saga Audio Compagnie ! Du 1 août jusqu’au 15 Août 2015 !

Retrouvez le Docteur Blame, le Lieutenant-colonel Onawane et le Professeur Quartmac dans la sombre bataille du Transporteur n°2 lors de l’attaque des pirates.

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Phil Goud regarda tour à tour ses voisins, puis observa à nouveau la scène, dubitatif.

« Non, je ne saisis pas.

Mhhhhhmmmmm

Zoé, du calme ! Je ne sais pas ce que vous avez tous les deux, mais visiblement sortir du Transporteur vous fait du bien. Phil, jette un œil du coté de Loyal. »

Le lieutenant s’exécuta, et découvrit avec étonnement que le personnage serrait désormais son balais bien haut et approchait justement son micro pour parler :

« Heu..YYéaaaa ? QUAYAAA ? »

Il se redressa, cette fois définitivement, et se cacha les yeux avec son bras. Pivotant sur lui-même, il lança une jambe après l’autre, bien haute, comme une marche à suspense. Puis il libéra sa vue d’un coup sec et cria, simulant une surprise :

« YOOOOOOOÉUUIIIiiii OAAALAAAA ???! »

Tournant la tête à droite puis à gauche, son regard passait des animaux aux deux frères, puis inversement. Sur une dernière pose magnifique, il se tourna alors vers les spectateurs, se prenant la tête entre les mains en tirant ses cheveux. Le clown parfait en quelque sorte !

« HOoooNONONONOOOOOOOOO »


Les deux frères ne semblaient pas avoir remarqué le retour du Monsieur Loyal. Le plus fort partait à la rencontre de l’autre, nonchalant, en contraste total avec celui sur le retour, que l’on sentait déterminé mais sans espoir. Il mimait de grands gestes farouches, contrastant avec un visage à la tristesse exagérée.

Le tigre rouge rugit en silence, laissant apparaitre, par sa gueule ouverte, d’écœurantes protubérances grouillant à l’entrée de son œsophage. Cette démonstration n’échappa pas à l’éléphant-melotte, lui-même de plus en plus agité, piétinant ici le sol, levant sa moitié de trompe vers le plafond. Eux avaient senti l’arrivée de Loyal, mais pour une raison ou une autre, ils restaient sur place, ne tentaient ni de se déplacer, ni d’attaquer. Fabio sembla prendre la parole sans préavis :

« Ils ont besoin de rester immobiles pour donner leur force aux deux frères. Sans cela, la gue-guerre fratricide se terminerait bien vite. »

Phil se retourna alors vers lui, interrogatif.

« Navré Phil, je deviens aussi sensible que notre capitaine national. Du coup, j’ai répondu à ta question un peu trop en avance.

Mais faut pas vous es’cuser ga’çon ! Ca pe’met de pa’ler moins et de egarder plus ! Hé toi, le jeuneôt, arrête de t’poser toutes ces questions et fait confiance au spectc’e, d’acco’d ?

Je… heu, bon d’accord. »

Adénor lui montra discrètement la nymphe tournant toujours inlassablement au-dessus de la scène. Elle aussi était inquiète, mimant force de poignets serrés contre son coeur ou mains sur la bouche comme pour se retenir de crier. Ce qu’elle ne ferait pas de toute façon.

« Vous navez pas appris à parler, mes mignons. Ne simulez pas, vous n’êtes pas assez doués pour cela. »

Pensa Fabio. Immédiatement la musique s’arrêta. Magellone se jeta sur lui, plaquant contre sa bouche sa propre main, collant sa tête contre les cheveux en bataille du jeune blond ! Le mental n’eut que le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer que déjà le gros officier lui chuchotait à l’oreille, apeuré :

« Tais-toi malheu’eux ! Ne r’pense jamais du mal d’eux ! JAMAIS !

Magellone ! Veuillez… Ho, ho… »

Phil, à peine debout, se rassit doucement, posément, évitant les mouvements brusque tandis que Fabio lui-même montrait, à qui voulait s’y intéresser, des gestes d’apaisement lents et réconciliateurs.

« Pitié, pitié, pardonnez-le… »

Supplia Magellone à l’oreille du jeune homme, la voix tremblante de terreur. Devant eux flottaient tous les acteurs du spectacle : Loyal, le petit singe, l’éléphant-melotte, le tigre rouge, les deux frères et même la nymphe trapéziste. Ils n’étaient pourtant plus aussi amusants : de multiples bras s’étiraient de leurs corps (ou alors des tentacules ?) terminés par des griffes acérés, les visages déformés de haine et de souffrance. Leur substance même n’était plus aussi solide : ils semblaient plus translucides, leur formes mouvantes. La lumière noire de la clef à molette ne renvoyait en fin de compte qu’un cauchemar, un pur cauchemar.

Pas besoin d’explication, la troupe d’artiste n’appréciait pas la critique de leur hôte et faisait profiter tout le groupe de leur réprimande.

« Cest bon, pensa Fabio, je mexcuse. Reprenons le spectacle calmement si vous le voulez bien. Vous me connaissez, je ne pensais pas à mal »

De longues secondes s’écoulèrent. Adénor serrait la main de Phil à la briser tandis que Magellone semblait réciter des prières pour un quelconque Dieu, qu’il avait dû renier il y avait fort longtemps. Fabio ne quittait pas des yeux les représentations inquiétantes de ceux qui se prétendaient ses amis depuis si longtemps. Et qui lui rendaient tous son regard.

Le gros capitaine serra encore plus le mental, lui tapant l’épaule :

« Tais-toi ! Mais tais-toi !… »

Monsieur Loyal eut un petit soupir de dédain puis se contorsionna, se tordant sur lui-même tel un morceau de chewing-gum. Il s’éloigna lentement pour reprendre sa place, et sa forme normale, dans le spectacle. L’un après l’autre, tous les « artistes » jetèrent un dernier regard en coin aux spectateurs, puis voletèrent, la voltigeuse se sublima même en une sorte de volute gazeuse pour se condenser sur son trapèze, reprenant sa pose précédente comme si de rien n’était.

Encore un moment de flottement, puis Loyal leva tout haut son balais en hurlant à qui voulait l’entendre :

« HEEEEEYYYaaaAAAAIIIIIIIIII !!! »

Et l’orgue de barbarie rugit sur toute la scène, plus fort que jamais.

Magellone s’affala sur son banc, immensément soulagé.

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Relecture: Arthur R, Icarion

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Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Magellone: Raoulito

Adénor: Anna

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RedU T1 Ch17 Ep7

Wed, 29 Jul 2015 07:00:00 GMT

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« Dualité »

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Intérieur du Positron.

Le spectacle délirant d’acrobates et d’animaux de cirques, tenus d’une poigne de fer par un Monsieur Loyal hystérique, battait son plein. Sous la lumière noire, le petit singe saltimbanque avançait joyeusement vers le centre de la piste, faisait claquer ses cymbales, visiblement fier de lui et du bruit produit. Cet animal était bien différent des monstrueuses choses qui tournaient en rond, de l’autre coté de la ligne tracée dans le sable. Le rendu de sa fourrure n’était pas ordinaire : plus dorée, plus luisante, presque métallique, sous réserve de ce que la lumière noire acceptait de renvoyer. Tous convinrent que la représentation du petit animal tenait plus de la statuette précieuse que d’un nouvel organisme protéiforme.

Fabio jeta un œil en coin à ses voisins. Phil et Adénor suivaient le spectacle, se tenant la main, le lieutenant chuchotant parfois quelques remarques à l’oreille de sa compagne, celle-ci répondant par des hochements de tête, tantôt positifs, tantôt négatifs. Magellone, lui, avait déjà assisté à la représentation, sans doute plusieurs fois. En avait-il été le premier spectateur ? Avait-il participé à la rendre plus intelligible ? Le capitaine ne semblait pas écouter les pensées des autres cette fois, dommage. Il ne s’intéressait qu’à la voltigeuse qui se balançait au-dessus de la piste, survolant régulièrement la séparation infranchissable pour les autres protagonistes… Le glorieux officier était amoureux d’une transposition, d’une représentation d’êtres, venus d’on ne savait où, en forme humaine. Certes, bien en chair, la gracieuse acrobate possédait de généreux et plaisants atouts, mais tout de même… Fabio se demandait à quel point tout ceci était calculé et prévu à l’avance par les petites bestioles qu’il croyait connaitre depuis si longtemps.

« Mais… ça fonctionne ? Loyal est complètement obnubilé ! »

La phrase de Phil fit revenir Fabio au spectacle. Effectivement, le singe-statue d’or jouait des cymbales et enchainait acrobaties sur virevoltes, s’accaparant toute l’attention du maître des lieux. Mieux : le bonhomme rondouillard laissait trainer au sol son balais et son micro se balançait au gré des mouvements de son bras pendouillant. Comme hypnotisé.

« Ha ha ha ! Ca ma’che à tous les coups çà ! Ha ha ha !

  • Et qu’est ce qui marche à tous les coups, Capitaine ?
  • Ben le… heu, le spectacle quoi !
  • Je vois… »

Conclu posément Fabio. Donc, déjà, on avait la confirmation de la répétition de ce spectacle. Quand à l’hypnose de Monsieur Loyal, on devinait la suite. La belle nymphe s’étirait tout en souplesse, offrant de nouvelles prises pour les animaux, tout en gonflant sa poitrine déjà opulente à la grande joie de Magellone. Déjà le tigre rouge était passé de l’autre coté, et l’éléphant-melotte se préparait à profiter du survol suivant de la voltigeuse.

De l’autre coté de la ligne, les deux frères se chamaillaient, tentant tour à tour de caresser la fourrure du félin, de se repousser, d’embrasser l’animal, etc… D’ailleurs celui-ci se laissait faire. Fier, il demeurait stoïque, observant autour de lui, assis, alors que les deux autres en arrivaient aux mains. L’arrivée de l’éléphant-melotte ne fit qu’empirer les choses. Apparemment toucher ou caresser un des animaux donnait de la vitesse aux acrobates, de la force également. Oui, leurs chamailleries tournaient au pugilat : ils ne se repoussaient plus, il se donnaient de violents coups, rapides et puissants, dont on pouvait entendre certains des impacts jusque sur les gradins.

Mmhmm !

Oui Adénor, certains coups dépassent le mur du son. Cette fois, la lutte prend de très dangereuses proportions.

mmmhm…

Il n’y en aura pas, ils semblent tous deux de force égale. »

À peine avait-il prononcé ces mots, qu’un des frères fut projeté dans les airs, s’effondrant à quelques pas, deux rangées plus bas que les quatre spectateurs. L’autre, au lieu de se précipiter pour profiter de son avantage, se frotta de tout son long contre l’éléphant-melotte, puis contre le tigre rouge, allant jusqu’à réussir à rapprocher les deux mammifères de sa personne.

« Là, c’est la fin. Nous avons notre vainqueur. »

Commenta Phil, dépité. L’un des protagonistes avait donc pu obtenir toute la force nécessaire pour l’emporter à coup sûr contre l’autre. Pendant ce temps, du coté de Monsieur Loyal et du petit singe, les choses devenaient moins évidentes. L’animal bougeait peu, ses cymbales ne retentissaient plus, on le sentait épuisé. Si Loyal était encore hypnotisé, cela n’allait plus durer très longtemps.

Le frère aux pieds des gradins se releva enfin et, inspirant un grand coup, se dirigea vers son ennemi en une dernière attaque, pour l’hon-neur. On le voyait aller au-devant d’une défaite certaine, tandis qu’un méchant sourire illuminait le visage en clair-obscur du frère tout-puissant, à l’approche de l’ultime moment.

« Mais il va se faire complètement écraser ! »

Cria Phil, tout au spectacle. Un immense rire retentit alors de Magellone, très fier de son intervention :

« Ha, ha, ha ! Mon pov’e vieux, attendez, vous allez voi’ ! Ha, ha ha !

Oui Phil, combien tu paries que rien n’est encore joué ? En fait, nous connaissons déjà tous la suite, n’est-ce pas ?

Mmhmmh…

Exactement, Zoé. C’est parfaitement cela. Allons Phil, ne reconnais-tu donc pas l’histoire racontée, avec beaucoup d’imagination et d’images, devant nous ? »

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Raoulito

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Magellone: Raoulito

Adénor: Anna

Compo: Ian

Montage: Ackim


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(Recrutement) Princesse Azala / Commandant Benkana

Sat, 25 Jul 2015 07:27:00 GMT

Bonjour à tous et surtout à toutes !

RedUniverse (http://reduniverse.fr) est à la recherche d’une ou plusiers actrices pour ses deux rôles féminins principaux !!

  • Princesse Azala
  • Commandant Aurora Benkana

Ce n’est donc pas du petit calibre. 😉 Quels sont les prérequis?

– comprendre son personnage. ( Je suis disponible pour toute information )

– être capable de tenir des délais (chaque acteur a deux semaines pour enregistrer un épisode, c’est 100% jouable, on a quasiment jamais eu de problème :)

– pouvoir moduler un poil sa voix (c’est un plus, par une obligation)

Ne pas connaitre RedU n’est pas handicapant. Vous pouvez ecouter au moins le premier chapitre pour vous familiariser avec vos persos, elles y sont toutes deux présentes.
http://reduniverse.fr/chapitres/

vous pouvez me contacter par email « raoulito »arobase »podradio »point »fr », ou laisser vos demandes ici-même :)

je repond à touuuut!

Roolito



RedU T1 Ch17 Ep6

Wed, 22 Jul 2015 07:00:00 GMT

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

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« Je l’aimais en tant que… en tant qu’être humain, en tant qu’esprit. Aurais-je pu devenir homophobe comme mon père ? Je l’ignore, mais « comme mon père » était un avenir qui m’était tout simplement impossible à envisager.

Vous dites, Amiral ? »

Poféus leva les yeux. Il se trouvait dans la grande salle du Conseil de la Révolution, entouré de toutes les têtes de l’état. Face à lui, de l’autre coté de la table, sirotant une boisson quelconque, Heir.

Quand avait-il quitté Calande ?

« Êtes-vous souffrant ? »

Demanda le président du Conseil. Le vieux bonhomme ordonnait autour de lui certains feuillets de travail, comme d’autres conseillers devisaient à voix basse avec leur ministre. La séance commençait à peine, c’était une chance.

Calande, il faudra vraiment que l’on trouve rapidement une solution à ces sautes de conscience.

« J’ai peur que le temps ne manque pour autre chose que l’action, Président.

Et qu’entendez-vous donc par là ?

La… l’Exode. Elle représente un danger.

Pardon ? »

De nombreux regards se tournèrent vers le contre-amiral, interrompant les discussions étouffées. Même Heir faillit avaler de travers.

« Contre-Amiral Poféus, expliquez-vous s’il vous plait. L’Exode est loin maintenant, elle a franchi la Passe de Magellone, c’est une affaire close qui n’est plus de notre ressort.

Mes services ont des informations concordantes comme quoi les Mutualistes seraient une branche activiste du mouvement de l’Exode.

Mais c’est impossible. Ils sont trop loin, que pourraient-ils espérer de cela ? Non, c’est encore une fausse rumeur, une de plus. »

Le ministre de la coopération culturelle, un affilié de Heir, intervint une fois de plus dans ce qui ne le regardait pas. Un coup d’œil vers l’homme aux yeux si noirs de l’autre coté de la table. Ainsi tu étais un mental, et donc tu pouvais suivre tout ce qu’il se disait autour de nous, peut-être plus loin encore ? Mais mes pensées te sont inaccessibles. Profitons-en.

« Je vous présenterais ces preuves. Mais elles ne recouvrent qu’une partie de la vérité. J’ai l’intime conviction de l’existence d’agents Mutualistes mentaux ayant noyauté certains pans de l’administration. Cela signifie qu’ici, en ce moment… Nous sommes peut-être écoutés par l’ennemi.

Vous voulez dire… maintenant, on fouillerait dans mon… dans nos cerveaux ?

Exactement, je vois que vous saisissez la gravité de la chose. Cela expliquerait aussi comment cette organisation, qui a fusionné avec celle de l’ex-princesse Azala, je vous le rappelle, peut se permettre tant d’audace. Ils ont toujours un coup d’avance car ils sont informés à la source !

Amiral. Je pensais vos propres troupes capable d’endiguer toute attaque psychique ? La réputation des forces mentales n’est plus à faire, il me semble. »

Heir lui-même intervenant en plein débat ? Voici qui devenait très intéressant. La marionnette des Souriants savait pourtant que Ralato avait transmis son rapport. Et pourtant, il partait à la charge, malgré l’épée de Damoclès d’une révélation officielle de ses agissements contre les forces de l’état. Ou alors avait-il d’autres cartes en main ?

« Mes forces ne peuvent pas tout surveiller en même temps. Peut-être que vos amis Souriants sauraient nous apporter leur aide ?

Je l’ignore. Transmettez donc une demande aux représentants de cette communauté. Vous seriez en affaire avec eux, que cela simplifierait grandement la démarche, n’est -ce pas ?

Connaissez-vous le Triangle, Monsieur Heir ?

Oui, c’est une figure géométrique. Et cette pénurie de Lithium, ne sont-ce pas vos troupes qui convoient les productions depuis Talbot ?

Messieurs… »

Coupa le président du conseil, sentant parfaitement la discussion déraper. Le vieux bonhomme n’avait d’autorité que spirituelle mais les deux rivaux saisirent la perche au vol pour interrompre leurs échanges. L’heure n’était pas encore au grand déballage. Tous les ministres autour de la table avaient déjà choisi un camp, enfin pour le moment du moins. Pourtant Poféus, et également Heir d’après les rapports, ne désespéraient pas d’en faire changer d’avis encore quelques uns.

« Amiral, je vous demanderais de poursuivre vos investigations et de nous produire les preuves de vos assertions lors de notre prochaine séance. J’ai du mal à imaginer un complot mêlant l’Exode, les Mutualistes et une infiltration mentale dans notre administration. Mais si tel était le cas, il nous faudrait prendre des mesures de sécurité très fermes.

Messieurs, le débat est clôt et j’aimerais que nous abordions ces problèmes récurrents de pénuries, justement. Et pas de supputations, pas de rumeurs, je veux des faits précis et mesurables. Monsieur le ministre de l’économie vous avez la parole… »

Alors que le chef de l’économie de la planète, et au-delà, énumérait statistiques et stocks, deux regards s’affrontaient, ne cillant pas. Les deux hommes étaient engagés dans une bataille à mort et maintenant que les armes étaient suffisamment fourbis de chaque coté, cela allait changer d’envergure…

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Raoulito

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Monsieur Heir – Président: Destrokhorne

Poféus : Pof Magicfinger

Minsitres : Ackim

Compo: Ian

Montage: Ackim


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Les livres numériques de Red Universe en librairie !

Sat, 18 Jul 2015 12:00:00 GMT

Pour nos auditeurs belges, n’hésitez pas à faire un petit tour dehors 😉

Red Universe y fait son entrée 😉

Libraire Ribambelle (Bruxelles)

La librairie Ribambelle à Bruxelles : l’adresse
La librairie Ribambelle à Bruxelles
Hé oui, c’est bien RedUniverse :)

Libraire BD-World (Waterloo)

La librairie BD World à Waterloo
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RedU T1 Ch17 Ep5

Wed, 15 Jul 2015 07:00:00 GMT

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« Mon père… enfin… Bref, ma référence paternelle était un soldat très célèbre. Une de ces gloires militaires passées qui sont invitées en remerciement, croulantes de médailles et de citations, lors de toutes les grandes réceptions. On dit qu’il connaissait personnellement Lanéon II, une amitié d’enfance.

Nous habitions sur les terres offertes par le roi pour bons et loyaux services envers l’état. Une riche demeure, de vastes terrains, un titre de noblesse, une bonne rente, des domestiques, l’idéal pour qu’un enfant s’épanouisse, me direz-vous. Sauf que mon soldat de père n’était pas resté à la caserne. Il passait la plupart de son temps de retraite à tyranniser tout le personnel, régissant lieux, personnes et animaux comme pour une campagne militaire. Il était très stricte, vraiment… Une véritable étiquette, quelque chose d’étouffant, régissait la maison durant mes jeunes années.

Saviez-vous que j’avais des affinités avec les arts plastiques ? Très jeune déjà, j’accumulais les pots de peintures pour, de ma propre initiative, peindre des objets dans le parc, des statues, des charrues ou un vieux tracteur abandonné. Mère me laissait faire, voyant sans doute d’un bon oeil l’éveil de son enfant. Père n’était pas du même avis. Pour lui l’art n’était que faiblesse, un milieu de parasites jouisseurs et homosexuels. Et c’était d’ailleurs un homophobe convaincu. Il disait, à qui voulait l’entendre, que l’Homme n’était pas fait pour avoir une relation avec un autre représentant du même sexe, que cela était une erreur de la nature et qu’il fallait la réprimer. Dans ses meilleurs moments, il parlait de maladie mentale à soigner. Il avait même paraphé le préambule d’un livre choc sur le sujet, écrit par un médecin psychiatre, un ami de la famille. Peut-être le connaissez-vous ? Cela s’intitulait La maladie sans germe.

Oui, cela ne me dit quelque chose. Ce ne fut pas un grand succès, sauf dans certains milieux : il était jugé trop partial. Je crois qu’un de mes professeurs l’avait cité en parfait contre-exemple de choses à ne pas faire lorsque l’on se veut scientifique. »

Calande prenait des notes, encore et toujours. Entre deux lignes, elle se permettait d’intervenir ou de répondre à son patient. Poféus, de son coté, n’arrivait pas à détacher son regard de ses longues jambes qui n’étaient plus couvertes qu’à mi-cuisse par la jupe légère. Embaumé de volutes du parfum de la jeune femme brune, il se sentait l’incroyable envie de serrer leur chair tannée de ses doigts noueux. Quelle douce texture avaient-elles, ces cuisses ?

« Angilbe ?

Mhhm ? Je… excusez-moi. Votre… jupe me rappelait des souvenirs.

Cela me ravie. Et pouvez-vous m’en parler ?

Oui justement, j’y viens. Un de nos palefreniers avait deux filles. Si l’une était un vrai garçon manqué, l’autre était très féminine. Et celle-ci appréciait aussi l’art ainsi que la culture. Nous avons grandit ensemble. Et comme cela devait arriver, les années passants, nous avons commencé à avoir une relation sentimentale. Un petit peu trop jeunes sans doute.

C’est à dire ?

J’avais treize ans, et elle, douze et demi. L’amour est un bonheur Calande, mais il peut être le poison qui tuera l’amitié. »

Le contre-amiral leva les yeux vers la jeune femme, jugeant de sa réaction. Elle ne prononça pas un mot, griffonnant consciencieusement ses notes.

Dans un petit soupir, il se tourna vers la cheminé au feu inlassablement crépitant. Depuis les tous débuts de leurs séances, il n’avait jamais cessé de détailler les moulures, les bas-reliefs, la texture des nervures de marbre parcourant sa façade. Il la connaissait maintenant si parfaitement que parfois, lors d’une conversation au téléphone ou d’une attente quelconque, il se surprenait à en dessiner distraitement les contours sur un coin d’agenda, un bord de table.

Cette cheminée en elle-même n’était pas si fascinante, mais elle était devenu synonyme de « Calande Rorré ».

« Comment se nommait cette jeune fille, Angilbe ?

Méhala, et sa soeur Icnal. Une origine nordiste, comme toute la famille des deux parents, même si je dois préciser qu’ils avaient coupé les ponts et s’étaient éloignés de leur communauté.

Et votre relation a duré combien de temps ? Je veux dire, celle débordant de l’amitié. Pour des enfants de cet âge, cela ne devait pas être facile.

Pour une fois je vais vous surprendre alors. C’est venu naturellement, derrière une grange que nous étions en train de couvrir de graffitis, du genre street-art si vous voyez ce que je veux dire. C’était son idée : tester un style plus urbain qui serait en contraste avec le paysage campagnard qui nous entourait. Par un faux hasard, nos visages se sont retrouvés très proches, et couverts de peinture. La suite…

Oui je comprend. »

L’interrompit sèchement la psychiatre. Poféus nota cette étrangeté médicale, se demandant bien quelle thérapie autorisait ainsi à couper la parole à son patient ?

Il ne put s’empêcher d’en éprouver de la satisfaction. Il reprit, presque d’une humeur guillerette, mais la suite de l’histoire allait de toutes façons alourdir l’ambiance.

« Plusieurs semaines passèrent où nous vécurent heureux. Entre art et relation cachée, caresses volées et discussion interminables sur les courants artistiques. Je ne puis vous dire combien ma joie était à son comble. C’était une ouverture sur un autre monde, une faille dans le carcan familial, un espace de liberté totale à des années lumières de la froideur rigide du monde de mon père… Nous firent l’amour lors d’une soirée, en cachette. Elle voulait que cela se passe dans l’obscurité, alors on attendit la tombée de la nuit, trouvant quelque prétexte plus ou moins valable pour nos familles. Je doute que mes parents fussent aveugles, mais du point de vue phallique paternel, la nature était à l’œuvre et son fils apprenait la vie.

Et ceux de la jeune femme, acceptaient-ils cette relation aussi bien ? Du moins, fermaient-ils les yeux également ?

Elle ne voulait à aucun prix qu’ils le sachent. J’en ignorais la raison à l’époque. Sa sœur semblait au courant, c’est à peu prêt tout ce que je pouvais dire.

Vous savez, c’est un petit milieu que ce genre d’endroit. Tout le monde se connait et se voit. Je ne sais pas comment elle a fait pour conserver le secret. Personne ne changeait spécialement d’attitude ou ne me faisait de remarques sur le sujet. Etait-ce l’ombre de mon père derrière ce statut quo ? Encore maintenant, je me le demande. »

Petite pause. Il ne savait comment poursuivre, visiblement. Les mots avaient du mal à trouver leur voie au travers des méandres de ses pensés. Tant de souvenirs, perturbants, et la présence de Calande, plus que jamais troublante. Comment pourrait-il lui raconter la suite ?

« Angilbe, vous me dépeignez un tableau à la fois idyllique et presque commun compte tenu de la situation. Mais votre phrasé ne peut cacher votre trouble. Si vous êtes toujours prêt, alors racontez-moi la suite. Ou peut-être préférez-vous remettre cela à une prochaine séance ?

Méhala était un jeune homme, et non une femme. Il avait menacé sa famille d’un suicide s’ils ne le laissaient pas vivre sa différence. Et tout notre bel univers allait voler en éclat peu après. »

S’empressa de lâcher le contre-amiral, comme pour la retenir à ses cotés.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Andropovitch

Rôles:

Calande Rorré : Coupie

Poféus : Pof Magicfinger

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch17 Ep4

Wed, 08 Jul 2015 16:36:00 GMT

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Les trapézistes se laissèrent descendre avec leur balançoire jusque sur la piste. Bras et jambes étirées, la courbe des corps tendues à l’extrême donnait l’illusion de deux flèches vivantes pointant vers le groupe d’animaux. À cette distance, on pouvait mieux les détailler : habillés en costumes à damier noir et blanc, leur apparence était proprement fantomatique, se perdant dans l’environnement général aux valeurs semblables. L’un portait un bonnet en pique tandis que celui de l’autre était étiré en largeur. C’était leur seule et unique différence, un peu comme si l’on avait voulu nous décrire des frères de race.

Un dernier détail : ils se repoussaient, ne s’appréciaient visiblement pas.

Dès qu’ils eurent touché le sol sablonneux, ils s’éloignèrent l’un de l’autre puis se jetèrent en direction des animaux, mais, ho surprise, il ne purent franchir la ligne tracée dans le sol. Par des gestes successifs mimés, ils simulèrent un mur invisible, une surface de verre infranchissable qui les empêchait de passer. De l’autre coté, les animaux étaient intrigués par ce manège et tentèrent également de traverser la frontière invisible. L’éléphant-melotte donnait des coups de tête pour forcer le passage, tandis qu’à coup de griffes acérées, le tigre rouge tentait de s’ouvrir une impossible brèche. Malgré leurs efforts, rien n’y faisait, le mur restait infranchissable.

Tout d’abord en plein ouvrage, les deux acrobates se figèrent, observant les animaux. Ils étaient littéralement en admiration, un peu comme si la force primaire des bêtes recelait une quelconque magie attractive. Aucun doute, les deux personnages en noir et blanc posaient en extase. Du moins, selon l’interprétation que l’on pouvait avoir du jeu de mime.

« AAAAiiii, RRRRRrraaaagaaaaééééé, OOOOOOOOO ! »

Hurla Monsieur Loyal, pointant de nouveau un doigt vers le plafond, faussement surpris. Il jeta même un clin d’oeil vers son public, ce qui fit battre des mains le Capitaine Majellone !

« Hola ouii ! J’ado’e, enco’e, enco’e ! Ha, ha, ha ! »

Phil ne put s’empocher de croiser le regard de ses deux voisins. Les siècles passés avaient-ils entrainé une sorte de régression mentale chez le capitaine ?

« S’pèce de nabot va! Tu dev’ais suivre c’qu’y s’passe plutôt que d’m’insulter ! Rega’de donc la beauté et la g’ace.. LÀ-HAUT ! »

Grogna-t-il à l’intention du lieutenant, mais également à celle de tous les autres participants. Ne voulant visiblement plus perdre de temps avec eux, il se replongea dans le spectacle. Fabio se surprit à comparer l’expression de l’officier à de l’amour, et ce fût en dirigeant son attention vers la voute qu’il en saisit la raison.

Une nouvelle trapéziste entrait en lice, entourée d’un nuage de ruban et autres bandes soyeuses de tissus flottant dans l’éther environnant. Pas de doute sur sa féminité, ses formes généreuses étaient clairement mises en valeur, quitte à paraitre un peu vulgaire. Fabio sourit de nouveau en coin : alors capitaine, connaissez-vous donc cette jeune dame enveloppée ?

L’autre grogna mais ne quitta pas des yeux la nymphe. Ils formeraient un beau couple si c’était le cas, et cela expliquerait comment l’officier du Positron n’était pas devenu fou. Offrir un partenaire sentimental était utilisé depuis l’aube des temps pour garder une personne équilibrée et tranquille…

Magellone regarda sèchement le mental, ne perdant visiblement pas une miette des pensées du jeune homme. Mais il ne prononça pas un mot, rien qu’un nouveau grognement, puis se replongea dans l’admiration de la belle, dont le trapèze, descendu à quelques mètres de la piste, commençait à se balancer d’avant en arrière. Inversant sa position en se tenant par les jambes, elle tendit les bras vers le sol, une pose acrobatique célèbre chez ces artistes de cirque.

Tous les participants l’observèrent quelques secondes, puis les deux trapézistes au sol tendirent leurs mains, s’étirant le plus possible pour s’accrocher à celles en suspension au-dessus d’eux.

« Elle peut traverser la ligne de démarcation ! »

S’écria Phil. Le lieutenant commençait lui aussi à saisir le sens de ce qu’on leur montrait. Fabio ne fût d’ailleurs pas surpris de voir Monsieur Loyal se précipiter avec un balais disproportionné et donner de grands coups aux deux frères trapézistes, pour les empêcher de s’accrocher et les faire s’éloigner.

« Mmhhmm..mmm

Oui, le gardien du temple… »

Traduisit Fabio à l’intention du compagnon d’Adénor. Monsieur Loyal refusait le passage de la frontière, dans quelque sens que ce soit. De toutes façons, la « passeuse » n’était pas assez bas pour permettre aux deux frères de s’accrocher. Par contre les animaux étaient eux à bonne hauteur. L’éléphant-melotte en particulier. Pour soulever un poids pareil, on comprenait mieux pourquoi la nymphe trapéziste était si bien portante. Le grand animal aurait réellement pu être emporté de l’autre coté de la ligne, sans l’intervention in extremis de Loyal.

Il était bien seul, ce bonhomme avec son micro et son balais, s’époumonant à courir dans tous les sens au milieu de ce beau monde ne désirant visiblement qu’une chose : s’affranchir de ses règles.

Alors qu’il chassait les deux trapézistes, le tigre rouge sauta dans son dos et s’élança. D’une manière incroyable, la nymphe lui attrapa les pattes avants et l’animal réussit à passer de l’autre coté !

« Hooooo ! C’te fois c’est sé’ieux, regardez bien M’sieurdames ! »

À peine sur le sol, il fût entouré par les deux frères qui tournèrent autour de lui, dansèrent et gesticulèrent de joie quelques secondes, puis se chamaillèrent, se repoussèrent mutuellement. Visiblement aucun ne voulait laisser l’autre profiter du tigre.

C’était oublier l’impitoyable Monsieur Loyal…

« OOOEEEEEEEOOOOoooooouu AAAnteeeeezzzzzzz

Je ne crois pas qu’il aura le choix de rentrer, si tu l’exiges. Qu’as-tu donc dans ta manche, Loyal ?

Chhhttt !!! Mais taisez-vous ! C’est un g’and moment là ! »

Fabio ne réagit même pas à la réaction du capitaine. De toutes façons, il n’était pas stupide : la scène se rejouerait autant de fois que possible jusqu’à ce qu’ils la comprennent tous. Ses « amis » leur passait un message ou leur racontait quelque évènement très important sous la forme d’un spectacle de clown.

« HAAAAAAAyaaaaaaaaAAAAAAAAA !!!! »

hurla Monsieur Loyal et une grosse explosion de fumée, encore un artifice typique des cirques, se produisit aux pieds du tigre et des trapézistes. Dans une magistrale acrobatie, le tigre sauta en arrière et retomba sur ses pattes, de son coté de la ligne. Il rugit silencieusement, se lécha puis repris sa ronde, lançant un regard noir au maitre de cette ligne décidément infranchissable.

Phil se permit une conclusion de passage, l’air presque déçu :

« Ils ne sont pas prêts de passer. Le présentateur ne semble pas décider à tolérer quoique ce soit. Mais je ne comprend toujours pas la raison d’être de ce spectacle ?

Ça va veni’ gamin. Rega’de plutôt en coin, là-bas ! »

Dans la direction qu’indiquait Magellone, un nouvel arrivant pénétrait la piste. Un petit singe, avec cymbales et fez pendouillant .

Particularité : il se trouvait du coté des trapézistes, pas dans celui des animaux.

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Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Andropovitch

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Adénor: Anna

Magellone: Raoulito

Mr Loyal: Angelus

Compo: Ian

Montage: Tristeur


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RedU T1 Ch17 Ep3

Wed, 01 Jul 2015 07:00:00 GMT

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Le blanc.

Partout.

Mais autre chose également. Fabio ne pouvait s’empêcher d’apprécier la vision d’un monde aux valeurs inversées : le noir y était la lumière, le blanc, l’obscurité. Pour un être hors des normes communes tel que lui, le concept était plaisant.

Il se tenait aux cotés de Phil Goud et d’Adénor Kerichi, assez proche également du Capitaine Magellone pour sentir les relents de transpiration émanant de l’ouverture de son gros scaphandre. Tous suivaient les pérégrinations de la silhouette d’un « Monsieur Loyal » caricatural, qui voltigeait, mimait et hurlait des élucubrations incompréhensibles sur une piste de cirque dessinée, esquissée plutôt, à grands reflets de noirceur sur un blanc immaculé.

Cette scène ubuesque n’était que l’aboutissement d’un long périple qui avait commencé lorsque leur Transporteur fût absorbé par un vortex à l’intérieur même de la Passe de Magellone. Celle-ci portait le nom de l’officier supérieur du premier vaisseau à y plonger pour ne jamais en revenir, le Capitaine Magellone, son voisin d’estrade.

Et pourtant, l’histoire remontait à maintenant plus de cinq siècles.

Sans en connaitre la finalité, Fabio, le mental le plus puissant connu, avait pu déduire certaines pièces du puzzle : les petits êtres translucides qui donnaient leurs pouvoirs aux mentaux étaient derrière tout ce stratagème. Ils l’avaient amené ici, ainsi que ses voisins, dans le but qu’il puisse, grâce à ses facultés, leur permettre d’apparaitre dans cette autre dimension, à l’intérieur du Positron. Le vaisseau légendaire de Magellone semblait être le point de rendez-vous choisi par les petits êtres pour leur premier contact « direct » avec l’Humanité.

Comme si cela n’était pas assez complexe, toute cette suite d’évènements était ponctuée de références improbables aux aspects délirants. Que dire de ce monde aux valeurs inversées, de cette soit-disante piste de cirque éclairée de lumière noire par une clef à molette boursouflée jouant le rôle d’un projecteur ? Elle-même résultait de l’agglomération de milliards de petits êtres translucides qui s’étaient jetés les uns contre les autres, se compressant de manière improbable en cette forme qui n’était pas inconnue à Fabio : il s’agissait du dernier être ayant pu l’accompagner jusqu’ici.

Dire que, naïvement, il le pensait son ami il y avait encore quelques heures…

Bref, tout naviguait dans un surnaturel grotesque et incompréhensible où le fait de souffrir les hurlements fous d’une silhouette ricanante n’était qu’une facette parmi d’autre.

L’individu fit soudain une pause dans ses acrobaties, comme s’il avait suivi les réflexions du mental blond et en attendait la fin. Il prit une nouvelle pose théâtrale, levant bien haut son bras libre, pour ensuite le tendre vers ce qui devrait être l’entrée de la piste. Elle prenait la forme d’un espace séparant deux grosses colonnes que l’on devinait décorées de moulures et autres masques sculptés en bas-relief. Enfin… d’après ce que la lumière noire en laissait deviner, car cette dernière ne se focalisait jamais plus d’une seconde sur une position, rendant impossible une vision précise de la scène.

« Gniiiiiiiiii….. YAHAMAAAAALAAAAAGOYAAAAAAAA !!!! »

Hurla Loyal en se courbant en deux. L’omniprésent orgue de barbarie reprit soudain de plus belle, alors que des visions à la limite du cauchemar pénétrèrent sur la piste au rythme de la musique.

Pouvait-on appeler ces choses… des animaux ? Peut-être des caricatures animales, ou des simulacres de créatures, mais elles provoquaient bien plus la peur que l’attendrissement.

« Mais c’est un tig’e ‘ouge, ma pa’ole !! »

S’extasia Magellone, tel un enfant. Apparemment l’officier n’avait plus vu de tigre rouge depuis bien longtemps. Ceux-ci avaient normalement des yeux plus petits et placés aux bons endroits du visage. Ici, l’un d’eux sortait par la bouche, collé sur la langue. Seule la couleur rougeâtre, visible par une légère teinte du cuir de l’animal sous la lumière noire, faisait penser à l’espèce originale. Le « félin » avança doucement, poussant des feulements muets, comme s’il ne savait pas produire de son.

« AAAAAYYYeeeeee! AAAAAIIIIIIFOOOOOOOO-EULLLLoTE ! »

Venait-il de dire un « éléphant-melotte » ? Fabio plissa les yeux, tentant de faire coïncider ce qu’il savait de cette espèce sur la grosse forme se glissant dans l’entrée. Le mastodonte passait tout juste. Malgré une seconde trompe incomplète sortant de l’oreille, et une incompréhensible sorte de feuille de palmier en place de queue, la forme générale et la couleur bleu-gris rappelaient effectivement l’éléphant-melotte.

Intéressant. Donc le son de crécelle éructant de la bouche de Monsieur Loyal se voulait une tentative pour communiquer dans notre langage.

« Bon Dieu, mais tu vas a’êter de fai’e tout ce bruit ? Rega’de et p’ofite du spectacle plutôt ! En tous cas moi, j’ai po souvent l’occasion de m’amuser, alors j’veux du silence dans la salle !

  • Je pensais simplement, Capitaine. Vous devriez apprendre à focaliser votre attention, cela aide beaucoup.

C’est que… »

Il ne poursuivit pas. De toutes façons, il était clair que Magellone n’était pas un habitué des techniques mentales. Encore une information utile, on ne s’improvisait pas expert de cet art psychique si facilement, n’est-ce pas, Capitaine ?

L’autre ronchonna quelque mot grossier inaudible puis ouvrit grand les yeux, tendant soudain ses deux index vers le plafond. Tous levèrent la tête.

De petites flèches noires traversaient la voûte, comme des chauves-souris pénétrant une nouvelle cavité et avides de l’explorer.

« Mais qu’est ce que c’est que çà ? »

Ne pût s’empêcher de demander Phil, serrant la main de sa compagne. Elle se tourna alors vers lui, le regard tendre.

« Mmmhmm… »

Ce qui fit toussoter Fabio et faire éclater Magellone d’un grand rire.

« Quoi ? Mais, heu chérie… Qu’a-t-elle… dit ?

  • Disons qu’elle sera heureuse que vous vous… retrouviez. Ta.. manière de demander les choses… lui plait beaucoup. Voilà. »

Le lieutenant regarda la femme qu’il aimait. Les yeux de celle-ci étaient rieurs, cela faisait longtemps qu’elle ne s’était plus montrée sous ce jour là.

« Elle a aussi ajouté qu’il s’agissait de deux voltigeurs, ce qui est juste ! Capitaine, vous écoutez les pensées de tout de monde ?

  • Comment ?!
  • Mmmhmm ?! »

Rugissant en même temps, les deux amoureux fixèrent l’officier. Le gros bonhomme en fût distrait de sa contemplation des trapézistes qui sillonnaient l’espace au dessus d’eux. Il sourit bêtement, n’ayant visiblement pas de réponse toute faite à fournir. Fabio décida de suspendre momentanément l’acte d’accusation, la priorité étant ailleurs.

« Ne vous inquiétez pas tous les deux, ce n’est que… momentané. Ha ? Il semblerait que nous ne soyons pas encore au bout de nos surprises ! Regardez le sol de la piste. »

Effectivement, une ligne droite creusait la surface meuble ( sablonneuse, peut-être ? ) de part et d’autre de la piste. Les deux tracés se joignirent juste entre les jambes de Monsieur Loyal qui suivait l’opération avec un grand intérêt. Celui-ci hurla de plus belle :

« CCCAAAAAA…. PIIiiiiiiiiiiiiiiii!!!!!! »

Puis il reparti d’un rire dément.

  • Oui… C’est parti. »

Murmura Fabio dans un petit sourire énigmatique.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Coupie

Rôles:

Phil: Lorendil

Fabio: Zylann

Adénor: Anna

Magellone: Raoulito

Mr Loyal: Angelus

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch17 Ep2

Wed, 24 Jun 2015 07:00:00 GMT

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« Je vous écoute, Carillo. J’aimerai des bonnes nouvelles, pour une fois.

  • Et j’ai quelque chose pour vous Monsieur : regardez ceci… »

Le Capitaine Carillo désigna une zone grosse comme une orange sur l’écran-table qui se dressait entre lui et le Colonel Momumba Arlington. La totalité de la surface d’affichage était monopolisée par le Positron, le légendaire appareil du Capitaine Magellone, pionnier de l’exploration spatiale. On avait extirpé des bases de données du vaisseau tout ce qu’il était possible de savoir sur le célèbre vaisseau et concentré cette profusion d’informations ici même, dans le serveur central du centre de commandement du Transporteur. Une simple pression sur un point du schéma provoquait son agrandissement et l’apparition d’une séries de cotes en tous genres, difficile de faire une présentation plus claire.

Arlington laissa son regard naviguer le long des fines lignes bleues. Un bien beau modèle que cette classe Pélican. Cette série de vaisseaux d’exploration présentait des courbes beaucoup plus esthétiques que les vaisseaux actuels, d’aucun parlerait maintenant d’un style baroque. Plutôt petit, sans comparaison possible avec les transporteurs de la classe Goliath, il hébergeait un équipage réduit à seize personnes maximum, incluant le capitaine. Au cœur de l’engin, la salle de la première génération des quadrilleurs spatio-temporel qui nécessitait, à elle seul, un tiers de l’équipe, entre son exploitation et son entretien. C’était suite à son invention que l’idée de « quadriller » l’univers avait émergée dans l’esprit des élites d’alors, et la classe Pélican en était l’aboutissement. Un propulseur au lithium d’un bon rendement, un imposant compresseur dimensionnel plutôt efficace compte tenu des technologies de l’époque, le robuste petit appareil était taillé pour constituer la flottille qui sillonna l’univers connu durant presque un siècle. Une conception simple et solide, tout l’esprit de son époque en quelque sorte.

Oui, justement : une autre époque.

Le regard d’Arlington se reporta sur l’endroit de la carte indiqué par son second. L’index de Carillo était posé sur une zone à la fois floue et opaque, où même les courbes ne s’y dessinaient pas naturellement, elles y étaient comme corrompues, tordues.

Le colonel s’approcha, supposant un problème d’optique dû à la fatigue accumulée, mais non.

« Le serveur est endommagé ?

  • Absolument pas, Monsieur. Ceci est le meilleur résultat que tous les censeurs et radars à notre disposition ont pu nous fournir. Je précise d’ailleurs que seules les bio-signatures et quelques signaux radars ont été un peu parlant. Le reste ne signalait strictement aucune activité.
  • D’accord, mais pourquoi le schéma lui-même est… tordu ?
  • Aucune idée, c’est le radar à onde courte qui a fourni cette information. Le résumé des analyses donne ceci : nous sommes en présence d’une multitude de signatures énergétiques compatibles avec la vie, elles-mêmes au cœur d’une distorsion dimensionnelle.
  • Laissez-moi deviner. Quelque chose de semblable à ce qui nous a amené ici ?
  • Difficile d’être catégorique, Mon Colonel, mais c’est très plausible, en effet. »

Le lieutenant Goud lui avait parlé d’une étape dans la compréhension du phénomène et de Magellone les invitant à trouver des réponses à bord. La boucle se refermait maintenant de manière presque trop évidente. Un très vieil officier, inexplicablement vivant, associé d’une manière ou d’une autre à quelqu’un ou quelque chose capable de créer des ponts entre les dimensions. Un peu tiré par les cheveux, mais au moins cette théorie recoupait tous les évènements.

Restait à savoir le pourquoi ? Et puis, ce « quelque chose », c’était quoi ?

« Une estimation du nombre ou du genre de signatures ? À quoi avons-nous à faire ? »

ck&

L’autre se pinçait ses lèvres, visiblement hésitant sur la réponse.

Momumba releva la tête, croisant le regard de son second. Celui-ci avala sa salive et répondit, aussi posément que possible :

« L’analyse de l’ordinateur donne… dix exposant seize signatures… Mon Colonel. »

Arlington écarquilla les yeux, n’arrivant même pas à concevoir le chiffre.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

narration: Coupie

Rôles:

Arlington: JCK

Carillo: Andropovitch

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch17 Ep1

Wed, 17 Jun 2015 07:00:00 GMT

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« Bonjour à tous, Vous êtes sur Ex-One Média, et c’est Ted Maos’n, en direct du Transporteur n°1 pour votre édition d’actualité !

Voici les titres :

• Transporteur n°3 : Le drame absolu qui a frappé nos compatriotes est désormais passé de la stupéfaction à l’inquiétude : et si nous étions les suivants ? En l’absence de réponses claires, toute l’équipe – réduite – s’est mise en action pour trouver une réponse à cette… Disons, cette question existentielle. Ce sujet recouvrira la quasi totalité de l’émission pour des raisons évidentes.

• …Seul autre sujet traité ce soir : l’évolution sensible, de ce que l’on a appelé la « Phil et Adénor-mania », vers une religion à part entière. Car leurs adeptes soutiennent mordicus que leurs héros ne sont pas morts, il auraient juste « changé d’état » pour mieux préparer leurs retours. Un reportage de Rabsky Benkous.

Commençons donc par le sujet principal : celui de notre survie. Rendez-vous juste après cette parenthèse. »

<pub>

« Retour dans Ex-One Média.

L’Exode dans son intégralité a vécu, il y a maintenant une douzaine d’heure, un des pires évènements de l’Histoire spatiale. Faut-il rappeler les chiffres ? Plus d’un demi-millions d’âmes, un Exodé sur sept, quatre cent mille tonnes de matériels divers et de fret : le cargo géant de la classe Goliath, connu sous le nom de Transporteur n°3, s’est littéralement volatilisé lors d’une distorsion de l’espace-temps dans la Passe de Magellone. Et aucune explication crédible n’est venue donner, sinon un sens, au moins une logique à cette horreur.

Car oui, nous parlons bien d’horreur ici. Même le naufrage du Lusania, ce célèbre croiseur de plaisance qui termina sa carrière dans la région de Vegas IV, ne comptabilisait « que » cent cinquante mille disparus. Et c’était il y a plus de deux cent ans, on pensait que les drames de cette ampleur faisaient définitivement partie du passé.

Nous faisions erreur.

Personnellement, j’ignore même comment cela sera annoncé au reste de l’Exode qui, comble de l’abomination, ne sera mis au courant qu’à notre regroupement final, après la traversée de la Passe, dans deux semaines maintenant, si… tout va bien. Les pleurs n’en ont donc pas encore fini de résonner dans les coursives. Mais justement, et si tout n’allait pas bien ? On ne comprend pas ce qui est arrivé au Transporteur n°3, pourquoi donc cela ne se reproduirait-il pas pour notre propre Transporteur ?

La réaction des autorités ne s’est malheureusement pas faite attendre. Voici, il y a deux heures, un extrait de la conférence de presse extraordinaire organisée par le Général décembre. Celui-ci quittait une interminable réunion de crise à huit-clos, entouré de spécialistes en tous genres. »

« Messieurs-dames, je m’exprime devant vous alors que.. mmhmm… l’heure est grave. Vous n’êtes pas sans savoir le drame qui nous touche tous. Le Transporteur n°3 a disparu dans les méandres des dimensions de la Passe de Magellone ce matin, à dix heures zéro quatre.

J’étais… Mhmmm… personnellement en contact avec le Colonel Arlington lorsque le vaisseau a débordé de son assiette. Je ne vous décrirais pas tous les évènements, sachez seulement que ce fût rapide, très rapide !

Nous suivions alors les prémices de l’incident avec toute l’assiduité possible depuis une quarantaine de minutes, dès que les rapports des senseurs ont révélé les premières anomalies spatio-temporelles.

Mmhmmm… Ils sont morts sous nos yeux. C’est… quelque chose d’assez bouleversant.

Vous me voyez ici, à la sortie d’une réunion avec tous les spécialistes et responsables de notre Transporteur qui tentent, encore maintenant de trouver une explication rationnelle à ce qui est arrivé.

Avant d’aller plus loin, sachez que je déclare immédiatement l’état d’urgence à bord de ce vaisseau. Un couvre-feu va être … Messieurs-dames, je vous demande de conserver votre calme ! Cette mesure est justement prise pour éviter tout mouvement de panique ! Donc en plus du couvre-feu, les déplacements seront réglementés, la distribution de vivres et d’eau sera placée sous contrôle militaire et tous les lieux considérés comme importants seront sévèrement surveillés. Cela regroupe les fonctions essentielles du Transporteur, les zones de fortes densités de population et les lieux de cultes ou de regroupement.

Non, pas de séance de question pour l’instant, vous serez avertis pour le prochain point de presse. »

« C’était donc l’intervention de notre commandant, le Général Décembre. J’ignore si fermer les cages suffira à nous éviter le destin de nos malheureux compatriotes, mais désormais il ne reste plus que la petite lucarne pour vous tenir informé. Et c’est justement le rôle d’Ex-One média. Une page de publicité et nous revenons juste après. »

< pub >

« Retour dans notre édition du soir.

Si le commandant de notre Transporteur s’est empressé de décréter l’état d’urgence, c’est pour deux raisons : la première, nous en parlons depuis quelques minutes, c’est que l’on ignore totalement ce qui risque de nous arriver dans les prochaines heures. La seconde est officiellement liée à un possible mouvement de panique. Probablement dû surtout à cette ferveur nouvelle qui étreint les cœurs de nos compatriotes et qui, à tord ou à raison, inquiète le commandement au plus haut point. Un reportage de Rabsky Benkous… »

« Phiiiiiiiilllll, Aaaaaaddéééénooooorrrrr, Phiiiiiilll.

Nous sommes en ce moment dans un des nombreux lieux de réunion du culte dédié à Phil Goud et Adénor Kérichi. Je parle volontairement tout bas pour éviter de perturber les adeptes. Comme vous pouvez le voir, les gens se font discrets, surtout depuis l’annonce, il y a quelques dizaines de minutes au moment où je vous parle, de l’instauration de l’état d’urgence à bord du Transporteur.

Nous sommes tout de même parvenus à interviewer quelques fidèles, qui, vous le comprendrez, ont préféré conserver l’anonymat. Leur visages ont donc été flouté et leur voix déformées.

Pouvez-vous nous expliquer ce que vous faites ici ?


  • Je prie Sainte Adénor de veiller sur ma famille dici son retour. Elle fût une femme parmi les femmes avant de partir dans sa quête, et, je suis certaine quelle reviendra nous protéger comme une mère. Excusez-moi, mes enfants mattendent

Pardon, Monsieur ? Quelques mots pour Ex-One Média. Comment se fait-il que deux personnes, certes plutôt médiatiques, puissent devenir du jour au lendemain des icônes religieuses ?


  • Vous ne comprenez pas ? Vous les médias ne les avez découvert que récemment, mais ils sont parmi nous depuis longtemps ! Je me suis renseigné, vous savez ? Pensez que tous deux ont tenu tête au Commandant Benkana, survécu à plusieurs attentats, eu un rôle proéminent sur lors de larrestation des pirates sur Maman-lolo. Et je sais de source sûre quils ont prit part à la révolution Castiks. Et pas quun peu !
  • Mais cela fait-il d’eux, pour autant, des êtres au-dessus du… commun de mortels ?

  • Pour nous ici, oui. Pour vous.. cest en ce moment que vous devez observer et comprendre. Leurs retours est proche et vous serez bientout le monde sera bien obligé de voir ce quils sont vraiment.

Bonjour Madame. Vous avez surement traversé de nombreuses époques et pourtant il semble qu’aujourd’hui, vous adhériez à la religion naissante de Phil et Adénor ?


  • Mon petit garçon, je ne suis pas celle que vous croyez. Je suis une Octote. Ma religion est plus ancienne que vous ou vos spectateurs ne pouvez limaginer.
  • Oh ? Enchanté doublement Madame. Pourtant l’image que l’on a des Octotes est plutôt celle de… personnes prenant des substances en attendant un prophète. Que faites-vous donc là ?

  • Petit insolent ! Sachez quil est devenu évident à nombreux dentre nous que Phil et Adénor sont notre réponse. Nous débattons de savoir qui de lun ou de lautre ou des deux est celui que nous attendions ! Et la communauté Octote ne se sert de la Lamprasine que pour


  • Milice du transporteur ! Cette réunion est illégale en vertu de l’état durgence en vigueur. Nous allons procéder à l’évacuation de ce lieu. Veuillez obtempérer !


  • Ca y est, mon petit garçonNous avons déjà connu cela par le passé, nous les Octotes. Et çà recommence. Je vous laisse, Phil et Adénor vous garde.

En quelques minutes le lieu fut vidé de tout occupant, le propriétaire du local soumis à une forte amende et des scellés placés sur les ouvertures. Il semble que le commandement du Transporteur ai décidé d’entamer un bras de fer avec les adeptes de ce qui est désormais une religion.

Réussira-t-il son pari ?

C’était Rabsky Benkous, depuis la Cité intérieure »

« Comme si la destruction du Transporteur n°3 ne suffisait pas, est-ce que nous voici à l’aube d’une nouvelle persécution religieuse ?

Notre émission se termine, merci de l’avoir suivi. Rendez-vous pour notre prochain bulletin d’information.

À très bientôt, c’était Ted Maos’n en direct du plateau d’Ex-One Média sur le Transporteur n°1 »

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Rôles:

Ted Maos’n: icaryon

Drisso el nofello: Arthur

Vieille Dame: Anna

Jeune Dame: Zizooo

Général Décembre / Interviewé / chef de la milice: Raoulito

Compo: Ian

Montage: Raoulito


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Red Universe: Playlist Chapitre 16 « Vortex »

Wed, 10 Jun 2015 12:22:00 GMT

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Le chapitre 16 est terminé, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores de « Vortex ».


La playlist des musiques gratuites de Red Universe ! Sur Jamendo.com



Voici certains thèmes à remarquer pour leur utilisation dans ce chapitre :

  • Thème du Vortex : « drone revolution » de Nawak_Music / alb “Singularity: Chapter I”
  • Thème du Colonel Momumba Arlington: « Soft Play » de Marius Joppich / alb: “Emotion Melody”
  • Le fameux thème du Commandant Magellone: « Bird machine » de Kombopatras / alb: “No humans/singularity”
  • Les thèmes originaux de Fabio Ouli ou de Phil Goud sont disponible dans la section Musiques & Thèmes :-) Vous pouvez les y écouter (via la plate-forme « Soundcloud » ) ou les acheter.


Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 17 de RedUniverse
» Circus »

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RedU T1 Ch16 Ep15

Wed, 27 May 2015 08:16:00 GMT

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Les Dieux… Ses pouvoirs, le fait que Magellone puisse l’atteindre directement. Même l’intérêt porté sur Phil Goud. Les pièces du puzzle s’emboitaient maintenant à la perfection. Ainsi, ils avaient la possibilité d’ouvrir un vortex de la taille d’un transporteur, au beau milieu de la Passe. Et ils l’attendaient depuis le début, s’étant sans doute éloignés pour mieux préparer leur rencontre.

Manipulé, voilà ce qu’il lui était arrivé depuis, qui sait, des semaines des années, toute sa vie ?

« Fabio ? »

Demanda Phil, inquiet du mutisme de leur ami. Il s’approchait pour lui poser une main sur l’épaule, quand celui-ci le retint d’un geste :

« Ce n’est pas la peine, j’ai compris. J’ignore sincèrement ce qui va arriver maintenant, mais sachez par avance que j’ai sans doute été le premier berné dans cette histoire.

Pas de sentimentalisme gamin, on s’ennuie…

Taisez-vous la relique. Vous n’êtes que leur homme de paille. SI VOUS VOULIEZ ME VOIR IL SUFFISAIT DE ME LE DEMANDER ! »

Hurla Fabio tout autour de lui, à destination du vide. Puis, sur une grimace trahissant sa colère rentrée, il se concentra. Ils voulaient une démonstration maximale ? D’accord, il allait la leur donner en faisant appel à tous les êtres se trouvant dans les parages. Normalement, cette action les faisait se rapprocher de lui pour recevoir une part de leur puissance psychique, comme tout Mental.

Mais pas aujourd’hui.

Adénor se glissa près de son amant, prenant une position plus souple malgré ses béquilles, en préparation à un improbable combat. Phil regardait tout autour de lui, n’en revenant pas.

De leurs yeux écarquillés, ils voyaient des millions de petits objets translucides apparaitre dans toutes les directions. Le blanc de l’univers se mouchetait de cuillères, de téléphones portables, de tournevis, de boites de conserves ou de fruits en surimpression. Où qu’ils regardaient, de sous leurs pieds à l’horizon, enfin là où il aurait dû se trouver, il n’y avait plus que ces petites choses mouvantes, tournoyant lentement autour du groupe comme une tempête en préparation.

Fabio se concentra encore, sachant pertinemment jusqu’où ils l’attendaient : il devait reproduire l’effort qui l’avait propulsé sur MaterOne pour sauver son frère, ils voulaient qu’il les aspire en lui tel un siphon.

Une ultime inspiration gonfla ses poumons, puis…

Fabio força peut-être plus encore qu’il ne l’eut jamais fait, laissant échapper un murmure de rage dans son effort de concentration. Le mouvement magnifique des centaines de millions d’êtres stoppa soudain. L’un après l’autre, d’abord lentement, puis de plus en plus vite jusqu’à devenir des flèches de lumières, ils se jetèrent tous les uns dans les autres, à l’exacte verticale d’un Fabio qu’on devinait livide malgré la visière. D’une manière incompréhensible, une sorte de puissant mouvement de l’air accompagnait celui de masse des êtres translucides. Adénor attrapa la main de son compagnon, tentant avec lui de contrer la force du courant.

Ils n’eurent pas à s’inquiéter longtemps, les dernières vagues d’objets vinrent percuter à leur tour leurs collègues et une ultime tasse à café fût absorbée. À la verticale de Fabio, ne subsistait plus qu’une forme mouvante, d’un noir insondable, semblant se chercher. Unique rescapée des innombrables individus.

Pris d’un vertige, Fabio relâcha soudain la pression et s’écroula sur ses genoux, tandis que Phil se précipitait pour le soutenir, suivi d’Adénor. La jeune femme ne quittait pas des yeux la sorte de clef à molette noire boursouflée, dernier avatar de la chose flottant au-dessus d’eux.

Magellone se rapprocha enfin et, d’une manière étonnamment paternelle, adressa quelques mots de soutien au mental blond. Sa voix dissimulait mal l’empreinte d’un profond respect. La démonstration l’avait visiblement marqué.

Fabio ne lui répondit pas directement, se contentant de venir aux nouvelles, d’une voix affaiblie.

« Ça… ça y est ? Ils… ils ont eu ce qu’ils… voulaient ?

On ne sait pas. Il y a une… clef à molette boursoufflée et noire qui vole au-dessus de nous, maintenant.

Une clef… boursoufflée ?! »

Alors qu’il prononçait ces mots, un cône de lumière noire jaillit de la clef à molette, visant une zone à quelques mètres devant eux. Etrangement, on voyait se dessiner une sorte d’arche multicolore dans le noir de la lumière.

« Mmhhmm !

Mais non m’dame, vous craignez ‘ien. Pouvez enlever vos casques, au fait. Et pi restez pas d’bout, moi en tous cas, je m’assois, hein ? »

Et joignant le geste à la parole, il fit pivoter son casque d’un cran, le libérant de sa charnière. Il l’enleva, tout en abaissant son imposant derrière sur ce qu’on pouvait penser être du vide. Mais non, les grosses fesses rencontrèrent une surface dure.

« Ce… ce monde est en négatif. Phil, Adénor… Regardez mieux autour de vous… Ces… ces liserés noirs, ces reliefs un peu partout. Le noir est la lumière, et le blanc l’obscurité.

Donc la clef à molette c’est un projecteur et, cette arche…

…L’entrée principale, je dirais »

Une musique hurla alors de toutes parts. C’était un orgue de barbarie, célèbre pour ses représentations dans les cirques.

Adénor croisa le regard de Phil, puis l’entrée sous l’arche. D’un commun accord, ils dévissèrent à leur tour leurs casques et aidèrent Fabio avec le sien. Devant l’impatience du Capitaine Magellone, ils se posèrent également, rencontrant, en effet, comme un banc au dessin courbé, destiné à un public sur une estrade.

« GNNNNNNIIIIIIIII YAAAAAAAAA !! »

Dans un cri de fureur, une sorte de Monsieur Loyal, bonnet noir et blanc, maquillage, micro et costume en queue de pie impeccable, surgit de dessous l’arche.

Il parcouru en sautillant toute une distance traçant un cercle, comme une piste telle qu’on peut en rencontrer dans les spectacles de cirque. Le projecteur de lumière noire le suivait, permettant de mieux prendre conscience de la disposition des lieux, même si l’effet négatif n’était pas aisé à assimiler.

Puis, revenu au milieu de la piste, Monsieur Loyal prit une grande inspiration et porta son micro à sa bouche en hurlant:

« MMOONSIGNIGNIGNIyaaaaouuuuUUUUUUUUUUUUUU !! »

Phil se tourna vers Fabio mais l’autre lui répondit avant qu’il ait put ouvrir la bouche :

« Je pense qu’il nous salue. Le Spectacle… va commencer. »

FIN DU CHAPITRE 16

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Coupie

Rôles:

Zylann : Fabio Ouli

Raoulito : Capitaine Magellone

Lorendil : Phil Goud

Anna : Adénor

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch16 Ep14

Wed, 20 May 2015 08:50:00 GMT

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Un groupe de scaphandriers longeait la coque du Positron en direction de la proue du vaisseau. Leurs chausses magnétiques résonnaient lugubrement dans le vide sous la surface du métal, mais seules les vibrations remontaient le long de leurs chevilles.

« Dans l’espace, personne ne vous entend hurler…

Qu’est-ce tu dis mon gars ?

Rien Capitaine. Je me remémorais le slogan d’un vieux film. »

Répondit Fabio, peu enclin à partager les souvenirs d’un film d’horreur dans leur situation. En file indienne, Magellone, Fabio, Adénor et Phil Goud progressaient vers un sas secondaire que leur avait indiqué le capitaine. Il avait garanti que ce serait plus rapide de passer par là, alors tous l’avaient suivi.

« Nous y v’la M’sieur-dame ! Pu qu’à l’ouvrir… »

Et joignant le geste à la parole, il s’accroupit aussi maladroitement que son embonpoint le lui imposait et fit coulisser une trappe dissimulée entre deux jointures. On l’entendit grommeler alors qu’il tentait de composer un code avec ses gros doigts gantés. Plusieurs tentatives furent nécessaires lorsqu’enfin un mécanisme ronronna sous la coque et l’écoutille d’un sas secret roula doucement sur ses engrenages, libérant le passage sur une ouverture parfaitement… blanche..

Phil constata l’étrangeté à haute voix :

« C’est tout blanc.

Mmhmm…

Elle a raison. Dans cet univers, le noir peut devenir blanc suivant son interaction avec la lumière. »

Répondit le Mental blond, traduisant les pensées d’Adénor.

« Mais c’était noir chez nous tout à l’heure, pourtant ?

Sans doute les règles de cette dimension ont leur propre complexité, cher Phil. Qui passe le premier ?

B’Diou ! C’est mon vaisseau, matelot ! Et le capitaine est toujou’s le p’mier à ent’er et le de’nier à sorti’ ! »

Et sur cette phrase, Magellone fit un petit pas en avant et se laissa glisser directement dans l’orifice. Les autres se regardèrent, puis Phil s’élança, suivi de sa compagne et de Fabio.

Peu rapide, la « chute » dura quelques bonnes minutes avant que les chaussures aimantées du Mental ne se fixent sur quelque chose. Le couple et le capitaine se tenaient déjà là à regarder le blanc, totalement pur, qui les entourait. En fait, bien qu’à quelques pas de lui, ils n’étaient guère plus que des silhouettes se dessinant sur un fond immaculé.

Blanc par ci, blanc par là, cet univers blanc rappelait l’hôpital, et Fabio n’aimait pas les hôpitaux.

Sentant ses pouvoirs toujours actifs, il se demanda s’il avait la faculté d’agir sur quelque propriété de la lumière dans ce monde ? D’un coté, remettre tout en noir n’était pas une solution non plus, plutôt… faire de la lumière « noire » pour « éclairer » ?

« Bien sû’ gamin qu’tu peux. Et c’est même c’qu’on attend de toi. »

Un frisson glacé parcouru la colonne vertébrale du Mental. Magellone venait de répondre à une pensée intérieure, malgré ses barrières levées. Cette fois le doute n’était plus permis, ce gros bonhomme cachait bien son jeu depuis le début.

« Eeeeevidement ! Qui c’ois-tu qui t’donne tes pouvoi’s, hein ? Nos Dieux sont les mêmes, fils, et il est temps pou’ toi de les appeler !

Mais que dites-vous, Capitaine ?

Demanda Phil, qui n’entendait évidement que la moitié de la conversation.

Tu vas le savoir fiston, dès que notre ami ici allumera tout çà… »

Tous se retournèrent vers Fabio, dubitatif.

Bon, de toutes façons ils étaient venu ici pour comprendre et on ne faisait pas d’omelette sans..

« …Sans casser des oeufs ! Ha ha ha ! »

Ricana le capitaine, trop heureux de couper l’herbe sous le pied de Fabio. Celui-ci fut piqué au vif par la remarque anodine , bien plus qu’il ne l’aurait dû : cette facilité à percer ses défenses était stupéfiante.

« Pouvez-vous arrêter de faire cela ? C’est énervant.

T’aime pas qu’on fouille tes neu’ones petit ? Pou’tant j’c’ois savoi’ que t’ado’e le fai’e aux autres, nan ? Aller, fait pas ta femmelette effa’ouchée, tout le monde attend.

Mais QUI ?

Fais-le ! Tu connais ces Dieux tout comme moi, sinon plus, ils s’impatientent. J’les entend, et toi ? Tu peux pas les sentir avec tout c’qu’ils t’donnent ? »

Et ce fût sur cette phrase que Fabio comprit.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Anna

Rôles:

Zylann : Fabio Ouli

Raoulito : Capitaine Magellone

Lorendil : Phil Goud

Anna : Adénor

Compo: Ian

Montage: Ackim


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RedU T1 Ch16 Ep13

Wed, 13 May 2015 10:28:00 GMT

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Spatioport de MaterOne, milieu de l’après-midi. La bruine grisâtre et les nuages bas n’étaient pas du meilleur accueil pour l’arrivée de l’imposant croiseur intergalactique. Le gros vaisseau atterri sur la piste sécurisée, celle réservée aux personnalités importantes. Une file officielle de plusieurs véhicules noirs aux armes Castiks se présenta face à une des sorties de l’imposant engin spatial, précédé par une nuée de motards. Un grands sas s’ouvrit, et, devançant tout le groupe se préparant à sortir, un homme, cheveux gominés et tenue impeccable, descendit la plateforme, le pas vif. On se précipita pour lui ouvrir la porte d’un des véhicules. Immédiatement les motards firent rugir leurs sirènes et les gardes du corps, comme les collaborateurs, s’agglutinèrent à qui saura trouver le plus vite une place dans le convoi.

Quelques secondes plus tard, le train de véhicule s’éleva puis s’élança, contournant une des tours de contrôle du spatioport.

Monsieur Heir se retourna vers la fenêtre, observant la ville défilant sous ses yeux.

« Avez-vous fait bon voyage, Wángzǐ ? »

L’interlocuteur du membre du Conseil de la Révolution était assis dans un siège profond, face à lui. C’était un petit Souriant à l’allure étriquée, aux lunettes rondes et fines, arborant un nœud papillon du plus bel effet. Qiānbǐ, le secrétaire de Monsieur Heir, tenait à la fois du comptable, de l’homme de confiance et du fonctionnaire. Il n’assistait pas uniquement le personnage politique qu’était Heir, il était également la courroie de transmission avec les Triades, recruté par elles spécialement dans ce but. Son rôle se révélait donc ambigu.

« C’était long, comme toujours. Des nouvelles de Myan ? »

Son jeune protégé avait été envoyé par le premier transport disponible au départ de Tb-01 : les infrastructures de la planète mère étaient les seules aptes à soigner son élève. Heir avait préféré attendre encore plusieurs semaines, même après le départ de Ralato, pour disposer d’un créneau sûr et quitter à son tour la nébuleuse de Talbot. Ce n’était que dans la périphérie du système de MaterOne qu’il avait pu être transbordé sur le croiseur officiel l’ayant conduit à destination.

« Son état est stable. Nos meilleurs spécialistes le veillent. »

Petit silence.

Les deux hommes travaillaient ensembles depuis suffisamment longtemps pour éviter les dialogues superflus. Un silence pouvait parfois être autrement plus explicite qu’une longue tirade.

Le politicien pointa son regard sur Qiānbǐ.

Aucune expression autre que ce discret sourire énigmatique. En bon apprenti des techniques mentales Souriantes, il savait faire le vide dans son esprit, dissimulant les informations que seule une douloureuse sonde pouvait faire ressurgir. Heir ne ressentait donc rien d’autre qu’une patiente attente de la part de son vis à vis. Dès la découverte de l’existence des mentaux, la communauté Souriante avait entretenu et développé en secret ce précieux savoir, pour ses propres intérêts. Il eut été imprudent de laisser les pouvoirs psychiques aux seules forces royales. Certes ce n’était pas l’efficace système de recrutement, d’universités et de centres de formations que l’Etat avait disséminé tout au long de l’histoire humaine, chapeauté par le tout puissant « bureau des affaires mentales ». Il s’agissait plutôt d’une variante artisanale centrée sur la communauté Souriante, modifiée grâce aux vieux préceptes traditionnels de philosophie et de techniques de contrôle de soit. L’expérimentation de la chimie du « nuage de miel », cette drogue produite sur Talbot et diffusée partout, en décupla les résultats, avec de puissants guerriers comme Hòu niǎo ou Myan qui virent le jour. Heir lui-même pouvait en témoigner.

« Ils veulent me voir c’est cela ?

En effet, Monsieur. Ils sont plutôt remontés quand au coût de cette affaire.

Mais qu’est ce qu’ils espéraient ? Poféus savait parfaitement qui il envoyait ! Ce Lieutenant Ralato, sans parler de l’agent Stuffy revenu d’entre les morts, est un adversaire redoutable.

Ils vous reprocheront d’avoir pris de l’avance sur le plan également.

On ne sait pas ce que Poféus fait de tout ce Lithium et de toutes ces matières premières ! Elles disparaissent quelques part dans l’univers où ce pédéraste accumule des stocks. Pourquoi ? Dans quel but ? Cette question me taraude l’esprit, j’espérais que Ouli pourrait m’aider. S’il n’avait, ne serait-ce, que le tiers des facultés de son frère, il serait une arme décisive dans quelqu’affrontement que ce soit.

Vous ne l’avez pas retourné pour autant. Il est donc notre ennemi ? »

L’autre soupira, se tournant à nouveau vers le spectacle de la ville. Il avait pu brièvement pénétrer l’esprit du Lieutenant. Durant ce court instant Stuffy lui était apparu, certes, mais autre chose également…

« Non, je ne dirais pas cela. La présence de l’agent Stuffy est un gros problème, je vais devoir réfléchir à une solution pour le neutraliser. Mais Ralato… »

Monsieur Heir ne poursuivi pas sa phrase. Il en avait déjà trop dit, sachant pertinemment à quelles oreilles il s’adressait. Le politicien préféra changer de sujet.

« Quand ai-je donc rendez-vous avec le Triangle ?

Tout de suite, Wángzǐ. Le convoi ne s’arrête à votre bureau que pour y déposer vos collaborateurs, nous poursuivrons notre route.

Pardon ? Vous voulez afficher notre association aux yeux de tous ? »

L’autre ne pu empêcher de plisser les yeux, et d’agrandir ce petit sourire toujours aussi énigmatique.

« Mais Wángzǐ, le rapport que le Lieutenant Ralato a sans doute déjà donné au Ministre de la sécurité rend la dissimulation quelque peu superflue, ne trouvez-vous pas ?

Cela aussi est de votre fait, et vous sera reproché par le Triangle. »

Heir ne répondit pas, se perdant dans la contemplation de la capitale tentaculaire.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Icaryon

Rôles:

Mr Heir: Destrokhorne

Qianbi: Akira

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch16 Ep12

Wed, 06 May 2015 07:00:00 GMT

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Quelques minutes plus tard, la navette était en route pour le Positron. On ne pouvait guère manquer leur destination, seul objet visible sur le blanc immaculé de cette dimension. D’aucun dirait : la seule tache.

Un clignotant s’éveilla sur la console de bord, attirant l’attention de Phil, aux commandes de l’appareil.

« Je crois… Oui c’est une communication entrante. On cherche à nous contacter. »

Il enfila son casque et enclencha le contact.

« Ici navette de transport non autorisée. Qui nous demande ?

  • Lieutenant Goud ! Je n’irais pas par quatre chemins : vous revenez maintenant et ici, avec Magellone et toute votre petite équipe, et je passerais l’éponge. Dans le cas contraire, je fais décoller les chasseurs pour vous intercepter !
  • Mes respects Colonel Arlington. Écoutez, il semble que ce soit le Capitaine Magellone lui-même qui nous ait invité pour cette petite virée à bord du Positron. On peut sans doute considérer cela comme une étape dans la compréhension de…
  • Arrêtez de gagner du temps, voulez-vous ? Vous avez volé un appareil, soustrait un témoin capital et quitté le transporteur sans autorisation. Votre notoriété ne vous permet pas de faire n’importe quoi. Revenez, c’est un ordre ! »

Phil se retourna. Magellone lui signifiait de couper la radio et Adénor bougeait la tête en signe de négation. Fabio, lui, entra directement en contact par la pensée.

« Explique-lui que notre situation ne nous permet pas de suivre les procédures habituelles. Et que, de plus, il semble qu’il y ait un soucis avec les chasseurs.

  • Comment çà, un soucis ?
  • Hé hé… Passe juste le mot comme je viens de le faire, Phil. Je te promet un bon accueil. »

L’autre fit la moue puis enclencha à nouveau la communication.

« Mon Colonel, à situation exceptionnelle je pense que nous devons appliquer des mesures exceptionnelles. Par ailleurs, vous ne pouvez pas faire… décoller vos chasseurs… actuellement ?

  • Pardon ? Mais pourquoi… < biiiiip > Arlington ? Comment ? Les alternateurs centraux de tous les appareils ? Mais…? …. Goud ! Qu’avez-vous fait ? Où sont les alternateurs de nos chasseurs ?
  • Je dirais… Troisième compartiment… à droite en entrant dans le… vestiaire… Voilà, vous les y trouvez là. Et le temps de tout remonter, nous serons certainement déjà revenus !
  • Colonel, ne voulez-vous pas connaitre le fin mot de toute cette histoire ? Le Capitaine Magellone se fait fort de nous éclairer sur nos questions, du moment que nous le suivons.
  • Et si c’était un piège ? Nous ne pourrons rien faire pour vous aider s’il vous arrivait quelque chose, j’espère que vous vous en rendez bien compte ?
  • Oui Monsieur… »

Le lieutenant baissa son micro et croisa le regard de sa compagne. Cette fois c’était un oui qu’elle disait d’un hochement de tête. Et ses yeux brillaient.

« …Nous sommes tous prêts à l’accepter, Mon Colonel. »

Petit silence.

On sentait Arlington confronté à sa conscience, comme souvent depuis l’entrée du vortex qui les avait conduit ici. Même volontaires, à la limite de la mutinerie, Phil, Adénor et Fabio n’en restaient pas moins des membres du transporteur sous sa responsabilité. Il ne voulait pas les perdre et n’aurait jamais accepté une opération de ce genre.

Sans doute était-ce d’ailleurs la raison de la fuite en avant du petit groupe.

« Ici Arlington. Allez-y. Tenez-nous au courant et faites en sorte de revenir entier.

  • On y compte tous, Mon Colonel. Merci à vous. Navette, terminé. »

Momumba reposa son micro sur le poste radio. Debout devant les écrans, il suivait l’avancée inexorable de la navette, impuissant. Quelle équipe de têtes brulées, pensa-t-il, également conscient que ses amis Benkana, JFHill ou lui-même, avaient été exactement pareils lors de la Révolution Castiks.

Et cela les avait conduit à la victoire.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Andropovitch

Rôles:

Magellone : Raoulito

Fabio Ouli: Zylann

Momumba Arlington: JCK

Compo: Ian

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch16 Ep11

Tue, 28 Apr 2015 18:00:00 GMT

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Phil Goud n’arrivait pas à trouver le sommeil. Comme souvent dans ces cas-là, le plafond devenait un terrain de recherches et de découvertes sans fin où la moindre aspérité, boulon ou toile d’araignée était un continent à explorer. Vivagel pompait doucement ses pattes avant contre son torse, le contemplant de ses yeux mi-clos. Il en fut récompensé par une série de caresses tout à fait à son goût. Le lieutenant regardait, pensif, le gros chat roux onduler, se trémousser et faire mille manières à chaque passage de la main de son maître.

« Il ne doit pas y avoir tant de chats ayant voyagé comme toi. Quelque part, tu dois être une star chez tes congénères, hein ? »

L’autre ronronna de plus belle en clignant plusieurs fois des yeux, il semblait répondre Si tu savais

Retour vers le plafond.

Phil ne doutait pas qu’une bonne partie de la population du transporteur devait, plus ou prou, être réfractaire au sommeil. Certes, ils avaient eu une chance insensée ( et encore, était-ce une chance ? ) de survivre à la sortie inattendue de la Passe… Mais comment rentrer ? Magellone, lui-même, reconnaissait à mi-mots être ici depuis très longtemps. Devrait-on s’habituer à manger des cubes nutritifs ?

Vivagel se redressa alors, s’étira puis sauta par terre, s’éloignant tranquillement vers une pièce adjacente où Sa Majesté avait installé ses quartiers de nuit. Il gratifia tout le monde d’un inhabituel miaulement profond qui résonna dans la chambre. Phil serra les dents, il détestait quand le chat s’amusait à les réveiller ainsi pour son simple plaisir. Adénor se retourna, dans un demi-sommeil, sur un murmure interrogatif.

« Ce n’est rien chérie, rendors-toi. C’est juste le chat qui fait des siennes.

  • En fait, justement, je voulais plutôt vous suggérer de vous lever. »

Alors que Phil sursautait, Adénor avait déjà bondi et jetait la couverture du lit sur la silhouette qui venait de parler depuis l’encadrement de la porte. Roulant au sol, elle attrapa une de ses béquilles et se préparait à l’utiliser tel un harpon quand elle s’immobilisa, comme paralysée. La voix de Fabio s’éleva de nouveau.

« Tout doux, madame la guerrière. Je suis navré de m’introduire ici sans prévenir, mais il fallait que je vienne discrètement… Hemm… Zoé, puis-je te libérer sans me faire transpercer par… ta béquille ?

Mhmmm. »

Alors que le mental libérait la jeune femme de son étreinte psychique, il fit signe à Phil de ne pas crier ni émettre aucun son, percevant la colère qui émanait du Lieutenant.

« Je vous dois quelques explications, j’en conviens. Le temps nous manque malheureusement. Sachez seulement que j’ai une sérieuse piste quand à la vraie raison de notre présence, j’entend tout le transporteur, dans cette dimension. Et je vais avoir besoin de vous. Nous allons devoir déjouer la surveillance de toute la garde du vaisseau et encourir une belle colère d’Arlington, mais… »

Il regarda tour à tour Adénor et Phil, puis leur fit un clin d’oeil.

« … Une petite aventure, cela ne vous manque pas ? Faites-moi confiance, les amis, celle-ci sera une des plus belles. »

Avait-il réussit, comme il l’espérait, à la gagner, cette confiance ? Son choix de se révéler à eux, toute la machination près du compresseur trans-dimensionnel, ces semaines à les chouchouter et gagner leur estime et leur reconnaissance ? Là où ils allaient, il ne serait pas question de les y diriger par le bout du nez, lui-même ne savait pas si ses pouvoirs le suivrait là-bas. Non, le couple allait devoir le suivre de plein gré, même lui apporter toute l’assistance possible.

Et puis bon, on allait présenter Phil à des hôtes de marque tout de même.

« Bonjour M’sieur-dame, c’t’un plaisir de vous rencont’er. Je suis Auguste Magellone, le capitaine du Posit’on !

  • Capitaine Magellone ? Mais… Comment êtes-vous arrivé là ? »

Dans un recoin du spatioport de l’immense transporteur, Phil et Adénor, guidés par Fabio, venaient d’être inexplicablement accueillis par l’homme censé être sous bonne garde à l’infirmerie. Phil hésitait sur la conduite à tenir entre le respect militaire et la bonne blague de bar.

« Bof, vous savez mon ga’s, les vieux loups de l’espace comme moi, on les range pas dans une boite si facilement ! Etes-vous p’êts pour le voyage ?

  • Mmmhmm ?
  • Gné ? Que dis la bonne dame ?
  • Hum… Heu, Madame Adénor, ici présente, vous demande où nous allons. Permettez-moi de répondre, Capitaine. Il s’agit du Positron, ce sera notre destination. Je vous propose donc de tous monter à bord de la navette ici présente, j’en ai pour quelques minutes et je vous rejoins. Phil, peux-tu prendre les commandes, et faire le checking de départ ? Capitaine Magellone, si vous pouviez assister notre ami ? »

Et Fabio s’éloigna du petit groupe, se glissant avec souplesse entre les recoins obscurs du grand hangar.

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Prod: PodShows

Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Coupie

Rôles:

Magellone : Raoulito

Fabio Ouli: Zylann

Phil Goud: Lorendil

Adénor: nna

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch16 Ep10

Wed, 22 Apr 2015 09:19:00 GMT

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« Et ce seraient des Dieux qui vous auraient sauvé ? Pouvez-vous… développer ?

  • Développer quoi mon gars ? Les Dieux c’est pas un t’uc qui s’décrit ! Ils sont là, çà brille de pa’tout. C’est comme des anges, mais non, c’est des Dieux.
  • Ha… parce qu’il y a des anges aussi ?
  • Oui, enfin non. Leurs anges ne se baladent pas avec eux, ils sont en mission.
  • … en mission…. »

Momumba Arlington ne savait pas si le capitaine se payait sa tête ou s’il était sérieux. L’autre avait accepté de répondre plus sérieusement aux questions lorsque le colonel les avait lui-même posé, mais la conversation avait vite dérapé sur des explications métaphysiques toutes aussi floues et incompréhensibles les unes que les autres. Carillo tenta de venir en aide à son commandant :

« Capitaine Magellone. Lorsque ces Dieux vous sont apparus, vous étiez déjà dans cette dimension, nous avez-vous dit. Mais votre équipage était-il avec vous ? »

L’autre se rembrunit. Il noua ses mains derrière la table, plissa sa lèvre supérieure qui remonta ainsi les plus hauts poils de sa barbe jusque dans ses narines. Le gros officier rougeaud était visiblement gêné par la question et ne savait pas trop comment répondre.

Arlington et son second attendirent : ainsi placé face à un fait précis, la disparition de son équipage, Magellone allait devoir revenir à des réponses autrement plus concrètes.

La porte de la salle d’interrogatoire s’entrouvrit, et un garde fit signe au colonel. Celui-ci s’excusa et sorti de la pièce. Fabio l’attendait dehors :

« Colonel, laissez-moi l’interroger directement. En tête à tête.

  • Pourquoi donc ? Vous avez des connaissances particulières en matière d’interrogatoire ?
  • De débriefing, Colonel, de débriefing !
  • Oui, débriefing… Mmm, d’accord, allez-y. »

Pendant que Momumba faisait signe à Carillo de le rejoindre, Fabio pénétra dans la pièce, assez satisfait de l’amélioration constante de son emprise sur son environnement et ceux qui s’y trouvaient. Il referma la porte doucement, humant l’odeur de transpiration qui émanait du gros bonhomme. L’autre n’en pouvait plus, il commençait à s’agiter sur sa chaise, visiblement en manque d’activité… ou en situation trop inhabituelle. En tant que membre du service des « affaires mentales », Fabio avait souvent eu à assurer des interrogatoires. Avec ses facultés, cela se révélait facile mais, quelques fois, des réfractaires naturels aux sondes psychiques, des drogués du Boramol ou simplement d’autres mentaux, pouvaient se révéler plus coriaces. Ces gens avaient souvent des choses à cacher. La pression sophistiquée, que seules les équipes des « affaires mentales », routinières des méandres de la psychés humaine, savaient appliquer, conduisait immanquablement les individus à craquer après quelques heures intenses.

Il sentait que Magellone n’était pas fait d’un bois aussi dur. Quoiqu’il cache, il n’était qu’un rouage de la mécanique en cours et seules ses connaissances du plan le rendaient différent d’un individu ordinaire. Il était temps d’arrêter les faux-semblants.

« Bonjour Capitaine Magellone. Je suis Fabio Ouli. Actuellement toute personne qui nous surveille, tout enregistrement qui pourrait être fait de cette conversation est suspendu ou en veille. Je pense que vous me comprenez. »

L’autre le regarda, pas spécialement surpris. Continuant de maugréer dans sa barbe.

« Je jouerais carte sur table. Vous savez sans doute qui je suis. J’ignore la finalité de cette suite d’évènements mais je compte sur vous pour éclairer un peu ma lanterne.

  • Je me demandais quand vous z’alliez inte’venir. On m’avait dit que vous n’au’iez pas d’p’oblème pour nous passer à l’étape suivante.
  • L’étape suivante de quoi ?
  • De la raison pou’ laquelle z’êtes là, bon Dieu ! Vous c’oyez qu’ils s’amusent souvent à embe’lificoter l’espace et le temps pour fai’e venir du monde ici ? Y’a pas beaucoup d’visites dans c’t’ou, croyez-moi !
  • …Ils ?
  • Dans six heu’es, amenez-le à la navette qui m’a reconduit ici. Vous au’ez vos réponses là-bas, si c’est c’que vous voulez !
  • Qui dois-je amener ? Et où allons-nous ?
  • Où ? Mais sur le Positron ! Ne fais pas le naïf, garçon, tu sais t’ès bien tout ce qu’on attend de toi. Maintenant rend la liberté à tous ces pauv’es gens, et on s’voit c’soir.
  • Et vous ?
  • Moi ? J’ai un ’endez-vous à l’infi’m’ie, enfin si on suit toujours les procédures. C’est l’cas hein ? »

Effectivement certaines procédures étaient toujours d’actualité et Magellone eut droit de finir l’équivalent de la journée dans l’hôpital du transporteur.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Anna

Rôles:

Andropovitch: Carillo

Magellone : Raoulito

Momumba Arlington : JCK

Fabio Ouli: Zylann

Compo: Ian

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch16 Ep9

Wed, 15 Apr 2015 07:00:00 GMT

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La navette terminait son approche et pénétra lentement dans le hangar du petit spatioport situé à la base du Transporteur n°3.

« Amortisseurs inertiels activés. Réduction de la poussée des moteurs à cinq pour cent. Doucemeeeeeent… »

Derrière la vitre du centre de contrôle, le Colonel Momumba Arlington suivait, bras croisés, les procédures d’atterrissage exécutées par son second. Il avait tenu à venir personnellement surveiller l’arrivée de leur nouvel invité, mais ne se méprenait pas sur le sens caché de ces évènements. Tout restait encore à découvrir et à comprendre : leur présence en cette si étrange dimension blanche, le Positron et maintenant Magellone en personne. Son intuition lui soufflait que l’on n’avait encore servi que les hors d’œuvres.

Les pattes de l’appareil touchèrent le sol du spatioport, exactement dans les petites zones délimitées par le quadrillage de peinture rouge. Le Capitaine Carillo et son co-pilote terminaient consciencieusement les manœuvres.

« Crampons magnétiques au vert. On y est. Bon tu passes les moteurs en veille, checking de l’appareil au grand complet, je ne veux pas qu’on ait des défaillances. On a aucune réelle idée des règles de cet univers. »

Puis jetant un œil à la silhouette du commandant du transporteur, il esquissa un salut et ajouta :

« Nous, on a du pain sur la planche avec le colonel. J’attendrais la pressurisation et l’ouverture des portes avec les autres. Bon travail ! »

Et il tapota l’épaule de son voisin en quittant le cockpit.

Malgré la discrétion sur cette affaire, le bruit avait couru dans tout le transporteur qu’un personnage illustre allait mettre pied à bord et une foule de badauds étaient maintenus à l’écart du spatioport par un solide cordon de miliciens. Les administrés d’Arlington étaient déjà trop fervents ces derniers temps, alors le passage dans une nouvelle dimension risquait de décupler les comportements irrationnels. Pas question que la réapparition d’un fantôme du passé vienne se greffer là-dessus, il n’avait pas besoin de problèmes supplémentaires. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait préféré garder Phil Goud et sa compagne à ses cotés. Certes cela accréditait leurs importances aux yeux de leurs groupies mais, au moins, rien ne se passerait autour d’eux sans qu’il puisse réagir immédiatement.

Une bonne idée que lui avait glissé leur chaperon, l’officier Ouli. Ouli, Fabio Ouli… Un jour il faudrait qu’il recherche ce nom dans les archives, il lui disait quelque chose.

En bas, tout un peloton prenait place au pas de course autour de la navette, imposant un trajet aux occupants qui allaient sortir du sas en train de s’ouvrir.

Des recherches sur quoi déjà ? Momumba venait de penser à chercher quelque chose mais… non, cela lui échappait maintenant. Il se concentra à nouveau sur le petit groupe emmené par Carillo, qui entourait un gros bonhomme rougeauds, visiblement volubile. Alors c’était lui, Magellone ? Les caméras embarquées l’avaient visiblement aminci. Sa tenue d’officier était bien celle que l’on pouvait voir sur les anciens enregistrements de l’époque, plutôt moulante, d’un blanc satiné, une casquette fine un peu trop engoncée sur la tête. La grosse boucle de ceinture épaisse, aux armes d’une royauté alors toute neuve, donnait la touche finale au tableau.

Il se retourna vers Fabio et les autres :

« Venez. Il va être conduit au douzième niveau pour un debriefing. C’est par là. »

Et tout le petit monde quitta la pièce à la suite du colonel.

« …Et vos systèmes de cont’ôle de bord sont v’aiment super ! Là, mon gars, si j’avais eu çà à l’époque, c’est toute la galaxie que j’aurais cartog’aphié !

  • Merci Capitaine, mais ce n’est pas la réponse à ma question. Comprenez bien que si nous vous avons transporté depuis le Positron c’est…
  • Ha oui ! Votre système de housse gonflante pour les visiteuuuuuuuurrs ! Mais c’est G.E.N.I.A.L ! On vous met d’dans et hop, çà vous emmitoufle vot’e homme et on peut vous balancer dans l’vide comme çà ! Ouaaaaa, la vie est t’op belle.
  • Non mais, Capitaine, je… »

Cela faisait bientôt une heure que la discussion tournait ainsi, autour de tout ce qui impressionnait Magellone dans les dernières technologies spatiales.

« C’est quand même incroyable qu’il soit toujours vivant. Plus de cinq siècles se sont déroulés ?!

  • mmhmm, mmmm …
  • Pardon chérie ?
  • Elle dit que ce sont peut-être les lois de cette dimension qui conservent mieux. Qu’en pensez-vous Colonel ? »

Fabio orientait sa conversation avec Phil et Adénor sur l’officier supérieur. Celui-ci consultait les rapports préliminaires des objets ramenés à bord par l’équipe de Carillo. Le mental savait parfaitement ce que l’autre lisait mais jouait gentiment à orienter et manipuler à satiété les pensées des uns et des autres, tel un maître de jeu conduisant ses joueurs vers la sortie. C’était si bon de retrouver ses pouvoirs, il pouvait bien s’autoriser ce petit plaisir.

« …Ce que j’en pense ?… Mmmm Je ne sais pas trop. La datation atomique correspond à notre équivalent en années. Les cubes que Magellone prétend avaler régulièrement sont faits d’une substance nutritive qui contient effectivement de quoi survivre. Quoique.. un peu trop nourrissante, sans doute. »

Ajouta-t-il en levant les yeux sur le gros bonhomme qui continuait à s’esclaffer derrière la vitre sans teint. C’est alors que celui-ci s’arrêta et se retourna vers ce qui, pour lui, n’était qu’un miroir. Magellone s’adressa alors directement à Momumba.

« Pou’quoi j’suis sûr qu’y a ici le capitaine de ce bon g’os vaisseau ? Viens donc me voir gamin. »

Et, prenant un air malicieux, il ajouta :

« Si t’a des questions, vient donc me les poser toi-même… »

Arlington regarda les rapports et à nouveau releva la tête. Il était un stratège, et là il naviguait à vue, subissant les évènements plus que les provoquant. La conduite à tenir n’était pas claire.

« Allez-y Colonel, vous ne craignez rien. Et si vous obtenez de meilleures informations ainsi, alors pourquoi pas ? »

Fabio adressa son plus beau sourire à l’officier qui le regarda. Et cela fini par le convaincre. Momumba posa le rapport et franchit la porte du couloir. Quelques secondes plus tard, il entrait dans la pièce d’interrogatoire, serrait la main du gros officier et s’installait aux cotés de Carillo pour la suite du débriefing.

Phil se saisit du rapport préliminaire et le parcouru. Puis, s’adressant à Fabio, il demanda :

« Et qu’est ce qui te fait dire qu’il n’est pas dangereux ? On est tous à flairer un je-ne-sais-quoi de bizarre dans toute cette affaire, autre dimension ou pas.

  • Cet homme n’en veut pas à Arlington. Il est entouré d’une sorte de mur infranchissable qui ne me permet pas de lire ses pensées. Il cache bien son jeu mais, heureusement, un bon mental sait se référer aux attitudes pour compléter ses analyses.
  • Et tes analyses disent quoi ?
  • Pour l’instant ? Qu’Arlington ne craint rien. »

Et pour cause. Par quatre fois, il avait remarqué comme des pointes fusant rapidement de l’esprit de Magellone. L’homme savait parfaitement qui et combien de personne le surveillait, mais une seule attirait son attention en réalité.

Par exemple, ce petit coup d’œil, la direction de ce doigt pointé au détour d’une exclamation anodine… C’était Phil Goud le centre d’intérêt de Magellone, et personne d’autre.

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Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Icaryon

Rôles:

Andropovitch: Carillo

Lorendil : Phil goud

Magellone : Raoulito

Momumba Arlington : JCK

Fabio Ouli: Zylann

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch16 Ep8

Wed, 08 Apr 2015 07:00:00 GMT

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« Dans la prochaine heure, je ne veux qu’on me dérange qu’en cas d’extrême urgence. »

Le Contre-amiral Poféus leva son doigt du commutateur, coupant le contact. Sacré Ralato, garder des secrets avec lui relevait du challenge. Certes, le jeune officier n’avait pas encore pris l’entière dimension de ce que préparait le ministre de la sécurité, mais les pièces du puzzle commençaient à s’accumuler et il flairait quelque chose.

Quoique.. En savait-il, lui aussi, plus qu’il n’en disait ? Depuis son enlèvement chez les Mutualistes, il était différent. Plus renfermé sur lui-même, mais redoutablement plus efficace également, de l’aveux même de ses rapports de mission.

Poféus se laissa aller dons son fauteuil, observant fixement le dossier contenant le résumé de son officier sur sa péripétie dans les mines de Talbot.

Oui, redoutablement efficace. Trop. Pour que les Triades lui lâchent ce secret, c’est qu’il leur avait probablement fait très mal et, sans doute, définitivement brouillé les relations entre les « Affaires Mentales » et la communauté Souriante. Tant pis, ils avaient déclaré la guerre les premiers en assassinant des agents du contre-amiral et Ralato n’avait, en fin de compte, que tiré un fil indirectement lié à son enquête, pour découvrir le trafic de lithium et de nuage de miel. De toutes façons, Poféus n’avait plus besoin de fonds ni de matières premières pour sa flotte. Les premiers appareils étaient déjà en cours de rodage et les gros croiseurs appareilleraient dans quelques semaines. Le ministre se fera fort de se fournir ailleurs, pour combler le manque à gagner. Probablement chez les contrebandiers de tous poils qui pullulaient dans l’espace de MaterOne.

Mais cela l’amena à se poser une question autrement plus perfide : pourquoi les Souriants avaient-ils sciemment attaqué un aussi intéressant client que Poféus ? Monsieur Heir était derrière, certes, mais d’après le rapport de son Lieutenant, cette communauté n’était pas simplement son allié de circonstance, ils faisaient littéralement corps avec lui. Dans l’addendum secret posé à coté du rapport principal, Ralato relatait les confidences du rival du ministre sur la révolution Castiks, la pénétration des universités mentales par de jeunes Souriants et leur maîtrise poussée des pouvoirs psychiques. Pire, Heir lui-même semblait faire preuve d’un niveau rarement atteint en la matière.

Tout cela était si insensé que venant de tout autre que le Lieutenant Ouli, Poféus aurait considéré ce rapport comme l’œuvre d’un affabulateur.

Le contre-amiral se leva, et, comme à son habitude, se rapprocha des grandes baies vitrées, laissant le panorama des lumières de la ville et, au loin, du spatioport, lui faire prendre de la hauteur, s’éloigner de l’immédiat pour voir plus large.

L’image de Calande se refléta fugitivement dans les nuages du couchant.

Un soupir. Mais que lui arrivait-il avec cette… femme ? Elle n’était QUE sa praticienne, rien d’autre qu’une professionnelle faisant son office pour le soigner. Alors pourquoi réagissait-il si anormalement quand elle était là ? Il perdait tous ses moyens, n’arrivait même pas à la menacer, l’injurier ou… la réprimander.

Lui faire des remontrances…

L’interrompre…

« Calande. Que… m’es-tu donc… devenue ? »

Au loin, tels des insectes lumineux, les véhicules de toutes sortes brillaient dans le ciel, vaquant à leurs occupations. Tout au fond on pouvait distinguer quelques éclairs perdus dans les lointaines zones de nuages recouvrants une chaine de montagnes. Les Amalaches, là où Ralato avait été fait prisonnier.

Cela le ramena à la triste réalité. Et à une nouvelle question, une de plus. Pourquoi le contact des affaires mentales avait-il poussé un cri de ralliement Mutualiste ? Son Lieutenant avait parfaitement expliqué la logique de l’implant mental qu’il avait utilisé, mais cela n’expliquait en rien cette réaction, sinon par la traîtrise de celui-ci. L’agent spécial Paul n’était pas une merveille, pour ne pas dire un raté. Mais c’est lui que Poféus avait justement choisi pour cette mission car si le corrompu y trouvait son avantage, il saurait manœuvrer aux mieux des intérêts du contre-amiral et servirait parfaitement d’interface avec les Triades.

L’opération avait été un succès jusqu’à ce que tout déraille et que Heir ne mette ses menaces à exécution, les Souriants ne se retournent contre lui et Paul ne le trahisse.

Peut-être trahissait-il depuis plus longtemps ?

Il revint à son fauteuil, exténué. À peine installé, son intercom sonna. L’amiral grogna et enclencha l’appareil :

« Je croyais avoir demandé à ne pas être dérangé durant l’heure ?!

Mais Amiral, cela fait déjà plus d’une heure ? »

Poféus croisa ses mains sur la table et posa sa tête dessus, soupirant. Maudites échappées de conscience, elles ne le laisseront donc jamais ?

« D’accord, qu’est-il prévu, maintenant ? »

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Relecture: Arthur R, Icarion

Narration: Andropovitch

Rôles:

Poféus : Pof

Compo: Ian

Montage: Tristeur


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RedU T1 Ch16 Ep7

Wed, 01 Apr 2015 08:00:00 GMT

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Quarante-trois minutes de retard.

Jamais le contre-amiral ne s’était permis une telle liberté dans son programme, et le lieutenant Ralato en concevait une impatience teintée d’inquiétude. Stuffy, devenu un habitué de l’esprit de son hôte, ne pouvait cacher son amusement.

« Papa est en retard, bébé pleure tout seul.

  • Arrête cela. Tu sais parfaitement ce qu’il en est. Sait-il que nous savons ? Nous prépare-t-il quelque chose en douce ?
  • Là, tu psychotes comme une jeune vierge à son premier rendez-vous. Je sens parfaitement combien tu es angoissé par sa réaction à ton rapport. Mais bon, j’insiste sur mon conseil : ne parle pas de la flotte en construction dans les chantiers spatiaux. Il peut être au courant, auquel cas il y viendra tout seul, sinon, gardons cette carte en main et poursuivons nos recherches discrètement.
  • Je ne supporte pas l’idée qu’il ait pu me tenir à l’écart d’un truc de cette importance. Je pensais avoir toute sa confiance.
  • Mouais… Je doute qu’il puisse même avoir confiance en son reflet dans le miroir le matin, Poféus est un… »

La clenche de la porte du petit salon tourna et Ralato eut l’immense surprise de voir une belle jeune femme en sortir, visiblement pressée. En tailleur strict, maquillée, parfumée, avec des joues légèrement empourprées, elle salua le lieutenant d’un hochement de tête puis s’en alla par l’entrée principale.

« Dites-moi que je rêve. L’amiral aurait…

  • Non, c’est… une psychiatre. Ton chef se fait suivre on dirait. Par contre, elle prend du Boramol, impossible d’en savoir plus.
  • Procédure d’exception, elle doit être considérée comme détentrice de secrets importants. Qu’il ait une maitresse ou une psychiatre, dans les deux cas, c’est aberrant. Je ne l’imagine pas…
  • Tu ne l’imagines pas beaucoup, en fin de compte, ton cher Poféus. Ralato, est-ce que tu te rends compte de tout ce que l’on a effleuré ou découvert sur lui ces dernières semaines ? Son implication dans la révolution, et -peut-être- dans la mort du roi, le trafic de lithium et de nuage de miel, cette association avec les Souriants, ses contacts avec Monsieur Heir, la flotte de guerre en construction et maintenant cette psychiatre. Combien on parie que l’on est pas au bout de nos surprise ? »

Le ministre de la sécurité sorti à son tour du petit salon, fixa quelques secondes Ralato, ne s’attendant visiblement pas à le voir là, puis il referma doucement derrière lui, traversant le vaste bureau pour aller s’assoir dans son fauteuil. Le lieutenant se cabra dans un garde-à-vous, en attente de l’ordre de repos… qui ne vînt pas. Poféus compulsa quelques dossiers et parcouru des rapports, tout en ignorant cordialement son second. Après plusieurs minutes, il daigna enfin lui adresser la parole :

« J’ignorais que vous rentriez maintenant dans mon bureau sans y être invité, Lieutenant. Votre séjour sur Talbot vous aurait-il émoussé, au point d’en oublier quelques principes de base ?

  • Le… notre rendez-vous, Monsieur. Je pensais le rapport de mission suffisamment important pour ne pas être différé.
  • Ce n’est pas le cas. Je l’ai parcouru et il n’y a rien de particulièrement nouveau là-dedans. Je ne vous ai pas envoyé à la chasse au trafic de lithium mais à la poursuite d’assassins !
  • Oui, Monsieur. »

Toujours au garde-à-vous, Ralato Ouli n’en revenait pas de la tournure de la conversation avec son chef.

« Apparemment, il n’aime pas quand on fouille dans le trafic de lithium. Ou alors madame la psy a ses règles ?

  • Non, ce n’est pas son genre. Il ne s’attendait pas à ce qu’on la rencontre, c’est tout.
  • Repos, Lieutenant. »

Un peu soulagé, le soldat se détendit. Croisant les bras dans le dos, il attendit la suite.

« Bien, je voudrais votre opinion quand au lien entre Monsieur Heir et la communauté Souriante ? Se peut-il que ce soit une branche extrémiste qui le soutienne et pas toute la communauté ?

  • Je dirais toute la communauté. Chez les Souriants, il n’y a que des branches mortes qui peuvent s’éloigner de l’arbre. »

L’autre le regarda, soulevant un sourcil.

« Vous parlez comme un Souriant maintenant, Ouli. Admettons qu’il ait le soutien de toutes les Triades, et donc l’appui financier des conglomérats de Talbot, pourquoi cette déclaration de guerre en tuant nos hommes ?

  • Il a parlé de quelque chose entre vous et lui, Monsieur.
  • Et vous l’avez cru ? »

Cette fois, les yeux du contre-amiral le pointaient tel un laser. La question était clairement d’importance.

« Mon Ralato, c’est ton premier choix d’adolescent. Il est temps de montrer à papa que l’on s’émancipe.


  • Tes sarcasmes n’amusent que toi, Stuffy. Oui, Monsieur. »

Cette fois le ministre de la sécurité accusa le coup. Un léger tressaillement, une petite crispation dans les doigts, un tic aux paupières, Stuffy avait raison : papa découvrait que son fils s’émancipait.

Il se leva doucement, et fit quelques pas vers la grande verrière, semblant se perdre dans la contemplation des hauteurs de la capitale. Au loin on pouvait apercevoir quelques formations d’oiseaux migrateurs volant vers le sud en ce début d’hiver. Bien que tout soit parfaitement climatisé dans l’immeuble, Ralato en eut un incompréhensible frisson.

« Félicitations pour votre efficacité au combat. Vous avez su faire preuve d’une intelligence et d’une… puissance qui n’est guère coutumière. Je ne peux m’empêcher de faire le lien avec Fabio. »

Le lieutenant ne répondit pas. Inutile de préciser qu’au delà de l’existence d’une quelconque preuve, l’amiral sentait que son second lui cachait des choses. En l’occurrence Stuffy, mais également cette soudaine et incompréhensible explosion d’énergie qui l’avait transcendé lors de son affrontement contre Myan. Le message que son chef venait de lui délivrer disait ceci : chacun ses secrets.

Ralato enchaîna sur un autre pan du mystère.

« Cette allusion aux Mutualistes, de la part de notre agent sur place, m’intrigue également. Je pense qu’il y a des liens entre eux et sinon Heir, au moins la communauté Souriante ou quelques Triades.


  • Il n’y a que des branches mortes qui peuvent s’éloigner de l’arbre, disiez-vous ?
  • Certes, Monsieur.
  • La priorité de nos services est centrée sur les Mutualistes qui tirent toujours plus la couverture à eux, malgré nos efforts. Poursuivez cette piste et signalez-moi toute avancée. Qui sait, peut-être avons-nous trouvé une brèche ?
  • À vos ordres, Amiral.
  • Dernières petites choses, Lieutenant… »

Le Contre-amiral Poféus se retourna et, chose rarissime, vînt faire face au jeune mental, ne s’arrêtant qu’à quelques centimètres de lui.

« Vous n’avez jamais vu personne sortir de ce salon, vous me laissez régler nos comptes avec Heir, et vous vous occupez de ce traître de Quartmac. J’espère que nous nous comprenons.

  • Parfaitement, Monsieur.
  • En fait, Papa est un parent moderne ! »

Répliqua malicieusement Stuffy alors que Ralato s’éloignait par le passage secret.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Ian

Rôles:

Ralaro: Raoulito

Stuffy: Luciole

Poféus : Pof

Compo: Ian

Montage: Numa


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RedU T1 Ch16 Ep6

Wed, 25 Mar 2015 09:00:00 GMT

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« Contre-amiral ? »

Poféus sursauta, revenant à la réalité.

« Vos fuites de conscience ont empiré depuis le début de nos séances. Sur ces quelques semaines, je peux sentir la fréquence de vos absences augmenter. Angilbe, votre position ne nous permet pas de suivre les méthodes conventionnelles, je le crains. Jusqu’à quel point votre fonction en est-elle affectée ? »

La psychologue Calande Rorré prenait des notes, consciencieusement. Elle n’avait qu’effleuré de ses lèvres la tasse de thé au Jasmin. Devenu un habitué de la jeune femme, le contre-amiral, remarqua cette nouvelle petite ride au milieu du front, et cette courbure particulière de ses sourcils. On eut dit qu’elle s’inquiétait sincèrement.

« Rassurez-vous, certaines de nos séances me laissent plus souvent absent de mes responsabilités que ces sautes de réalité. Pour autant que je sache. »

Calande nota, souligna, puis fixa silencieusement le calepin, semblant méditer quelque mystère dissimulé au-delà des lignes.

« Notre… dernière rencontre, par exemple, me laisse… un souvenir mitigé. »

Ajouta-t-il, cherchant clairement dans ses mots la manière la moins brusque d’exprimer ses pensées. L’autre sorti de sa méditation dans un

« Mmhhm ? »

qui désarçonna son vis-à-vis plus surement qu’une quelconque attaque terroriste.

Elle plongea son regard dans le sien, l’obligeant à s’intéresser à la cheminée crépitante et sa féérie de lumières.

« Votre attirance pour les jeunes personnes. Pouvons-nous l’aborder ? Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de curiosité mais de vous permettre d’en parler avec quelqu’un. Vous ne devez pas en avoir souvent l’occasion et placer des mots là où il n’y avait que des pulsions et des désirs aide à une meilleure acceptation de soi-même.

Je pensais m’accepter parfaitement ?

Vos sautes de réalité infirment cela, Angilbe.

… »

S’accepter.

Poféus laissa la danse continue des flammes l’emporter dans une profonde réflexion. Oui, si ses moment ts d’égarement n’avaient pas de raison physiologique alors ils étaient d’origine psychologique. Après des années passées à la tête des forces mentales, il avait accumulé une certaine expérience de la chose psychique et s’il en retenait au moins une règle, c’était que rien n’était jamais réellement certain. Une personnalité pouvait développer une redoutable schizophrénie, multipliant les contradictions de ses personnalités sans même s’en rendre compte.

« Angilbe ?

Je suis là. Je… réfléchissais, c’est tout.

Mon rôle n’est pas de vous forcer la main. Si vous ne désirez pas en parler, maintenant ou plus tard, nous changerons de direction pour…

Non, c’est bon. »

Il tourna la tête et, pour la première fois depuis le début de leurs séances, lui rendit son regard. Calande ne put réprimer une réaction étouffée, cela se sentait depuis ses épaules qui s’abaissaient légèrement aux pupilles qui rétrécissaient. Un mélange d’excitation, de satisfaction et… de frayeur ?

« Abordons cette partie de ma vie. Elle représente plus que je n’ai jamais vraiment voulu l’admettre. Et elle remonte à loin, autant que je sache. Je pensais avoir découvert mon équilibre lorsque j’ai eu les moyens de l’assouvir, mais… non, c’était un leurre. »

Les deux vis à vis s’observaient, comme s’ils venaient de se rencontrer pour la première fois. Angilbe Poféus n’avait plus froid, ses mains ne tremblaient pas et ne serraient plus les accoudoirs, la politique et les tortueuses affaires de ce monde corrompu refluaient hors de la pièce.

Il était… serein. Simplement serein.

Il se passa alors un évènement qui allait sceller ce moment à jamais. Une réaction inattendue, quelque chose que la médecine psychiatrique interdisait, et même au-delà, quelque chose qui n’était plus arrivé à Poféus depuis qu’il s’était séparé de Fabio.

Calande Rorré s’avança et posa doucement, tendrement, une main sur celle de Poféus. La petite femme aux cheveux courts n’était désormais plus qu’à quelques centimètres de l’amiral. Alors que le contact de cette peau douce lui donnait le tournis, que le lourd parfum de la psychiatre l’envoutait comme jamais, il l’entendit l’encourager d’une voix profonde qu’il ne lui connaissait pas,

« Racontez-moi tout. Plongeons ensemble dans cet Angilbe qui s’entrouvre enfin. »

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Anna

Rôles:

Calande : Coupie

Poféus : Pof

Compo: Ian

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch16 Ep5

Wed, 18 Mar 2015 10:05:00 GMT

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« Fixations du sas au vert. Stabilisateurs en automatique. Transporteur ? Nous sommes en position devant l’entrée principale. Nous pressurisons nos scaphandres et nous préparons pour la sortie.

Allez-y Carillo, bonne chance, terminé. »

Arlington ne pouvait cacher dans sa voix l’appréhension qui l’étreignait. Il aurait clairement préféré être à la place de son second, affronter l’inconnu est moins culpabilisant que de suivre les pérégrinations de ceux que l’on avait envoyé à l’aventure.

Les minutes passaient, ponctuées de courtes phrases laconiques en guise de rapport d’avancement. Un « corridor », une sorte de tunnel formé de plusieurs filins tendus dans le vide entre les deux appareils, reliait son équipe à la vie. Si les câbles lâchaient et si les minuscules propulseurs ne s’allumaient pas alors ils…

« Ouverture du sas. Les codes sont toujours opérationnels. C’est même étonnant que du courant circule encore ! Les gars, on change le matériel et on prend celui d’exploration. »

Phil Goud recula de quelques pas, faisant signe à Fabio de le rejoindre.

« Tu ne peux rien faire pour eux ? »

L’autre leva la tête pour scruter les écrans de contrôle. L’image, un peu brouillée, des caméras embarquées des scaphandres, partageait l’espace visuel avec les vidéos et les données reçues en temps réel par les capteurs de la navette ou du Transporteur. Dans cette dimension immaculée, devant cette relique d’un autre temps, comment ne pas comprendre l’inquiétude palpable dans toutes les consciences.

Le mental souffla profondément, puis répondit d’un ton neutre :

« Quelque chose m’empêche d’aller plus loin dans mes investigations. Je sais seulement que rien de tout cela n’est dû au hasard, et que je.. nous sommes tous les acteurs d’une pièce déjà écrite.

heu… Pas très rassurant.

Allons cher Phil, l’excitation de la découverte fait également partie des voyages spatiaux ! »

Conclut-il avec un sourire, puis il retourna aux cotés du commandant du transporteur. Celui-ci serrait toujours le combiné, assis sur le bord de son fauteuil, vouté.

« Carillo ?

Nous progressons Monsieur. Attendez. Oui, il semble que l’intérieur soit pressurisé. Pourtant nous n’avons pas entendu de décompression en entrant, c’est étrange.

Ne tentez pas de retirer votre casque Carillo, on se sait pas à quoi ressemble l’air de cet endroit. Il est peut être toxique.

Bien reçu. Vous avez remarqué tous ces amoncellements de cubes multicolores un peu partout dans les corridors ? Je me demande bien de quoi il s’agit.

Aucune idée, mais ils ne se sont pas montés tout seuls. Aucune trace d’équipage ? D’après les archives, on parle de quinze membres.

Non Monsieur, rien. Vous deux, prenez ce couloir. Et toi, tu viens avec moi, on continue dans le principal. Radio ouverte sur fréquence d’urgence. »

Fabio ressentait la tension émanant de tous, mais principalement de la personne qui était la plus proche de lui, l’ancienne tueuse Zoé Akowa, alias Adénor Kerichi. Ses instincts ne l’avaient pas quittés et elle faisait partie du petit groupe de personnes ayant suffisamment baroudé pour savoir pressentir le danger. Sa mâchoire bloquée, c’étaient les manches de ses béquilles qu’elle serrait, le regard vrillé sur les retransmissions. Fabio se reporta soudain vers les écrans : maintenant !

« Colonel Arlington, demandez-leur de redoubler de prudence, vite ! »

L’autre transmit immédiatement la demande au moment où un ricanement parfaitement fou retenti dans les haut-parleurs de l’équipe du corridor secondaire. Le capitaine Carillo et son adjoint firent demi-tour et se ruèrent pour rejoindre leurs camarades.

« À toutes les équipes, ici Arlington ! Ordre de regroupement, je répète, ordre de…

-BONJOUUUUUUURRRR ! »

Sous les yeux de la seconde équipe et des opérateurs du centre de commandement, un bonhomme un peu rougeaud apparu devant eux. Il arborait une courte barbe grisonnante et était vêtu d’un vieux tailleur élimé aux insignes de commandant de bord, dont la vieille casquette à visière débordait d’une des poches. Il soufflait, transportant toute une pile de petits cubes rouges et verts qu’il posa bruyamment devant les nouveaux venus, vite rejoints par Carillo. Sous la lumière des quatre torches, le bonhomme jaugea de la stabilité de l’ensemble et une fois certain que la pile ne s’effondrerait pas, il se redressa, serrant les poing contre les hanches.

« Messieurs, j’vous attendais et j’vous souhaite la bienvenue à bord du Positron, ou de ce qu’il en reste. Acceptez ce modeste présent en guise de cadeau d’accueil ! »

Le capitaine observa la pile un instant, ne comprenant guère, puis reporta son regard sur l’homme face à eux. Qui était-il ? Dans le doute, sa main gauche était un peu en arrière, posée contre la crosse d’un revolver. Il activa les haut-parleurs extérieurs de son scaphandre et lança les phrases du protocole de contact.

« Je suis le Capitaine Carillo, second officier du Transporteur n°3 de l’Exode. Nous sommes en mission d’exploration de l’appareil que vous prétendez être le Positron. Veuillez décliner votre identité, s’il vous plait.

Allons bonhomme, z’êtes sur mon vaisseau ! Ce n’est pas une allégation, on est bien sur le Positron, croyez-moi, et je suis bien son commandant : Auguste Magellone ! »

Devant l’air abasourdi des hommes devant lui, il ajouta :

« C’est p’t vos casques les gars qui vous perturbent le ciboulot ? J’vous dis que je suis le Commandant Magellone, alors faites pas cette tête, merde ! Bon, un p’tit cube ? »

Et il prit le premier du haut de la pile, un vert et mordit dedans à pleine dents, le mâchant savoureusement les yeux fermés.

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Narration: Coupie

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Fabio (Zylann)

Phil Goud (Lorendil)

Adénor (Anna)

Momumba Arlington (JCK)

Compo: Ian

Montage: bleknoir


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RedU T1 Ch16 Ep4

Wed, 11 Mar 2015 10:01:00 GMT

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« Ici navette, nous sommes à mi-distance, aucune anomalie particulière. Nous poursuivons. Allons monter l’allure car les propulseurs répondent parfaitement. Terminé.

Bien reçu, Capitaine. Nous laissons le canal ouvert de notre coté, n’hésitez pas à nous contacter. Arlington, terminé. »

Le colonel raccrocha le combiné, bien conscient du silence pesant régnant dans la grande salle de commandement. Ils venaient tous de se réveiller au milieu de cette blancheur et alors que l’on tentait simplement de comprendre où l’on se trouvait, on découvrit çà.

Les hautes verrières donnaient sur un espace immaculé, sans étoile ni aucune forme quelconque s’en détachant, tel l’œuvre d’un peintre de bâtiment ayant parfaitement fait son office sur un mur sans aspérité.

Blanc.

Rien d’autre qu’une feuille vierge que les radars décrivaient aussi infinie que l’est l’Univers dans la dimension originale du Transporteur.

Sauf…

Sauf un objet, un vaisseau spatial, à une petite centaine de kilomètres devant eux. Forme et propulsion commune, plutôt petit, un appareil assez ancien. Flagrant, impossible à manquer. Scientifiquement parlant, il était envisageable que les deux vaisseaux aient été victimes d’une perturbation récurrente au sein de la Passe de Magellone. Mais l’intuition de Momumba, que plusieurs membres de son équipe rapprochée partageaient, était que tout cela ne relevait pas d’une coïncidence.

Un claquement de talon fit se retourner le colonel. Il découvrit Phil Goud au garde-à-vous, suivi d’Adénor et de leur étrange accompagnateur. Il signifia le repos et serra la main de chacun, ne pouvant s’empêcher de se demander à quel moment il avait donné la responsabilité de la garde des deux autres à ce jeune homme blond. Celui-ci prit la parole :

« Commandant, nous voici au rapport comme convenu. Vous vouliez nous montrer quelque chose qui pourrait intéresser nos deux invités si spéciaux ? »

Les trois eurent un hochet de surprise, levant de grands yeux étonnés devant cette réécriture des derniers évènements puis, aussi simplement, se concentrèrent à nouveau sur le spectacle au-delà des verrières, comme si de rien n’était.

« Oui absolument, il me semble que… heu… ce que nous avons sous les yeux relève peut-être de votre… expertise ? »

Fabio fronça les sourcils. La maitrise de ses pouvoirs n’étaient pas encore optimale, et Arlington restait conscient de ce qu’il disait. Rapidement, il fit le tour des évènements gravés dans la mémoire récente du gradé. L’univers blanc autour d’eux ne contenait rien, mais les lois physiques communes auxquelles nous étions habitués dans notre dimension semblaient aussi à l’œuvre dans celle-ci. Nous n’étions pas morts, ni engloutis dans on-ne-sait-quoi et nos atomes se maintenaient en place. Même si le petit ami translucide de Fabio n’avait pas eu la courtoisie de le prévenir, le jeune mental aurait partagé l’opinion du commandant : statistiquement ils devraient être morts et pas à proximité du seul occupant de, peut-être, toute cette dimension. À partir d’un certain niveau de coïncidence, ce ne pouvait plus en être.

« Transporteur, ici navette. Commandant nous sommes à portée de censeurs de l’appareil, nous lançons les premières analyses mais… heu… »

Momumba, pressa l’interrupteur et décrocha son micro.

« Qu’y a t-il capitaine ?

Ce vaisseau ne m’est pas inconnu, Colonel. Je regarde les premiers résultats… (Contourne-le par bâbord, on devrait trouver le numéro d’identification sur la proue)… C’est une classe Pélican, un modèle très ancien comme nous nous en doutions. En meilleur état que dans nos musées, Mon Colonel ! »

Fabio se rapprocha et susurra quelques mots à l’oreille du commandant. L’autre paru un peu surprit, puis reprit le micro.

« Carillo, y a t-il une longue bande rouge le long de la coque inférieure ?

Attendez… Oui, oui… Elle est un peu effacée sur certaines parties mais en effet, il y en a une. Ce serait donc un vaisseau d’exploration ?

Capitaine, avez-vous le numéro de série en visuel ?

Oui Monsieur. On vous envoie le signal vidéo. C’est incroyable de découvrir cet appareil ici, conservé aussi parfaitement. Il daterait du tout début de l’ère spatiale ?

Nous lançons la recherche dans la base de donnée, patientez quelques secondes…

J’ai déjà votre réponse Colonel, répondit Fabio d’une voix d’où pointait l’amusement d’un enfant à qui on offrait une jolie surprise. C’est un des plus célèbre vaisseau d’exploration. Et le nom de son capitaine est prononcé plusieurs fois chaque jour…

Grands Dieux ! »

Arlington failli lâcher son micro. Il venait de faire le rapprochement. L’ordinateur central afficha le résultat de la recherche la seconde suivante, confirmant les allégations de Fabio. Certains opérateurs en avaient les larmes aux yeux, divers objets cédaient à la gravité, lâchés par leur propriétaires qui s’effondraient dans leurs fauteuils, abasourdis.

L’appareil devant eux était le Positron, l’un des plus grands cartographieurs de l’espace connu, premier né d’une nouvelle génération d’appareils équipés du fameux quadrilleur spatio-temporel du savant Marenkof. Premier appareil à pénétrer dans la Passe et premier à y disparaître sans laisser de trace. On rendit gloire à son officier supérieur en donnant son nom au gargantua stellaire : le Capitaine Magellone.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Icaryon

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Fabio (Zylann)

Phil Goud (Lorendil)

Adénor (Anna)

Momumba Arlington (JCK)

Compo: Ian

Montage: Numa


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RedU T1 Ch16 Ep3

Wed, 04 Mar 2015 10:47:00 GMT

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La clef à molette boursouflée planait devant lui, clignotant frénétiquement. Les petits flashes de lumière agitaient son esprit de manière inexplicable, le ramenant à la réalité. Fabio ouvrit les yeux.

Il était toujours dans le couloir où quelque chose, qu’il avait du mal à saisir, s’était produit. Il était tombé semble-t-il, ou s’était évanoui. Et maintenant que son ami venait de le réveiller, il se demandait s’il ne dormait pas encore ? Certes, tout était à sa place, mais comme au milieu d’une espèce de brouillard blanc, une brume qui l’empêchait de voir à plus d’une vingtaine de mètres devant lui. Aucune odeur, aucun effet d’un quelconque gaz, juste une blancheur immaculée qui inondait l’espace alentour.

Evidement, c’était anormal. Dubitatif, il reprit sa marche. Un peu plus loin, le jeune homme blond tambourina sur un sas pour qu’on le lui ouvre, il conduisait aux appartements de Phil et sa compagne, qui étaient placés sous haute surveillance. Les gardes mettaient du temps à répondre. Il donna encore plusieurs coups. Rien.


La clef à molette clignota alors et Fabio sentit immédiatement que ses pouvoirs de mentaux revenaient en lui. Incroyable. La présence de tous les Exodés à proximités, les fluides courant dans les tuyauteries, même les écrous des navettes du petit spatioport, il redevenait sensible à tout. ENFIN ! D’un œil il remercia le petit être, visiblement celui-ci était très en forme.

D’une pensée, il déverrouilla l’entrée, retenant in-extrémis les deux corps des gardes qui s’effondraient sur le sol. Ils n’étaient pas morts, tout juste comateux. En fait, dans le même état que lui, quelques secondes plus tôt. Dans l’appartement, Phil était affalé sur un fauteuil, une bière se vidant sur le tapis, tandis qu’Adénor était allongée sur le canapé, ses béquilles posées à proximité. Vu le liquide ambré coulant encore sur le sol, peu de temps s’était écoulé durant leur inconscience commune. Tout le monde devait être comme cela dans le vaisseau.

Son ami volant clignota plusieurs fois, puis s’interrompit. Une idée simple apparu dans l’esprit de Fabio. L’heure de sonner le réveil pour tout le monde ?

« Quand je demandais que tu trouves un moyen de communiquer, je n’imaginais pas que tu le fasses. C’est bien utile, merci ! »

Pensa le jeune mental blond dans un sourire. Puis il se concentra et libéra une vague psychique à destination de tout un chacun sur le Transporteur. L’équivalent d’une petite gifle. Satisfait de lui, et du retour inespéré de ses facultés, il s’accroupit aux coté d’un Phil ouvrant les yeux.

« Une autre dimension ?

Personnellement je ne vois que cela. Cette brume n’en est pas une, c’est une diffraction de la lumière. Elle agit différemment sur la matière. Et cette ultime sensation avant que tout le monde dans le vaisseau ne s’évanouisse ? Je ne suis pas un spécialiste mais je pense que l’on a dépassé les simples effets de la Passe de Magellone.

Mmmhhmm ! »

Adénor grommela quelque chose, les deux autres tentèrent de comprendre. Mais Fabio n’eut évidement aucun problème à lire dans les pensées de la jeune femme.

« Non, j’ignore si le retour de mes pouvoirs est lié à cela, mais on peut raisonnablement se le demander. De toutes façons, cela te permettra de ne plus forcer sur ta mâchoire ou de partir dans de longues explications. Désormais pense très fort et je traduirais. »

Les yeux de la jeune femme s’adoucirent quelque peu, puis elle hocha la tête.

« Encore quelques semaines, chérie, et on t’enlèvera ces broches »

Joignant le geste à la parole, Phil fit glisser une main le plus doucement possible sur la joue de la jeune femme.

« Moi aussi j’ai hâte de te revoir entière et en pleine possession de tes moyens. »

Pas besoin d’être un mental pour comprendre que la mâchoire bloquée d’Adénor et la gaze entourant toute la partie inférieure de sa bouche posait de vrais problèmes intimes au couple. Fabio avait, à l’époque, ressoudé le plus gros des blessures de la jeune femme, mais était-ce dû aux prémices du déclin de ses pouvoirs ou à une quelconque interaction avec la Passe toute proche, toujours était-il que l’opération n’était pas complète. Le personnel médicale avait donc du recourir aux méthodes traditionnelles de la médecine : broches dans la mâchoire et béquilles pour les chevilles.

La porte grinça sur ses gonds. Fabio ne l’avait pas fermé en entrant et un garde, souffrant visiblement d’une bonne migraine, venait aux nouvelles.

« Tout va bien mon ami, ils n’ont rien. Prévenez le Centre de commandement que nous allons venir les rejoindre dans une quinzaine de minutes, merci. »

À l’attention du couple, il précisa :

« Vous ne croyez pas que c’est le meilleur endroit pour comprendre ce qu’il se passe ? »

Sans se l’expliquer vraiment, il partit dans un fou rire, un de ceux bien étranges qui mettent souvent les gens mal à l’aise. Mais que lui importait ? Ses pouvoirs étaient revenus, il était prêt à faire face à n’importe quoi dorénavant.

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Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Andropovitch

Rôles:

Fabio (Zylann)

Phil Goud (Lorendil)

Adénor (Anna)

Compo: Ian

Montage: Tristeur


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Adieu Léonard

Sat, 28 Feb 2015 13:51:00 GMT


Le Spock de Startrek…



.. et le Léonard IRL


Une vie longue et prospère.

RIP



RedU T1 Ch16 Ep2

Wed, 25 Feb 2015 10:25:00 GMT

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« Monsieur Carillo, quelles sont ces variables que l’on m’apporte en ce moment ? Les valeurs inquiètent les opérateurs semble-t-il.

• Oui, Monsieur. Je sors en ce moment de la station de captage gravitationnelle avec deux techniciens. Ils confirment que tous les appareils fonctionnent parfaitement. Je suis en route vers le centre de commandement. »

Momumba raccrocha le combiné. Il imaginait sans peine son second évoluer au milieu d’un labyrinthe d’échelles, de tuyauteries et de quelques rares coursives, inutile de lui faire risquer de perdre l’équilibre en répondant à son commandant. Déjà que le pauvre devait sans nul doute croiser ses propres fantômes par-ci par-là…

Devant lui, les écrans de surveillance du centre géant de commandement, ne semblaient pas retranscrire les évènements inquiétants se déroulant au-dehors. Son chef ingénieur vînt lui confirmer que les équipes de l’autre Transporteur obtenaient des résultats semblables quoique nettement moins prononcés. La courbure de l’espace autour du vaisseau du Colonel Momumba Arlington connaissait de grosses variations, bien au-delà de la normale. Il venait de parler au Général Décembre quelques minutes auparavant, la situation les dépassait tous deux, elle était du ressort des ingénieurs de haut niveau qui pianotaient frénétiquement sur leurs machines, tentant de trouver la réponse dans une jungle de probabilités.

La porte s’ouvrit et le Capitaine Carillo pénétra d’un pas vif dans la grande salle, se dirigeant directement vers une console un peu à l’écart. Imprimant un rapport, il le parcouru puis couru le présenter à son supérieur.

« Monsieur, les valeurs spatio-temporelles sont maintenant hors de toute compréhension ! Même si la Passe de Magellone défie les lois de la physique, nous pouvions toujours suivre certains paramètres. Mais là… »

Au même instant, une alerte retentit dans tout le vaisseau, tandis que des grincements inédits parcouraient les parois.

« Alerte niveau 1, le vaisseau déborde de son plateau ! »

Hurla le capitaine aux oreilles de Momumba. Mais celui-ci n’avait pas besoin d’explications : tous les instruments montraient parfaitement le Transporteur quitter l’alignement parfait maintenu avec son binôme.

Un flux puissant traversa toute la structure, désormais désaxée par rapport à la Transition, modifiant toutes les perceptions des acteurs du drame, comme un film repassé au ralenti dont la pellicule gondolerait sous la chaleur. L’espace et le temps, en tout cas le peu encore non affectées par les effets de la Passe, se mélangeaient, se confondaient dans un malstrom indéfinissable. Certains opérateur semblaient hurler, Carillo criait quelque chose sur le Transporteur qui risquait de se disloquer mais le disait-il vraiment ? Des gerbes d’étincelles aux trajectoires impossibles fusaient à droite ou à gauche, des alarmes aux sons arythmiques raisonnaient de directions improbables et les écrans de contrôles semblaient envelopper une partie de la pièce, tout l’espace et ses dernières logiques explosaient telle une peinture surréaliste.

Plus personne à bord ne contrôlait quoique ce soit. L’appareil géant s’inclinait de plus en plus, donnant du gite de bâbord comme un bateau recevant une puissante vague de plein fouet. S’il perdait sa bulle temporelle, l’engin allait se dissoudre dans les dimensions parallèles et l’on ne retrouverait aucun reste de ses passagers ou de son chargement. Il serait simplement effacé à tout jamais.

Sur le Transporteur n°1, Décembre et tous les opérateurs présents assistaient, effarés, à un des plus dramatiques accidents de l’Histoire de la navigation spatiale, ne pouvant ni intervenir ni même communiquer avec les malheureux.

Des buzzer criaient un peu partout, tandis que les données reçues par les censeurs pointaient sur le drame en devenir, n’avaient à offrir que des chiffres dénués de sens, hors de toute compréhension, comme s’ils parlaient une autre langue. Le plus incompréhensible, ce qui entrainait une tempête de conjectures chez les spécialistes de tous genres, était que leur Transporteur ne subissait strictement aucune des forces actuellement à l’œuvre contre l’autre vaisseau. Cela était arrivé d’un coup : une brusque poussée des valeurs de tous les capteurs, pourtant étalonnés suivant les puissantes fluctuations gravimétriques de la Passe. Et quelques minutes plus tard, l’invraisemblable accident aux conséquences dantesques.

Dans un flash, le Transporteur n°3 du Colonel Momumba Arlington, ainsi que son demi-million de passagers et ses centaines de milliers de tonnes de matériels et de frets s’étira en un trait fin infini dont ne subsistèrent que quelques nuages d’étincelles vites absorbées par par les dimensions traversées.

Décembre s’effondra sur son siège, prit d’un vertige. Mais que venait -il de se passer ?

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Ian

Rôles:

Arlington (JCK)

Carillo (Andropovitch)

Compo: Ian

Montage: MTIce


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RedU T1 Ch16 Ep1

Wed, 18 Feb 2015 09:07:00 GMT

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« Bonjour à tous, Vous êtes bien aux côtés de Ex-One Média, et c’est Ted Maos’n, en direct du transporteur n°1 pour votre édition d’actualité !

Voici les titres :

• Transporteur n°1 : une cellule d’écoute et de suivi des personnes présentant des troubles, dus aux effets de la traversée de la Passe, a été ouverte. Rabsky Benkous était à son inauguration avec le Général Décembre.

• Sur le transporteur n°3, faisons un petit tour chez nos héros Phil Goud et Adénor Kerichi sortis depuis quelques jours de l’hôpital. La foule nombreuse qui les suit commence à inquiéter les autorités. Un reportage de Titus Matrane.

• Et enfin, alors que l’actualité est plutôt calme, ExOne média lance un grand concours de caricatures. Faites ce que vous voulez, le dessin le plus satyrique paraitra à l’antenne durant toute la traversée de la Passe !

Mais débutons donc cette émission avec l’ouverture de cette cellule d’écoute. Nous retrouvons Rabsky Benkous juste après ça… »

<pub>

« Retour sur votre actualité en direct. Regardez ces images, c’était aujourd’hui dans une annexe du pont quatre, celui réservé à l’hôpital. Le Général Décembre est en train de… »

Fabio coupa le son, laissant seulement les images du commandant se succéder, un ciseau à la main, déclarant combien il se souciait de ses concitoyens. Politique et communication que tout cela. Si même les militaires s’y mettaient maintenant… Le cagibi, servant de repère au jeune mental blond, n’était même pas assez grand pour lui permettre d’allonger ses jambes, alors il restait souvent appuyé contre le mur derrière son oreiller, à réfléchir. Un de ses amis translucides, une clef à molette boursouflée, se tenait devant lui à l’autre bout du lit. Il était un des rares rescapés, car la très grande majorité des autres s’étaient évaporés. Le mental avait fini par écarter une quelconque responsabilité dans ces disparitions, les reposant plutôt sur un des multiples effets collatéraux de la Passe de Magellone.

Une ampoule maussade éclairait le lieu de sa lumière jaunâtre. La petite carte spatiale épinglée au mur restait sa seule décoration, et la petite table en dessous son seul mobilier. Question de place et d’attitude. La réflexion était sa seule occupation ces derniers temps : ses pouvoirs étaient à un niveau anémique, tel qu’il n’en avait plus connu depuis les début de la Révolution Castiks. Si une nouvelle aventure advenait à Phil Goud il serait bien en peine de pouvoir lui apporter un quelconque soutien, cette fois.

Bon, d’accord, la dernière fois ce n’était pas arrivé à cause du hasard, mais quand même (). L’ancien lieutenant était quelqu’un de trop important pour être laisser sans protection efficace. Dans les quais de la station « Maman-lolo », alors que l’Exode se préparait au grand départ, Fabio n’avait même pas été surpris de découvrir sa présence, cet individu que les êtres translucides lui avaient déjà montré plusieurs fois auparavant, dans ses rêves (). Lui-même l’avait manipulé lors de la chute de la forteresse Castiks, et pourtant, un peu plus tard, Phil Goud avait été, d’une manière absolument incompréhensible, inaccessible à ses sondes lors du complot mental visant à reprendre le pouvoir. Il sourit en repensant au chat qui lui était alors apparu. ()

Toujours là où il le fallait, toujours à s’en sortir quelle que soit la situation. Chanceux, certes, mais pas comme Angilbe, plutôt comme si les bons choix étaient toujours fait par ou… pour lui.

Un personnage suffisamment important, donc, pour que Fabio choisisse le même transporteur que lui, puis le suive lors de son transfert. (**)

Il leur rendait visite presque tous les jours, d’abord à l’hôpital puis maintenant chez eux. Les amoureux étaient heureux de le revoir, et ils respiraient, maintenant, une sincère et réelle amitié pour sa personne. Voilà, au moins çà c’était une réussite.

La sécurité mise en place par le commandant Arlington était à la hauteur de l’humiliation qu’il avait reçu lors de la tentative d’assassinat du couple, et elle n’était pas de trop. Une sorte de « sentiment sacré » pour ne pas encore parler de nouvelle religion, s’était développé autour des deux jeunes gens. Évidement, depuis Maman-lolo, ils n’arrêtaient pas de marquer les esprits au cœur de toutes sortes d’évènements. Ce que Fabio avait pu suivre depuis des années, les médias commençaient à l’entrevoir, et la population, toujours encline à croire au surnaturel, y voyait là des signes prophétiques.

D’ailleurs, c’était bientôt l’heure d’aller rendre une petite visite aux amoureux. Surtout que d’ici un laps de temps inconnu, mais probablement court, quelque chose allait se passer à nouveau autour de Phil Goud. Quoi ? Aucune idée.

« Vous pourriez pas parler comme tout le monde ? Cela m’aiderait souvent. »

Lança Fabio à la petit clef à molette. Elle était venue le prévenir, ses boursouflures pouvant être comparées à une prise de stéroïdes pour tenir dans l’environnement de la Passe sans disparaitre. Mais quelque chose, une idée, lui traversait l’esprit : cela allait arriver. Bientôt, très bientôt. Et cela concernait Phil Goud.

Une idée qui n’avait aucune raison d’être, et qui était apparue toute seule, en même temps que le petit être translucide au bout du lit.

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Réa: Raoulito

Relecture: Arthur R, Icarion, Shino

Narration: Coupie

Rôles:

Zylann (Fabio)

Compo: Ian

Montage: MTIce


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Red Universe: Playlist Chapitre 15SP « Benedicentes Regi »

Wed, 11 Feb 2015 14:59:00 GMT

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Le chapitre spécial est terminé, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores de « Benedicentes Regi ».


La playlist des musiques gratuites de Red Universe ! Sur Jamendo.com



Voici certains thèmes à remarquer pour leur utilisation dans ce chapitre :

Commençons par le thème utilisé lors de la défaite des monts Atos, lorsque le Maréchal Trumont doit rendre les armes :
« we are people » de « arhipco », alb « arhipco »

L’incontournable thème de Poféus, dans une version légèrement remaniée :
« Dark secrets » de Celestian Aeon Project, alb « Aeon 3 »

Le thème du faste royal, l’arrivée du roi dans le chapitre 1 :
« swashing the buck » de Celestian Aeon Project, alb « Fable »

Le trou noir que Poféus déclenche avec Terra, il a son thème aussi !
« Sinestra » de Celestian Aeon Project, alb « The fall of Ragnaros »

Thème de l’attentat avec l’hélicoptère contre le palais :
« Inside a dream » de Celestian Aeon Project, alb « Miracle »

La musique d’opéra chantée en fond de la salle de balle, ainsi que celle jouée durant la plongée sous-marine :
« Vogliatemi Bene » de Giacomo Puccini, « Madame Butterfly » (non libre de droit)

Thème du fantastique palais sous-marin :
« Hope and down » de « Greendjohn », alb « Loophole »

L’amour de Fabio pour Poféus est incompréhensible pour qui n’a pas aimé follement. Le thème associé est du même style :
« Brave story » de « Greendjohn », alb « Loophole »

Le décollage de Poféus, Fabio et leur troupe, alors que le Roi et son frère apprenent la nouvelle :
« Neuromorph » de « Titanslayer », alb « Singularity »

La bataille finale entre les Lakédemons et les troupes de Poféus :
« Titanium » de « Titanslayer », alb « Singularity »

Une partie du générique provient de :
« Sentinel » de « Titanslayer », alb « Singularity »

Et le thème du roi Magnam IV, la ligne rouge de tout ce spécial :
« The Dark symphony » de « Roger Subirana Mata », alb « The Dark symphony »

Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et rendez-vous le 18 février pour le chapitre 16 de RedUniverse
» Vortex »

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Spécial 2014 : BENEDICENTE REGI – Conclusion

Fri, 09 Jan 2015 22:17:00 GMT

Ce 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence !

Toute la journée, découvrez la dernière grande aventure de la Révolution Castiks sur Podradio, Saga audio compagnie, Podcloud et sur le site de Red Universe 😀 !

Red universe Spécial 2014

Le nouvel impôt passe mal, des troubles éclatent un peu partout sur la planète, durement réprimés, alors que la noblesse profite de ses privilèges et les financiers de leur fortune. Mais derrière ce rideau, d’autres évènements encore plus graves se déroulent : les communautés veulent leur indépendance et le Contre-amiral Poféus est en quête d’un secret multi-centenaire. Il est temps de révéler ce que fût réellement la chute du Roi de toute l’humanité : Phoméus Archibald Magnam IV

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Partie n°5/5 : Conclusion

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Ecriture & Réalisation: Raoulito
Relecture: Adastria
Montage: Destrokhorne, MTIce, Raoulito
Narrateurs: Coupie, Andropovitch, Istria, Ian, Anna
Acteurs: @now@n, Anna,Raoulito, Icaryon, Pof, Zylann, Darkgueg, Akira, Matsama, Dr Wolf, Shi no, Bleknoir, Tristeur, Destrokhorne

Les horaires de diffusion peuvent varier d’une vingtaine de minutes suivant le média pour des raisons techniques

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Spécial 2014 : BENEDICENTE REGI – Chapitre III

Fri, 09 Jan 2015 22:14:00 GMT

Ce 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence !

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Le nouvel impôt passe mal, des troubles éclatent un peu partout sur la planète, durement réprimés, alors que la noblesse profite de ses privilèges et les financiers de leur fortune. Mais derrière ce rideau, d’autres évènements encore plus grave se déroulent : les communautés veulent leur indépendance et le Contre-amiral Poféus est en quête d’un secret multi-centenaire. Il est temps de révéler ce que fût réellement la chute du Roi de toute l’humanité : Phoméus Archibald Magnam IV

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Partie n°4/5 : Chapitre 3
Prochaine partie: Conclusion (21h GMT+1)

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Ecriture & Réalisation: Raoulito
Relecture: Adastria
Montage: Destrokhorne, MTIce, Raoulito
Narrateurs: Coupie, Andropovitch, Istria, Ian, Anna
Acteurs: @now@n, Anna,Raoulito, Icaryon, Pof, Zylann, Darkgueg, Akira, Matsama, Dr Wolf, Shi no, Bleknoir, Tristeur, Destrokhorne

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Spécial 2014 : BENEDICENTE REGI – Chapitre II

Fri, 09 Jan 2015 22:11:00 GMT

Ce 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence !

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Partie n°3/5 : Chapitre 2
Prochaine partie: Chapitre 3 (19h GMT+1)

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Ecriture & Réalisation: Raoulito
Relecture: Adastria
Montage: Destrokhorne, MTIce, Raoulito
Narrateurs: Coupie, Andropovitch, Istria, Ian, Anna
Acteurs: @now@n, Anna,Raoulito, Icaryon, Pof, Zylann, Darkgueg, Akira, Matsama, Dr Wolf, Shi no, Bleknoir, Tristeur, Destrokhorne

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Spécial 2014 : BENEDICENTE REGI – Chapitre I

Fri, 09 Jan 2015 22:08:00 GMT

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Partie n°2/5 : Chapitre 1
Prochaine partie: Chapitre 2 (16h GMT+1)

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Ecriture & Réalisation: Raoulito
Relecture: Adastria
Montage: Destrokhorne, MTIce, Raoulito
Narrateurs: Coupie, Andropovitch, Istria, Ian, Anna
Acteurs: @now@n, Anna,Raoulito, Icaryon, Pof, Zylann, Darkgueg, Akira, Matsama, Dr Wolf, Shi no, Bleknoir, Tristeur, Destrokhorne

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Spécial 2014 : BENEDICENTE REGI – Introduction

Fri, 09 Jan 2015 21:50:00 GMT

Ce 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence !

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Le nouvel impôt passe mal, des troubles éclatent un peu partout sur la planète, durement réprimés, alors que la noblesse profite de ses privilèges et les financiers de leur fortune. Mais derrière ce rideau, d’autres évènements encore plus graves se déroulent : les communautés veulent leur indépendance et le Contre-amiral Poféus est en quête d’un secret multi-centenaire. Il est temps de révéler ce que fût réellement la chute du Roi de toute l’humanité : Phoméus Archibald Magnam IV

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Partie n°1/5 : Introduction
Prochaine partie: Chapitre 1 (13h GMT+1)

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Ecriture & Réalisation: Raoulito
Relecture: Adastria
Montage: Destrokhorne, MTIce, Raoulito
Narrateurs: Coupie, Andropovitch, Istria, Ian, Anna
Acteurs: @now@n, Anna,Raoulito, Icaryon, Pof, Zylann, Darkgueg, Akira, Matsama, Dr Wolf, Shi no, Bleknoir, Tristeur, Destrokhorne

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Spécial 2014: Demandez le programme !

Fri, 09 Jan 2015 17:15:00 GMT


Programe de la diffusion du Spécial 2014, journée du Samedi 10 Janvier 2015

Programe de la diffusion du Spécial 2014, journée du Samedi 10 Janvier 2015



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Je suis Charlie

Thu, 08 Jan 2015 20:30:00 GMT

Il est de ces moments où le destin vous frappe, il vous donne une giffle qui marque profondément. Alors que nous mettions la touche finale au Spécial de Red Universe, focalisés sur deadlines et montages, la nouvelle des assassinats de Charlie Hebdo est passée à coté. Mais aujourd’hui, la violence me rattrapa.

1978 Récré A2 prend l’antenne et, agé d’à peine 5 ans, je commençais déjà à absorber tout ce qu’un enfant de mon âge pouvait découvrir dans les dessins animés de tous horizons. Cela me marquera à jamais, faisant de moi ce que je deviendrais, beaucoup plus tard. Quel rapport ? Dans l’équipe de Récre A2, au milieu de toute une tribus d’animateurs jeunes et gauchistes pour certains (à l’époque), un dessinateur faisait des caricatures en direct. C’était étonnant, il dessinait sur une table lumineuse des dorothées au nez si pointu qu’elle coupait le papier. Ce monsieur à la coupe de cheveux type « méduse » semblait empli d’une modestie et d’une générosité sans limite. Cabu me montra alors que le dessin était l’expression universelle. Sans parler, il transcendait les univers des hommes et pouvait toucher, attendrir, blesser ou enjôler.

Quelle puissance que celle d’un chansonnier qui parlerait d’un coup toutes les langues.

Je n’irais pas jusqu’à dire que Red Universe existe grâce à lui, mais ce que je crois et que j’essaye de distiller autant que possible au travers de cette grande fresque qu’est RedU, il en est une des origines.

Je suis Musulman.

Pas de conviction, mon opinion des religions est toute pragmatique : Dieu n’a que faire des hommes… je me suis converti d’abord par amour Pour une femme. Mais pour une fois, je peux mettre cela en avant et prononcer les mots suivants sans être taxé d’islamophobie native. Aux assassins de tous poils qui tuent au nom de ce qu’ils ignorent, à ces ignares qui multiplient les prières, pensant remplir un acte de foi alors qu’il s’agit visiblement d’un sacrilège, à ces bêtes repoussant l’Humanité bien au-delà des premiers dessins de Lascaux, je ne vous souhaite qu’une chose : que ce Dieu, que vous avez couvert de sang, existe vraiment. Qu’une fois morts, vous puissiez rencontrer le Prophète, et qu’il vous dise combien vous l’avez déçu et humilié. Il livrait la guerre aux Rois et aux armées, il ne massacrait pas les innocents, et.. hô incroyable, il acceptait de parler avec les esprits critiques. Oui c’était un grand homme, aussi grand que vous êtes bas, aussi élevé que vous êtes enfoncés, aussi admirable que vous êtes détestables.

Mais le mal est fait, et les morts n’en ont plus grand chose à faire des mots des vivants.

Pour eux, pour leur offrir un hommage postume aussi modeste que marqué, ce ne sera pas un dessin, non, ce sera une musique. J’ai retrouvé, suite au message d’un auditeur, ce morceau, tiré d’une série ayant largement inspiré Red universe : Battlestar Galactica (2003).

La chanson s’appelle « Wander my friends » de Bear McCreary, dans la saison 1. Ici la voici jouée lors d’un concert dédié à la série. C’est le thème du Commandant Bill Adama.

Vous ne me connaissiez pas, mais vous étiez des amis, et aujourd’hui, maintenant, je vous pleure.

Adieu.

Raoulito

Écrite en Gaélique, je vous l’ai retranscrit ci-dessous

Siúlaigí a chairde, siúlaidh liom

Mar cheo an tsléibhe uaine ag

Imeacht go deo

D’ainneoin ár dtuirse leanfam an tslí

Thar chnoic is thar ghleannta

Go deireadh na scríbi

Seo libh a chairde is canaidh liom

Líonaigí’n oíche le greann is le spórt

Seo sláinte na gcarad atá imithe uainn

Mar cheo an tsléibhe uaine,

Iad imithe go deo

(Français)

Promenez-vous mes amis, promenez-vous avec moi

Comme le brouillard sur la montagne verte, se déplaçant éternellement

Malgré notre fatigue

Nous suivrons la route

Par monts et vallées

Pour la fin du voyage

Allez mes amis et chantez avec moi

Remplissez la nuit avec la joie et le sport

Voici un toast aux amis qui sont partis

Comme la brume de la montagne verte,

Disparus à jamais.



Bande Annonce #2 – FINALE – Spécial 2014

Thu, 25 Dec 2014 12:40:00 GMT

Le 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence ! Au programme : le SPECIAL 2014 » Benedicentes Regi «

Retrouvez la Princesse Azala, Melba, le Contre-Amiral Poféus, Fabio Ouli, le Général Décembre, mais également le Maréchal Trumont, le parlementaire Wolf, Ralato Ouli ou le Prince Mékaryon dans le dernier spécial de cette grande fresque de la Révolution Castiks commencée il y a maintenant 3 ans.

Ho, j’ai oublié de vous dire… Il existe un dernier personnage, il sera l’Histoire ( avec un grand H ), l’homme qui aura été le dernier roi de MaterOne et de toute l’Humanité : Phoméus Archibald Magnam IV.

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Red universe Spécial 2014

PS : cette Bande annonce est également un hommage à une des plus grande série de science fiction ayant jamais existée : Dune ( Franck Herbert ). Ici la Bande originale de la série Sci-Fi

» Les enfants de Dune » ( The Children of Dune – 2003 )

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Bande Annonce #1 Spécial 2014

Mon, 08 Dec 2014 11:19:00 GMT

Le 10 Janvier 2015, Red Universe fête ses 5 années d’existence ! Au programme : le SPECIAL 2014 » Benedicentes Regi «

Retrouvez la Princesse Azala, Melba, le Contre-Amiral Poféus, Fabio Ouli, le Général Décembre, mais également le Maréchal Trumont, le parlementaire Wolf ou le Prince Mékaryon dans le dernier spécial de cette grande fresque de la Révolution Castiks commencée il y a maintenant 3 ans.

Ho, j’ai oublié de vous dire… Il existe un dernier personnage, il sera l’Histoire ( avec un grand H ), l’homme qui aura été le dernier roi de MaterOne et de toute l’Humanité : Phoméus Archibald Magnam IV.

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Seconde bande annonce fin Décembre :)

Red universe Spécial 2014

PS : cette Bande annonce est également un hommage à une des plus grande série de science fiction ayant jamais existée : Dune ( Franck Herbert ). Ici l’introduction par David Lynch pour être exact ( « Dune » – 1984 )

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Red Universe: Playlist Chapitre 15 « Fantômes »

Mon, 08 Dec 2014 10:01:00 GMT

Retrouvez les livres Red Universe sur toutes vos plate-formes préférées :)
Rendez-vous dans la section consacrée pour en savoir plus et soutenez-nous ou faites un don à l’équipe :)

Comme à chaque fin de chapitre, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°15 « Fantômes ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette quinzième partie:

Thème Onawane « Soldier’s Grave (Drama) » Grégoire Lourme – alb : Cinematic Volume 1
Thème folie contagieuse : « Promenðeus » – Cudrlo – alb : Back to Entia
Thème folie contagieuse (action onawane): « Military Orch Submarine Theme » – gaz K – Military Documentary
Thème fragment relique – « U mantu di la notti » – Milagro acustico – alb: SIQILIAH – alb : Terra d’Islam
Thème apparition / père de junta : » Panorama Of The Planet » – Nerious – alb : Two Souls
Thème apparition / explosion du temps : » Trial by Fire » – Antti Martikainen – alb : Another Saga
Thème apparition/fantômes hopital : » Lost » – Theta-Sound – alb : Dernier espoir

Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et rendez-vous le 10 Janvier pour le GRAND dernier Spécial de RedUniverse » Benedicentes Regi »

Et le 8 Février 2015, Chapitre 16 intitulé « Vortex » (tout un programme encore !!)

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RedU T1 Ch15 Ep15

Sun, 23 Nov 2014 11:17:00 GMT

Cadeau RedUniverse pour Décembre : La sortie prochaine du chapitre 6 en livre numérique et la mise en ligne de la mini-série de l’été dans son intégalité !

Encore ? Bon alors une bande annonce définitive du Spécial Red Universe, pour Noël 2014 😀

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Ralato se reposait, lisant un des multiples rapports reçu durant les dernières semaines. À bord du « Reine Lanik », il rentrait à la maison, sur MaterOne, dégouté.

Il avait prit le premier convoi militaire de Lithium en partance, et avait brandit l’ordre de mission de Poféus sous l’œil inquiet du commandant de bord, pour le convaincre de lui trouver une place. Quand il repensait à toutes les magouilles découvertes sur Tb-01, il ne voyait pas comment le seul maître à bord de ce long vaisseau de transport pouvait être honnête. Il espérait certainement refiler une partie du chargement quelque part en cours de route et la présence d’un haut-officier l’inquiétait.

Quand au contre-amiral… quel était vraiment son rôle dans ce trafic ? Avec Stuffy, il avait eu la première semaine de voyage pour réfléchir à tout cela. Une certitude regroupait les deux hommes : Poféus ne faisait pas dans la contrebande pour de l’argent. Il n’en avait pas besoin et ce n’était tout simplement pas son genre. Alors pourquoi ? Trafiquer avec des Triades, participer à l’écoulement de stupéfiant, corrompre ses propres agents, jamais il n’aurait ordonné cela sans une impérieuse raison. Alors était-ce bien lui ?

« Bien sûr que c’est lui. Les affaires mentales ne répondent à personne d’autre. Et je vois mal un second couteau organiser tout cela directement avec les parrains souriants. »

Stuffy avait sans doute raison, mais Ralato ne se ferait une idée que face à son mentor. Lorsque celui-ci répondra à ses questions.

« S’il a confiance en toi, et c’est le cas, cela se passera bien. Sinon il fera tout pour nous faire disparaitre. C’est déjà une sacrée chance que je sois encore vivant ici, je n’ai pas du tout envie de jouer le peu de vie qui me reste sur un coup de dés, hein ?!

Nous ferons attention. Et puis, il y a encore plus inquiétant. En quoi les Mutualistes sont-ils mêlés à cette histoire ? Paul était le contact des affaires mentales sur Kyuang, il gérait le trafic avec les Souriants…

…Et il a crié à la gloire des Mutualistes lorsque mon implant mental a été activé. C’était une pulsion profondément enfouie, je n’avais pas cherché un souvenir particulier, juste suffisamment de choses cachées pour le rendre complètement fou et nous donner une diversion. Mais là, j’ai été totalement pris au dépourvu.

D’un autre coté, il était lié aussi aux Souriants. Et si les Mutualistes avaient des contacts avec les Triades ou…

…Ou avec Monsieur Heir. Un mental extrêmement puissant, formé on ne sait par qui ni comment et qui est en passe de prendre la tête de toute l’Humanité. Et Myan, tiens, un enfant mental capable de trahir durant toute son adolescence au cœur du système éducatif ultra-sécurisé des universités mentales. Il nous a berné comme des bleus. »

Oui, plus ils détricotaient leurs récentes aventures dans la nébuleuse de Talbot, plus s’accumulaient de nouvelles questions. Le seul résultat positif de ce tableau c’était que la mission principale était accomplie. Ils avaient découvert Myan et Heir derrière l’abominable charnier, et la vie si tranquille de la communauté Souriante avait été suffisamment perturbée, pour qu’ils y réfléchissent à deux fois avant de s’attaquer à nouveau aux affaires mentales. Heir et son élève étaient maintenant recherchés et probablement que son avenir politique était…

Le convoi sortit brusquement de la transition dimensionnelle. Pourtant ils n’étaient d’évidence pas encore arrivé sur MaterOne.

« Notre Commandant a peut-être un rendez-vous d’affaire ?

Si c’est cela, il va avoir les oreilles qui vont chauffer. J’en ai marre de tous ces corrompus. »

Ralato sortit de sa cabine prestement. Il se préparait à vider sa hargne sur l’officier supérieur. Faire de la contrebande sur un convoi militaire qui plus est, ils ne s’arrêtaient devant rien. Mais qu’est ce que les mots ordre ou honnêteté pouvait bien encore signifier ?

« Ouais, enfin il faudrait alors penser que tortures, exécutions sommaires et déni de justice seraient compatibles avec çà. Ce qui m’étonnerait, n’est-ce pas mon vieux Ralato ? »

L’heure n’était pas au débat sur les méthodes mais simplement sur le refoulement d’une quantité assez énorme de frustration accumulée. Ralato ouvrit l’écoutille du centre de pilotage et fut presque surpris d’y trouver tout l’état-major en grande tenue, comme pour une arrivée à quai.

« Commandant, pourquoi nous arrêtons-nous ? »

L’officier supérieur toisa l’impoli lieutenant de haut en bas mais, sachant à qui il avait affaire, préféra ne pas rentrer dans le jeu du Lieutenant. Il sorti simplement son ordre de mission et le lui tendit. Sur un signe, son second ouvrit avec une clef un petit coffre-fort scellé au mur et en retira un feuillet de calque transparent qu’il plaça sur l’ordre de mission. Stuffy sentait une nouvelle mauvaise surprise arriver.

« Un ordre de mission factice et son complément en papier translucide. Ce sont des ordres top-secret. »

Ralato leva les yeux vers les hublots à l’avant du poste de pilotage. Le ciel noir, infini et des étoiles. Pourtant une lueur semblait venir de bâbord. Il se déplaça alors de l’autre coté de la pièce pour changer d’angle de vue.

Plusieurs astéroïdes géants étaient fixés les uns aux autres par une immense construction métallique. Au milieu, une multitude de projecteurs géants éclairaient d’innombrables rangées de docks de construction où l’on fabriquait des vaisseaux spatiaux. Il reconnaissait certains modèles, c’était des vaisseaux de guerre. Le chantier fourmillait de robots et ingénieurs en tous genres qui papillonnaient un peu partout.

Stuffy restait sans voix pour une fois, car tous deux venaient de comprendre ce que Poféus faisait de tout ce Lithium de contrebande et de toutes ces tonnes de minerai qui manquaient dans les entrepôts de MaterOne. Cette fameuse pénurie n’était pas organisée, elle était la conséquence de ce pharaonique chantier. Des centaines de croiseurs, transports de troupes, chasseurs, torpilleurs, porte-containers blindés étaient en construction ici.

Dans ce lieu perdu loin de tout, le Contre-amiral Poféus se montait sa propre flotte spatiale.

FIN DU CHAPITRE 15

Soutenez Reduniverse.fr

Prod: PodShows

Réa: Roolito

Relecture: Arthur R, Adastria, Shino

Narration: Anna

Acteurs:

ralato (raoulito)

stuffy (luciole)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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Ultime soirée de gala ce Samedi 22 Novembre 2014 – 20h.

Tue, 18 Nov 2014 21:59:00 GMT

Et oui, Red universe met fin aux soirées de galas ce Samedi, faute de temps et de préparation.

Alors comme nous faisons les choses en grand, voici de bien belles surprises:

> EN DIRECT SUR SYNOPSLIVE, la radio des Saga MP3 qui nous fait l’honneur de nous accueillir pour l’événement ! http://synopslive.net/direct

> Les tous nouveaux membres de l’équipe vont nous rejoindre pour vous les présenter :)

>Le Chapitre 13, prélude à l’aventure de Ralato et Stuffy sur Talbot, j’ai nommé « Plongeon », suivi de ses anecdotes.

> Le dernier épisode du chapitre 15, qui, justement, n’est pas éloigné du sujet 😉

>La bande annonce (Teaser n°1) du Spécial 2014, mais oui !

> et plein d’autres choses encore. (dernières nouvelles, surprises, interviews, retours sur des événements, etc…)

Tout cela ce Samedi ! Alors Rendez-vous à 20h tapante, sur Synopslive.net pour nous retrouver dans ce dernier moment de communion solennelle 😀 !



RedU T1 Ch15 Ep14

Sun, 16 Nov 2014 18:00:00 GMT

Samedi 22 Novembre prochain, Rendez-vous à 20h pour la derniière soirée de Gala de RedUniverse ! ( On en aura peut-être une autre un jour, mais pour l’instant on arrête ! )

Ne ratez pas l’évènement :)

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« Bonjour à tous, Vous êtes bien aux côtés d’Ex-One Média, je suis Dave le Limier, en direct du transporteur n°2 pour l’édition du soir la plus incroyable qu’il ait jamais été donné à un journaliste de présenter !

La majorité de notre édition reviendra en détail sur ce mirage proprement inimaginable : une vision précise et réaliste d’un appareil de transport spatial et -surtout- de ses occupants, NON-HUMAINS !

Même si ce n’est pas notre une, une excellente nouvelle sera annoncée par le Docteur Blame : la très probable découverte d’un remède à l’épidémie de folie, en exclusivité sur ce plateau !

Nous sommes avec Drisso El Nofello depuis le transporteur n°3, et nous nous retrouvons juste après ça ! »

<pub>

« Retour dans votre édition spéciale, largement consacrée à ce que nous avons vu, ce que nous avons TOUS vu durant la dernière grosse distorsion temporelle. Des évènements plus ou moins importants se sont produits un peu partout sur nos transporteurs, nous avons, par exemple, pu assister au passage des fantômes devant l’hôpital. Mais il en est un qui nous a touché tous, car le mirage en question – il n’existe guère d’autres mots pour le nommer – a englobé les deux vaisseaux du convoi ! Drisso, bonjour, donnez-nous des faits.

  • Bonjour Dave et bonjour à nos multispectateurs. Voilà : à quinze heure cinq, heure universelle, une distorsion d’une intensité inédite nous a traversé. Cela a occasionné de sérieux dommages un peu partout car les circuits électriques ont alors été soumis à très rude épreuve. Heureusement pour nous, les triples vérifications et surtout la surveillance humaine constante nous ont évité le pire du coté des calculateurs de trajectoire. Nous n’avons à déplorer que quelques débuts de foyers d’incendies rapidement maitrisés, et des cas de brulures ou d’évanouissement.
  • C’est bien Drisso, maintenant parlez-nous de cette vision : ce vaisseau extra-terrestre gigantesque et ses occupants !
  • Les spécialistes récoltent toujours les témoignages, mais on peut extrapoler certaines conclusions. Nous parlons d’un appareil environ trois fois plus gros que nos transporteurs. Sa conception interne n’est pas très éloignée de celle de nos vaisseaux, mais sa structure est plus proche d’un appareil destiné au combat. Certaines parties n’ont pas pu être observé, cependant deux miliciens de faction, à l’arrière du transporteur n°3, ont décrit ce qui pourrait bien être une salle contenant plusieurs Compresseurs dimensionnels.
  • Pardon ? Mais déjà UN Compresseur est une machinerie particulièrement énorme ?!
  • Oui Dave, en effet. La conception des leurs serait donc plus sophistiquée, et ils pourraient ainsi les installer… en… série.
  • Drisso ? Que se passe-t-il ?
  • C’est ma déformation scientifique. Je tentais d’imaginer ce que serait capable de faire un vaisseau avec des Compresseurs montés en série. Des tonnages encore plus élevés, des vitesses encore plus grandes, une précision accrue. C’est tout bonnement incroyable.
  • Je vous comprend. Mais ce vaisseau géant, il ne serait rien sans ses occupants. Et là c’est encore plus fou. J’ai des rapports qui parlent de personnages pas très grands, un peu épais avec des antennes et de nombreux doigts ?
  • Oui, c’est cela. L’un m’a traversé le corps et je peux vous affirmer qu’il y avait très exactement sept doigts à chaque main ! Mais c’étaient surtout leurs yeux qui… Ha, Dave ? On m’annonce que Monsieur Junta, le commandant de notre transporteur va faire une allocution.
  • Oui Drisso, l’information vient de tomber sur nos moniteurs également. Dans cinq minutes apparemment. Peut-être pouvez-vous vous y rendre, nous poursuivrons l’étude des extraterrestres ensuite ?
  • J’y vais de ce pas. À tout de suite !

En attendant l’allocution, je vous propose cette petite parenthèse de nos sponsors et nous parlerons avec le Docteur Blame qui s’installe en ce moment sur le plateau. À tout de suite, ne zappez pas ! »

<pub>

« Retour sur l’émission spéciale d’Ex One Média consacrée à la très troublante vision que nous avons tous eu d’un vaisseau extraterrestre. J’ai avec moi le Docteur Blame, médecin en chef de ce transporteur. Alors docteur, nous allons parler de votre fabuleuse découverte, mais auparavant, peut-être avez-vous une opinion à partager avec nous sur les non-hommes dont nous venons de parler ?

  • Hélas, je n’ai pas pu en croiser. Là où je me trouvais lors de la distorsion, j’ai surtout eu à faire avec des dérèglements ou des implosions de matériel, voyez-vous. Cependant, en résumant les quelques informations que j’ai obtenu, j’ai noté combien les yeux aux iris très larges de ces non-hommes avaient marqué les esprits. L’avez-vous remarqué ?
  • Personnellement, j’étais au milieu des fantômes futurs de vos malades, docteur. Je n’ai pas eu la chance de croiser plus que la coque du vaisseau étranger.
  • C’est bien dommage car, évidement ce n’est qu’une théorie, mais nous avons nous aussi une… je dirais une population aux iris un peu plus grand que la normale. Les Mentaux.
  • Des mentaux ? Vous voulez dire que cette race d’extra-terrestre serait faite de mentaux ?!
  • Ce n’est qu’une hypothèse. À ce stade, nous ne parlons que de fantômes et de mirages, je vous le rappelle.
  • En effet, je.. Ha ? Drisso, en direct du transporteur n°3 ?
  • Allo, Dave ? Je suis en place avec notre caméraman et… Vas-y mets-toi là… un pupitre a été monté à la hâte à l’entrée du poste de commandement, cela me rappelle la première allocution de Monsieur Junta, juste avant d’entrer dans la Passe.
  • Et Monsieur Junta est-il là ?
  • Non, pas encore. Il est… un peu en retard on dirait. Je vous tiens informé.
  • Merci Drisso, n’hésitez pas à prendre l’antenne dès qu’il arrivera. Docteur Blame, revenons rapidement sur votre découverte voulez-vous ?
  • Hé bien vous savez que nous avons identifié la responsable : la liqueur de Lamprasine, cette substance utilisée dans des sortes de messes de certaines religions…
  • Les Octotes, m’a-t-on dit ?
  • mmhmm, moui …Entre autre. Donc nous avons découvert que cette substance réagissait à un certain type de radiation spécifique que l’on trouve sur… la nébuleuse de Talbot. Et les molécules composant la liqueur se transformaient alors en une substance qui n’interagissait plus avec la Passe.
  • Mais c’est formidable ! Mais cette nouvelle substance est toujours dans le sang des malades non ?
  • Oui, dans leurs tissus : musculaires, nerveux, lymphatiques… Et les organismes qui en sont affectés n’y sont pas… insensibles. Mais en quelques semaines, comme le corps ne les synthétise plus, les nouvelles molécules sont éliminées par les voies naturelles.
  • Et quel est l’effet de ces nouvelles molécules sur les malades ?
  • mmhmm.. C’est… heu… Je cherche mes mots voyez-vous…
  • C’est à dire ? Répondez Docteur Blame, s’il vous plait.
  • En termes psychiatriques, cela donne une dialectique dualiste interne avec les Pulsions du Moi représentant, elles, le principe d’auto-conservation.
  • …Heu… Pulsion du Moi ? Mais ce ne serait pas la définition de la… libido ?
  • Cette petite lumière rouge, là. Je crois que vous avez un message, non ?
  • Toutes les personnes atteintes sont en train d’avoir un raz de marée de désir sexuel ? Est-ce cela ce que vous venez de…
  • Dave, je prend l’antenne et vous retransmet le discours qui vient de commencer !

… et je ne peux bien sûr pas oublier le courage et l’abnégation dont ont fait preuve les équipes de maintenance, les techniciens, ingénieurs et les opérateurs. Grâce à eux nous avons pu faire face à un évènement majeur qui aurait pu en déstabiliser plus d’un.

Maintenant, en ce qui concerne les mirages que nous avons tous vu, j’ai décidé, en accord avec mes conseillers, de vous faire part d’une information que nous avons été forcé de conserver à l’écart de la société civile. Vous comprendrez qu’il s’agissait de maintenir un calme dans toute l’Exode, quitte à faire ce que l’on nomme pudiquement un mensonge par omission. Il y a plusieurs mois de cela, autour de la planète géante Vegas IV, nous avons vécu une rencontre. La rencontre avec un appareil au design révolutionnaire, aux capacités remarquables et dont nous avons pu garder une petite partie du fuselage. Nous l’appellerons, l’artefact numéro un…

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Prod: PodShows

Réa: Roolito

Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria

Narration: 😉

Acteurs:

Junta (Arthur)

Drisso el nofello (Bleknoir)

Dave le limier (Darkgueg)

Dr Blame (Akira)

Compo: Ian

Montage: Nume Chassot


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Joyeux anniversaire Red Universe !

Sun, 09 Nov 2014 10:55:00 GMT

200eme episode aujourd’hui, ça y est !

Red Universe ce n’est pourtant pas que ces nombreux épisodes hebdomadaires

C’est aussi :


  • 400 pages d’ecriture (type 12, times new roman),

  • 5 livres numériques illustrés en vente sur les plus grandes boutiques de vente en ligne (Deux nouveaux pour Noël),

  • 15 chapitres, 4 chapitres spéciaux (le 4eme pour le 10 Janvier 2015 😉 ),

  • 27 heures d’écoute (en continue…),
  • Plus de 2000 téléchargements mensuels par épisode (!),
  • Des diffusions quotidiennes sur 3 canaux en streaming (radios et chaines en ligne…),

  • 31 participants à l’odyssée (Relecteurs, acteurs, narrateurs, monteurs, compositeurs, mastering…)

  • 4 forums spécialisés, 6 réseaux sociaux, 3 plateformes de diffusion, une société sur Linkedin (!)
  • Une boutique en ligne
  • Plus de 50 CDs vendus en quelques semaines (2 premiers chapitres version revue et corrigée) et plus encore aux Joutes du Téméraire (15-16 Nov – Nancy),
  • des cartes de visite, des posters, des cartes d’abonnement aux ebooks,

Et bien sûr, VOUS, chers auditeurs, sans qui rien de tout cela ne serait possible. Vous formez une communauté passionnée, fidèle, pointilleuse (oui, oui, on aime aussi !) à laquelle nous offrons toutes les semaines bien plus qu’une histoire, un petit peu de notre sueur et de notre coeur.

Merci encore,

Nous vous donnons rendez-vous le 22 Novembre pour la soirée de Gala de RedUniverse, spéciale 200eme et beaucoup de surprises.

À très bientôt,

Raoulito et toute l’équipe de Red Universe.



RedU T1 Ch15 Ep13

Sun, 09 Nov 2014 10:30:00 GMT

Retrouvez Red Universe aux Joutes du Téméraires, le 15 & 16 Novembre à Nancy ! L’équipe y tiendra un stand dédié à votre série préférée, et vous proposera une édition spéciale remontée, remixée et remasterisée des nouveaux Chapitres 1 & 2 ( ceux en livre numériques ). Elle ne sera disponible que pendant la durée des joutes !

Alors ne manquez pas l’occasion !

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episode 200

Nébuleuse de Talbot, géante Tb-01, dans une cache isolée de la cité de Kyuang. Ralato et Stuffy se tenaient face au parrain des Triades qu’ils avaient inlassablement recherché ces dernières semaines. Ils ne se faisaient pas d’illusion, le petit bonhomme avait simplement été lâché par les autres gros bonnets dans l’espoir d’amadouer le lieutenant ou, au moins, de calmer ses ardeurs dans la grande traque qu’il menait au cœur de la cité Souriante. C’était mal connaître Ralato, il ne lâchait jamais.

« Où sont Heir et Myan ? Dis-nous ce que tu sais et je serais peut-être indulgent. »

L’autre ne répondit pas, préférant laisser reposer sa tête en arrière contre le rebord de la chaise. Ligoté comme il était, c’était sa seule liberté de mouvement qu’il mettait ainsi en œuvre. Les yeux fermés, le vieil homme semblait attendre.

Ralato se doutait que le membre du Conseil de la Révolution était sans aucun doute à l’autre bout de la ville, embarquant clandestinement, pendant qu’on l’occupait avec cet appât.

« Pour qu’ils nous offrent un chef des Triades, il faut vraiment qu’ils croient TRÈS fort en ce Monsieur Heir. J’ai rarement observé une telle fidélité chez les Souriants. C’est bizarre. »

Stuffy avait raison, le temps était compté vu qu’ils sacrifiaient un membre si éminent pour simplement gagner quelques heures. D’un autre coté, ils savaient que Ralato allait fouiller les moindres recoins de son esprit et découvrir tous leurs secrets. Le risque était énorme. Etrange…

« Essayons la manière douce, il a été lâché par les autres, il peut nous apprendre des choses par lui-même. »

Soit. L’Agent Stuffy était un habitué de la culture Souriante, étonnamment, et le lieutenant avait appris à croire en son instinct. Il s’approcha du petit vieux, tira une chaise et s’assit face à lui. L’autre ouvrit les yeux et le fixa.

« Je ne veux pas vous faire subir le scan actif qui est normalement réservé à ce genre d’interrogatoire. Nous pouvons collaborer simplement, non ? Vos amis vous ont visiblement lâché, je peux vous faire quitter la nébuleuse discrètement et vous obtenir une nouvelle identité. Mais en échange il me faut des informations. Honnêtes. »

L’autre déchiffrait le regard de Ralato, cherchant à discerner la véracité de ses propos.

« Nous allons jouer à un jeu simple. Je vous pose une question, si vous clignez des yeux, c’est un oui, sinon c’est un non. D’accord ? »

Un discret sourire vint animer la bouche du prisonnier, et il cligna des yeux.

« Parfait. Savez-vous où se trouvent Monsieur Heir et Myan? »

Pas de clignement.

« Pouvez-vous me donner les noms des autres parrains Souriants ? »

Clignement. Stuffy intervint.

« Inutile. Couper une tête n’arrêtera pas l’hydre. C’est le trafic de Lithium et les filières du nuage de miel qui comptent.

  • On peut lui demander s’il accepte de nous donner les noms des passeurs et les méthodes ?
  • Ouaip, c’est pas mal. Mais les destinataires sont intéressant également. Est-ce qu’il peut nous les donner ? »

Question posée, un clignement.

« Alors il faudra commencer à parler un peu, monsieur. Je vous écoute. »

L’autre eu un tremblement, vite étouffé. Souriant encore un peu plus, il ouvrit enfin la bouche, mais Ralato regrettera toujours les paroles qu’il allait entendre.

« Je suis ici pour délivrer un message de paix, lieutenant. Les Triades ne sont pas une affaire de personnes, mais de culture. Vous ne pourrez jamais nous arrêter si tant est que vous essayiez. Par contre, nous regrettons profondément que ce soit par un acte signé du ministre de la sécurité que vous… » nouveau tremblement, l’œil devint un peu moins clair. « .. que vous nous ayez attaqué dans notre quiétude. Sachez donc que je suis mourant, le poison que j’ai absorbé il y a une heure fini de me consumer entièrement. Malgré le boramol, vous pouvez … vous pouvez fouiller mon cerveau. Je… je vous met en avant les.. informations, vite.. AaaAaa…aaaagghhh ! »

Les tremblement devenaient convulsifs, déjà de la bave s’échappait de la bouche du vieux parrain. Les yeux révulsés, ses muscles se tendirent puis il s’effondra, le visage encore plus pâle qu’à l’habitude, le blanc des yeux en sang.

Ralato n’en revenait pas, avec Stuffy il avait vu le contenu du message.

« La valise de Paul, le contact des affaires mentales sur Talbot. Mais c’est proprement incroyable.

Il a menti, c’est un piège Souriant, c’est impossible… IMPOSSIBLE !

Il n’a pas menti, tu le sais aussi bien que moi. On ne peut mentir dans des souvenirs alors que l’on est mourant. IL a rompu l’accord, du coup les Triades nous lâchent l’information.

Mais c’est LUI qui nous a envoyé ici !

Parce qu’IL avait déjà reconnu l’acte des Souriants, peut-être ? Parce qu’il savait que Heir était derrière tout cela et que les Triades avaient choisi leur camp ?!

JE NE PEUX PAS CROIRE CELA ! Pas LUI ! »

Les souvenirs offerts par le vieux parrain étaient très clairs, mais Ralato ne pouvait accepter car il ne pouvait comprendre. Paul aurait agit en service commandé pour le Contre-amiral Poféus en personne. Le trafic de Lithium serait organisé au niveau le plus haut pour que des quantités énormes soient détournées des circuits ordinaires. Le convoi de tonnes de nuages de miel et le retour de l’argent de la vente étaient assurés par les affaires mentales en paiement du service rendu.

« Ralato, je ne sais pas quoi te dire. J’espérais ne jamais avoir à découvrir un secret de ce genre, mais il semble bien que…

  • Ne dit rien, je ne veux plus RIEN entendre. On rentre sur MaterOne avec le premier transport. »

Stuffy se garda bien de répondre.

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Prod: PodShows

Réa: Roolito

Relecture: Shino, Arthur R, Adastria

Narration: Icaryon

Acteurs:

Ralato (roolito)

Stuffy (Luciole)

Compo: Ian

Montage: Destrokhorne


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RedU T1 Ch15 Ep12

Sun, 02 Nov 2014 11:09:00 GMT

Retrouvez Red Universe aux Joutes du Téméraires, le 15 & 16 Novembre à Nancy ! L’équipe y tiendra un stand dédié à votre série préférée, et vous proposera une édition spéciale remontée, remixée et remasterisée des nouveaux Chapitres 1 & 2 ( ceux en livre numériques ). Elle ne sera disponible que pendant la durée des joutes !

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Junta n’eut pas besoin d’explications. Alors qu’il n’était même pas encore arrivé au laboratoire, le mirage d’un gigantesque vaisseau noir de forme oblongue le traversa de part en part. Il était suivi d’une multitude de plus petites formes. Si le premier était l’équivalent d’un croiseur, les suivants lui étaient familiers : en tous points semblables au chasseur inconnu contre lequel le Général Décembre et lui-même s’étaient démenés autour de Vegas IV. Le combat avait été rude, un des artefacts étudiés dans le laboratoire en témoignait.

Il courut jusqu’à l’écoutille qui conduisait l’équipe de savants qui l’avait appelé en urgence. Une distorsion sauvage, du même type que celle que lui avait montrée son père, était à l’œuvre en ce moment. Et elle frappait les artefacts en projetant leur empreinte mémorielle, comme une autre l’avait également fait quelques jours plus tôt. Sauf que la puissance de celle-ci était décuplée, et que les mirages, au lieu de n’apparaitre que dans un faible rayon autour des objets, rayonnaient dans tout le vaisseau.

La panique allait faire rage, puis elle ferait place aux questions, et le secret de toutes les recherches en cours risquait d’être éventé. Aux portes du laboratoire, il se protégea de l’explosion simultanée de toutes les ampoules qui inondèrent le couloir de gerbes d’étincelles. Pourvu que les équipements essentiels à la transition tiennent le coup. Le garde apeuré le laissa passer, terrorisé par le passage d’une nouvelle vague de vaisseaux aux formes multiples, visiblement spécialisés dans des actions complémentaires, torpillage, déminage, génie spatial. Junta claqua la porte de colère, on avait bel et bien sous les yeux l’éventail complet des appareils composant une flotte de guerre. Ses pires craintes se révélaient exactes !

Devant lui, les équipes de Schwarzkof couraient dans tous les sens. Le savant restait collé à la vitre séparant la salle d’étude de celle contenant les deux artéfacts.

« Je croyais vous avoir demandé d’éloigner vos collaborateurs en cas de nouvelles apparitions ?

  • Oui Monsieur, mais je pense qu’il n’existe plus beaucoup d’endroit sur le vaisseau que ces mirages ne traversent pas.
  • Et…. c’est le passé ou le futur ? »

Un rack entier de plusieurs consoles cracha des étincelles avant de s’éteindre. Junta nota que c’était Quentin qui tournait dans le laboratoire avec un extincteur et Schwarzkof qui le dirigeait de loin.

« Le terminal huit est hors service ! Toi là-bas, regarde derrière ce qu’on peut retrancher comme câbles, n’hésite pas à contourner le système central si besoin ! Quentin ! Mettez-y plus de nerf que diable, couvrez-moi tout çà de poudre ! »

Schwarzkof retourna à son pupitre, laissant son assistant régler les problèmes immédiats. Il tentait de s’imprégner de la scène, d’enregistrer chaque image, d’analyser chaque résultat affiché, on sentait que l’homme pourrait donner toute sa vie pour vivre et revivre cet instant en boucle. Il se savait devant le moment culminant de son existence. Junta sourit, au moins tout serait fait pour résoudre les mystères liés à ces appareils.

« Regardez celui-là.. » murmura le savant.

Un monstre géant, démesuré, une sorte de croiseur aux dimensions démentes traversa le mur d’enceinte. Vernek ressentit exactement les mêmes sensations que quelques minutes plus tôt lorsque son père le tenait dans ses bras, lui flottant à l’extérieur. Ce que l’on devait bien nommer « vaisseau amiral » était si gros qu’il engloba une grande partie du transporteur. Pire, le second Transporteur, celui d’Onawane, fut également traversé par le mirage de l’engin, plongeant les occupants des deux vaisseaux à l’intérieur de ses entrailles.

Et là, au cœur de cet appareil parfaitement inconnu, la vision de l’univers que l’Humanité pouvait avoir changea à tout jamais. Ils virent des humanoïdes non humains vaquer à leurs occupations. Marchant par groupes, allongés pour se reposer, opérant dans quelque machinerie, donnant des ordres, la fourmilière et ses occupants s’ouvraient aux regards de tous, ne laissant pas de place au doute : une autre race intelligente existait quelque part.

Ils n’étaient pas grand, leurs visages ressemblaient à ceux des humains, sans nez et sans cou, avec sept longs doigts fins par main. Deux grandes antennes émergeaient du front, d’épaisseur différente suivant les individus, arrangées -coiffées- avec style, parfois couverts d’une sorte de bonnet. On sentait qu’il y avait des mâles et des femelles au travers de l’habillement, des démarches, des formes… C’était donc une race de mammifères, sans aucun doute. Deux choses marquaient les exodés témoins de l’incroyable mirage : la couleur de la peau, sombre, grisâtre virant parfois au bleuâtre, et les yeux, un peu plus larges que ceux des humains, aux iris disproportionnés.

Junta ne criait pas, laissait la frayeur le traverser, ne lui offrant pas d’emprise sur sa conscience. Certains des savants présents ne conservaient pas le même calme, on entendait des cris, des pleurs. Quentin était même prostré contre un angle de la pièce, serrant l’extincteur contre lui, les yeux rivés sur une femme extraterrestre qui passait devant lui. Seul Schwarzkof restait concentré, donnant des coups de poings sur un moniteur intégré à sa console, attendant visiblement un résultat que l’appareil, aux censeurs surchargés, était bien en peine de lui offrir.

Toute la salle tomba soudain dans l’obscurité, certains appareils se coupèrent, d’autres restaient allumés. Puis la lumière revint, alors qu’un ultime chasseur extraterrestre quitta un des artefacts et disparut au travers d’un mur adjacent.

Junta écouta les sons autour de lui, toucha la table en face. La distorsion était passée, et ils avaient tenu. On allait avoir besoin de lui au centre de commandement, les rapports d’avaries et des bilans humains devaient déjà tomber. Il n’allait pas pouvoir rester.

« Merci Papa de m’avoir préparé à ça. » lança-t-il à l’intention du plafond. Puis il enchaîna, ramenant Schwarzkof à la réalité.

« Docteur ? Alors ?

  • J’attends que cette oscillographe daigne me donner une réponse, Commandant !
  • Et du coup vous avez manqué une autre information importante. La réponse à l’utilisation de ce métal aux propriétés psychiques.
  • Pardon ? Qu’avez-vous vu ?
  • Les yeux de ces… êtres, professeur. Ces iris si caractéristiques. Une race de Mentaux, j’en mettrais la main à couper. Ils doivent ouvrir une sorte d’osmose psychique avec leurs appareils, ce qui en explique la réactivité. À votre tour de répondre, Schwarzkof. »

L’autre posa son regard sur un résultat qui clignotait enfin au centre de l’oscilloscope. Le savant soupira, et d’une voix presque détachée répondit autant pour son voisin que pour lui :

« D’après la fréquence des illusions… Je dirais que nous venons de voir le futur Monsieur Junta… Oui, le futur. Que les Dieux nous protègent. »

Junta quitta la pièce, sans prononcer un mot.



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Réa: Roolito

Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria

Narration: Andro

Acteurs:

Junta (Arthur)

Schwarskof (Silverson)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch15 Ep11

Sun, 26 Oct 2014 12:28:00 GMT

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« Reprenez votre sang-froid, soldat, et montrez moi de quoi il s’agit ! »

Le soldat bredouillant hésita mais n’osa pas faire front à sa chef, même si ce qu’il avait vu l’avait visiblement terrorisé. Il ne manquait plus que ça à Onawane, alors que les appareils dysfonctionnaient dans tout le vaisseau, un sergent paniqué tremblait comme une feuille en lui racontant une histoire incroyable. Un disjoncteur explosa justement à quelques mètres d’eux alors qu’ils approchaient de l’entrée scellée de l’hôpital. Ils perdirent plusieurs minutes à résorber un début d’incendie avec deux extincteurs.

« Restez ici pour surveiller si tout est bien éteint. »

Mais l’autre ne la regardait pas, il tendait le doigt en direction d’un point derrière elle. Le commandant se retourna d’un trait, la main sur son révolver.

Des dizaines de personnes marchaient sur le même palier qu’eux, mais s’ils avaient été humains, ils ne l’étaient plus. Les malades, désormais morts, avançaient tout droit, indifférents aux objets ou personnes qu’ils traversaient. Un enfant lui passa au travers des chevilles, courant après une sorte de ballon. Mais que faisaient-ils tous ici ? Elle avança prudemment, progressant vers la lourde entrée où l’équipe de chimistes devait avoir terminé l’injection du gaz.

Mais non, terrorisés, ils n’avaient visiblement vidé qu’une cartouche sur les dix, à peine de quoi faire faire une sieste à tous les patients. Autour d’eux, hommes, femmes et enfants cheminaient. Onawane serra les dents. Une distorsion « sauvage », une nouvelle, montrant le passé ou l’avenir. Et ici, un mélange subjectif de frayeurs et de mauvaise conscience généralisé.

Elle ne prêta plus attention aux mirages de ces âmes perdues. Son cerveau fonctionnait à plein régime car elle se devait de trouver une solution, d’autant plus qu’une équipe de journalistes filmait toujours. Ils retransmettaient les images sur les deux transporteurs. Voyons. Si les exodés tremblaient de peur à l’idée de sombrer dans la folie, ils n’en restaient pas moins conscients de l’horreur de la situation. Et devant les images des médias, ils projetteraient les fantasmes d’une culpabilité refoulée au travers d’une de ces distorsions dont la Passe avait le secret…

… Théorie peu convaincante pourtant, les illusions apparaissaient autour de ceux qui les projetaient, pas à des kilomètres.

Devant elle, le caméraman se crispa, faisant son possible pour capter un maximum de la scène, bien que l’ingénieur du son s’était enfuit et que le journaliste, pétrifié, évitait par superstition tout contact avec les revenants. Soudain, la batterie de la caméra gonfla, puis rougit. Le caméraman réagit vivement à l’odeur et l’arracha de l’appareil, la remplaçant à la volée par une nouvelle.

Toute l’électronique flanchait et la distorsion perdurait.

Onawane fixa l’épaisse porte que d’autres mirages franchissaient, cela semblait sans fin. La mauvaise conscience des exodés, hein ? Plus elle retournait le problème, plus il lui semblait qu’un élément majeur lui échappait. L’instinct du stratège. Elle remarqua alors deux petites filles marchant avec leur mère et cela produisit le déclic.

Cette illusion les bernait tous !

Une main hésitante lui toucha l’épaule, le journaliste avait repris un peu de courage et s’en venait interviewer son commandant, accompagné du caméraman qui jouait l’ingénieur du son pour l’occasion.

« Commandant Onawane, pour Ex One Media… Ce… Heu.. cet évènement si nouveau, ces fantômes de nos futurs malades décédés changent-il votre décisiooooooooon ? »

Il se tordit tel un torero, évitant le passage d’une vieille dame édentée parlant à des oiseaux en cage.

« Monsieur Le Limier, c’est cela ?… Vous vous méprenez sur l’origine de cette illusion. Ces mirages ne sont pas tous des personnes malades, certaines d’entre elles ne sont même jamais entrées dans l’hôpital. Le spectacle qui s’offre à nous est une vision du futur, quand tous en sortiront guéris, accompagnés de leurs proches. »

L’autre en oublia la scène autour de lui stupéfié.

« Pardon Commandant ? Vous dites que les malades sortiront ? Mais vous allez les endormir pour… abréger leurs souffrances, non ?

  • Ce ne sera pas le cas. Je n’ai rien à déclarer de plus. »

Onawane s’éloigna, suivant le courant des mirages en direction de la nouvelle section hospitalière. Cette fois Blame allait vraiment faire des miracles, elle en était convaincue : les distorsions temporelles venaient de les lui montrer. La mère ayant mordu ses deux filles, qu’elle avait croisée quelques jours plus tôt solidement sanglée à une civière, allait sortir avec elles, en pleine santé, ainsi que tous les autres.

Forcement, cela changeait beaucoup de choses.



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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria

Narration: Raoulito

Acteurs:

Onawane (istria)

Le Limier (Darkgueg)

Compo: Ian

Montage: MTIce


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RedU T1 Ch15 Ep10

Sun, 19 Oct 2014 09:41:00 GMT

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Son père servit les deux verres, posa le sien sur la table et tendit l’autre… Il s’était ajouté deux glaçons, comme à son habitude. Vernek tenta d’attraper son whisky mais sa main traversa le verre.

« Je ne supporte plus cela, c’est invivable ! » pesta-t-il contre les illusions. Il serra le bon verre, cette fois, et le porta à ses lèvres.

Du coin de l’œil, il observait son voisin qui dégustait le liquide ambré, apparemment sans s’intéresser à autre chose. Chacune de ses déglutitions tombait parfaitement avec un « tic » ou un « tac » de l’horloge au fond de la pièce. Soudain le verre que Junta était en train de boire lui traversa la bouche alors que, dans une gerbe d’étincelles, l’intercom principal s’enflamma !

Il se précipita sur l’extincteur et enseveli l’appareil rougeoyant sous une avalanche de poudre chimique.

« Ce n’est que le début Vernek. La tempête arrive, elle est toute proche.

  • Et c’est pour cela que tu es ici ? Cingla le politicien, excédé par cette situation où tout semblait lui échapper.
  • Non, je suis ici grâce à cela. Nuance. C’est assez rare de te voir perdre tes moyens, je suis content d’assister à cela au moins une fois.
  • Mais qui es-tu, merde ?! Mon père est lamentablement mort dans un accident d’avion, il y a plus d’un an ! Tu ne dois pas être là, tu ne dois PLUS être parmi les vivants !
  • Je te gène tant que cela ? De toutes façons ce n’est pas toi qui m’a fait revenir ici, je ne suis pas TON fantôme mon garçon et… »

Il posa son verre et se redressa, s’approchant de son fils. D’un geste souple, il lui pinça la joue comme il l’avait si souvent fait par le passé. Et sur le rythme des sons de son horloge, il secoua doucement la tête du politicien en lui décernant le premier sermon depuis son apparition.

« Je.suis.ton.père.Tu.me.dois.le.res-pect ! »

Junta se laissait faire, oscillant entre un puissant reflux de souvenirs d’enfance et une quasi hébétude face à cette situation si ubuesque. Son père le lâcha et, tout en l’aidant à poser l’extincteur au sol, l’entraîna contre lui.

« Accroches-toi à moi, fils. »

L’autre obtempéra, profitant d’un moment d’amour filiale inattendu. Il la sentit alors.

Une puissante distorsion traversa tout le vaisseau. Les piliers de métal se tordirent, se confondirent dans un maelström fou. La force de la vague était telle qu’il se sentit happé par elle et fut projeté hors du transporteur, flottant dans l’espace inter-dimensionnel, accroché à son père comme unique bouée. Il vit avec effroi des explosions crever les parois de son vaisseau en plusieurs endroits. Il hurla, figé dans une expression de terreur absolue. Son père remonta alors un bras et lui offrit le creux de sa nuque comme refuge. Mais cette sensation de sécurité toute relative ne suffisait pas à atténuer la panique qui étreignait le politicien. Serrant le tissu du costume de son père à le déchirer, il continuait à hurler. Relevant brusquement la tête, il allait à nouveau affronter l’impossible spectacle.

Le bureau était vide, silencieux. Le tic-tac de l’horloge marquait les secondes comme il l’avait toujours fait.

Silence.

Son père lui sourit, l’aidant à reprendre ses esprits.

« Je n’ai plus beaucoup de temps, fils. Tu as du remarquer que je ne suis qu’une projection de l’horloge. » Il s’approcha de l’antique engin et en caressa doucement les moulures dorées. « Je l’ai littéralement imprégnée de ma force vitale, elle m’a suivi depuis ma jeunesse et maintenant, elle te suit toi »

Junta écoutait d’une oreille, mais il ne pouvait guère se concentrer, le cœur battant toujours la chamade. Il regardait à nouveau son bureau, le calme qui y régnait, l’immobilisme de cette situation qui pourtant venait de déraper d’une manière parfaitement surnaturelle. Il lui fallait un peu de temps pour se ressaisir, mais son père ne lui en laissa pas :

« Navré Vernek, ma venue s’arrête là. J’aurais tant aimé parler avec toi, répondre à tes questions ou te soumettre les miennes. Mais c’est impossible. » D’un pas rapide, il enlaça le politicien, le serrant de toutes ses forces. Vernek réagit d’instinct et l’étreignit à son tour.

« Au moins que je ne sois pas venu pour rien. » Il le regarda alors droit dans les yeux. « Je vous aime, ta sœur et toi. Je savais parfaitement que ma vie allait s’achever, j’ai tout fait pour que vous n’en soyez pas victime, et éloigner le fléau de votre tête. » Cette fois, les mots atteignaient l’esprit du politicien qui écarquilla les yeux. « Vernek, je ne suis pas mort lamentablement, ton père ne voulait pas vous impliquer, c’est pour cela que je suis mort loin de vous. Retiens cela mon fils ! »

Disparu.

Vernek Junta se retrouvait seul, seul dans cette pièce vide, seul comme toujours. Il se retourna d’un trait : la photo de son père et de lui était posée sur l’horloge, à sa place. Le vénérable engin égrenait les secondes, imperturbable. Complètement perdu, le politicien prit appui sur le rebord de son fauteuil, qui disparu sous ses mains telle la projection temporelle qu’il était, abandonnant son maitre aux effets impitoyables de la gravité. Junta donnait un coup de poing rageur contre le sol quand rugit le second intercom de la pièce, celui près du canapé.

« Quoi ?!

  • Monsieur le Commandant, ici le Docteur Quentin ! Vous.. vous devriez venir voir immédiatement au laboratoire ! Il se passe des choses incroyables ! »



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Narration: Coupie
Acteurs:

Junta (Arthur)

Père de Junta (Tristeur)
Compo: Ian
Montage: MTIce


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RedU T1 Ch15 Ep09

Sun, 12 Oct 2014 13:21:00 GMT

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Vernek Junta marchait nerveusement en direction de son bureau, débordant de colère. Un évènement dramatique se produisait à quelques centaines de mètres et tout ce qu’il lui importait était que l’on réponde à ses appels.

Comment Onawane pouvait lui faire cela ? C’était la première fois qu’une telle chose arrivait. Elle était sa soeur, ils avaient connu une réelle complicité, que ce soit avant ou après la mort de leur père. D’accord, il lui avait caché l’existence des artéfacts et de l’appareil inconnu, mais c’était à la demande du général Décembre.

Junta tourna sans réfléchir à l’angle du corridor menant à son bureau. Il manqua de tomber à la renverse en traversant son propre fantôme qui reproduisait une scène antérieure d’une trentaine de minutes. Sauts temporels et distorsions sauvages étaient de plus en plus fréquents ces dernières heures. Non seulement cela posait des problèmes pour la sécurité des artefacts, mais c’en devenait même horripilant en soi : un de ses hommes était tombé à la renverse en voulant s’assoir sur le « fantôme » de son fauteuil qui avait été déplacé un peu plus tôt. Certes, ces mirages n’étaient pas dangereux en tant que tels, mais ils touchaient le moral de l’équipage… et le sien. Il traversa la porte hermétique de son bureau et referma derrière lui. Vivement que cette traversée de la Passe se termine, entre Onawane qui prenait des décisions irréfléchies et ces distorsions de…

Il stoppa net et tendit l’oreille. Il reconnaissait le silence de son bureau habituellement brisé par le tic-tac régulier de l’horloge, mais désormais autre chose le troublait. Il ne pouvait dire quoi, car l’atmosphère y avait progressivement évolué ces derniers jours. Toutefois, son sixième sens lui hurlait désormais la présence d’un danger. En était-ce vraiment un ? Non… c’était différent. Il avança prudemment jusqu’à son fauteuil, épiant tout recoin un peu sombre, scrutant chaque position d’objet. Quelque chose avait changé, il en était convaincu à présent, et les rayons de lumière de la lucarne, témoins des passages de dimensions durant les transitions, ne faisaient qu’exacerber les ombres menaçantes de la pièce. Il s’assit prudemment sur le cuir épais qui l’accueillit comme à son habitude. D’un geste lent, il activa la petite lampe du bureau et attendit, les yeux fermés. Que se passait-il ?

Il ouvrit les yeux : toute la pièce sembla se dédoubler, comme une télévision mal réglée, déformant l’espace puis… plus rien, tout redevint à nouveau trompeusement normal. Encore une distorsion. Pris d’une intuition, il se retourna face à l’horloge de son père. Elle égrenait les secondes, comme toujours. Son tic tac régulier rythmait imperturbablement la vie de cette pièce depuis plusieurs mois maintenant. Rien d’anormal ici non plus. Revenant vers son plan de travail, Vernek se sentait désemparé. Etait-ce un effet des spasmes du Temps que leur offrait Magellone ? Personne ne se trouvait ici avec lui, rien n’avait bougé, tout était parfaitement à sa…

Brusquement il se retourna à nouveau face à l’horloge : quelque chose avait bel et bien changé ! Il venait seulement de réaliser que la photo de son père, de sa sœur et de lui n’était plus là. La poussière n’avait pas bougé, on voyait parfaitement la trace laissée par le rectangle de papier.

Un nouvelle distorsion sauvage, violente, traversa le vaisseau. Le siège de Junta glissa, ou était-ce lui qui s’était déplacé ? Il tomba lourdement sur le sol et l’impact fut douloureux sur sa hanche. Les distorsions empiraient.

« C’est cela que tu cherches, Vernek ? »

À quatre pattes, Junta releva la tête. Debout devant lui se tenait un homme en costume sobre, une chemise blanche entrouverte. L’odeur de pipe titilla les narines du politicien, la voix fit tressaillir ses tympans. Les yeux de Junta s’agrandirent, incrédule. L’autre tenait dans ses mains la petite photo, son regard était humide sous le coup d’une grande émotion.

« Cette période de notre vie me manque, tu sais ?

  • P… papa ?
  • À ton avis ? Relève-toi grand nigaud, laisse-moi t’aider.
  • Mais comment..? Les illusions de la Passe… tu n’es qu’une illusion de mon esprit.
  • Oui, si tu veux, maintenant attrape ma main. Voilà.. hop ! Tu as pris du poids, tu n’es pas une illusion toi en tous cas ! C’est bon de te revoir. »

Le politicien détailla le visage de l’homme qui prétendait être son père. Il glissa ses doigts sur ce visage dont les traits ressemblaient tant à ceux de ses souvenirs. L’autre se laissa faire, fixant à nouveau la photo. Ses yeux se baladaient sur l’image au rythme des battements de l’horloge.

« Ta sœur n’en fait qu’à sa tête comme toujours ?

  • Papa, je… je… je ne sais pas quoi dire. »

L’autre sourit, posa la photo sur la table et se dirigea vers le petit meuble à coté du canapé. Il en sortit une flasque de whisky ainsi que deux petits verres et s’installa dans les coussins moelleux. Pas un mot, juste un regard d’invitation.

« Qui que soit ce bonhomme, il connait parfaitement bien toutes les mimiques de mon père. » Se dit Junta en allant prudemment s’assoir aux cotés de son invité, proche de la trappe cachée contenant revolver et chargeur.



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Narration: Andropovitch
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Junta (Arthur)

Père de Junta (Tristeur)
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RedU T1 Ch15 Ep08

Sat, 04 Oct 2014 12:35:00 GMT

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A bord du transporteur n°2, l’évènement tant redouté était arrivé. Dans un rapport préliminaire urgent, le lieutenant-colonel Onawane avait été informé qu’il ne restait, au plus, qu’une dizaine d’heures avant la rupture de stock totale de calmants et anesthésiques. On y expliquait clairement que la panoplie complète des produits utilisables avait été testée et, si possible, consommée. Plus de quatre cents malades se trouvaient dans le centre de soin, et chacun allait devenir un fauve d’ici quelques heures.

Cette fois-ci, elle ne venait plus rendre une visite de courtoisie. Onawane marchait à la tête d’une troupe de commando accompagnée d’un détachement de la milice. La mission était simple : sécuriser la zone de l’hôpital d’urgence, la vider de tout le personnel médical et… sceller les entrées. Vernek pourra faire toutes les récriminations qu’il voudra, il n’était pas ici, au beau milieu d’un drame en devenir. Blame et ses équipes n’avaient pas trouvé de remède permettant de baisser les concentrations ou les effets de la liqueur de Lamprasine, et pourtant le médecin avait travaillé sans relâche les soixante-douze dernières heures. Le chronomètre ne s’était pas arrêté pour autant, et on en arrivait à la fin. Peut-être qu’un jour on saura pourquoi la Passe interagissait avec la molécule, quels effets induits les malades ressentaient, comment on pourrait les soigner ? D’ici là, ses miliciens fouillaient tous les lieux de culte Octote, à la recherche de la plante nouvellement interdite à bord du transporteur. Dans le doute, on allait jusqu’à sceller des places, assurer des rondes de garde, procéder à des analyses et confisquer à tout va. Mieux valait une demi-tonne de sirop de chêne-érable en trop qu’une seule fiole de liqueur manquée. Le résultat en avait été spectaculaire : seuls deux nouveaux cas avaient été rapportés le jour précédent et pas un seul aujourd’hui malgré l’heure tardive.

En vue de la grande porte blindée, Onawane stoppa net. L’équipe censé être de garde avait été refoulée et, devant elle, le docteur Blame, tout le personnel infirmer et de nombreux civils bloquaient l’entrée. Ils s’étaient tous attachés les uns les autres avec des menottes, des cordes, des élastiques. Evidement, à bord, tout le monde se surveillait et le médecin en chef avait eu vent de son arrivée.

« Ne faites pas cela Commandant ! Ce n’est ni une solution, ni un espoir de solution ! Cria-t-il à l’intention de la jeune femme.

  • Libérez le passage Docteur Blame. Je ne suis pas venue parlementer, vous connaissez aussi bien que moi la situation.
  • Oui je la connais bien ! Nous pouvons trouver des méthodes pour rationner un peu plus encore nos injections. Il y a de nombreuses substances que les habitants de ce transporteur possèdent dans leur pharmacie et qui pourraient nous être utile. Ce n’est PAS une fatalité ! »

Le commandant observa la scène. Ils étaient nombreux, et tous attachés. Pour les déloger, il faudra une action bien au-delà de ce que les troupes qu’elle avait amené avec elle pourraient réaliser. Chuchotant quelques mots à un sergent à ses cotés, elle le laissa partir en courant tout en s’avançant vers le groupe barrant le passage. Derrière elle ses hommes se mettaient en place, s’alignant arme au poing.

Un dédoublement furtif de la scène la prit au dépourvu. Tout tourna moins que l’espace d’une seconde puis revint dans l’ordre. Maudites distorsions sauvages.

« Docteur, je ne suis pas là pour discuter le sujet. Je vous donne une minute pour commencer à évacuer ou nous serons obligés d’utiliser la force.

  • Allez-y Colonel, ne vous gênez pas ! Envoyez-nous vos chiens de guerre, je suis certain que cela intéressera les journalistes qui nous filment en ce moment. »

Dans la direction indiquée par le médecin, on pouvait voir plusieurs caméra qui filmaient sans doute en direct, retransmettant la scène vers les deux transporteurs. Vernek était certainement déjà en train d’essayer de la joindre. Faire saisir le matériel et arrêter les journalistes ? Difficile à justifier, même si l’idée lui plaisait bien. Non, ce rusé de Blame avait bien calculé son coup, et il ne restait plus beaucoup d’options. Elle s’approcha de lui, faisant un geste d’apaisement aux soldats derrière elle.

« Que voulez-vous ? Vous savez bien que les solutions que vous proposez reposent sur des hypothèses et des suppositions. D’autres malades arriveront encore les prochains jours, malgré nos efforts. Ne devrait-on pas garder nos derniers stock pour tenter de les sauver eux, plutôt que de les dilapider avec des condamnés ? »

L’autre avait senti que la militaire tentait de trouver une solution sans heurts. S’il arrivait à la convaincre, ce serait gagné.

« Mon Commandant, il est de notre devoir à tous deux de protéger les exodés. Mourir entre ces murs de métal n’est pas une destinée acceptable pour eux, elle ne devrait pas l’être pour vous non plus ! Dans huit jours nous arriverons à destination, huit petites journée avec un nombre de nouveaux malade qui sera très réduit.

Les réserves d’opiacés de notre vaisseau ne sont pas une hypothèse, déjà on m’a rapporté une caisse de morphine cachée chez une famille de drogués. Elle peut nous faire tenir une demi-journée supplémentaire, à elle toute seule !

  • Et après ? Quand on ne trouvera même plus un sucre à diluer dans les poches de glucose de vos patients, qu’arrivera-t-il ? »

L’autre avança d’un pas, son visage à quelques centimètres de celui d’Onawane. Baissant la voix d’un ton, à la limite du chuchotement, il ajouta :

« Je sais que vous avez mobilisé les quelques caisses de gaz incapacitant de l’armurerie. Correctement utilisées, nous pourrions gagner plusieurs jours encore. C’est possible, Commandant ! »

L’expression du lieutenant-colonel changea subtilement. Le praticien savait qu’elle avait confiance en lui, il jouait là-dessus. Et on ne pouvait décemment pas mettre en danger tout le personnel médical avec une attaque en force. Surtout pas sur ce vaisseau, pas après ce que tous avaient vécu ici.

« Je vais vous donner quelques jours supplémentaires Blame. Ne les gâchez pas. » Se retournant vers ses troupes, elle ajouta. « Arme aux pied, formez deux rangées, sécurisez le couloir. ». Puis elle s’éloigna.

Le Docteur Blame se précipita pour ouvrir ses menottes, montrant l’exemple à tous les manifestants :

« Le commandant nous donne un sursit ! Libérer le passage, nous avons du travail ! »

Une nouvelle distorsion fit apparaitre fugitivement un soldat masqué courant vers eux, il s’évanoui dans l’éther presque aussi vite. D’abord surpris, tous rirent de bon cœur devant l’apparition. Il fallu plusieurs minutes pour que tout le monde soit détaché, et encore plusieurs pour que le groupe entier se soit dispersé. Déjà le médecin et ses assistants se dirigeaient vers le laboratoire, échafaudant des théories tout en marchant.

Les premières grenades lacrymogènes fusèrent alors dans les corridors, immédiatement suivies de soldats et miliciens en masques à gaz. Dès les premières secondes, un détachement de cinq militaires les plaquèrent au sol et ils furent trainés vers la grande sortie. Ses yeux le brulaient, la fumée incapacitante prenait à la gorge tout le monde et des scènes semblables se déroulaient dans tout l’hôpital d’urgence. La résistance était faible, ridicule : que pourraient faire des infirmières ou des médecins en plein brouillard lacrymogène, face à des soldats entrainés et bien équipés ? Tout le monde était prit au dépourvu. À l’extérieur de la zone médicale, on avait fait avancer une série de véhicules de transport, destinés à l’évacuation. Devant celui où l’on emmenait Blame, se trouvait Onawane. Martiale.

« Vous.. vous m’avez dit que.. kof !… un délai… kof ! » tenta-t-il de bredouiller au milieu de ses larmes et de ses poumons brulant.

« J’ai menti Docteur. La sécurité de ce transporteur est en jeu, il n’est pas question d’honneur ou de parole. Vous comprendrez peut-être un jour. On vous a assigné un nouveau centre et une section spéciale s’occupe en ce moment du contenu de votre laboratoire. Nous nous reverrons plus tard. Allez-y ! »

Et les deux soldats qui maintenaient le médecin le montèrent à l’arrière du véhicule, prenant bien soin de s’assoir de chaque coté de lui.

Onawane regardait les journalistes filmant la scène, avidement. Ils jubilaient presque. Qu’ils filment bien tout, et que le message passe clair et net dans toutes les communautés : l’ordre régnera sur le transporteur n°2, quel qu’en soit le prix.

Elle regarda sa montre : dans douze minutes, les équipes de maintenance arriveront pour souder l’entrée. Puis on évacuera tout le personnel non indispensable, et on apportera les redoutables cartouches de CX, un gaz militaire incapacitant.

Encore douze petites minutes…



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Narration: Icaryon
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Onawane (Istria)

Dr Blame (Akira)
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RedU T1 Ch15 Ep07

Sun, 28 Sep 2014 10:10:00 GMT

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Sur Tb-01, la géante gazeuse au cœur de la nébuleuse de Talbot, le centre culturel et financier des Triades Souriantes et du Lithium, Ralato vivait un moment assez déconcertant. Il se posait une question qui ne lui était encore jamais passée par la tête : mais quel fonctionnaire stupide, quel nobliau trop pressé de paraître fort, quel roi en quête de légitimité avait bien eu l’idée saugrenue d’interdire l’archéologie ? Là, assis sur la paillasse de l’arrière boutique d’une échoppe, au milieu d’un étouffant brouillard parfumé d’encens, il écoutait les paroles d’une vieille chose fripée lui racontant un passé improbable, maudissant l’absence de toute recherche lui permettant de se faire une opinion.

Lorsqu’on était venu le récupérer à la limite de l’asphyxie sur la plateforme échouée, son premier ordre avait été de décréter la Loi Martiale sur toute la planète. Les troufions sortirent de leurs confortables casernes pour établir des check-points sur les grands axes et passer au peigne fin les candidats au voyage extra-planétaire. On ressortit même deux vieux croiseurs pour patrouiller en orbite et interdire tout vol non autorisé au préalable. Malgré cela, Monsieur Heir, son élève Myan et le vieux chef Souriant demeuraient introuvables, sans doute protégés par les triades et terrés quelque part en attendant une accalmie. Mais Ralato n’allait pas la leur offrir. Fort d’un ordre de mission spécial signé de la main même du Contre-amiral Poféus, il entreprit de frapper au coeur de la fourmilière : les trafics de nuage de miel et de Lithium de contrebande.

« J’adore quand tu fais ton justicier, mon grand Ralato. Tu as beau jouer les fachos de bas étages, c’est ce premier rôle qui te convient le mieux ! »

Stuffy était un ancien collègue, un ami avec lequel il s’était déchiré, tous deux ayant choisi un camp opposé. Maintenant liés involontairement par l’esprit, les deux hommes avaient fini par se retrouver, faisant front commun face aux redoutables triades et à Monsieur Heir, le mental membre du Conseil de la révolution et postulant au titre de chancelier suprême de MaterOne.

Ils avaient directement guidé les perquisitions, les coups de main et les poses de scellés. De mémoire de Souriant, jamais un tel ouragan ne s’était déchainé dans le cœur historique de leur communauté. Les interrogatoires succédaient aux arrestations et pour la première fois depuis bien longtemps, les gros et gras patrons de la pègre du Lithium prirent peur. Le lieutenant n’hésitait pas à faire appel à ses sondes mentales qui, démultipliées par les interventions de Stuffy, ne permettaient plus à aucun secret de leur échapper, même sous Boramol, la molécule anti-mentaux.

« Ouais, et c’est là qu’on a découvert le premier pot aux roses : le coup des anciens tunnels abandonnés dans les rochers flottants. Ceci dit entre nous, ce n’était pas bête du tout d’y dissimuler des marchandises ! Et là encore tu ne m’as pas écouté : Monsieur a préféré la manière forte avec tambours et trompettes, histoire d’épater la galerie ! »

Stuffy, toujours à intervenir avec ses remontrances de vieille mamie.

« Quand on voit l’accueil qu’on nous y a réservé, c’était même insuffisant ! Tu te souviens des lance-flammes qu’on a dû improviser pour en finir avec ces tarés ?! Pour protéger leur butin, ils avaient mis les plus fanatiques, leurs troupes d’élite.

  • Mais c’est qu’il y en avait pour des milliards là-dedans ! Des kilomètres de galeries remplies de bidons de nuage de miel et de Lithium camouflés sous des appellations plus fantaisistes les unes que les autres.
  • Ha oui ! Tu te souviens de ceux référencés comme Or liquide ? C’est impossible qu’un quelconque douanier puisse laisser passer cela sans vérifier. On a bien une cascade de corrompus pour en arriver au consommateur final. C’est sur MaterOne qu’il faudrait frapper, une fois assainie la situation ici.
  • Oui, ben bon courage, on en est encore loin. Mais surtout, les découvertes suivantes ont un peu effacé tout le reste. »

Au plus profond des galeries du gigantesque rocher qu’ils venaient de prendre d’assaut, Ralato et ses hommes avaient découvert un champ de Lamprasine, un des composants principaux du nuage de miel. Cette plante ne poussait que dans la nébuleuse de Talbot, alors qu’eux-mêmes ne pouvaient vivre sans porter de masque à oxygène. Les surfaces solides étant ce quelles étaient sur une géante gazeuse, personne n’avait jamais réussi à comprendre d’où elle pouvait provenir. Cette découverte était donc à mettre dans les annales de la lutte anti-drogue.

« Abrège. Il y avait bien plus étonnant que ce champ de plantes hallucinogènes là-bas. Les traces d’excavations de ces tunnels plus grands que les autres, leur forme générale triangulaire et même ces espèces de vasques destinées à recueillir la liqueur de Lamprasine. Ce champ de Lamprasine était très ancien.

  • Oui, bien trop ancien pour être contemporain à l’arrivée des Souriants telle que l’Histoire nous l’enseigne. Et personne ne répondait à nos questions ! Même sous sonde mentale, tout le monde ignorait l’origine de ces galeries. L’analyse au Lithium 111 n’a, elle, donné qu’un résultat approximatif.
  • Approximatif ?! Ralato, on a la preuve que ça a été creusé, au moins, il y a plusieurs milliers d’années, bien avant les cinq cents dernières qui avaient vu l’arrivée des colons ! Mais comme l’archéologie est opportunément interdite, personne n’a jamais été s’inquiéter du problème. Jusqu’à ce qu’on nous parle de ce petit vieux qui connaissait les légendes. Et qui est devant nous.
  • Oui, jusqu’à son histoire. Bon allez, de toutes façons c’est sa parole contre…
  • Contre rien ! Il ne reste aucune trace de quoique ce soit dans quelque archive que ce soit. Je ne crois pas aux coïncidences : ça a été voulu tout cela, j’en mettrais ma main à couper.
  • Tu n’en as plus je te rappelle. Allons-y, notre bataille n’est pas terminée. Je veux connaître les circuits financiers pour ce lithium de contrebande, et nous ignorons toujours beaucoup de choses au sujet de Paul, de la valise qu’il a livrée et de l’implication des mutualistes dans cette histoire. Mon intuition me dit que Heir est au bout de ces réponses. »

Le lieutenant se releva, salua le souriant et sortit de l’échoppe. A peine passé l’encadrement de la porte, deux adolescents shootés au Boramol se jetèrent sur lui armés de couteaux rituels, du même genre que ceux qui avaient servis à égorger les agents des affaires mentales, en banlieue de MaterOne Centrum. Ralato fut sans pitié, d’autant qu’il les avait repérés depuis un bon moment. À force d’en attenter à sa vie, il en venait à développer un ressentiment anti-souriant viscéral.

« On fait quoi du petit vieux ? »

Demanda Stuffy, une pointe d’angoisse dans la voix. Même si l’excitation du combat plaisait à l’ancien agent des forces mentales de MaterOne, il n’était pas un tueur de sang froid, contrairement à Ralato.

« On le fera arrêter. Mais je veux le garder sous la main. »

Tranquillement le lieutenant reprit son chemin vers les véhicules militaires qui l’attendaient. A destination de son équipier involontaire, il ajouta une petite explication :

« Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un raconte qu’il y aurait eu du monde avant nous sur MaterOne… »



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Narration: Andropovitch
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Luciole (Stuffy)

Raoolito (Ralato)
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RedU T1 Ch15 Ep06

Sun, 21 Sep 2014 13:06:00 GMT

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MaterOne Centrum.

Le feu crépitait dans l’âtre de la cheminée du salon. Dehors, une pluie fine ruisselait sur les carreaux de la grande vitre tandis que le serveur apportait déjà le thé au jasmin qui allait embaumer la pièce. Le Contre-amiral Poféus attendait, debout, le regard perdu dans les ombres dansantes des bâtiments de la capitale en cette fin d’après-midi grise. Calande était en retard. Ce n’était encore jamais arrivé.

À cet instant justement, la porte s’ouvrit sur la petite femme, le bas de son pantalon encore humide.

« Veuillez m’excuser Angilbe, les embouteillages de cette fin de semaine m’ont prise au dépourvu. J’espère que votre attente n’a pas été trop longue ?

  • Non.
  • Je vois que vous avez précédé mes petites manies ? Merci pour le thé, asseyons-nous je vous en prie. »

La psychologue ne laissait rien transparaître d’un quelconque trouble ou appréhension. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’un banal retard comme elle le prétendait, mais tout en s’installant dans le fauteuil face à elle, Poféus ne pouvait s’empêcher de se poser des questions.

« Avez-vous reçu les résultats des analyses que vous m’aviez demandé ?

  • Tout à fait, ils sont conformes à ce que j’attendais.
  • Et vous attendiez quoi exactement ? »

Ce retard l’intriguait au plus haut point. Dans les milieux du pouvoir, les plus infimes indices de trahison pouvait se trouver dans d’anodins événements tels que celui-ci. Peut-être avait-elle été contacté par un de ses ennemis qui l’avait, d’une manière ou d’une autre, transformé en espionne ? Ou peut-être que les résultats de l’analyse avaient été si graves qu’elle n’osait pas en parler de peur de perturber leurs futures séances, voire les annuler et perdre ainsi un joli pactole ?

Non.

Calande Rorré n’était pas de ce genre-là, il le savait. Si elle lui cachait quelque chose ce ne serait que pour son bien à lui, même s’il appréhendait cette idée de faire confiance à quelqu’un.

« Angilbe, arrêtez de me dévisager comme cela. Ce n’était qu’un simple retard, inutile de tourner et retourner le problème dans votre tête.

  • Qu’est ce qui vous dit que je pensais à cela ?
  • Votre manière de me regarder. Il n’y a que deux circonstances où l’on observe une personne de cette manière, et la seconde est un grand doute renfermé.
  • Dans mon monde, ce genre de chose arrive plus souvent qu’on ne le pense. Soit, je vous crois. Tâchez à l’avenir de prévenir pour tout retard.
  • Comme il vous plaira. Mais puisque l’on parle de cela, savez-vous quelle est la première circonstance où l’on regarde une personne comme vous venez de le faire ?
  • Une antipathie profonde ?
  • Presque ! Un amoureux transi. C’est l’autre face de la médaille. »

Un morceau de bois claqua dans le foyer, projetant de petits morceaux rougeoyant un peu partout autour des braises. Poféus plongea son regard dans les flammes ; cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été surpris ainsi par une réponse. Une fois de plus, cette femme savait le décontenancer. Ses mains, toujours glacées par le passé, avait retrouvé un peu de leur chaleur ces dernières semaines, au point que ses mignons ne tressaillaient plus aux premières caresses.

« Non, je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas de ce genre de circonstance-là.

  • Fort heureusement, nous ne pourrions poursuivre nos séances, sinon. Parlez-moi un peu de vos relations sentimentales, Angilbe.
  • Est-ce vraiment utile ? Il n’y a personne, point. Je suis un célibataire endurci.
  • Aucune relation, même éphémère ? Les humains sont plutôt sociaux en général. Une présence peut souvent aider à accepter le quotidien.
  • Je ne suis pas fait du même métal que les autres, Calande. Croyez-moi.
  • Mmmhmm… »

La jeune femme griffonna quelques notes sur son calepin. Comment pourrait-il lui avouer qu’il passait plusieurs nuits par semaine avec de jeunes garçons tout juste pubères complètement drogués, qu’il les faisait exécuter et disparaître au petit matin ? Pire, il lui arrivait de les étrangler, les étouffer personnellement, et cela décuplait ses orgasmes, quoique moins souvent qu’il l’aurait voulu.

Légalement il serait du devoir de la psychologue de le dénoncer, et plus jamais il ne pourrait la revoir. Non, c’était hors de question qu’elle sache quoique ce soit sur ce sujet.

« Vraiment, je vous assure, je n’aime pas la chair, c’est ainsi.

  • Pas même les jeunes garçons ? »

Silence.

Une bourrasque souffla quelques secondes sa colère dehors, appesantissant par contraste l’atmosphère de la pièce.

Elle l’avait dit comme cela, comme si de rien n’était. Comme une simple information qu’il suffisait de noter sur une feuille de papier. Ses doigts osseux serraient le cuir du fauteuil, les veines saillant sur le haut de ses mains et il devait déjà s’empourprer comme un… enfant pris en faute.

« Je.. je ne vous permets pas !

  • Ce n’est pas une honte Angilbe. Chaque être humain trouve les affinités qui lui correspondent le mieux, là où lui seul pourra les apprécier.
  • Mais arrêtez ! C’est un ordre !
  • Un ordre ? Vous n’avez pas d’ordre à me donner, je vous le rappelle. »

Le contre-amiral se leva et de toute sa hauteur, domina la petite psychologue assise devant lui, petite femme au calepin griffonné.

« Je peux vous envoyer vous perdre dans les prisons les plus reculées de MaterOne pour une insinuation comme celle-là ! Si ce n’était notre relation que je croyais plus respectueuse, vous seriez déjà aux fers, Madame Rorré ! »

L’autre le regarda, ses yeux semblant lire toute la vie de Poféus depuis des générations, évoluant dans les méandres de sa vie comme un poisson se situant sans encombre dans un courant rapide. Il avait beau tenter d’afficher le plus de fermeté, regarder du plus haut possible, donner une voix qui tonnait et menacer aussi clairement que possible… Elle restait stoïque, semblant patienter, un début de colère rentrée, mais aucune peur de quelque sorte que ce soit.

« Angilbe. Asseyez-vous s’il vous plait. Ce genre de colère ne vous sied pas. Merci cependant pour avoir évoqué notre… relation. »

Comment osait-elle lui parler ainsi ? Il allait appeler les gardes à l’entrée du bureau, il allait la faire révoquer de tous les ordres médicaux de la planète, il allait… Mais à sa grande surprise, il se rassit.

Sans rien dire.

La psychologue le laissa se reprendre, en profitant pour couler une tasse de thé au jasmin dans laquelle elle glissa un sucre. Quand elle la reposa, ce fut pour ranger son calepin et fermer son sac à main. En se penchant vers son patient, elle ajouta :

« Nous allons nous arrêter là pour aujourd’hui Angilbe… Je sais pour votre attirance homosexuelle à la limite de la pédophilie, comme une bonne partie de MaterOne. Ce sont d’autres patients qui me l’ont appris lors de nos séances il y a déjà plusieurs années. Plus de personnalités se sont allongées devant moi que vous ne semblez le penser.

  • Que savez-vous ?
  • Ce que vous voudrez bien me dire. Comprenez que mon rôle n’est pas de juger, il est de comprendre. Lorsque vous faites, lorsque je fais quelque chose, ce n’est pas la société qui en est la raison, c’est mon interaction avec elle, basée sur l’héritage culturel de ma vie passée et de celle de mes aïeux.

Il ne faut donc pas laisser les règles de la société interférer dans notre travail de compréhension, Angilbe. Ces règles ne sont pas les vôtres, elles ne nous intéressent donc pas. »

Calande se redressa, le salua et s’éloigna d’un pas sec. Poféus ne sut expliquer pourquoi il ressentait ce si fort pincement. Le fait que ses fantasmes soient divulgués sur la place publique, le fait que cette femme puisse le traiter de la sorte, ou le fait qu’il l’ait visiblement déçu par sa réaction ?

Arrivée au pied de la porte elle marqua une pause, puis se retourna, ajoutant : « Prenez du repos Angilbe, vous êtes fatigué. Cela aussi apparait sur vos traîts »

Et elle poussa la porte alors qu’une autre braise claquait dans le foyer.



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Pof Magicfingers (Poféus)

Coupie (Calande Rorré)
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RedU T1 Ch15 Ep05

Sun, 14 Sep 2014 08:21:00 GMT

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Le son de ses pas résonnait du claquement sec de ses semelles sur les dalles du large couloir. Les miliciens en faction à l’entrée de la double porte blindée se figèrent au garde-à-vous, alors que passait le commandant de leur transporteur, le Lieutenant-Colonel Onawane.

La petite femme aux cheveux courts pouvait paraitre fluette à tout mauvais observateur masculin qui ne serait attiré que par les formes pulpeuses ou les couleurs outrancières. Pourtant l’absence de maquillage ou le strict uniforme d’officier n’auraient su faire oublier son port droit, sa tête dressée au visage sévère et surtout son regard frondeur où deux yeux brûlaient d’intelligence.

Une fois passée l’entrée, l’ambiance déjà lourde du transporteur se changeait en quelque chose d’encore plus étrange. Des regards affolés, des cris étouffés, des sanglots. Dans tous les compartiments qui s’alignaient, on pouvait apercevoir vingt, trente patients sanglés à des civières superposées, autour desquelles du personnel soignant ajustait les doses de calmants ou la tension des lanières de cuir. Il faudrait réfléchir assez vite à une solution sous peine de se retrouver à court de calmant devant une population enragée et ultra-violente.

L’odeur de propreté parfumée de l’eau de javel cachait mal celles, derrière, d’urine, de selles, de transpiration… et de peur.

On lui indiqua où trouver le Docteur Blame, son médecin en chef, au milieu des couloirs, portes, sas et conduites en tout genre. Depuis qu’elle avait décidé de concentrer les soins portés aux malades dans cette zone des quartiers de l’équipage, on n’avait pas cessé d’y ajouter de nouvelles parties de quartiers adjacents ou même de ponts contiguës. Mais malgré ce semblant d’improvisation, Onawane s’était bien gardée de multiplier les points d’entrée : avec le renfort des équipes de maintenance, elle avait fait délibérément souder tous les passages vers l’extérieur, ne conservant que la double porte blindée qu’elle venait de franchir plus tôt. Si on devait en arriver à la mise en quarantaine de cet endroit, il n’y avait pas d’autre solution.

Au détour d’un petit corridor, encore réservé quelques jours plus tôt à l’administration de ce que l’on devait bien appeler « hôpital » ou « camp de regroupement », elle découvrit son médecin en chef. Un genou au sol, il tentait de calmer deux petites filles en larmes. Derrière lui une femme, endormie sur une civière, s’y faisait solidement sangler par quelque robuste infirmière. L’une des petites filles présentait une trace de morsure tandis que l’autre avait un bandage au bras. Découvrant le commandant, il confia les enfants au personnel et enjoint son supérieur à le suivre vers son centre de recherche. On sentait Blame fatigué, las :

« Nous avons encore déménagé, et les deux nouveaux blocs que vous nous avez assignés seront pleins d’ici une journée ou deux. Le nouveau centre de recherche est de ce coté.

  • Vous devriez rapprocher votre personnel de l’entrée docteur, c’est un conseil qui peut s’avérer utile.
  • Pour le jour où vous déciderez de passer tout le monde au chalumeau ? Non commandant, j’ai déjà décidé il y a longtemps de donner ma vie pour mes patients. Ce n’est pas maintenant que je vais les abandonner. »

Onawane eut un pincement au cœur devant ce courageux praticien. Avant le début de l’épidémie, elle ne le voyait que comme un gros joufflu débonnaire, peu enclin à attirer l’estime sur lui-même. Depuis, elle avait découvert dans les archives qu’il s’était héroïquement conduit lors de l’assaut pirate qui avait tant marqué la chair et l’âme des habitants de ce transporteur. Jusqu’au vaisseau lui-même. Les couches de peinture n’avaient pas pu effacer l’odeur de la poudre ou les impacts des canons.

Quand à Blame, il s’était révélé sous son vrai jour avec l’augmentation du nombre de victimes, et le voici maintenant s’érigeant en protecteur au péril de sa vie. Elle devrait probablement envoyer des hommes le chercher manu militari quand la décision aura été prise de « réduire les risques de propagation ».

« Vous savez bien que ce genre de décisions ne vous appartient pas. De plus vous y serez associé de toutes façons. Pourquoi vouliez-vous me voir ? »

Le médecin l’entraina dans une salle blanche où s’affairaient plusieurs scientifiques en combinaisons hermétiques. Il ferma la porte derrière eux à clef.

« Pour vous annoncer que l’on avait trouvé, commandant. On sait d’où vient la maladie, annonça-t-il simplement.

  • Mais c’est une excellente nouvelle ! Je vous écoute, expliquez moi !
  • C’est une secte brune, les Octotes ; ils représentent environ dix à quinze pour-cent de la population brune. Ils sont surreprésentés dans la population malade, et c’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille.
  • Oui, j’en ai entendu parler. C’est un mouvement extrémiste de la religion brune, c’est cela ?
  • Rigoureusement fondamentaliste, je dirais. Pour eux un prophète reviendra pour guider les humains le jour de la fin de tout, et pour être capable de le reconnaitre, il faut vivre exactement comme le précédent prophète. Le souci, c’est que les effets de distorsions temporelles ont mis à mal certains de leurs dogmes, et ce malaise a entrainé une recrudescence de ferveur religieuse.. un espoir de trouver des réponses dans une foi plus profonde, en quelque sorte.
  • Mais comment passe-t-on d’une ferveur religieuse à une maladie mentale contagieuse ? Et pourquoi l’autre transporteur n’est pas touché ?
  • Nous sommes les seuls à avoir une communauté d’Octotes, madame. Très peu sont parmi l’Exode, et encore s’agit-il d’une scission dans leur croyance. La majorité d’entre eux est restée sur MaterOne, attendant toujours la venue de l’élu des Dieux. Ceux présents ici pensent que le prophète est dans l’Exode et qu’ils ne l’ont pas reconnu car ils n’étaient pas assez fervents. En toute logique, ils se sont regroupés dans le même vaisseau… le notre. »

Onawane remarqua quelques livres théologiques sur un coin de table. Le médecin devait s’être renseigné sur le sujet durant le peu de moments libres qu’il avait eu à disposition.

« Continuez.

  • Connaissez-vous la Lamprasine ?
  • Non, qu’est ce que c’est ?
  • Une plante hallucinogène millénaire, découverte du coté de la nébuleuse de Talbot. On en extrait une liqueur utilisée pour la fabrication du Nuage de miel, la fameuse drogue souriante, et par les adeptes de notre secte brune qui doivent l’absorber bouillante, broyée de piments rouges. C’est assez spectaculaire, mais d’après les livres Octotes, l’ancien prophète en faisait usage. Donc en plein questionnement, cette communauté en a augmenté l’utilisation… à la recherche de réponses.
  • Et ce serait cela qui a déclenché les crises de folie ? »

Blame tira un fauteuil, sans même en proposer un à son hôte et sortit de sa poche un petit tube à essai rempli d’un liquide brun clair, à la limite du jaunâtre.

« La liqueur de Lamprasine, commandant. Elle contient une molécule qui active certaines zones du cervelet inférieur, une partie très ancienne du cerveau. On ignorait que cette suractivité entrerait en résonance avec les effets de la Passe. C’était l’inconnue qui nous manquait. »

Onawane n’en revenait pas. Une drogue qui interagissait avec les effets de la Passe de Magellone ? Mais pourquoi personne n’en avait jamais parlé ? Elle se souvint alors du dernier conseil des commandants. Parmi les échanges qu’ils avaient eu, le Colonel Hill avait fait remarquer que vu la population traversant la Passe, des marchands souvent contrebandiers et des aventuriers souvent pirates, les seuls rapports fiables concernant les effets sur le corps humain, étaient ceux des vaisseaux d’exploration de la flotte spatiale de MaterOne. Mais le milieu militaire n’était pas propice aux cocktails communautaires ésotériques, ce qui faussait les observations, ou tout du moins, les rendait incomplètes.

Blame porta son regard sur ses laborantins qui travaillaient sans s’arrêter sur des pistes scientifiques bien au-delà de la compréhension de la femme militaire.

« Ces malades n’en sont pas. Ils sont hyper-réactifs aux effets de distorsions. Si nous sommes capables de ressentir des mini-distorsions, eux plongent en quasi permanence dans les micros, les nanos distorsions temporelles ! Quand cette mère a mordu ses petites filles, voulait-elle les blesser ou se défendre ? Qu’avait-elle vu exactement ? Peut-être un passé lointain où ses ancêtres combattaient on ne sait quoi dans les landes premières de MaterOne ?

  • Beau travail, comment peut-on soigner cela ? »

L’autre ne répondit pas tout de suite. Semblant encore plus las que les minutes précédentes. Presque par dépit, il posa le tube à essai sur la table et dégrafa le col de sa chemise.

« On ne peut pas, simplement. Les substances hallucinogènes restent actives trop longtemps dans la Passe, comme si le cerveau surexcité les entretenait, en augmentant lui-même la concentration. Les plus anciens malades ont un taux proprement inhumain de la molécule que l’on trouve dans la liqueur de Lamprasine. »

Ça y était, elle venait de comprendre le drame de conscience pesant sur son médecin en chef. On pourrait sans doute arrêter l’apparition de nouveaux malades, maintenant que l’on connaissait le vecteur, ça allait être facile, mais pour ceux déjà atteints, il n’y avait pas encore de solution. Pire, ils allaient s’avérer dangereux pour tout le monde quand les calmants et autres opiacés allaient manquer.

Et seule la solution d’Onawane, que le médecin désapprouvait, était déjà prête.



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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch
Narration: Raoolito
Acteurs:

Onawane (Istria)

Dr Blame (Akira)
Compo: Ian
Montage: Destrokhorne


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RedU T1 Ch15 Ep04

Sun, 07 Sep 2014 11:42:00 GMT

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Il referma la porte de son bureau, fit quelques pas dans la pièce et s’arrêta. Seul le tic-tac lancinant de l’horloge murale de son père émettait un bruit, le reste étant plongé dans un silence absolu. Vernek fonctionnait à la sensibilité, et en politique c’est extrêmement important de savoir ressentir les choses, cela permet de revoir ses stratégies en fonction du moment, des gens ou des évolutions des situations quelles qu’elles soient. Et ici, flottait dans l’air un quelque chose d’inhabituel. Il y a longtemps maintenant, alors que l’Exode ne s’était pas encore élancée dans l’espace profond, cette pièce avait servi de théâtre à une situation où la sensibilité et le sang-froid furent ses seules armes. Ce soir, de nouveau, une sorte d’oppression, un je-ne-sais-quoi dans l’air éveillait les sens alertes du politicien.

Tic, tac, tic, tac…

L’horloge égrenait ses secondes imperturbablement, rythmant un temps à l’écoulement devenu erratique.

La douce musique de l’intercom résonna. Junta ne se féliciterait jamais assez d’en avoir changé la sonnerie, l’ancien buzzer portait à la paranoïa. L’heure de l’entretien avec sa sœur était arrivé, il décrocha en s’installant dans son fauteuil de cuir, ses sensations étaient une chose, mais le développement d’une épidémie en était une autre.

« J’ai suivi tout à l’heure l’édition d’ExOne Média. Tu t’es décidée à rendre cela publique ?

  • Je n’avais plus trop le choix. Déjà on a pu retenir les journalistes pendant une semaine, c’était un exploit ! Répondit immédiatement la Lieutenant Colonel. Entre eux ils étaient habitué à faire abstraction des mondanités d’usage.
  • Avec Ex-One média il y a toujours moyen de s’arranger, tu sais ? Mais bon, c’est fait. Alors quelles sont les nouvelles ?
  • Toutes mauvaises. Le nombre de nouveau cas approche la dizaine par jour. Nous avons fait évacuer tout un quartier dans les sections de l’équipage afin d’improviser un centre de soin spécialisé. Le docteur Blame y passe désormais toutes ses journées. »
  • C’était mauvais tout cela, très mauvais… Junta pris quelques secondes pour analyser plusieurs possibilités.
  • « Je vois. Il n’a même plus besoin de se déplacer, les patients arrivent en continu, c’est cela ?
  • Oui, et le personnel manque. Nous allons vite être en surnombre de malades, et ajouter quelques espaces de plus ne résoudra pas le problème.
  • C’est toujours la communauté brune qui est principalement touchée ?
  • Toujours, même si des nouveaux cas de tropicaliens, de souriants et de barbanes sont annoncés. Les bruns restent sur-représentés dans cette épidémie et malgré ses efforts, Blame en ignore toujours la raison. D’ailleurs, quelles que soient les prospectives statistiques, les dernières revues ce matin indiquent clairement que plus de la moitié du vaisseau sera atteint avant la sortie de la Passe. Et toi de ton coté ?
  • Rien, aucun cas. C’en est absolument incompréhensible. Mon médecin en chef a étudié les données que tu nous as communiqué et il arrive aux mêmes conclusions que tes équipes : ce n’est ni un virus, ni un bacille. Tout serait psychologique, une épidémie de rage psychotique, il n’avait jamais vu cela.
  • Et tes bruns ?
  • On tente discrètement de resserrer les mailles de la surveillance médicale autour d’eux, mais on ne trouve aucune trace d’épidémie. »

Répondit le politicien, à la limite du découragement. D’un côté il ne pouvait que se féliciter d’une absence d’épidémie dans ses rangs, mais d’un autre, il allait devoir assister sa sœur et son transporteur à distance, sans jamais pouvoir intervenir ou étudier un cas sur place.

Onawane enchaina, elle aussi sentait qu’à part un soutien moral, l’autre transporteur ne pourrait guère lui être utile.

« Blame est en train de faire une nouvelles batterie d’analyses. Elles portent sur l’air ambiant comparé à celui présent dans les poumons des malades. Peut-être une piste. Mais franchement Vernek, d’un point de vue strictement opérationnel, je ne vois pas beaucoup d’alternative à mon plan.

  • Ne fais pas cela. Il n’y a eu aucun mort, aucune victime à déplorer, sinon beaucoup de remue-ménage et de situations impressionnantes. La mise à l’écart a pu être expliquée par ton docteur, mais l’asphyxie et la crémation, Onawane, avec les journalistes sur ton dos et une épidémie qui, en fin de compte, n’est qu’une idée de folie qui se propage… Non vraiment, je te le déconseille fortement.
  • Il le faudra peut-être. J’ai déjà demandé à mon aide de camp une proposition d’action. »

Onawane n’était pas une politicienne, c’était une militaire comme le général Décembre. Ces gens là ignoraient les implications futures de leurs décisions, et celles découlant de ce genre d’action seraient dévastatrices, pas seulement pour le transporteur n°2.

« Bon écoute. J’ai une équipe médicale qui peut faire tout un pool de recherche en liaison permanente avec tes équipes et mes ingénieurs déploient, en ce moment, plusieurs nouveaux réseaux laser entre nos vaisseaux. N’envisage aucune action extrême de par toi-même petite sœur, travaillons ensemble, on pourra trouver une solution, fais-moi confiance !

  • Tes paroles sont réconfortantes Vernek, mais tu n’es pas ici, au cœur de l’épidémie. Déjà certains groupes se forment pour chercher les bruns qui se baladeraient seuls dans les rues de la Cité Intérieure. Malgré le filtrage des informations, il y a des fuites. Si ma méthode n’enraye pas la maladie, peut-être au moins pourra-t-elle m’éviter un déferlement de xénophobie à l’intérieur de mon transporteur. »

Vernek se prit le visage entre ses mains. Le pire était qu’elle avait raison : à ne pas vouloir se faire déborder par la maladie on risquait de se faire déborder par les communautés. Le colonel Sterling-Price avait déjà eu un problème semblable sur son transporteur, et tous les commandants avaient été avertis : les communautés s’enflamment très vite, il faut y apporter une attention toute particulière sous peine de faire face à des émeutes urbaines.

« Je ne sais que te dire de plus pour l’instant. Rendez-vous demain, mes pools médicaux vont prendre contact avec tes équipes tout à l’heure. Bon courage à toi et fait attention.

Merci. À demain, Onawane terminé. »

Junta se laissa aller dans son fauteuil de cuir épais, levant les yeux au plafond. Sur les bords de son angle de vision, il devinait la photo jaunie accrochée à l’horloge. Son père, la pipe au bec, tenait enlacé sous chaque bras sa fille et son fils Vernek. Papa, qu’est-ce que tu penserais de tout cela ?

Mais son père n’en pensait plus rien. Il était mort assassiné, sans même comprendre ce qu’il lui arrivait. Assez de sentimentalisme. Le politicien appuya sur le contacteur pour aviser la section médicale de crise de lancer l’état d’urgence.



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Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch
Narration: Icaryon
Acteurs:

Junta (Arthur)

Onawane (Istria)
Compo: Ian
Montage: Numa


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RedU T1 Ch15 Ep03

Sun, 31 Aug 2014 12:05:00 GMT

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Les deux fragments trônaient sur leurs socles, au milieu de la pièce, séparés de quelques dizaines de centimètres et de plusieurs couches de verre, câbles, censeurs et capteurs de toutes sortes. Monsieur Vernek Junta, commandant de ce Transporteur, éprouvait toujours cette désagréable sensation quand il se trouvait proche des artéfacts, une sorte d’appréhension face à l’avenir. Car ces morceaux d’un métal parfaitement inconnu, identiques de par leur courbure ou le tracé des nervures sous-jacentes à la surface, ont été usinés en un lieu méconnu et retrouvés, chacun, à plusieurs semaines de transition de Majellone. Mais PAS du même coté de la Passe.

Le premier provenait des reste du fuselage d’un appareil non identifié que le Général Décembre et plusieurs chasseurs avaient affronté autour de Vegas IV, la planète gazeuse connue pour ses réserves de Lithium emprisonnées dans les glaces en orbite. Une gigantesque explosion et un croiseur avaient été nécessaires pour en venir à bout. Et encore, on ignorait si l’engin inconnu n’avait pas réussi à s’en sortir, malgré tout, grâce à cette fabuleuse technique de « micro-transition » lui permettant de bondir instantanément sur quelques kilomètres, ce qui était actuellement une technologie hors de portée des connaissances humaines connues. Le second artéfact lui avait été offert par le marchant Broto, sur la station Piñata el Grande, en échange d’une place à bord de l’Exode. Son origine proviendrait du site d’un crash, sur une montagne d’une planète proche d’une soit-disante nébuleuse glacée, à deux semaines de transition après la Passe. Ce n’était malheureusement pas la direction de la flotte, Junta aurait pourtant aimé aller y jeter un oeil.

Broto leur avait également parlé d’une pierre spéciale, et présenté une esquille pour preuve, un minerai capable de concentrer les ondes mentales. Quelque chose entre le réservoir et la caisse de résonance, mais sans mental sous la main, difficile de confirmer cette affirmation. Le professeur Schwarzkof était responsable de l’étude, classée secrète, des deux fragments et poursuivait assidument ses recherches, depuis qu’il avait rejoint l’Exode sur Piñata el grande. Ses résultats permettaient de définir les contours d’une nouvelle matière qui, une fois raffinée, obtiendrait les caractéristiques de souplesse, résistance et légèreté propres aux artéfacts. Et ces fameuses propriétés psycho-sensibles pourraient y trouver une utilité de choix. Mais laquelle ?

« C’est encore un mystère, Commandant, mais les effets de la traversée de la Passe y apportent un éclairage nouveau.

  • C’est à dire ?
  • En fait il nous a fallu du temps pour nous en rendre compte. Vous savez que la Passe influe sur l’esprit humain où elle semble trouver une sorte de résonance produisant des résurgences du passé. Hé bien, on dirait qu’une variante de cet effet s’applique également à nos artefacts. Regardez ces enregistrements effectués hier et ce matin. »

Le petit moniteur dans l’angle s’alluma sur une pression du savant. Les yeux écarquillés, Junta observa la scène se déroulant sous ses yeux, puis la suivante, avant que le savant ne relâcha la pression, éteignant l’écran. Le politicien était proprement médusé par ce qu’il venait de voir, son intuition sur ces fragments inconnus se confirmait de jour en jour. Une ancienne citation lui revint naturellement à l’esprit :

« Mais jusqu’où allons-nous plonger ? À quelle réalité obsolète nous raccrochons-nous dans le vain espoir de satisfaire notre désir d’inertie ?

  • Vous connaissez les mémoires incomplètes du roi Magnam IV ? Je pensais que seuls quelques initiés y avaient eu accès…
  • Et j’en fais partie, professeur. Qui est au courant de ceci ?
  • Mon assistant en chef, le docteur Quentin. Attendez, heu… Charles, pouvez-vous venir s’il vous plait ? Comme pratiquement personne ici n’est au courant des implications, je lui ai demandé de tenir cela secret, avant que nous vous mettions au courant.
  • Vous avez bien fait. Peut-on lui faire confiance ?
  • Je n’ai recruté que des collaborateurs discrets et habiles. La confiance ne viendra qu’avec le temps. C’est pour cela que toute l’organisation de l’équipe est cloisonnée. Ha Charles! Vous connaissez Mr Junta, le commandant de ce Transporteur ?
  • Oui docteur. Monsieur Junta, c’est un honneur que de travailler à cette passionnante étude. »

La poigne était ferme, le regard jeune et quelque peu enfiévré. Le grand garçon qui faisait face à Vernek respirait l’enfant au prises avec un passionnant nouveau jouet. Dans un premier temps cela suffira, restait à confirmer qu’il ne serait pas loquace.

« Merci, docteur Quentin. C’est donc vous qui étiez présent lors de ces.. manifestations ?

  • Oui commandant.
  • Et vous étiez seul ?
  • L’heure était tardive pour la première manifestation, et j’étais le dernier sur place. J’ai tout de suite contacté le professeur Schwarzkof et nous avons décidé de mettre ces images sous scellés. Celle de ce matin s’est déroulée à huit-clos. Je ne l’ai encore divulgué à personne.
  • Parfait docteur, continuez comme cela. Toutes les informations de ce laboratoire sont placés sous le sceau de la confidentialité, le moindre manquement sera considéré comme un acte de trahison envers la flotte, et passible d’emprisonnement et mise à l’écart immédiate. Sommes-nous d’accord ? »

L’autre blêmi devant la menace à peine voilée de son commandant. Et oui, ce n’était pas un jeu en fin de compte.

« B.. bien évidemment que je comprends commandant. Mais je vous assure que je suis resté muet. Je n’en ai parlé à personne.

  • Parfait. Alors tous les deux, donnez-moi une hypothèse. Cela va-t-il se reproduire souvent ? Et pourquoi maintenant ? Schwarzkof ?
  • Nous avons pensé aux distorsions sauvages. Elles sont plus fréquentes maintenant qu’au début de la traversée. Il est possible que certaines influent sur ce.. psycho effet. En tous cas, pour l’instant il n’est rien arrivé de fâcheux, mais il y a de grand chances que cela se reproduise.
  • Donc ne lésinons pas. Fermez cette salle et emménagez dans celle à coté. Que les instruments d’enregistrement sensibles soient sous votre seul accès, et qu’il y ait en permanence l’un de vous deux pour évacuer la pièce et fermer si cela se reproduisait. Le secret DOIT être gardé impérativement. J’espère m’être bien fait comprendre ? »

Les deux acquiescèrent. Pas besoin d’en dire plus. Schwarzkof savait quelles étaient les implications finales de ses découvertes et l’autre semblait assez intimidé pour rester dans le rang.

Bon, l’heure de son rendez-vous quotidien avec sa soeur approchait, il donna congé aux deux savants et s’éloigna du laboratoire, en direction de son bureau.

Quand Magnam IV rédigeait ses mémoires, pensait-il à ces artéfacts ? Junta ne réussit même pas à esquisser un sourire sur sa boutade.



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Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch
Narration: Icaryon
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junta (arthur)

schwarzkof (silverson)

charles Quentin (Quentinus15)
Compo: Ian
Montage: Tristeur


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RedU T1 Ch15 Ep02

Sun, 24 Aug 2014 09:51:00 GMT

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« C’est le journal d’ExOne Média, édition du soir. Nous entamons notre second sujet : une étrange épidémie de ce que l’on qualifie de folie semble se répandre dans le Transporteur n°2. Pour en parler, j’ai avec moi sur ce plateau le Docteur Blame, médecin en chef de ce vaisseau. Docteur, soyez le bienvenu.

  • Merci à vous pour votre invitation.
  • Alors donc, pouvez-vous nous parler un peu de cette épidémie et en quoi elle est si spéciale ?
  • Je pense que rappeler la définition du mot épidémie s’impose. Une épidémie est l’augmentation du nombre de malade au-delà d’un seuil que les professionnels jugent « critique ». On parle d’épidémie tout autant pour les maladies causées par un pathogène comme un virus ou un bacille, mais aussi pour tous les fléaux touchant l’humanité tel que l’obésité ou cette épidémie de « Folie » constatée dans le transporteur 2.
  • Donc une épidémie ne signifie pas obligatoirement fièvre, toux et etc..?
  • Non, car nous avons ici à faire à une maladie de type psychologique avec des symptômes se rapprochant de ceux de la rage. Les symptômes physiologiques constatés sont ce que l’on pourrait expliquer de façon commune comme une sorte de dérèglement des niveaux de liquide dans le cerveau. On observe chez les patients une hyper activité neurale induisant des convulsions épileptiques, un manque d’appétit et une agressivité redoublée.
  • Mais qui est donc touché ? A-t-on des statistiques ?
  • Oui, je vous passe les détails statistiques, mais il s’agit surtout de la population de la cité intérieure, plutôt des adultes et des personnes âgées. Nous avons recensés très peu d’enfants ou d’adolescents parmi nos patients.
  • Mais alors deux questions me viennent aux lèvres : quelle est la conclusion de cette maladie, et doit-on fuir les malades ? C’est une nouvelle Peste ?!
  • Les regrouper pour la sécurité de chacun, oui, les fuir, non. Il ne faut pas prendre le risque vivre avec une personne atteinte, mais les visites so nt autorisées. Aucune transmission par aérosol ou par contacte n’est à craindre. Comme je vous l’ai dit précédemment, nous avons à faire à une maladie psychologique ayant des implications physiologiques. Et seulement sur le Transporteur n°2 ! C’est assez déroutant.
  • Et l’évolution de la maladie ? La… mortalité ?
  • Pour l’instant personne n’en est mort. Au pire peut-on déplorer quelques cas d’auto-mutilations sévères. Nous sommes contraints de sangler ces patients à leur lit pour leur propre bien, c’est assez dur pour les familles. Le nombre de personnes concernées augmente toujours malheureusement, mais les courbes semblent amorcer une stabilisation du nombre de cas. Je ne peux malheureusement en dire plus pour l’instant.
  • Des conseils pour nos multispectateurs ?
  • N’hésitez pas à consulter au moindre doute. Plus le patient est pris en charge tôt, mieux ce sera pour lui. Nous vous tiendrons bien sûr informés des événements.
  • Ce n’est guère encourageant tout cela, Docteur.
  • La Passe de Majellone n’a jamais été traversée par une telle quantité d’hommes et de femmes au cours du même voyage. Il fallait s’attendre à rencontrer des difficultés, et en voici une. Peut-être que les convois précédents ont déjà rencontré cette épidémie ou autre chose de pire encore. Nous ne le saurons qu’à l’arrivée, et nous comparerons nos expériences.
  • Docteur Blame, merci, nous vous laissons retourner à vos patients, et bonne chance au nom de toute l’équipe d’ExOne Media ainsi que de nos multispectateurs qui, j’en suis certain, n’ont rien raté de votre intervention.
  • Merci à eux et merci à vous. Et n’oubliez pas : CON-SUL-TEZ !
  • C’est dit, je crois que le message est passé ! Un dernier sujet après cet intermède publicitaire qui, à ExOne Média, nous concerne tout autant que vous : les communications entre les vaisseaux, ne zappez pas ! »

<pub>

« Re-bonjour Drisso ! Alors les communications passent mal entre les vaisseaux ?

  • Je dirais Dave, que vu les circonstances, elles sont plutôt excellentes ! Vous m’entendez, je vous entends, nous nous répondons, déjà c’est un gros succès.
  • Alors pour rappel, les ondes électromagnétiques fonctionnent très mal lorsque l’on est en transition. Expliquez-nous cela.
  • Il suffit de se souvenir que le compresseur, le moteur central de tout vaisseau capable de transition, sert à nous faire traverser des dimensions d’espace-temps. Il exécute sa tâche plusieurs millions de fois par seconde et nous parvenons ainsi, par un effet de levier, à parcourir de très grandes distances dès le retour dans notre dimension.
  • Et les ondes électromagnétiques ?
  • Elles se perdent dans les dimensions que nous traversons. Quel que soit leur spectre d’activité (du radar à l’ultraviolet en passant par le visible).
  • Et normalement, pour éviter cela, les signaux sont envoyés par ondes subspatiales, nous permettant de rester en communication avec le reste de la flotte. Mais pas dans la Passe de Majellone, n’est-ce pas ?
  • Hélas non. Dans la Passe, les ondes subspatiales sont bloquées par un effet de contraction de l’espace-temps du vortex. La puissance de la contraction ici est telle, qu’un pont entre deux zones extrêmement éloignées de l’univers a pu être établi ! Déjà, il aura fallu beaucoup de temps pour comprendre qu’il était possible de la traverser, en entrant nous-même en transition dans l’espace-temps.
  • Alors, comment pouvons-nous communiquer ?
  • En forçant, et sur de courtes distances, on peut faire passer un signal radioélectrique concentré, sous forme de laser. Parfois on doit le multiplier sous plusieurs phases pour garantir un signal stable, mais cette technique efficace a le défaut d’être très complexe. Elle est également très énergivore et donc chère. ExOne Média utilise ce système, ainsi que les communications prioritaires entre vaisseaux mais, pour le commun des mortels, ce ne sera que le faisceau unique, influençable et perdant en moyenne soixante pour-cent de son intégrité avant destination. Il suffit alors d’une petite distorsion spatiale sauvage, d’un alignement imprécis entre les vaisseaux et le signal devient inaudible ou se coupe simplement.
  • Et que peut-on faire à ce moment ?
  • Je conseillerais simplement de rappeler ! Les corrections automatiques sont permanentes. Dans la seconde qui suit, tout peut être rentré dans l’ordre.
  • C’est une bonne nouvelle Drisso. Mais dernières question, pouvez-vous nous en dire plus sur ces petites distorsions sauvages dont vous parliez à l’instant ?
  • Oula oui, excusez-moi Dave ! Notre situation est assez exceptionnelle pour un adepte de la science tel que moi, j’ai tendance à omettre mes devoirs de vulgarisation. Donc… les distorsions. Il faut se souvenir de notre bulle d’huile de Temps dont nous avons parlé en début d’émission. Comme sa forme évolue, le Temps devient plus ou moins élastique. Imaginez maintenant un micro changement brusque, dans un coin de la bulle. Sur une zone restreinte, il va se passer des évènements de distorsion qui seront plus puissants qu’ailleurs. Localisés et temporaires, mais plus puissants.
  • Une petite distorsion sauvage
  • Voilà, et inutile de préciser qu’un laser à soixante pour cent de perte en concentration n’y résiste pas. Mais quelques secondes après tout rentre dans l’ordre.
  • Hé bien merci énormément Drisso pour ces explications d’un très haut niveau scientifique. Vos talents de vulgarisateur ont, une fois de plus, fait merveille ! Nous nous retrouvons à la prochaine émission ?
  • Bien sûr Dave, ce sera avec plaisir et bonne fin de soirée à tous nos multispectateurs !
  • Bonne soirée Drisso El Nofello. Messieurs-dames, c’est la fin de cette édition du soir d’ExOne média, votre chaine d’informations. C’était Dave le Limier et toute la rédaction en direct du Transporteur n°2, nous vous souhaitons une bonne fin de soirée et à demain !



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Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch

Narration: ^^

Acteurs:

Darkgueg (Dave le limier)

Bleknoir (Drisso El nofello)

Akira (Docteur Blame)

Compo: Ian

Montage: Numa


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RedU T1 Ch15 Ep01

Sun, 17 Aug 2014 14:02:00 GMT

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« Bonjour à tous, Vous êtes bien aux côtés de Ex-One Média, je suis Dave le Limier, en direct du Transporteur n°2 pour l’édition du soir !

Voici les titres de l’actualité :

  • Nous sommes à votre écoute: après plus de deux semaines de transit à l’intérieur de la Passe de Majellone, petit rappel sur les effets, parfois surprenant, que nous vivons tous avec leurs explications.
  • Une épidémie sur le Transporteur n°2 ? Certains de nos concitoyens sont soudain pris de folie. Interview du docteur Blame, responsable médical du vaisseau.
  • Les communications entre les deux Transporteurs en transition peuvent être éprouvantes parfois. La raison ? Le laser et ses modulations.

Nous sommes avec Drisso El Nofello, depuis le Transporteur n°3, et nous nous retrouvons juste après ça ! »

<pub>

« Retour sur votre actualité en direct. Vous avez été nombreux à nous faire parvenir des messages, nous faisant part de votre désarroi face aux effets que nous vivons, à l’intérieur de ce second convoi de l’Exode, durant la traversée de cette si étrange Passe de Majellone. Drisso, bonsoir.

  • Bonsoir Dave, comment allez-vous ?
  • Hé bien ce matin, en sortant de ma douche, je me suis moi-même croisé, allant au même endroit. Je vous avoue que cela débute mal une journée, et vous, des surprises ?
  • Rien de spécial sinon un jouet de mon fils, que j’ai voulu ramasser, mais ce n’était que son écho d’un autre moment où il était à cette place. Car c’est bien de cela qu’il s’agit Dave : des échos du passé ou, plus troublant, j’en conviens, du futur.
  • Et il me semble que cela ne concerne pas seulement les hommes ou les objets, n’est ce pas?
  • Absolument : les sons, la lumière, l’air, l’électricité et j’en passe. Mais là, il ne s’agit que de choses existantes. Il y a eu des témoignages concordants où l’on parle de présences à la limite du fantomatique.
  • Des revenants, Drisso ? La Passe serait donc hantée, ha, ha, ha !
  • Ha, ha, ha ! Vous êtes le digne héritier de Ted Maos’n dites-moi. Sérieusement, on parle ici d’une sorte de rémanence de l’esprit. comme si nos souvenirs étaient également affectés par ces effets. Ce qui impliquerait que cela ne se passe que dans nos têtes.
  • Bon, d’accord, mais alors expliquez-moi pourquoi nous sommes encore tous vivants ? Pourquoi notre cœur bat-il sans se tromper avec un autre corps, nos ordinateurs calculent toujours et vous pouvez m’entendre en ce moment sans une déformation quelconque dans la voix… sans une déformation quelconque
  • Ha ! Justement Dave, il y en a eu une, à l’instant !
  • Pardon ? Mais je n’ai rien remarqué !
  • En effet, peut-être que l’effet, de votre point de vue, serait un re-dit de la scène autour de vous. Quelques explications s’imposent : le problème est dû à l’absence de Temps dans la Passe. C’est démontré mathématiquement et reconnu unanimement. Cependant, nous ou nos machines n’existent que grâce à ce Temps. Alors que se passe-t-il quand une bulle de Temps entre dans une zone de non-Temps ?
  • Elle se dilue ?
  • Nous ne serions plus là ! Elle se comporte comme une bulle d’huile dans de l’eau : elle se déforme mais progresse, fonçant vers la surface car elle est plus légère.
  • La surface… C’est bizarre, je ne nous imaginais pas immergés ?
  • Disons que dans notre cas, la surface c’est la sortie de la Passe. Mais le fait que cette bulle de Temps se dilate, se contracte et puisse avoir ce que nous appellerions des sautes de formes est responsable de ces échos passés-futurs que nous rencontrons. Hé oui : le Temps n’est pas uniforme dans l’espace autour de nous.

  • Et pourtant… elle tourne ?!
  • Oui, pourtant tout fonctionne. Mais ne vous leurrez pas, c’est grâce à une vigilance de tous les instants. Les armoires d’ordinateurs qui calculent micro-seconde après micro-seconde notre transition au travers des dimensions ont un taux d’erreur multiplié par dix dans la Passe ! Les algorithmes de vérifications sont redondants et réglés en conséquence, et les ingénieurs ou opérateurs du poste de commandement sont sur les dents en permanence. Depuis deux semaines leur vie est extrêmement éprouvante, plus qu’on ne l’imagine.
  • À vous écouter c’est une chance que nous soyons encore en vie ?
  • Disons qu’il faudrait éviter de vivre dans cette situation en permanence. Notre corps est une autre sorte de machine, elle aussi a ses dérèglements et, quelque part, nous survivons grâce à la marge de tolérance de nos cellules. Les médecins pensent que la durée de traversée de trois semaines est un maximum à ne pas dépasser pour l’homme. Mais en fin de compte, nous n’en savons rien.
  • Merci Drisso pour ce remarquable exposé ! Alors justement, nous poursuivons sur le thème des effets induits, avec cette étrange épidémie à bord du Transporteur n°2. L’interview débutera dans quelques secondes, juste après la pause ! »

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch

Narration: ^^

Acteurs:

Darkgueg (Dave le limier)

Bleknoir (Drisso El nofello)

Compo: Ian

Montage: Destrokhorne


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Chapitre 15 Préambule: mini série été 2014

Sun, 10 Aug 2014 14:02:00 GMT

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Été 2014.

Vous avez pu découvrir ces deux dernières semaines, les 11 épisodes de

la mini-série Red Universe Tome 1.

Ce mini-chapitre est un prologue au Chapitre 15 » Fantômes » à venir.

En exclusivité sur Saga Audio Compagnie, suivez le politicien Junta peu avant le départ de l’Exode, alors que la flotte se ravitaillait sur Maman-lolo. Pirates, intrigues, secrets, mafia et Souriants au menu de cette mini-série pas comme les autres !

Bonne écoute !

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Anna

Acteurs:
Monsieur Junta (Arthur)
Colonel JFhill (Raoulito)
Lieutenant colonel Onawane (Istria)
Choupa la pirate (Istria)
Monsieur Heir (Destrokhorne)
Opérateur centre de commande (Andropovitch)
Sergent de garde (Akira)
Ted Maos’n (Icaryon)

Compo: Ian

Montage: Raoulito



Red Universe: Playlist Chapitre 14 « Talbot »

Sun, 03 Aug 2014 11:01:00 GMT

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Comme à chaque fin de chapitre, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°14 « Talbot ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette quatorzième partie:


    • Thème violence mafia souriante : « Fox – (Un) Justified Risk » de Tunguska Electronic Music Society, alb « Chernobyl Retrospective » (intéressant après 0:45)

    • Thème mafia souriante / Talbot : « Asiatik flower » de Butterfly Tea, alb « Ethnic Flavor«

    • Thème agent « Ralato-Stuffy » : « John the return 2K11« , Butterfly Tea, alb « Butterfly reloaded«

    • Thème intro Talbot : « Agharta part 2 » de Fafnirrockson, alb « Fafnirrockson«

    • Thème conseil de la révolution : « Procession« , Celestial aeon project, alb « Aeon 2«

    • Thème « le maître » : « Valve« , celestial aeon project, alb « World in flame«

    • Thème duel Mental final Ralato/Myan : « Tagore » de Michu, alb « Fu remol«






Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et à très bientôt pour le Chapitre 15 intitulé « Fantômes » (tout un programme encore !!)

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RedU T1 Ch14 Ep16

Sun, 27 Jul 2014 10:03:00 GMT

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Inspirant un coup sec, le Lieutenant ouvrit les yeux ! Il était enchevêtré, entre des conduites et une grille, dans la jungle de tuyauterie de la station de pompage, celle-ci plongeait presque à la verticale dans les brumes de la géante gazeuse Tb-01 ! Des explosions rugissaient partout, le hangar où de gigantesques citernes disparaissaient dans l’opacité de la mer de nuages. Il vit Myan, à plusieurs mètres de lui, accroché par la ceinture à une canalisation rompue. Il avait les yeux écarquillés, le teint blême, de la bave aux lèvres, du sang coulant de ses narines et une expression de folie dépeinte sur le visage. Le choc Mental qu’il venait de recevoir était bien trop puissant pour un esprit humain normal, même de son niveau : il allait mettre du temps à s’en remettre, s’il s’en remettait jamais !

Les explosions ne s’arrêtaient plus. L’une d’elle éventra tout un ensemble de petits tubes pas très loin de Ralato, sans doute une partie du système de refroidissement. Au travers des brumes de condensation qui s’échappèrent, il vit un corps tomber, une sorte de squelette à la peau fripée, comme momifiée, qui plongea dans la mer de nuage. Hoù Nião venait de disparaître à jamais.

Un hurlement lointain lui parvint au milieu des bruits de ferraille éventrées et de Lithium enflammé fusant vers le ciel : il provenait d’un orthoptère en approche, Heir se tenant debout sur la rambarde extérieur, le bras encore tendu en un geste futile et désespéré devant le spectacle de la fin de son élève. Ses traits n’étaient pas visibles, mais l’on devinait une réelle souffrance. Le pilote fit un geste, pointant Myan, et Heir sembla lui répondre par l’affirmative. L’orthoptère se rapprocha prudemment, slalomant entre les débris plongeant de toutes sortes, jusqu’à ce qu’un garde et le Maître Mental puissent récupérer le jeune souriant et le tirer à l’intérieur.

Même dissimulé par les brumes de vapeur, Ralato croisa le regard du politicien. Celui-ci le senti et le fixa, mais étrangement il ne donna pas l’alerte, ne tenta rien contre lui, suspendu entre haine profonde et réelle admiration. Alors que l’orthoptère prenait de la distance, il resta à fixer l’emplacement du Lieutenant, jusqu’à la dernière seconde, puis referma la porte alors que l’appareil virait de bord, s’éloignant à toute vitesse de la station de pompage agonisante. Il le laissait mourir, plonger avec son fils Hoù dans les entrailles de la géante gazeuse.

La station s’enfonçant, Ralato ne pouvait guère qu’espérer une venue rapide d’hypothétiques secours, il se lança donc dans l’escalade de l’enchevêtrement de conduites vers le haut, pour se donner le plus de temps de survie possible, priant qu’aucune explosion ne survienne à sa hauteur ! Au fur et à mesure de sa monté, il réalisa que ses plaies à la jambe et surtout au poumon ne le faisaient pas souffrir : Stuffy retenait peut-être la douleur, malgré son inconscience, mais comment expliquer que ses forces ne lui manquaient pas, que sa poigne était toujours ferme et solide ? S’accordant une seconde en pleine monté, il constata que les blessures s’étaient refermées toutes seules, cicatrisées, que même la balle prisonnière dans sa cuisse était ressortie, coincée contre son pied dans le cuir d’une chaussure !

La guérison miraculeuse des graves blessures du tout jeune Fabio, lors de leur enlèvement par les Affaires Mentales, lui revenait : à l’époque, il s’était passé exactement la même chose.

Une solide grille de maintien lui apporta une occasion de souffler quelques secondes : la station plongeait toujours, mais un peu moins vite, et malgré l’absence de repère, elle lui semblait désormais dériver sur la mer de nuages. Les explosions diminuaient également d’intensité. Ne prenant pas plus de temps à la rêverie, il reprit l’ascension. Stuffy était sûrement inconscient, tapis quelque part au fond de son esprit, mais qu’en était-il des fabuleux pouvoirs qu’il avait ressentis quelques minutes plus tôt ? Il tenta de se concentrer, pour ne serait-ce que ressentir à nouveau ces étranges formes translucides, mais rien n’apparu. Son pouvoir Mental était toujours là, mais sans plus. Dommage car pour s’échapper du piège de cette station, il aurait bien été utile !

Un dernier effort… et le voici arrivé au point le plus élevé possible. Étrange, il ne semble pas que la carcasse métallique de la station se soit enfoncée plus, pourtant maintenant elle devrait être pratiquement recouverte par la mer de nuages ! Il n’y avait pratiquement plus d’explosions, le Lithium manquait et seules quelques flammèches rebelles achevaient de brûler leur combustible de-ci de-là. Son masque semblait intact et les petites bouteilles d’oxygène étaient toujours en place, ce type de matériel était connu pour être redoutablement solide et aucune fissure d’étanchéité n’était à déplorer. Mais combien de temps allait-il encore pouvoir respirer ? Cela faisait plus de trois heures qu’il portait cet équipement, on allait vite toucher le bout de l’autonomie.

“ Ralato ? ”

Il n’y avait plus de blessure à apaiser, Stuffy pouvait donc enfin revenir à la réalité. Cela allait être long de tout lui résumer.

“Oui, je le devine, mais on va avoir du temps en attendant les secours… Avant que tu ne me racontes, regarde autour de nous, tu ne remarques pas cette teinte un peu plus foncée de la mer de nuages ?

  • Maintenant que tu le dis, oui en effet, je n’y avais pas prêté attention, comme une ombre sous la station. Qu’est-ce donc ?
  • La preuve que nous avons le plus grand pouvoir de l’Univers avec nous, mon Ralato, nous avons de la chance ! Maintenant allonges-toi, respire au minimum, exercices de relaxation pour limiter l’utilisation de l’oxygène, en attendant les secours.

Alors, racontes-moi donc tout ce qu’il s’est passé ? ”

Docilement, le Lieutenant se cala entre deux grosses gaines de ventilation et s’autorisa une vraie détente, débutant la longue conversation avec son ami.

Le ciel flamboyait des jets de gaz de la Nébuleuse de Talbot, emplissant toute la voûte. Allongé au sommet de la carcasse d’une station de pompage d’oxyde de Lithium, Ralato se laissait dériver avec elle sur l’infinie mer de nuage, porté par un immense bloc de roche spatiale flottant sous la surface, comme il en existe parfois, à l’origine des premières extractions de Lithium puis abandonnées et oubliées des hommes.

La chance, le plus grand pouvoir de l’univers.

Fin du chapitre 14

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Ralato (Raoulito)

Luciole (Stuffy)

Destrokhorne (Heir)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch14 Ep15

Sun, 20 Jul 2014 08:50:00 GMT

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Stuffy était hors jeu, les cerfs royaux se faisaient tailler en pièce et les éperviers n’arrivaient pas à entamer la cuirasse du dragon. Personne ne viendrait l’aider, coincé entre les deux projections de Myan et le Mental concluant lui-même l’aventure ! Pourquoi avait-il invoqué ces si étranges objets derrière lui, il ne semblait pas spécialement vouloir s’en servir ? Non c’était trop bête, il n’allait pas abandonner comme ça ! Ralato tenta d’optimiser les restes de sa conscience sur un aigle, mais le dragon, tout juste gêné par les éperviers qui tentaient de le suivre, le dévora avant même qu’il ne se soit matérialisé entièrement !

“ Adieu Lieutenant, confidence entre nous, j’ai toujours détesté le restaurant des affaires Mentales ! Autant que ces pseudos collègues dont il me fallait souffrir la présence permanente. Leur mort m’a… soulagé en quelque sorte. ” Le visage crispé, un sourire haineux s’étirant bien au-delà des limites physiologiques, Myan se déformait sous l’effet de toute cette haine qu’il avait accumulée contre Ralato et ce qu’il représentait, avait-il ressenti cela lorsqu’il les avait tous assassiné ?

Un rouleau de scotch translucide passa entre eux deux, Myan n’y prêta même pas attention : “ Combien de temps vous faut-il donc pour étouffer dans ce monde, Lieutenant Ralato Ouli ? ” Il ne les voyait pas, ce n’était pas des projections à lui. Mais qu’est ce que c’était ?

Les éperviers se vaporisaient les uns après les autres, tandis que les arbres ou les cerfs, disparaissaient, engloutis par le sol. Ralato se sentait partir, les yeux révulsés… entouré d’une multitude de formes translucides, diverses, bizarres, flottant autour de la scène, non… elles flottaient partout, dans tout cet univers blanc dont les bords viraient déjà au noir, au néant. Elles lui rappelaient quelque chose, mais quoi ?

L’obscurité envahissait l’espace au-dessus d’eux, ayant englouti l’horizon si vite… trop vite…

…Plus assez de forces pour… Matérialiser quoique ce soit…

Relevant les épaules, Myan accentua encore plus la pression, y mettant toutes ses forces : la gorge du Lieutenant n’était plus d’un simple fil tordu, il ne lui suffisait que de le rompre définitivement.

Une tasse de thé vînt se placer devant les yeux de Ralato, flottante, sereine… Essayait-elle de lui parler ? Une douce lueur émana alors d’elle, telle la lumière d’un matin d’été, il en sentit la chaleur se diffuser sur son visage, tandis qu’il sombrait dans le néant.

< CLAC ! > Le fil céda.

La tête de Ralato s’éloigna, glissant dans l’obscurité. Son corps commença à se désagréger, tout était fini. Myan se détendit, soufflant quelques secondes, satisfait de lui. Il laissa partir toutes ses invocations, flottant désormais seul dans un vide obscur qui engloutissait tout. Le grand Lieutenant Ralato, l’agent si redouté des forces Mentales, était enfin mort. Cependant, il ignorait comment quitter cet endroit et même comment il y était arrivé ! Peut-être fallait-il patienter quelques minutes avant de réintégrer son corps ?

Comme lors d’une aube, le soleil apparu alors au loin, illuminant de multiples couleurs un ciel englouti de néant : sans aucun doute la porte de sortie. Myan vola donc dans sa direction, pressé de revenir dans la réalité et de porter secours à son frère Hoù. L’astre grossissait, réchauffait les cieux et les corps, irradiait de plus en plus cette vie qui ne demandait qu’à renaître.

Le jeune Mental accéléra, puis stoppa net son élan ! Il comprit, horrifié : le Lieutenant Ralato ETAIT ce Soleil, il brillait de milles feux, tel un Dieu sur son domaine ! Il n’était donc pas mort ! Encore un maudit tour de passe-passe de ce monde, mais quand pourrait-on en finir ? Sans attente, la rage au cœur, le jeune Souriant, convoqua un dragon de jade, l’espèce la plus puissante, la plus dangereuse des légendes ! Il y donna tant que du sang coula de ses narines sous l’intensité de sa concentration, et lorsqu’il le sentit prêt, il déchaîna le monstre contre son ennemi !

Le monde était empli d’un nombre infini de ces êtres. Ils semblaient s’agglutiner contre les Mentaux faisant appel à leurs capacités psychiques. Leur brillance donnait des pouvoirs et leur nombre de la puissance ! Fabio les voyait depuis toujours, mais Ralato avait toujours refusé de le croire, de l’entendre. Le monde des Mentaux est incroyablement plus complexe que ce que l’on pouvait enseigner dans les universités Mentales et, cela, son frère le lui avait répété maintes fois durant leur existence. Il ne le comprenait que maintenant ! Au ralenti, il pouvait voir un nombre conséquent, mais loin d’être impressionnant, d’êtres donnant leur lueur à Myan pour l’aider à invoquer son dragon. L’heure était venue d’en finir, jeune Mental, tu vas découvrir ce que c’est qu’une puissance comparable à celle de Fabio Ouli !

Il tendit la main, fermant les yeux pour aider sa concentration. Les êtres multiformes s’agglutinèrent contre lui, par centaines, puis par milliers, puis par centaines de milliers. Le grand dragon approchait, rugissant de la haine de son maître, il était presque à portée de griffes.

Ralato esquissa un ultime sourire : comme le monde devait paraître futile à un être comme son frère. Il ouvrit les yeux et riposta.

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Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Icaryon

Acteurs:

Ralato (Raoulito)

Ian (Myan)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch14 Ep14

Sun, 13 Jul 2014 12:37:00 GMT

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Et il ouvrit les yeux.

Un monde blanc, immatériel, s’ouvrait tout autour de lui. Quelle que soit la direction où portait son regard, il n’y avait rien, rien que le sol sur lequel il évoluait.

« …Ralato… »

Allongé par terre, à quelques pas devant lui, Stuffy gisait là, en chair et en os, blessé au torse et à la jambe. Il s’approcha de son ancien collègue, celui partageant sa vie depuis quelques mois maintenant, étrange sensation que d’enfin le voir ou le toucher, ce n’était plus arrivé depuis la période d’interrogatoire dans la base Mutualiste. L’autre était mal en point, du sang s’échappait de sa bouche, de la transpiration suintait sur sa peau très pâle, tandis qu’il serrait un morceau de sa chemise déchirée sur une tache rouge écarlate, un peu en dessous du cœur. Ralato était suffisamment expérimenté pour comprendre seul la situation.

« Ne dis rien. Nous sommes dans mon interne sensitif, mon moi profond. Et tu as décidé de prendre sur toi toutes les formes de douleurs de mes blessures. Mais pourquoi ? »

Stuffy sourit doucement et, d’un petit coup de tête, pointa une direction. Une forme y apparaissait au loin, un revolver à la main. Petite taille, l’air décidé, c’était Myan qui marchait vers eux, focalisant toute son attention vers Ralato. Celui-ci comprit immédiatement : « Un pont Mental ? Mais seul Fabio savait réussir cet exploit ? Tu l’as entraîné ici et tu as pris mes handicaps à ta charge… pour que je m’en occupe ici même, sur notre terrain. »

L’autre hocha doucement de la tête, dans l’affirmative, puis regarda à nouveau l’arrivant. « Mais comment as-tu réussi cet exploit ? Est-ce encore une de nos nouvelles capacités…? Bon j’ai compris, on verra plus tard. M… merci, tienstoi à l’écart, je m’occupe de la suite. » Il fit quelques pas, hésitant, puis se retourna et ajouta « On forme une bonne équipe tous les deux, ne t’inquiète pas, je serais prudent !


  • A qui parlez-vous Lieutenant ? Et quel est cet endroit ?

  • Hé bien, Myan, je pensais que tu en savais plus long sur les techniques d’illusions Mentale ? Nous sommes à l’intérieur de mon esprit. Tu as été attiré jusqu’ici pour que nous puissions y régler notre différent, de manière définitive. »

L’autre tendit son révolver et tira deux balles sur Ralato. Rien ne se produisit, celui-ci lui offrit un grand sourire, se moquant de la particularité Souriante.

« Dans le monde réel, nous sommes probablement allongés tous deux sur le sol, cette arme n’étant qu’un résidu de ta psyché, mais ici il est aussi inutile que ne le serait un bazooka ou un porte-avion. Seuls les pouvoirs Mentaux fonctionnent. Alors, veux-tu que l’on se mesure enfin ? Il est temps de me montrer de quoi tu es réellement capable… ou n’es-tu qu’un petit traître élevé dans la peur de combattre ? »

Myan jeta négligemment le révolver, et, le visage toujours entiché d’un sourire crispé malgré sa concentration, lança une puissante attaque Mentale. Dans le monde de l’esprit, celle-ci prit la forme d’un dragon géant déployant ses ailes pour fondre gueule ouverte sur son ennemi. À la dernière seconde, Ralato esquiva, plongeant en un roulé-boulé sur le sol, et immédiatement, libéra un cerf furieux chargeant cornes baissées sur le jeune Mental. Celui-ci, surpris ne put l’éviter, et fût emporté à plusieurs mètres. Ralato se releva, s’approchant de son adversaire que le cerf tenait coincé entre ses bois, l’écrasant au sol de force.

« Oui, dans ce monde les attaques psychiques prennent des formes intéressantes et surtout, on peut les éviter comme n’importe quel projectile dans le monde réel. J’ai une certaine expérience sur ce sujet, grâce à mon frère entre autre. Tu aurais dû me laisser t’expliquer les règles avant de foncer ! »

À moitié étranglé, le Souriant se concentra, et Ralato dû faire apparaître un bouclier pour contrer l’attaque surprise d’un tigre géant ! Il ne pût éviter celle d’un second tigre qui apparu entre ses jambes, traversant le sol, gueule ouverte, l’entraînant dans les airs pour retomber au loin avec sa proie ! D’un coup de glaive Ralato lui tranchant la tête et se libéra, mais déjà le premier tigre revenait sur lui, le déstabilisant !

« Okay, je retire ce que j’ai dit, tu es très bon mon petit ! Mais que peux-tu faire de mieux ? »

La réponse arriva toute seule : son cerf se fit dévorer par deux autres tigres, tandis que celui dont la tête coupée se recollait approcha. C’était quatre tigres simultanés que le Mental Souriant avait lâché sur Ralato. Quel puissance, quel talent ! Deux d’entre eux se jetèrent sur lui, mais ils s’écrasèrent contre le tronc énorme, à l’écorce épaisse, d’un immense chêne. De son sommet, Ralato fît apparaitre deux cerfs royaux qu’il lâcha sur les créatures, préférant se focaliser sur son adversaire que sur ses projections. Une prison de pierre de taille, sertie de gargouilles sculptées, jaillis tout autour du jeune Souriant, mais celui-ci anticipa et… s’envola au-dessus d’elle.

“ Et merde, il a tout compris. ” Au sol, les deux cerfs combattaient vaillamment les tigres mais ils ne tiendraient pas longtemps, et déjà Myan, flottant dans les airs, se préparait à contre-attaquer. Dans aucun entraînement avec son frère Fabio, il n’avait connu ce niveau de combat ! Lui-même n’en revenait pas d’être capable de tant d’exploits simultanés, quant au petit Myan, il s’adaptait bien trop vite. Ce Mental était d’un rare niveau, un vrai bijou ! D’un bon, il esquiva les griffes acérées d’un nouveau dragon fondant sur lui, s’envolant en libérant une nuée de petits éperviers gris sur l’animal volant. Avec cela il aurait à s’occuper.

AU-DESSUS ! Trop tard, deux Myan venaient de le saisir, l’un à l’abdomen, l’autre aux épaules, tandis que le vrai Souriant s’approchait de lui, plus fier que jamais, plusieurs objets hétéroclites, tels un tournevis ou un porte-bougie translucides, flottant à ses côtés, : Vous aviez raison sur le côté intéressant de cet endroit, maintenant finissons-en, voulez-vous ? ” et, posant délicatement ses deux mains sur la gorge offerte, il serra.

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Arthur

Acteurs:

Ralato (Raoulito)

Stuffy (Luciole)

Ian (Myan)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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La liste des gagnants du Concours Red Universe – Livres

Sun, 06 Jul 2014 14:31:00 GMT

Suite au tirage au sort en direct, voici
la liste des gagnants du grand concours de Juin 2014:

Ils gagnent les deux prochains livres numériques de Red Universe, à sortir en Septembre:

  • 5eme : David Vignot
  • 4eme: Tjahzir
  • 3eme: Cadavre Overlife

Il gagne les livres de Red Universe et un mug de son choix sur la boutique Red Universe:

  • 2eme: Julien Senn

Il gagne les livres de Red Universe et un tee-shirt ou une coque de téléphone de son choix sur la boutique Red Universe, ET il devient le nouveau personnage de Red universe, à venir dans le chapitre 15 !

1er: Blame (Guiberteau Johnny)

Toutes nos félicitations à eux !!!!

Nous prendrons contact prochainement pour leur fournir leurs cadeaux .

Bonne continuation sur votre saga préférée !



RedU T1 Ch14 Ep13

Sun, 06 Jul 2014 12:00:00 GMT

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Stuffy courait aussi vite que possible à l’intérieur de la forêt de tuyauterie et de pipeline composant la station de pompage. Elle remontait l’oxyde de Lithium à la surface et procédait à un premier filtrage en vue de son stockage pour l’expédition vers les raffineries de Tb-01. Une telle complexité d’ingénierie pour entasser tout le système, sur une plateforme de taille modeste comme celle-ci, relevait de l’art et elle n’avait évidement pas été prévue pour y simplifier un déplacement rapide ! Contournant une série de soupapes, glissant sous un réservoir quelconque, escaladant une grille, il sentait bien que son masque respiratoire était au maximum de ses capacités, peut-être même que les petites bouteilles d’oxygène placées sur les côtés atteignaient les limites d’autonomie, combien de temps lui restait-il ? Ces masques étaient conçus pour les orthoptères, différents de ceux destinés à l’utilisation sur la station, qui fonctionnaient à base de bouteilles de large capacité. On y gagnait en mobilité ce que l’on perdait en capacité.

Une explosion, au loin. Apparemment Paul avait déclenché une réaction en chaîne, il serait préférable de ne pas traîner par ici. Sauf surprise, on ne comptait qu’une seule zone d’atterrissage pour orthoptère, celle par laquelle ils étaient arrivés, et elle était alors vide. Heir et ses gardes avaient-ils été déposés auparavant ? « Il y a des capsules de sauvetage normalement dans ce genre d’installation flottantes. On devrait pouvoir les trouver ! Intervint Ralato, revenu des brumes de ses contradictions.


  • Tiens ? Tu es revenu à toi ? Navré mais il a fallu que je prenne les commandes car tu n’étais plus en état de réagir correctement.

  • Merci. Rends-moi mon corps tout de suite.

  • Attends, j’atteins cette plate-forme et…

  • J’AI DIT TOUT DE SUITE !!

  • Oula, okay comme tu veux ! »

Et en plein équilibre, ralato sembla comme sursauter, il lâcha prise et tomba lourdement contre une sortie de ventilation. La douleur l’aida à reprendre contact avec ses muscles, son squelette, sa peau… « Aïe ! Tu étais prévenu. Pas la peine de faire une crise, je n’avais pas l’intention de le garder ton corps. » Ralato ne répondit pas, occupé à tenter de se remettre debout, sentir à nouveau l’air entrer et sortir de ses poumons. Inexplicablement, Heir avait touché le Lieutenant au plus profond des bases de sa psyché, tous ses mots avaient été calculés, pesés, parfaitement dosés. Sans la présence de Stuffy, que serait-il advenu de lui ?

Un déchirement crissa le métal juste au-dessus, suivi d’un bruit de tonnerre. Des fumées chimiques sous pression fusèrent par les orifices, obligeant Ralato à vite s’éloigner sans réfléchir. « Il fallait s’y attendre, il nous a retrouvé ! » cria-t-il à haute voix autant à son intention qu’à celle de Stuffy. Entre deux contorsions, il jeta un œil derrière lui : Hoù n’était pas très loin, une centaine de mètres, mais sa corpulence le ralentissait dans cette jungle industrielle, il se débarrassait d’ailleurs de sa sulfateuse pour prendre une arme de poing. Un tout petit peu trop loin pour frapper Mentalement sa proie, il lui faudra rattraper Ralato s’il voulait l’atteindre d’une sonde active, Stuffy était du même avis : « Au moins on n’aura plus à craindre la mitrailleuse, reste qu’on va avoir du mal à s’en débarrasser.

  • Alors on va lui tendre une embuscade.

  • Bien sûr ! Notre dernier tête à tête nous avais si bien réussi : il nous avait presque laminé quand le reste de l’équipe était arrivé !

  • Mais on n’a pas le choix. Ce… »

Sans signe annonciateur, une puissance vague Mentale se brisa sur les barrières de Stuffy et Ralato ! Celles-ci tinrent bon, mais en plein équilibre, il rata une prise et tomba de haut sur un stock de canalisations diverses en attente de remplacement.

Hoù arma son revolver : il l’avait bien touché cette fois, le soldat ne bougeait plus, on voyait ses pieds dépasser d’un tas de tuyaux entreposées. L’autre ne s’était pas attendu à ce qu’une onde Mentale puisse l’atteindre à cette distance et le crâne de Hoù lui faisait mal tant il avait dû pousser ses facultés (bien au-delà de ce qu’elles pouvaient théoriquement supporter). Mais ce soldat de MaterOne avait le don extrêmement irritant de lui résister ! Non content de s’échapper de la maison des plaisirs, il l’avait tourné en ridicule devant son Maître et même blessé son frère d’arme. Les ordres étaient clairs : le soldat devait mourir, et Hoù allait enfin s’en charger tout de suite. Pas après pas, le géant Souriant se rapprocha de sa proie, tendant les bras en position de tir, l’arme bien serrée entre ses poings, il visait les chaussures qui dépassaient, et tira à deux reprises. Deux balles, trouant les chaussures et le pantalon, l’autre allait avoir du mal à courir maintenant ! Soudain une puissante onde Mentale le frappa, l’obligeant à baisser sa garde et une barre-à-mine s’écrasa sur ses mains, faisant voler son arme ! Il grogna sous la douleur, se plia en deux instinctivement puis se redressa : il en fallait plus pour le terrasser. Tout se passa alors très vite : l’agent Ralato, en slip, pieds nus, lui assena un second coup de barre-à-mine en pleine tête ! Le choc fût tel, que ses lèvres scellées se déchirèrent, libérant un mécanisme contenu à l’intérieur de la cavité buccale, composé de plusieurs petits tuyaux emplis d’un liquide verdâtre. Il tournoya dans les airs quelques secondes, pour finir par se coincer entre deux grilles, des fumerolles vertes s’en échappant. Poussant d’étranges sons rauques, Hoù, l’invincible géant s’effondrait, les mêmes vapeurs vertes s’échappant également de son nez et sa bouche ensanglantée. Ralato intervint : « Qu’est ce qu’il se passe ?


  • Ne hurle pas, s’il te plait. Tu es tombé dans les pommes suite à la chute, j’ai dû reprendre le contrôle.

  • Quoi ?! Encore ?

  • Je te rends ton corps, vas-y prends-le, j’en veux pas plus que tout à l’heure. »

Et à nouveau, le jeune Lieutenant sembla défaillir puis releva la tête : pour la seconde fois en quelques minutes, il venait de reprendre possession de lui-même. Sur le sol, le géant gigotait comme prit d’une crise d’épilepsie, de la vapeur verte embrumait toujours son visage.

« Je t’écoute, explique-moi. » demanda Ralato en récupérant le révolver et s’éloignant de quelques pas. Il tendit la main dans un enchevêtrement de conduites, farfouilla quelques secondes, puis en sortit l’appareil qui s’était échappé de la bouche scellé. Stuffy proposa sa théorie : « Un diffuseur d’une version modifiée du Nuage de Miel. Ce monstre devait en bouffer à longueur de temps. Un soldat sous stéroïdes, somme toute, c’est vieux comme la guerre.


  • Cette drogue développe également les facultés Mentales, et çà c’est moins courant. Mais je parierais qu’il y a des effets secondaires, addiction, ou détérioration des tissus…

  • Mouais, regarde-le et tu auras ta réponse. »

Ralato se retourna : le géant venait de perdre plusieurs centimètres et sa remarquable proéminence n’était plus. Hoù Nião fondait sous ses yeux, littéralement, ses râles semblant ne jamais devoir s’arrêter.

Une nouvelle explosion, plus sourde, lointaine, et le sol commença à vaciller. Il s’accrocha à ce qu’il trouvait tandis que Hoù glissait doucement sur la pente… Déjà des tuyaux roulaient, se prenaient dans d’autres canalisations. La plateforme prenait du gîte, et Stuffy n’aimait pas cela du tout !

« C’est très mauvais ! Viens, on y va. Le gros est neutralisé au moins pour un moment ! Où sont les capsules de secours ?!


  • Normalement du même côté que la zone d’atterrissage des orthoptères, on va devoir revenir sur nos pas ou faire un grand détour !

  • Pas le temps, on fera attention, mais vu la situation, je doute qu’il soit resté quelqu’un dans les parages !

  • Sauf que je vois mal Heir laisser son protégé alors que tout se fait la malle ! Bon allons-y. »

Les stabilisateurs de secours de la station aidant, une sorte d’équilibre horizontal vacillant permit à l’agent Mental de récupérer ce qui restait de ses vêtement percés d’impacts de balles. Quel que soit leur état, il valait mieux éviter de se balader pieds nus dans cet enfer de ferraille en pleine destruction ! Un ultime regard au géant qui suintait son gaz vert : sa peau élastique s’étirait à présent sur des côtes saillantes, les yeux étaient révulsés mais il vivait encore, probablement à l’agonie.

Une nouvelle explosion résonna au loin, faisant trembler toute la station, et une balle ensanglantée perça le réservoir à quelques mètres de lui. Elle venait de le traverser. Une seconde lui entra dans la cuisse, le projectile restant à l’intérieur.

Ralato s’effondra, se cherchant un quelconque souffle de ses poumons percés.

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Quentinus15

Acteurs:

Ralato (Raoulito)

Stuffy (Luciole)

Compo: Ian

Montage: Richoult


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Teaser MINI-SERIE 2014 Red Universe !!

Tue, 01 Jul 2014 17:49:00 GMT

En parallèle avec la série hebdomadaire, nous vous offrons cet été, en exclusivité sur les chaines de Saga Audio Compagnie, une mini-série (typée webisodes) dont la diffusion débutera d’ici quelques semaines.

En voici la bande-annonce, amusez-vous bien !

(et pour ceux qui lisent les petites lignes, il y aura en invité surprise: Monsieur Heir himself ! alors ne ratez pas l’évènement de l’été )



RedU T1 Ch14 Ep12

Sun, 29 Jun 2014 23:05:00 GMT

DERNIERE SEMAINE du GRAND CONCOURS RED UNIVERSE (pour la sortie en livres de la saga) Rendez-vous sur Reduniverse.fr pour en savoir plus !

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Une seconde rangée s’enflamma alors que des gardes tentaient d’en évacuer les bidons, l’un d’eux hurla, se roulant par terre, dévoré par les flammes. Monsieur Heir observait la grande entrée du hangar par où le Lieutenant s’était enfui : en un temps record, il venait de retourner complètement la situation ! Désormais le feu dévorait tout et s’étendait, implacable, Hoù poursuivait le fuyard, une nouvelle fois humilié il refusait un nouvel échec, Myan qui se relevait doucement, blessé et des morts, beaucoup de morts éparpillés partout. Quel agent remarquable que ce Ralato Ouli, et de son association avec l’agent Stuffy était né une sorte de « Super-Mental », aux capacités plus que doublées ! C’était vraiment un gâchis de ne pouvoir le compter parmi l’organisation. Il contacta son jeune disciple, l’envoyant à la poursuite de son frère pour lui prêter main forte : il n’était pas du tout certain que le géant prenne le dessus.

Restait la question du contact des Affaires Mentales, Paul, que s’était-il passé ? Heir flairait un coup tordu typiquement Mental, son intuition le poussait à sonder profondément l’esprit de cet homme mort avant l’extinction de l’activité cérébrale : non irriguées, les cellules du cerveau s’éteignaient rapidement, il ne lui restait donc que quelques minutes pour fouiller ce qui pouvait l’être. La dépouille traînait devant lui, l’abdomen sectionné environ à la moitié et une bonne partie des intestins rayonnant autour de la plaie dans une mare de sang.

Une nouvelle déflagration rugie dans son dos, la bouteille d’oxygène d’un des derniers garde combattant l’incendie venait d’exploser, projetant son porteur dans les flammes. Là aussi le temps pressait, et le vieux Souriant le lui rappelait fermement : « Mais que faites-vous ? Il faut mettre tous nos moyens dans l’arrêt de cet incendie et évacuer la plate-forme ! Rappelez vos hommes !

  • C’est hors de question. L’agent Mental doit disparaître, il en sait trop et représente désormais un risque certain !
  • Nous nous en occuperons plus tard, le Nuage de Miel et le Lithium sont la priorité absolue ! Votre petite vengeance personnelle nous aura déjà coûté fort cher et vous devrez en répondre, même vous ! »

Heir ne réagit pas, ne se retournant même pas, pourtant le vieux sentit un étau de haine se refermer sur son esprit, une vague de violence comme il n’en avait jamais rencontré ! La voix du politicien rugit alors dans sa tête : « A QUI pensez-vous parler, vieille chose ? Vous n’ignorez pas mon rang et mon pouvoir, PERSONNE dans les Triades ne l’ignore ! Vos problèmes d’intendance ne me concernent pas, tenez votre boutique, c’est tout ce que j’attends de vous ! » La pression s’accentua, du sang commençait à couler du nez du chef Souriant. « Le Boramol ne protège pas de mes attaques, je peux vous broyer maintenant et personne n’y trouverait à y redire ! SUIS-JE ASSEZ CLAIR ?! »

L’autre se pressait le front contre le sol, des larmes de douleurs glissaient sur son visage, se mélangeant au filet de sang s’échappant de ses narines. Malgré la douleur de sa jambe et la torture infligée à son esprit, il ne criait pas, n’émettait aucun râle. La légendaire force de caractère Souriante, l’indomptabilité commune à ceux de son peuple. Heir était devenu ce qu’il est grâce à cette volonté transmise par sa mère, il avait fait sienne leur force.

La pression se relâcha, laissant le vieux reprendre ses esprits et se refaire une expression contenue. Sans perdre de temps, Heir commença le sondage en profondeur de Paul, au travers des brumes affaiblies mais persistantes du Boramol. Des parties entières du cerveau s’assombrissaient, comme calcinées. Raclant, grattant, arrachant sans douceur toute bribe de souvenir, il reconstituait le puzzle de la réponse à sa question, pour se faire une idée de ce qui était arrivé. Encore une fois il s’agissait du Lieutenant… non, de l’agent Stuffy ! Une implantation Mentale, inscrite dans le subconscient, là où la drogue de protection contre les Mentaux était inopérante. Heir se retira, la mort cérébrale était imminente maintenant et il goûtait peu d’assister à un départ dans la mort et l’oubli.

Pendant ce temps, l’incendie s’étendait. Un seul garde avait survécu, et il se tenait à distance des flammes, préférant porter secours au vieux chef de Triade plutôt que d’aller à une mort certaine. Celui-ci se laissa porter, jetant un œil empli de noirs sous-entendus au politicien. On allait embarquer dans l’orthoptère, et on irait récupérer Myan et Hoù avant de quitter la plate-forme. De toutes façons, l’agent Ouli n’échapperait pas à cet enfer.

Un dernier regard à Paul : une implantation Mentale, une sorte de connexion cérébrale directe depuis un stimulus vers une réaction, branchée ici à partir de la demande explicite d’une cigarette par Ralato à un des plus sombres recoins de la psyché du personnage. Probablement que Stuffy n’avait pas réalisé ce sur quoi il avait mis le doigt en préparant sa manipulation, et la réaction de Paul avait certainement eu de quoi le surprendre.

De toutes façons, Ralato-Stuffy allaient périr vite. Vraiment… quel gâchis.

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Anna

Acteurs:

Mr Heir (Destrokhorne)

Bleknoir (Vieux Souriant)

Compo: Ian

Montage: Richoult


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RedU T1 Ch14 Ep11

Sun, 22 Jun 2014 08:43:00 GMT

GRAND CONCOURS RED UNIVERSE à l’occasion de la sortie en livres de la saga !! Rendez-vous sur Reduniverse.fr pour en savoir plus !

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Heir se plaqua au sol juste avant que les tirs ne débutent mais ses hommes de main n’en eurent pas tous le réflexe : plusieurs s’écroulèrent et le vieux Souriant fût projeté en arrière sous l’impact d’une balle qui lui lacéra la jambe ! Paul hurlait, criait, tirait comme un fou, vidait une moitié de chargeur sur des hommes déjà mort, rechargeait en tapant le sol de ses pieds. Ses yeux étaient exorbités, des filets de bave dégoulinaient sur sa chemise, son visage ravagé de convulsions. Myan, en bas de la fosse, s’était collé contre le mur au pied du tireur fou, de petits geysers d’étincelles constellant le sol devant lui : impossible de sortir à découvert, l’autre vidait ses chargeurs sans retenue. Un coup d’oeil pour voir son frère : celui-ci, impassible comme transparent aux balles, levait sa lourde mitrailleuse d’une main, les tubes commençant à tourner avant de déchaîner l’enfer sur…

« HOÙ DERRIERE TOI, ATTENTION ! »

L’autre se retourna alors que l’arme se mettait à cracher, manquant Paul de peu : entre les piliers géants qui lui servaient de jambes, Ralato se laissait déraper, attrapant deux grenades au passage ! Il les jeta, dégoupillées, sur Myan et les quelques rescapés regroupés dans un même coin de la fosse. Grave erreur. Le géant, handicapé par sa masse et le poids de sa mitrailleuse mis plusieurs précieuses secondes à réagir, se déplaçant, piétinant le sol sous lui pour en chasser Ralato. Dans un mouvement acrobatique parfaitement synchronisé, l’agent Mental s’accrocha au bras du géant, l’utilisant comme appui pour atteindre le tuyau d’oxygène, à l’arrière du masque, qu’il arracha d’un coup sec ! Le temps que Hoù porte sa main libre pour tenter de le replacer, il courait déjà à plat ventre vers la sortie du hangar. Tout le groupe de gardes fût pris dans l’explosion des grenades, seul Myan, qui avait pu l’anticiper, survécu, souffrant de multiples brûlures au bras gauche, encore étourdi à quelques pas de ses malheureux compagnons. Le géant à court d’oxygène arracha le casque d’un des morts, se le plaça et inspira profondément, calmement, malgré la folie autour. Il scanna son frère pour vérifier la gravité de son état, tout en reprenant son souffle. Au-dessus de lui, Paul dégoupilla à son tour deux grenades de la ceinture du garde à ses pieds et les jeta vers les alignements de Nuage de Miel et de Lithium : « LA MUTUALITE VAINCRA !! » .

Le vieux Souriant cria de terreur : le Lithium en lui-même ne devient explosif qu’au contact de molécules d’eau. Par malheur, le Nuage de Miel concentré réagit à la chaleur en une combustion lente, productrice de.. vapeur d’eau et pour mieux dissimuler cette drogue, on avait mélangé les bidons, tous d’apparence identique, malgré les risques d’accident. Dans un premier temps il ne se passa rien, sinon quelques débris s’éparpillant autour du lieu de l’explosion des grenades. Paul ne sût jamais la suite, fauché d’une rafale de la sulfateuse du géant depuis la fosse. Visiblement fou de rage, le gros Souriant ne s’attarda pas plus longtemps et s’élança à la poursuite de Ralato, déjà hors du hangar depuis une bonne minute .

Une énorme déflagration retentit alors dans les stocks de bidon de Lithium : la réaction chimique redoutée s’était enclenchée sur une partie des réserves, provoquant un violent incendie qui allait, de fait, menacer toute la petite station. Allongé sur le sol, le vieux Souriant hurlait des ordres aux quelques gardes survivants pour qu’ils isolent au plus vite des flammes le Lithium toujours intact. Cette station était peu fréquentée et aucun ouvrier n’était présent pour aider. On courait à la catastrophe !

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Myan (Ian)

Paul (Andropovitch)

Bleknoir (Vieux Souriant)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch14 Ep10

Sun, 15 Jun 2014 09:04:00 GMT

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Ralato bouillait. Sa visière s’embrumait sous l’effet de la température dans son casque que le thermostat intégré maintenait difficilement.

De l’amour ? Ce cobra affirmait avoir élevé ce traître de Myan et son monstrueux frère dans un cocon d’amour ? Comment osait-il prétendre avoir transmis ce que seuls une Mère et.. un Père peuvent offrir ? DE QUEL DROIT ?!

Ralato ?! Du calme, mais que t’arrive-t-il à la fin ?! Ce type joue avec toi et tu réagis plus violemment à chacune de ses attaques !

“ On reconnaît les parents à leurs enfants Heir, je vois un traître et un monstre ici ! Et vous, vous n’êtes qu’un assassin !

  • OUI ! Je le reconnais, et VOUS, Lieutenant, VOUS et POFÉUS qu’êtes-vous donc ?! Le sang qui ruisselle de vos mains est-il moins rouge que celui sur les miennes ? Et pensez-vous que votre relation avec l’Amiral soit si différente : je ne crois pas que vous ayez fait tout cela sans un puissant moteur, vous ne vous êtes pas tant compromis pour une histoire de politique ou de hiérarchie militaire. Vous l’aimez votre Amiral, vous l’aimez comme seul un fils peut prétendre aimer un père. Ce que Quartmac n’a pas pu vous transmettre, Poféus l’a complété, l’a même sublimé : il vous a donné le pouvoir de réaliser le monde que vous vouliez Ralato Ouli, mais en échange de votre loyal et indéfectible amour ! ”

Le Contre-Amiral.. un père ? Mais non, pas un père, un… un guide ? Une direction, un… Maître ?

Il continue de nous sonder, et Myan s’y est mis également. Tes barrières vacillent, seules les miennes tiennent encore, mais elles ne sont pas à l’abri d’une faille ! Je t’en supplie, reprend-toi ! Poféus n’est pas ton père, le tien est loin, dans le château de ton enfance, là où tu as grandi avec ton frère et…

  • Je n’y ai passé qu’une petite partie de ma jeune enfance, nos parents étaient trop pressé d’ajouter des Mentaux officiels à la lignée familiale ! Fabio et moi avons été élevés d’abord par Quartmac puis Poféus nous a pris en main ! Mes parents… Et comment Fabio peut-il être blond, hein ? On n’a jamais été blond dans la famille !
  • Mais tu me récites le scénario que nous t’avons infligé dans la cuve sensorielle chez les Mutualistes, Ralato ! Tout était faux ! Ce n’était qu’une illusion tirée de tes souvenirs épars et des dossiers de Quartmac ! D’ailleurs comment il le connaît ce savant ? Je croyais que son existence même était secrète ?
  • Je ne sais pas… J’m’en fou ! Toi qui essayes toujours de me montrer que je suis sur la mauvaise voie, tu n’as rien à ajouter ? Après tout, il a raison : j’ai commis presque tous les crimes pendables existant, j’ai conçu moi-même les opérations les plus retordes, manipulé toute personne que j’ai pu, sauf…
  • Sauf Poféus, vu qu’il est imperméable aux Mentaux. C’est probablement la même chose qui a attiré ton frère chez lui. Mais parler d’amour filial, ce n’est pas exagéré ?
  • Je ne sais plus, merde ! M’ont-ils vraiment mis à l’écart durant la Révolution ? Est-ce que je le suis par intérêt ou pour quelque chose de plus profond ? Mon frère est-il vraiment mon frère ? Il était ma seule…
  • Ta seule famille. Nous y voilà. Je comprends mieux ce qu’il se passe : il est en train de te déstabiliser en passant par les séquelles de l’interrogatoire ! Mais comment peut-il être au courant, c’est QUI ce gars à la fin ?
  • L’interrogatoire ? Qu’est ce que…
  • RALATO, IL A PASSÉ MES DÉFENSES !! ”

Et tel le sifflement de défi du cobra, la voix de Monsieur Heir retentit insidieusement pour la première fois dans la tête de Ralato : “ Bonjour Messieurs, nous n’avons pas été tous présentés je pense, vous êtes..?

  • DÉGAGE ! Ralato est peut-être HS, mais pas MOI !

  • Cette voix, mais vous êtes…?

Silence.

Stuffy venait d’expulser l’intrus de toute la force de sa volonté, et si celui-ci venait pour la première fois de clore ses paupières pour reprendre ses esprits, Ralato flottait, encore secoué par l’impact de l’intrusion, les doutes qui l’assaillaient et la violente réaction de Stuffy. Heir visait à réouvrir cette plaie depuis le début, si Stuffy n’avait pas été présent, c’en serait terminé depuis longtemps et Ralato convolerait joyeusement dans l’équipe du Conseiller.

Le vieux souriant n’avait pas quitté la scène des yeux. Sentant qu’un pas avait été franchi, il interpella son voisin à voix basse, toujours posée.

“ Avez-vous obtenu la réponse à vos questions ? Le temps n’est pas une denrée infinie et nous avons des affaires à mener. Le chargement est prêt, finissons-en. ”

Heir rajusta son masque puis inspira profondément une dernière fois.

“ Oui je le sais bien. De toutes façons j’ai eu la réponse à ma question. Ce n’est malheureusement pas Fabio Ouli à l’intérieur du Lieutenant. C’est un renégat des Forces Mentales, un idéaliste.

On ne pourra l’extirper de son esprit, et il perturbera toutes nos tentatives de déstabilisation. Quel gâchis, on y était presque, mais cette sangsue est restée fixée à l’intérieur. ”

D’un signe à Myan, il fit comprendre que la conversation touchait à sa fin, le jeune Mental Souriant dégaina son arme, tandis que les autres gardes se raidissaient.

“ Lieutenant Ralato Ouli, l’agent Stuffy est d’un grand talent pour avoir réussi à transférer son esprit dans le vôtre. L’inconvénient c’est que je connais ses opinions et je ne peux absolument pas avoir confiance dans un ancien membre du réseau Azala. Je doute qu’on puisse l’extraire de vous, même si vous le désiriez, alors vous m’en voyez désolé, mais je retire ma proposition de collaboration. C’est extrêmement dommage… vraiment.

Un dernier mot peut-être ? ”

Ralato sembla sursauter, comme traversé par une impulsion électrique. D’une voix aux intonations inhabituelles, il répondit : “ Navré Monsieur Heir, Ralato est indisponible, mais moi, l’agent Stuffy, j’ai en effet quelque chose à demander… à Monsieur Paul. ”

L’autre, surpris, croisa le regard de Heir et du vieux souriant, montrant qu’il ne comprenait pas. Déjà un homme armé s’approchait de lui, juste par précaution.

“ Heu… Je suis là, que voulez-vous ?

  • Juste savoir si vous aviez une… cigarette pour moi ? ”

Une goutte de sueur dégoulina du front de Paul, il resta figé, le coeur battant. Des tics apparurent aux coins de ses paupières, tandis que ses doigts se crispaient, se décrispaient, encore et encore, de plus en plus vite. L’homme armé était maintenant juste derrière lui, tout le monde observait les étranges réactions du responsable des affaires Mentales mais, sous Boramol, il ne laissait pas beaucoup d’indices aux Mentaux présents. Soudain Heir écarquilla les yeux et hurla : “ TUEZ LE ! VITE ! ”

Vif comme l’éclair, Paul se retourna un couteau en main et tranchât la gorge du garde à côté de lui ! Lui arrachant son arme automatique il cria de toute la force de ses poumons “ VIVE LA MUTUALITÉ, VIVE LES MUTUALISTES ” et il ouvrit le feu autour de lui !

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Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Stuffy (Luciole)

Ralato (raoulito)

Heir (Destrokhorne)

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RedU T1 Ch14 Ep09

Sun, 08 Jun 2014 16:54:00 GMT

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“ Le Contre-Amiral est un homme de secrets, tout comme moi. Nous nageons dedans depuis le jour où nous avons décidé d’entrer dans ce service. Il n’y a rien de choquant à ce qu’on ne partage pas tout !

  • Ralato, n’entre pas dans son jeu. C’est gros comme une maison, son truc.
  • Alors, Lieutenant, peut-être un petit exemple qui vous concerne ? Disons.. la Révolution Castiks. Allez, dites-moi : vous en souvenez-vous bien ?
  • Votre humour me laisse froid, Heir. ”

Le membre du Conseil de la Révolution souleva un sourcil, accentuant l’expression amusée de son visage, totalement démentie par celle de ses yeux. Un cobra, voilà ce qu’était réellement le Maître .

“ À l’époque, Poféus vous avait confié la mission de faire progresser les idées rebelles dans la population et de saper le moral des troupes Royalistes, tout en grippant l’appareil sécuritaire. Vaste programme, j’en conviens… Par pitié, ne me faites pas cet air de vierge effarouchée, je n’ai porté aucun jugement ! Il était poussé aux fesses ( si je puis me permettre ) par le cabinet du Roi qui voulait donner un grand coup de balais contre la corruption et l’immoralité dans l’administration et l’armée. Comme pas mal de gens ayant des choses à se reprocher, il s’est naturellement retrouvé à se battre contre le système pour sauver sa peau. La différence est que vous, à la Section Mentale, aviez tous les pouvoirs, et que l’Amiral s’en est donc sorti par la très grande porte !

  • Il en sait des choses, celui-là ! Moi, je n’avais que des soupçons sur notre implication durant cette période. Depuis j’ai eu accès à tes souvenirs, mais je ne me souviens pas l’y avoir croisé lors de mes recherches.

  • Evite de me rappeler que tu te balades dans mes souvenirs, d’accord ?

Mais Stuffy avait raison : Heir était parfaitement informé, bien trop ! Jusqu’à quel point la communauté Souriante accumulait-elle des informations, depuis quand Heir préparait-il sa confrontation avec le Contre-Amiral ?

Comment pouvait-il en savoir si long ?

“ Ces informations sont fausses. Je ne peux que vous laisser à votre imagination, si c’est la seule voie que vous me proposez.

  • Pas exactement, Lieutenant. Nous en venons au plus intéressant : votre frère travaillait en étroite collaboration, là encore c’est un euphémisme, avec l’Amiral, sur des sujets bien plus pointus. Vous avez sans doute assisté à ces manipulations d’agents ou de soldats, destinées à les faire trahir ou à les pousser au suicide, n’est-ce pas ? Mais que savez-vous d’évènements majeurs telle la mort du Roi ? Que savez-vous de ces nombreuses périodes où votre frère et Poféus disparaissaient sans laisser de trace ? Aucun des deux ne vous a jamais rien dit. À votre avis, s’agissait-il d’escapades amoureuses ?
  • Cela.. n’a rien d’extraordinaire. Je n’ai pas à le savoir, ça les regarde !
  • Et donc, sur des affaires visiblement bien trop importantes, vous étiez mis de côté par votre chef et votre frère, alors qu’on vous avait confié une mission d’ordre plus “ général ”, histoire peut-être de vous faire débarrasser le plancher, non ?
  • C’est votre interprétation, pas la mienne !
  • Ralato, arrête ! Tu te laisses prendre à son piège !
  • Et quelle peut bien être l’interprétation de celui qui s’est fait trahir par sa famille ? ”

Ralato ?

“ RALATO ?!

  • Oui ? excuse-moi, je..
  • Mais putain, il s’est passé quoi là ? Je t’ai senti décrocher, avalé par ton Moi profond ! RESSAISIS-TOI, BON DIEU ! Pourquoi ce mot t’a touché si profondément ?
  • Je ne sais pas… Peut-être que…
  • Mais ce sont de vieux souvenirs. Je vous avais promis des révélations plus actuelles. Vous voyez, je vous ouvre mes connaissances sans peur ni honte : ce que je sais, ce que j’ignore. À nous deux, nous pourrions ouvrir entièrement le livre des révélations.
  • Souffle profondément, technique d’éclaircissement Mental, niveau deux. Allez mon petit Ralato, tient bon, reviens !
  • Ça va, je suis bien, laisse tomber.
  • Je suis à l’intérieur de toi, tu ne peux me cacher ton état. Notre situation ne permet pas le moindre relâchement ! Regarde, déjà les visages se tournent vers nous. Interviens, dis n’importe quoi.
  • Je collabore… mal avec des armes pointées sur moi. Sans parler de vos deux élèves Mentaux qui n’attendent que… de me griller les neurones.”

Un petit regard vers Myan, le jeune traître. Lui, son frère et Heir formaient une équipe quasiment invincible.

“ Oui, tout à fait ! Mai Rui Ian et Hòu Niǎo, deux frères, mais hélas pas comme vous et Fabio. Je les ai élevés ensemble, ce qui en fait des frères d’armes en quelque sorte. Vous êtes toujours les seuls de toute l’Humanité à être des Mentaux apparentés, je vous rassure. Quel regret de ne pas vous avoir eu sous mon aile alors que vous étiez plus jeunes. Ce sera une de mes grandes déceptions.

  • Ne vous inquiétez pas pour nous, on a eu d’excellents professeurs. Et puis je préfère ne pas ressembler au bibendum devant moi… ”

Le géant rumina. Bien que muet, il grognait volontiers à qui voulait l’entendre, et son regard, même différent de celui de Heir, n’en était pas moins extrêmement agressif.

“ Ne l’énervez pas, il peut être très “ soupe au lait ” et déteste avoir à porter ces masques respiratoires : il se sent comme oppressé. Hòu était un enfant Mental mourant quand je l’ai recueilli. Affamé, rachitique, très gravement blessé, il était condamné à mourir dans l’agonie…

Que savez-vous du Nuage de Miel, Monsieur le Lieutenant Ralato Ouli ? Une spécialité Souriante dont l’histoire sillonne jusqu’aux premières années d’exploitation de Talbot…

  • C’est un narcotique contenant un dérivé d’oxyde de Lithium et plusieurs autres ingrédients inconnus. Il est extrêmement dangereux à forte dose et entraîne une addiction. D’où son interdiction, même s’il est évident que c’est la communauté Souriante qui en est productrice pour la majeure partie.
  • Bravo ! En effet, une des utilisations du Nuage de Miel est de devenir cette drogue que vous avez croisée dernièrement dans la Maison des Plaisirs. Mais au fur et à mesure de son exploitation, d’autres versions, plus… intéressantes, ont vu le jour. Et Hòu est l’heureux expérimentateur de mes derniers petits raffinements personnels. Il a survécu, forci et est devenu le puissant guerrier Mental que vous avez déjà affronté. Le sceau qu’il doit porter est le seul revers à cette médaille.
  • Vous formez les Mentaux, Heir ? Etonnant qu’un néophyte tel que vous puisse prétendre à ce rôle. Et vous, qui vous a donc formé ?
  • Vous n’apprendrez pas tout aujourd’hui, Lieutenant. Disons seulement que la communauté Souriante y est pour beaucoup.

Alors, vous ai-je au moins montré des preuves de bonne volonté ? Acceptez-vous de laisser une chance à notre collaboration ? ”

Bon, le Nuage de Miel permet pleins de choses, d’accord. Les Souriants ont une sorte de “ Section des Affaires Mentales ” à eux, okay, pourquoi pas ? Heir est un arriviste qui a réussi et me tient en joue dans l’espoir de me retourner contre Poféus, c’est somme toute assez logique.

Les pièces du puzzle s’emboîtent très bien, continue, pense, fait fonctionner ta machine interne. Il reste une question centrale, vas-y, ne lâche pas !

  • Pourquoi avoir éliminé ces Mentaux et leurs accompagnateurs, alors ? Et ne me dites pas que c’était pour le plaisir de nous rencontrer !
  • C’est entre Poféus et moi. J’étais personnellement présent à la mort de chacun d’entre eux, avec Myan, comme vous pouvez vous en douter. Croyez bien que cela ne m’enchante guère d’organiser et d’exécuter ce genre de… choses, mais je suis certain que vous avez noté combien l’Amiral était, lui, resté parfaitement stoïque face à ce carnage dans les rangs de ses hommes.
  • C’est le prix de l’efficacité.
  • C’est le prix de l’égoïsme, oui ! Il utilise les Affaires Mentales pour ses propres ambitions, et il a presque obtenu ce qu’il voulait ! Je suis le SEUL obstacle entre lui et le pouvoir suprême, et la lutte entre nous deux est et sera sans merci.
  • Et après, vous prétendez être différent ? ”

Pour la première fois, le regard de Monsieur Heir s’adoucit. Il regardait le géant et le jeune Mental Souriant, ses élèves.

“ Moi, j’ai formé ces enfants, je les ai vu grandir et je n’ai jamais arrêté de leur offrir… ce qui se rapproche le plus de l’amour d’un père. Et ÇÀ, Lieutenant Ralato, çà c’est différent de ce que Poféus pourra jamais offrir à vous, à votre frère, ou à qui que ce soit ! ”

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Icaryon

Acteurs:

Stuffy (Luciole)

Ralato (raoulito)

Heir (Destrokhorne)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch14 Ep08

Sun, 01 Jun 2014 09:39:00 GMT

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Le Maître restait impassible, fixant son dur regard vers le fond de la fosse, sur le Lieutenant. Pourtant, ses véritables actions ne se révélaient pas à l’œil nu, et Stuffy en témoignait :

“ Il nous sonde, je sens des tentatives d’intrusions sur nos barrières. Un peu comme s’il cherchait un passage. Il nous prend pour des blancs-becs ou quoi ?

  • Ça reste très subtil, nous sommes rompus à cet exercice mais tout Mental n’y est pas forcement bien préparé. Il a de la puissance et de la finesse, QUI peut avoir entrainé un type comme cela ?
  • Peut-être que les Souriants entretiennent secrètement un savoir Mental depuis des siècles. Mais ce type n’est PAS de leur culture, comment se fait-il qu’ils l’aient accepté ? ”

Le silence pesant perdurait. Seuls les adeptes des techniques psychiques pouvaient ressentir ce qui se passait en réalité. A côté du Maître, Paul ne disait rien, tenu à l’écart du duel invisible, mais il se sentait gêné, mal à l’aise. On le faisait assister à l’interrogatoire et à la détention d’un agent haut placé de son redoutable service. Il aurait préféré ignorer ce que ses yeux lui montraient, car si cela tournait mal, il devrait être capable de mentir aux inspecteurs Mentaux qui viendraient immanquablement enquêter. Une autre paire de manche.

L’homme aux yeux noir cilla, probablement perplexe devant l’échec de ses tentatives d’infiltration dans l’esprit de l’assistant de Poféus.

“ Lieutenant Ralato Ouli, vos défenses sont parfaites. Je n’en attendais pas moins de quelqu’un de votre envergure. Voyez-vous, vous êtes actuellement invité en ces lieux pour une simple discussion, rien que de très ordinaire donc. L’étonnante information transmise par Myan n’était pas spécialement à l’ordre du jour, mais j’apprécierais si vous pouviez m’en dire plus.

  • Qui êtes-vous ? ” Répondit sèchement Ralato, peut enclin à entamer une gentille discussion, entouré d’hommes en armes le tenant en joue. L’autre se fendit d’un faux sourire alors que son regard, lui, était toujours glaçant.

“ Mais où avais-je la tête ? Les révélations de Myan m’en font oublier les bonnes manières. Nous avons des connaissances en commun, Lieutenant, à commencer par votre cher Contre-Amiral que j’ai eu le plaisir de rencontrer il y a quelque temps. Je me nomme Heir, Monsieur Heir, membre du Conseil de la Révolution, et ennemi intime du Ministre de la sécurité. ”

Monsieur Heir ?

Le fameux postulant au titre de Chancelier suprême ? Ralato laissait la haute politique à Poféus, mais il ne s’en tenait pas moins informé. Ce type était parti de pas grand-chose et avait bâti une fortune et un énorme réseau d’influence. Son dernier grand succès, d’après ce qu’en savait le Lieutenant était… un soutien sans faille et officiel des puissants conglomérats de Talbot quand à son élection au poste suprême.

“ Et c’est un Mental très puissant, profondément lié aux Triades Souriantes. Le puzzle commence à se compléter. ”

Stuffy avait raison : pour un Mental puissant et habile, à fortiori soutenu par toute une communauté soudée et prospère, cette miraculeuse ascension sociale n’était plus impossible, surtout après la déferlante de la Révolution Castiks, période propice aux aventuriers de tout poil.

“ Je vous connais de nom. Que voulez-vous ?

  • Je veux parler avec vous de votre avenir, Lieutenant. La situation de Poféus est extrêmement précaire, en tant que Chef de tout l’appareil sécuritaire et militaire, il a su développer plus de… crainte et de ressentiment dans la population qu’il ne le pense. Il est dommage que vous ayez été capturé par les Mutualistes durant ces derniers mois, vous vous en seriez forcément rendu compte. ” Heir marqua une pause. Ses pupilles noires n’avaient pas bougé d’un millimètre depuis le début de leur conversation, et Ralato ne se souvenait pas l’avoir vu ne serait-ce que cligner des paupières.

“ J’espère d’ailleurs que vous vous en êtes bien remis. on dit que leurs interrogatoires sont très… déstabilisants.

  • Vous connaissez des Mutualistes, Monsieur Heir ?
  • Je n’en sais que ce que mes réseaux en savent, Agent Ralato, ils ne sont qu’une résultante supplémentaire du rejet de Poféus et de ce qu’il représente. Mais puisque vous parlez de connaissances, vous seriez surpris de toutes celles que vous pourriez partager avec moi si vous… me rejoigniez dans mon projet.
  • Je vous demande pardon ?
  • Poféus ne serait pas ce qu’il est devenu sans vous ou votre frère ! Reconnaissez-le honnêtement, ce serait une insulte à mon intelligence dans le cas contraire. Je vous propose de vous mettre de mon côté : je suis également partisan d’une société fermement contrôlée mais, contrairement au Contre-Amiral, je ne le fais ni à cause de mes troubles obsessionnels, ni par plaisir. Et, dernière différence, je ne mens pas à mes collaborateurs, je leur suis dévoué comme eux le sont envers moi… Rejoignez mon réseau et vous découvrirez tout ce qu’IL vous a caché par le passé, tout ce qu’IL vous dissimule dans le présent, et quels sont ses VÉRITABLES plans pour l’avenir !

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Raoulito

Acteurs:

Stuffy (Luciole)

Ralato (raoulito)

Heir (Destrokhorne)

Compo: Ian

Montage: Destrokhorne


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RedU T1 Ch14 Ep07

Sun, 25 May 2014 17:59:00 GMT

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Au-dessus de la mer de nuages, quatre passagers d’un orthoptère civil se faisaient face, au travers des vitres de leurs masques respiratoires. Myan tenait toujours Ralato en joue, ne le lâchant pas du regard, tandis que le vieux Souriant restait impassible, en position d’attente. À la droite du Lieutenant, Paul somnolait, les bras croisés. De toutes les trahisons, l’officier de MaterOne ne retenait que celle du Jeune Mental. Ils avaient passé ensemble trois semaines à bord du cargo de transport qui les avait amené sur Tb-01, les entrainements Mentaux y avaient été fréquents et, à aucun moment, Myan n’avait laissé transparaitre le moindre élément qui puisse conduire à le soupçonner. Stuffy poursuivait les mêmes réflexions de son coté, malheureusement l’étendue de la traitrise laissait pantois.“ Cela porte bien plus loin encore : les vérifications de sécurité, les sélections draconiennes de nos agents, leurs évaluations… Il a tout biaisé. Ce petit Souriant a réussi à tromper la totalité de la section Mentale depuis, au moins, plusieurs années, peut-être même plus si ça se trouve. Quand je pense au mal que j’avais eu pour cacher mon propre double jeu, je n’en reviens pas de l’exploit de ce gamin ! ”

Ralato croisa le regard du garçon face à lui.

“ Une seule question. Depuis quand ? ”

Celui-ci laissa s’agrandir encore plus le légendaire sourire de sa communauté. Il s’installa plus confortablement encore, croisant les jambes, puis répondit calmement : “ Mais depuis toujours Lieutenant. J’ai été choisi, élevé et formé dans le seul but d’intégrer la section des Affaires Mentales. C’est l’objectif de mon existence, et ce, depuis ma naissance. Mon Maître m’a préparé à cela, et je lui en suis très reconnaissant.

  • Et qui est-ce ?
  • Tss, tss, tss ! Une seule question, avez-vous dit. Nous en resterons là, de toute façon vous aurez vos réponses bien assez tôt.”

Ralato serra les dents, préférant perdre son regard dans l’infini multicolore oscillant sous le vaisseau. Depuis… toujours ?

“ Ralato, depuis le début nous cherchons qui a pu réussir le carnage dans nos rangs. Il fallait quelqu’un qui puisse connaitre l’identité des Mentaux, leurs destinations, les approcher sans éveiller leurs soupçons. Et qui de mieux…

  • …Que le petit novice, celui qui a du mal, qui apprend. Le jeune qu’on prend facilement sous son aile ?
  • C’est lui Ralato. C’est Myan qui est responsable de la mort de tous nos camarades.
  • Et l’opération au quartier des Souriants, il a pu facilement être informé et il a prévenu ses complices, c’est pour cela que l’on était attendu ! Et l’attentat aux quais, c’est aussi lui qui nous a protégé avant même que les premiers coups ne pleuvent. Son objectif n’était alors que d’éliminer les autres.
  • Quand je pense que même à l’Université Mentale, il a réussi à jouer un double jeu pendant des années. On s’est fait avoir à un point incroyable ! Sous son air gentillet, c’est sans aucun doute un des Mentaux les plus habiles et les plus redoutables qu’il m’ait jamais été donné de rencontrer ! ”

Le Lieutenant acquiesça. Le recrutement de Myan s’était effectué à sa douzième année, cela voulait dire que son “ Maître ” lui avait fait subir un entrainement d’un niveau inégalé, alors que l’autre n’était encore qu’un nourrisson ou un enfant. C’était insensé.

Un grognement le sortit de ses pensées, Paul se réveillait. Il s’étira, baillant aux corneilles, massant son cou douloureux, puis jeta un œil par le hublot. D’un hochement de la tête pour les autres passagers, il informa que l’on arrivait à destination.

L’orthoptère approchait d’une station de pompage, flottant au milieu de la mer de nuages. Elle n’était pas abritée sous un dôme protecteur, le port des masques y sera donc indispensable. L’ensemble était grand comme un pâté de maison, une petite dizaine de hangars, une usine simplifiée de traitement du Lithium et une bâtisse pour les ouvriers d’astreinte. L’appareil se posa sur la plateforme externe principale, laissant descendre ses passagers. Le petit groupe chemina jusqu’à un hangar proche et s’y sépara, Myan et Ralato pénétrant seuls par la grande porte. Le sol en pente douce les entrainait dans une grande fosse bétonnée que l’on devinait destinée aux chargements. D’ailleurs, de multiples bidons étaient entreposés sur la partie supérieure. Une arène, voilà où l’on était.

“ Ouais, ou son équivalent bricolé sur place en tout cas. Je compte quatre types armés au-dessus, en plus du vieux et de Paul. Devant nous, au fond, il y en a également trois autres et.. Putain pas lui ! ”

Le géant souriant les attendait, au fond de la fosse, les yeux plus plissés que jamais dans ses paupières bouffies de graisse. Malgré son masque, on devinait toujours cet étrange symbole lui scellant la bouche. Cette fois il avait abandonné le costume-cravate pour une tenue kaki plus adaptée à ses mensurations, des grenades étaient accrochées à sa ceinture et il tenait à bout de bras une mitrailleuse lourde, normalement conçue pour être utilisée sur trépied, mais qui semblait lui convenir à merveille.

“ Vous connaissez mon frère Hòu niǎo, je crois ? Ça signifie oiseau migrateur dans votre langue, je trouve qu’il porte bien son nom. Lança sournoisement Myan.

  • On a déjà été présenté en effet. Il a bronzé non ?
  • Cette nouvelle touche d’humour vous va bien, mon Lieutenant, j’espère que nous n’aurons pas à vous tuer aujourd’hui. Sur ce, je n’ai plus besoin de vous surveiller, Hòu s’en occupera. ” Et il s’éloigna, rejoignant les trois hommes sur la gauche qui semblaient particulièrement heureux de le retrouver, comme un vieil ami revenant au pays. Ralato réfléchissait à une solution pour se sortir de ce guêpier, Stuffy suggéra une stratégie improvisée :

“ Le géant nous tient en joue, mais on peut considérer qu’il faudra au moins quatre à cinq secondes pour que sa sulfateuse arrose la zone. On a une ouverture de ce côté.

  • Mais les autres ne nous rateraient pas, non, il nous faudrait une diversion. Sans compter qu’on peut être certain que Myan et son frère nous fusilleront immédiatement d’un scan Mental. Les deux en même temps, ce sera dur de résister.
  • Les bidons stockés au fond débordent de Lithium, non ? On pourrait… Heu, Ralato, tu sens ça ?
  • Un très puissant Mental approche. Il a ses barrières montées et, malgré tout, on arrive à sentir sa force. C’est comme… un feu qui chaufferait derrière un mur. On peut supposer que c’est l’heure de la rencontre avec le Maître. ”

Déjà Myan mettait ses hommes au garde à vous et Paul, ainsi que le vieux Souriant se tournaient pour accueillir quelqu’un. Seul le géant restait impassible, concentré. Le jeune Mental exultait :

“ Maître ? C’est un plaisir de vous retrouver. Notre plan a fonctionné, il est ici ! ”

  • Un homme inconnu de Ralato s’arrêta net au bord de la fosse, c’était sans aucun doute de lui qu’émanaient la puissante aura Mentale. Il était grand, pas très vieux, le visage un peu aminci par une barbiche noire et des cheveux gominés. Ses yeux étaient d’un noir de jais, perçants, terrorisants qui les croisait.

“ Maître, j’ai remarqué à plusieurs reprises quelque chose d’anormal le concernant. Tout porte à croire qu’il y aurait… deux consciences actives à l’intérieur de son crâne.

  • Es-tu sûr de toi, Myan ?
  • Deux scans actifs distincts, deux pensées dialoguant simultanément et comme l’avait rapporté Hòu, une étonnante capacité à réaliser plusieurs actions en même temps. Oui Maître, il y a deux personnes face à nous : le Lieutenant Ralato et… quelqu’un d’autre. ”

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Raoulito

Acteurs:

Stuffy (Luciole)

Myan (Ian)

Ralato (raoulito)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch14 Ep06

Sat, 17 May 2014 22:59:00 GMT

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“ Revenez Amiral. ”

Poféus eût un sursaut, revenant à la réalité. Il était installé dans un fauteuil de cuir noir, face aux petites flammes dansantes de l’âtre de la cheminée dans le discret salon juxtaposé à son bureau du ministère. Le fauteuil de sa vis à vis était légèrement en retrait, décalé pour éviter qu’il ne croise trop souvent son regard, mais sa voix au timbre si travaillé semblait parler directement à son esprit, une sensation proche de celle que l’on ressentirait si l’on parlait avec un Mental.“ Vous venez de faire à nouveau l’expérience de fuite dans votre passé n’est-ce pas ?

  • En effet. Je… suis-je ici… depuis longtemps ?
  • A peine quelques minutes Amiral. Rassurez-vous ce fût très court. Vous veniez de rentrer d’une importante réunion d’après vos dires et je vous demandais, en préalable, si je pouvais pour nommer dorénavant par votre prénom. Cela pourrait aider à réveiller des souvenirs enfouis.
  • Je ne suis pas certain de vouloir les réveiller devant vous, Madame Rorré… ”

Silence, aucune réponse.

Le feu crépitait, diffusant une douche chaleur dans ce lieu calme, comme éloigné de tout. Calande Rorré, psychiatre renommée sur la place de MaterOne Centrum, au talent reconnu sur toute la planète, elle était sa praticienne et lui, son patient. Les attentats Mutualistes, le redoutable Monsieur Heir, ou son plan d’accession au poste de Chancelier suprême, tout réclamait une profonde concentration de tous les instants. Le Contre-Amiral Poféus s’était donc résolu à faire appel à cette femme pour le soigner de ce mal qui le plongeait de plus en plus souvent dans les méandres de son passé, le déconnectant entièrement de la réalité, où qu’il se trouve et quoi qu’il fasse.

Elle ne disait toujours rien, attentive, le laissant à nouveau face à ses propres décisions. Avait-il le choix de la rejeter ?

“ Bon allez-y… Calande. après tout, vous êtes le médecin et nous somme sen consultation.

  • Très juste, Angilbe. Alors pour commencer, pouvez-vous placer dans le temps les premières apparitions de vos symptômes ? Evidement nous conviendrons que la réponse ne peut être qu’approximative, compte tenu que vous n’en avez pas toujours le souvenir.
  • Il y a plusieurs mois, c’était lors du départ de l’Exode, pour autant que je m’en souvienne. ”

La psychiatre griffonna les premières informations sur un petit carnet qu’elle posa sur ses genoux, prenant délicatement la tasse de thé bouillant posée à ses cotés. Elle laissa glisser deux sucres, puis les y fit fondre lentement, remuant silencieusement la petite cuillère.

Quand est-ce que cela avait été commandé ? Il n’en avait aucun souvenir, par contre, il se souvenait de ce parfum émanant de la tasse. Il avait déjà marqué leur premier rendez-vous.

“ Vous êtes amatrice de thé au Jasmin ?

  • De thé en général, mais j’avoue avoir un faible sur cette saveur en particulier. ”

Elle tourna encore quelques secondes la cuillère, puis dégusta du bout des lèvres le liquide fumant. Une tradition Brune, c’était la culture de son peuple.

“ Mmhhmm, quelle réussite. Vraiment il faudra que je félicite personnellement la personne qui le prépare dans votre ministère. Savez-vous que ma thèse de doctorat portait sur l’impact psychologique et culturel du thé ?

  • Le thé a une psychologie ?
  • Non, je parle de son impact sur la psyché des populations. Par exemple, un des rois de MaterOne, Silvertone II, est devenu fou suite à une perte de millions de graines de théier. Il semble également que parmi les premières reliques trouvées lors des fouilles des anciens cimetières pré-royauté figuraient des théières.
  • Je vous rappelle que l’archéologie est formellement encadrée, faites attention à ce que vous dites devant moi, Docteur.
  • Je ne parle pas d’archéologie, Angilbe, je parle de thé. Simplement de thé. Je voulais que vous notiez la similitude entre votre cas et l’histoire culturelle de cette boisson. Des deux cotés ils suivent l’Histoire en général, sont marqués de points forts et on a du mal à les dater.
  • Je ne vous suis pas.
  • Je pense que vous avez des absences depuis plus longtemps que ces derniers mois. Beaucoup plus longtemps. N’en aviez-vous pas lors de votre accident, celui qui vous a valu cette cicatrice au-dessus de l’oreille droite ?
  • Je.. heu.. Je l’ignore.
  • Pourtant nous pourrions nous demander si des lésions ne seraient pas responsable de ce que vous vivez depuis. Que s’était-il passé ?
  • C’est une information classée secrète, je ne peux en parler avec vous… Désolé… Calande. ”

L’accident sur le satellite militaire, celui qui avait couté la vie à de nombreux généraux, celui où le professeur Quartmac avait contracté son cancer, où Poféus était devenu transparent aux pouvoirs des Mentaux !

“ Les meilleurs praticiens de l’époque avaient procédé à des analyses et rien n’était apparu.

  • Les techniques d’analyses ont évolué ces dernières années, aviez-vous connu une période d’inconscience à la suite de cet accident ?
  • Oui, de… plusieurs semaines. ”

Le Contre-Amiral n’osait plus dire un mot. Toute la situation tournait au tragique : s’il s’agissait de séquelles liés à sa faculté de déjouer les pouvoirs Mentaux, devrait-il choisir entre elle ou ses pertes de réalité ? Pire : et si ce n’étaient que les prémices de l’apparition d’un oedème qui le tuera comme Quartmac ?

Calande griffonna quelques mots sur un papier puis le détacha du carnet, le posant sur la table : “ Angilbe, je sais que votre situation requière une confidentialité absolue, mais voici un examen que je voudrais que vous pratiquiez. J’ignore où et comment vous le ferez, je ne peux que vous conseiller quelques collègues de confiance dont j’ai également écrit le nom sur la feuille. Pensez-vous avoir la possibilité de l’effectuer d’ici notre prochaine séance ?

  • Sans doute. Si vous estimez cela important alors je trouverais une solution.
  • Ce n’est peut-être rien, disons qu’avant de creuser des raisons psychologiques nous avons besoin d’évacuer les raisons physiologiques. Une dernière question: y a-t-il d’autres évènement majeurs dans votre vie qui sont comparables à celui-ci. Je parle de moments où vous avez physiquement été mis en danger, où votre conscience a vacillé. ”

Poféus respira profondément, sa main s’était remise à trembler. Hô oui, il y avait des moments comparables, mais pouvait-il en parler ?

“ Oui, comme tout le monde sans doute ” Balbutia-t-il en serrant les accoudoirs de son fauteuil. Il sentait un remue-ménage lui tourner la tête, comme un cyclone qui prendrait forme depuis le fin fond de ses souvenirs, emportant tout sur son passage !

Noir et silence…

“ Angilbe, Amiral ! ”

Il ouvrit les yeux. Il était allongé sur le sol, Calande, à ses cotés, lui tenait la main.

“Que s’est-il passé? Pourquoi suis-je par terre ?

  • Je ne suis pas certaine : soit vous avez touché un souvenir enfoui très violent qui a submergé votre psyché, soit votre accident a laissé des séquelles qui s’alourdissent avec le temps. Navré de n’avoir d’autre réponse à vous apporter. Pouvez-vous vous assoir ? ”

Elle l’aida à retourner dans son fauteuil, lui prit le pouls, observa ses pupilles.

“ Vous semblez aller mieux, espérons qu’il ne s’agissait que d’un choc émotif.

  • Je ne me souviens de rien.
  • Il est rare de se souvenir d’une perte de conscience. Rassurez-vous, c’est tout à fait normal.
  • Le secret doit être absolu sur ce qui vient de se passer, Docteur, n’informez personne, pas même mes domestiques ou mes assistants ! ”

Elle rangea les quelques instruments dans sa sacoche, puis se dressa aussi haut, devant le Ministre de la Sécurité, que sa petite taille le lui permit.

“ Soit, Amiral, alors faites-moi cet examen au plus tôt. ”

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Anna

Acteurs:

Coupie (Calande Rorré)

Pof (Poféus)

Compo: Ian

Montage: Richoult


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Report Red Universe Spécial 2014

Wed, 14 May 2014 07:30:00 GMT

Bonjour à tous,

Contrairement à ce qui a été annoncé durant les derniers mois, le Spécial Red Universe 2014, qui devait être diffusé durant le 27/24 de Podradio en Août prochain, est reporté pour la période de Noël 2014. L’évènement sera d’ampleur, il clôturera le cycle des « Révolution Castiks » vu sous l’angle de la Royauté.

Bien évidement cela ne modifiera en rien la diffusion hebdomadaire de votre série qui, elle, se poursuivra normalement, avec une pause habituelle de deux semaines entre les chapitres 14 et 15. J’en profite d’ailleurs pour annoncer le retour à l’Exode dans un cycle dédié à la Passe de Magellone.

Toute l’équipe de Red Universe s’en excuse platement, des raisons de logistique en sont la cause. Vous pouvez (ré)écouter les Spéciaux précédents ( 2011 et 2012 ) sur

http://reduniverse.fr/chapitres/

bien à vous,

Raoolito



RedU T1 Ch14 Ep05

Sun, 11 May 2014 10:07:00 GMT

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MaterOne Centrum, Haut Palais de la Révolution, ancienne résidence d’hiver des Rois. La grande salle où se tenait le Conseil de la Révolution était toujours ornée de l’immense statue représentant un ange porteur d’un rameau, le symbole antique de l’unité de MaterOne devant lequel des générations de dévots s’étaient agenouillés pour une prière muette. Depuis l’ouragan de la Révolution, cette coutume était tombée en disgrâce, entrainant même la suspicion d’une nostalgie de l’ancien régime, mais on avait laissé à sa place le monument qui dominait donc, de fait, toutes les réunions.

“… Ce qui nous amène à penser que la pénurie de Lithium n’est que la face émergée d’une baisse générale de la production de toutes les matières premières. J’en appelle donc au Conseil pour légiférer dans le sens d’une mise en place d’un plan global d’économie de la consommation de matière première que ce soit pour les constructions non essentielles, les transports et pourquoi pas la production de biens elle-même.”

Les treize membres du Conseil rapportaient l’une après l’autre les nouvelles et les propositions relatives à leur ministère, chacun cédant la parole à son voisin de droite en un tour complet de la grande table circulaire. Le responsable de la reconstruction venait de terminer son allocution et le Président de l’Assemblée demanda si un membre voulait prendre la parole ou donner son avis. L’homme était un vieil économiste connu du temps de la Royauté pour certains algorithmes facilitant les prévisions boursières, ce qui lui avait valu de prestigieuses distinctions et une notoriété de sagesse. On le désigna donc naturellement comme seul capable d’assurer cette nouvelle fonction toute honorifique, fille de la Révolution : il était la dernière roue du carrosse, et serait le premier à céder sa place dès que l’on aura nommé le futur Chancelier suprême. Le ministre de l’économie s’interrogea sur la pertinence de risquer une déstabilisation de la courbe flatteuse de croissance et de ses répercutions sur les placements financiers qui, gageait-il, n’allaient pas manquer d’en supporter les revers. C’était une évidence, mais comment entretenir cette croissance sans matière première aussi essentielle que le Lithium ou le Titane ? De toutes façons, l’intervenant ne faisait que pousser son champion, le Contre-Amiral Poféus, tranquillement installé les bras croisés, attendant humblement son tour.

Le vieux président grogna dans sa moustache, visiblement l’absence de Monsieur Heir aux dernières réunions laissait ses partisans esseulés, comme s’il les guidait de par sa seule présence. Autour de la table, la symétrie du rapport de force parmi les membres présents laissait deviner, pour toute personne lucide, que le poste de Chancelier suprême allait revenir à Poféus ou à Heir. Et surtout qu’aucune pitié ne serait accordée à ceux qui s’étaient trompés de poulain. Il décida donc de donner un petit avantage au challenger présent :

“ Contre Amiral, du coté de vos services de sécurité, avez-vous des informations concernant cette pénurie générale ? Vous pourriez nous les faire partager peut-être ?

  • Non, je n’en ai aucune. Ce n’est pas de mon ressort.
  • Vous êtes trop occupé à compter les attentats Mutualistes dans nos villes, Contre-Amiral ? On en compte cinq, rien que ce mois-ci, sur toute la planète, dont celle du fameux centre commercial de Nacala qui a couté des dizaines de vies ! Intervint, acide, le responsable de la reconstruction. Nous avons dû faire pression sur de nombreuses agences de presse pour éviter que l’information ne se diffuse, et pourtant on la murmure dans la rue, à voix basse.
  • Comment savez-vous ce qu’elle murmure cette rue, trop occupé à compter les dividendes de vos sociétés qui s’enrichissent grâce à ces marchés si facilement obtenus ? ” Contra un Poféus peut enclin à se laisser atteindre par ce nabot à la solde de son ennemi. S’il le fallait il sortirait au grand jour les dossiers qu’il possédait sur chacun de ces types et leur faire demander grâce, lynchés par une foule haineuse ! “ Mes services progressent contre les Mutualistes et c’est justement parce qu’ils sont acculés qu’ils n’en sont que plus virulents et dangereux ! ” C’était un peu vrai, même s’il fallait relativiser le nombre d’arrestations opérées, vu que l’on ignorait le nombre réel d’activistes de ce mouvement. Poféus n’était pas un idiot, il connaissait l’utilité d’avoir ce genre d’ennemis fantômes, les membres du conseils n’en dormaient pas la nuit, terrorisés à l’idée d’être la prochaine cible de l’organisation.

“ Messieurs, il suffit ! Contre-Amiral, si vous n’avez rien à rajouter je propose d’ajourner pour aujourd’hui, nous reprendrons la réunion demain matin à dix heures. Bonne journée donc et à demain.” Conclu subitement le Président, à la surprise des ministre présents. Quelques minutes plus tard, il croisa le Ministre de la sécurité devant un des ascenseurs et lui proposa nonchalamment de partager le réduit pour rejoindre le parking souterrain où les attendaient les véhicules officiels. La porte coulissa, les isolant de l’extérieur. Immédiatement le vieil homme interpella son voisin : “ Ne refaites jamais cela dans une de nos séances Poféus ! Vos luttes de pouvoir avec Heir vous mèneront peut-être au poste de Chancelier, mais d’ici là, je suis le Chef de l’Etat et le Président du Conseil, et à ce titre, je refuse que les affaires de MaterOne soient d’une manière ou d’une autre perturbées par ces luttes intestines, me suis-je bien fait comprendre ?!

  • Monsieur le Président, je n’ai fait que me défendre contre d’ignobles accusations.
  • En prouvant que vous espionnez tout le monde avec efficacité et que vous êtes prêt à jeter aux chiens les réputations de ceux qui vous font face ? Ne vous étonnez pas de la montée irrépressible de Heir, il corrompt les hommes mais ne les menace pas !
  • C’est une question de point de vue.
  • Alors je vais vous donner un conseil, Poféus : des rumeurs tenaces racontent un carnage dans vos rangs, on parle de charnier, d’opérations de vengeance dans le quartier Souriant de MaterOne. Vous savez que le Lithium nous manque, MaterOne n’a pas besoin d’un soulèvement de ceux qui produise ce Lithium ! Mettez fin à tout cela, et sans faire de vague, sinon je serais prêt à offrir moi-même les clefs de votre bureau à Heir. Suis-je assez clair ?! ”

Le Contre-Amiral ne répondit pas, notant juste qu’il faudra se débarrasser de ce vieux fou plus vite que prévu. L’ascenseur descellera doucement, les portes s’ouvrirent, et, le regard noir, le Président du Conseil entra dans le parking souterrain, immédiatement entouré par une haie de gardes du corps tandis que les gyrophares allumés, des motards s’élancèrent vers la sortie, précédant le convoi présidentiel.


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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Quentinus15

Acteurs:

Raoolito (Ministre de la reconstruction)

Destrokhorne (Président du Conseil)

Pof (Poféus)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch14 Ep04

Sun, 04 May 2014 09:52:00 GMT

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La décoration intérieure du Consortium rutilait de dorures et de richesses : un grand escalier de bois précieux guidait les nouveaux venus vers d’éclatants ascenseurs larges comme des salons. De magnifiques hôtesses escortaient les invités au travers des couloirs du bâtiment de verre, baignant dans la sublime lumière extérieure de la nébuleuse. Les uniformes des employés qu’ils croisaient tenaient plus du smoking que du costume fonctionnel mais une chose toute autre le surprenait particulièrement : “ Aucun garde nulle part. Pas un vigile, tout juste quelques caméras mais elles ne semblent aboutir que dans les bureaux de l’accueil

  • Je connais les Souriants, ils n’ont pas besoin de ces artifices, ici tout le monde renseigne tout le monde. Et puis quand tu travailles pour une société si riche qui s’occupe de tout pour toi, te paye certainement bien et qu’à sa tête se trouve une puissante Triade, quel intérêt aurait-on à poser des problèmes ? ” La connaissance de la culture Souriante de Stuffy ne cessait d’impressionner le Lieutenant, mais dans l’immédiat, il sentait surtout le danger transpirant derrière chaque recoin.

“ Donc on a peu de chance de trouver quelqu’un pour nous aider en cas de coup dur ?

  • Aucune pour être exact. ”

Quelle poisse. Myan et lui ne feraient pas long feu si le gros géant apparaissait avec une dizaine d’hommes de main ou pire, un second monstre Mental ! Quand on pense que la communauté Souriante de Talbot vivait aux crochets de toute la société humaine qui lui achetait son Lithium sans compter. Cette richesse corrompait l’esprit au point que même des envoyés de l’État devaient choisir entre la corruption ou la menace de mort permanente.

“ Haaa, Ralato ! C’est une définition parfaite des dérives d’un système libéral que tu nous offres là. En version Souriante, cela donne ce mélange de soumission complètement aveugle à un paternalisme qui ne date pas d’hier.

  • Nous allons en revenir à tes errements qui t’ont fait tomber dans les mains des Mutualistes puis d’Azala, j’aimerais que tu m’évites ça, cette fois.
  • L’organisation Mutualiste allait trop loin, je m’en rendais compte déjà bien avant de rencontrer la Princesse. Et puis, tu te moques si royalement de la notion de système politique, que tu pourrais presque t’entendre avec eux : le Lieutenant Ouli est avant tout un maniaque de l’ordre, on appelle cela le fascisme, en général.
  • Et il trouve cela bien plus efficace que les palabres et discussions infinies. ”

Pas de réponse. Ce débat était ancien et visiblement Stuffy n’avait aucune envie de le ré-ouvrir maintenant.

L’hôtesse du dernier étage leur indiqua la direction du toit. Il semblerait que Monsieur le Président Directeur Général était sur le point de décoller avec sa navette pour une visite extérieure à la cité et ils le retrouvèrent, en effet, à quelques pas d’un rutilant véhicule spatial noir chauffant ses turbines. Le modeste petit vieux, au visage fermé, portait une sorte de haut de forme sombre et un kimono épais violet. “On appelle cela un Durumagi, c’est traditionnel. Ce bonhomme part pour un événement très important, je me demande lequel… Evidement il est sous Boramol. Dis-moi Ralato, la molécule est disponible en grande surface maintenant ou quoi ? Depuis le début de cette histoire on a rencontré plus de consommateurs de Boramol qu’en quinze ans de carrière ! ”

Paul s’approcha et lui tendit sa valise qu’il ne quittait pas depuis le départ de ses appartements. Le petit vieux acquiesça et la confia à un secrétaire qui s’empressa de monter avec dans l’appareil. Puis, se tournant vers Ralato, le chef Souriant l’interpella : “ Nous pensons, Monsieur des Affaires Mentales, que ce que vous cherchez sur Talbot se trouve dans le même lieu que mon imminent rendez-vous. Nous serions heureux de vous proposer notre modeste compagnie durant la petite traversée qui nous attend. Veuillez donc monter.

  • Cher Monsieur, je me contenterais d’une réponse franche de votre part à quelques questions. ” Répondit Ralato, bien peu enclin à suivre un parrain des Triades loin des dernières unités militaires de MaterOne. Le vieux en savait déjà trop long sur lui, peut-être qu’un passage en force dans son esprit…

Mais un déclic dans son dos allait tout remettre en question. À la limite exacte de sa portée, Myan le tenait en joue, lui intimant d’une voix neutre mais ferme : “Agent Ralato Ouli, je pense que nous allons tous embarquer avec notre hôte. Le Maître nous attend et il tient sincèrement à vous rencontrer depuis quelque temps déjà. ”

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Andropovitch

Acteurs:

Myan (Ian)

Stuffy (Luciole)

Ralato (Raoulito)

Andropovitch (Paul)

Bleknoir (vieux souriant)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch14 Ep03

Sun, 27 Apr 2014 09:09:00 GMT

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Le véhicule particulier de Paul longeait la petite avenue de Kyuang avec une délicatesse toute Souriante, Ralato en profitait pour regarder défiler la cité minière, laissant Stuffy et Myan surveiller les activités du conducteur. Le Boramol persistait toujours dans l’esprit du contact des Affaires Mentales, mais avec deux Mentaux concentrés sur vous, il était impossible de préparer une action sans qu’ils le sachent. C’était la subtile différence entre la mémoire, l’inconscient, la réflexion ou les pensées dirigeant les actions, ces dernières ne pouvaient efficacement être dissimulées par un humain normal, même sous drogue.

Les immeubles de métal défilaient, plus ou moins hauts, plus ou moins stylisés. Etrange cité qui n’était pas destinée à abriter une société urbaine, son objectif étant d’abord la production, le raffinage et l’expédition du Lithium, mais qui prenait certains des aspects les plus basiques des villes communes : entre les fenêtres de dortoirs de regroupement, on pouvait apercevoir ici un balcon avec du linge qui séchait, ici un petit vieux cultivant un potager suspendu ou là-bas deux mamies évoquant sans doute le devenir de leurs descendances. Ils doublèrent deux camionnettes puis cédèrent le passage à un tramway, tandis qu’un métro tubulaire les survolait sous le ciel enflammé, au-delà du dôme transparent. C’était la ville des jours sans fin, le centre de la production de Lithium, la tête des Triades et certainement le lieu où ils allaient trouver le commanditaire du terrible charnier, celui qui avait endeuillé les Forces Mentales sur MaterOne.

Ralato croisa le regard de Myan, le jeune homme hocha de la tête et appliqua la procédure à la lettre : “ Monsieur Paul, comment se fait-il que l’on nomme communément ces planètes gazeuses les Mines de Talbot, compte tenu que l’oxyde de Lithium est pompé sous la surface ? ”

Quand on veut obtenir quelque chose d’un suspect, une des premières étapes est de l’inviter à se détendre, surtout si un bon stress lui avait été appliqué auparavant, et quoi de mieux pour cela qu’une petite conversation anodine ? “ Oui, nous en avons fait tous deux l’expérience. ” Intervint Stuffy, laissant transparaitre un reproche dans sa remarque. L’ancien agent avait subit, puis usé à son tour sur Ralato, tous les raffinements possibles du catalogue des tortures Mentales, la douleur physique n’étant alors qu’une méthode préparatoire. “A postériori, Ralato, je te tire d’ailleurs mon chapeau : je doute qu’aucune personne ne puisse te faire avouer quoique ce soit. Au fait, puisque nous ne sommes pas pressés, cet informateur qui m’a dénoncé, c’était qui ? ”

“ C’est un abus de langage, cela remonte aux tous débuts de l’exploitation du Lithium dans la zone, d’ailleurs Tb-01 était la première exploitation à l’époque. ” L’intervention de Paul fît sortir Ralato de sa conversation interne. S’il n’était pas vraiment rassuré, le contact des Affaires Mentales se décrispait sensiblement, autorisant sans s’en rendre compte certaines circonvolutions de son esprit à être captées par ses voisins d’infortune. “ Il existe des surfaces dures, des sortes de gros rochers flottants juste sous la limite des nuages. Ils sont composés d’agglomérats de poussières spatiales, et d’oxyde de Lithium, ce qui fait qu’ils ne s’enfoncent pas totalement vers le centre de la planète. Certaines régions en sont recouvertes, d’autres non. Les premiers ouvriers, et les premières machines, ont donc pu être envoyés sur ces rochers pour miner et récolter. Mais rapidement on a découvert les océans d’oxyde liquide qui s’étalent par nappes à plusieurs centaines de kilomètres sous la surface et, une fois leur exploitation rodée, on a abandonné la première méthode. Au fait vous ne devinerez jamais qui étaient les premières équipes à oser s’aventurer dans les profondeurs pour creuser durant des heures ?

Les Souriants ? ” Répondit amusé, Myan. La réponse était d’autant plus évidente qu’elle venait d’effleurer l’esprit de Paul.

“ Ha, ha, ha ! Effectivement, ces gars avaient des tripes et ne craignaient rien. Malgré des pertes terribles, ils ont pu monter leur business petit à petit, installant plus tard les premiers puits de pompage. ” On tourna dans une petite rue aboutissant sur une large place arrondie au centre de laquelle se dressait une sorte de statue. “ Tout le monde descend, on continue à pied, si vous le voulez bien. ”

Ralato et Myan ne relâchaient pas leur concentration, espionnant la moindre information pouvant filtrer du cerveau sous Boramol de leur guide. Une mallette à la main, ce dernier semblait de plus en plus serein, leur parlant comme à des touristes : “Cette statue n’en est tout simplement pas une, il s’agit d’un des premiers blocs de roche et d’oxyde de Lithium extrait de ces fameuses mines dont nous parlions. Il a été recouvert de… résine pour le protéger du Temps. C’est le symbole de la richesse des consortiums de Talbot ! ”

Ralato contacta son subordonné : “ Tu as remarqué ?

Oui Monsieur, ce n’est pas de la résine ordinaire, c’est de celle dont on fabrique le Nuage de Miel, n’est ce pas?

Exactement, cette substance est générée chimiquement et ils en ont recouvert le bloc exposé.

Un message évident : Lithium et Nuage de Miel, Consortiums et Triades, les deux faces des Souriants. Souffla Stuffy dissimulé au fond de l’esprit de Ralato.

Monsieur ? J’ai entendu une autre voix, on nous écoute !

Monte tes barrières, vite ! Commanda immédiatement Ralato, bloquant ainsi toute communication Mentale avec le jeune agent. Puis s’adressant à Stuffy il explosa littéralement : MAIS TU ES MALADE ! On va déjà avoir du mal à lui faire passer le coup du double tir aux quais et maintenant tu participes tranquillement à notre conversation !

Il n’aurait jamais dû m’entendre, je touchais à peine tes zones conscientes. Merde ! Comment il a fait çà ? Ce petit est plein de surprises, je vais prendre mes précautions ne t’inquiète pas.

Il vaudrait mieux, parce que maintenant il est persuadé que d’autres Mentaux nous surveillent. Et je vais devoir cautionner cela !

Cela risquait d’arriver un jour ou l’autre, tu le sais bien ! De toutes façons, cela ne lui fera pas de mal au petit, de se tenir un peu plus sur ses gardes. ”

Paul s’arrêta alors devant l’entrée d’un immeuble scintillant, aux parois de verre fumé. Il semblait démesurément haut, c’était surement un bâtiment dominant tout Kyuang.

“ Que fait-on ici ? ” Si Paul voulait s’amuser à les balader, cela allait lui couter plus cher que le prix du Lithium de sa voiture.

“ Je vous l’ai dit, j’ai rendez-vous avec un chef des Triades. Regardez sur la façade, à coté du nom. ” Il y était inscrit en lettres aux reflets argentés “ Lith-Export Inc. ” et juste en dessous, plus discret, un symbole de l’alphabet Souriant que Myan traduisit par “C’est le mot Pêche, un symbole de longévité qui chasse les démons. Mais c’est aussi celui de la troisième plus importante Triade : les Branches dorées.

Vous espériez un taudis perdu et moisi ? Ici les consortiums qui exploitent le Lithium sont dirigés par les membres des Triades. Et pour rencontrer un de leurs chefs, on prend simplement rendez-vous. Venez, allons nous faire annoncer. ” Et il traversa l’entrée rutilante du bâtiment, suivi des deux Mentaux.

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Ian

Acteurs:

Myan (Ian)

Stuffy (Luciole)

Ralato (Raoulito)

Andropovitch (Paul)

Compo: Ian

Montage: Ian


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RedU T1 Ch14 Ep02

Sun, 20 Apr 2014 08:00:00 GMT

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Les tours de la cité flottante s’affaissaient doucement tandis que l’ascenseur extérieur emportait l’agent Mai Rui Ian et son supérieur vers les hauteurs du bâtiment. Le ciel mauve laissait transparaître quelques magnifiques volutes dorées de la nébuleuse, pourtant, malgré les apparences, nous étions la nuit. Illuminée de toutes parts de plusieurs soleils, la planète ne connaissait pas l’obscurité, les journées standards étaient donc artificiellement décidées ; d’ailleurs cela expliquait la faible présence du personnel sur les docks lors de l’attentat. Ralato n’avait eu d’autre choix que de révéler son identité au commandant de la base, de toutes façons si leur présence avait jamais été secrète, elle ne l’était certainement plus ! À peine le bras de Myan en écharpe, l’enquête débutait, avec un tiers des effectifs seulement, et elle les conduisait dans ce bel ascenseur doré au sol couvert de moquette. Leur correspondant sur Talbot semblait particulièrement bien logé : une résidence luxueuse, au centre de la cité, un étage élevé…

“ Mon Lieutenant, puis-je vous poser une question ? Cela m’intrigue depuis tout à l’heure.

  • Oui ?
  • Lorsque les autres tireurs nous ont attaqué par-dessus les rayonnages de fret, j’ai ressenti deux tirs Mentaux simultanés qui émanaient de vous. On nous a toujours enseigné qu’un Mental ne peut se focaliser que sur un point, pas deux. Pourtant vous l’avez fait, je ne crois pas l’avoir rêvé ? ”

Ralato se figea, le regard perdu dans la ville. Evidement, il l’avait remarqué. Si le jeune agent se prenait à l’écrire dans son rapport, on risquait un superbe comité de réception au retour sur MaterOne, et le lien avec ses mois d’emprisonnement, l’expérience qu’il avait subi et peut-être même Stuffy allait vite être établi.

“ C’est un gentil petit jeune, on peut s’en faire un copain, il taira l’information si on le lui demande gentiment.

  • Comme si le moment était propice aux liens affectifs. Bon, bref, tu as raison. ”

Le Lieutenant se tourna vers son voisin alors que l’ascenseur ralentissait, proche de sa destination : “ C’est… un secret qui m’est propre. Mon… frère me l’a appris, et lors de notre retour, je pourrais te l’enseigner. Mais cela ne doit en aucun cas s’ébruiter. C’est une faculté top secrète ! ”

L’autre restait sans voix. La porte s’ouvrit dans un tintement et les deux hommes avancèrent sur l’épais tapis de l’étage. Devant la porte de l’habitation de leur contact, Ralato dégaina calmement son arme et enfonça de plusieurs violents coups de pieds la lourde porte en bois, y pénétrant suivi de Myan. Immédiatement des cris retentirent à l’intérieur tandis qu’ils progressaient au travers des pièces, prêts à tirer. Deux femmes affolées en nuisettes transparentes surgirent d’une des portes, comme poussées dehors tandis qu’on verrouillait la serrure de l’intérieur.

“Myan, tu t’occupes d’elles, procédure d’effacement. ” Se collant au mur, il sondait l’intérieur de la chambre. L’homme qu’ils recherchaient tentait de sauter sur le balcon d’en dessous. En tout cas c’est ce qu’il voyait par les yeux des voisins, le sujet étant lui-même sous Boramol, cette molécule qui cache les pensées aux Mentaux.

“ L’ordure… Il a balancé les filles aux assaillants pour lui donner le temps de s’enfuir ! Je l’immobilise, tu auras quelques secondes, en avant ! ”

La petite serrure éclata sous le talon du Lieutenant tandis que la cible criait, nue, l’esprit enflammé par Stuffy. Le Boramol ne protège pas contre les scans actif, seul un Mental peut y résister et encore… Plaqué au sol d’une clef de torsion, il cessa ses hurlements quand l’attaque stoppa, les mains entravées par une solide paire de menotte.

“ Lieutenant Ralato, Forces de MaterOne, nous avions rendez-vous Monsieur Paul.

  • Quoi ? Vous n’êtes pas..? Non mais vous êtes malades ? Libérez-moi tout de suite ou je vous fais muter sur Piñata El grande ! ”

Ralato sourit, se disant que cela le rapprocherait de son frère.

“ Monsieur Paul, si vous n’êtes pas déjà mort c’est que nous avons besoin d’informations. Nous sommes tombés dans un guet-apens dès notre arrivée. J’y ai perdu trois hommes alors que vous étiez seul au courant. Vous allez gentiment répondre à mes questions, sinon je n’aurais aucun scrupule à vous griller le crâne !

  • Quoi ? Mais je n’y suis pour rien, merde ! Je n’ai reçu le câble vous annonçant qu’hier, et je ne vous attendais que demain soir au plus tôt !
  • Des conneries. Le temps était suffisant pour tout préparer. Tu bosses pour qui, salaud ?!
  • Haaaaaaa.. Arrêtez ! Je dis la vérité, je vous jure, j’suis réglo avec MaterOne ! ” Tandis que Ralato posait les questions, Stuffy accentuait doucement la pression sur l’esprit de Paul, lui promulguant des vagues de douleurs lancinantes se disséminant insidieusement dans toutes ses terminaisons nerveuses. Il n’était pas habitué à ce genre de sadisme, mais leur association permettait à chacun des deux Mentaux d’explorer de nouvelles possibilités de leurs pouvoirs. “ Tu sais, j’ai soudain comme un doute. Il m’a l’air honnête, enfin sur cette histoire là.
  • Oui. Je vais lancer un dernier test, prépare-toi à augmenter la pression. ”

Lui plaçant le froid canon de son revolver sur la nuque, Ralato articula bien sa phrase, lui donnant un intonation la plus glaçante possible :

“ Monsieur Paul, je ne pense pas que vos honoraires de MaterOne compensent le coût de ce luxueux appartement. Vous êtes donc au moins corrompu, au pire un traître. Dans les deux cas je suis en droit de vous éradiquer de notre organisation. Vous avez cinq secondes pour me convaincre de ne pas tirer. UN… ”

La pression de Stuffy s’accentua, le grognement de l’homme également.

“ DEUX… ”

Cette fois un râle s’échappa du correspondant des Affaires Mentales sur Tb-01.

“ TROIS…

  • Rhaaaaaaaaa ! PITIE ! JE ME SERS AU PASSAGE SUR QUELQUES TRAFICS POUR MATERONE ! JE VOUS JURE QUE JE NE SUIS PAS UN TRAITRE !
  • QUATRE…
  • C’EST VRAI J’AI PIQUÉ DANS LA CAISSE ! ECOUTEZ JE PEUX VOUS FAIRE RENCONTRER… HAAAAAAAA..
  • CINQ !
  • …UN DES CHEFS DES TRIADES ! IL EST AVEC MOI, IL POURRA VOUS AIDER ! TIREZ PAS ! ”

Stuffy et Ralato relâchèrent simultanément leur pression, laissant Paul reprendre son souffle.

“ J’ai moyennement confiance dans ce type. Quand on a goûté à la corruption, on ne peut plus s’en passer. Peut-être qu’il n’est pas directement responsable de l’accueil qu’on nous a réservé, mais on sait qu’il est lié aux Triades.

  • De toutes façons s’il nous mène directement à un des chefs, on aura des informations plus concrètes à se mettre sous la dent. Autant le garder à l’œil. ” Stuffy était donc du même avis. Les deux agents connaissaient parfaitement le milieu sombre des services secrets et leurs entrelacements ponctuels avec les mafias en tous genres. Ce n’était pas la première fois que l’éminent membre d’un service spécial jouait sur plusieurs tableaux, ramassant de confortables dividendes supplémentaires. On allait utiliser Paul, oui, mais pas sans prendre quelques précautions.

“ Excellente idée, j’ai besoin de cinq minutes et cela devrait être bon. ” Intervint Stuffy. Alors qu’il se mettait à l’ouvrage, Ralato envoyait un message Mental à Myan, resté près de l’entrée, pour qu’il relâche les filles dès leurs souvenirs effacés (qu’il n’oublie pas de les rhabiller, surtout !), et qu’il se prépare : on allait faire un petit tour avec notre nouvel ami Paul.

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Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Coupie

Acteurs:

Myan (Ian)

Stuffy (Luciole)

Ralato (Raoulito)

Andropovitch (Paul)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch14 Ep01

Sun, 13 Apr 2014 09:37:00 GMT

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Des explosions de couleurs, une masse fibreuse recouvrant tout, où que porte le regard. Ralato se perdait dans le sublime spectacle qui s’offrait à ses yeux : la nébuleuse de gaz de Talbot, vue de l’intérieur. Des nuages gazeux s’accumulaient progressivement au cours des millénaires, formant des agrégats comme tissés dans le substrat du réel, puis un jour ils s’éveillaient à la lumière, brillant de la fusion nucléaire de l’hydrogène, accouchant de ce que l’on appelait communément, des soleils.

“ Ça vaut le coup, non ?

  • Ouais, je regrette juste de ne pouvoir admirer cette splendeur par mes propres yeux. Une ex avec qui j’avais failli me marier voulait que nous passions notre voyage de noces ici. Amusant de me retrouver au bon endroit, mais marié avec le Lieutenant Ralato et sur un convoi de transport militaire, non ? ”

Il sourit à l’humour de Stuffy. Depuis qu’ils avaient “fusionné”, suffisamment d’événements étaient arrivés pour qu’ils en viennent à faire alliance, puis à cohabiter plus sereinement.

“ Dis plutôt que nous nous complétons à ravir.”

C’était vrai. Le Lieutenant devait même reconnaître que leur force de frappe commune dépassait la simple addition de leurs capacités, ils s’étaient comme… sublimés.

De la verrière en dôme sous laquelle se tenaient les cinq voyageurs, on pouvait distinguer les cargos qui se suivaient par dizaines en direction d’une géante gazeuse, étoile en devenir d’où l’on extrayait ce fameux oxyde de Lithium, si rare et si utile. C’était leur destination, il y avait de nombreuses exploitations, disséminées sur d’autres géantes gazeuses dans le secteur, mais le centre administratif et commercial de Talbot se trouvait là, sur Tb-01, dans la cité minière de Kyuang. On y serait d’ici une grosse heure.

Cela faisait deux semaines qu’ils étaient partis de MaterOne, passagers en mission secrète pour le gouvernement Castiks, à bord d’un convoi d’approvisionnement de Lithium. Ces derniers temps, la cadence des voyages avait doublé, passant de mensuelle à hebdomadaire, on parlait de pic de consommation ; cela avait été bien utile pour embarquer rapidement une discrète équipe Mentale dirigée par le Lieutenant Ralato. Ils avaient trompé l’ennui quotidien par du sport, de l’entraînement ou des cours de rattrapage comme dans le cas du jeune Mai Rui Ian, “ Myan ” un Mental prometteur mais pas assez expérimenté.

“ Il est tellement extasié du spectacle qu’il en oublie les règles élémentaires de protection psychiques. Ralato, on a parlé à un mur ces dernières semaines, non ?

  • A toi l’honneur de la piqûre de rappel. ”

Le jeune se raidit soudain, sentant la flèche Mentale de Stuffy plantée au milieu de son crâne.

“ M..Mon Lieutenant, s’il vous plait, j’ai c.. compris !… ” Il le relâcha, suivant du regard le jeune Mental qui prenait appui contre la verrière sous les regards amusés des autres membres du groupe. Il fallait un Mental comprenant la langue traditionnelle des Souriants si l’on voulait percer leurs secrets. Etonnamment, ils n’étaient pas si nombreux dans les rangs des affaires Mentales, et Myan était le seul disponible. D’où le complément de formation, encadré par Ralato-Stuffy, car là où ils allaient, l’erreur n’était pas permise. Trois Mentaux et deux accompagnateurs, c’était bien peu pour affronter les redoutables Triades souriantes en leur fief ; en cas de problème, plusieurs casernements étaient présents dans la zone, on devait pouvoir compter sur une petite armée.

“ Regagnons nos quartiers et préparons-nous. Les affaires reprennent ! ” Lança Ralato aux autres.

Le convoi s’était disloqué en plusieurs unités se répartissant dans la nébuleuse. Pour Tb-01, trois cargos se séparèrent dans l’atmosphère, celui de l’équipe Mentale s’amarrant aux docks militaires de Kyuang, la cité administrative et industrielle posée sur la mer de nuages. Un spectacle grandiose que cette demi sphère planant au-dessus d’un maelström de gaz multicolore plus ou moins lourd et dont les pipelines plongeaient au cœur du tourment pomper le précieux lithium.

Le débarquement s’effectua au milieu des techniciens et marins de tous poils, vacant à leurs occupations, personne ne faisait réellement attention à leur présence car les manœuvres pour préparer les soutes puis les charger avec le gaz raffiné sous pression nécessitaient du temps et de la précision : tout ici était inflammable et une étincelle mal venue pouvait déclencher une catastrophe.

“ Tu connais du monde dans cette ville Myan ? ” demanda Ralato, alors que le groupe progressait vers la sortie de la zone militaire.

“ Oui Mon Lieutenant, quelques contacts familiaux éloignés. Je comptais vous en parler, ils pourraient nous être utiles pour l’enquête. ” Et il ajouta, un ton plus bas, le légendaire sourire de sa communauté soudain figé : “ Je connaissais deux des agents retrouvés dans cet abject charnier. Il est hors de question de laisser cela impuni, je suis honoré que vous me permettiez de participer à cette vengeance. ” Une vengeance ? Peut-être de son point de vue, ce garçon venait de vivre l’épreuve du feu des services secrets, quand la mort frappait à distance et vous touchait par rebond. Les Triades souriantes étaient responsables d’un carnage dans la Section des Affaires Mentales : quarante et une victimes aux têtes tranchées, un œil replacé dans chaque gorge. L’enquête avait mené Ralato au quartier des souriants de MaterOne, à la rencontre de cette fameuse organisation secrète. Mais il avait échappé de peu à un enlèvement par un Mental géant Souriant, une brute qui avait fait décoller une fusée des sous-sols du bâtiment, détruisant et tuant nombre d’habitants du quartier lors du décollage.

“ Ne t’inquiète pas, nous les aurons, je te jure que…

  • COUCHEZ-VOUS !!! ” Hurla Myan en s’aplatissant sur le Lieutenant entre deux citernes vides. Les trois autres hommes n’eurent pas le même réflexe et ils furent soudain pris d’une étrange frénésie nerveuse, jusqu’à ce qu’éclatent les visages ou les torses sous les impacts de balles.

“ On nous canarde avec des silencieux ! Les gars sont sous Boramol ! MERDE, JE FONCE ! ” Hurla Stuffy, lançant une puissante onde Mentale vers un des snipers. Une balle toucha le bras de Myan alors que celui-ci tentait de bouger de leur emplacement, d’un geste Ralato le tira derrière lui, fondant à son tour sur le cerveau d’un autre sniper. L’homme hurla et tomba du balcon d’où il faisait feu, s’écrasant sur un véhicule de levage stationné là.

“ Myan, reste à l’abri et envoie un message Mental à toute personne aux alentours, nous avons besoin de renforts !

  • Je m’en occupe Lieutenant… ATTENTION, EN HAUT ! ” Ralato ne leva pas la tête : lui et Stuffy envoyèrent simultanément deux ondes qui frappèrent deux tireurs tentant de les prendre par surprise du haut des rayonnages. Alors que le premier tombait de plusieurs mètres, le Lieutenant pointa et abattit le second d’une balle. “ Il en reste un seul, je le maitrise, il est à toi ! ” hurla Stuffy, et Ralato bondit à découvert, visant et tirant, comme à l’exercice, plusieurs balles qui atteignirent le dernier sniper en plein torse. Déjà des cris résonnaient un peu partout, des sentinelles accourraient, alertées par les tirs du Lieutenant ou par les appels Mentaux de Myan.

“ Putain mais c’est quoi ce bordel !? Quatre tueurs dès notre arrivée, ici, en pleine zone sous contrôle militaire !?

  • Notre venue était secrète, une seule personne était au courant, le contact des Affaires Mentales sur Talbot.
  • Putain ça commence bien, et que sont devenus les autres ? ”

Ralato se releva, s’approchant de ses collègues tombés sous les balles. Tous trois étaient morts, criblés d’impacts. Il s’agenouilla aux côtés de Myan, le teint de jeune homme était un peu blanc, mais sa blessure légère, un bon bandage et il n’y paraitrait plus rien. “ Nos compagnons sont morts, tous les trois. On va devoir se débrouiller seuls, petit. ”

Après quelques secondes pour absorber la nouvelle, il inspira un grand coup et, le regard dans le vague, répondit posément, en faisant abstraction de ses sentiments : “ J’ai oublié de vous prévenir : ici les Triades sont toutes puissantes, elles voient tout et entendent tout . Ce n’était peut-être… qu’un avertissement. ”

Instinctivement, Ralato se raidit.

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Icaryon

Acteurs:

Myan (Ian)

Stuffy (Luciole)

Ralato (Raoulito)

Compo: Ian

Montage: Destrokhorne


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VIIeme soirée de Gala Red Universe

Sun, 06 Apr 2014 11:52:00 GMT

Vendredi 11 Avril, à 20h sur podradio:

VIIeme soirée de Gala Red Universe

consacrée au Chapitre 13 « Plongeon »

En direct venez partager ce moment avec Raoulito, Phil Goud et toute l’équipe de Red Universe.

Vous pourrez poser vos question sur le chat et suivre le programme:

  • La diffusion du chapitre complet n°13 « Plongeon » et réponses à vos questions en direct
  • Les critiques des chapitres 4 & 5 par Destrokhorne et toute l’équipe des débateurs :)
  • Le Mono de Silverson « Le Prix de la fumée«
  • Le nouveau générique de Red Universe signé Ian en avant première !

  • L’épisode 1 du nouveau chapitre 14 intitulé « Talbot«

Ne manquez pas cet évènement.. Universel :smt040

Venez nombreux, donc Rendez-vous Vendredi prochain pour suivre en direct la soirée


2 options:




Red Universe: Playlist Chapitre 13 « Plongeon »

Sun, 06 Apr 2014 11:29:00 GMT

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Comme à chaque fin de chapitre, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°13 « Plongeon ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette treizième partie:

  • le thème de l’agent « ralato-stuffy »: « John the return 2K11 », Butterfly Tea, alb « Butterfly reloaded »
  • le thème de l’enquête « Isaac’s Internal World » de HiGhMaS, alb « Highmas 2 »
  • le thème de Calande Rorré « Salam » de Laurent Danis, alb « salam »
  • le thème de la maison close: « pagode onirique » de Real rice, alb « un arrière-goût de cannelle »

Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et à très bientôt pour le Chapitre 14 intitulé « Talbot » (Ca va sourireeee ^^)



RedU T1 Ch13 Ep15

Sun, 30 Mar 2014 09:58:00 GMT

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“ Bonjour à tous, ici Ted Maos’n ! Nous interrompons une nouvelle fois la programmation d’Ex One Média pour suivre en direct avec vous la dernière partie de cet événement unique dans l’Histoire : la plongée de l’Exode dans la Passe de Magellone !

Je vous rappelle donc qu’à l’heure actuelle, les deux premiers convois composés des Transporteurs n°2, 4, 5, 6 et 7 ont déjà pénétré dans le vortex et nous sommes sans nouvelle d’eux. Evidement cela n’est guère rassurant… mais on nous explique que durant la traversée de la Passe, aucun signal multidimensionnel ne peut être émis.

Bon.

En attendant, notre convoi composé de ce Transporteur, dirigé par le Général Décembre, et celui du Colonel Arlington est à peu près au même emplacement d’attente que les précédents et une allocution conjointe enregistrée va être diffusée d’ici quelques minutes. Notre future destination, pas vraiment visible à l’œil nu, est face à nous, après la petite Transition d’une journée et nos adieux à la station Piñata el Grande. Pour suivre les derniers préparatifs à vos cotés, la rédaction d’Ex One Média a mobilisé… ce qu’il reste de ses envoyés permanents !

Ainsi sur le Transporteur n°3 du Colonel Arlington, il y a Titus Matrane : Titus, vous m’entendez ?

  • Bien sûr Ted ! Bonjour à tout le monde, c’est un privilège que de vivre ce moment conjointement avec nos multispectateurs !
  • Merci Titus ! On vient justement de recevoir des résultats télémétriques, et vous seriez surpris d’apprendre que nous sommes suivis actuellement par une majorité de multispectateurs ne faisant pas partie de l’Exode. Il semble que de MaterOne à Piñata el grande, l’Univers connu a les yeux braqués sur nous ! Et en direct du centre de commandement de ce Transporteur, nous avons Rabsky Benkous à l’antenne, bonsoir Rabsky, est ce que tout va bien pour l’instant, dîtes..?
  • Rassurez-vous Ted, d’après mes informations, tout se déroule parfaitement ! J’en profite pour passer le bonjour à tous les multispectateurs, de l’Exode ou d’ailleurs, et également pour saluer ma famille restée au pays.
  • Merci Rabsky, oui nous avons bien évidement tous une pensée pour nos familles restées au loin, surtout à la veille de traverser des dimensions dans une déchirure de l’Espace temps comme… celle-là… Mais on me fait signe que l’allocution conjointe des deux commandants va débuter dans une petite minute. Donc une page de nos sponsors et nous revenons, ne zappez pas !

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Retour sur ExOneMédia, pour la diffusion d’une allocution enregistrée des Commandants des deux derniers Transporteurs !

“ Bonjour amis, confrères, voisins, exodés ou simples multispectateurs. Je suis le Colonel Momumba Arlington, Commandant du Transporteur n°3.

  • Bonjour également, je suis le Général Décembre, Commandant du Transporteur n°1. Mmhmm… J’ai également l’honneur de présider le Conseil des Commandants, l’instance qui est en charge de toute l’Exode.
  • Si nous sommes côtes à côtes pour nous adresser à vous, c’est pour que vous puissiez vous représenter l’esprit de fraternité et d’entraide qui prévaut sur tout ce mouvement de population que l’on nomme l’Exode. Le Général ici présent et moi-même n’étions pas du même coté du temps de la Révolution, pourtant, depuis, le monde a changé, l’Humanité a fait des choix, et nous avons enterré nos différents pour ne garder que nos idéaux communs.
  • Permettez-moi d’ajouter quelque chose Colonel. Etant le plus gradé de tous les commandants, il m’aurait été facile d’imposer, ou au moins d’influencer fortement, le cours des évènements. Et pourtant c’est avec plaisir que j’ai laissé le Colonel Arlington lier le destin de son Transporteur et de ses passagers à celui dont j’ai la charge. Mmhmm… J’ai considéré ce geste comme un acte honorable de la part d’un ancien soldat et je lui ai tout de suite accordé mon soutien. Nous avons d’ailleurs immédiatement mis en place les structures et les consultations nécessaires au bon déroulement de cette traversée. Mmhmm… Le Colonel étant plus prolixe que moi-même, je le laisse aborder la suite.
  • Merci Général. Nous parlions de voir au-delà de nos différences, j’assume en effet comme un honneur, que de servir à vos cotés.

La traversée de la Passe devrait se dérouler sans problème particulier, au pire serons-nous sous l’influence de quelques effets secondaires dus à la distorsion temporelle qui régit l’intérieur du vortex ; ne vous inquiétez pas, il ne s’agit rien d’autre que d’artefacts de la réalité. Les voyages en Transition sont bien plus dangereux que la traversée de la Passe en elle-même et pourtant nous y sommes tous habitués, n’est-ce pas ? Enfin, la synchronisation de deux vaisseaux dans le Multi-espace Trans-dimensionnel est tout de même un évènement extrêmement rare qui demande des calculs d’une complexité poussée. L’exploit technique n’est réalisable que sous une surveillance de tous les instants, c’est pour cela que nous ne pouvons être présents devant vous maintenant.

  • J’aborderai personnellement le dernier point Colonel. A nos amis Exodés, nous qui sommes tous compagnons de traversée, je voudrais rappeler l’importance de la solidarité. Mmhmm… Dans l’Espace, nous sommes des proies faciles, n’oublions pas le drame vécu par le Transporteur n°2 et la disparition du Commandant Basavetch, donc plus que jamais, chaque jour de notre périple, ayons l’esprit de solidarité, pensons plus loin que les notions de famille, de culture, de politique ou de corporatisme. Si un Transporteur se faisait attaquer (nous avons tout fait pour éviter que cela puisse se produire), les deux vaisseaux réagiraient avec tous leurs moyens en commun, et continueraient leur route ensemble, ou pas du tout !
  • … Le… Général vous a parlé franchement, crûment peut-être, mais il ne vous a en rien caché la réalité des faits. Nous mettrons un point d’honneur à accompagner nos actes ou nos choix de la plus grande transparence possible. Avoir choisi de quitter sa planète mère n’est pas un acte anodin : c’est là où toute l’Humanité s’est développée, a creusé ses racines pour s’élever et peut maintenant se projeter pour essaimer sur des planètes lointaines. Pour cette raison, nous serons à votre écoute et à vos cotés, non comme vos commandants, mais comme vos égaux dans l’adversité.
  • Merci Colonel, je n’aurais pas pu mieux dire. Normalement alors que nous vous parlons, un compte à rebours vient d’être lancé, je demande donc à chaque habitant des Transporteurs de s’assoir et de se fixer si possible une ceinture. Il pourrait y avoir quelques remous lors de l’entrée dans la Passe de Magellone, même en Transition. Mmhmm… Je nous souhaite à tous bonne chance, et je laisse la mot de la fin au Colonel.
  • Merci Général, je nous souhaite également à tous bonne chance, nous nous retrouverons régulièrement pour des conférences de presse durant les trois semaines de traversée. Je vous dis donc à bientôt, et n’oubliez pas ces mots clefs : fraternité et entraide.

Merci à tous.”

Mais ils ont prévu qu’on se fasse attaquer ou quoi là..? Merde, c’est quoi ce…

< gasp ! > Retour sur Ex One Média, donc à quelques secondes de la plongée. Je.. heu.. je ne sais pas.. Titus Matrane, de votre coté?

  • Nous sommes tous installés et attachés Ted, un compte à rebours s’est affiché vers la fin de l’allocution, il ne reste qu’une vingtaine de secondes ici !
  • Oui, nous avons également accès à celui de notre Transporteur. Rabsky, le Général Décembre est-il sur la passerelle ?
  • Oui Ted, il a lancé le signal du compte à rebours alors que l’on diffusait l’allocution sur les écrans ici. Les volets sont baissés, il semble que nous partirons en deuxième, donc le Transporteur n°1 sera le dernier de la Flotte à entrer dans la Passe !
  • Ce n’est pas fait pour me rassurer tout cela. Je ne peux cacher à nos multi-spectateurs une sorte.. d’appréhension qui m’étreint… Titus, à vous !
  • Hé bien il ne reste que quelques petites secondes, le grondement des Compresseurs se fait ressentir jusqu’ici, et le Colonel Arlington s’est assis et attaché une fois que tout le monde a été vérifié. Nous ressentons tous la même appréhension que vous, Ted !
  • J’ajoute Titus, qu’il ne faudrait pas oublier que nous allons enfin prendre le chemin de nos camarades sur les autres Transporteurs, qui ont commencé leur périple il y a déjà une semaine pour le premier convoi !
  • Oui Rabsky, c’est tout à fait exact ! Ici il ne reste que cinq secondes, je te dis à tout de suite ainsi qu’aux Transporteurs, et Adieu à cette Galaxie, c’était Titus Matrane, pour ExOneMédia ! …
  • Ca y est Ted, ils sont partis ! J’espère que vous êtes prêt, il nous reste…
  • Cinq secondes, je le vois bien !! On ne peut rien changer, c’est horrible ! C’était… heu… ExOneMédia, dernière émission diffusée dans le multi-canal d’information ici et peut-être à jamais.

Adieu à MaterOne et à ceux que j’aime.

Une seconde !

Et si on HAAAAAAAAAaaaaaaaa……..

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Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: 😡

Acteurs:

T.Maos’n (icaryon)

T.Matrane (Ian)

R.Benkous (Arthur R)

Décembre (Raoulito)

Arlington (DrWolf)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch13 Ep14

Sun, 23 Mar 2014 10:33:00 GMT

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Ralato s’arrêta à un petit mètre du vieil homme, celui-ci ne le quittait pas du regard, une expression un peu trop malicieuse dépeinte sur son visage ayant traversé tant d’années.

“ Je ne ressens plus le truc bizarre de tout à l’heure, où est-ce passé ? Ça sent mauvais tout ça. ” Les autres souriants continuaient de reculer, s’éloignant du vieux chef et du Lieutenant. Il ne percevait rien dans l’esprit de l’ancêtre, probablement sous Boramol comme les autres. Qu’en était-il des assistants ou des comptables ? “A TERRE !!” Lui hurla Stuffy : à peine sa joue plaquée contre le sol en ciment, il sentit une des tables frôler le sommet de son crâne, emportant le vieux bonhomme pour aller s’écraser contre le mur d’en face ! D’un bon sur le côté, le Mental se repositionna, découvrant, abasourdi un souriant énorme qui sortait de l’ombre, un géant de plus de deux mètres se dirigeant vers lui ! Sa masse était telle qu’il faisait vibrer le sol à chacun de ses pas. Son costume était tendu à l’extrême aux coutures et on se demandait si sa cravate ne l’étranglait pas ! Il était chauve, les joues rondes, de petits yeux visiblement amusés perçaient sous plusieurs couches de graisses, mais le plus étrange était ce symbole de l’alphabet souriant peint sur sa bouche, comme pour y sceller quelque chose. Le monstre prit une chaise et la lui jeta comme si ce n’était qu’un galet sur une plage ! Ralato l’évita encore et décida d’une contre-attaque mentale : contre un type de cette carrure, c’était le seul choix possible. Se concentrant, il projeta une onde de pleine puissance, mais à son immense surprise, l’autre ne recula que de quelques centimètres ! Plissant alors les couches de gras autour de ses paupières, le géant sembla gonfler encore plus sous un afflux de sang vers la tête, et d’un coup il relâcha la pression, écarquillant les yeux tel un possédé ! Une projection de force égale, sinon plus puissante encore que la sienne, s’abattit sur l’esprit de Ralato qui tomba à genoux sous l’impact. Etonnamment, il put ouvrir les yeux sans séquelle apparente, était-ce tout ?

“ Heureusement que j’étais là pour protéger nos barrières ! Mais où avais-tu donc la tête ? Ce type a échappé à nos scans passifs, n’est pas sous Boramol et peut lever des barrières psychiques : C’EST UN MENTAL LUI AUSSI ! ” Il avait devant lui un de ces Mentaux sauvages non repérés par le Ministère, cela arrivait bien sûr, ces gens développaient alors durant leur vie un pouvoir faible, quand ils ne le craignaient tout simplement pas. Pourtant celui-ci était visiblement bien entrainé, alors qui avait pu le former ? L’autre sembla quelque peu déçu par la résistance de sa proie, il décida donc de reprendre le corps à corps, non sans récupérer au passage une chaise qu’il brisa en deux, ne conservant qu’une partie des pieds dans chaque main.

Ralato reculait, laissant autant d’espace que possible entre eux, alors que l’autre avançait, visiblement de plus en plus excité à l’idée d’en finir ! Au fond, les autres souriants avaient ouvert la porte métallique et s’étaient engouffrés dans ce qui ressemblait plus à un sas qu’à un passage ordinaire, le laissant ouvert pour permettre au géant de s’enfuir. Il jeta un des pieds de la chaise sur Ralato, l’obligeant à s’abriter de côté où le géant put l’accueillir, bien trop vif, d’un grand coup l’écrasant contre les marches de l’escalier. La violence du choc était inouïe : complètement sonné, il voyait des mouches noires passer devant ses yeux. Mais qu’est ce que c’était que ce type ?! Déjà, celui-ci rougissait, gonflant de nouveau son visage, se préparant à lancer une nouvelle attaque !

“NON, PAS CETTE FOIS !!” Et à la limite de l’explosion, Stuffy projeta une onde vers le souriant alors que le monstre venait, prêt à frapper de nouveau, de baisser un court instant ses défenses ! Il reçut le coup de plein fouet et recula de plusieurs pas, manquant de tomber à la renverse; il s’appuya sans ménagement sur une table qui se cassa mais, malgré toute logique, il put reprendre son équilibre. C’était absolument insensé que quiconque puisse supporter ce genre de scan actif sans, au moins, tomber quelques secondes inconscient, et Ralato était un des plus redoutables praticiens Mental de sa génération, sans même compter les forces de Stuffy !

Le géant secoua la tête, retrouva l’équilibre, monta ses barrières psychiques et, pointant un regard noir sur le Lieutenant, reprit sa marche vers lui… puis stoppa : on entendait au-dessus les bruits de bottes du groupe d’intervention sur les planchers et quelques tirs d’armes automatiques percer plus ou moins loin. Les deux adversaires savaient que ces hommes était des agents bien armés et rompus aux techniques Mentales. Le géant souriant regarda une dernière fois Ralato, soufflant d’un coup sec tel un taureau renonçant au combat, et fit demi-tour, s’engouffrant dans le sas en refermant la lourde porte derrière lui. Déjà les soldats dévalaient les escaliers, armes au point, sécurisant la zone autour de leur chef, prenant position sur les côtés du sas ; on l’aida à se relever, l’évacuant vers la sortie. Dans la salle supérieure, au milieu des nattes vides de leurs occupants, Ralato put se ressaisir et tenir seul sur ses deux jambes. Stuffy en profita pour faire le point : “ On l’a échappé belle. Cette histoire est proprement hallucinante : du Boramol, un géant Mental sous stéroïdes, le sacrifice d’un des chefs des Quatre bambous divins

  • C’est évident, tout cela était un piège ! Avec un unique objectif.
  • Toi ? Tu affabules, là ! Qu’est-ce qu’une Triade Souriante irait faire d’un agent des Affaires Mentales ? D’autant qu’ils semblent avoir déjà une certaine pratique des Mentaux !
  • Je ne sais pas, peut-être que..”

Le sol se mit alors à frémir, comme si le bâtiment ronronnait ou grognait en son intérieur tel un chien mal éveillé. Un bruit sourd lointain s’élevait des entrailles de la bâtisse, montant régulièrement en intensité. Un signal psychique d’évacuation immédiate saisit tous les hommes du commando, et Ralato, comme les autres, escalada quatre à quatre les multiples marches de chaque étage, laissant sur place les pauvres hères complètement shootés qui se traînaient au sol ou les filles en larmes, dans leurs coins sombres. Le grondement devenait hurlement, les vibrations du bâtiment devenaient ondulations, les murs se lézardaient, les tentures tombaient au sol, certaines s’enflammaient au contact des petites bougies décoratives. Dernier escalier, le bas relief en forme de dragon se décrocha et se brisa sur les têtes de Ralato et de ses hommes. Heureusement, le plâtre poreux était léger, mais ils perdirent de précieuses secondes ! Ralato hurlait pour presser toute son équipe à sortir, pourtant, au milieu de cette panique, il ne pouvait s’empêcher de parler à Stuffy : “ CE SON, TU LE RECONNAIS ?! COMMENT ONT-ILS REUSSI CE COUP-LÀ ?! ” Courant à l’extérieur, s’éloignant le plus possible de l’enfer qui se refermait sur la Maison des Jouissances, Ralato et ceux ayant put s’enfuir à temps virent le bâtiment en flamme s’effondrer sur lui-même, imploser, pour laisser jaillir, dans un ultime hurlement suraigu de ses turbines au Lithium, un petit croiseur spatial décollant à la verticale ! S’élançant pour disparaître dans les nuages de pluie, l’engin brûla les ruines de la bâtisse ; il emportait dans son sillage les restes des murs, des décorations, les clients ou les filles retardataires, qui retombèrent en s’écrasant sur les toits de tout le quartier, mêlant leur sang aux flaques d’eau ruisselant sur le bitume. Le son des moteurs sifflait encore dans ses oreilles, alors qu’il donnait les premiers ordres, envoyait les premières demandes de renfort.

“ Ils voulaient m’emmener avec eux là-dedans, ils voulaient me refaire le coup du kidnapping ! Le type d’en bas aurait pu me dégommer avec une arme, mais il voulait me capturer vivant ! Tu crois toujours que ce ne sont pas des Mutualistes, maintenant ?

  • Ca y ressemble, oui. Mais ce n’est pas eux, j’en mettrai ma main à couper.
  • Tu t’en fous, tu n’en as pas. C’est moi qu’ils voulaient. C’était un piège du début à la fin : ils savaient que je viendrais, et ils connaissaient la stratégie que j’allais employer ! Il y a des traîtres parmi nos forces !
  • Je n’ai pas eu besoin de traître pour te capturer, tu es bien plus prévisible que tu ne le crois. Mais je suis d’accord sur un point : c’était toi qu’ils voulaient. Ils t’ont laissé les approcher jusque devant l’entrée d’un vaisseau spatial, caché à l’intérieur même du quartier des Souriants, n’hésitant pas à sacrifier qui ou quoi que ce soit pour cela.”

Malgré leur expérience des affaires les plus tortueuses, les deux hommes restaient encore sous le choc : les Triades n’étaient pas connues pour leurs agissements irraisonnés. Ils sentaient qu’ils venaient de mettre le doigt sur quelque chose de vraiment très important. “ Je ne crois pas que la chasse en orbite de MaterOne pourra les stopper, ils sont bien trop malins pour cela ” Stuffy analysait mécaniquement, presque comme l’aurait fait Ralato, et il ajouta: “ Quand des souriants sont en vadrouille et veulent se réfugier quelque part, ils vont vers les leurs. Et dans l’espace, le nid des Souriants, c’est…

  • Les mines de Talbot ” Conclut à haute voix un Ralato amer, le regard perdu dans les profondeurs des nuages réfléchissant les lumières de la Capitale.

La première manche était close : place à la seconde.

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Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Quentinus15

Acteurs:

Luciole (Stuffy)

Raoolito (ralato)

Compo: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch13 Ep13

Sun, 16 Mar 2014 12:36:00 GMT

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Un très vieux souriant, artistiquement ficelé dans une tenue traditionnelle, s’approcha difficilement du couple en exhibant un sourire qui déformait sa peau toute ridée ; il portait son âge avancé dans toutes ses douloureuses articulations. D’une main aux ongles sans fin, il présentait un petit flacon sculpté contenant de l’huile et, de l’autre, une serviette plus ou moins propre. Ses petits yeux plissés étaient une invitation, pour son nouveau client, à s’installer sur une natte de son choix. On allait devoir agir : le temps s’écoulait et l’équipe d’intervention attendait un signal pour attaquer. La dernière étape se passerait donc en force.

“Devant les deux types, il y a une place libre. Je m’occupe de celui de gauche.” souffla Stuffy. Désignant quelques ustensiles divers sur un présentoir, Ralato éloigna l’hôtesse tout en suivant docilement le petit vieux. Devant la natte vide, il enleva sa veste et fit mine de la tendre négligemment au garde de droite. Un peu ahuri, celui-ci regarda, ne comprenant pas.

“Maintenant!” Un scan actif, l’onde la plus puissante possible pour un Mental, fusa droit sur le garde de droite, qui poussa un cri déchirant en se prenant la tête entre les mains ! Son collègue sursauta, offrant sa gorge à l’avant-bras Ralato qui lui écrasa la pomme d’Adam d’un coup sec. Alors que celui-ci s’effondrait en cherchant de l’air, Ralato sentit un danger dans son dos : il plongea au sol, évitant de justesse la main tendue aux ongles effilés du vieux, visiblement bien plus en forme qu’il ne le laissait croire.

“Fais vite, je ne vais pas pouvoir tenir l’autre très longtemps ! ” Stuffy envoyait une onde d’attaque, la seule capable de percer les défenses d’un individu sous Boramol, mais cela demandait une énergie considérable : finissons-en donc vite ! Il accompagna le coup suivant du petit vieux en lui enroulant la main dans sa veste, comme pour se protéger d’un serpent, et, le déstabilisant, il le propulsa contre le second garde, lui plongeant la seconde main, aux ongles probablement empoisonnés, dans le torse ! Le temps que le vieux comprenne où il en était, Ralato lui brisait la nuque d’un claquement sec.

Ne venait-il pas de sentir une sorte de jubilation du combat dans son esprit ? Cela ne venait pas de lui, donc Stuffy aimait la bagarre ? Intéressant…

Son hôtesse s’était mise à crier en lâchant les ustensiles au sol, vite suivie par les hurlement des autres ; certains clients pas encore complètement abrutis de drogue tentaient de se lever pour fuir. Les gardes du dessus allaient vite arriver, mais ce n’était pas très grave. L’impact du puissant scan actif de Stuffy avait certainement été capté par l’équipe d’intervention et ils investissaient probablement les lieux en ce moment : on pouvait passer à la suite.

Ralato épousseta sa veste, l’enfila et d’un grand coup de pied fît voler le verrou de la porte devant lui ; tranquillement, il entreprit ensuite la descente vers la pièce du dessous. Le lieu était assez haut, les murs dégradés, lézardés, un crépis préhistorique s’y décollait par plaque, trompant une semi-obscurité d’illusions fantomatiques. La poussière y régnait partout en maitresse sauf au centre, sous la seule et unique lampe, où étaient assemblées plusieurs tables strictement fonctionnelles, ainsi qu’au fond où se dressait une épaisse porte métallique, encastrée dans le mur. Il y avait là quelques comptables en chemise, tétanisés devant leurs ordinateurs portables et leurs compteurs de billets, deux ou trois assistants entassant des dossiers ou roulant des barils de “Nuage de Miel”, et surtout trois ancêtres souriants, aux tenues moins folkloriques que le petit vieux à l’étage, mais qui gardaient un œil expert sur le travail des autres. Moins de dix personnes présentes et, d’un rapide coup d’oeil Mental, Ralato confirma qu’aucun garde ne se tenait dans les recoins obscurs de la pièce.

“ Messieurs des Quatre bambous divins, bonsoir ! Je me présente, Lieutenant Ralato Ouli, forces de Sécurité de MaterOne. Aaaaattention, je vous déconseille tout geste inconsidéré ! Ne faites pas cette tête, je ne suis venu… que pour parler un peu, sans plus.”

Un des petit vieux se dressa immobile face au Lieutenant, tandis qu’on pouvait facilement remarquer que les autres, tous les autres, reculaient doucement.

“ N’essayez pas de fuir, vous allez tous me suivre, pour un interrogatoire dans le cadre d’une enquête que nous menons. La bâtisse est entièrement cernée, vous n’avez aucune chance de vous échapper. Si vous êtes coopératifs, demain vous serez de retour…” enchaîna Ralato, tout en descendant les dernières marches jusqu’au palier. Malgré son assurance de façade, quelque chose d’anormal le chiffonnait dans cette scène.

“ Ils sont bien trop calmes. Normalement, même les derniers assistants devraient aider les vieux chefs à se sauver, mais ici non, ils semblent juste nous laisser un peu de champ libre. Je re-vérifie autour…”

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Prod: PodShows

Réa: Raoolito

Relecture: Icaryon, Andropovitch, Arthur R, Coupie, Quentinus15

Narration: Ian

Acteurs:

Luciole (Stuffy)

Raoolito (ralato)

Compo: Ian

Montage: Ian


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RedU T1 Ch13 Ep12

Sun, 09 Mar 2014 10:51:00 GMT

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Le parfum lourd et puissant de la myrrhe plongeait le visiteur dans un nouveau monde chaud et plus secret : celui de la “Maison des Jouissances”. Laissant le crachin extérieur, Ralato poussa l’entrée de la bâtisse sous le regard inquisiteur de plusieurs cerbères en cravate, puis descendit un escalier aux marches étroites, tapissées de velours ; les murs étaient parsemés de petites lanternes aux couleurs chaudes, tandis qu’un bas-relief, représentant un dragon stylisé, emplissait tout le plafond. Une fois en bas, on pénétrait dans une longue salle rouge ornée de moulures multicolores; tirant négligemment le col de son smoking, il lorgna sur le balcon intérieur, où se languissaient de somptueuses femmes de toutes origines, aux tenues provocatrices. Le long de la pièce principale s’étirait une épaisse table basse, faite de bois rare, sur laquelle on servait diverses spécialités, tandis que de sublimes filles venaient accompagner les clients de leurs promesses de volupté; flottant dans l’espace par projection holographique, deux femmes nues faisaient l’amour sous les regards lubriques des clients. Les volutes d’encens étaient omniprésentes, entretenues par de multiples petites boîtes en bois laqué où brulaient des cônes de poudre, pénétrant les sens et l’âme des visiteurs tandis qu’une musique de fond, typiquement Souriante, apaisait les coeurs. Nous étions à MaterOne Centrum, dans le quartier des Souriants. Une ville dans la ville.

Cette population des continents de l’Est s’était disséminée sur toute la planète, avec une précision et un pragmatisme à toute épreuve, allant jusqu’à reconstituer dans les principales mégapoles des quartiers entiers à l’image de leur culture. Cela allait bien au-delà des limites usuelles d’intégration des Barbanes ou des Nordistes, peuples pourtant déjà très casaniers. Connus pour être les principaux artisans de l’exploitation des formidables gisements de Lithium des Mines de Talbot, à plusieurs semaines de Transition de MaterOne, ils avaient su utiliser ces fonds pour alimenter leur puissante et très fermée diaspora.

Deux hôtesses artistiquement maquillées prirent délicatement la main de Ralato pour le conduire à une place libre le long de la grande table. A leurs ras de cou en mousseline, pendait une petite fleur de lotus avec un numéro : bien plus facile à retenir qu’un prénom, pour un client masculin, n’est-ce pas ? Une serveuse, moulée dans un fourreau de cuir noir, vint lui servir cérémonieusement un thé dans de la porcelaine blanche avant de s’en retourner, laissant, au passage, le temps d’apprécier l’autre coté de sa tenue, uniquement composée d’un filet ne cachant rien de son anatomie intime. Ralato souffla sur sa tasse, fermant les yeux, puis but doucement le breuvage. Il n’avait pas besoin de sa vue pour ce qui allait suivre : un premier scan Mental passif lui permit de survoler rapidement ce qui se passait dans les chambre donnant sur le balcon ; de ce coté là, les hommes y assouvissaient des fantasmes ne le surprenant plus du tout. Par contre, en dessous, il percevait une activité d’où émanait autant de stress que de joie : une salle de jeu emplissait le second sous-sol. Rien d’étonnant à cela, ce genre d’établissement payait une petite fortune les diverses autorisations officielles pour réunir, en un seul lieu, ce qui correspondait le mieux aux Maisons des Jouissances. Du coté des cuisines, rien de particulièrement intéressant, même si cette fois Ralato poussait à la limite ses facultés ; il devrait lancer un scan actif s’il voulait aller plus loin, ce qui serait dangereux, car repérable. Où donc se terraient les hommes à la tête de cette Triade ? Les Quatre bambous divins, le nom de l’organisation, avaient leur quartier général dans ce bouge de luxe et il fallait les débusquer avant de tenter quoi que ce soit.

“ Laisse tomber cet étage, ils sont plus bas. Allons jouer un peu. ” intervint Stuffy. Le Lieutenant étant du même avis, il emprunta donc un nouvel escalier, accrochant au passage à son bras une des dociles hôtesses, pour mieux entrer dans son rôle de client ordinaire. Toujours cet encens lourd, mais il s’y mélangeait maintenant une effluve acide de cigare et d’alcool fort; la salle de jeu comptait dix tables de cartes ou de roulettes sous de belles lampes lourdes de fioritures décoratives, alors que le reste de la pièce était plongé dans une quasi obscurité. On pouvait entendre les gémissements de plaisir d’une femme depuis un renfoncement obscur, vite étouffés par les grognements d’un joueur venant de tirer la mauvaise carte. Enfin, placés aux quatre coins de la pièce, veillaient des hommes de mains lorgnant les client et leurs hôtesses d’un oeil bovin.

“ L’entrée, le restaurant et les cuisines, au-dessus les chambres, en dessous la salle de jeu… Il y a sûrement autre chose, attends : je fouille de mon coté.” Et avant que Ralato n’ait eu le temps de réagir, il sentit comme un nouvel œil s’ouvrir dans son esprit, scrutant sols et murs. Impressionnant, ainsi Stuffy pouvait avoir accès à des facultés individuelles dans l’esprit même de Ralato ? “ Figures-toi que j’ai d’autres atouts dans mes manches : la nuit, tu es le seul à avoir besoin de dormir ! En-dessous, il y a une autre salle, mais cette fois plus dissimulée. ”

Un problème à la fois, concentrons-nous ! Pas besoin d’être Mental pour se douter de l’activité à l’étage inférieur. L’entrée de l’escalier suivant était cachée derrière une épaisse tenture rouge représentant un dragon en or, gardée par un des molosses en cravate. Celui-ci détailla Ralato, mais ne le trouva pas spécialement dangereux et l’autorisa à passer. Toujours accompagné par son hôtesse, il descendit de nouvelles marches tandis qu’une forte odeur de stupre et de fumée narcotique lui prenait les narines. On appelait cela le “Nuage de miel”: une huile hallucinogène s’absorbant, tiède, par les pores de la peau. Lorsqu’on la faisait chauffer un parfum caractéristique s’en échappait, il suffisait alors de s’en enduire (ou de s’en faire enduire) le corps sur une surface plus ou moins large, suivant l’effet désiré… La pièce était plongée dans l’obscurité, ne cédant à la lumière qu’en quelques points tamisés aux couleurs chaudes. Des filles gantées massaient leur client ou les chevauchaient, ou les deux en même temps, allant parfois jusqu’à partager la même passion dans une fusion totale des corps entièrement huilés. Son accompagnatrice lui serra légèrement le bras, l’attirant contre elle, il n’eut aucune difficulté à ressentir le désir qui affluait dans l’esprit de la jeune femme. Comme la plupart des prostituées de cette maison, elle devait être dépendante, prête à profiter de l’argent et de la drogue d’un client. “ Mais qu’est ce que c’est que cela ? Ralato, au coin de la pièce, les deux gardes prêt de la porte, tu as remarqué ? ” Souriant à l’hôtesse, il focalisa son œil Mental dans la direction que lui indiquait Stuffy. Malgré toute sa concentration, il ne put réprimer un hoquet de surprise : les pensées des deux hommes lui étaient inaccessibles, visiblement ils étaient sous Boramol ! Cà, c’était très grave : cette molécule était considérée comme une arme de niveau militaire, uniquement autorisée pour les forces de sécurité, le fait d’en prendre était un risque énorme pour les Triades ! Par le passé, les groupes ayant eu recours à ce produit s’étaient toujours retrouvés impitoyablement anéantis par la section des Affaires mentales, qui y consacrait alors ses formidables moyens ! La vente ou l’usage de Nuage de miel n’étaient que des babiole, comparés à cela.

“ C’est en dessous que tout se passe, je ressens des types qui comptent, des vieux qui négocient et… Autre chose de bizarre qui m’échappe encore. On va devoir descendre, Ralato, mais il reste à trouver une bonne méthode pour y aller : l’entrée est justement gardée par nos gorilles au Boramol. ”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur R., Coupie, Quentinus15

Narration: Raoolito

Acteurs:

Luciole (Stuffy)

Compo: Ian

Montage: Ian


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RedU T1 Ch13 Ep11

Sun, 02 Mar 2014 11:11:00 GMT

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Le feu de l’âtre crépitait, les flammèches se lovant tout autour des formes rougeoyantes du bois, poursuivant leur oeuvre de décomposition des buches déposées au centre du foyer. Ce spectacle était d’autant plus fascinant que le Contre-Amiral s’étonnait de ne plus être resté simplement attentif à quelque spectacle depuis longtemps, son esprit étant toujours actif à échafauder analyses et théories, complots ou parades. Un petit morceau de charbon incandescent se détacha de la masse et tomba sur le sol; roulant contre la grille de protection, il termina sa course en une gerbe d’étincelles féériques. On toqua à la porte : le thé était prêt. Un serviteur posa professionnellement tasses, sucrier et théière, faisant couler plusieurs fois le bouillant liquide ambré entre le récipient et un verre, prévu à cet effet. En suivant la manoeuvre souple et précise, Poféus croisa le regard de la praticienne et se surpris à détourner le sien. Le visage de cette femme était une image trop sereine, ses yeux étaient trop profonds, trop analytiques. L’Histoire est emplie de ces personnalités capables de paraitre si neutre qu’elles en désarmaient leurs adversaires pour mieux les abattre par traitrise !

La fenêtre étouffa un coup de tonnerre venu du dehors et la pluie résonna d’autant plus fort qu’elle était devenue une belle averse. Le serveur conclu son office puis déposa délicatement deux serviettes fines, de chaque coté de la table, avant de se retirer à pas de loup. Poféus ne pouvait rester silencieux plus longtemps, et tous deux le savaient.

“ Comme je vous l’ai dit, ma compagnie n’est guère distrayante… ” commença-t-il en prenant deux sucres qu’il noya dans sa tasse à l’aide d’une petite cuillère, “ Je vous imagine plus… prolixe en la matière. Votre métier doit vous offrir quelques anecdotes dignes d’égayer ce genre de moment, je présume ?

  • Amiral, vous n’ignorez pas que ma profession relève du secret médical. ” Elle lâcha un unique sucre dans son thé, tournoyant astucieusement sa cuillère pour le dissoudre plus facilement, puis elle poursuivit dans un sourire moins convenu: “Donc même sous le sceau de l’anonymat, je n’aurais, en aucune manière, le droit d’aborder mes rencontres avec quelqu’un qui ne serait pas dans un cadre purement professionnel, tel un confrère par exemple.” La psychologue porta alors le thé à ses lèvres et, du bout de celles-ci, en but quelques goutes, testant ainsi la concentration en sucre. Visiblement satisfaite, elle reposa la tasse sur sa soucoupe, se contentant d’envelopper à nouveau Poféus de son regard profond. “Evidement comme vous êtes à la tête d’un des meilleurs service de psychologie de la planète, je veux parler des Affaires Mentales, et que vous n’êtes pas un patient, je dois pouvoir me laisser aller à raconter quelque petite expérience des plus passionnante. Accordez-moi simplement de ne pas donner de nom ?
  • Bien entendu” répondit le Ministre, croisant les bras en s’installant plus profondément dans son fauteuil, “Allez-y, nous avons un peu de temps, comme je crois vous l’avoir déjà dit”
  • Vous me l’avez dit, en effet…” Elle reprit sa tasse et en avala une plus grande gorgée, fermant les yeux, déglutissant doucement, comme pour mieux laisser au Jasmin le temps d’imprégner ses papilles. “Mmhmm, le savoir-faire de votre domesticité est à la hauteur de votre fonction, Amiral, ce thé me rappelle réellement ma jeunesse au bled. Dites-moi, je n’ai trouvé nulle trace de votre prénom dans les notes officielles ? On ne parle que de votre grade, votre fonction ou votre nom de famille.
  • Oui, je n’aime pas que l’on soit familier avec moi, je l’ai fait effacer systématiquement.
  • Je vous comprend : partager son prénom c’est souvent donner aux autres une sorte de passeport pour son intimité. Le soumettre ou non, est déjà une affaire de choix de vie.
  • Croyez-vous ? Vous vous nommez Calande, m’avez-vous dit, et c’est d’origine Brune si je ne m’abuse. Pourtant je n’ai aucune entrée spéciale pour votre esprit. Mes Mentaux sont bien plus efficaces à ce jeu, croyez-en mon expérience.” Ne venait-il pas de tomber dans un piège ? Lorsque l’on ouvre une entrée, on peut empêcher les gens d’y pénétrer, ou justement les laisser en passer le seuil, car même sur leurs gardes, ils sont désormais dans votre territoire ! “ Vous me parliez d’une anecdote amusante, je vous écoute Madame Rorré. ”

Le sourire de la praticienne s’accentua légèrement avant de se reprendre. Baissant les yeux, elle se tapota délicatement la bouche avec la serviette, puis le perça à nouveau de son regard. Poféus sentit alors une sueur glacée lui parcourir l’échine : qui est le chat et qui est la souris ici ?

“ En effet Amiral. ” Répondit-elle sobrement, puis à son tour, elle s’installa plus profondément dans son fauteuil, croisant ses doigts sur le ventre en une attitude rappelant certaines anciennes divinités tropicaliennes. “ C’est un de mes patients, une personnalité de premier plan, une personne qui, permettez-moi d’insister sur ce fait, est précédée d’une réputation de fermeté et… de puissance (vous seriez surpris, Amiral, de savoir combien il peut être intimidant d’aller au devant de quelqu’un comme cela). Et lorsque l’on creuse un peu, lorsqu’on laisse ce personnage s’imposer devant vous, on découvre un être humain, torturé par ses peurs et ses désirs, aux nerfs tendus sous cette pression constante que seul le pouvoir ou les hautes responsabilités savent appliquer. Vous devez comprendre facilement cela je pense.

  • Oui. Je me demande bien si celui que vous appelez votre patient nécessite vraiment l’intervention d’un psychologue. Il me semble… De très bonne constitution psychique pour supporter cela quotidiennement.
  • Il le semble en effet. Sauf qu’il a fait appel à moi, et cela, compte tenu de sa fonction, n’est pas un acte anodin, loin de là : il a des secrets et des ennemis (qui n’en a pas à ce niveau ?) et rien que de prendre contact avec un praticien peut être su et interprété comme une faiblesse. Alors la question qui se pose est : pourquoi ?
  • Un moment de doute peut-être ? Probablement quelque chose de temporaire et de peu d’importance. Il s’en rendra vite compte et vous laissera retourner à votre cabinet, soyez-en certaine.
  • Peut-être… Et c’est une possibilité, sauf que dès notre premier entretien, il s’est appliqué à user de son extrême intelligence non pas pour me dérouter ou me repousser, mais contre lui-même. Je vous étonnerais si je vous en donnais tous les signes. J’ai vite eu la certitude que cet homme était en tourment; quelque chose, en lui, lui semblait si dangereux pour l’existence qu’il menait, qu’il s’est senti obligé de me contacter, malgré ses appréhensions.
  • Je n’arrive pas à éprouver le moindre amusement à votre histoire, Madame.
  • Je vous l’ai décrite comme passionnante, Amiral, ce qui est différent. Mais surtout le plus intéressant est qu’il a suffit d’une petite dizaine de minutes pour diagnostiquer une schizophrénie en phase ascendante. Elle s’est caractérisée par plusieurs absences brusques et prolongées de ce patient, alors que des personnes étaient présentes sur le lieu de la rencontre.
  • C’est… C’est arrivé plusieurs fois ?”

Un violent éclair zébra le ciel, illuminant la pièce une fraction de seconde avant de disparaitre dans un fracas sonore où vibra le verre des vitres. Plusieurs fois ? Mais non, c’est arrivé tout juste une.. Enfin, lui semblait-il ? Elle avait tout deviné, il se tourna vers le feu, les buches, l’âtre, la cheminée, ses yeux n’arrivaient pas à se fixer. La pluie redoublait dehors et un nouveau coup de tonnerre gronda au loin, assourdi par la distance.

“Vous ne prenez pas votre thé, Amiral ? Il risque de refroidir, ce serait dommage.”

Par réflexe il la regarda, hypnotisé par le regard de cette femme à l’allure pourtant si frêle.

“Je.. je n’ai.. En fait oui, je vais en prendre.” Et il s’efforça de prendre la tasse, malgré les doigts de ses mains glacées et rigides. Mais que lui arrivait-il ?

La psychologue se leva: “ Je pense que je vais prendre congé, Amiral, je n’ai que trop pris de votre temps. L’orage semble s’éloigner et je ne doute pas que la pluie fera de même. Vous féliciterez pour moi votre personnel. ” Et se penchant, elle lui tendit la main “…Et je vous remercie de votre hospitalité.” Plus spectateur de ses gestes qu’acteur, il la lui prit et la serra; la peau de ses doigts était fine, douce, et la main recelait une chaleur qui lui manquait.

“Je.. B..Bon retour Madame Rorré.

  • Appelez-moi Calande, si vous voulez Monsieur le Ministre.” Elle lui adressa un dernier sourire puis s’éloigna naturellement vers la porte laissant quelques volutes du parfum léger tourner une ultime fois dans l’air. Dehors, la pluie semblait diminuer en intensité, et plus aucun coup de tonnerre n’était à noter depuis quelques minutes; elle n’avait effectivement plus aucune raison de rester. La femme tourna la poignée de la porte, semblant en traverser le seuil au ralenti, quand : “…Calande !
  • Amiral ?
  • J’ai besoin de l’aide d’une personne… de confiance, en effet.”

La psychologue se raidit dans l’ouverture, semblant jauger sa phrase: “ Il vous faudra accepter cette confiance Amiral, j’ignore jusqu’à quel degré vous le pourrez ? ” Tout naturellement, Poféus se retrouva donc devant un choix: cette femme avait dévoilé d’elle-même une partie du problème, et il devait décider si elle en valait la peine. Méritait-elle d’en savoir plus sur sa personnalité profonde ? Jusqu’où avait-il le droit de se confier et jusqu’où pourrait-elle accepter d’entendre ?

Un nouveau morceau de buche se détacha et, comme ses prédécesseurs, roula pour mourir en une gerbe d’étincelles contre la grille. Sorti du feu, il devenait froid et noir, n’ayant une existence que dans l’action et la chaleur; bientôt le foyer s’éteindrait et que resterait-il de lui… ou de Poféus ? Allaient-ils partager le même destin, s’enfoncer simplement dans le néant pour ne jamais revenir ? Le Contre-Amiral aurait-il seulement conscience d’être… parti ?

Il ne se retourna pas vers la psychologue, se contentant de fixer le bout de charbon, mais sa décision était prise : “ Angilbe. Je me nomme Angilbe Poféus.

  • Alors je vous propose de nous revoir après-demain, Mr Poféus, à la même heure et… dans les mêmes conditions. Vous venez de faire le premier pas, nous pourrons peut-être vous aider. ”

Puis elle ferma la porte du salon feutré et s’éloigna, laissant le Contre-Amiral seul, assis devant un feu de cheminée finissant, une petite porte ouverte en lui. Tandis qu’une pluie fine léchait les vitres du salon, il ressentait le léger appel d’air chaud sur ses mains si froides.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur R., Coupie, Quentinus15

Narration: Anna

Acteurs:

Pof (Poféus)

Coupie (Calande Rorré)

Compo: Ian

Montage: Richoult


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RedU T1 Ch13 Ep10

Sun, 23 Feb 2014 18:45:00 GMT

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Poféus attendit encore quelques minutes, éprouvant une très inhabituelle appréhension pour ce qui allait suivre. Un soupir lui échappa alors qu’il contemplait les cumulonimbus, ces géants du ciel, s’accumuler au dessus de la capitale; le manteau grisâtre des nuages diminuait la lumière ambiante, atténuait les couleurs et on pouvait certainement ressentir dehors la montée de l’humidité ambiante. Une météo terne pour un moment sans gloire. Ici, le grand bureau, et même tout le bâtiment, était bien climatisé et…

Bon, assez ! Ce n’est pas un ennemi, ce n’est même pas un rendez-vous officiel, rien qu’un psychologue, pas de quoi en faire une montagne !? Ce matin, il avait été jusqu’à laisser la vie sauve à son mignon de la nuit ! Le garçon avait courageusement supporté tous ses assauts, allant jusqu’à simuler du plaisir, mais le Contre-Amiral, ne pensant qu’au rendez-vous du lendemain, était venu difficilement. Contre toute attente, il s’était surpris à éprouver un sentiment de tendresse envers lui, et l’avait laissé partir ainsi; charge aux hommes de garde de le supprimer par eux-même.

Déjà les premières gouttes auréolaient parcimonieusement les carreaux de la haute fenêtre, anticipant la violente averse à venir: l’opération de Ralato de ce soir risquait de se dérouler sous la pluie… Bon, assez. Il traversa la grande pièce pour se rendre dans un petit salon adjacent, à l’ambiance plus feutrée. Normalement son interlocuteur devait déjà s’y trouver, il n’aurait qu’à s’asseoir, parler un peu, et, rapidement, on lui présenterait un bilan et quelque traitement à suivre. Rien que de très médical en fin de compte, pas vraiment intime. Et puis, si ce praticien ne respectait pas son autorité, Poféus pouvait s’imposer très facilement, voire l’écarter pour en choisir un autre. Il ouvrit la porte, pénétra dans la pièce, leva les yeux et se figea net.

Non… non cela ne serait pas possible : dans un des fauteuils du salon, se tenait assise les jambes croisées, dans un tailleur gris impeccable, une femme entre deux âges qui l’observait, un discret sourire de sociabilité aux lèvres. Il s’était renseigné, on lui avait parlé d’un des meilleurs praticien de la place, mais personne ne lui avait précisé qu’il devrait se confier à une… femme ?! La petite psychologue aux cheveux sombre, visiblement d’origine brune, se leva mais ne se déplaça pas pour l’accueillir.

“Monsieur le Ministre ? Calande Rorré, psychologue. Si vous êtes prêt, je vous propose de vous asseoir ici, face à la cheminée ? L’âtre diffuse une chaleur qui me semble propice à notre entretien.”

On avait allumé la cheminée, il ne l’avait pas vu ainsi depuis longtemps et cela renforçait effectivement l’intimité des lieux, sans pour autant résoudre le problème ! Il se rapprocha du foyer pour y réchauffer ses mains qui n’étaient pourtant pas spécialement froides. “ Madame Calande Rorré, j’ai peur que vous ne vous soyez déplacée pour rien. Vous n’êtes pas le… genre de professionnel auquel je m’attendais.

Ho, le fait que je sois une femme je suppose ? Je pensais que vous en étiez conscient ?

Je l’ignorais, notre contact n’a pas été direct.

Oui je vous avoue avoir été surprise de voir un agent du ministère venir prendre un rendez-vous, un second m’accueillir et me faire passer les portes, un troisième me conduire jusqu’ici. Tout cela pour garder le secret je suppose. Considérez-vous que ce qui vous a amené à faire appel à un praticien relève du secret d’état ?

En quelque sorte. Mais je ne m’avancerai pas plus. Vous devriez rentrer chez vous.

Bien sûr, je vais y aller… Mais dites-moi, il commence à pleuvoir sérieusement ? Cela poserait-il un problème si je profitais un peu de ce lieu et de ce foyer, en attendant une éclaircie ?

Faite comme bon vous semble.” répondit le Contre-Amiral, immobile, debout devant la cheminée, observant la danse ininterrompue des flammes. Pourquoi ses propres mains lui semblaient si froides, en fait il avait froid tout court ?! Etait-ce un problème de circulation du sang, ou simplement tombait-il malade ?

“Hô non Amiral, je vous connais mieux que vous ne le pensez : un vieux pédophile ayant retourné trop sa veste pour croire à quelqu’idéal que ce soit. Un arriviste ayant la haute main sur la force armée la plus puissante de la planète : les Mentaux. Mais vous êtes infiltrés, votre pouvoir est rogné de dedans et de dehors.

Vous regretterez ces paroles.

Je vous connais Amiral, votre biographie est presque déjà dans la chronique nécrologique.

Maudit Heir ! Il n’avait pas besoin de cet arriviste qui profitait de la corruption du système, libéralisé à marche forcée depuis la Révolution.

“Bien sûr Amiral, bien sûr… Réfléchissez à mon offre, vous avez une semaine. Passé ce délai, je lâche mes chiens contre vous.

…Ministre ? Amiral, vous m’entendez ?

Quoi ?!” grogna Poféus se retournant sur un de ses gardes du corps qui se tenait un pas derrière lui. Depuis quand était-il là ?

Amiral, le secrétaire d’état à l’industrie désirerait un rendez-vous d’ici deux heures. Que dois-je lui répondre ?

Que veut-il ?”

Le garde jeta un œil à la femme assise dans le fauteuil. “ Il dit que c’est important Amiral, sans plus de précision.

Décalez ma visite au camps d’Atos, je le recevrai, rompez ! ” Et sans un mot supplémentaire, l’homme ressortit, fermant la porte aussi doucement que possible derrière lui.

Maudites pertes de réalité, s’imposant encore et toujours, n’importe quand ?! Il devrait consulter pour… Il se retourna, comme affolé : elle était toujours assise et ses yeux, si profonds, l’observaient toujours. Les rides aux coins de son sourire discret, signalait-elles qu’il s’agissait d’une méthode courante dans la pratique de sa profession ? Etait-elle en pleine analyse ou juste une femme profitant d’un salon luxueux et d’une bonne ambiance ? Que venait-elle exactement de voir ou de comprendre ? Il pouvait sentir son léger parfum fruité tourner autour de lui, comme pour l’enserrer.

“Il… semble que mon emploi du temps s’éclaircit. Désirez-vous.. quelque thé ou café au lait ?

Je ne voudrais pas m’imposer Monsieur le Ministre. Mais j’accepterais volontiers une tasse de thé en vous tenant compagnie par exemple.

C’est que je… ne suis pas d’une compagnie très attrayante. Mes sujets de conversation sont exclusivement professionnels.

Vous savez, et je vous parle juste en tant que personne de passage en ces lieux, parfois aborder simplement des sujets frivoles sans rapport avec son quotidien, quelqu’il soit, cela revient à s’offrir une petite récréation. Je prendrais un thé au Jasmin, si possible, et vous, que prenez-vous?

Moi ? Mais je ne.. Un thé au jasmin également.”

Il sonna, passa la commande et vint naturellement s’asseoir sur le fauteuil face à la cheminée.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur R., Coupie, Quentinus15

Narration: Anna

Acteurs:

Pof (Poféus)

Coupie (Calande Rorré)

Richoult (garde)

Destrokhorne (Mr Heir)
Compo: Ian

Montage: Richoult


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RedU T1 Ch13 Ep09

Sun, 16 Feb 2014 09:59:00 GMT

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Les marches luisantes et toujours glissantes d’humidité défilaient en rythme sous ses yeux. Malgré la semi-obscurité il lui semblait les reconnaitre l’une après l’autre, personnalisées par tel défaut, telle partie trop lisse, telle anfractuosité d’où gonflait quelque tapis de mousse. Jaillissant de sa mémoire, le Lieutenant Ralato ne pouvait contenir les nombreux souvenirs qui l’assaillaient; combien de fois avait-il monté puis descendu, puis remonté et encore redescendu, les marches de cet antique passage secret conduisant au bureau du contre-Amiral Poféus ? Il ralentit à l’approche de la fameuse porte blindée donnant sur le bureau du Ministre de la Sécurité, activa l’interrupteur mural si souvent pressé, puis resta debout, stoïque, face à cette porte close et sa petite diode rougeoyante.

Le Contre-Amiral allait lui ouvrir, mais comme ce fût toujours le cas, il allait devoir patienter. Tant de petits détails parfois futiles de son ancienne vie lui revenaient telles des étoiles dans un ciel obscure : son univers d’antan se re-dessinait doucement. Il retrouvait les manières civilisées de la vie en société, il mangeait à sa faim. Même le plat le plus simple lui semblait festif. Les délicieuses douches bouillantes devenaient de fugitifs instants de paradis perdus où il se surprenait à… profiter simplement.

Il avait perdu six mois de sa vie dans les geôles Mutualistes. Une demi année à subir la torture et l’humiliation, la souffrance et les privations dans l’unique but de le briser, d’anéantir ses résistances mentales et de connaitre les secrets du Ministère de la Sécurité. Il avait pourtant résisté à tout, bien au-delà de ce qu’il se serait cru capable, se découvrant des forces insoupçonnées et une volonté de fer. Le plus absurde dans cette histoire, c’était que son tortionnaire, l’homme qui avait inlassablement veillé à la moindre subtilité destinée à le perdre, celui qui avait juré d’ouvrir aux Mutualistes les portes de son Esprit, son ancien collègue Stuffy… cet homme était maintenant enfoui sous son crâne, et il n’avait pas eu d’autres choix que de s’accorder avec lui pour une alliance contre-nature ! Quelle abjection !

“ Tu n’oublies rien dis-moi ? ” La voix de l’ancien agent d’Azala résonna dans son esprit. Il se tenait silencieux depuis la journée précédente, lors de leur découverte de la fosse aux quarante victimes. Que voulait-il ? Quelle excuse oserait-il avancer ?

“J’ai passé plusieurs semaines dans les bas fonds de la puante forteresse Castiks ! Crois-tu que tes hommes m’ont gratifié d’un traitement V.I.P. ? Et plus tard, lorsque tu as cru me capturer à nouveau sur les rives du lac de la Colline des vacances, ne m’as-tu pas parlé d’un traitement où l’on ne me torturerait pas trop ? “

C’était terriblement vrai. Dans ce milieu, entre ennemis, il n’y a qu’une seule règle : le résultat quel qu’en soit le prix. Les traitres, eux, n’avaient aucune chance, leurs geôliers se sentant quasiment obligés d’infliger des brimades exemplaires.

“Exactement. Nous ne nous sommes pas fait de cadeau Ralato, et aucun d’entre nous ne peut prétendre être plus bourreau ou victime. C’était la guerre.


  • C’était ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu un accord de paix avec les Mutualistes… ?
  • Disons que les circonstances ont changé, et que nous sommes devenus des… alliés objectifs ? ” Répondit perfidement la voix. Alliés objectifs, disait-il. Oui en effet, le Lieutenant devait reconnaitre que cela correspondait assez bien à la situation. L’analyse de la composition du métal des lames, qui ont égorgé plusieurs des victimes de la fosse, correspondait à un alliage contenant de forts taux d’oxyde de lithium, spécifiques à la région de Talbot. Quand à la forme du couteau : courbée avec plusieurs entailles en contre-courbe à la base, c’était typiquement un modèle rituel des Triades Souriantes. Ralato venait donc de plancher toute la nuit sur un plan d’intervention au cœur du Quartier Souriant de MaterOne Centrum, destiné à appréhender et interroger plusieurs personnalités connues de ces organisations mafieuses. Il ne restait qu’un paraphe du Contre-Amiral et dès ce soir, il monterait en Orthoptère à la tête d’un commando. Tout cela grâce à Stuffy.

Le souvenir lointain d’une araignée qui descendait et tissait patiemment sa toile sous ses yeux, revint dans le silence de l’attente. A l’époque le courageux insecte de quelques millimètres n’en était qu’au début du travail. Plusieurs mois étaient passés, et un épais réseau de toiles complexes, dissimulant pièges, entrepôts et trou de nidification, constellait la voute du passage. On pouvait entre-apercevoir plusieurs insectes momifiés et emballés, que la propriétaire des lieux semblait vouloir conserver sur place avant une possible consommation. Ralato ne put s’empêcher un sourire en rapprochant les situations : alliés objectifs, ces petites proies pouvaient-elle croire à ce genre d’accord avec l’araignée ? Jusqu’à quel point de souffrance peut-on pardonner ?

“Il ne s’agit pas de pardonner, il s’agit de survivre : nous ne sommes pas du genre à mourir pour la vengeance.

  • Pourtant quand tu moisissais à la forteresse, tu vivais dans ce but, non ? Trouver ton délateur et te venger !?
  • Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. D’ailleurs qui était-ce, je ne l’ai pas trouvé dans tes souvenirs ? ”

La lumière rouge vira au vert et un déclic se fit dans le mécanisme de la porte, ramenant les deux antagonistes à une réalité plus immédiate. Ralato poussa la porte, habilement dissimulée dans les moulures en bois derrière le bureau du Ministre, et vint se présenter aux cotés de son supérieur; le Contre-Amiral semblait perdu dans ses pensées, debout devant les anciennes hautes fenêtres de son bureau à la décoration si chargée, relique d’une vieille Royauté opulente. Le Lieutenant fit son exposé, détaillant la pertinence des preuves ainsi que les détails opérationnels de l’intervention. Poféus restait impassible, sans réaction particulière, l’avait-il seulement écouté ?

Malgré son retour récent il avait déjà remarqué à plusieurs reprises les “absences” du Ministre de la Sécurité. Difficile pourtant d’aborder le sujet de front, surtout que lors de leur dernière rencontre, il n’avait pas lui-même brillé d’une assiduité sans reproche. Mais non, la main du Contre-Amiral se tendit vers lui, récupérant le dossier de l’opération du soir, sans un mot, pour le lui rendre signé.

Le Lieutenant Ralato salua et se retira; il venait d’ouvrir la porte secrète quand la voix de son chef porta jusqu’à lui une étonnante remarque pour qui connaissait le gradé : “ Lieutenant, la dernière opération que vous avez monté s’est terminée en fiasco. Quelque soit le résultat de celle-ci, arrangez-vous au moins pour ne pas tomber entre leur mains ! Nous avons besoin de vous ici. “

Il bredouilla une réponse puis se lança dans la descente du corridor souterrain. Oui vraiment ! C’était une très étonnante remarque…

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur R., Coupie

Narration: Icaryon

Acteurs:

Luciole (Stuffy)

Raoulito (Ralato)

Pof (Poféus)

Compo: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch13 Ep08

Sun, 09 Feb 2014 10:14:00 GMT

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Dans les larges avenues de MaterOne Centrum, une grande limousine noire déambulait à vitesse réduite sous un ciel calme et ensoleillé, semblant laisser à ses passagers le loisir de lécher les vitrines des luxueux magasins, étalant leurs richesses telle une promesse inaccessible au tout-venant.

Le professeur Quartmac jetait un œil distrait par les fenêtres, peu enclin à croiser quelque regard malgré les vitres teintées; il avait beau être invisible aux scans des Mentaux, se retrouver dans la Capitale, maintenant qu’on le fichait parmi les hommes recherchés, c’était se sentir tel un asticot accroché à l’hameçon d’un pêcheur. Mais pourquoi Alpha l’avait-il demandé, et surtout pourquoi ici ? Il ne pouvait même pas parler au chauffeur, une vitre sans teint les séparant. D’ailleurs y avait-il un chauffeur ?

La limousine ralenti puis pénétra dans la cour intérieure d’un hôtel particulier à l’ancienne façade superbement sculptée. Mais jusqu’où les Mutualistes vont-ils installer leurs bases secrètes, on était en plein cœur de la Capitale ? A peine entré dans le petit garage, le sol de la plateforme s’enfonça, emportant la voiture plusieurs étages sous la surface. Dès qu’il se stabilisa, sa portière s’ouvrit sur un garde à la mine patibulaire lui désignant d’un coup de menton une série de diodes incrustées dans le sol : le chemin à suivre. Les couloirs étaient nombreux, les pièces fermées et multiples : encore une base démesurée, la folie des grandeurs n’équivalait que la paranoïa de ces gens là ! Après quelques minutes de marche, un sas se révéla face à lui au détour d’un couloir ; à peine entré dans un lieu particulièrement sombre, il se referma tandis qu’un projecteur braqua sa puissante lumière sur le visage du savant. Par réflexe celui-ci se protégea les yeux ; les Mutualistes avaient de ces manières !!

“Monsieur le Professeur Quartmac, c’est un plaisir de vous revoir sur pied ! Comment vont vos jambes ?” La voix résonnait étrangement, comme si l’on avait voulu empêcher de deviner qui parlait, mais également quelles étaient les dimensions de la pièce. Ecartant quelque peu les doigts, il tenta d’acclimater ses pupilles au faisceau blanc, discernant à quelques mètres une vague silhouette humaine installée dans un fauteuil, elle-même éclairée en arrière d’une lueur violette.

“Bonjour également Alpha, gloire aux Mutualistes ! Déclara-t-il sans grand enthousiasme, mimant un salut de son bras libre. Est-il possible de baisser ce spot, c’est extrêmement désagréable !

-Mais bien sûr Professeur, vous êtes un ami des Mutualistes, il n’y a aucun problème.” et d’un claquement de doigts, le projecteur s’éteignit.

Quartmac abaissa lentement son bras, craignant une autre sécurité quelconque, mais non. Face à lui se trouvait Alpha, le numéro un des Mutualistes, l’architecte de tout ce mouvement et son grand Guide. Personne ne savait qui il était, évidement, mais personne ne l’avait vu de face en pleine lumière et sa voix elle-même était constamment déformée.

“C’est… c’est un plaisir d’avoir reçu votre invitation Monsieur. Et cette base implantée au beau milieu de MaterOne Centrum est une véritable prouesse. Se hasarda-t-il à lancer, espérant débuter une conversation rapide qui expliquerait sa présence ici.

  • En effet, c’est une de nos dernières créations. Voyez-vous, un Mutualiste n’est jamais loin d’un lieu où il peut être en sécurité. Je crois savoir que l’on a ressoudé vos tibias avec une technique toute nouvelle. Qu’en pensez-vous ?”

Un Mutualiste qui entrait sans prévenir dans une base de son groupe risquait autant de se faire tuer que s’il entrait dans une caserne de l’Armée avec une grenade dégoupillée. La notion toute relative de “sécurité” d’Alpha en disait long sur la paranoïa du personnage et de son organisation.

“Oui en effet, une sorte de gel de cellules mutagènes, à ce que les médecins m’ont expliqué. D’ailleurs découvrir un hôpital mutualiste ne fût pas la moindre de mes surprises ! Mais passons, que puis-je pour vous Alpha ?

  • Pour moi ? Mais… M’expliquer ceci !”

Entre les deux hommes se forma une image tridimensionnelle du Lieutenant Ralato, marchant vers un orthoptère. Cette vidéo devait avoir été prise il y a peu de temps, d’ailleurs la végétation autour ressemblait à celle de l’ancienne base des montagnes, abandonnée en urgence après son évasion.

“Ralato… Je pense déjà vous avoir tout expliqué dans un rapport détaillé. Je n’ai rien à y rajouter : Fabio, son frère, a défié les lois communes pour venir le sauver.

  • Et en admettant qu’un tel Mutant existe, pourquoi Poféus s’en serait-il débarrassé ? Et où d’ailleurs ?
  • D’après ce que j’ai compris, il est à bord de l’Exode. Quand à son éloignement, je pense que vous ne saisissez pas QUI est Fabio Ouli. Si même le Contre-Amiral a abandonné l’idée de l’utiliser, c’est qu’il a dû apprendre à ses dépends à s’en méfier.
  • Peut-on le contacter ? Cette personne serait une recrue de choix pour notre Mouvement.
  • S’il était intéressé, nous le saurions ! Non, croyez-moi Alpha, Fabio est simplement trop puissant pour MaterOne ! En fait j’attends l’annonce de la traversée de la Passe de Magellone par l’Exode. Même lui ne pourra plus nous atteindre après cela.
  • Quand il vous menace de représailles si l’on touche encore à son frère, le croyiez-vous ? Je devrais plutôt demander : le craigniez-vous Professeur ?”

Quartmac marqua le coup. Il avait enseigné à Fabio et Ralato une bonne partie de ce qu’ils savaient, ne se ménageant pas malgré son cancer évolutif, tentant de transmettre à ces deux prodiges tout ce qu’il connaissait. Mais le Mental aux iris dorés n’était pas seulement puissant, il excellait dans toutes les disciplines Mentales, créant de facto de nouveaux barèmes, de nouvelles échelles. Le savant soupira, Alpha attendait une réponse :

“Il est un peu comme mon fils. Poféus le connait bien, son frère Ralato également, et tous nous le craignons. Tous.

  • Soit, nous en reparlerons. Qu’en est-il de l’insémination tentée sur le Lieutenant Ralato Ouli ? Avons-nous réussi ?
  • Franchement je l’ignore. Malgré l’intervention de Fabio, une partie du message peut être passé. Certes l’opération demeurerait incomplète, mais l’esprit est un organe étonnant. Il est capable de reformer lui-même les données manquantes.
  • Et peut-on encourager cela ?!”

Alpha semblait soudain particulièrement intéressé.

“Sans doute. On devrait le placer dans des situations où il doit faire appel à une réflexion sur des thèmes que nous avons modifiés en lui.

  • Précisez ?”

Il n’y avait pas à dire, le dirigeant des Mutualistes était captivé ! Depuis le début de cette histoire, il semblait avoir des projets vis à vis de son garçon. Si l’Insémination avait réussi, les bases de la construction psychique du Moi de Ralato auraient été ébranlées. Si sa Famille n’en était plus une, il allait devoir s’en inventer une autre : c’était là que les Mutualistes auraient pu entrer en scène. Mais la mort de Stuffy n’avait pas permis d’atteindre l’objectif et, en fin de compte, l’état actuel de Ralato dépendait totalement de ce que son ancien collègue avait réussi à lui implanter dans l’esprit. C’était une sacrée inconnue : tous les Mentaux présents lors de l’opération étaient morts et, au travers des rares relevés sauvés du désastre, Quartmac avait seulement pu avoir la certitude que “quelque chose” avait perturbé le Moi de Ralato. Quoi, comment ? aucune idée…

Soudain, le logo de l’organisation Mutualiste apparu à la place de son champs visuel ! Où qu’il regarde, il ne voyait que cela !

“Hê ? Arrêtez cela tout de suite !” Des lasers traquaient en ce moment ses rétines pour y imprimer cette image. Sauf à fermer les yeux, il était encore plus aveuglé qu’avec le projecteur du début. Il entendit des pas s’approcher de lui, et deux mains se posèrent sur ses épaules, l’immobilisant. D’une voix faussement calme de colère rentrée, Alpha lui reposa la question :

“Professeur ? Précisez quelles situations devons-nous lui faire vivre pour activer l’Insémination, je vous pris ?

  • Tout ce qui peut toucher à déstabiliser de ce qu’il croit comme acquis !” Le Professeur répondait sans même réfléchir, comme si les mots avaient besoin de sortir de sa bouche ! Mais que lui envoyaient-ils dans les yeux ?! Il clos ses paupières, baissant la tête, reprenant ses esprits. “Ralato est un militaire, aux ordres de Poféus en qui il a… confiance. Enfin… le plus confiance possible. En quoi croit un soldat ? Réfléchissez à cette question et trouvez vous-même la réponse ! Et arrêtez de me bombarder votre truc dans les yeux !”

Alpha recula, s’éloignant ; le savant ouvrit précautionneusement les paupières, mais le logo avait disparu. Il tourna la tête vers le chef des Mutualistes, celui-ci contournait le fauteuil, s’éloignant dans la lueur violette.

Le sas de derrière s’ouvrit, l’entretien était terminé.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Arthur Rainbow

Acteurs:

Alpha (Destrokhorne)

Quartmac (DrWolf)

Compo: Ian

Montage: Destrokhorne


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RedU T1 Ch13 Ep07

Sun, 02 Feb 2014 10:03:00 GMT

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“Bonjour à tous, ici Ted Maos’n ! Nous interrompons la programmation habituelle d’Ex One Média pour suivre en direct la seconde partie de cet événement unique dans l’Histoire: la plongée de l’Exode dans la Passe de Magellone !

Comme promis, toute la rédaction reste sur le pont pour partager avec vous ces grands moments d’émotion ! Le second convoi est face à la passe depuis une petite heure et il semble que le départ ne soit plus très loin. Sans plus attendre, rejoignons sur place nos envoyés spéciaux, Dave Le Limier sur le Transporteur n° 2 et Drisso el Noufello sur le Transporteur n° 4. Drisso êtes-vous avec nous ?

-Je suis là Ted, ravi d’être en direct à vos cotés.

-Le plaisir est partagé, et Dave, sur le second Transporteur ?

-Je vous reçois Ted, et de notre coté ici également, nous partageons ce moment avec une grande émotion !

-Merci Messieurs ! Alors, profitant des mêmes largesses que lors du plongeon du premier convoi, tous les médias ont été conviés à émettre depuis la Salle de Commandement de vos vaisseaux respectifs. Prenons expérience de notre précédent direct: avez-vous un compte à rebours quelque part ? Dave peut-être ?

-Non, pas ici, on nous demande juste de bien rester dans une partie à gauche de la salle, où des armoires, remplies de ce que je pense être des unités de calculs, clignotent assez frénétiquement. Au moins nous ne sommes pas dans les pattes des opérateurs, et en tout cas pas de compte à rebours ici, malgré, je dois le reconnaitre, un…

-Dave, excuse-moi de t’interrompre, mais il semble que Monsieur Junta, notre Commandant, va faire une petite allocution dans quelques secondes, on nous demande de préparer nos micros… Oui en effet, il vient vers nous presque nonchalamment, la caméra tu le tiens? Vas-y, fonce !

-Allez-y Drisso ?! C’est un peu différent de la première plongée on dirait ! Du nouveau, du live, c’est sur Ex One Média : Monsieur Junta, en direct de son Transporteur, va prendre la parole à quelques secondes du départ !

-… Sommes au pied de la première marche d’un nouveau monde, devant nous, c’est le fameux rêve de liberté et d’égalité qui nous chauffe toujours autant le cœur. Mes fonctions ne me permettent pas de rester à vos cotés, vous comprendrez certainement, mais je tenais à apparaitre devant nos concitoyens, amis et devant l’Exode, à la veille du grand saut! Demain n’est plus une utopie mes amis, demain… C’est maintenant ! Tous ensemble, rendez-vous de l’autre coté de la Passe de Magellone ! Messieurs-dames, je vous remercie.

-Ici Drisso El Noufello depuis le Transporteur n°4, vous venez d’entendre une allocution du Commandant, Monsieur Junta, qui, je pense que vous en conviendrez, prend son rôle de leader à bras le corps, et nous rappelle l’importance de ce grand moment ! C’est… C’est de l’émotion pure Ted, ici nous sommes tous le cœur serré à regarder l’avenir, fiers d’être guidés par un Homme tel que lui !

-Bien sûr Drisso, ici sur Ex One Média, nous nous souvenons tous de l’impulsion donnée par Monsieur Junta il y a quelques mois lors du lancement de notre chaîne. Sans lui, l’information dans l’Exode serait-elle aussi impartiale et honnête ? Tous les multispectateurs savent bien ce qu’ils lui doivent.

Mais on me fait signe que Dave veut prendre l’antenne. Allo, Dave Le Limier ?

-Oui Ted, je voulais vous signaler que l’allocution a été retransmise ici également, et Madame le Lieutenant Colonel Onawane, la sœur de Monsieur Junta, vient de lancer des ordres pour le départ. Un compte à rebours de trente secondes vient juste d’apparaître et on nous presse de nous assoir sur nos sièges pour boucler nos ceintures. Déjà les volets des verrières sont en train de se fermer alors que < boom > excusez pour… le coup dans la camera, nous sommes un peu bousculés. Voilà. Ca y est, tu es attaché, c’est bon ? Donc Ted, voila, mes derniers confrères sont installés ainsi que mon caméraman, il ne reste qu’une vingtaine de secondes, je vous laisse la parole !

-Drisso, comment cela se passe chez vous ? Est-ce commencé ?

-Nous avons été immédiatement invités à nous assoir Ted, et je dois dire que cela fût admirablement préparé car en même temps que les volets de sécurité se baissaient, le compte à rebours était lancé ainsi que le Compresseur que l’on sent ronronner dans le sol de toute sa puissance. Il ne reste plus beaucoup de temps, nous partirons sans doute les premiers.

Cinq secondes ! Bonne chance à vous Ted, bien sûr Ex One Média poursuivra ses diffusions durant la traversée, je vous laisse, à bientôt !

-Ted, il ne reste que quelques secondes de notre coté alors que l’on vient de voir disparaître le Transporteur de Drisso !

Une seconde, au revoir à t…

-Dave ? Drisso ? … Hé bien voilà Messieurs-dames, le second convoi vient de plonger à son tour. Je vous avoue qu’ici nous sommes assez fiers du courage de nos journalistes, et nous n’oublions pas que nous sommes… les prochains…

Que dire de plus ? Comme nous vous en avions parlé, aucun signal ne peut parvenir d’un vaisseau en Transition dans le Vortex de la Passe, donc il est normal que nous n’ayons aucune nouvelle du premier convoi et désormais du second. On peut dire que plus des deux tiers de l’Exode est maintenant en route vers l’autre coté de l’Univers… et que nous allons bientôt les rejoindre…

C’était Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1, rendez-vous dans un peu plus de quarante-huit heures pour le départ de l’ultime convoi !

Tout de suite, une page de publicité !

<publicité>

<Ted Maos’n off> Franchement les gars, j’ai les chocognettes à zéro là ! On est sûr du coup pour traverser la Passe ? Et si les autres av… Hê, les micros ! Eteignez çà bor…

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: x)

Acteurs:

ted maos’n: Icaryon

drisso el noufello: bleknoir

dave le limier: Darkgueg

Junta: Arthur rainbow

Compo: Ian

Montage: Richoult


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RedU T1 Ch13 Ep06

Sun, 26 Jan 2014 10:16:00 GMT

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“Monsieur Swarzkof, c’est à vous…” Et Junta s’écarta, laissant au savant toute latitude pour sa démonstration.

“Regardez bien ces résultats d’analyses de structure de la matière utilisée pour concevoir la coque de l’engin. A première vue, nous penchions pour une sorte de plastique, mais en fait il s’agit d’un alliage hautement raffiné très malléable. L’utiliser sur un vaisseau spatial permet au moins trois choses que nous ne pouvons pas réaliser avec nos matériaux actuels.” Le savant s’approcha de la console, quelques gouttes de sueur glissaient lentement le long de ses sourcils, trahissant, pour qui était observateur, l’émotion qui le tenaillait. D’un claquement sec, il y plaça une seconde carte magnétique, puis pianota quelques secondes pour activer la visualisation des nouvelles données.

“Primo, lorsqu’un impact se produit sur une coque faite de cette matière, comme vous pouvez voir sur ce graphique, l’onde de choc qui en découle se propage bien plus vite et tourne autour de l’engin, ce qui en dilue l’énergie par un facteur dix et en limite, par conséquent, les dégâts !

Rien que cela, Général, explique la résistance hors du commun de notre ennemi autour de Vegas IV.

Décembre ne broncha pas, se contentant d’un léger grognement comme seule réponse à la remarque du politicien. Celui-ci appréciait cet air concentré du militaire : enfin il prenait la menace au sérieux.

“Secundo, il leur a été possible de graver un réseau complexe de micro-sillons, probablement avec un laser ou quelque chose de semblable, sur et sous la surface sans l’endommager. C’est ainsi que les concepteurs de l’engin ont pu recouvrir l’extérieur de la coque d’un équivalent à nos circuits imprimés, multipliant les redondances très aisément et limitant par là le poids et le volume général de l’appareil, grâce à une miniaturisation extrême de toute son électronique. On peut peut-être y retrouver là cette capacité à effectuer de mini-Transitions à courte portée (si l’on peut coupler tout le système en une intelligence artificielle dotée d’une grande puissance de calcul, par exemple). Mais la troisième découverte est sans doute la plus impressionnante je pense !

Que pensez-vous des Mentaux, Général ? coupa perfidement Junta.

Je n’ai pas le temps de jouer à ces jeux ! Quelle est donc cette dernière propriété Professeur ?

Eprouveriez-vous de l’appréhension ? Bref, je pense que votre opinion sur les Mentaux va évoluer ! A vous, Swarzkof.

Cette matière, poursuivit impatiemment le savant, possède des propriétés… Psychiques dirions-nous ! Elle génère un champs que même les non Mentaux peuvent ressentir en se concentrant un peu. Je dois bien avouer regretter que nous n’ayons pas eu accès à des psycho-capteurs pour en mesurer l’intensité, mais une chose est certaine : il émane naturellement des artefacts ramenés pour analyse… Je vous avoue qu’encore maintenant cela me… trouble. Est-ce un hasard ? Sinon quelle en est l’utilité : une protection, un “radar” passif, que sais-je encore ?

J’ai placé plusieurs personnes pour analyser les enregistrements des scènes de combats contre l’engin, avec pour objectif de concevoir une stratégie tenant compte de toutes les données actuelles.” conclu Junta. Son but principal était atteint : Décembre semblait visiblement très inquiet et ses yeux ne quittaient plus les graphiques affichés, les mélangeant sans doute à ses propres souvenirs.

“C’est bon, Junta, cette fois j’ai bien compris. nous allons en rester là et réfléchir à une riposte adaptée durant la traversée de la Passe. Je vais chercher de mon coté et nous croiserons nos réflexions dès l’arrivée.” Gronda Décembre d’une voix légèrement flageolante; il était clairement au bord d’une grande contrariété, prêt à exploser. Le politicien estima que c’était suffisant : lorsqu’ils se reverront à la sortie de la Passe, des mesures drastiques pourront, cette fois, être réellement prises pour leur défense dans le nouvel Univers s’offrant à eux.

“Merci Professeur, Mr Junta a eu effectivement une bonne intuition de vous proposer de vous joindre à nous. Messieurs, je vous souhaite… Bonne traversée.

Décembre terminé !”

Et le communicateur se désactiva, suivi du système de cryptage de donnée. En récupérant leurs cartes magnétiques, Swarzkof ne put s’empêcher de questionner son voisin : “Vous ne lui avez pas parlé de l’origine de cet alliage Monsieur ? Je n’ai pas osé aborder ce sujet sans votre consentement ?

Rassurez-vous, vous avez bien fait.” lui répondit Junta, les mains sur le déverrouillage de la porte, attendant de clore leur conversation ici, plutôt que de risquer des oreilles indiscrètes. “Mieux vaut confirmer tout d’abord ces rumeurs, et peut-être y envoyer des éclaireurs par avance une fois sur place. Si Décembre passait trois semaines à se dire que nous allions traverser, à notre arrivée, une des seules zones de l’Univers où l’on trouve des pierres ayant des propriétés Mentales, il risquerait d’y lancer une frappe préventive !

Mais le danger est pourtant réel ! Les concepteurs de l’engin inconnu ont probablement, d’une manière ou d’une autre, eu accès à cette zone de météores et autres astéroïdes multiples ! Passer à proximité ne fera que nous placer dans leur giron…

Comment la rumeur nomme cet endroit déjà, m’avez-vous dit ?”

Swarzkof blêmit.

“C’est que.. Heu.. On évite de prononcer le nom parait-il.

Allons Professeur ! Vous êtes un scientifique ! Depuis quand les superstitions ont-elles prise sur vous ?!

Humm.. On nomme cet endroit le… Cercle de Khabit.

Hê bien voilà ! Nous commençons enfin à y voir un peu plus clair dans cette histoire de vaisseau inconnu ! Aller Prof, accompagnez-moi au Central, nous allons nous lancer dans ce qu’il est convenu d’appeler un grand pas pour l’Humanité, et nos frileux amis journalistes aiment que leurs chefs soient présents pour les rassurer !”

Et c’est en sifflotant quelques airs connus que le politicien déverrouilla le sas et leur ouvrit un passage entre les opérateurs courant dans tous les sens.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Quentinus15

Acteurs:

junta (arthur rainbow)
Swarzkof (silverson)

*Décembre (Raoulito)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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SOIREE DE GALA RED UNIVERSE 6eme édition!

Wed, 15 Jan 2014 11:23:00 GMT

A l’occasion de la fin du 12eme Chapitre…

une soirée de Gala Red Universe

sera organisée le Vendredi 17 Janvier à partir de 21h

raoulito Pof_magicfingers phil_goudicaryon

Retrouvez Raoolito, Phil, Pof, les petits nouveaux et toute l’équipe de votre série préférée en discussion autour des chapitres 11 et 12 (« Dynaties » & « Dernier pas, premier pas ») qui seront diffusés durant le Gala, ainsi qu’un débat et les premiers thèmes inédits de notre compositeur Ian !

Vous pourrez comme à chaque fois intervenir en direct en posant vos questions/remarques par le chat ou dans les commentaires de ce post!

Soyez donc prêt à l’adresse habituelle:

http://live.podradio.fr

Préparez vos agenda, rendez-vous le VENDREDI 17 JANVIER à 21h !



RedU T1 Ch13 Ep05

Sun, 12 Jan 2014 09:51:00 GMT

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A bord du Transporteur n°4, l’effervescence était à son apogée et pourtant le Politicien Junta marchait à contre-sens de ses hommes en direction d’un des centres de transmission, accompagné d’un savant aux cheveux gris hirsutes, une blouse blanche bien repassée sur le dos… Ils étaient enfin arrivés face à la Passe : le second convoi, son Transporteur et celui de sa sœur, le Lieutenant-Colonel Onawane, avaient appareillé de la station Piñata el Grande le jour précédent. Refermant le sas de la salle de communication derrière eux, il en verrouilla méticuleusement l’entrée puis lança la procédure de cryptage pour établir la liaison avec son correspondant.

“Swarzkof ?

  • Oui Monsieur Junta ?
  • Parlez le moins possible, le Général a tendance a être un peu “soupe au lait” et n’entrez pas dans les détails je vous pris.
  • B..Bien Monsieur.” répondit le professeur, bien embarrassé de devoir peser ses paroles alors qu’ils allaient aborder des questions d’une telle portée.

L’écran plat devant eux s’alluma puis apparu le Général Décembre, Commandant du Transporteur n°1.

“Alors Junta ? Etes-vous prêt pour le grand saut ? Haaa petit veinard, je vais devoir encore me ronger les freins pendants plusieurs jours avant de ne pouvoir partager votre privilège.

-Hélas oui mon Général, mais croyez que cela ne m’enchante pas autant que vous, de me lancer dans l’inconnu.”

Le visage de Décembre s’assombrit alors, découvrant le savant aux cotés de son correspondant : “Et ce Monsieur ? Qui est-ce ?”

Swarzkof regarda son voisin, déjà inquiet de savoir s’il avait droit à la parole. Celui-ci hocha discrètement la tête.

“Je suis le Professeur Swarzkof, Astronome émérite au Collège de la Station Piñata El Grande, et détenteur d’une Chaire en distorsion spatiale à l’Université de MaterOne Centrum. C’est.. heu.. C’est un Honneur de vous rencontrer Mon Général !

-Junta ?! Que fait donc notre ami à bord de votre Transporteur, face à la Passe ? Vous comptez l’emmener avec vous ?

-Précisément Général. Monsieur le Professeur ici présent avait attiré ma curiosité lors d’un passage sur la chaîne Ex One Média, et je l’ai rencontré pour lui faire une proposition qu’il ne pouvait pas refuser.”

En disant ces mots, le politicien tourna un regard malicieux vers le savant, qui, malgré son âge, en rougit, se redressant légèrement pour se donner de l’importance.

“Votre tête ne m’est pas inconnue en effet… C’était lorsqu’Arlington passait à l’antenne, un savant un peu fou sur une théorie absurde de saute de temps, si je ne m’abuse. Avez-vous donc besoin de divertissements durant la traversée, Junta ?”

Piqué au vif, le savant grommela et, les yeux ronds comme des billes, se préparait à intervenir quand la main de son voisin se posa sur son avant-bras pour le retenir.

“Général, c’est sur mon ordre direct qu’Ex One Média a décrédibilisé les assertions de Monsieur Swarzkof. Il a mis le doigt sur une réelle énigme spatio-temporelle qui est passée sous le nez de toute la meute scientifique bidon de la Station et des Transporteurs.

“Comment… ? L’histoire du Temps qui aurait disparu était exacte ?”

Cette fois, le savant n’en pouvait plus: “Bien sûr Monsieur le Général ! Je ne me serais pas permis autant d’humiliations si je n’avais vérifié et re-vérifié mes calculs ! Le tissu de l’Espace a été comme… Replié sur lui-même et…

-Et je lui ai proposé de venir illuminer l’Exode de ses savoirs, là où il pourrait briller loin des contraintes bureaucratiques de l’académisme de Mater One. Je l’ai nommé responsable des recherches sur… Nos petites découvertes récentes.” Le coupa Junta, peu soucieux d’assister à un nouveau débat stérile entre un scientifique humilié et un incrédule trop satisfait de lui-même. Décembre ronchonna de plus belle, il n’appréciait pas que d’autres personnes soient mises au courant des preuves d’une existence extraterrestre accumulées ces derniers temps.

“MhhMM… Je n’aime guère cela. Professeur, avez-vous idée des implications de ces découvertes sur l’avenir de l’Exode, et probablement de l’Humanité elle-même ?

-Mon Général, je suis parfaitement conscient de la charge de responsabilité que Monsieur Junta et vous-même faites désormais peser sur mes épaules. Croyez-moi, j’en serai digne car il s’agit pour moi de relever un défi à la mesure de la Science que j’ai étudiée tout au long de ma vie !

-J’ajoute, intervint le politicien, que Mr Swarzkof a déjà commencé à analyser les fragments en notre possession. Et cela lui a permis de compléter le travail des mes spécialistes déjà assignés sur ce travail. Le résultat est stupéfiant, je vous le transmet.”

Posant une petite carte magnétique sur la console, il lança la lecture et apparu un objet ovoïde aux bords repliés vers le bas, sans réacteur apparent sinon de multiples ouvertures plus ou moins larges disséminées sur sa coque et un renfoncement à l’arrière. A l’avant, ce que l’on pouvait appeler “ailes” rentraient vers le centre du corps, ne laissant qu’une forme d’obus pointer seule. L’objet tournait sur lui-même, des informations techniques apparaissant sur les cotés aux moments adéquats, distillant l’ensemble des renseignements et extrapolations déduites de l’analyse des derniers mois. L’aérodynamique de l’ensemble ne faisait aucun doute pour un pilote chevronné comme le Général Décembre. Il s’enfonça légèrement sur son fauteuil quand une expression de crainte lui passa fugitivement sur le visage, seuls quelques mots débordèrent de ses épaisses moustaches: ”C’est lui, pas de doute possible !”

Junta ne cacha pas sa satisfaction : “Cela Général nous le savions déjà, mais la suite est la vraie nouveauté !” Et il lança la suite de la lecture.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Anna

Acteurs:

*Raoolito (Decembre)

*Silverson (Swarzkof)

*Arthur Rainbow (Junta)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch13 Ep04

Sun, 12 Jan 2014 09:48:00 GMT

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Le Lieutenant s’approcha de la fosse, figé dans une attitude observatrice, analysant chaque détail dans sa tête, écoutant Mentalement chaque pensée.

“Ces hommes ont été abattus à des lieux différents apparemment, puis enterrés ici en même temps. Il aura quand même fallu un gros travail pour transporter, excaver, placer les corps et remettre toute la clairière en place ! Nous devrons rechercher des traces de camions ou autres transports.


  • Ces gars là sont tes collègues de travail, tes amis. Ne peux-tu pas te recueillir une seconde ?
  • Je n’ai pas d’ami. Et ce n’est pas en pleurant que j’honorerais leur mémoire.”

Pas de réponse de son invité clandestin, pour une fois. Mais une autre présence allait entrer en scène :

“Alors Lieutenant, on ne salut plus ses supérieurs? Les Mutualistes me semblaient pourtant disciplinés à la hiérarchie ?”

Ralato sursauta et se retournant, il se cabra en un garde-à-vous réglementaire.

“Repos Ouli. Je ne vous en tiendrais pas rigueur, ce serait mal venu après ce que vous avez vécu. Et surtout, face à cela, je peux comprendre que l’émotion puisse… Dépasser quelque peu les usages.

-Excusez-moi Amiral, cela ne se reproduira plus !

-Alors ? Avez-vous eu toutes les informations nécessaires ?”

Se retournant face à la fosse, il énuméra les grandes lignes de ce que ses scans Mentaux lui avaient appris : heure de la découverte, premières constatations, et surtout origine du tuyau.

“Je ne pensais pas être mis de coté au point de ne pas avoir été informé du colis que vous avez reçu Amiral ?

-Ne vous inquiétez pas, cela ne se reproduira plus. Vous êtes de retour en service actif à partir de maintenant et votre mission sera… De trouver le ou les coupables de tout ceci!

Putain ! Je connais ces deux gars là ! On a été prendre des verres ensemble à une époque ! Ils étaient tous deux mariés avec des enfants !“ Stuffy venait de surgir dans l’esprit de son hôte sans prévenir, sous le coup de l’émotion. Problème : le Contre-Amiral Poféus poursuivait de son coté la conversation !

“Vous aurez carte blanche avec un accès à toutes les informations ou documents que vous jugerez utiles, et n’en répondrez qu’à moi-même.

Ceux qui ont fait çà sont des ordures de la pire espèce ! Mais surtout, ils ne visaient même pas ces gars en particulier, ils voulaient juste faire un exemple !

-Tu vas te la fermer ?!

-Nous ferons des briefing quotidiens si possible, je veux que notre réaction soit forte et…

Celui-là était un petit jeunot du département des contraintes psychiques ! Il n’était même pas censé être sur le terrain, comment ont-ils pu le découvrir ?!

-TAIS-TOI !!

-…De mon coté je prépare une riposte radicale contre tous nos ennemis, mais nous en reparlerons en temps utiles. Ai-je bien été clair, Lieutenant ?”

Ralato soufflait intérieurement, tentant de se contrôler et ne rien laisser apparaitre de la fureur qui dominait ses pensées. La sienne mais également celle de Stuffy, en écho, reconnaissant l’un après l’autre ses anciens camarades avec lesquels il avait tissé des liens.

“… Lieutenant ?

-J’ai bien compris Amiral… Excusez-moi, c’est l’émotion de perdre d’aussi bon éléments.

-Je comprends. Il faut vous endurcir à nouveau soldat, retrouver vos nerfs d’antan. Ce n’est en fin de compte que les prémices de plus grandes batailles à venir.

Tenez-moi au courant.

-Bien Amiral. A vos ordres !”

Nouveau garde-à-vous jusqu’à ce que Poféus soit monté dans l’orthoptère ayant amené Ralato et en ait fermé la porte. Dans un vrombissement de turbines, le lourd appareil s’éleva d’abord doucement puis de plus en plus vite jusqu’à n’être plus qu’un petit point à l’horizon.

“TU VEUX QUE NOUS NOUS FASSIONS REPÉRER ? Tu sais ce qui arrivera si l’on te découvre à l’intérieur de moi !?

-Travaillons ensemble mon vieux. C’est tout ce qui me vient à l’esprit là.

-Pardon?

-Assez d’espièglerie, on bosse ensemble, comme à la vieille époque. Tu arrêtes de me repousser, et nous collaborons pour trouver les salauds qui ont fait çà !

-Tu es passé à l’ennemi, tu te souviens ? Ce sont peut-être tes petits copains qui en sont responsables ! Je n’ai aucune confiance en toi et si je pouvais t’extirper en me plantant un tournevis, je le ferais ! Je ne veux pas de ton aide.

-Nous sommes les meilleurs éléments des affaires Mentales. Unis dans un même esprit, personne ne pourra nous résister ! Et puis cela ne porte pas trop la marque des Mutualistes, c’est un peu trop macabre, un peu trop théâtral.

-Si c’est un piège, tu m’y emmèneras directement.

-Au risque de te faire tuer ? Si tu meurs, je meurs aussi : je ne suis même pas certain de savoir comment j’ai pu parvenir à entrer en toi et c’était au beau milieu de l’expérience d’Insémination. Cela n’est probablement plus reproductible. Mais Merde ! Ce sont des amis à moi qui sont là, boursoufflés, creusés par les vers dans le sol ! “

Ralato n’en revenait pas. Et si l’idée ne lui plaisait guère, il devait bien lui reconnaitre également quelques indéniables avantages dans cette enquête.

“Tu demandes donc une sorte d’alliance de circonstance ?

-Si tu veux. Nos connaissances et nos intuitions mises en commun pour une cause commune.

-Et quelles connaissances intéressantes penses-tu pouvoir m’apporter que je ne possède déjà ?”

Doucement, il descendit dans la fosse. L’odeur était plus âcre, la nausée plus proche, et cette sensation ne venait plus seulement des émotions de Stuffy. Surmontant son dégout, il s’accroupit aux cotés d’une victime, écartant la plaie de la gorge tranchée à l’aide d’un stylo, faisant fit des asticots grouillants qui remontaient par la trachée. Il avait la bouche fermée suite à un spasme, les orbites vidées de leur contenu, dans une expression stigmatisante proche des anciens mystiques. Une drogue ? Seules les analyses futures préciseront la présence de narcotiques ou autres.

“Soulève-lui la tête, je veux voir le haut de sa gorge.”

Ralato obtempéra, aidé par un des soldats venu lui apporter des gants stériles.

“L’œil a été inséré dans la bouche par dessous, depuis la gorge ouverte, ainsi que la carte d’identité. J’ai déjà vu cela une fois.

-Où donc ?

-Les Triades Souriantes, dans les mines de Lithium de Talbot.

-Des Souriants ? Mais que viendraient-ils faire ici ? Peux-tu le prouver ?

-Demande un moule du couteau utilisé pour trancher les gorges de ces pauvres gars, et qu’on analyse les micro-débris métalliques restés dans les plaies. Ils font cela rituellement et si ce sont eux, la forme du couteau et son alliage seront la preuve que tu demandes.”

Ralato donna immédiatement ses ordres, et plusieurs cadavres furent prélevés pour être envoyés en priorité dans les laboratoires du Ministère.

“D’accord, tu pourrais en effet m’être un peu utile.

Oui.” Et Stuffy, pour la première fois depuis longtemps se tut, ne projetant plus aucune pensée à son hôte. Une sorte de premier pas pour leur alliance de circonstance, ou alors un moment de recueillement devant ses amis perdus.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Ian

Acteurs:

*Luciole (Stuffy)

*Raoolito( Ralato)

*Pof (Poféus)

Composition musicale: Ian

Montage: Richoult


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RedU T1 Ch13 Ep03

Fri, 03 Jan 2014 11:15:00 GMT

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“Jamais vous ne posséderez ce monde ou ses habitants Poféus! Votre folie de pouvoir s’arrête ici !” Hurla Magnam, Roi de MaterOne, brandissant son épée !

Poféus recula d’un pas, puis d’un second alors que le souverain en furie se rapprochait inexorablement et…

Son talon heurta une motte de terre fraichement excavé. Il perdit l’équilibre et tomba à la renverse, rattrapé à la dernière seconde par un de ses officiers, qui en rameuta deux autres pour le soutenir.Maudits glissements de réalité! Lui, le Maître des unités Mentales, était incapable de contrôler les errements de son esprit, il lui semblait même que ces crises étaient devenues quotidiennes depuis quelques temps ! Peut-être étaient-elle encore plus récurrentes que cela, mais il n’était pas sûr de pouvoir faire confiance à ses propres souvenirs. Le Passé et le Présent se mélangeaient et laissaient apparaitre la sentence du Roi déchu de MaterOne en lieu et place de la lugubre scène étalant son horreur sous ses yeux.

“Merci Soldat, ce n’est rien! Un… Trouble, devant ce spectacle abominable. Et se relevant il ajouta: La mort de tant de braves se doit d’être punie de façon exemplaire!”

Ses hommes se ressaisirent immédiatement, reportant leurs regards sur le charnier: une grue et une quinzaine d’hommes triés sur le volet dégageaient du sol, l’une après l’autre, les quarante et une victimes. Toutes étaient du Ministère des affaires Mentales, la moitié Mentaux, l’autre moitié leurs accompagnateurs. L’odeur nauséabonde prenait aux narines: les corps commençaient à pourrir malgré le peu de temps que certains venaient de passer sous terre.

MaterOne Centrum était à une centaine de kilomètres au Sud, la clairière où l’on excavait était dissimulée des regards au beau milieu d’une forêt touffue, ancien domaine Royal. Malgré le changement de régime, peu de chasseurs œuvraient par ici, de peur d’un quelconque mauvais œil de Magnam IV. La population de cette planète culpabilisait toujours d’avoir mis fin à cinq siècles de monarchie, et tout ce qui touchait à l’ancien souverain était toujours secrètement respecté sinon craint. Secrètement pour presque tout le monde, sauf Poféus et ses Mentaux.

Un officier vint à ses cotés pour le rapport préliminaire: Il s’agissait bien des Mentaux disparus durant les deux dernières semaines. La mort était identique pour tous: une balle en pleine tête puis la gorge tranchée, un des deux yeux dans la bouche ouverte avec leur pièce d’identité, tous leurs vêtements leur ayant été retirés. Bref, pas de trace. Poféus serra les dents: on les avait abattu à distance, leurs vêtements sans doute brulés pour éviter de laisser une quelconque pointe d’ADN, et enterrés loin dans un lieu peu fréquenté. Les seconds yeux de chaque victime lui avaient été envoyés personnellement au Ministère deux jours auparavant avec les coordonnées de cet endroit, Monsieur Heir venait de frapper fort. Les disparitions avaient débuté une semaine exactement après leur entrevue dans le parking suspendu, ce qui n’avait guère laissé planer de doute quand au destin de ces hommes, que l’analyse des yeux ne fit que confirmer. Et ici, le diabolique politicien lançait un message à tous les membres des forces de sécurité: si vous soutenez votre chef, vous finirez de même que ces invincibles Mentaux.

On entendit au loin s’approcher l’appareil de Ralato, amenant son meilleur limier. Malgré le peu de temps de quarantaine, il allait devoir se remettre au service dès maintenant, la situation nécessitant une efficacité sans faille, dont seul son Lieutenant avait su faire preuve par le passé.

Ses yeux cillèrent lorsque l’Orthoptère passa devant le soleil. Il joua quelque peu de sa mâchoire, puis enfila des lunettes fumées pour mieux suivre l’appontage de l’appareil transportant la Princesse Azala. S’éloignant lentement de la fenêtre, ne lâchant des yeux l’Orthoptère qu’une fois celui-ci posé dans un des hangars du Transporteur, Poféus eut un simulacre de sourire : au moins le “problème Azala” était en voie de résolution…

Une petite brindille lui fouetta le visage alors que le vent soulevé par l’atterrissage de l’engin faisait voleter le bas de sa parka. Azala ? Encore ses pertes de conscience ? C’était insupportable ! Dans le plus grand secret, il s’était résolu à prendre rendez-vous, dans les jours prochains, avec un spécialiste: ces crises étaient handicapantes au plus haut point, l’empêchant de se concentrer correctement alors que la situation devenait de moins en moins contrôlable ! Cela pouvait sembler dérisoire de faire appel à un psychanalyste quand on avait une armé de Mentaux sous ses ordres, mais sa faculté d’être transparent aux pouvoirs psychiques empêchait un quelconque spécialiste de ses services de l’assister. D’un autre coté il n’aurait pas trop su quoi faire d’un de ses subordonnés ayant farfouillé dans les méandres de ses pensées, tandis qu’un médecin externe, on pouvait toujours le faire disparaître.

Ralato descendit de l’Orthoptère. Son regard semblait voler de droite à gauche, piochant dans les esprits aux alentours un résumé de la situation. Pas de doute: s’il y avait une personne capable de gérer cette situation, c’était lui.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Ian

Acteurs:

*Pof (Pofeus)

*Raoolito (Magnam)

Composition musicale: Ian

Montage: Ian


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RedU T1 Ch13 Ep02

Sun, 29 Dec 2013 11:32:00 GMT

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“Papillon 1 & 2 nous pénétrons par l’ouverture dans le sol. Elle est toujours présente et non dissimulée.”

Les deux drones volants glissèrent lentement dans l’obscurité en activant leurs capteurs thermiques et autres intensificateurs de lumière.

A quelques kilomètres de là, un quartier général de campagne improvisé dressait ses toiles de tentes kakis sur une petite clairière, à proximité de la seule route de la région.

De nombreux camions militaires, véhicules blindés et forces spéciales y stationnaient, attendant l’ordre d’investir la base secrète mutualiste des Amalaches, d’où s’était évadé le Lieutenant Ralato quelques jours plus tôt.

“Niveau moins vingt mètres, rien à signaler, nous progressons dans la descente.”

Les rapports des pilotes des drones téléguidés, connectés à leurs épais fauteuils par des senseurs et un casque de réalité virtuelle, étaient suivis en direct par plusieurs gradés debout derrière eux, silencieux.

C’est fou non? J’ai l’impression que cela fait des semaines qu’on en est sorti, tu ne trouves pas ?

Ralato ferma les yeux une seconde. Ne pas répondre à la provocation : Stuffy n’attendait que cela pour le relancer dans un débat stérile…

Oui, enfin quand même !? Je SUIS toi, donc le fil de tes pensées m’est ouvert ! Ralato mon vieux, accepte de dialoguer avec moi, sinon nous risquons une déstabilisation de ton moi.

-Alors peut-être que tu disparaîtras ?

Je ne suis qu’un schéma imprimé dans ta psyché, je peux pratiquement me balader où je veux. Si c’est le chaos dans ton esprit conscient, je peux aller me réfugier dans ton inconscient, ton subconscient ou peut-être même plus loin, dans des lieux gérants les fonctions motrices !

J’ai peur que tu risques bien plus que moi dans cette affaire. Et puis de toutes façons.. Je suis déjà mort, tué par ton frère tu te souviens ?

Après quelques minutes de descente, un des drones pénétrait justement dans la grande salle du laboratoire de Quartmac où l’on avait tenté sur lui une Insémination d’idées nouvelles. Rien n’avait bougé, et les stigmates de la colère de Fabio, venu de si loin pour le sauver, étaient encore bien visibles.

Seuls les corps ont été enlevés. J’avais encore espoir de m’enterrer dignement… Au lieu de cela, on sait comment finissent les déchets Mutualistes.

Ralato perçu une sensation de tristesse. Les émotions de Stuffy commençaient à se mêler aux siennes. Mauvais ça…

Chez les Mutualistes, un corps qui n’avait plus d’utilité physique ou politique (parfois un cadavre pouvait se révéler utile malgré tout), finissait dissous dans l’acide. Chaque base de cette organisation en contenait une bassine ou une cuve quelque part, suivant l’importance de ses effectifs. Il était probable qu’il n’existait désormais plus de trace des cadavres.

Je pensais finir mieux que cela quand même…

-Et moi je ne pensais pas que mon frère serait capable de vouloir me sauver et de montrer une telle puissante. Je n’aurais pas imaginé que Quartmac, celui qui avait été notre Maître, pratiquement un père, puisse se retourner ainsi contre nous et se vendre aux Mutualistes, nos pires ennemis. Et enfin, je ne pensais absolument pas te retrouver dans ma tête à me tenir la causette !

-Sans parler de ce que ton Prof t’a fait subir là-bas.

Au fait, Fabio est-il bien ton frère?

-Tu le sais aussi bien que moi ! Tu étais de la machination et je l’ai… Nous l’avons vérifié aux Archives avant-hier, juste après le debriefing.

Les archives, on leur fait dire ce que l’on veut. Tu devrais demander à tes parents, simplement.

-Bien sûr, je devrais… Après la fin de notre quarantaine peut-être… ?”

Officiellement le Lieutenant Ralato était au repos jusqu’à nouvel ordre. En pratique, il subissait interrogatoires et contre-interrogatoires en permanence, alourdis par des tests psychiques et physiques quotidiens. Les médecins sentaient bien que quelque-chose clochait, mais il était hors de question pour lui, comme pour Stuffy d’ailleurs, de leur révéler l’existence de ce double enfoui dans son esprit ! Il finirait illico comme rat de labo-ratoire, au fond d’une cellule psychiatrique, et n’en ressortirait jamais !

C’était bien le premier et rare point d’accord entre les deux hommes.

Mais peut-on encore parler d’Homme dans ce cas-ci ?

“Papillon 1, les deux premiers étages sont vides.

-Papillon 2, les deux derniers également. Aucune trace de vie ni d’explosif. Nous poursuivons…

-Il y a peu de chance qu’on retrouve quoi que ce soit. Ce ne sont pas des idiots, ils auront bien nettoyé la base, malgré sa taille…

Stuffy semblait trop sûr de ses amis Mutualistes. La structure enfouie dans la montagne était constituée de dizaines et de dizaines d’étages, de kilomètres de couloirs et de milliers de salles. Sans parler des documents qui devaient être disséminés un peu partout. En quelques jours, ils n’avaient pas pu tout déménager, c’était impossible, même pour une organisation aussi efficace que la leur !

Alors ils ont dissimulé de quoi tout détruire.” Conclu Stuffy. Et à nouveau, une vague de mélancolie l’effleura, en souvenir de son corps perdu à tout jamais.

Un ordonnance se figea au garde à vous à ses cotés : on venait de recevoir une demande express de l’Amiral pour raccompagner, en Orthoptère, le Lieutenant Ralato au centre Médical.

Une “urgence” pour le ramener à l’infirmerie ? Ralato allait demander des précisions et même une fouille de l’Orthoptère (c’est par un Orthoptère soit-disant du Ministère que les Mutualistes l’avait capturé), lorsqu’un Message Mental de priorité Un le toucha. Les codes étaient corrects, cela semblait d’origine. “Bon, de toutes façons je n’ai plus trop envie de rester là, cela me donne le bourdon de…

Une gigantesque déflagration fit alors trembler la Montagne tandis que les pilotes tressaillirent, et de la neige envahie tous les écrans. Tous comprirent immédiatement :

“Des charges incendiaires… Le bâtiment était bien piégé.

Je te l’avais dit !”, l’interrompit perfidement la voix dans sa tête, “Ils ne laissent pas de trace, et maintenant tu peux toujours les chercher tes documents !

-On trouvera.

Alors dis à tes hommes de continuer à envoyer des drones. Si j’étais Mutualiste, j’aurais placé des charges explosives avec un amorçage décalé, histoire de tuer quelques soldats en plus pour pas cher.

Ralato transmit l’idée, et constata, à la mine déconfite de tous que, certes, il n’y avait pas eu de pertes humaines, mais que c’était bien la seule consolation à en retirer. Même sur une manche symbolique après le match, les Mutualistes refusaient d’abandonner la partie.

Il emboita le pas de l’ordonnance vers l’Orthoptère puis l’hôpital, adressant une dernière pensée à un corps disparu.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: Icaryon

Acteurs:

*Luciole (Stuffy)

*Raoolito (Ralato)

*Quentinus 15 & Bleknoir (Drones)

Composition musicale: Ian

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch13 Ep01

Sat, 21 Dec 2013 17:11:00 GMT

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“Bonjour à tous, ici Ted Maos’n ! Nous interrompons la programmation habituelle d’Ex One Média, pour suivre en direct un événement unique dans l’Histoire avec un grand “H” : la plongée de l’Exode dans la très attendue Passe de Magellone !
Nous avons déjà débattu sur ce plateau de toutes les implications scientifiques et pratiques de cette traversée, nous n’y reviendrons donc pas, car ce soir, la place est au vécu, au témoignage sur le vif avec nos trois envoyés permanents à bord des premiers Transporteurs à faire le grand saut!

J’ai nommé Jack Blast pour le Transporteur n°7, Jack?

-Je suis là Ted, bonsoir à tous!

-Bonsoir ! Angelus Air sur le Transporteur n°5, êtes-vous là ?

-Oui, oui ! Bonsoir également à tous les multispectateurs!

-Merci pour eux Angelus ! Et enfin, à bord du Transporteur n°6, la ravissante Foudia Hacham est normalement avec nous ! Foudia ?

-Oui Ted, je vous reçois très bien! J’ajoute mes salutations aux multispectateurs !

-Ils sont certainement ravis, Foudia : ce soir je peux d’ores et déjà vous annoncer que nous pulvérisons tous les records d’audience ! D’après mes chiffres ici, plus de trois Exodés sur quatre nous suivent en direct au moment où je vous parle !


Commençons tout de suite par préciser que vous avez eu tous trois une dérogation spéciale pour suivre l’événement de la plongée dans la Passe, depuis le centre de Commandement de vos Transporteurs respectifs. Foudia peut-être, un mot là-dessus ? Comment est-ce arrivé ?

-Hé bien comme vous pouvez le voir, je suis entourée de plusieurs de mes confrères journalistes. Nous avons reçu une invitation directement à la porte de notre logement à la première heure ce matin, pour assister à la Transition au cœur du lieu des décisions. C’était évidement inattendu : on peut supposer qu’il s’agit d’une volonté de transparence de la part des équipes dirigeantes de notre groupe de Transporteurs…

On nous a demandé de rester dans une petite zone à l’avant de la grande pièce de Commandement, près des verrières, ce qui ne gène pas trop les opérateurs et nous donne une vue imprenable sur… La Passe !

-Merci Foudia ! Nous reviendrons avec elle dans quelques instants, mais, alors que le départ est prévu pour dans quelques minutes, je vous propose, tout d’abord, une page de publicité! A tout de suite!”

publicité

“Ex One Media Toujours en direct depuis les trois Transporteurs qui vont s’élancer au travers de la redoutable Passe de Magellone ! Alors Angelus, pouvez-vous nous donner un peu l’ambiance autour de vous ? On peut supposer qu’elle est la même chez vos collègues…

-Je dirais… Étrangement détendue Ted ! Ici tout le monde vaque à ses occupations avec un professionnalisme tout de rigueur, sous l’œil du Colonel Sterling-Price et de son second. Ils se font apporter régulièrement des rapports de situation, qu’ils étudient brièvement, mais il semble que tout se passe comme prévu, pour l’instant !

Quant à la Cité Intérieure, nous y avons été prendre le pouls de la population et même si l’on sent une réelle inquiétude, les habitants sont calmes et prêts à entrer dans le vortex. Plusieurs nous ont déclaré d’ailleurs, je cite : on est venu jusqu’à la porte, il est temps d’en finir et de partir ailleurs. Tout est dit, n’est ce pas ?!

-En effet Angelus, c’est assez clair ! Bien, nous avons parlé des circonstances et de l’ambiance. Jack, à vous l’honneur de décrire ce que vous voyez. Et tout d’abord où sont les Transporteurs actuellement ?

-A l’arrêt ! Je peux voir d’ailleurs légèrement sur ma droite le Transporteur n°5 à environ deux kilomètres de nous, je pense que notre caméraman pourrait vous le montrer… Voilà ! Comme vous le voyez donc, nous sommes assez groupés, le Transporteur n°6 étant, lui, hors de notre champs de vision… Cela correspond aux distances orbitales d’attente classique. La sortie de Transition a eu lieu il y a une grosse demi-heure environ et depuis, nous sommes face à la Passe, les opérateurs semblant peaufiner les derniers préparatifs de synchronisation entre les vaisseaux d’après les informations que j’ai pu obtenir…

-Alors justement Jack, à vous l’honneur : décrivez-nous cette fameuse Passe de Magellone dont nous avons tant entendu parler !

-Visuellement c’est assez frustrant, je dois bien vous l’avouer. Mais plutôt que de trouver des termes lyriques, je vais poser la question à mes confrères: Angelus que vois-tu ?

-Moi, sincèrement ? Rien. Si l’on ne m’avait pas prévenu que nous étions face à la Passe, je ne le saurais pas !

-Et Foudia ?

-Franchement Jack, on m’a expliqué ce qu’il fallait voir ! Donc je sais qu’à quelques minutes-lumière devant nous, on peut se rendre compte que l’Espace est complètement dénué d’étoiles sur une zone en forme de.. Haricot ?

-Ha ha ha! Foudia ! Grâce à vous, ce moment si important pour l’Humanité devient un légume à cuisiner ! Ici dans le studio nous sommes tous …hé hé Assez amusés, dirons-nous! Ceci dit sans vous froisser !

-En fait, Ted, elle a parfaitement raison ! Car si, dans le spectre lumineux, on ne distingue rien d’autre qu’une petite zone allongée et noire, j’ai eu accès au Quadilleur spatio-temporel du Transporteur, situé dans une petite salle à part. La visualisation 3d de la Passe y est totalement différente ! Si ce petit “Haricot” dirons-nous, se replie sur lui-même en son intérieur, il étend au dehors, comme des filaments sur une distance de plusieurs mois-lumière autour de lui ! En fait, même à Piñata el Grande, les instruments peuvent en mesurer l’influence ! Contrairement aux apparences, nos trois Transporteurs se déplacent en ce moment à environ mille kilomètres par heure, attirés par la faille !

-A ce point ? Et vous dites qu’ici même, autour de la station, nous sommes aussi attirés ?

-D’une manière infime, Ted, mais vous l’êtes, en effet ! Régulièrement la station doit allumer ses rétro-fusées pour… HA? Attendez Ted, je pense qu’il se passe quelque chose ici..

Tiens ? La Princesse Azala vient de faire son entrée, et elle rejoint directement la Commandant Benkana qui… Permettez-moi cette opinion, semble très émue ?! … Les deux femmes se prennent les mains et la Commandant fait un signe à un opérateur… Les volets de Transition commencent à s’abaisser, Ted, le départ semble imminent !!

-Ici aussi Jack: le Colonel Sterling-Price s’est assis et tout le monde commence à s’agiter, nous allons probablement bientôt partir!

-Du coté du n°6, on vient de nous inviter à nous asseoir et à serrer nos ceintures ! On me dit que le Colonel JFHill restera debout, fermement “accroché à la barre”, dirions-nous !

-Messieurs-dames restez concentrés ! Pensez à nos multispectateurs qui vous suivent en ce moment ! Pouvez-vous décrire ce qui arrive car les images que nous recevons n’évoquent… Pas grand-chose ! On ne voit que de l’espace vide ou des gens assis ? Jack, vous serez le premier à partir je crois ?

-Oui Ted, on sent d’ailleurs le Compresseur se mettre en route, la Commandant et la Princesse se sont enlacées regardant face à elles les volets qui terminent de se fermer, voilà c’est fait!

Nous sommes assis, on vérifie actuellement ma ceinture. Tout semble bon, le départ pour le nouvel Univers va enfin se produire! C’est un moment émouvant, mon caméraman a des larmes aux yeux et certains opérateurs s’embrassent.

-Hê ? Ne vous gênez pas ?!

-Foudia?

-Un des stagiaires a fait le tour des journalistes et a embrassé tout le monde, moi y comprise !… Excusez-moi, sur le moment j’ai été surprise !

-Angelus ? De votre coté ?

-Pareil, on entend maintenant bien le Compresseur activé, nous…

-Ted, nous partons dans cinq secondes, pardon de prendre ainsi la parole !

Quatre ! Merci à nos multispectateurs !

Trois ! Nous poursuivrons notre travail de reporter durant la traversée !

Deux ! Rendez-vous dans trois semaines !

Un !…





-Jack ? Jack ? Êtes-vous là ?

-Son Transporteur vient de disparaître en Transition, apparemment c’est à notre tour également Ted !

-Angelus, avez-vous un compte à rebours ?

-UN !…



-Ils viennent de partir à leur tour, nous sommes les derniers Ted ! Notre compte à rebours n’en est plus qu’à deux, un…



-Foudia ?



Mes amis multispectateurs, nous venons d’assister en direct au premier grand bon de l’Exode au travers de la Passe de Magellone. Alors certes nous avons été coupés, mais comme vous le savez peut-être, lorsque l’on traverse cette Passe, et contrairement aux Transitions dites “classiques”, nous ne pouvons recevoir ou envoyer des émissions de quelque nature que ce soit ! Nos journaux poursuivront pourtant leur diffusion, à l’intérieur même des groupes de Transporteurs, présentés et animés par les envoyés permanents d’Ex One Média, toujours soucieux de vous informer quelque soit la situation !

Hê bien… Voilà, le départ était un peu… brusque. D’ici deux jours le second convoi, composé des Transporteurs n°4 et 2 de Monsieur Junta et du Lieutenant-Colonel Onawane, sera à son tour face à la Passe et toute la rédaction sera également au rendez-vous, pour vous faire vivre cet instant en direct !

Nous concluons donc cette émission spéciale, je vous en rappelle l’événement majeur : les trois premiers Transporteurs de l’Exode viennent donc de s’élancer au travers de la Passe de Magellone, ils sont en route vers l’autre coté de l’Univers!

C’était Ted Maos’n, je vous rends l’antenne, à très bientôt sur Ex One Média!

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Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch, Arthur Rainbow

Narration: 😡

Acteurs:

* Blast (Jack Blast)

  • Angelus Yodason ( Angelus Air)
  • Anna (Foudia Hacham)
  • Icaryon (Ted Maos’n)


    Composition musicale: Ian


    Montage: Raoolito


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Red Universe: Playlist Chapitre 12 « Dernier pas, premier pas »

Sun, 08 Dec 2013 17:12:00 GMT

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Comme à chaque fin de chapitre, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°12 « Dernier pas, premier pas ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette douzième partie:

✓ Le thème de la machination: « Abstract Capharnaüm » de « Benny Soul Yeah » (pas d’album)

✓ Le thème de la poursuite: « ariva ariva » de Keko YOma, alb « keko yoma »

✓ Le thème de la mort Phil & Adenor: « Esquela1 » de Juan Pablo Zaragoza, alb « En recuerdo de mi padre »

✓ Le thème du final de Greg: « it’s personnal » de Celestian aeon project, alb: « World in Flames »

Nous vous rappelons qu’en un simple clic sur la page de la playlist, vous pourrez télécharger la totalité de toutes les musiques libres utilisées dans Red Universe!

Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et à très bientôt pour le Chapitre 13 intitulé « Plongeon » (tout un programme ^^)




RedU T1 Ch12 Ep14

Sat, 30 Nov 2013 23:32:00 GMT

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“Les quatre agresseurs se suicident et les deux victimes sont toujours vivantes ? Mais c’est de la sorcellerie ma parole!

-Tu ne crois pas si bien dire John, déjà des bruits commencent à courir dans mon vaisseau sur ces deux héros “protégés des Dieux”

-Et dire qu’on s’en croyait débarrassé…” Ajouta froidement Benkana.

Au moins une personne que la “Phil-et-Adénor-mania” ne risquerait pas de toucher, s’amusa à penser le Colonel Arlington.

Dans son bureau contigu au poste de commandement de son Transporteur, il était en conversation radio avec JFHill et la Commandante, tous deux sur le départ. Entre vieux compagnons d’armes, ils devaient se parler au moins une dernière fois, ne serait-ce que pour se souhaiter bonne chance !

Momumba ne pouvait cependant pas passer sous silence l’information sur l’agression, puis l’extraordinaire sauvetage du couple si médiatique qu’il avait accueilli.

“Mon problème vient également du fait que ce sont des hommes à moi qui ont tout organisé : les premiers éléments de l’enquête ne sont qu’une suite de présomptions parfaitement convergentes ! Vis à vis de mes équipes, cela jette un froid… Vis à vis des médias c’est carrément une catastrophe!

  • Courage Momumba, tu sauras jongler avec eux, d’autant que votre départ est pour bientôt, les gens vont vite penser à autre chose: nous sommes oisifs sur Piñata el Grande depuis plus de deux semaines, ils n’ont plus de nouveauté à se mettre sous la dent, c’est tout.
  • Une semaine à attendre notre tour, cela peut être très long, tu sais? Mais bon, puisses-tu dire vrai, mon ami, nous verrons…

Bien, nous souhaitons-nous bonne chance chacun ou tous ensemble ?

  • Aurora ! Tu vas être la tête de l’Exode, c’est donc à toi de le faire, c’est la tradition des marins de l’Espace!
  • Tradition, tradition… Je n’y connais pas grand-chose en Capitainerie spatiale, quand aux discours..”

Les deux autres ne bronchèrent pas, attendant patiemment ce qu’ils savaient être un Honneur que leur grande amie saurait prendre. Il fallait juste qu’elle se sente désirée.

“Bon d’accord ! Bande de vieux machins tout fripés, j’espère que l’on se reverra tous sans encombres à la sortie de la Passe, que Momumba racontera encore ses proverbes incompréhensibles et que John… Fera son John comme toujours !”

Un soupçon d’humour, une voix plus familière, la Benkana qu’ils connaissaient semblait refaire surface, l’espace d’un instant, et cela fît sincèrement plaisir aux deux hommes!

“Merci Aurora, à toi également bonne chance et à toi aussi John !

-Momumba, on se reverra de l’autre coté, Aurora… Je pense que nous ne nous quitterons pas de sitôt ! “

Encore un petit silence, uniquement brisé par les crachotements habituels du signal radio, dernier lien entre les trois héros de la résistance de MaterOne, avant le Grand départ.

Comment se dire au revoir sans se dire Adieu ? Ils ne se reverraient au mieux que dans un mois. La Passe réservait ses secrets et chaque traversée recelait son lot de surprises. Qui sait ce qui pouvait arriver?

Ce fût le Commandant Benkana, utilisant son nouveau rang de porteuse de chance, qui clôtura la discussion virant au sentimentalisme sans fin.

“Messieurs, retenons ce moment quelque part dans notre mémoire, nous quittons la Galaxie connue, et nous partons vers n’importe quoi du moment que cela soit différent et plus excitant !

Je vous donne Rendez-vous de l’autre coté!

– Bien parlé !

– Excellent Aurora ! Je te retrouve ! Allez les amis, l’heure est venue ! Rendez-vous dans un mois Arlington!

– Au revoir donc, à dans un mois… Transporteur n°3, fin de communication.”

Le Colonel se leva, et traversant l’espace de la pièce, il pénétra dans le centre de contrôle où se trouvaient exceptionnellement tous les ingénieurs, opérateurs et navigateurs du vaisseau. Tous étaient venus suivre le départ simultané de trois des Transporteurs de l’Exode.

Les géants étaient alignés, à quelques kilomètres devant eux, tous feux allumés, les réacteurs principaux au minimum, chauffant probablement leurs Compresseurs dimensionnels pour le grand saut.

Quel exploit tout de même: on allait faire des convois de vaisseaux géants synchronisés au travers des dimensions, pénétrant ensemble dans la plus fantastique aberration de l’Espace.

Une fois de plus l’Exode écrivait l’Histoire…

Un petit sourire…

Le Colonel se demanda s’ils allaient réussir ce ménage à trois avec Sterling Price. JFHill soutenait que oui, mais déjà il avait eu un léger accrochage avec Benkana. Qu’en serait-il durant les trois semaines de traversée? Ce sera la surprise : on ne pourra plus communiquer avec eux une fois dans Magellone !

De petites lueurs éclairaient la station derrière eux et une partie des spectateurs se colla aux fenêtres de coté. On tirait un feu d’artifice depuis Piñata, une sorte de salut aux centaines de milliers de touristes qui étaient venus dépenser leurs dernières pièces dans les casinos?

Ou peut-être simplement un signe cordial de marins à d’autres marins au départ vers l’inconnu?

Il soupira et s’enfonça mollement dans son fauteuil, le regard toujours pointé vers les trois Transporteurs flottant dans le vide face à lui.

C’était le dernier pas, après, plus de retour possible ! Ils seront livrés à eux-mêmes, MaterOne sera débarrassé de ces gêneurs et Antares IV encore à plusieurs mois de voyage.

Arlington croisa ses mains devant le menton, attitude de profonde réflexion.

“J’ai un mauvais pressentiment, Dieu sait ce que tout cela nous réserve.

Bonne chance les amis, survivez, c’est tout ce que je vous demande…”

Trois flashs, l’un après l’autre les Transporteurs venaient de disparaître.

Dans un jour ils entreront dans la Passe de Magellone, et le Destin de l’Humanité changera à tout jamais…

Momumba ferma les yeux en une prière muette…

FIN DU CHAPITRE

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Ian

Acteurs:

* Dr wolf (Momumba Arlington)

* @now@n ( Aurora Benkana)

* Raoolito (JFHill)

Composition musicale: Ian

Montage: Raoolito


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RedU T1 Ch12 Ep13

Sat, 23 Nov 2013 12:43:00 GMT

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Les infirmiers portèrent avec précaution les deux brancards à l’intérieur de l’ambulance de poche. Cela n’avait pas été simple, même pour un véhicule conçu à cet effet, de rejoindre les blessés – Phil et Adénor – à l’arrière du Compresseur: la quantité de pipeline, câbles et autres conduites électriques, entre lesquelles il fallait évoluer, compliquait singulièrement la tâche des sauveteurs.

Fabio assistait à la scène aux cotés de la jeune Catherine, lui prodiguant à son insu réconfort et bien-être : la petite venait de voir, ces dernières heures, plus de sang et de violence que depuis le début de son existence !

Sincèrement inquiète pour son Phil adoré, mais également pour Adénor, la brave enfant faisait preuve d’une réelle empathie pour le couple, malgré ses sentiments.

Le Mental regretta presque ce qu’il lui avait obligé à subir en lui implantant l’amour de Phil Goud, laissant son jeune âge en amplifier largement le résultat. Tout cela était malheureusement nécessaire.

Ça y était : le petit véhicule avançait, se frayant un chemin, aidé par quelques miliciens ou ingénieurs venus prêter main-forte.

Un des inspecteurs, le plus gradé, s’approcha d’eux, un bloc note et un stylo à la main. Catherine était celle qui avait donné l’appel pour les secours, et Fabio le seul témoin du suicide des trois miliciens. Leurs dépositions étaient donc indispensables, d’autant que les médias allaient très vite s’emparer de l’histoire : il allait falloir leur présenter une enquête très précise !

Pensez donc : les déjà très fameux Phil et Adénor, retrouvés grièvement blessé au cœur du dispositif de sécurité mis en place par le Colonel Momumba Arlington, trahi par ses propres hommes qui préférèrent se suicider à la dernière seconde.

Aucune chaîne de multivision n’allait manquer d’en faire ses gros titres ! Fabio allait devoir se faire extrêmement petit, même s’il était peu probable que l’on remonte à lui.

Devant la fébrilité flagrante de Catherine, l’inspecteur les invita à poursuivre le debriefing dans son bureau “autour d’une bonne tasse de café Nordiste”, ce qui était une judicieuse idée. Le petit groupe contourna un énorme pipeline d’approvisionnement en direction de la sortie.

Le Sergent Greg haïssait réellement Adénor pour la mort de sa Femme, mais il ne serait pas passé à l’acte sans un ou deux coups de pouce de Fabio.

Le professeur QuartMac l’avait formé à l’Art de la manipulation psychique, et celui-ci fût de loin le meilleur élève qu’il eut connu, au point probablement de dépasser le Maître.

Il n’empêche que le Mental blond aurait bien aimé partager sa fierté avec le vieux savant revenu d’outre-tombe, rien que pour lui présenter toutes les subtilités dont il avait agrémenté l’affaire !

Ce petit mot au couple pour ne pas qu’ils sortent, par exemple, sachant pertinemment ce que cela déclencherait chez la Texane, avide de liberté. Catherine, qui, amoureuse, les suivit et les sauva de justesse pour les offrir tranquillement aux bons offices du Sergent Greg. Celui-ci ayant déjà fantasmé la mort de l’Agent 12 par l’évacuation des gaz ionisés, il ne restait qu’à le laisser recruter quelques complices.

Tout cela sans même que le Mental ait à tordre une seule conscience.

Du grand Art, vraiment !

Et sans laisser une seule trace, pas le moindre indice, Greg ayant lui-même verrouillé toute…

Fabio stoppa net: le complice derrière les caméras, le camarade d’école du Sergent !

Il avait dû assister à tout: l’arrivée du Mental, les miliciens sortant le couple pour s’y placer eux-même, Greg, en pleine illusion de retrouvailles avec sa Femme, submergé de remord, fermant le sas sur lui-même quand Fabio tournait la clef pour les désintégrer.

Ouf, l’opérateur était toujours là, seul dans son centre de contrôle. Il observait le Mental, enregistrant en vue d’une quelconque contre-attaque, ignorant qu’il était lui-même observé par sa “proie”… Et que des miliciens étaient en route pour l’interroger !

“Comment pouvais-tu croire que tu allais m’échapper, petit joueur ?”

C’était fini, Fabio fît demi-tour et rejoignit la jeune Catherine vers le bureau de l’inspecteur. Il riait sous cape: dans quelques minutes on allait annoncer qu’un autre complice de Greg venait de se tirer une balle dans la tête, en ayant préalablement formaté plusieurs disques de sauvegarde des caméras vidéo.

Ceci pourrait être une bonne leçon: ne jamais être trop prétentieux et pêcher par suffisance. Quartmac lui disait bien que tordre un bras permet de diriger certaines personnes, mais que convaincre par des actions indirectes est comparativement bien plus efficace…

Faire une omelette en laissant les œufs se casser eux-mêmes, en quelque sorte…

D’où tout ce schéma avec un seul but : que Phil et Adénor le considèrent comme un ami, une personne en laquelle ils auraient toute confiance. Le ménage à trois virait logiquement à la confrontation, il fallait qu’ils se sentent profondément et sincèrement reconnaissants envers lui.

C’était indispensable pour la suite…

L’Art de la manipulation requiert de la modestie, il saura s’en souvenir.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Coupie

Acteurs:

* Zylann (Fabio)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep12

Sun, 17 Nov 2013 10:56:00 GMT

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Une série de flashback illumina alors la mémoire du Sergent.

Oui. Sa permission précédente avait tourné au vinaigre, et elle avait accepté d’accompagner son patron dans le Sud pour passer le minimum de temps avec.. Lui. Cela lui revenait maintenant!

“C’est bien pratique les remords Greg non? Et la Haine? N’est-ce pas encore mieux? Elle efface ce qui pourrait interférer ou assouplir ses résolutions, elle te rend plus sûr de toi, plus fort!

Mais devant moi, Greg, devant MOI tu ne peux te mentir à toi-même: notre couple était au bord du gouffre et pourtant tu poursuivais tes frasques, à te répandre entre tous les seins que tu croisais dans l’Univers!

-Je voulais.. Me.. Racheter..”

Il tomba à genou devant elle, posant son front contre le ventre où il aurait tant souhaité enfanter, mais trop tard.

“JE VOULAIS ME RACHETER!!”

Le tissu de la chemise de nuit était doux au toucher et deux mains se posèrent sur ses cheveux, les caressant tendrement, comme toutes les femmes du monde savaient faire, pour atténuer les douleurs de leurs proches qu’elles aimaient..

“Je.. Je suis désolé Rachel! Je suis tellement désolé !” Des sanglots lui échappaient par flots, s’écrasant sur le sol, emportant avec eux ces vaines années de recherche et de revanche, cette Haine qu’il avait si lourdement porté!!

“Pardonnes-moi, je voulais me racheter de mes fautes, je.. Je n’ai plus touché une Femme depuis ce jour, j’ai même pensé à.. Des choses horrible contre moi-même dans l’espoir de te retrouver.

Si tu savais comme je m’en suis voulu…”

Les larmes coulèrent de plus belle, malgré les doigts qui, lentement, glissaient entre les touffes de cheveux, apaisant autant que possible la douleur des confessions si profondément enfouies en cet Homme.

“Chuuuuut, mon amour, c’est fini maintenant.” Et la jeune femme se mit à son tour à genoux, prenant le visage de son Mari dans ses mains, front contre front.

“Je te pardonne. Tu m’entends bien? Je te pardonne!

Et je veux que tu me rejoignes enfin mon Chéri. Je veux que l’on partage à nouveau une vie heureuse comme elle aurait toujours dû être!

-Mais.. Comment?”

Juste entre eux apparu le contacteur à clef, là où le pendentif, dernier souvenir d’une vie disparu, tournoyait sur lui-même, émettant ses éclats de lumière..

Lui posant délicatement le pouce et l’index contre la clef, leurs fronts toujours pressés l’un contre l’autre, elle ajouta:

“Greg, je t’aimerai toujours. Partons maintenant..

…Mon Bien-aimé Mari.”

Sans hésiter, celui-ci tourna le contacteur et, cette fois, le ronronnement ambiant changea de tonalité.

Il leva la tête, pour la voir une dernière fois.

Toujours souriante, Rachel devînt orange, vira au rouge, puis s’enflamma. Et, telle une nymphe infernale, vint se coller contre lui dans une ultime étreinte de feu.

“Je t’aime tant Rach…”

Les trappes d’évacuation tapissant les murs et le sol s’ouvrirent automatiquement dans les secondes suivantes, entraînant les gaz usés vers le vide spatial, ainsi que les résidus organiques des trois personnes brûlées et réduites en poussière.

Adénor se sentait étrangement bien, comme si ses douleurs avaient disparues.

Elle inspira un grand coup, ouvrant soudain les yeux, redressant le buste! Mais deux bras la retinrent, la repoussant doucement contre le sol.

Devant ses yeux grands ouverts se tenait Fabio, souriant, la voix plus apaisante que jamais.

“Restez calme Adénor, tout va bien et vous êtes sauvés.

-Ph..Phil où est-il?

-Juste derrière nous, regardez par vous-même”

Il s’écarta légèrement, laissant la jeune femme voir son compagnon allongé comme elle, devant l’entrée du sas d’évacuation, avec Catherine à son chevet qui souriait et hochait la tête, signe que tout allait bien.

“Il va s’en remettre: colmater les trous dans les poumons c’est une des premières choses que j’ai appris à faire depuis que mes pouvoirs se sont révélés.. Et je me suis occupé également de vos jambes, les fractures et os cassés sont ressoudés..”

Fabio sourit et ajouta:

“Entendez-vous les secours? Ils accourent pour vous. Il faudra passer quelques temps au centre de soins, mais vous survivrez tous deux.

-M..Merci Fabio.

-De rien, je suis votre chaperon vous ne vous souvenez pas?

-Et.. Et le Sergent et ses hommes?

-J’ai bien peur qu’ils ne se soient suicidés par la méthode qu’ils vous réservaient. Un accès de lucidité et de remord peut-être..

Nous en reparlerons plus tard, dormez maintenant.”

Il passa sa main ouverte devant le visage d’Adénor, et elle s’endormi immédiatement.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Raoulito

Acteurs:

* Coupie (Rachel)

* Bleknoir (Greg)

* Zylann (Fabio)

* @now@n (Adénor)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep11

Sat, 09 Nov 2013 20:30:00 GMT

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Le sergent Greg restait sans bouger, une expression béate se dépeignait sur son visage face à cette apparition.

C’était impossible qu’elle soit là, il devait être victime d’une sorte d’hallucination?

Comme pour répondre à ses doutes, les deux mains raffermirent leur prise. Il sentait la pression des doigts, le doux contact de sa peau et de la dentelle dont était faite la sage chemise de nuit.. Et même son léger parfum commençait à lui titiller agréablement les narines..

“Mais.. Comment est-ce possible?

-Est-ce si important..?”

Elle ferma les paupières, laissant son sourire rayonner de plus belle. Sa Femme revenait aussi resplendissante que dans ses souvenirs.

Tournant lentement la tête, comme pour lui indiquer une direction, elle fixa le sas de la pièce d’expulsion où se trouvaient l’agent 12 et son compagnon.

Doucement elle y entraîna son mari.

“Qui sont ces gens Greg?

-C’est .. Cette femme est celle qui est responsable de .. Enfin.. Je te croyais morte dans un attentat et.. Je l’ai retrouvé, voilà.

-Et..?

-Et je voulais lui faire payer ta mort, me.. Te Venger!”

Au milieu de la pièce close, Adénor serrait son compagnon, la tête lovée dans le creux de sa nuque, attendant la fin. Du sang coulait lentement de la plaie de Phil, traversant et tâchant les vêtements pour s’étaler sur le sol en une petite flaque rubis.

“Et tu étais obligé de te transformer en bourreau pour cela? En mon nom?

-Rachel.. Pardonne-moi ce spectacle, mais il n’y aurait eu aucune justice sur l’Exode contre ces anciens actes. Ici sont mélangés toutes les tendances de la Révolution et même de MaterOne en général!

Ils font table rase du passé..

-Mais pas toi, n’est ce pas?”

Elle lui lâcha la main et déverrouilla le sas avec grâce, malgré l’effort qu’il avait fallu au Sergent pour bloquer le mécanisme de sécurité.

“Viens entrons..”

Il la suivi à l’intérieur, toujours abasourdi par ces si étranges retrouvailles, bien incapable de penser très loin… leurs deux mains se glissèrent l’une dans l’autre, Greg ne sachant quoi faire, il se laissa guider par elle..

Il l’avait retrouvé. Mais comment une chose pareille se pouvait-elle?

“Parle-moi d’elle.” Lui demanda-t-elle, debout à ses coté, regardant à leurs pieds le couple agonisant.

“Elle se nomme Akowa, elle était chargée de tuer ton employeur en sabordant la rencontre avec le Gouverneur de la province. Et.. Elle a dépassé ses ordres, assassinant systématiquement toutes les personnes présentes!

Dont toi mon amour.” Il ne pût cacher un ton amer en lâchant ces dernières paroles.

“Tu la hais alors? Tu la hais car tu la rends responsable de ma mort?

-Bien sûr! Elle a appuyé sur la gâchette, elle a tout fait pour te tuer, alors que tu n’y étais pour rien dans cette affaire!!”

Rachel se raidie imperceptiblement.

“Donc tu veux sa mort car j’ai été une victime indirecte de son précédent métier..?

-Oui! Si tu veux oui.. C’est cela. Mais je suis certain qu’elle y a pris du plaisir, on ne devient pas assassin sans perversion!

-Bien sûr… Tu ne pouvais pas le savoir, mais ce n’est pas elle qui m’a tué: une seconde équipe avait posé des explosifs le long du convoi..”

Elle lui planta alors froidement son regard dans les yeux, comme lorsqu’elle lui faisait ces scènes moralisatrices du temps de leur vie conjugale.

Qu’elle était belle..

“As-tu pris également la vie des Généraux qui avaient commandité cet acte ou celle du traître qui nous avait dénoncé?

-Je.. Non, je ne les ai pas retrouvé, d’ailleurs c’est une chance extraordinaire qu’elle soit passée à la télévision de l’Exode pour que je sache comment la retrouver..

-Et.. Comptes-tu également torturer à mort la personne responsable de ma présence là-bas, alors que mon Mari rentrait de sa longue mission le jour même..?

-Quoi?

-Je veux dire, comptes-tu mettre fin à tes jours comme tu comptes mettre fin à ceux de ces gens là?

-Mais que veux-tu dire..?”

Elle ne répondait pas, pointant toujours ses yeux dans les siens.

Une de ses mèches brunes tourna sur elle même et glissa, zébrant le si joli front de sa Femme d’un éclair foncé..

“Rachel?!

-Tu as eu combien de maîtresses durant ces longs voyages?! Combien de fois m’as-tu trompé entre les bras ou les cuisses d’une autre?!

-Mais..

-Tu as donc oublié, n’est ce pas? La mémoire est si sélective chez toi! Lors de ta permission précédente, nous avions eu une explication sur tous ces indices qui te suivaient: ces vêtements, ces cadeaux, ces messages, ces sourires en coin de tes camarades, ces regards échangés avec des femmes de la base..

Les souvenirs te reviennent-ils?”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Raoulito

Acteurs:

* Coupie (Rachel)

* Bleknoir (Greg)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep10

Sun, 03 Nov 2013 09:39:00 GMT

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Le sas était refermé.

Greg, par le hublot, observait les dernières minutes des stars médiatiques baignant dans leur sang, affalés l’un contre l’autre, sur le sol de la petite pièce ronronnante.

Dès le prochain changement de cycle des turbines, un processus d’évacuation des gaz Ionisés à Ultra Haute Température s’enclencherait, emplissant la pièce d’une brume orangeâtre sous pression. Les milliers d’ouvertures tapissant le sol et les murs allaient ensuite s’ouvrir simultanément, déclenchant un appel d’air vers le vide extérieur qui emportera tout.

Les corps allaient être brulés, écrasés et éjectés dans l’Espace en quatre secondes… L’Agent 12 vivra quelque chose de proche de ce qu’elle avait fait vivre à sa Femme..

Rachel..

Il retourna se placer devant la console, surveillant le compte à rebours. La clef était déjà enfoncée et il n’avait plus qu’à la tourner pour autoriser l’expulsion.

Derrière lui, ses miliciens montaient la garde aux deux accès, même si peu de chance que quiconque ne vienne ici: les caméras avaient été piratées et un complice était d’astreinte au centre de surveillance.

Encore deux minutes…

Le compteur égrainait ses secondes et ses dixièmes à un rythme effréné, pourtant cela semblait durer des heures pour Greg…

Inspirant profondément, il saisit la clef pour être prêt à enclencher la vidange et le petit pendentif accroché à celle-ci tinta, émettant quelques éclats de lumière clignotante multicolore…

Rachel et lui étaient alors mariés depuis un an. Lui, jeune spécialiste en ingénierie Multi-spatiale rentrait d’une mission de plusieurs semaines et ils avaient tous deux programmé quelques jours bien mérités de retrouvailles en couple.

Le stage qu’elle accomplissait chez un vieil homme d’affaire, une connaissance de la famille, l’entrainait comme assistante de comptabilité dans des voyages impromptus tout autour de MaterOne. Le jeu en valait la chandelle: une possibilité d’emploi stable et bien rémunéré !

Ce jour-là, alors que le Matelot 1ere classe Greg débarquait sur la station de transit, sa femme Rachel se trouvait à bord d’un convoi de plusieurs 4×4, en zone désertique du Sud, pour un rendez-vous d’affaire avec un Gouverneur influent.

Greg ne fût pas spécialement surpris de ne trouver personne chez eux à son arrivée : il était fréquent que des retards s’accumulent dans les grands voyages d’affaires, tout au plus ne pouvait-il qu’espérer que ce ne serait qu’un contretemps rapidement passé..

Trente secondes…

Il serra les dents comme la clef, redoublant les tintements du médaillon, seul souvenir tangible d’Elle.

Trois jours plus tard, alors qu’il tentait de contacter tous les services publics et privés à sa recherche, un officier de Police vînt lui annoncer la terrible nouvelle. Suite à un attentat non revendiqué, le gouverneur de la province, l’homme d’affaire et une quinzaine d’autres personnes avaient trouvé la mort, dont sa Femme.

Il leva les yeux vers le sas, la lumière verte au-dessus de la porte vira au rouge: il ne restait qu’une dizaine de secondes.

Dans quelques petites secondes tu seras vengée Rachel, les années que j’ai passé à percer les mensonges de l’armée, l’omerta de la Mafia, le silence des journalistes prendront fin!

“Greg..?”

Trois secondes…

Le ronronnement permanent prenait une sorte d’intensité toute nouvelle, les gaz remplissaient les cuves d’attente…

Enfin!!

“Greg.. Ne m’ignore pas je te pris..”

Il tourna la clef.

Le contacteur s’enclencha, puis… Rien.

Le ronronnement ne faiblissait pas, mais aucun processus ne s’enclenchait, aucun gaz brulant n’emplissait la salle de l’agent 12..? Il insistait, tournait et retournait la clef, quand deux mains douces et chaudes se posèrent sur son avant-bras, et alors seulement il réalisa ce qu’il venait d’entendre !

Il leva les yeux et LA vit, souriante, belle, ses cheveux ondulants doucement sous quelque brise inconnue…

“R.. Rachel?”

La bouche de la jeune femme bougea légèrement, comme si elle ne faisait que souffler une réponse destinée à lui seul

“Oui mon Mari, c’est moi…”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Ian

Acteurs:

* Coupie (Rachel)

* Bleknoir (Greg)

Composition musicale: Ian

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep09

Sun, 27 Oct 2013 17:27:00 GMT

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Benkana avait du mal à se passionner pour la réunion en cours. Elle, la grande Commandant Benkana, l’héroïne de la résistance faisant partie des sept Chefs chargés de guider l’Exode à bon port, elle qui avait près de quatre-vingt dix mille personnes sous sa responsabilité, souffrait d’un mal d’amour.

Bêtement…

Et pourtant le conciliabule en cours avec JFHill et Sterling Price était de la toute première importance: il s’agissait de mettre au point les derniers préparatifs du voyage au travers de la redoutable et si déroutante Passe de Magellone, cela allait conditionner leurs prochaines semaines de traversée!

Mais où commence le “Moi” sinon juste au devant du “” ?

Azala avait quitté le logement du premier officier du Transporteur depuis quelques jours, le soir du départ de Goud et Kérichi.

Certes, ce déménagement était envisageable mais pas obligatoire, elles auraient pu poursuivre leur cohabitation en ré-attribuant les anciens appartements de la Princesse et de ses serviteurs à d’autres Exodés.

S’agissait-il d’une réelle rupture ou d’un message fort de la Princesse?

“Aurora..?”

JFHill interrompit le fil de ses pensées pour la ramener à une réalité bien terre à terre.

“Aurora, reste avec nous je te pris. Si tu acceptes d’ouvrir le convoi, tu seras non seulement la première à pénétrer le nouvel espace de l’autre coté, mais surtout tu seras exposée à tout piège ou accident dans la Passe!

-Sans compter l’aspect médiatique de la chose. Je vous garantis une ruée d’Ex-OneMédia, ainsi que leurs confrères, durant la traversée!” intervint Sterling Price, griffonnant sur une feuille quelque information importante, d’un épais stylo-plume aux armoiries royales.

Benkana n’allait pas se laisser déstabiliser maintenant, elle savait se prendre en main!

“J’en suis consciente Messieurs. Tout comme le fait que je n’aurais que peu de temps libre, devant être le plus souvent à la passerelle de mon navire. Mais passons aux questions rapides et pratiques: quelle sera la distance entre nos vaisseaux dans l’Espace inter-dimensionnel?”

Elle fût surprise de voir les deux Colonels se figer, puis simultanément s’enfoncer dans leurs épais fauteuils, l’un se massant les paupières tandis que l’autre observait la station au travers du hublot.

Aurora serra les dents, elle avait certainement manqué un morceau de la discussion.

Prise ainsi en défaut, elle n’eut plus d’autre choix que de reconnaitre les faits.

“Bon d’accord, j’avais la tête vraiment ailleurs. J’accepte vos critiques Colonel Hill et Price. Maintenant.. Si vous vouliez bien m’aider à revenir dans la conversation, je me ferais un plaisir d’y participer!

– Vous en faisiez déjà partie, Commandant!” lui rétorqua un Price amer. Les collaborateurs dispersés, ou peu capable de concentration, ne faisaient habituellement pas long feu à ses cotés, et pourtant il allait devoir pactiser avec cette femme à la limite du sauvage et de l’indisciplinée.

“Colonel… “Modéra Hill en levant une main apaisante, “Nous ne sommes pas au pire des moments, serrons-nous les coudes maintenant, pour encore en avoir la possibilité plus tard, voulez-vous?”

L’autre maugréât mais, après une profonde inspiration, revint poser ses coudes sur la table de réunion, le regard dirigé vers Benkana.

“Merci Colonel. Donc Aurora, nous parlions de deux clicks maximum entre chacun de nos Transporteur. Si tu prends la tête du convoi, je serais le dernier tandis que notre amis prendra le centre.

-Parfait, j’accepte. Et que me conseillez-vous pour la gestion des médias?”

JFHill se tourna vers Sterling Price, dont la maîtrise de la chose médiatique n’était plus à démontrer depuis sa gestion des émeutes communautaires à bord de son Transporteur.

“Communiquez en permanence, quitte à en dire trop, nommez un porte-parole qui saura répondre aux questions à votre place en cas de problème majeur requérant toute votre attention. Ne dissimulez rien, car au moindre soupçon, les pires peurs se déchaineront.

Il ne faut pas oublier que nos passagers seront dans un état de stresse avancé: rupture définitive avec les leurs, les effets de la Passe, la longue période en Transition, l’inconnu du futur..

-Ha oui justement: quels sont donc les effets que nous allons rencontrer à l’intérieur de la Passe? L’un de vous en a-t-il idée?”

Pour Benkana, ce mystère était parmi les plus déroutants que les marins de l’Espace se racontaient. Et les versions si étranges et si contradictoires les unes des autres ne donnaient pas une idée claire de la chose.

Sterling Price fit la moue, avouant une méconnaissance totale du sujet, quand JFHill inspira et prit la parole.

“Avez-vous déjà rêvé que vous voliez? Avez-vous déjà affronté une tempête dans un tunnel?..”

Les autres regardèrent l’ancien guérilleros sans comprendre, à la recherche d’un quelconque code..

Il éclata de rire.

“Ha ha ha, mes amis, si vous pouviez voir vos têtes!

En gros, ce sont des vagues qui modifient notre perception du Temps qui vont nous traverser, ainsi que les vaisseaux. Cela se traduira parfois par des sons décalés, des fantômes passé-futurs d’actions en cours, et d’autre joyeusetés dans ce genre..

J’étais assez jeune quand j’ai vécu cette expérience, certains détails m’échappent encore maintenant.

– Mais ce n’est pas dangereux ou incapacitant pour nous ou nos instruments?” s’enquit un Sterling Price en proie à une inquiétude grandissante..

“Déroutant au plus… On s’y fait, c’est comme le mal de l’espace ou l’abus d’alcool fort, n’est ce pas !

Ne vous inquiétez pas, il suffira juste de prévenir les passager bien à l’avance et de faire preuve d’énormément de patience et de pédagogie”

Ceci étant dit, il leva sa canne de bois sculpté et la posa à plat sur la table:

“Mes amis, nous allons être la tête de pont d’une nouvelle vague d’espoir pour l’Humanité..

Jurons que nous ne faillirons pas!” Déclara-t-il soudain solennellement, rentrant sa tête dans ses épaules, d’un air mi sérieux mi farceur.

Tous trois posèrent une main sur le bois et jurèrent..

Le sort en était scellé, et le départ, désormais très proche..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Ian

Acteurs:

* Raoolito (JFHill, Sterling Price)

* @now@n (Benkana)

Composition musicale: Ian

Montage: Ian


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RedU T1 Ch12 Ep08

Sun, 20 Oct 2013 17:41:00 GMT

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A quelques pas d’un sas donnant directement à l’intérieur de la machinerie du Compresseur dimensionnel, Greg compulsait encore un nouveau clavier. Ils se trouvaient tout à l’arrière, là où seuls quelques censeurs, et caméras de surveillances anonymes, informaient les ingénieurs de garde sur le fonctionnement de l’immense appareil.Adénor se rapprocha de Phil, lui pinçant discrètement le haut des hanches. Celui-ci tiqua mais ne réagit pas, comprenant parfaitement le signal de sa compagne. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu’il sentait que quelque chose n’allait pas: cette zone du Compresseur aurait dû leur être inaccessible, même avec des pass de la sécurité, et surtout, pourquoi une équipe de gardes chargés de les escorter les auraient conduit ici?

“Greg..?” se hasarda-t-il.

“Oui mon gars? Je termine de composer quelques chiffres et je suis à vous..

-Greg que faisons-nous ici? Arrêtez vos mensonges.”

Le sergent ne répondit pas de suite, terminant d’entrer son code, puis baissa les épaules, soufflant profondément, las..

Très las..

Devant eux, la pièce sur laquelle donnait le sas s’illumina, un ronronnement de chat s’y élevant doucement.. Greg leva la main en direction de la petite lucarne, les invitant à se rapprocher avec lui pour voir. Dans un échange de regard, Phil et Adénor se partagèrent les rôles: au cas où cela tournerait mal, à elle les deux miliciens, à lui le sergent.

“Voilà, je m’excuse par avance..”

Phil avança doucement pour jeter un oeil à travers le hublot, sans rien remarquer d’extraordinaire. Il s’agissait de la zone d’évacuation des Compresseurs, là où l’on injectait les fluides usagés pour éviter une surpression. Un lieu vite invivable si..

Il comprit trop tard.

Profitant de son inattention, le sergent Greg lui enfonça un couteau de combat au travers de son flanc droit!

Le jeune Lieutenant ouvrit grande la bouche, écarquilla les yeux alors qu’il sentait l’air commencer à s’échapper de ses entrailles, et le sang couler là où il n’aurait pas dû se trouver..

“Pardon mon gars, ce n’est pas contre vous, j’suis vraiment désolé..

-PHHHILLLLLLLL!” Hurla Adénor! Déstabilisée par le choc de voir son amant gravement touché, elle n’eut pas le réflexe d’éviter le coup de matraque d’un des miliciens derrière ses genoux, la forçant à tomber au sol. Malgré l’impact de la douleur, elle intercepta la matraque du second milicien qui s’abattait sur elle, et d’une clé agile lui cassa le poignet, profitant de son lancé pour le précipiter sur son acolyte.

Les deux roulèrent au sol tandis qu’à la force de ses bras, la jeune femme se traina en direction de son amant!

“PHIIIILLLLLLLLL !!!!!!!! CHÉRIII”

Celui-ci sentait ses forces l’abandonner, glissant dans les bras de Greg, qui l’accueillait en lui murmurant de macabres conseils:

“Laissez-vous aller, Lieutenant, ne luttez pas, votre mort sera douce. .

Je suis sincèrement désolé, vous n’auriez pas dû approcher cette vipère..

-Ghhaha.. A…dénor..

-Chuut, elle va vite vous rejoindre dans le sas d’expulsion. Vous l’avez reconnu n’est ce pas? On activera un processus et vous serez volatilisés sous la pression brulante. Ca sera très rapide, et sans douleur.. D’ici là, ne luttez pas..”

Et d’un coup sec, il retira le couteau, laissant le sang pénétrer les poumons encore plus aisément, tandis que l’autre laissa échapper un haut-le coeur déjà gargouillant.

“PHIIIIIILL!!!!! SALOP, LAISSEZ-LE !!!”

Le sergent jeta un regard haineux vers la jeune femme qui touchait maintenant la jambe de son compagnon.

“Mon.. Mon chéri, rép.. GHAaa!!!”

Un coup sourd venait de couper net le hurlement de la Texane. Les miliciens l’avaient rattrapé et abattaient leur matraque sur la jeune femme, lui brisant plusieurs os.

Celle-ci semblait loin de tout cela, n’avait d’yeux que pour son compagnon, ensanglanté, agonisant dans les bras de cet homme au regard si cruel.

“Assez!” ordonna-t-il, et les coups cessèrent de pleuvoir, laissant place aux multiples vagues de douleurs. Mais ce n’était que pour son Phil que ses larmes coulaient.. Pour lui qu’elle aimait, pour son amour, son espoir.

Sans un mot, le sergent Greg fit signe à ses hommes d’ouvrir le sas, et soulevant prudemment le Lieutenant Goud, il l’emporta à l’intérieur de la petit pièce, le déposant avec précautions sur le sol.

Encore quelques secondes pour lui prendre le pouls, puis il se tourna à nouveau vers la jeune femme au sol, pratiquement paralysée sous les coups violents et destructeurs qu’elle avait reçu.

“Alors Texane, Madame l’Agent 12, est-ce que quelques petits coups de matraque de miliciens peuvent te mettre ainsi hors jeu?!” puis, s’adressant à ses acolytes, il ajouta: “ Venez les gars, on s’éloigne et on va voir si elle est capable de laisser ce pauvre gars qu’elle prétend aimer, seul à son destin..”

Un à un, il sortirent non sans, chacun leur tour, frapper de leur Rangers une Adénor à terre, sans défense.

Le coup de Greg était certainement le plus violent.

Piégée.

Et cela n’avait rien d’original: tel ces condamnés obligés de creuser leur tombe, elle devait aller d’elle-même s’enfermer dans la sienne.

Inspirant douloureusement, les deux jambes brisées, elle serra les points, les dents, les paupières et rampa.

Elle sera aux cotés de son Phil pour l’ultime instant, et tant pis si ces salopards y tiraient quelque plaisir.

Effort après souffrance, râle rentré après douleur, elle réussi à passer l’obstacle du sas pour pénétrer dans la pièce. Encore un mètre et elle serait avec lui..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Anna

Acteurs:

* Bleknoir (Greg)

* @now@n (Adénor)

* Darkgueg (Phil Goud)

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch12 Ep07

Sun, 13 Oct 2013 19:36:00 GMT

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Il flottait.. Difficilement..

Fabio le suivait du regard, dubitatif: une sorte de petite chaussure, un modèle pour enfant, la forme choisie par un des êtres translucide qui peuplaient son existence depuis si longtemps. Et celui-ci, comme les autres, le troisième depuis l’évènement dans l’appartement de Phil et Adénor, semblait avoir des difficultés à exister dans ce plan de réalité.

Sa forme se distordait, parasitée de l’extérieur. On sentait.. Des efforts pour résister puis soudain, pshiit!

Il disparu.

Comme les autres..

Le Mental se prit la tête entre les mains. Pour l’instant il ne s’agissait que de quelques êtres par ci par là, mais demain qu’en sera-t-il?

Prenant appui difficilement sur sa chaise, il s’approcha du lavabo, las et laissa de l’eau couler doucement dans un gobelet en plastique qu’un précédent locataire avait oublié, dans ce réduit lui servant de logement plus ou moins temporaire..

Ces disparitions focalisaient toute son attention depuis plusieurs heures: il était, certes, inquiet pour l’origine même de son pouvoir, mais bien plus que cela, il ressentait de l’empathie pour ces petites lumières. Ces êtres vivaient avec lui depuis si longtemps.. Pouvait-il les aider, ne serait-ce qu’en comprenant quel était le problème.?

Il avala une gorgée. Le goût âcre ainsi qu’un léger parfum de chlore lui picota le palais: les cuves des Transporteurs n’étaient pas connues pour la qualité gustative de leur eau..

Quelques formes flottaient au plafond, nonchalantes. Étaient-elles conscientes de la menace qui planait sur elles? En tout cas rien dans leur attitude ne le suggérait. Était-ce d’ailleurs réellement une menace: pour un humain la disparition signifie la mort ou l’oubli, mais pour eux?

De mémoire Fabio ne se souvenait pas avoir jamais assisté à quelque événement similaire. Et pourtant, dans la période où il croupissait, en ultra haute sécurité dans les profondeurs de la prison Mentale du Ministère, il avait eu le temps de les étudier, de rechercher le moindre tressaillement, la moindre variation dans leur comportement qui témoignerait d’une volonté de communiquer, d’une intelligence autre que primitive. Ce n’étaient pas des méduses attirées par les eaux chaudes, le Mental avait la conviction qu’il s’agissait d’êtres intelligents, ou tout du moins de leur représentation dans ce monde. Le simple fait que lui seul soit capable de les voir était en soit la preuve de leur origine sub dimensionnelle.

Si, à une époque, il avait envisagé une hypothétique folie personnelle, cela n’avait pas résisté aux observations des mouvements de population de ces petits êtres, qui correspondaient systématiquement à des actions Mentales plus ou moins violentes et mesurables dans ce monde.

Et jamais, ô grand jamais, il n’avait vu un de ses amis se volatiliser comme cela se produisait ces dernières heures!

Une sorte de cloche à fromage au plafond s’en alla, traversant la paroi du mur, comme si elle n’existait pas, alors que deux autres apparaissaient au travers de la porte, doucement attirés par lui, comme aimantés..

Pourquoi rebondissaient-ils contre lui et les autres Mentaux alors qu’ils traversaient les sols et plafonds ou autres humains? Aucune idée, peut-être était-ce lié à la réceptivité des Mentaux à l’énergie qu’ils dispensaient?

Il y a trois jours, le Mental avait fait preuve d’un effort sans précédent pour partir au secours de son frère, englué dans une manipulation psychique nommée “Insémination” destinée à modifier la conscience d’un sujet, en vue, dans ce cas par exemple, d’en faire un Mutualiste convaincu. Il avait anéanti les plans du savant QuartMac en même temps que sa cuve sensorielle. Pour obtenir ce résultat il avait probablement attiré tous les petits êtres de cette région de l’espace et pompé leur puissance, au point de bloquer le Temps lui-même dans la zone autour de la station Piñata El Grande!

Encore une autre interrogation d’ailleurs: comment avait-il pu bloquer ce qui ne peut l’être alors que ce n’était pas du tout son objectif? Est-ce que la notion même de Temps n’est qu’illusion, elle aussi capable de distorsion?

Et qu’on donc à voir ses petits amis là dedans..?

Il soupira, laissant ses yeux vagabonder à l’intérieur du réduit.

Sur le mur, face à l’entrée, était scotchée maladroitement une carte astrale dont le précédent locataire des lieux avait biffé de rouge une zone. Elle n’était plus très éloignée de leur emplacement actuel..

Fabio bu une nouvelle gorgée du liquide âcre, puis posa le verre dans le lavabo, se rapprochant de la carte.

La Passe de Magellone.

Devant le jeune homme elle ne semblait qu’un petit point, une simple information entourée de feutre de couleur..

Il se pouvait que cette aberration cosmique, compte tenu de ce qu’elle représentait, puisse entraîner des dommages collatéraux quand Fabio utilisait toute sa puissance. Peut-être que c’était elle, et le fait de s’être précipité sans réfléchir pour aider son frère, qui entraînait maintenant les disparitions auxquelles il assistait..

Tout était-il donc de sa faute?

Près de son épaule, une petite manivelle rebondissait doucement, puis se tordit, s’étira, semblant chercher à retrouver sa forme..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Coupie

Acteurs: 😛

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch12 Ep06

Sun, 06 Oct 2013 20:32:00 GMT

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“Ils la suivent, pas bête cette manière de faire comme si elle voulait se cacher sans y parvenir.. Elle est douée votre petite copine, dites donc!

-Oui elle a toutes sortes d’atouts..” répondit une Adénor serrant les dents.

Greg leva un sourcil sans trop comprendre la remarque, tandis que Phil préféra un mutisme protecteur..Le sergent Greg, aidé de deux miliciens, escorta donc les deux étoiles médiatiques sur les toits de la Cité Intérieure, les aidant à traverser des passages difficiles, conseillant le silence à toute personne venant à les croiser, les guidant au travers du dédale de container vers une sortie discrète, débouchant sur un couloir empli de tuyaux de toutes sortes.

Sous l’air suspicieux de ses deux protégés le sergent souris et passa devant, les deux autres miliciens fermant la marche.

“Ce conduit d’entretien est un accès direct à la salle des machines. Il est contrôlé et la salle du Compresseur strictement interdite aux civils (même à certains membres d’équipage)! Nous devrions pouvoir y retrouver plus de sérénité..”

Phil parvenait difficilement à conserver sa patience..

-Et on y fera quoi en Salle des Machines? Elle est si passionnante que cela à visiter?

-Hê?! Ce n’est pas moi qui suis sorti de mon nid douillet et protégé, pour partir à l’aventure dans le Transporteur! Mon boulot c’est juste de m’assurer qu’il ne vous arrivera rien de fâcheux!” rétorqua l’autre, hilare!

“Je vous ai parlé de ma Femme? Elle disait toujours que dans la vie, pas la peine de vraiment savoir où l’on va, du moment qu’on y aille! ha ha ha! Pas bête hein?

-Ha oui, pas mal! J’avais un oncle avec de bonnes phrases aussi, par exemple il disait que des oiseaux en cage ne faisaient jamais de bons oeufs!

-Et il avait raison votre Oncle!”

Greg s’arrêta une seconde, ajoutant à l’intention de ses deux protégés “Je ne suis pas là pour vous enfermer, les tourtereaux, comprenez que je ne fais que mon job. Au fond, je vous apprécie, comme tout le monde: l’Exode suit vos aventures depuis déjà pas mal de temps et vous êtes sympathiques”

Une petite pause, et il ajouta “Laissez-moi donc vous aider”.

Puis ils reprirent leur route..

Le corridor aux tuyaux se conclu par un sas fermé. Tapotant sur un petit clavier, placé de telle sorte que ses compagnons en ignorent le code, Greg composa une série de chiffres et d’elle-même la porte se déverrouilla, s’ouvrant sur une vaste salle au milieu de laquelle trônait, imposant, le Compresseur Trans-dimensionnel, pièce centrale et incontournable de toute Transition Hyper-spatiale.

“On a beau connaître la technique, c’est toujours aussi impressionnant de se trouver face à cet engin..” murmura un Phil admiratif, les yeux grands ouverts, comme ses compagnons, laissant la majesté de l’intelligence humaine imprégner sa rétine.

L’ensemble ressemblait à un gros scarabée où les pattes seraient d’imposants tuyaux souples, vecteurs de solutions à base de Lithium. En son centre plusieurs parties transparentes bourdonnaient, pulsant régulièrement une lumière éblouissante. De nombreux techniciens vaquaient et surveillaient le monstre, consultant cadrants, moniteurs ou pads portables..

“Vous savez que j’ai un diplôme d’ingénierie Multi-spatiale?” indiqua le sergent, à l’intention de son petit groupe. “Mais étonnamment toutes les places étaient prises quand je suis monté à bord, alors bon.. Comme mon père était militaire, on m’a proposé un boulot de milicien..”

Le lieu était bien plus calme et Phil sentait retomber la pression de sa méfiance envers le sergent.

Mieux: aurait-il trouvé un compagnon d’arme?

“Vous avez déjà servi à bord de vaisseaux alors?

-Ouais, comme vous, Phil Goud! Et puis j’ai arrêté peu après m’être marié, ma femme et moi-même désirions un enfant.. Vous comprenez quoi!

-Et elle est morte comment?” intervint Adénor, raidissant le sergent, et outrant Phil

“Chérie…?!!

-Laissez, elle a raison. Oui M’dame, elle n’est plus de ce monde, ça doit se lire toujours un peu sur mon visage, c‘est cela..?”

Puis il repris sa marche, en direction d’un des angles de la pièce. Contournant un énorme pipeline, il déclina son identité aux quelques gardes sillonnant la zone, puis poursuivi son chemin, ouvrant toujours la voie..

“Elle travaillait dans la communication. Pour un homme d’affaire un peu trop proche de gens peu recommandables.. Des truands du genre Mafia, vous voyez?.. Et un jour, elle a été prise dans un attentat et y a laissé sa vie..

Elle..”

Il s’arrêta, puis dessina un faux sourire sur son visage, ajoutant “Mais je ne vais pas raconter mes malheurs n’est ce pas?! Aller, venez, nous approchons..”

Phil posa sa main sur l’épaule du sergent, compatissant..

-J’ai également perdu ma première épouse Greg, dans des circonstances.. Complexes et douloureuses. Je suis désolé pour votre Femme.”

Le sergent ne répondit pas, s’abaissant sous plusieurs tuyaux et câbles de toutes sortes, un peu trop bas..

Adénor intervint.

“Par simple curiosité Greg, vous nous conduisez où?

-Pas très loin, vous y serez en sécurité, faites-moi confiance..”

Et le petit groupe continua de s’enfoncer dans les entrailles en arrière de la formidable machinerie..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon, Andropovitch

Narration: Anna

Acteurs:

  • Bleknoir (Greg)

  • @now@n (Adénor)
  • DarkGueg (Phil Goud)

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep05

Sat, 28 Sep 2013 16:05:00 GMT

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“Ils nous ont retrouvé, vite par la ruelle!!” hurla Phil alors qu’on entendait derrière eux les cris des journalistes et autres amateurs de célébrité!

La chasse au couple avait débuté quasi immédiatement alors qu’ils sortaient discrètement de la zone contrôlée par les miliciens de Momumba. Ils avaient bien tenté de les repousser poliment, de faire appel au sens commun, mais rien n’y a fait: une déferlante humaine qui leur parlait, les touchait, les bousculait, commençait à tirer leurs vêtements!

Ils durent prendre la fuite, aussi surpris l’un que l’autre de revivre ainsi leur malheureuse expérience sur le Transporteur n°7!

Espérons qu’ils n’aient pas cette fois-ci à prendre un otage!?

Les corridors zigzaguaient et se succédaient, tels de longs serpents rectilignes entre les containers de tôle ondulée, concevant l’ubuesque Cité Intérieure propre à chaque Transporteur.

Soudain Adénor s’arrêta brusquement à un angle en hurlant !

“Les miliciens!

-Halte! Arrêtez-vous!” leur cria le sergent les interpellant par de grands signes! Adénor rentra la tête dans les épaules, serrant les poings.

“Phil chérie, ils ne nous feront pas de mal normalement ici?

-Non bébé, sauf que ça me gênerait que nous nous fassions attraper si facilement!!”

La grande femme sourie puis ajouta

“Je t’aime toi!” en se préparant, avec son compagnon, à se battre contre deux groupes se refermant sur eux.

“Par ici! Vite!”

Ils levèrent la tête: la silhouette de Catherine se découpaient sur le toit de la cité intérieure, elle les interpellait depuis le sommet de la colonne de container formant l’angle!

“Cette petite bêcheuse est encore là? Elle compte nous lâcher un jour ?!

-Chérie, nous n’avons pas le temps de finasser: allons-y! On peut s’agripper et tenter une ascension!

-Je préfère la milice, pas toi?” lui demanda-t-elle droit dans les yeux! Visiblement sa future réponse relevait d’une importance des plus prioritaire, malgré la situation!

“Heu.. Chérie, on peut en parler plus tard? Là je préfère ma liberté de mouvement si tu veux bien?”

Quelques secondes de flottements, le regard d’Adénor la tueuse fixé sur son amant..

“Alors vous attendez quoi!? Vous n’avez pas le temps, dépêchez-vous!?” Et une sorte de câble électrique dévala la façade, s’arrêtant à quelques dizaines de centimètre au-dessus d’eux.

“Ho oui, je vais y aller… Pour lui trancher la gorge à cette petite salope!

-Okay, on la tuera après d’accord? Vite monte!!!” Supplia le jeune Lieutenant en aidant sa cavalière à grimper, même si elle semblait n’avoir aucunement besoin de son aide pour cela !

L’ascension ne dura que quelques minutes, tandis que leurs poursuivants tentaient l’escalade pour les plus téméraires, ou simplement cherchaient l’entrée des container d’habitation pour grimper par les escaliers, pour les autres.

“Vous voilà! Vite, prenez ma main!” cria Catherine en la tendant à la compagne de Phil Goud.

Mais contre toute attente, c’est elle qui fût tirée en avant, et se cogna le front contre celui de la jeune femme du Texos! Malgré le choc qui résonnait dans son crâne, elle entendit ces mots hachés et durs comme du métal “ C’est MON homme: tu le touches, tu lui tournes autour, tu l’aguiches, tu le regardes, je te transforme en chair à pâté, est-ce clair!?

-O.. Oui m’dame..” eut-elle juste le temps de répondre avant d’être repoussée violemment en arrière, tombant sur le sol, restant muette sous le choc.

Adénor aida Phil à son tour, puis alla négligemment détacher le câble que la petite Catherine leur avait descellé du mur pour les aider. Celui-ci fila tomber dans la ruelle et on y entendit quelques cris: ceux qui escaladaient la façade à leur poursuite devaient vivre un moment difficile, les uns entraînant les autres..

Droite et fière, Adénor toisa les deux autres de tout son long: “ Et maintenant petite, nous allons où?

-Je.. <Ouf!>.. vous conseille plutôt de me suivre Madame,.. <Ouf>.. ainsi que vos amis..!” lui répondit derrière elle, une voix masculine bien essoufflée. Adénor se retourna tel un cobra prête à se battre, reconnaissant le visage du sergent qui leur avait bloqué la route en bas..

-Nous pourrions tout autant vous assommer et prendre la fuite sans baby-sitter, soldat!“ intervint Phil, peu enclin à se laisser faire lui non plus par la gente militaire.

“Mes hommes retiennent la meute dans l’escalier.. <Ouf!>… On peut s’en sortir en enjambant les toits avec quelques acrobaties. Venez et je vous escorterais discrètement loin de la Cité Intérieure.

Je me nomme Greg, Sergent Greg pour vous servir.

-Nous sommes plus gradés que vous Sergent, êtes-vous au courant? NOUS décidons de ce que NOUS voulons!

-Raison de plus pour vous ménager Madame! De toutes façons mes hommes ne répondent qu’à moi-même.”

Des bruits de foule, de grognements montèrent de l’escalier.. Le barrage de milicien improvisé ne tiendrait pas longtemps et cela se lisait sur l’expression du visage de Greg..

Il pointa du doigt une zone de la Cité:

“Madame nous ne faisons que notre boulot! Suivez-moi je vous pris! Petite, quand ils vont surgir, vous tâcherez de les entraîner vers là, pendant que nous partons par derrière!” Puis, se retournant vers Phil et Adénor, il ajouta: “Puis-je donner le signal à mes hommes d’évacuer ou désirez-vous les voir écrasés par la meute !?”

Les deux amoureux échangèrent un regard.. Avaient-ils tant le choix que cela?

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration:

Acteurs: MT Ice

  • Bleknoir (Greg)

  • @now@n (Adénor)
  • DarkGueg (Phil Goud)
  • Zizooo (Catherine)

Montage: MT Ice


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RedU T1 Ch12 Ep04

Sun, 22 Sep 2013 11:57:00 GMT

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“Vous devriez lui dire bonjour et être gentil avec elle..” Préconisa soudain Fabio, confortablement installé dans le canapé du salon de Phil et Adénor.

Le lieutenant allait lui demander de s’expliquer, quand retentit la sonnette de l’entrée du logement. Les soldats d’Arlington étaient les seuls à oser s’aventurer jusqu’à leur porte et il ne les aimait guère, c’est donc le gosier sec qu’il s’en alla les accueillir.

La porte s’ouvrit sur une grande fille brune, maquillée et habillée d’un style plutôt suggestif, qui semblait sortir d’un sit-com pour adolescents.

“Bonjour, vous êtes LE Phil Goud? Je suis Catherine, nous sommes voisins…

-Heu enchanté Catherine.. Vous désirez?”

Si elle était majeure cela ne devait pas être depuis très longtemps, se dit le lieutenant, et, durant quelques secondes, les doux yeux de sa nouvelle voisine perturbèrent ses réflexions.

“Je voudrais vous souhaiter la bienvenue et savoir si nous pouvions faire connaissance?

-Bien sûr, faire connaissance! Un de ces jours on partagera une glace! MERCI MADEMOISELLE !!”

Adénor claqua la porte presque sur le nez de la jeune femme. Phil se demanda comment les femmes pouvaient avoir parfois cette faculté proche de la téléportation, il lui semblait avoir vu sa compagne à l’autre bout de la pièce il y avait encore une seconde?

“Et toi, j’aimerais un peu plus de self-contrôle quand une pouf en chaleur te fait les yeux doux!

-Mais Chérie je..?

-Laissez-le Adénor, vous savez bien comment sont les hommes..?”

Des yeux de serpent se fixèrent sur Fabio Ouli, celui qui venait d’avoir la mauvaise idée d’intervenir dans une houleuse explication conjugale.

“Et VOUS, espèce de mutant hallucinogène, vous jouez bien votre rôle de punaise, toujours à montrer que vous êtes bien le plus fort, que vous comprenez tout et contrôlez tout!?”

Elle s’avança vers lui, de plus en plus menaçante, mais Fabio ne bronchait pas, toujours un petit sourire en coin.

“Pourquoi donc, votre immensité, s’est-elle alors donnée la peine de venir partager notre misérable existence de réfugié-prisonnier, au travers de l’Exode!? Et ne venez pas me dire que c’est par amour de votre prochain: vous n’avez PAS de prochain!”

Elle s’était arrêtée à moins d’un mètre, dominant de toute sa hauteur le petit homme dégingandé, affalé dans le canapé. Malgré qu’il en soit le centre, Fabio suivait la scène de manière presque abstraite, entendant à peine les pensées d’Adénor avant qu’elles ne deviennent des mots, suivant au loin la petite Catherine satisfaite d’avoir réussi la première approche de sa future proie sentimentale, recevant des échos d’émotions des habitants des containers aux alentours, et mille et une autres petites choses de la vie quotidienne des humains de ce Transporteur, voire plus loin..

Tout cela ne l’intéressait pas, il n’en tenait pas compte. Par contre, l’un de ses amis secrets, un petit tournevis translucide flottant dans la pièce avec quelques-uns de ses camarades, l’intriguait au plus haut point: il semblait avoir des difficultés à exister, disparaissant à moitié, sa forme se modulant, s’étirant, se contractant.. Un peu comme quand on tente de trouver une chaine de télévision hertzienne, un peu comme s’il n’arrivait pas à se stabiliser dans ce monde, un peu comme si..

Soudain, dans une ultime contraction, il s’évanouit dans l’éther en se déchirant sous ses yeux!!

Pour la première fois depuis bien longtemps, Fabio fut surprit. Tout semblait naturel pour les autres êtres translucides, ceux-ci planaient toujours comme si de rien n’était, mais le Mental n’avait pas rêvé! A sa connaissance, jamais une chose pareil n’était advenue, et ce depuis qu’il les avait rencontré pour la première fois ! Qu’était-il arrivé?

Etait-il retourné chez lui?

Etait-il.. Mort?

Il allait devoir enquêter pour comprendre l’évènement dont il venait d’être le témoin privilégié, et cela nécessitait de la tranquillité dans un lieu où on ne le dérangera pas !

Se levant, il contourna Adénor et se lança d’un pas assuré en direction de la porte..

“Je suis venu avec vous car.. Je devais changer de Transporteur, vous étiez une couverture parfaite! C’est tout ce que vous devez savoir de mes plans.”

S’arrêtant devant Phil, il ajouta sur le ton de la confidence:

“Et si je suis intervenu en votre faveur, c’était précisément pour qu’elle reporte sa fureur contre moi. Vous voyez Phil Goud, je vous aime bien..

-Je ne suis pourtant pas un de vos grands partisans, Fabio” répondit un Phil amer.

“En aucune manière cela ne me dérange. Et puis, entre nous, si j’étais attiré par la chair féminine, je vous comprendrais sans doute fort bien!” Conclu le mutant en ouvrant la porte.. “Je m’en vais vous laisser à tous deux un peu d’intimité maritale. Autre chose: entre les journalistes, les policiers et les habitants à la recherche de stars telles que vous, je ne vous conseille pas d’aller vous balader seuls dans le Transporteur (vous le désirez, inutile de nier) … Votre sécurité n’y serait pas garantie du tout!

A bientôt, donc..”

Et il s’éloigna de l’entrée du container, usant de ses pouvoirs pour minimiser le plus possible les rencontres avec des journalistes et particulièrement leurs caméras: les images transmises en directe sont très difficiles à intercepter, même pour lui.

“Bon.. On fait quoi?”

Phil restait seul avec sa compagne, pas vraiment calmée.. La soirée risquait de se révéler au mieux ennuyeuse, au pire solitaire et frustrante..

“Prend une blouse, nous allons faire un tour!” Lui répondit son Adénor, plus farouche et plus belle que jamais!

“Mais il a dit que c’était risqué et..

– C’est un Mental extrêmement puissant, mon chou. Il nous a dit ce que nous devions savoir, justement pour que cela nous donne envie de sortir.. “ Elle ajouta, un sourire en coin “Je n’avais pourtant aucune intention d’aller me balader et toi?”

A bien y réfléchir, lui non plus en effet..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Ian

Acteurs:

  • Zylann (Fabio)

  • @now@n (Adénor)
  • DarkGueg (Phil Goud)
  • Zizooo (Catherine)

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch12 Ep03

Sat, 14 Sep 2013 18:27:00 GMT

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“Vous êtes sur Ex-One Média, et c’est la dernière partie de ce journal du soir avec notre invité: le Colonel Momumba Arlington.

Mon Colonel, pour ce dernier sujet, vous êtes directement concerné car il s’agit du devenir des ex-fugitifs Phil et Adénor que vous avez accueillis à bord de votre Transporteur.

Avant de vous donner la parole, laissons notre envoyé spécial à votre bord, Titus Matrane, nous narrer les derniers évènements pour Ex One Média.”


“Phil Goud et Adénor Kerichi.

Les voici rejoignant leur appartement alloué à bord du Transporteur n°3. Comme vous pouvez le constater, un cordon de sécurité a été mis en place autour du bloc d’habitations où ils logent pour justement nous empêcher, nous journalistes, de faire notre travail!

Heureusement, il est possible de trouver quelques astuces, mais nous y reviendrons dans quelques minutes.

Auparavant, voici une interview réalisée aux quais peu après leur arrivée en navette: nous y avons rencontré des hommes de la sécurité qui parlent sous le seau de l’anonymat, ce qui explique leur voix déformée..

Bonjour, pourriez-vous nous décrire les circonstances de leur arrivée?

Ben, tout d’abord, on a eu une sacré frousse, car leur navette était pilotée de manière un peu dingue, pas vrai..?

Ouais! Même qu’on a eu des techno qui se sont discrètement éclipsés de peur d’un crash au beau milieu des quais! Mais leur pilote est un putain de bon! Vas-y Raconte..

Le gars arrivait bien trop vite, il a redressé à l’ultime seconde pour s’amarrer parfaitement aux accroches de ponts! Comme si son but était de ne perdre aucune seconde! Même le Commandant était inquiet!

Oula oui! Il s’est même renseigné pour savoir si c’était un appontage habituel! En tous cas, après, il a su les accueillir très courtoisement.

On se serait cru dans le beau monde, mazette!

Qu’entendez-vous par courtoisement ?

La dame a eu droit au baise-main, les deux autres à une poignée de main.. Mais avec les deux mains, vous voyez? Comme çà là..

Les deux autres, dites-vous? Il y avait un troisième?

Ben.. Heu.. Yen avait deux ou un avec la dame?

J’sais pas trop: je ne les voyais que du coin de l’oeil. Nous on assurait surtout la sécurité pour ceux qui voulaient entrer..

Ben il me semble qu’il y en avait deux, mais je pourrais pas le jurer.. Bon: c’est pas important..

Et après, que s’est-il passé?

Ils ont prit le tubulaire n°4, celui qui conduit vers l’arrière de la Cité Intérieure. Vos collègues journaleu ont d’ailleurs eu du mal à les retrouver, mais c’est notre Commandant, il adore vous rouler dans la farine, pas vrai?

ha ha ha, oui, sûr: c’est son truc!

Merci Messieurs..

Une arrivée que l’on pourrait donc déjà qualifier de rocambolesque, avec de la voltige et des tentatives pour éviter le reporters. Cependant, à Ex One Média, nous sommes bien préparés à ce genre d’entourloupe du pouvoir, et avec l’aide de quelques habitants de la Cité nous avons pu nous faufiler au travers des barrages.

Voici ce que nous avons découvert..

“Monsieur Goud? Phil Goud?

-Quoi? Vous avez réussi à nous retrouver jusqu’ici?

-Allons Monsieur, juste quelques phrases pour nos multi-spectateurs qui suivent avec passion vos aventures depuis le Transporteur n°7.

-L.A.I.S.S.E.Z – N.O.U.S T.R.A.N.Q.U.I.L.L.E.!

-Madame votre concubine est-elle avec vous en ce moment, derrière votre porte?

-N’entrez pas, c’est une propriété privée! Nous avons des gardes qui vont bientôt passer, ne m’obligez pas à les appeler dès maintenant!

-Des gardes? Etes-vous donc en prison?

-… Hé bien…En résidence surveillée, en dépit de nos droits les plus strictes. Aurait-on omis de vous en informer?

-Il semble en effet! Quelles sont donc vos libertés de mouvements?

-Pas énormes, malheureusement, un chaperon nous accompagnera en permanence. Attention, j’entend la patrouille qui va passer. Parlez de nous !

Donc Phil et Adénor sont bel et bien prisonniers. Certes les conditions de détentions sont bien souples, mais une prison reste une prison: la dernière phrase du jeune Lieutenant ne laisse aucun doute: Parlez de nous.

C’était Titus Matrane, depuis le Transporteur n°3. A vous, Ex One Média!”

“Mon Colonel, une déclaration?

-Mmmm, vous me voyez très déçu de plusieurs choses Ted. Tout d’abord il semble y avoir des lacunes grossières concernant la sécurité mise en place autour de l’habitation de nos deux réfugiés..

-Réfugiés? Il semble qu’ils ne voient pas les choses de la même manière Colonel..

-J’insiste sur le terme Réfugié! Ce que le Lieutenant Goud appelle “gardes” et “chaperon” n’est placé là que pour leur éviter une invasion de journalistes! Votre métier est honorable et utile à la société chez Ted, mais il est de mon devoir de protéger l’intimité et la tranquillité mes ressortissants, au moins dans leur foyer, ne trouvez-vous pas?

-Certes, mais que dire de vos autres ressortissants qui ignoraient jusqu’à ce journal, leur simple présence! Vous sembliez vouloir la laisser la plus discrète possible, d’après les témoignages de vos hommes de sécurité!?

-Ha ha ha! Mais Ted, si mes hommes ont parlé, c’est peut-être que justement cela n’était pas censé rester longtemps si discret!

-Vous tentez de nous faire croire que ces fuites étaient volontaires..?”

<petit blanc>

“Mon Colonel? Une réponse peut-être?

-Ces hommes et femmes à bord de mon Transporteur ne sont guère différents de la vieille dame dont je vous ai parlé précédemment ! S’ils se sont permis de vous faire ces confidences, c’est qu’ils savaient que le black-out était terminé! Ils ont, j’ai, nous avons une confiance inébranlable dans notre soutient mutuel. C’est une des forces de ce Transporteur dont j’ai l’honneur d’avoir la charge, nous sommes tous solidaires!

-Soit.. Espérons seulement que Phil et Adénor goûtent cet esprit d’équipe aussi finement que vous-même..

-Ne vous inquiétez pas, ils viennent seulement d’arriver: laissons-leur le temps de s’adapter! Je m’enorgueillis de penser que le Transporteur n°3 est celui des vaisseaux de l’Exode où il fait le mieux vivre, nos deux amis vont vite le découvrir.

-Très bien, ce sera donc le mot de la fin, merci pour votre présence ce soir à nos coté Mon Colonel!

-Tout le plaisir était pour moi Ted, je reviens quand vous voulez.

-Bien entendu! C’était Ted Maos’n, en direct du Transporteur n°1 pour le journal du soir d’Ex One Media.

Passez une bonne fin de soirée, et à bientôt!”

<publicité>

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: :-)
Acteurs:

▪ Icaryon (Ted Maos’n)

▪ Dr wolf (momumba)

▪ DarkGueg (Phil Goud)

▪ Ian (Titus Matrane)

▪ Andropovitch & Raoulito (Gardes)
Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep02

Sun, 08 Sep 2013 18:43:00 GMT

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“Vous êtes sur Ex-One Média, et c’est le journal du soir en direct du Transporteur n°1 avec pour invité aujourd’hui, le prolixe Colonel Momumba Arlington, Commandant du Transporteur n°3.

Alors, passons à cet extraordinaire second sujet, qui, s’il ne divisait pas la communauté scientifique, aurait toutes les apparences d’une comédie burlesque!

Nous avons l’habitude de perdre notre temps, mais il s’avèrerait que ce matin, nous en ayons perdu un peu plus que d’habitude!

Où est-il passé? Une enquête de Jack Blast pour Ex One Média!“Bonjour, avez-vous eu une sensation étrange ce matin, comme si le Temps s’était arrêté?

-<quidam A> Ha oui!! j’étais sous la douche lorsque le petit ami de ma coloc’ est entré dans la salle de bain! Pendant quelques secondes j’ai vraiment cru que le Temps s’était arrêté!

-Et qu’est-il arrivé?

-Il m’a invité au cinéma en tête à tête ce soir.”

“Bonjour, ce matin, avez-vous eu la sensation que le Temps s’était arrêté?

-<Quidam B> Non.. enfin pas spécialement. Vous savez ici c’est une boutique d’encens et de drogues légales, alors le Temps.. Il arrive régulièrement qu’il disparaisse tout seul..”

“Bonjour, ce matin le Temps se serait arrêté? L’avez-vous remarqué?

-<Quidam C> Pas le Temps, je suis pressé! “

“Si vous vous demandez pourquoi ExOne Média m’envoie poser cette question saugrenue aux habitants de la Station Piñata El Grande, c’est peut-être que vous n’êtes pas aux faits de l’inquiétude qui secoue la petite communauté scientifique présente sur nos Transporteurs et la station.

Nous avons eu la chance de pouvoir interviewer un astrologue.. pardon, un Astronome de grande renommée, le Professeur Swarzkov, alors qu’il tenait une conférence de presse sur ce sujet.”

“HOUUUUuuuuuuu!!

-….Mesdames et Messieurs! C’est par l’analyse la plus poussée que j’ai mis en lumière ce phénomène! Je vous interdis de me traiter de la sorte!!

-Charlatan! Dehors!

-C’est de l’Inquisition obscurantiste!! Vous ne pouvez réfuter les faits!!

-Houuuuu! Dégage!!

Bonjour Professeur, Je suis Jack Blast, reporter à Ex One Media, pouvez-vous nous dire quelques mots au sujet de votre découverte?

Bien sûr! Il faut que l’Humanité sache ce qui vient de se passer ce matin! C’est extrêmement grave!! Nous avons dix minutes, quinze secondes, et huit dixièmes de notre Temps qui ont disparu à neuf heures quarante-quatre de la matinée exactement!

Mais que voulez-vous dire par disparu ?

J’entend par là qu’à cette heure précise, la zone de la Station Piñata El Grande ainsi que les Transporteurs et tout sur une distance de plusieurs centaines de kilomètres ont vu le Temps stopper sa course, alors qu’il se déroulait normalement dans le reste de l’Univers!

C’est à dire que.. Nous aurions sauté une période de Temps? Mais c’est difficilement concevable? Quelles preuves apportez-vous?

Je suis Astronome, mon garçon, je calcule et recalcule les positions des étoiles, les distances interstellaires et j’étudie le passé en observant au plus profond de l’Espace.. Ce matin, mes calculs ont détecté une anomalie. Il m’a fallu plus de cinq heures pour en tirer cette si surprenante conclusion (Que des incrédules peuvent avoir tant de mal à admettre..).

Mais avez-vous des collègues qui ont refait les calculs de leur coté, et qui puissent corroborer vos dires?!

Oui!.. Et non! En fait, il s’agit de données très fines, et certaines corroborent tandis que d’autre démontrent le contraire: le Temps ne s’attrape pas comme çà!

Mais il semble bien que lui ait attrapé quelque chose ce matin?.. Un rhume peut-être?

Vous.. vous vous moquez jeune effronté?!Rhaaaa! Je retourne à mon laboratoire, et, tel Galilée, on ne me comprendra que dans cent ans!! Tous des ignares !”

“Depuis, c’est le statu quo chez les savants. Certains parlent de défaillances informatiques en cascade et d’autres d’un évènement stellaire qui aurait faussé les calculs..

Mais quelques voix murmurent que nous ne sommes qu’à une journée de Transition de la Passe de Magellone et qu’il ne serait pas si étonnant que des dommages collatéraux surviennent par-ci par-là, peut-être plus souvent qu’on ne le pense..

C’était Jack Blast depuis la station Piñata El Grande, à vous les Studios!”

“Mon Colonel, avez-vous ressenti quelque chose ce matin?

-Maintenant que vous le dite, je crois m’être rasé plus longtemps que prévu car mon menton est particulièrement lisse je trouve, ha ha ha!

-Hê hê hê! Dites-nous donc: durant votre vie chargée d’une multitude d’évènements, vous est-il arrivé des moments un peu étrange, des anecdotes à la limite du surnaturel? Et si oui, peut-être pourriez-vous, brièvement, en évoquer un?

-Hô oui! Même plusieurs! Malheureusement ils sont tous placés sous le seau du Secret Défense, je ne pourrais vous en parler sans vous faire immédiatement mettre aux fers dans un lieu secret!

-Ha ha ha! Vous êtes pleins d’humour! Ces moments extraordinaires sont donc si secrets que vous ne pouvez les partager avec nos multispectateurs?

-Oui.”

< petit blanc>

“Hê bien, à tout de suite pour la dernière partie de votre édition du soir sur Ex One Média, juste après cette page de publicité!”

<Publicité>

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: :-)
Acteurs:

▪ Icaryon (Ted Maos’n)

▪ Dr wolf (momumba)

▪ Blast (Jack Blast)

▪ Silverson (Professeur Swarzkof)

▪ Andropovitch & Icaryon (interviewés)
Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch12 Ep01

Sun, 01 Sep 2013 18:17:00 GMT

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“Bonjour à tous, Vous êtes bien sur Ex-One Média, et c’est Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1 pour l’Edition du soir!

Les titres:

  • Transporteur n°5, 6 & 7: Le grand départ vers la Passe de Magellone devrait avoir lieu dans les heures prochaines, même si le secret est de rigueur! Pourquoi ce choix de configuration de vaisseaux par convoi?
  • Dérapage scientifique? Se conformant à des positions stellaires, des astronomes prétendent que nous aurions perdu.. 10 minutes de temps ce matin! Nos reporters sont partis les rechercher!
  • Et occupant nos unes depuis plusieurs semaines maintenant, allons donc prendre des nouvelles de nos tourtereaux rebelles, j’ai nommé Phil et Adénor, qui s’installent en ce moment dans le Transporteur n°3, dirigé par le Colonel Momumba Arlington..

.. Qui nous fait l’honneur d’être notre invité ce soir pour nous accompagner durant cette émission!

Mon Colonel, c’est un plaisir de recevoir une personnalité aussi illustre sur ce plateau. Nos multi-spectateurs ont probablement tous entendu parler de votre rôle durant la Révolution Castiks. Avant de commencer, pourriez-vous d’ailleurs évoquer avec nous votre refus absolu, à l’époque, de participer à toute formation de gouvernement, brièvement..?

-Bien sûr Ted. Je vous remercie tout d’abord de m’accueillir dans votre si prestigieuse émission où certains de mes collègues Commandants ont eu l’honneur de s’assoir dans ce même siège, et je me ferais donc une joie de répondre à vos questions ou de donner mon opinion, sur les sujets qui font votre une de ce soir…

-Merci Mon Colonel.. Donc, votre refus de participer à un Gouvernement Castiks… D’où provient-il?

-Figurez-vous que votre question ne manque pas de piquant, car on me l’a posé il n’y a pas deux jours: une brave vieille femme qui vaquait dans la Cité Intérieure du Transporteur dont j’ai la charge. Elle me disait avec un accent typiquement Amalache: Monsieur le Commandant, c’est un homme comme vous qui aurait dû diriger MaterOne, vous êtes bon et droit, nous n’aurions pas eu à partir!

Evidement je suis gêné de le présenter ainsi à vos Multispectateur, d’autant que tout l’Exode n’est pas composé que d’anciens rebelles ou familles de rebelles, mais c’est ainsi, cette Femme m’appréciait.

Alors ne me décontenançant pas, je lui répondit à brule pour point: Mais Madame, peut-être que c’aurait été pire si çà avait été moi là-bas? Au moins ici, mes bêtises ne gênent pas beaucoup de monde, la preuve: vous m’appréciez!

Inutile de préciser à quel point elle s’est amusé de cette cocasserie!”

<petit blanc>

“Mmhmm, oui, donc vous ne vous jugiez pas apte à assumer des responsabilités planétaires, c’est cela?

-Bon résumé, nous pouvons dire cela en effet. Quoique personnellement je nuancerais ces propos, mais pour des raisons de temps d’antenne il me semble préférable que nous restions dans cette généralité.

-Merci pour votre réponse, cela fait plaisir d’échanger avec un lettré tel que vous qui, nous le sentons bien, éprouve un réel plaisir à partager et à communiquer devant nos Multi-spectateurs! Passons donc à la question suivante qui est liée à la composition de l’ordre de traversée de la Passe de Magellone. Pourquoi plusieurs départs successifs, et pourquoi cette configuration… En schématisant peut-être..?

-Schématiser dites-vous? Mmhmm, Ted vous me poussez dans mes retranchements cognitifs, je vais tenter de vous apporter une réponse adaptée à votre demande, laissez moi trouver une bonne analogie..”

<petit blanc>

“M..Merci Mon colonel, donc je vous propose un instant de nos sponsors, pour vous laisser le temps de vous préparer.”

<publicité>

“Retour sur ExOne Média, votre chaîne d’informations de l’Exode, nous sommes toujours en compagnie de Monsieur le Colonel Momumba Arlington qui s’apprêtait à nous expliquer les raisons de l’organisation spéciale, en convoi, des Transporteurs pour la traversée de la Passe de Magellone?

-Oui Ted, et je vous remercie pour cet intermède publicitaire m’ayant laissé le temps nécessaire à la réflexion! Donc c’est un peu comme les bans de poissons. Rien n’attire plus les chasseurs, humains ou animaux, que ces petits poissons se déplaçant en grand nombre! Ils se disent tous qu’avec une telle quantité, il suffit de plonger dedans pour en attraper un.

-Dans notre cas vous parlez sans doute des Pirates?

-Certes, mais pas seulement. La traversée de la Passe demeure, quoiqu’en disent les optimistes, un moment délicat qui peut nécessiter l’aide d’un autre Transporteur en soutient. Par soutenir, j’entend une assistance matérielle et humaine..

-Donc vous sous-entendez que l’on regroupe les Transporteurs pour s’entraider dans la Passe, mais alors justement, qu’en est-il du ban de petits poissons?

-Haaa, mais Ted, un ban de poisson est composé d’une immeeeeeeeence multitude d’individus, donc j’entendais par là, la totalité de l’Exode, les sept Transporteurs traversant en une fois!

-Bien sûr, cependant le dramatique exemple du Transporteur n°2, s’étant soldé par la mort du Commandant Basavech, prouve également que séparés l’on est plus vulnérable?

-Sauf qu’en fin de compte c’est l’arrivée d’un second Transporteur, celui du Colonel JFHill qui a sauvé le vaisseau. Je ne voudrais pas me présenter comme trop prétentieux devant vous Ted, mais c’est justement un magnifique exemple de la justesse de cette stratégie! Vous savez, comme disait les anciens sages, un échec passé peut devenir une victoire future pour peu que l’on sache en tirer les bonnes conclusions!

-Très belle maxime en effet. J’en profite pour rappeler l’organisation des convois, qui a été rendu publique il y a quelques jours déjà:

Premier convoi: Transporteurs N°6, 7 & 8, du Colonel JFHill, du Colonel Sterling Price et de la Commandante Benkana.

Second convoi: Transporteurs N°2 & 4, commandés par Monsieur Junta et sa soeur, la Lieutenant-Colonel Onawane.

Et enfin troisième et dernier convoi: Vous-même et le Général Décembre dans les Transporteur n°3 et 1.

Et qu’en est-il de l’armement de ces Transporteur? Restera-t-il en l’état avec des croiseurs, des chasseurs lourds et légers et des hommes de troupe?

-Hélas, comme souvent dans les missions ayant trait à la sécurité, je ne peux vous donner la composition exacte de nos forces, Ex-One Média diffuse dans toute cette région reculée de l’Espace et il est possible que de mauvaises oreilles soient également à notre écoute. Cependant je puis au moins vous assurer qu’une redistribution complète a été soigneusement mise au point en vue de parer à toutes les éventualités. L’Exode a la chance de compter dans le Conseil des Commandants, mais également parmi leurs conseillers, des hommes et des femmes d’expérience et de qualité qui sont rodés dans l’exercice de la protection des convois spatiaux.

C’est un gros avantage, ne l’oubliez pas!

-Donc vous ne craignez pas une attaque pirate?

-Je ne crains qu’une seule chose, mon bon ami, la même chose que mes ancêtres! Que le brame de l’Hypogazelle ne soit pas assez fort pour réunir les couples et préparer les troupeaux de demain!”

<petit blanc>

“…M..Merci pour votre répondre limpide Mon Colonel..

Je vous propose une petite virgule et nous nous retrouvons après pour ce qui ressemblerait presque à un canular scientifique: la perte de Temps!

A tout de suite, ne zappez pas!

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: raoulito

Acteurs:

  • Icaryon (Ted Maos’n)
  • Dr wolf (momumba)

Montage: Andropovitch


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Red Universe: Playlist Chapitre 11 « Dynaties »

Sat, 24 Aug 2013 17:39:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°11 « Dynaties ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette onzième partie:

thème RALATO: « Aeolian arp » de Aufklarung alb « Aeolian arp »

thème « coté Fabio« : « blues for you » de Pamauni, alb « For you »

thème bataille finale: « breacking the siege (reprise) » de Celetian Aeon Project, alb « Epic »

thème bureau Duc Ouli: « Farewell » de Scabeater alb: « Necrology »

Bonne écoute et à très bientôt pour le Chapitre 12 intitulé « Derniers Pas, Premiers pas.. »




RedU T1 Ch11 Ep13

Sat, 17 Aug 2013 14:34:00 GMT

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PARTICIPEZ A NOTRE GRAND SONDAGE RED UNIVERSE: http://reduniverse.fr/sondage

Ralato ouvrit les yeux.

Le paysage était montagneux, avec des bois s’étirant sur les flancs rocheux… Cette odeur, cette configuration de paysage..? Il se trouvait aux Amalaches, la chaine à l’Ouest de MaterOne Centrum! Accoutré en plongeur, il n’aurait pas beaucoup de chance de passer inaperçu où qu’il se baladerait durant les prochaines heures, mais ce n’était pas son objectif: il lui fallait reprendre enfin le contact avec les autorités, au plus vite. Après plus de six mois de captivité, il était enfin libre !

D’une main, il effleura son flanc, là où des cotes s’étaient cassées durant sa chute, l’entrainant à la mort.

Rien.

Sa jambe gauche effectua toute rotation possible sans aucune douleur.

Aucune séquelle également..

Et surtout..

..OUI! Son pouvoir Mental était de retour: au loin, il pouvait percevoir un léger murmure, celui des milliers de consciences pensantes d’une petite ville! Même les esprits bas et sauvages des animaux autour lui, lui parvenaient!

Quartmac !!

Son visage se crispa: le vieux savant avait trahi le gouvernement et ses anciens patrons, les militaires, il avait retourné sa veste et travaillait dorénavant avec les Mutualistes!

Ses souvenirs de la partie interrogatoire étaient flous, il se souvenait de la cuve, d’une grande force qui l’enveloppa soudain, venue de loin, comme si elle le prenait dans ses bras, et..

“FABIO! “ Cria-t-il soudain dans la vallée, mais seul son l’écho lui répondit.

Son frère était venu à son secours, il ignorait comment, mais il l’avait entendu. Après tout ce qu’on lui avait fait vivre et malgré sa mission suicide, il venait quand même de faire un crochet d’une distance si fantastique que c’en était incompréhensible!

“Amour Fraternel?”

Ralato sursauta! D’instinct, il s’accroupit au sol, reculant au milieu des arbres. D’où venait donc cette voix?

“Mais de toi gros malin! Je suis à l’intérieur de toi!

-Stuffy!?

Espèce de salopard où te caches-tu?

-Je viens de te le dire!”

Le jeune Lieutenant se figea: en effet, la voix venait bien de l’intérieur de lui-même.. Il monta immédiatement ses protections mentales, enfin opérantes – mais n’en avait-il pas toujours été ainsi en fin de compte – et attendit, scannant rapidement les alentours..

“Ca ne sert à rien, je suis à l’intérieur de toi te dis-je!

-Comment çà? tu ne peux PAS être <à l’intérieur de moi> !

-Ben si.. J’ai été obligé de réagir vite: imprimer mon schéma mental à l’intérieur de ton esprit était la seule solution pour ne pas mourir, avec ton frère qui explosait tout et tout le monde! Le seul endroit où il n’allait pas venir me chercher çà serait en toi, tout simplement!

-C’est une blague..? Je suis fou ou dans une autre simulation c’est cela?!

-Hélas non, c’est la triste réalité cher Ralato! Nous revoici ensembles, coéquipiers comme par le passé! “

Ralato se releva..

Un résidu psychique de Stuffy, qui avait participé activement à l’expérience sous la forme du Majordome, devait trainer dans ses méandres. Au pire ferait-il appel aux médecins mentaux pour en effacer les restes une fois arrivé.

“Cà risque d’être difficile et dangereux, je ne suis pas stupide! Et je t’ai dit que je ne suis PAS un simple écho résiduel, je suis MOI!

-Silence!

-Je pourrais me taire, mais tu sais mon Ralato, je peux aussi t’aider à voir le monde différemment ?

-Silence !!!

-Tu as tellement peur d’avoir une conscience..?”

Bon.

Ralato pressa le pas, déjà il apercevait des véhicules circulants sur une route en aval à quelques dizaine de minutes de marche.

Une alerte codée et on viendrait vite le chercher.

“NOUS chercher je pense..?

-SILENCE J’AI DIT !!!

-Okay Ralato, okay.. C’est surement une question d’habitude, cela te passera..

-Parce que tu crois que je vais m’habituer à toi?”

Un grand rire retentit alors à l’intérieur de son esprit!

Le Lieutenant se prit la tête dans les mains, se pouvant empêcher la voix de son ancien ami de tonner depuis le fond de son crâne:

“Mais mon Ralato, nous sommes DEJA en train de nous habituer l’un à l’autre !

HA HA HA HA HA HA !!!!……”

FIN DU CHAPITRE 11

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Raoulito

Acteurs:

  • Luciole (Stuffy)
  • Raoulito (Ralato)

Montage: Ark


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Le 27/24 de Podradio, Samedi 31 Août 2013

Thu, 15 Aug 2013 14:33:00 GMT

Le programme du 27/24 qui se tiendra le Samedi 31 Août 2013 de 6h au Dimanche 1 septembre 2013, à 8h!

Pour écouter, participer ou suivre la caméra « backstage » une seule adresse: http://live.podradio.fr





SOIREE DE GALA RED UNIVERSE 5eme édition!

Thu, 15 Aug 2013 08:58:00 GMT

A l’occasion du 27/24 de Podradio (31 Août /1er Septembre 2013)

une soirée de Gala Red Universe

sera organisée le Samedi 31 Aout 2013 de 18h à minuit.

raoulito Pof_magicfingers phil_goudicaryon

Retrouvez Raoulito, Phil et toute l’équipe de votre série préférée en discussion autour des chapitres 9 et 10 (Spécialité « Pin’Up ») qui seront diffusés durant le Gala, ainsi que les résultats d’un sondage « spécial RedU » qui vient d’être mis en ligne!

Vous pourrez comme à chaque fois intervenir en direct en posant vos questions/remarques par le chat ou dans les commentaires de ce post!

Soyez donc prêt à l’adresse habituelle: http://live.podradio.fr

Préparez vos agenda, rendez-vous le Samedi 31 Août au soir!



RedU T1 Ch11 Ep12

Sat, 10 Aug 2013 16:56:00 GMT

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Quartmac s’était protégé derrière une console, barbotant à moitié dans l’eau. Il n’osait se relever.. Quelque chose de trop grand, même pour lui, était désormais présent dans cette pièce..

Les tremblements de terre semblaient s’être arrêtés, et désormais seul le calme et le ruissellement de l’eau se laissaient entendre..“QUARTMAC?! Professeur Quartmac..! J’ignorais que vous vous étiez mis aux techniques d’insémination?!

-Fa..Fabio…

-Levez donc la tête cher vieux père!”

Il s’obtempéra et hurla de stupeur: à deux mètres au dessus du sol, Ralato volait. Il ne portait plus que la combinaison de plongeur, tout le reste était enlevé. Sa posture, légèrement ondulante, provocatrice sinon efféminée ne laissait aucun doute quand à la personne avec qui le savant parlait réellement.

“La Mort vous va plutôt bien dites-moi professeur! La nouvelle en avait-elle été prématurée?

-Mais.. Mais comment as-tu pu?

-Mon frère n’a pas toujours été tendre avec moi, je vous l’accorde, mais il n’en reste pas moins de mon sang, vous auriez dû vous douter que je ressentirais ce que vous tentiez de lui faire!”

Puis, observant alors autour de lui les aménagements de la salle d’interrogatoire, il ajouta:

“Très bel endroit, high-tech! Vous avez dû prendre beaucoup de plaisir à triturer dans le labyrinthe de la psyché de ce pauvre Ralato!

Amusant également, ce montage sur mes origines.. Utiliser sa culpabilité inconsciente de m’avoir envoyé là-haut, perturber les fondements de cette stupide famille qui nous ont quand même, il faut l’avouer, bien lavé le cerveau depuis notre plus tendre enfance.. Tout cela requiert une ingénierie psychologique de très haut vol! Bravo Professeur, je n’en attendait pas moins de vous! Si je n’étais pas intervenu, mon pauvre frère vous serait tombé dans les mains comme un fruit bien mûr..

-Fabio.. que comptes-tu faire maintenant?

-Mais vous Professeur, que comptiez-vous.. Hôôôô! Mais votre cerveau s’est verrouillé aux Mentaux dites-moi?

C’est un coté “retour parmi les vivants” qui vous a valu ce cadeau?”

Pas de réponse.

Quartmac regardait au-dessus de lui, le souffle coupé, un Ralato manipulé telle une marionnette depuis des centaines de millions d’années lumières par un Mental dont on ne mesurera sans doute jamais l’étendue réelle des pouvoirs!

“Bref, vous savoir en vie n’est qu’une nouvelle parmi tant d’autres me direz-vous. Et j’ai d’autres chats à fouetter voyez-vous!

Si nous en terminions?”

Levant la tête il plissa les yeux et une ouverture commença à se creuser au plafond, traversant rapidement l’étage supérieur, puis celui du dessus, puis encore!!

“Je m’en vais donc.. Quartmac, un dernier conseil..”

Une pression inconnue se fit soudain sentir sur l’os de sa cheville gauche, puis sur la droite.

“Ne recommencez jamais à tourmenter mon frère..”

D’un coup sec, ses tibias cédèrent, déclenchant un hurlement de douleur chez le vieux savant.

Dans les brumes de larmes de la douleur, plié en deux ne sachant comment tenir ses jambes, il vit Ralato-Fabio s’élever doucement dans les airs pour s’enfuir au travers de l’ouverture qui devait probablement atteindre la surface, plus d’une quinzaine d’étage au-dessus.

Seul, à moitié trempé par l’eau circulant sur le sol, dernier survivant de la salle emplie de cadavre, Quartmac serrait les dents.

Il avait déjà connu la mort, ce ne serait pas aujourd’hui qu’il lui céderait!

Patience, les secours arriveront assez vite.

Et la vengeance est un plat qui peut se manger glacé, Fabio, ne l’oublie pas!

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Istria

Acteurs:

  • DrWolf (Quartmac)
  • Zylann (Fabio)
  • Raoulito (Ralato en voix de fond)

Montage: Raoulito


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RedU T1 Ch11 Ep11

Sat, 03 Aug 2013 14:14:00 GMT

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Le professeur Quartmac ne pouvait empêcher l’affolement de ses collaborateurs pénétrer ses entrailles.

Des câbles lâchaient, des générateurs ou des consoles explosaient, l’un des Mentaux assistants Stuffy s’était effondré au sol, victime d’une impulsion Psychique hors du commun, le second n’allait pas tarder à lâcher d’après les senseurs reliés à son front et Stuffy lui-même, le grand Mental droit et fier, ne bronchant pas, laissait un filet de sang couler de sa narine, imprégnant le tissu noir de sa tenue mutualiste..

Le vieil homme s’accrochait à ce qu’il pouvait alors que le sol semblait vaciller sensiblement, comme un tremblement de terre!? Mais c’est impossible, la base n’est pas installée dans une zone sismique!?

Un nouveau coup sourd, un nouveau tremblement et des dalles se déchaussèrent du plafond, écrasant plusieurs soldats ou savants mutualistes, explosant les dernières consoles encore intactes!

La cuve!

Une fissure principale venait de se former, lentement, par a-coup, elle progressait, suivie de plusieurs autres plus petites, lézardant le verre blindé épais comme une vulgaire feuille de papier!

“Sortez tous de la pièce! Evacuez la salle d’insémination!!! EVACUATION VITE!!”

Le sol était déjà jonché de cadavres, d’éléments de structure ou d’appareillages brisés, les quelques survivants se précipitaient vers les sorties de secours, mais pas Quartmac.

Lui restait ici, à son poste, hypnotisé par cette fissure, ce serpent de cristal ondulant vers le haut de l’immense cuve, passant juste devant Ralato, le sujet de l’expérience d’insémination.

C’est alors que le savant compris.

Un Regard: les yeux ouverts de son protégé étaient pointés sur lui, telle une menace imminente à deux doigts de l’explosion.

Ce Regard..

Quartmac recula d’un pas, attitude puérile et animale, comme si cela pouvait lui permettre d’échapper à ce Regard..

Tout avait été parfait, son garçon avait accepté la simulation du retour à son village d’enfance. Il avait parfaitement été déstabilisé par l’information finale de la tromperie de sa mère, immergé qu’il était dans le bain de cette culture familiale omniprésente où il avait grandit.

Stuffy allait lui insuffler ses premiers concepts quand tous les indicateurs s’étaient affolés et que l’un des mentaux s’était effondré au sol!

Le pauvre Stuffy gisait maintenant à coté des deux autres, morts de congestion ou écrasés par les poutres qui s’effondraient un peu partout, victimes de la violence insondable venant des profondeurs de..

Le Regard!!!

Les fissures étaient devenues lézardes, de l’eau suintait partout, prémisses de la destruction imminente de la cuve, elle ne pouvait résister plus!

Quartmac connaissait ce Regard, ce n’était pas (ce n’était plus?) celui de son fils Ralato, c’était celui de..

“C’EST IMPOSSIBLE, IMPOSSIBLE !!!”

Tout s’arrêta une demi-seconde, instant suspendu dans l’espace et le temps. Ultime calme avant..

Dans un fracas épouvantable, la cuve explosa, projetant des blocs mais aussi de multiples shrapnels de verre partout, inondant de ses centaines de litres d’eau toute la salle, éteignant les incendies, court-circuitant les derniers vestiges de la salle d’interrogatoire si moderne!!

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: __

Acteurs:

  • DrWolf (Quartmac)

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch11 Ep10

Sat, 27 Jul 2013 17:19:00 GMT

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Edgar se tenait debout devant Ralato, nu et musclé, le sexe pendant, la blondeur de sa pilosité éclatant au grand jour!

Le soldat Mental, mourant, se sentait partir, comme si son âme allait bientôt s’évaporer pour un grand et dernier voyage. Le visage d’Edgar, qu’il connaissait de sa prime jeunesse semblait évoluer, changer..

“chwwwchch..

chhwwaa..

wwhwwaa..achtiveeee…”

Haaa! Encore ces voix, mais allaient-elles le laisser tranquille!?

Le sang lui remontait de la gorge, sa blessure aux côtes était plus grave qu’il ne lui avait semblé! Mais dans l’état où il se trouvait, cela était secondaire.. Les murs se transformaient, ondulaient, tout le monde autour de lui se dissolvait, seul Edgar restait devant lui, nu, le visage changeant..

“chwwwchch..

chhwwaa..

wwhwwaa..achtiveeee…

Chhaargemm. mmoduwww activeeeee

Chargement modulaire activé! compensations en cours!

Alerte! les modulateurs ont lâché, il nous échappe!!!

L’interface neuronale est proche de la saturation!!!

Ce qui subsistait du majordome se tenait toujours devant lui, le reste du monde semblait une masse bleue nuit avec.. Des bulles passants devant ses yeux..

Une dernière transformation et ce fût Stuffy, son ancien ami, l’agent double d’Azala qui se tînt devant lui!! L’homme qui lui avait tendu un piège avec les Mutualistes pour le capturer à “La colline des vacances”, le renégat Mental le plus recherché de MaterOne!

Edgar avait vécu, Stuffy prenait sa place, ou l’y avait-il toujours été?

Celui-ci recula d’un pas, l’air décidé, et se jeta entièrement de tout son long dans la bouche d’un Ralato, sans défense, agonisant sur ce qui fût un sol, qui le sentit descendre son oesophage pour venir se loger à l’intérieur même de ses entrailles !!!!

Fabio entrouvrit les yeux: plusieurs centaines d‘êtres flottaient autour de lui, encombrant totalement l’espace de la pièce au point de faire disparaître les murs, et d’autres milliers emplissaient les espaces voisins, hors de vue.. Ils étaient des dizaines de milliers, peut-être un million !

“Maintenant !”

Le Transporteur n°3 orbitait doucement à quelques encablures de la Station Piñata El Grande, et six des sept autres vaisseaux géants faisait de même tandis qu’un dernier était accroché à la Station pour ravitaillement. De multiples vaisseaux secondaires se baladaient tout autour de ces molosses spatiaux, appontaient aux docks secondaires du ”dernier lieu civilisé répertorié de l’Univers connu”, tandis que des foules sillonnaient Piñata El Grande avant la prochaine étape de leur voyage ou pour y faire du négoce..

D’un coup tout s’arrêta.

Les vaisseaux en plein mouvement restèrent immobiles, les piétons en déséquilibre stoppèrent, même la rotation de la station s’arrêta et tout devint calme…

Figé..

Ralato ouvrit les yeux.

Il flottait dans une grande cuve emplie d’eau à température corporelle, portant une combinaison de plongeur, un masque sur le visage lui distillant de l’oxygène mélangé à d’autres produits à l’odeur amère..

Un homme inconnu était allongé au pied de la cuve, haletant, le regard vide. Stuffy se tenait droit, le regard furieux, un autre homme à ses cotés tentait à force de méditation de pénétrer à nouveau l’esprit du captif. Des savants en blouses blanches couraient partout dans la grande salle, hurlant des résultats d’analyses ou des informations à propos de matériels. Dans un jaillissement d’étincelles, un générateur explosa près d’un mur et des hommes, en tenue noires moulantes, se précipitèrent avec des extincteurs pour éteindre un début d’incendie !

Des Mutualistes!!

Une voix emplie alors le crâne de Ralato..

Une voix qu’il n’avait plus entendu depuis longtemps..

“Ne t’inquiète pas mon frère, rendors-toi maintenant, je te protégerais..

-Fabio?

-Oui.. Chuuut! Dors bien..”

Et tout devînt noir..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Raoulito

Acteurs:

  • Raoulito (Ralato)
  • Zylann (Fabio)

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch11 Ep9

Sat, 20 Jul 2013 13:09:00 GMT

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S’arrêtant au pied d’un gros chêne, Ralato en entama l’ascension, sachant pertinemment qu’il lui donnerait une vue imprenable sur les activités dans la zone de la vieille tour.

Une personne en robe rose à fleurs attendait dans l’encadrement de la porte. Le Majordome s’approcha d’elle, les deux tombèrent dans les bras l’un de l’autre et après un long échange que Ralato pu deviner sinon voir, ils entrèrent dans la ruine..

Le Lieutenant poursuivi son ascension de l’arbre, comme dans sa jeunesse, sachant qu’une partie du mur de la tour étant effondré, on pouvait en observer l’intérieur.

Étrangement, un pincement amer lui étreignait douloureusement le cœur.

Il s’arrêta au point d’observation, la stabilité toute relative de cette partie des branches, proches du sommet, l’obligeant à se cramponner alors que durant son enfance tout semblait si solide!

Le ciel virait du bleu au mauve..

La scène au loin ne laissait aucun doute sur ce que pratiquaient les deux amants.

Les mains du jeune Lieutenant tremblaient de rage..

Cette robe rose à fleur ne lui était pas inconnue! Des larmes commencèrent à lui perler des yeux sans aucune raison précise!!?

Et ces cris au loin de plaisirs mutuels? Quelque chose le terrassait..!!!

“chwwwchch..

chhwwaa..

wwhwwaa..achtiveeee…”

Ces nouvelles voix le prirent au dépourvu et Ralato, en équilibre sur une petite fourche, glissa, tombant entre les feuilles et les autres branches!

Un violent coup lui enfonça une côte, le propulsant tête en avant, mais dans un ultime effort, ses mains agrippèrent une masse de feuilles qui lui blessa les phalanges et la paume mais le retînt! Le massif lâcha à son tour, Ralato retombant de plus belle, son pied gauche se prit alors dans un enchevêtrement qui, d’un coup, arrêta sa chute au prix d’un craquement lugubre et d’une douleur violente, lui remontant jusqu’en haut de la cuisse!

Le ciel virait du mauve au noir, mais la douleur et la rage intérieure du jeune soldat se conjuguèrent pour lui donner la force d’aller au-delà des souffrances de son corps: il saisit d’autres massifs, démêla son pied du piège salvateur, entama les derniers mètres de la descente et sans aucune précaution, le souffle court suite à sa côte enfoncée, traînant sa jambe gauche plus que boitant, il se dirigea vers la tour, vers les cris qui en jaillissaient!

A son approche, des corneilles noires s’envolèrent du sommet de pierres, leurs plumages les perdant dans les noirceur d’un ciel d’encre sans étoile, mais Ralato n’en avait cure!

Il entra directement et monta les marches en direction de la salle principale, claudiquant, un goût de sang dans la bouche, sans aucune sécurité face au Mental qu’il savait être là!

Edgar et la femme étaient nus.

Il la prenait sur une table basse où l’on avait étendu un drap blanc: Lui, le visage et le torse rouge, s’essoufflant tel un taureau avec de grands grognements bestiaux, le sexe droit et pénétrant, Elle, les jambes relevées, recevant ses coups de buttoir avec extase à chaque pénétration, les seins venant et refluant, la bouche ouverte, les cheveux bruns ondulés glissants sur ses épaules et sur le sol!

Il avait reconnu sa voix, sa robe, et maintenant il regardait bêtement, paralysé, sa mère faire l’amour avec un homme autre que son père…

Il est facile de savoir qu’une chose existe, il est plus difficile de la voir de ses yeux, et quand elle concerne ses proches, quand elle concerne sa propre famille directe, le choc peut être insurmontable!

Ralato s’effondra au sol, la douleur de ses blessures semblant avoir pris le dessus. Aspirant l’air comme il le pouvait, il regarda au ralenti sa mère tourner la tête vers lui, se mettant à crier, le majordome se tourner à son tour, le visage surpris, mais également connu, si connu!?!

Il se retira de sa mère, le sexe débandant, et se dirigea vers Ralato, découvrant sur son bas-ventre une toison.. Jaune, blonde comme les blés, blonde comme la chevelure de Fabio.

Le coeur du jeune homme s’arrêta de battre:

“Il.. Est utile. Et il a un rôle à jouer ici”

“Il remarqua que sa mère, sous l’inquiétude, se serrait contre le bras du Majordome chauve, lui enfonçant ses ongles dans le poignet”

..Une idée de Madame votre Mère…

De notre sang a fleuri cette terre!

L’âge de l’Homme pouvait correspondre… En fait tout correspondait! Il connaissait ce visage, il l’avait vu il y a longtemps, c’était un ami de la famille: Il était présent sur plusieurs photos, il était le seul blond connu dans les cercles intimes..

Serait-il..

…Le vrai père de Fabio?

…..

Des gouttes de sueur perlaient le long du front de Fabio le Mental, allongé sur sa couchette, les mains jointes, en plein effort de concentration. Il recevait un flux d’émotions, de voix, une quantité énorme d’images mélangées sans logique, d’une violence trop poussée pour n’être pas actuelle! Quelque chose se produisait maintenant, quelque chose de grave qui le touchait personnellement.. Lui ou quelqu’un de si proche que cela se passait à un niveau plus bas que des simples ondes Mentales..

Une seule personne pouvait correspondre à ces critères..

Il ouvrit les yeux, observant la vingtaine de petits être translucides flottant dans la pièce.

Le Mental inspira, il allait falloir beaucoup plus de ces êtres pour ce qu’il s’apprêtait à faire.

Un profonde inspiration, et, les yeux révulsés, il se concentra..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Icaryon

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch11 Ep8

Sat, 13 Jul 2013 17:38:00 GMT

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La Docia sombre s’élevait doucement, sa peinture noire métallisée reflétant les ornements du manoir des Ouli, autour du blason au Cerf qui ornait les deux portières avant.

Le sol frissonnait du dégagement des tuyères, arrachant au sol quelques nuages de poussières qui se dissipèrent au fur et à mesure de l’éloignement du véhicule, conduit, une fois encore, par le duc Ouli en personne. Ainsi son père effectuait également cette basse besogne seul, sans aucune aide..

Il se rendait à un rendez-vous d’affaire, avait-il dit, probablement un banquier officié pour gérer une partie de la fortune familiale.. Mais qu’était-elle réellement devenue cette fortune?

Ralato regarda tout autour de lui: la statue du Cerf à l’entrée, le manoir familial bien entretenu, le domaine et les dépendances qui n’étaient pas laissées à l’abandon non plus. Le calme du lieu, reposant, comme dans ses meilleurs souvenirs du paradis perdu de son enfance.

Tout semblait impeccable, sans accroc, et pourtant..

Il distingua une petite colline à quelques dizaines de minutes de marche, une dépendance du manoir laissée en friche avec une ancienne tour, un lieu passionnant pour des enfants où lui et son frère allaient parfois vivre de grandes aventures imaginaires..

D’un pas tranquille Ralato décida de s’y rendre, marchant ainsi dans ses propres pas à plusieurs années de distance.

L’air des montagnes était pur, la température assez bonne en ce début de saison et de petits oiseaux piaillaient par ci par là. Une promenade en un endroit idyllique en quelque sorte!

“Abomination, ce lieu empeste l’Abomination”

Le jeune Lieutenant s’arrêta net. Mais quelle étrange pensée!? Quelle colère rentrée! Elle venait de loin, de son subconscient peut-être?

Un petit lapin passa près de lui, s’engouffrant d’un dernier saut dans son terrier où l’attendaient sans doute ses petits. Inspirant profondément le bon air, il reprit son cheminement.

Oui, une nature et un lieu respirant le calme et la tranquillité. Tout respirait le calme et la tranquillité même, sauf que..

Sa mère ce matin: elle lui semblait détachée, confuse. Comme avec la tête ailleurs alors que quelques jours plus tôt c’était l’effusion totale. Était-ce à l’approche de la soirée en son honneur qu’elle changeait d’humeur?

Et son père, plus froid qu’à l’accoutumée, pressé de partir, n’ayant pas levé une fois le regard sur sa femme durant le repas..

Et cet Edgar, qui ne lui disait rien du tout..

D’ailleurs n’était-ce pas lui au loin?

Une petite tache blanche avançait entre les arbres, jetant parfois des regards derrière lui pour vérifier qu’il n’était pas suivi.. A cette distance les pouvoirs d’un Mental sont, certes, faibles voire inexistants, mais vu le nombre d’habitant dans le manoir et son domaine, le serviteur ne devrait pas avoir de telles inquiétudes..?

Et pourtant il progressait d’arbre en arbre, accélérant dans les zones à découvert. C’était un coup de chance que Ralato l’ait observé: une seconde trop tard et il ignorerait la présence du majordome dans ces bois!

Les instincts d’agent secret du Lieutenant ne firent qu’un tour. Calculant la distance minimale pour éviter d’être repéré, il s’élança à sa poursuite, en direction du lieu de ses jeux d’enfance avec Fabio..

Sautant les buissons, enjambant les

petites buttes, évoluant le long d’un terrain qu’il connaissait relativement bien, mais ne perdant pas son objectif du regard, Ralato se rapprochait juste à la lisière des capacités d’un bon Mental. Ses propres pouvoirs ne semblaient décidément pas prêts à lui revenir rapidement, aussi devait-il faire preuve de toutes les ruses connues. Quel dommage que le Boramol, molécule utilisée dans les services spéciaux pour brouiller ses sens et échapper aux recherches passives de scans Mentaux, ne soit pas dans la liste de la trousse à pharmacie des Ouli! Elle lui aurait été présentement extrêmement utile!

Pourquoi soudain le son des oiseaux semblait si bas, comme si l’on faisait le silence dans une salle de cinéma à l’approche de la scène finale?

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Anna

Acteurs:

  • Raoulito (Ralato)

Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch11 Ep7

Sun, 07 Jul 2013 14:50:00 GMT

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“Et nous arrivons maintenant à vos quartiers. Il ne s’agit que d’un modeste réduit avec deux couchettes superposées. Navré, nous n’avons pas trouvé mieux sauf à vous installer dans la cité intérieure, mais c’était bien sûr exclu..

-Exclu?

-Allons Phil goud, ne faites pas l’étonné! Le Conseil des Commandants ne vous lâcherait pas dans la nature si facilement.!

-Et vous non plus je suppose, Mon Colonel?”

Arlington se contenta de sourire, s’arrêtant au signal de son aide de camp devant une porte-sas, identique à toutes les autres du couloir.

“Nous y voici, vos effets à bord de la navette y ont déjà été apportés normalement..?”

Il se retourna vers son assistant qui hocha affirmativement la tête, sortant deux cartes magnétiques qu’il remit au couple.

“Et je vous invite à ma table pour le repas de ce soir, nous y ferons plus amples connaissances n’est ce pas!? Un constable passera vous prendre d’ici 19h, pas de cérémonial, ce sera décontracté!

-Et notre ami ici présent? Doit-on partager notre couche avec lui également ?” attaqua perfidement Phil en se retournant vers Fabio, un quelque chose à la fois méfiant et provocateur dans le regard

“N’a-t-il pas de local où se reposer? “

Arlington tourna la tête vers l’officier blond et sembla comme découvrir sa présence, tel un invité de dernière minute s’étant approché doucement d’une scène de discussion.

Evidement, le Lieutenant Phil Goud ne pouvait rester passif quoiqu’il se passe autour de lui! C’était une de ses spécialités, quitte à souvent écraser les pieds de Fabio!

Malgré l’immensité de ses pouvoirs, le Mental évitait souvent de forcer les esprits, pour la simple raison qu’il devenait obligatoire ensuite d’en gérer les actions et réactions sur plusieurs heures. La technique dite du “Coin de l’oeil” était une de ses méthodes “douce” préférée: en gros, diluer une information -pourtant importante- dans l’esprit d’une ou plusieurs personnes qui n’en tiendrait pas compte. Un peu comme si vous aviez su l’existence d’une présence mais que vous vous en moquiez.

Évidement, suite à la remarque précédente de Phil Goud, le système tombait à l’eau et Arlington ainsi que son aide-de-camp venaient de remarquer Fabio.

“Je pense qu’il existe une petite remise avec une couchette sommaire, je m’en contenterais Mon Colonel.

-Heu.. Vous êtes..?”

Les yeux de Fabio se déplacèrent vers l’assistant. Un clignement d’yeux et celui-ci s’approcha doucement, chuchotant à l’oreille du Commandant du Transporteur:

“Mon Colonel, il s’agit de la personne détachée à la surveillance des deux prévenus..

-Haa oui! Je me souviens nous en avons parlé lors de la Réunion du Conseil.. Enfin je crois..

-chwwwchch.. chhwwaa.. Père, pourquoi plus personne ne veut parler de Fabio ici? wwhwwaa..achtiveeee…curiosité personnelle…”

Ha non pas maintenant!!!

Fabio serra les dents, Ca recommençait à un très mauvais moment.!!

Plus le temps de finasser, il y avait urgence:

“Colonel, vous en avez parlé! Souvenez-vous qu’il reste du déchargement en cours à superviser, Phil Goud et Adénor: au lit! Et l’aide-de-camp repart dans ses dossiers.

-Fabio Ouli n’existe pas. Il a été, il est mort, il sera effacé de cette famille… Cela ne se reproduira pas”

Une violente migraine lui vrilla soudain le crâne, comme une boursouflure tentant de percer de l’intérieur son cerveau! Se plaquant contre la paroi du corridor, il inspira une dernière fois, leva son regard vers les autres qui le regardaient béatement, claqua des doigts, et en un instant tous se dispersèrent, oubliant simplement les toutes dernières minutes de leur existence..

N’ayant d’autre choix, le Mental se convainquit de faire de même, et empruntant au passage un véhicule de manutention, il se fit conduire à son réduit par le conducteur. Celui-ci reparti dans la foulée, si surpris de s’être ainsi fourvoyé de direction. La porte s’ouvrit bien avant que Fabio ne s’en approche, et se referma derrière lui, le loquet se remettant en place de lui-même.

Ouf, un peu de calme !!

Il s’écroula dans sa couchette.

“Mais que m’arrive-t-il ..?”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Icaryon

Acteurs:

  • Zylann (Fabio)
  • DrWolf (Momumba Arlington)
  • DarkGueg (Phil goud)

Montage: Ian


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RedU T1 Ch11 Ep6

Sat, 29 Jun 2013 20:24:00 GMT

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Ralato sirotait un thé sur la grande terrasse du château, profitant de la journée ensoleillée pour se détendre à la lumière du soleil… ce soleil qui lui avait tant manqué ces derniers mois.. La vue offerte à ses yeux était splendide: forêts, champs et montagnes, le tout surplombés par d’épais cotonneux nuages laiteux progressant paresseusement bien au-dessus de l’horizon..

Quelques paons de l’oisellerie du domaine se promenaient en gloussant dans le parc, certains faisant même la roue devant les femelles, preuve que la période des amours était loin d’être finie.

Un jardinier taillait des rosiers en contrebas, harnaché en tenue impeccable de travail, un large chapeau de paille sur la tête. L’homme coupait consciencieusement les feuilles débordantes des massifs, ainsi que certaines roses et leur tiges pour probablement égailler une des salles en vue de la soirée à venir.

Une soirée en son honneur: plusieurs voisins influents ou nobles avaient été invités, ils viendraient de toute la région pour le saluer. Ici, les occasions festives étaient rares comparées à MaterOne Centrum, on pouvait ainsi être certain que tout le gratin régional serait là.

Le jardinier tailla le dernier bosquet, puis se dirigea vers la remise, sous la terrasse de Ralato, pour récupérer ses outils de nettoyage.

Celui-ci profita de la proximité de l’homme pour s’efforcer de capter une bribe de ses pensées..

Mais non, toujours rien. Cela faisait plusieurs jours déjà qu’il était en convalescence et pourtant ses facultés Mentales n’étaient toujours pas réapparues..

Avaient-elles disparues?

Autre étrangeté d’ailleurs, aucune nouvelle ne lui était revenue de l’Etat-major, pourtant il leur avait expédié un signal codé de récupération, depuis 48 heures déjà!? Au minimum aurait-on dû lui envoyer un constable ou un inspecteur pour reprendre contact?!

Le jardinier sorti de la remise, poussant une petite brouette avec deux râteaux et un seau. Alors qu’il s’installait pour réunir les débris végétaux en tas, un nuage passa, et, comme toujours dans les montagnes, la température se rafraîchie d’un coup.

L’homme souleva son chapeau de paille, présentant un crâne lisse, luisant de sueur.

Edgar le Majordome?!

Ralato bût une nouvelle gorgée de son thé, fixant posément l’autre Mental. Etrange, très étrange personnage.

Sans même ses pouvoirs, son instinct de policier relevait de nombreux détails qui semblaient incongrus dans le décor de la vie de ses parents: pourquoi un Mental? Pourquoi un seul Majordome et pas les dizaine de serviteurs habituels? Pourquoi de lourds secrets semblaient planer sur le château et si peu d’informations lui étaient divulguées.

La seule personne lui en ayant parlé était justement cet Edgar.. Et son petit doigt lui disait qu’il ne s’agissait pas d’un hasard..

Dernière chose et pas des moindres: malgré sa mémoire flageolante et sa difficulté à se concentrer, quelque chose dans cet homme lui était familier.

Dommage: trouver l’origine de cette sensation était au-dessus de ses forces actuellement..

Mince!

Si cet homme est un Mental, et si mes propres pouvoirs sont inefficaces, est ce qu’il n’est pas en train d’écouter mes pensées..?

Immédiatement une voix lui répondit dans sa tête:

“Absolument Monsieur. Que Monsieur me pardonne, il s’agit à la fois d’une partie de mon travail et d’une curiosité personnelle.”

Edgar se redressa, et malgré les dizaines de mètres les séparant, se courba en un stricte salut.

“Cela ne se reproduira pas si cela dérange Monsieur, bien entendu..”

Ralato ne répondit pas, se leva de la petite table et rentra dans le salon du château, le pas vif, contenant sa colère..

Mais où donc étaient passés ses pouvoirs?!

A peine quelques pas avant la porte donnant sur le couloir, une nouvelle vague de phrases incompréhensibles se firent entendre à ses oreilles:

“chwwwchch..

chhwwaa..

wwhwwaa..achtiveeee…”

Mais était-ce bien par ses oreilles que ces sons arrivaient..?

Fabio suivait le groupe composé du Colonel Arlington, son aide de camp, Phil et Adénor.

Le Colonel semblait plus enclin à vanter l’atmosphère de son Transporteur ainsi que la qualité de ses équipements qu’à réellement aborder les choses sérieuses..?

“Et j’ai eu la chance de rencontrer personnellement l’un des armateur originel de ce Transporteur, il m’a obtenu ainsi, par avance, du matériel de remplacement de première qualité pour nos installations et tuyauterie! Il s’agit du seul Transporteur ayant profité de ce traitement de faveur, je peux vous le garantir, car voyez-vous..”

blabla,blabla..

Personne n’écoutait vraiment, Arlington débutait leur rencontre par un jeu d’acteur, celui du bon patron sympathique les invitant chez lui. Il avait prévu d’aborder les sujets sérieux plus tard, lors d’une réunion non officielle.. Fabio s’amusait de la petite mise en scène..

“…curiosité personnelle…”

Ces deux mots tournaient dans sa tête depuis plusieurs minutes et il n’arrêtait pas d’y penser..

Mais d’où venaient-ils!?

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Istria

Acteurs:

  • Silverson (Majordome)
  • DrWolf (Momumba Arlington)

Montage: Ian


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RedU T1 Ch11 Ep5

Sun, 23 Jun 2013 11:51:00 GMT

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“chwwwchch..

chhwwaa..”

“Père, pourquoi plus personne ne veut parler de Fabio ici?”

“wwhwwaa..achtiveeee…”

“vous ne devriez pas ralentir..?”

-Je te confie à Edgar..

“Ici Contrôle Transporteur n°3 Votre vitesse est trop élevée pour l’appontage..

“chwwwchch..

chhwwaa..”

-FABIO OULI !?”

Fabio sursauta: les voyants étaient au rouge, un buzzer commençait sa longue litanie alors que la radio crachait les avertissements du contrôleur du quai, vociférant pour mieux cacher sa terreur..

Mais ce furent les appels de Phil Goud, juste à coté de son oreille qui le firent revenir à la réalité..!!

Immédiatement, tous les instruments se mirent en action, comme par magie: les leviers de commande et de poussée se redressèrent tandis que la navette se cabrait allumant ses propulseurs latéraux et inférieur, décélérant en quelques secondes pour venir finalement se placer exactement dans l’alignement prévu et réaliser un appontage, finalement proche de la perfection..

Il sentait le jeune officier s’éloigner, rejoignant sa compagne à l’arrière, prenant quelques secondes pour retrouver un souffle qu’il avait perdu.

“Dites-moi, de la navette, cela vous arrive souvent d’accoster comme cela? Vous voulez notre mort ici !!? J’aimerai bien que.. que..

-Que vous devriez passer une bonne soirée avec votre épouse, non? Elle vous a préparé votre clafoutis au Roubiano frais, celui que vous préférez..

-Ha bon? Mais elle ne m’a rien dit..?

-Elle vient tout juste d’en avoir l’idée.. Bonne soirée donc mon cher ami!

-Oui, merci bonne soirée pilote et bienvenue sur le Transporteur n°3! Contrôle Quai terminé!”

Fabio laissait le système interne des quais emmener la navette sur son aire de stationnement. Ces voix qui lui étaient parvenues, perturbant sa concentration, n’étaient pas de son fait.. Elles venaient de loin, mais il ne pouvait les arrêter en refermant son esprit..? Comment était-ce possible?

Cela le troublait au point de l’éloigner de la réalité immédiate, entrainant des moments de stress comme celui qui venait de se passer, avec son cortège de choses à réparer, effacer, réordonner..

Fabio Ouli était le plus puissant Mental de tous les temps. Un enfant impossible..

On ne nait PAS Mental entre frère: cela n’est jamais arrivé sur MaterOne depuis que sont tenues les archives de la planète, c’est à dire plusieurs centaines d’années ! On ne nait même pas Mental de parent à enfant, ni cousins rapprochés, et d’ailleurs, compte tenu des proportions démographiques, on ne nait pas beaucoup Mental tout court dans l’Humanité!!

Le fait qu’un contrôle strict de l’Etat permette d’en découvrir, former et encadrer une majorité d’entre eux, ne doit pas cacher qu’il n’y a qu’un Mental pour dix millions d’habitants! Parmi les détails amusants, ce pourcentage semble ne jamais avoir évolué.

Certains illuminés prétendent même que les Mentaux ne sont qu’un élevage structuré et réglementé à un niveau génétique, seule méthode pour obtenir une telle répartition et régularité au travers des âges..

Enfin jusqu’à Lui.

Parmi les incroyables facultés de Fabio, la principale demeurait que lui seul détenait des informations fondamentales sur l’origine de “l’état Mental”.

En effet, depuis son plus jeune âge, il était le seul à les voir: les formes étranges, anodines et amusantes, translucides et planantes qui tournaient en plus ou moins grand nombre autour des Mentaux. Des tournevis, robinets, pots de fleurs ou stylos, roue de voiture, chandelles.. Elles s’agglutinaient par groupes de cinq ou six autour d’un Mental faisant appel à ses pouvoirs. Et elles ne se trompaient pas, d’ailleurs Fabio pouvait deviner par avance la puissance d’un Agent Mental rien qu’en comptant les êtres translucides gravitants autour de lui.

Evidement de ce point de vue, Fabio était hors compétition: en permanence, une vingtaine d’êtres planaient autour de lui, et s’il se concentrait, il pouvait en attirer..

… Des centaines, des milliers!

Il avait passé son enfance avec eux, lui éclairant ses nuits sombres, ne le laissant jamais seul. Ils étaient apparus pour la première fois lors d’un de ses principaux exploits initiaux, lorsque les hommes du Ministère des Affaires Mentales étaient venus chercher son frère.. Une balle lui avait transpercé son jeune poumon d’enfant après qu’il ait provoqué un anévrisme chez plusieurs des intervenants. L’arrivée de ses amis l’avait régénéré et il avait guéri, cicatrisant ses plaies interne et externes par la seule puissance de son pouvoir..

C’est ainsi qu’ils avaient, lui et Ralato, été conduits directement à une sommité du Ministère, un savant secret mais talentueux, spécialiste des mystères mentaux: le professeur QuartMac.

Fabio se leva, se dirigeant vers la sortie arrière.

“Vous devriez vous lever, nous sommes attendus.

-Vous appontez souvent ainsi?” Lui lança un Phil amer, le regard mauvais..

“Seulement quand je veux impressionner. Sommes-nous prêts?”

Phil et Adénor se levèrent et lorsque le sas se déverrouilla, ils eurent la surprise de découvrir le Colonel Momumba Arlington en personne, accompagné d’un aide de camp, les saluer d’un sympathique bras levé, en contrebas de l’échelle de sortie!

“Monsieur et Madame les rebelles, je vous souhaite la bienvenue à bord du Transporteur n°3!”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Anna

Acteurs:

  • Zylann (Fabio)
  • Dark Gueg (Phil Goud)
  • Bleknoir (contrôleur)
  • DrWolf (Momumba Arlington)

Montage: Bleknoir


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RedU T1 Ch11 Ep4

Sat, 15 Jun 2013 17:40:00 GMT

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“Ce Contre-Amiral Poféus est un arriviste de basse couche! C’est à sa fréquentation que tu as perdu la maîtrise de toi dont tu as reçu si difficilement l’enseignement.. C’était sans doute un autre temps.

-Père vous êtes injuste… Je suis heureux de vous revoir en ce lieu, malgré tout. Et ce depuis la Révolution Castiks..

-Ha oui, cette exécrable parodie. Regarde où nous en sommes maintenant: plus de privilèges mais une dictature féroce qui serre tous les rouages de la société.. Qu’ont donc gagné les gueux au change? Rien..

-L’Exode..?

-Hahaha! Sans doute le plus beau cadeau qu’ils nous aient fait: s’en aller loin, vers une planète à la limite de l’habitable, laissant MaterOne pure de la souillure de leur pensées anarchistes!

-Nous sommes bien d’accord père, aussi avais-je préconisé qu’il eut fallu les anéantir dans l’espace.”

Le Duc Ouli leva enfin la tête, mais le regard qu’en reçu Ralato le glaça jusqu’aux tréfonds de lui-même!

“Ne redis jamais cela mon garçon. Certains de ces hommes étaient mes amis, mes frères d’armes, des hommes de noble souche comme nous! Leur égarement ne mérite pas la mort..

ET puis… Détruire des vaisseaux de transport n’est absolument pas digne..

..

Suis-je clair?

-Très clair Père, je m’abstiendrais de remarques de ce genre désormais.”

Le Duc se redressa, puis, dans les derniers rayons du soleil se couchant sur le bois entourant le château, il se leva en direction de l’antique porte-fenêtre.

Ecartant légèrement un des épais rideaux, il s’arrêta dans une pause contemplative, les yeux perdus devant le spectacle.

Ralato le rejoint doucement.

Au loin un groupe d’oiseaux volaient bas, consciencieusement, s’apprêtant sans doute à trouver un abri pour la nuit. Quelques nuages légers striaient l’horizon de trainées rouges et ocres, tandis qu’une petite brise détachait de petites feuilles des chênes ou des hêtres de la forêt, celles-ci semblant s’enflammer immédiatement sous la lueur du crépuscule.

Combien de fois Fabio et lui avaient-ils fini leurs laits de brebis, assis sous une charpente à méditer sans parole devant cette vue..?

“Père? J’ai été surpris de la présence de ce Mental-majordome auprès de vous..?

-Edgar?..

-Oui.”

Pas de réponse. Le Duc soupira comme seul un homme élevé dans la haute noblesse sait le faire, mais retenait ses paroles..

“Il.. Est utile. Et il a un rôle à jouer ici: nous ne sommes plus aussi puissants et intouchables qu’avant, mon fils.

..Une idée de Madame votre Mère…”

Se détournant de la fraicheur montante malgré la porte-fenêtre, de ce début de soirée, il s’éloigna en direction de la cheminée.

Le feu couvait toujours et il y plaça délicatement quelques petites bûches. C’était nouveau cela: son père n’aurait jamais effectué d’aussi basses besogne en son château par le passé ?

Après quelques minutes de silence, le feu reparti et le Duc déplaça son fauteuil de bureau devant la cheminée pour s’y installer, tendant des mains qui furent jeunes, capter la chaleur de l’antre.

“Père, pourquoi plus personne ne veut parler de Fabio ici?”

Le crépitement du bois dans les flammes fut sa seule réponse, tandis que le ciel perdait ses dernières teintes rougeoyantes et que la voute céleste se révélait au regard du spectateur émerveillé.

Sur le fauteuil, le Duc baladait doucement la paume de sa main sur la sculpture de cerf ornant l’extrémité des accoudoirs en bois massif, comme pour en ressentir les plus infimes formes.

Ralato se rapprocha de la cheminée à son tour.

“On m’a dit que c’était de votre décision…

-Fabio Ouli n’existe pas. Il a été, il est mort, il sera effacé de cette famille. Telle a été ma décision”

Le Duc avait prononcé cette phrase calmement, sans énervement, comme un récital.

Ralato se vit avec Fabio courir ensemble dans une prairie, se tenant la main..

“Mais pourquoi?

-Parce que c’est ma décision mon fils. Fabio étant mort, il n’en souffrira pas, et nous non plus..

Un jour peut-être comprendras-tu..

..

Maintenant laisse-moi veux-tu? Tu dois encore prendre du repos, tes blessures n’étaient pas anodines et tu es là pour encore quelques temps.

-Mais?

-Au revoir Ralato, bonne nuit!”

Et le Duc s’enfonça plus profondément dans son fauteuil, observant la danse folle des flammes dans l’antre de pierre de la cheminée..

Ralato se raidit, puis se dirigea vers la porte de chêne. Alors qu’il l’ouvrit il lança:

“Merci et bonne nuit Père..

-Content également de te revoir en vie parmi nous mon Fils. Va maintenant..”

Une réponse?! C’était inespéré! Le jeune homme n’en revenait pas!

Il referma la lourde porte sur le bureau où son père méditait.

Au-dessus de la cheminée on pouvait y voir le blason au cerf et lire:

De notre sang a fleuri cette terre!

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Icaryon

Acteur:

  • Icaryon (Duc Ouli)
  • Raoulito (Ralato)

Montage: Raoolito


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RedU T1 Ch11 Ep3

Sat, 08 Jun 2013 20:44:00 GMT

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“chwwwchch..

chhwwaa..

wwhwwaa..achtiveeee…”

Ralato en eu un vertige. Il s’appuya contre le mur le temps de se laisser reprendre ses esprits.

Son corps se remettait trop lentement et son esprit bloqué n’arrivait pas à se concentrer assez longtemps. Il venait pourtant d’entendre comme des voix chuchotées se répondant en écho dans le crépuscule de ce long couloir conduisant au bureau paternel.

Une illusion? Cela semblait si proche pourtant…

Probablement, sa faculté d’entendre les pensées était-elle en train de lui revenir, même si la sensation était d’ordinaire toute autre..

La crise passait, il se redressa, tira sur son costume et repris sa marche le long du tapis décoré aux armoiries familiales, en direction de la seule pièce d’importance dans cette aile du château. Une porte en imposant chêne massif orné de l’incontournable cerf aux cornes ciselées sur son bouclier gardait l’entrée du lieu.

Lorsqu’il était enfant, avec son frère, ils avaient appris à demander audience à leur père dans les moments particuliers ou les crises graves. Mais la règle était stricte: on ne devait pas déranger le maître de ces lieux sans être invité ou avoir une raison d’importance!

Fabio avait pu, très jeune, exercer ses premiers talents de Mental devant cette porte: il pouvait savoir exactement à quel moment frapper pour être accueilli avec chaleur quelle que soit la raison de sa venue. C’était à force de succès de ce genre que Mme Ouli, leur mère, avait conçu des soupçons quand aux capacités des deux garçons.

Il souleva l’anneau et toqua. Les battements sourds résonnèrent puis le silence revînt.

Impossible de savoir si le bureau n’était pas même vide! Sans ses pouvoirs, un Mental n’est rien..

Ralato allait re-toquer lorsqu’une voix se fit entendre.

“Entrez!”

Tournant la poignée, il pénétra dans la pièce.

L’odeur du bois, des tapis et au-dessus de tout cela, celle de la croûte des dizaines de portraits de familles peints à l’huile emplissants les murs, lui fit resurgir des souvenirs en masse!

Telle fois Ralato et Fabio se faisaient sévèrement réprimander pour avoir cassé une clôture en poursuivant une chèvre, telle autre, Fabio recevait les félicitations de son père pour avoir récité d’une traite un poème ancien estampillé par l’arrière grand oncle.

Le jeune homme progressa sur un autre immense tapis où l’omniprésent cerf toisait tout visiteur.

Si l’on peut dire que le Blason des Ouli était évidement présent dans toute la demeure, cela frôlait la paranoïa dans le bureau du chef de famille! On le trouvait partout: trônant au dessus de la cheminée comme sur les angles de la table de travail en marbre, en statuette de cristal comme tissé dans l’épaisseur du tapis sur lequel Ralato s’arrêta, à quelques pas de son père.

Derrière le bureau, sur la cheminée était gravée la devise familiale dominant tout: De notre sang a fleuri cette terre!

Il attendit.

Inutile d’engager une quelconque conversation: on n’interpelait jamais Mr Ouli, Duc de son titre remis à ses ancêtres par les Rois de MaterOne, on devait attendre qu’il vous donne audience..

Plutôt mince et élancé, le visage allongé et plus fatigué que dans ses derniers souvenirs, le Duc portait sévèrement sa petite moustache brune taillée, de la même couleur que ses cheveux, même si une calvitie les avait relégués depuis longtemps en arrière du crâne. De petites taches blanches aux racines indiquait qu’il continuait de se teindre jusqu’aux sourcils pour conserver cette valeur héréditaire.

Ralato lui-même avait les cheveux bruns luisants, comme toutes les têtes de militaires, politiciens ou hauts fonctionnaires dépeintes sur les multiples toiles.

Oui, le “Brun Ouli”, comme on disait.. D’où la surprise de la naissance d’un Fabio blond comme les blés.

Le soleil distillait ses derniers rayons au travers de la porte-fenêtre donnant sur le parc du château. Cela donnait un air fantomatique à ce lieu, étirant les ombres de manière presque caricaturale lorsque tout baignait dans une couleur orange tirant vers le rouge..

Alors que son père griffonnait toujours l’épaisse liasse d’un document anonyme, le jeune homme soupira le plus doucement possible, prenant son mal en patience. La voix du Duc perça alors le silence:

“Alors Ralato, on ne sait plus attendre silencieusement comme auparavant?!”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Istria

Acteur:

  • Icaryon (duc Ouli)
  • Raoulito (voix bizarres, Ralato)

Montage: Raoolito


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RedU T1 Ch11 Ep2

Sat, 01 Jun 2013 23:59:00 GMT

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L’odeur de la chambre, le parfum et la voix de sa mère.. Tout cela contribuait à faire resurgir dans l’esprit embrumé du jeune Lieutenant un flot de souvenirs, fantômes d’une jeunesse lointaine, faite de joies et de pleurs d’enfants. Bien loin de sa vie actuelle..

Autour de ce lit par exemple, combien de fois Fabio et lui avaient-ils joué à tester les pouvoirs de l’un et l’autre, affinant leur sens Mental dans des joutes bien en avance sur leurs congénères mutants..Ralato ouvrit soudain grand les yeux, la bouche entrouverte: son esprit n’entendait plus rien?!

Toujours enserré par les bras de sa mère, lui prodiguant réconfort et caresses, il ouvrit grande les portes de ses capacités Mentales, laissant pénétrer les pensées de toute personne à la ronde..

Rien.

C’était parfaitement impossible!

Non, pas un son, pas une parole, même lointaine..

Un visage inquiet empli soudain son champ de vision:

“Ralato! Tu ne dis rien? Que se passe-t-il? Hô mon cœur, tu es encore trop faible pour parler c’est cela? Mon pauvre petit, ne t’inquiète pas, Maman est là!” Et elle le serra encore, des larmes embrumant ses yeux.

Il en avait une sensation d’étouffement ! Tentant doucement de l’éloigner, il cherchait frénétiquement aussi à entendre des pensées, n’importe lesquelles.

Rien, rien que le tissu de la robe lui bloquant la bouche et les narines.

“Mère..

-Ralato! Tu parles!

-Mère, vous m’étouffez, s’il vous plait!

-Mon petit garçon, pardon, excuse-moi!!”

Et des larmes encore, la Femme était sincèrement heureuse de revoir son fils, malgré l’état déplorable dans lequel on le lui avait ramené.

“Puis-je ..?” demanda-t-il en tendant une main vers le verre de lait sur le plateau du Majordome..

“Ho oui, bien sûr! J’ai vraiment le plus grand mal à me contrôler depuis ton retour mon petit garçon ! Edgar, approchez, voulez-vous?

-Oui Madame!”

Et le serviteur déposa le plateau sur le lit, devant le jeune homme. Celui-ci saisit le verre et commença à déglutir le liquide tiède. Un lait de bique, comme dans son enfance. Avec Fabio, ils passaient des après-midi à courir jusqu’aux troupeaux en transhumance dans la montagne pour quémander qu’on leur remplisse quelques bidons de ce breuvage.

Il remarqua que sa mère, sous l’inquiétude, se serrait contre le bras du Majordome chauve, lui enfonçant ses ongles dans le poignet. Mais celui-ci restait stoïque, se contentant de tapoter sur l’épaule de la dame en guise de soutient.

Rien, pas un bruit, son esprit ne recevait désespérément aucune pensée..

Et c’est maintenant et en ce lieu, avec la disparition, qu’il espérait momentanée, de ses pouvoir, que son frère Fabio lui manquait cruellement!! Il l’avait envoyé pourtant lui-même dans l’Exode avec sa mission folle, et celui-ci n’avait même pas essayé de discuter!

Il reposa le verre vide sur le plateau, prenant une longue inspiration, et fixa les deux autres personnes présentes.

“Je… je suis heureux d’être de retour parmi nous. Je m’excuse de l’état un peu inquiétant dans lequel je me retrouve ici, je ne saurais même pas vous expliquer en détail comment je me suis retrouvé à coté du village.

-Mon fils, ce n’est pas grave, tu es ici chez toi, tu viens autant que tu veux bien sûr!!!”

Et elle se jeta à nouveau contre sa progéniture, manquant de renverser le plateau!

Cette fois, Ralato réussit à conserver son souffle et rendit l’accolade:

“Mère! Je m’excuse de ne pas être venu depuis la mort de Fabio, je m’en veux sincèrement, voyez-vous..”

Ne pouvant expliquer pourquoi leur fils, son frère, était emprisonné dans une des plus profondes forteresse de MaterOne, ne sachant mentir quand à son départ forcé pour l’Exode, il avait tout simplement préféré le déclarer mort en mission, par téléphone, à ses parents. On avait organisé des fausses funérailles, sous la bienveillance du contre-Amiral Pofeus, où tous avaient pu pleurer à loisir. Il n’avait guère eu le temps ou le courage de retourner chez lui pour affronter les questions de sa famille.

Sa mère stoppa soudain les effusions, respirant rapidement et relâcha Ralato.

“Ne.. Mon Ralato, tu sais, je pense que.. Nous ne devrions plus évoquer le nom de ton frère.. Veux-tu?”

Elle se releva, sa main tremblait.

“Mais que voulez-vous dire par là? Attendez, ne reculez pas, expliquez-moi?

-Tu.. Tu demanderas à ton père d’accord mon bébé? Je suis si heureuse de te revoir, si heureuse..

-Mère..? Attendez..?

-Je te confie à Edgar.. C’est un beau jour pour te revoir mon Ralato, un si beau jour..”

Conclut-elle, en reculant hors de la pièce, et refermant la porte, en larmes..

Ralato restait le bras tendu dans le vide, ne comprenant rien. Quel était donc le soucis avec Fabio!? Pourquoi ses pouvoirs avaient-ils disparus? Et combien de temps avant que sa mémoire passée ne redevienne claire et précise comme avant!?

Il faudra patienter un peu, jeune Monsieur, vous êtes encore sous le choc de ce que vous avez subit.

Quoi?! Une pensée Mentale? Il se redressa dans son lit, cherchant du regard une information quelconque!

D’où venait-elle..?

Il croisa alors le regard du Majordome, qui l’observait fixement.

Oui, c’est moi, je suis Mental comme vous, vos parents le savent c’est même une des fonctions de mon travail ici.

Maintenant reposez-vous s’il vous plaît.

Le jeune homme sentit son tournis empirer soudain, il prit appuis sur un coude, puis sur les deux.. Ses yeux se fermaient seuls..

C’était certainement une impulsion Mentale du Majordome!

Et dernière chose.. Évitez de faire des allusions à votre frère Fabio. J’ai le désagréable devoir de vous signifier qu’il a été renié par Mr votre Père.

Renié..?

Le plafond du lit à baldaquins dansait devant ses yeux..

Vous rencontrerez Monsieur votre Père avant le dîner de ce soir.

Bon repos..

Les ténèbres l’enveloppèrent aussi rapidement que les effusions de sa mère, et Ralato s’endormit profondément..

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: Anna
Acteur:

Raoolito ( Ralato )
Anna (Madame Ouli)

*Silverson (Majordome)
Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch11 Ep1

Sat, 25 May 2013 17:50:00 GMT

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Le Blason des Ouli trônait fièrement au-dessus de l’immense miroir, face au lit en baldaquins. La fameuse tête de cerf aux cornes ciselées sur fond d’un bouclier de bronze: un emblème familial qui avait traversé les temps depuis l’aube de la Royauté de MaterOne. D’ailleurs, en haut à droite du bouclier, on pouvait apercevoir les deux étoiles dorées aux quatre branches principales entourées d’une couronne aux seize branches secondaires, les Récompenses Royales, autorisées à être placées sur le Blason, symbolisant deux actes particulièrement valeureux réalisés par des ancêtres de la Famille lors de grandes batailles.

Le jeune nourrisson leva un petit bras vers le glorieux symbole de sa lignée, ouvrant de grand yeux devant ces formes inconnues. Son père et une partie de ce qu’il apprendra plus tard comme étant sa famille entourait le lit où sa mère le tenait, heureuse progénitrice de jumeaux: Ralato et Fabio.

Mais les sourires étaient crispés, le rouge aux joues de son père trop prononcé.

L’enfant le sentait-il?

Ralato ouvrit les yeux.

Le plafond de la balustrade au-dessus du lit lui disait quelque chose. Il cligna des yeux, cherchant des points de repères connus, tournant la tête pour scruter l’environnement immédiat autour des draps moelleux dans lesquels il était emmitouflé. Il se vit dans le grand miroir, se reconnu, reconnu le miroir, leva les yeux et retrouva le Blason.

Il avait perdu une partie de son enfance à le regarder, l’étudier, l’admirer, l’imprimer à jamais dans sa mémoire, enfant terrorisé par ce qu’il sentait bien plus grand que lui, bien plus que le sens d’une simple vie mortelle.

C’était sa chambre, celle de son enfance. Il était de retour dans la maison familiale des Ouli.

La porte s’ouvrit doucement et il vit un majordome inconnu y passer calmement une tête chauve. Le voyant réveillé, il pénétra d’un pas dans la grande pièce, se raidit puis salua avec respect.

“Monsieur m’excuse, je suis le Majordome de cette maison depuis plusieurs années. Madame m’a donné comme consigne de la prévenir lorsque Monsieur se réveillerait. Permettez-moi donc d’aller porter le message ainsi que vous rapporter ce faisant quelques rafraîchissements.”

Et sans attendre la réponse, il tourna des talons, referma la porte derrière lui en s’éloignant d’un pas clair et assuré.

Un nouveau majordome..?

Ses affaires étaient soigneusement lavées et pliées sur la petite chaise du secrétaire sculpté aux armoiries familiales dans un coin, mais Ralato se sentait bien incapable de même quitter le lit! Ses poignets, ses pieds et tout son entre-jambe étaient bandés de pansements, et il semblait que des injections récentes lui avaient été pratiquées.

Mais que faisait-il donc là?

Il tenta de se souvenir mais son esprit ne lui révélait que du maelström teinté de migraine. D’ailleurs un vertige survînt, l’obligeant à reposer son dos contre les coussins, et à reporter son attention sur le plafond de la balustrade.

Ses yeux se fermèrent d’eux-même, tandis qu’un mot, un simple mot ressortit du cafouillage de sa mémoire: mutualiste.

Souffrance, torture.. Combien de mois passés dans le repère secret? Pourquoi m’avaient-ils laissé repartir libre?

Des sons de pas et de discussion s’amplifiaient dans le couloir, la porte tourna soudainement sur ses gongs et telle une tornade, une grande femme aux cheveux bruns ondulés brisa le calme de la pièce en se précipitant sur Ralato, suivie du majordome tenant un plateau avec du lait frais.

Celui-ci sourit, aucun enfant au monde n’a besoin d’une bonne mémoire pour reconnaître les traits de sa mère, même s’il ne l’a plus vu depuis longtemps.

“Ralato! Mon enfant, mon bébé! Enfin te voilà réveillé!! tu m’as rendu folle d’inquiétude!!!!”

Elle le serra si fort qu’il en ressentit des douleurs un peu partout, mais il la laissa faire de bon cœur. Le destin lui avait permis de revenir chez les siens, et après le drame de ces derniers mois, il n’en demandait pas moins..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Icaryon

Acteur:

*Raoolito ( Ralato )

*Anna (Madame Ouli)

*Silverson (Majordome)

Montage: Andropovitch


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Red Universe: Playlist Chapitre 10 « Pin’up (2) »

Mon, 29 Apr 2013 09:50:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°10 « PIN’UP »(2).

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette dixième partie:

thème arrière magasin: « Raks Sharky » de José Estrella Resonante Album « Kundalini Raks Sharky »

thème rencontre Poféus/Heir: « forget myself » de Scoldt alb « scolds »

Thèmes rencontre Adénor / Benkana « Anxious Thoughts » de Celestial Aeon Project, alb « Aeon3 »

musiques d’ambiance rencontre finale Azala/Benkana/Phil goud/Adénor/Broto/Fabio (1): « Caverns » de Celestial Aeon Project, alb « Aeon3 »

musiques d’ambiance rencontre finale Azala/Benkana/Phil goud/Adénor/Broto/Fabio (2) « Dark Secret » de Celestial Aeon Project, alb « Aeon3 »

Bonne (ré)écoute et à très bientôt sur Red Universe!



Interview-débat sur les droits d’auteur (avec votre serviteur)

Mon, 29 Apr 2013 09:17:00 GMT

Le Microphone, principal outil des créateurs de sagas mp3 et de machinimas

Les œuvres d’artistes amateurs et enthousiastes sont malheureusement souvent illégales, en raison de la complexité à comprendre le droit d’auteur au sein d’un média qui favorise le partage et le remix. Bien souvent ces créateurs ne voient pas en quoi ils seraient dans l’illégalité.

Voici une interview croisée avec 6 créateurs amateurs. Le but est de connaître les avis de ces personnes et ainsi de montrer la complexité du droit d’auteur à l’ère du numérique.

http://www.savoirscom1.info/2013/04/23/interview-les-createurs-amateurs-et-le-droit-dauteur/



RedU T1 Ch10 Ep12

Fri, 29 Mar 2013 19:42:00 GMT

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“Messieurs, poursuivons notre route, les prisonniers attendent leur navette.

-Je pensais avoir posé une question pourtant pertinente?

-Et une réponse tout aussi pertinente sera donnée en temps et en heure Princesse. Mais pas ici… Où est donc la navette de Transport?” Demanda Benkana en s’éloignant comme si de rien n’était..

Azala écumait de colère tandis que les gardes armés et les stewards la contournait, entrainant Phil et Adénor dans leur suite. Celle-ci eut juste le temps de chuchoter à l’oreille de la Princesse en passant à sa hauteur:

“Ca ira, rassurez-vous çà n’est que superficiel. Aidez-la ELLE, elle souffre en son intérieur…”

Et la grande femme blonde poursuivi son chemin dans le sillage de Benkana.

Broto avait observé la scène avec incrédulité, ne comprenant pas très bien ce qui venait de se passer, alors qu’Isimel n’avait, à aucun moment, montré une ride de sentiment quelconque..

Melba, suivante et amie, posa calmement ses mains sur les épaules de sa maitresse, et l’entraina vers la sortie du corridor, en direction du quartier des habitations.

LA Princesse ne put guère prononcer que:

“Nous ferons les présentations une autre fois Monsieur le Marchand, je pense que la Commandant a.. D’autres préoccupations pour le moment!”

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, dans un réduit de toilette, loin des regards et alors que le système de séchage des mains hurlait autant que possible, Broto sorti de sa manche droite un petit émetteur d’un centimètre et demi de coté et y plaça un écouteur muni d’un micro. Appuyant plusieurs fois, de manières irrégulières, sur un commutateur fixé dessus, il attendit plusieurs secondes le signal de réponse puis parla à voix basse:

“Ici Berceau, je suis dans la place. Tout s’est parfaitement déroulé et le Transpondeur subspatial fonctionne comme prévu en mode relais. Et vous?”

Une voix lointaine se fit alors entendre dans l’écouteur, une voix.. Féminine:

“Ici Renard, parfait Karl, votre efficacité n’a d’égale que vos talents d’acteur! Contact établi, nous ouvriront à nouveau la ligne au prochain moment convenu. D’ici là faites vous donc des amis!

-A vos ordres Madame, Et lorsque la fête commencera, j’espère que nous serons nombreux de votre coté également?

-Les négociations se sont bien déroulées. Désormais tous sont avec nous, même notre ami Nordiste..

-Alors que les Dieux protègent l’Exode. Ici Berceau, fin de communication!”

Rangeant tranquillement écouteur et émetteur dans des poches secrètes, Broto se fit une fraicheur devant le miroir et sorti gaillardement des toilettes, s’en allant rejoindre la Princesse Azala qui l’attendait avec Isimel, pour lui présenter son futur lieu de résidence sur le Transporteur n°7.

“Et il est où ce pilote? Il devait escorter les prisonniers sur le Transporteur d’Arlington!?

-Heu, il semble qu’il y ait eu un contretemps fâcheux, on ignore les détails mais il a eu une sorte d’évanouissement et heu..

-ET OU SONT LES PILOTES D’ASTREINTE?

-He bien, Madame, heu.. Ils ne sont pas en état de piloter actuellement.. Voilà.

-C’EST A DIRE?

-..heu.. ébriété..?”

Phil s’amusait de voir la Commandant hurler sur le planton de garde qui se dépêtrait maladroitement de sa situation, somme toute peu enviable. Une étrange sensation de picotement en haut de la nuque, et un jeune soldat au teint pâle le doubla, se dirigeant vers Benkana.

D’où venait-il celui-là? Ha oui, il était avec le groupe d’Azala tout à l’heure..

“Madame la Commandant, Marin 1ere classe, matricule 7-5-3-9-8. Je suis habilité à piloter les navettes de transport, et si je peux me mettre à votre disposition, cela sera avec plaisir.”

La grande femme le toisa de haut en bas, et soupirant, elle baissa les épaules en répondant:

“Au moins je ne suis pas entouré que de jeunes pucelles et de gros soulards! Allez-y soldat, le rendez-vous est au hangar n°7 du Transporteur n°3, celui du Colonel Arlington! Demandez les coordonnées spatiales du vaisseau au centre de contrôle, ils vous guideront.”

Puis se tournant vers les prisonniers, elle ajouta:

“Bon! Lieutenant Goud, et Mécanicienne Kérichi, vous êtes désormais démis de vos fonctions à bord de ce Transporteur, et vous êtes expulsés vers un vaisseau d’accueil de la Flotte de l’Exode, présentement le Transporteur n°3.

Soldats, libérez les prisonniers et conduisez-les dans la navette.”

Les soldats obtempérèrent et tandis que la porte du sas arrière du petit vaisseau se refermait, le Marin au teint blanchâtre fit chauffer les moteurs, saluant militairement la Commandant, par le hublot.

Celle-ci répliqua de manière réglementaire, aussitôt suivi par tous les soldats.

Phil Goud et Adénor eurent la surprise de voir ainsi le plus haut gradé du Transporteur ainsi qu’une troupe de soldat saluer au garde à vous leur départ. La scène était suffisamment cocasse pour que quelques rires fusent même de la jeune Texane..

Quelques minutes plus tard, sillonnant entre les multiples objets volant autour de la station, la navette progressait vers sa destination.

Le compartiment avant s’ouvrit, et une voix les appela:

“Les deux amoureux? Voulez-vous venir?”

N’ayant guère autre chose à faire, ils se levèrent et rejoignirent le pilote.

Etrangement, il avait les bras croisés et les yeux fermés, mais tous les instruments fonctionnaient de manière autonome et normale, jusqu’aux manettes de poussées ou d’élévation qui s’animaient seules..

“J’ignorais que ces navette avaient un système de pilote automatique si perfectionné?

-En fait elles n’en ont pas. Mais ce n’est pas pour cela que je vous ai fait venir, je voulais que tout se passe dans les formes: je suis votre chaperon mandaté par le Conseil des Commandants à partir de maintenant. Sur le Transporteur n°3, on me remettra votre destin entre les mains, charge à moi de vous trouver occupations, logements et bien sûr, vous avoir à l’oeil!

-Pardon? Mais la Commandante ne..

-La Commandant ne sait pas tout Mademoiselle Adénor, bien que vous appréciez le prénom de Zoé, cela vous remémore vos souvenirs d’enfance?

-Vous avez eu accès à nos dossiers?

-En quelque sorte Phil Goud, bien qu’il ne s’agisse pas de ce que vous pensez. ..

Bon et bien, les présentations étant faites, vous pouvez retourner vous assoir ou me tenir la causette ici-même, je vous laisse le choix..

-Vous connaissez nos noms et des choses de notre passé, mais..

  • Bien sûr que c’est une bonne question! Je me nomme Ouli, Fabio Ouli, votre serviteur.. Et oui, vous pouvez rester parler de tout et de rien avec moi Phil, mon vieil ami… “

Fin du chapitre 10

“Messieurs, poursuivons notre route, les prisonniers attendent leur navette.

-Je pensais avoir posé une question pourtant pertinente?

-Et une réponse tout aussi pertinente sera donnée en temps et en heure Princesse. Mais pas ici… Où est donc la navette de Transport?” Demanda Benkana en s’éloignant comme si de rien n’était..

Azala écumait de colère tandis que les gardes armés et les stewards la contournait, entrainant Phil et Adénor dans leur suite. Celle-ci eut juste le temps de chuchoter à l’oreille de la Princesse en passant à sa hauteur:

“Ca ira, rassurez-vous çà n’est que superficiel. Aidez-la ELLE, elle souffre en son intérieur…”

Et la grande femme blonde poursuivi son chemin dans le sillage de Benkana.

Broto avait observé la scène avec incrédulité, ne comprenant pas très bien ce qui venait de se passer, alors qu’Isimel n’avait, à aucun moment, montré une ride de sentiment quelconque..

Melba, suivante et amie, posa calmement ses mains sur les épaules de sa maitresse, et l’entraina vers la sortie du corridor, en direction du quartier des habitations.

LA Princesse ne put guère prononcer que:

“Nous ferons les présentations une autre fois Monsieur le Marchand, je pense que la Commandant a.. D’autres préoccupations pour le moment!”

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, dans un réduit de toilette, loin des regards et alors que le système de séchage des mains hurlait autant que possible, Broto sorti de sa manche droite un petit émetteur d’un centimètre et demi de coté et y plaça un écouteur muni d’un micro. Appuyant plusieurs fois, de manières irrégulières, sur un commutateur fixé dessus, il attendit plusieurs secondes le signal de réponse puis parla à voix basse:

“Ici Berceau, je suis dans la place. Tout s’est parfaitement déroulé et le Transpondeur subspatial fonctionne comme prévu en mode relais. Et vous?”

Une voix lointaine se fit alors entendre dans l’écouteur, une voix.. Féminine:

“Ici Renard, parfait Karl, votre efficacité n’a d’égale que vos talents d’acteur! Contact établi, nous ouvriront à nouveau la ligne au prochain moment convenu. D’ici là faites vous donc des amis!

-A vos ordres Madame, Et lorsque la fête commencera, j’espère que nous serons nombreux de votre coté également?

-Les négociations se sont bien déroulées. Désormais tous sont avec nous, même notre ami Nordiste..

-Alors que les Dieux protègent l’Exode. Ici Berceau, fin de communication!”

Rangeant tranquillement écouteur et émetteur dans des poches secrètes, Broto se fit une fraicheur devant le miroir et sorti gaillardement des toilettes, s’en allant rejoindre la Princesse Azala qui l’attendait avec Isimel, pour lui présenter son futur lieu de résidence sur le Transporteur n°7.

“Et il est où ce pilote? Il devait escorter les prisonniers sur le Transporteur d’Arlington!?

-Heu, il semble qu’il y ait eu un contretemps fâcheux, on ignore les détails mais il a eu une sorte d’évanouissement et heu..

-ET OU SONT LES PILOTES D’ASTREINTE?

-He bien, Madame, heu.. Ils ne sont pas en état de piloter actuellement.. Voilà.

-C’EST A DIRE?

-..heu.. ébriété..?”

Phil s’amusait de voir la Commandant hurler sur le planton de garde qui se dépêtrait maladroitement de sa situation, somme toute peu enviable. Une étrange sensation de picotement en haut de la nuque, et un jeune soldat au teint pâle le doubla, se dirigeant vers Benkana.

D’où venait-il celui-là? Ha oui, il était avec le groupe d’Azala tout à l’heure..

“Madame la Commandant, Marin 1ere classe, matricule 7-5-3-9-8. Je suis habilité à piloter les navettes de transport, et si je peux me mettre à votre disposition, cela sera avec plaisir.”

La grande femme le toisa de haut en bas, et soupirant, elle baissa les épaules en répondant:

“Au moins je ne suis pas entouré que de jeunes pucelles et de gros soulards! Allez-y soldat, le rendez-vous est au hangar n°7 du Transporteur n°3, celui du Colonel Arlington! Demandez les coordonnées spatiales du vaisseau au centre de contrôle, ils vous guideront.”

Puis se tournant vers les prisonniers, elle ajouta:

“Bon! Lieutenant Goud, et Mécanicienne Kérichi, vous êtes désormais démis de vos fonctions à bord de ce Transporteur, et vous êtes expulsés vers un vaisseau d’accueil de la Flotte de l’Exode, présentement le Transporteur n°3.

Soldats, libérez les prisonniers et conduisez-les dans la navette.”

Les soldats obtempérèrent et tandis que la porte du sas arrière du petit vaisseau se refermait, le Marin au teint blanchâtre fit chauffer les moteurs, saluant militairement la Commandant, par le hublot.

Celle-ci répliqua de manière réglementaire, aussitôt suivi par tous les soldats.

Phil Goud et Adénor eurent la surprise de voir ainsi le plus haut gradé du Transporteur ainsi qu’une troupe de soldat saluer au garde à vous leur départ. La scène était suffisamment cocasse pour que quelques rires fusent même de la jeune Texane..

Quelques minutes plus tard, sillonnant entre les multiples objets volant autour de la station, la navette progressait vers sa destination.

Le compartiment avant s’ouvrit, et une voix les appela:

“Les deux amoureux? Voulez-vous venir?”

N’ayant guère autre chose à faire, ils se levèrent et rejoignirent le pilote.

Etrangement, il avait les bras croisés et les yeux fermés, mais tous les instruments fonctionnaient de manière autonome et normale, jusqu’aux manettes de poussées ou d’élévation qui s’animaient seules..

“J’ignorais que ces navette avaient un système de pilote automatique si perfectionné?

-En fait elles n’en ont pas. Mais ce n’est pas pour cela que je vous ai fait venir, je voulais que tout se passe dans les formes: je suis votre chaperon mandaté par le Conseil des Commandants à partir de maintenant. Sur le Transporteur n°3, on me remettra votre destin entre les mains, charge à moi de vous trouver occupations, logements et bien sûr, vous avoir à l’oeil!

-Pardon? Mais la Commandante ne..

-La Commandant ne sait pas tout Mademoiselle Adénor, bien que vous appréciez le prénom de Zoé, cela vous remémore vos souvenirs d’enfance?

-Vous avez eu accès à nos dossiers?

-En quelque sorte Phil Goud, bien qu’il ne s’agisse pas de ce que vous pensez. ..

Bon et bien, les présentations étant faites, vous pouvez retourner vous assoir ou me tenir la causette ici-même, je vous laisse le choix..

-Vous connaissez nos noms et des choses de notre passé, mais..

  • Bien sûr que c’est une bonne question! Je me nomme Ouli, Fabio Ouli, votre serviteur.. Et oui, vous pouvez rester parler de tout et de rien avec moi Phil, mon vieil ami… “

Fin du chapitre 10

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Anna

Acteur:

Raoolito ( Phil Goud et soldat )


@now@n (Adénor, Azala et Benkana)

*Blast (Broto)

Zylann (**)

*Istria (Choupa)

Montage: Mt Ice


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RedU T1 Ch10 Ep11

Sun, 24 Mar 2013 14:40:00 GMT

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“Non Madame, il sont partis de leur coté. Je vous propose de quitter ces lieux nous aussi de ce pas si vous le permettez. Je ne suis qu’un vieil homme qui, dans ce cas précis, préfère aller de l’avant sans se retourner de peur que son coeur ne se sert par trop fortement..” Répondit Broto à la Princesse qui se demandait où étaient passés le couple Junta/Onawane.. Elle s’était éloignée quelques minutes avec Melba pour flâner dans le quartier sous les conseils du marchant, et avait -de fait- découvert quelques perles comme une ancienne carte de MaterOne, encore imprimée à l’encre, d’une époque lointaine où toutes les zones ne semblaient pas encore colonisées. Plus étonnant: la blason Royal n’y était pas imprimé, et cela attestait d’une ancienneté certaine! Au moins conserverait-elle cela sous la main, tandis que Junta s’était littéralement envolé égoïstement avec son artefact. Et sa soeur également, quelle famille!

Comme convenu, Broto était accompagné de son garçon sourd et muet Isimel qui, plié en deux sous le poids, portait une malle plus grande que lui sur son dos, la tenant fermement par les sangles. Azala nota qu’il ne semblait pas transpirer ou souffrir outre mesure de la situation. Il arborait d’ailleurs toujours cette expression neutre qui était la sienne lors de la présentation aux souks: le visage fermé, les lèvres tirées sans pour autant dépeindre de la tristesse et les yeux regardant droit devant lui.

La seule différence notable était une jaquette de cuir ainsi qu’un pantalon de toile serré à la taille par une ceinture de crin. Une tenue modeste, masquant pourtant mal la beauté de ce corps cuivré. Broto n’arrêtait d’ailleurs pas de jeter vers son boy des regards paternels, lui tapotant sur l’épaule, lançant des signes destinés à l’encourager.

Etrange relation s’il en était.

Les rues défilaient, l’afflux continuel d’Exodés du Transporteur n°7 semblait avoir diminué et il était désormais possible de progresser le long de la station, sans faire appel au laisser-passer spécial donnant accès à ces fameux passages “intra-résidences” réservés aux officiels et aux services de secours. Les grandes avenues, sans être vides, étaient donc praticables et Broto y allait de ses anecdotes, tentant sans doute de tromper sa propre mélancolie:

“C’est ici, voyez-vous, dans ce batiment, que ma première grosse vente eut lieu! il s’agissait de revendre trente tonnes de métal concassé à un armateur nomade! Une sacrée négociation. a l’époque je vendais de tout, maintenant je me suis rangé..

Et là, je me souviens d’une rencontre surprenante avec un conseillé aux affaires antiques du Roi votre père, c’était il y a longtemps. Une belle femme avec qui j’ai pu disserter toute une très longue soirée lors d’un cocktail en son honneur, une personne d’une rare culture voyez-vous! C’était un vrai moment de vie intellectuelle !

Et là..”

Les quais où appontait le Transporteur étaient enfin en vue. Le petit groupe progressa le long des zones réservées au fret pour s’arrêter aux entrées réservés aux passager. Bien évidement Azala n’eut pas à décliner son identité, elle connaissait très bien ces gardes, et Melba, lors de ses moments de détente, s’entrainait au close-combat avec eux.. Pour leur malheur!

“Madame, je vous propose de prendre le corridor des navettes, en ce moment avec les vas et vient de passagers, les voies normales sont un peu obstrués et nous n’aimons pas trop que nos officiels soient pris dans des embouteillages.

-Je comprend Monsieur l’Officier. Par contre je vous avoue ne pas avoir intégré tous les plans du vaisseau. Le corridor des navette est dans quelle direction?

-Je vous assigne quelqu’un pour vous guider.. Heu.. Toi là-bas?”

Un jeune soldat au teint pâle se présenta aussitôt.

“Oui Sergent?

-Tu vas accompagner Madame la Princesse et ses hôtes jusqu’à leurs quartiers. Prend le corridor des navettes et revient après compris?”

L’autre acquiesça, l’air encore un peu plus pâle, et il s’empressa d’ouvrir la voie au petit convoi.

Derrière Azala, le marchant et son garçon suivaient docilement, le vieil homme était intimidé par les dimensions du vaisseau et de ses espaces intérieurs et semblait avoir oublié toutes ses anecdotes, tandis qu’Isimel progressait silencieusement. Melba fermait la marche, légèrement moins contractée qu’à l’extérieur mais il ne fallait pas s’y tromper: la servante d’Azala n’était jamais déconcentrée.

Le corridor des navettes s’étendait devant eu une fois passé un énorme sas de décompression.

“Voilà Madame, nous allons poursuivre le long de ce passage puis ensuite nous tourneront à..”

Le jeune homme se figea soudain dans un strict garde à vous

“Commandant Benkana ! Mes respects!”

Azala vit surgir alors plusieurs gardes armés, suivis d’Aurora, de Phil Goud et Adénor Kérichi et d’encore quelques autres gardes armés ainsi que des stewards porteurs de valises.

“Tiens? Azala, alors cette petite virée sur Piñata c’était comment?

-Instructive je te raconterais.. “ Observant mieux le petit groupe, elle s’avança vers Phil goud

“Phil ?! Bonjour mon bon ami, comment vas-tu?”

Les deux amis se prirent les mains comme d’habitude et se firent la bise.

“Très bien Princesse. Vous connaissez Adénor ma compagne je pense?

-Oui bien sûr, nous nous sommes croisés lors de votre emménagement dans mes appartements.. Mais que faites-vous donc ici..?”

La phrase, teintée d’une menace sous-jacente, n’était pas destinée à Phil ou sa petite amie, ni aux gardes ou aux porteurs, elle visait la grande femme droite debout à coté d’elle, la chef de tout ceci..

“Disons qu’on nous chasse, tout simplement. Je pensais que vous étiez au courant?

-Étonnamment.. Non, je ne le suis pas?

-Nous appliquons la résolution du Conseil des Commandants. Les deux prisonniers doivent être transférés vers le Transporteur n°3 et pris en charge par l’équipe du colonel Arlington. Rien que de très légal comme tu vois…”

Azala ne se retourna même pas, observant attentivement Adénor. La femme portait fièrement toute sa dignité malgré la situation et les marques sur son cou ou sa mâchoire, qui ne laissaient pas de place au doute.

La Princesse prononça la suite la rage au coeur:

“Et le traitement des prisonniers, Commandant Benkana, n’implique-t-il pas le respect de leurs opinions et de leur intégrité physique?!”

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: istria

Acteur:

Raoolito ( Phil Goud et soldat )


@now@n (Azala et Benkana)

*Blast (Broto)

*xxx (Zylann)

Montage: Mt Ice


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RedU T1 Ch10 Ep10

Sat, 16 Mar 2013 20:35:00 GMT

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“Vous êtes certain de ce vous affirmez?

-Général, croyez-vous qu’il existe quoique ce soit dans l’Univers qui puisse ressembler à cela? J’ai passé les derniers mois à visiter mon équipe qui analyse les restes trouvés sur Vegas IV. Il n’y a aucun doute!

De toutes façons je rapporte l’échantillon, nous pourrons l’étudier à notre convenance.”

Junta était installé dans un petit salon annexe, son communicateur personnel crypté relié au systèmes de communications du Transporteur n°4 collé à l’oreille.

Soigneusement enveloppé dans un tissu protecteur, il tenait toujours l’étrange artefact dans sa main, ne l’ayant pas lâché une fois depuis que le serviteur de Broto le lui avait offert.

“Bon, d’accord, mettons que cela soit un appareil similaire. Cela signifie que nous pouvons en rencontrer d’autres durant notre périple non?

Après tout, nous nous tiendrons sur nos garde..

-Général, j’ai toujours cru les militaires plus paranoïaques que moi! Extrapolez non d’un chien! Envisagez cela d’un point de vue stratégique! A quel ennemi avons-nous à faire?

-Certes une flotte de vaisseaux de ce genre serait une catastrophe, mais sérieusement Junta, si elle existait, pourquoi personne n’en aurait donc entendu parlé? Je doute que MaterOne aurait laissé cela de coté!?

-Et si nous étions tombés au mauvais endroit au mauvais moment? Et si l’on considérait l’Exode comme le catalyseur nécessaire à l’apparition de ce nouvel ennemi?

-Et si, et si…. Oui bon, d’accord. Je vous accorde que nous n’avons que peu de chance contre une flotte ennemie composée de ces astronefs: nos Transporteurs ne sont pas des vaisseaux de guerre, juste des cargos reconvertis, et nos quelques croiseurs légers ou chasseurs ne feront pas longtemps le poids.

-Vous n’avez pas mieux pour aider à élaborer une stratégie? Peut-être que ma soeur aura des idées plus claires de la conduite à tenir?!

-Junta! Calmez-vous! Le Lieutenant Colonel Onawane doit rester en dehors de nos opérations pour l’instant, c’est notre accord! Il est encore trop tôt pour lui faire confiance. Même s’il s’agit de quelqu’un de votre famille, l’affaire est bien trop importante! Mmmhmmm??!

Nous sommes toujours d’accord là-dessus j’espère?! “

Pas de réponse.

Junta inspirait profondément pour se calmer. La découverte du débris l’avait pris complètement au dépourvu et il avait peut-être paniqué avant de réfléchir!

Et oui, ils avaient décidé, sur sa propre proposition, de laisser Onawane à l’écart de tout projet de conspiration ou autre. La réaction de sa sœur face à JFHill, durant le Conseil des Commandants, était trop engagée pour être simulée. Elle allait devoir encore faire ses preuves.

“Junta? Etes-vous toujours là?

-Oui Général, vous avez raison.. Tenons-nous en au plan.

-Bonne réaction, reprenez-vous donc mon garçon et tachez de garder votre sang-froid! Mmhmm.. Je propose de nous retrouver secrètement sur votre Transporteur d’ici deux ou trois heures. Nous pourrons aborder tous les aspects et les conséquences de cette découverte.

-Parfait Général, rendez-vous donc dans trois heures. Je vais tâcher de rentrer dans les meilleurs délais pour que mon équipe nous produise rapidement une première expertise.

-Bien, bien! Mmhhmm, et n’oubliez pas Junta: un militaire sait avant tout garder son calme en toute situation! C’est indispensable pour mener des troupes à la bataille!

-Excellent: vous me donnerez donc des cours de relaxation! Junta, terminé.”

Le politicien referma son intercom et le glissa dans sa poche..

Derrière le rideau épais servant de porte, il pouvait entendre Azala discuter avec Broto, et, en fond, on entendait le brouhaha sourd de la foule déambulant, se bousculant, discutant, criant, bref, vivant son quotidien…

Et si une menace dont personne n’avait la moindre notion de la gravité planait au-dessus de tous?

L’Exode allait-il réveiller un Goliath?

Un nouveau frisson glacé lui parcouru l’échine. Il écarta le rideau et de dirigea vers sa soeur pour sonner l’heure du retour.

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Icaryon

Acteur:

*Raoolito ( Junta & Général Décembre )

Montage: Mt Ice


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RedU T1 Ch10 Ep9

Sat, 09 Mar 2013 17:52:00 GMT

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Ralato entendit quelques bêlements, et commença à reprendre conscience..

Une migraine épouvantable lui vrillait l’esprit mais il tint bon et ouvrit les yeux..

Tout d’abord de l’herbe, suivi d’un vent doux portant une odeur familière.. Au loin, une chaîne de montagnes anciennes où ils faisait bon paître pour les troupeaux. A l’arrière une vallée paisible où l’on devinait les petites fermes blanches réparties tels des boutons de fleurs sur un pré en cette si douce fin d’été..

Il se releva difficilement, s’observant vêtu de l’uniforme qu’il portait lorsque les mutualistes l’avaient capturé.

Il venait de passer 6 mois nu, attaché immobile à une chaise en bois percé, et le voici chancelant, avec cette incroyable sensation de tissu flottant sur sa peau.

Même sa casquette était là, bien fixée à la tête. Les traces des électrodes étaient encore fraîches, ses bleus, ses escarres, ses contusions autour des poignets et cette migraine qui le vrillait, tout était bel et bien réel!!

Il venait donc d’être relâché par ses geôliers.?!

Impensable..

Quartmac! Le savant qui l’avait élevé était passé de l’autre bord?! Mais c’était impossible, il était mort quelques années après l’accident de la station..

Et pourtant..

Tout se mélangeait dans sa tête, un patchwork abstrait mêlant voix, douleurs et produits chimiques..

Un nouveau bêlement, puis un second et ce fût tout un troupeau de moutons qui s’engageât sur le sentier à quelques mètres de lui. Ralato, encore sous le choc voulu reculer d’un pas mais sa jambe ne put le soutenir et il tomba en arrière, s’affalant dans l’herbe.

Sa tête lui tournait, la lumière du soleil était trop vive et ses jambes étaient encore trop faibles pour le porter longtemps..

Il regarda passer le troupeau..

Cet endroit .. ?

Levant les yeux, il observa plus attentivement les montagnes, puis il revint vers le village au loin..!!!

Les gros rochers éparpillés?!

Les troupeaux sur le versant opposé?

Il connaissait cet endroit!

C’est le lieu de son enfance! Là où lui et Fabio étaient nés et où ils avaient grandi avant de..

Relevant la tête, il regarda la configuration du terrain où il se trouvait, observant chaque recoin.

L’orthoptère militaire était venu le chercher ici, lui et son frère!! C’était le lieu exact où leur vie à tous deux avait basculé.. Mais pourquoi était-il là?

Un chien s’approcha, cabotant, l’air heureux, pour venir lui renifler le visage, mais Ralato repoussa ses assauts.

Un berger et son fils s’approchèrent à leur tour de ce militaire inconnu qui semblait tombé du ciel en ce lieu si incongru.

Leur inquiétude grandit à mesure qu’ils découvraient l’état dans lequel l’homme se trouvait. Immédiatement ils l’aidèrent à se lever et se diriger vers village, laissant le chien monter la garde.

Plus porté que soutenu, Ralato regarda le clocher et les masures de pierre s’approcher lentement.

Nous sommes à quelques milliers de kilomètres de MaterOne Centrum, sur le versant nord de la chaine des Amalaches, près du village de Vaserburg, là d’où est originaire la Famille Ouli depuis des dizaines de générations.

Le choc avait été trop fort, la lumière trop crue..

Il s’évanouit..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Anna

Acteur:

Montage: Zylann


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RedU T1 Ch10 Ep8

Fri, 01 Mar 2013 20:10:00 GMT

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MaterOne Centrum

3 heures du matin, l’étage quelconque d’un parking suspendu, vide pour cause de travaux.

De chaque coté des deux portes d’accès, des groupes de deux ou trois molosses en impeccables costumes foncés montaient la garde, lançant des regards inquiets ou circonspects en direction de leurs patrons.

Au milieu de l’étage, deux personnes se tenaient immobiles, à moins d’un mètre l’une de l’autre. Leur voix étaient étouffées par le vent sifflant entre les multiples piliers, mais les deux protagonistes n’en avaient cure. Tous deux emmitouflés dans une parka chaude, l’une civile, noire avec de la fourrure, l’autre militaire, verte kaki et épaisse.

Le contre Amiral Poféus grinçait des dents face à ce malotru de Monsieur Heir, un jeune politicien aux dents longues, qui n’avait eu de cesse que de prendre progressivement contrôle de chaque rouage de la société. Arrosant de pot-de-vin les actionnaires des mines de Talbot, réservoir géant de lithium, puis poursuivant son ascension par les points focaux du contrôle des médias et de l’industrie. Il s’assura également, là encore de manière plus ou moins douteuses, des appuis politiques jusqu’au Conseil de la Révolution, l’instance chargée de gérer les affaires de MaterOne depuis la chute de l’ancien régime où siégeait le Contre-Amiral lui-même.

Et il se tenait enfin devant lui, le visage avenant sous les néons de ce parking malgré l’heure tardive.

Heir était un homme de taille moyenne, plutôt jeune, la peau blanchâtre, le visage fin, les cheveux gominés en arrière, une petite barbiche lui donnant une touche intellectuelle.

Étrangement, ses yeux étaient bien trop noirs pour être naturels. Etait-il sous l’influence d’une drogue quelconque?

“Je suis satisfait que vous soyez venu. J’espère pouvoir trouver avec vous un arrangement qui nous mettra à l’abris de.. Malheureux nouveaux accidents futurs.

-Bonsoir également Contre-Amiral. Vous parlez sans doute de cette malheureuse tentative d’assassinat sur votre personne de la semaine dernière? C’est déplorable en effet.

-Votre soutien me touche.

-Déplorable qu’il vous ai manqué j’entend..”

Silence.

Un sifflement de vent traversa le parking, poussant les extrémités des parkas qui ondulèrent dans l’indifférence totale de leurs porteurs.

La partie s’annonçait mal. Heir n’allait pas céder grand-chose, trop certain de sa réussite et pensant son adversaire sur la défensive. Ce qui était d’ailleurs exact.

Deux Mentaux, installés dans l’immeuble d’en face, scannaient en ce moment le cerveau de Heir, à la recherche d’un maximum d’informations. Il fallait découvrir ce qu’il voulait et par quel biais il comptait l’obtenir.

“Savez-vous pourquoi je suis venu à ce rendez-vous Poféus?”

Le militaire se renfrogna encore un peu plus. Mais pourquoi ne lui mettait-il pas une balle dans la tête maintenant?

“Par esprit d’initiative?

-Ha ha ha! Bonne répartie Amiral, mais non, ce n’était pas exactement cela. Je voulais voir de mes yeux l’homme qui va mobiliser tous mes moyens dans les prochaines semaines. Je vous propose un marché: Allez-vous en, quittez MaterOne, disparaissez et je vous laisserais vivre avec l’argent dissimulé dans vos coffres. “

Nouveau vent sifflant. Un vieux journal roula au loin, s’accrocha à la balustrade quelques instants puis s’envola, porté par l’air de la nuit vers le néant..

“Et vous me voyez vraiment lâcher ainsi? Vous semblez oublier à qui vous avez à faire Heir!

-Hô non Amiral, je vous connais mieux que vous ne le pensez: un vieux pédophile ayant retourné trop sa veste pour croire à quelqu’idéal que ce soit. Un arriviste ayant la haute main sur la force armée la plus puissante de la planète: les Mentaux. Mais vous êtes infiltrés, votre pouvoir est rogné de dedans et de dehors. Et votre aura de maintient de l’ordre a été battu en brèche par les Mutualistes dont vous ne pouvez même plus endiguer le flot au point d’avoir perdu votre fidèle Lieutenant entre leurs mains. Allez savoir ce qu’il leur a révélé.

Je vous connais Amiral, votre biographie est presque déjà dans la chronique nécrologique.

-Vous regretterez ces paroles..

-Bien sûr Amiral, bien sûr.. Réfléchissez à mon offre, vous avez une semaine. Passé ce délai, je lâche mes chiens contre vous.”

Et ceci dit, le politicien tourna les talons et se dirigea tranquillement vers sa sortie, agitant négligemment sa main gantée et baguée en un salut blasé à destination de Poféus.

Celui-ci écumait de rage..

La guerre était officielle cette fois et tous les coups seraient permis.

On tentait de joindre les deux Mentaux mais aucune réponse ne parvenait. Déjà des hommes étaient partis voir ce qui se passait.

Dans sa voiture, sur le chemin du retour, on lui annonça qu’on les avait retrouvé morts, chacun une balle dans la tête, probablement abattus par des snipers à grande distance.

A grande distance, la spécialité de Heir..

Production: Podshows

Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

Narration: Istria

Acteur:

  • *Pof MagicFinger (Poféus)
  • *Raoolito (Mr Heir)

Montage: Raoolito


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RedU T1 Ch10 Ep7

Sat, 23 Feb 2013 01:06:00 GMT

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Face à Face..

Deux femmes aux caractères trempés par des années de combats, dont les yeux ont vu ce que d’autres ne sauraient voir.

Deux femmes aux esprits vifs, intelligents, passionnés et fonceurs qui ont réussi, chacune à sa façon , à plier leur destin selon leur volonté…

Deux femmes aux deux pères assassinés, mais dont aucune vengeance ne saurait combler le manque béant laissé par la disparition de l’être cher.“Le Lieutenant Goud vous a à la bonne Kerichi, ou devrais-je dire, Agent 12. Il semble ne plus se battre que pour vous?

-Vous vous trompez: il se bat pour un idéal et pour son foyer, Madame.

-Un foyer?” tiqua Benkana sincèrement surprise. “Vous croyez vraiment qu’une personne comme vous peut prétendre à un foyer? Dites-lui plutôt la réalité de votre univers! Vous êtes une tueuse, et le fait de vous habiller en petite poule docile ne changera pas cet état de fait!

-Il sait déjà tout de moi ! Je ne lui ai rien caché!

-A-t-il aussi vu le sang couler sur vos mains!!???”

Adénor serra les poings. L’attaque était violente et rude, elle aurait dû s’y attendre. Depuis leur arrestation elle savait que cette confrontation aurait lieu. Il fallait, sinon cicatriser, au moins percer l’abcès.

“J’envisageais un.. Echange plus constructif Commandant.

-Parfait! soyons donc CONSTRUCTIFS !” Benkana s’élança sur Adénor en sortant de son holster arrière un revolver et plaqua la femme du Texos contre le mur, lui pointant l’extrémité du canon sous le menton, son bras lui bloquant la gorge !

“Qu’est-ce que vous avez gagné à la mort de mon père? Quel est le prix de sa vie !!!?”

Adénor s’était laissé faire, n’opposant aucune résistance. Les bras laissés ballants, elle tentait de respirer malgré l’avant-bras de Benkana lui comprimant la trachée. La ceinture en coton céda et son peignoir s’ouvrit, révélant des parties de son intimité si appréciées par son amant.

“Je.. J’ai voulu sauver …mon Père c’est tout!”

Les paupières de la Commandant se firent deux fentes mortelles, elle appuya encore plus.

“Je connais cette fable: elle était dans les rapports! Ils n’avaient aucun moyen de vous obliger à le faire! Pire: vous pouviez très bien aller le sauver vous-même! C’est ce que vous avez fait ensuite!

-C’est… C’est Phil qui m’a sauvé! …. Moi je serais morte dans la forteresse …. Castiks! …. Mon père avait été tué ….. bien avant même que …. je n’exécute le vôtre!”

Benkana serra encore, à la limite de l’étouffement, et frappa d’un coup sec du genou le bas ventre de sa victime ! Puis elle la lâcha.

Celle-ci se plia en deux sur le sol, alors que la Commandant se jetait à nouveau sur elle, la retournant brutalement sur le dos, écrasant le torse et les seins nus de sa Rangers, pointant bras tendus son arme sur le visage rouge de la jeune femme dénudée, le peignoir grand ouvert, comme offerte à la sentence ultime. Seuls ses yeux restaient emplis d’une vie sans fin, d’une volonté d’exister quitte à expier ses péchés passés en suffoquant durant des heures. Adénor n’était pas forcement prête à mourir, mais elle savait que, d’une balle, la militaire réduirait sa vie à un souvenir, à une donnée et qu’elle le méritait peut-être.

Cependant il y avait son Phil, celui pour lequel elle voulait vivre..

“Me tuer … ne le ramènera pas… faites-le si ça peut vous soulager mais ….. je ne pourrais jamais changer … ce qui a été, morte comme ….. vivante!

-Au moins je pourrais savoir qu’il a été vengé de son assassin!

-C’est la différence… entre nous… M’dame Benkana.. Vous tuez pour vous venger… moi…. j’ai tué …pour en sauver… un autre !! ”

La Commandant se figea.

Azala lui avait déjà affirmé que si la compassion ne résolvait pas tout, la haine et la violence ne résolvaient rien.

Elles n’étaient que stérilité.

Cette nuit là les deux femmes étaient restées en froid..

Les yeux grands ouverts, elle changea d’appui, retirant la pression sur les poumons de la femme à ses pieds, la laissant inspirer une grande bouffée d’air. Adénor porta ses mains sur la chaussure de cuir qui l’écrasait. La militaire la retira, regardant la poitrine qui conservait l’empreinte rouge de la semelle avant qu’Adénor ne se cache instinctivement derrière ses deux avant-bras.

Aurora Benkana, tenant toujours la jeune femme en joue, regarda sa peau laiteuse, semblant découvrir soudain la nudité de sa victime et son propre rôle de persécutrice.

Elle recula encore d’un pas, puis d’un autre.. Puis un troisième, buttant contre un fauteuil, et lentement, se laissa s’assoir dessus.

Adénor Kerichi ferma son peignoir, serrant la ceinture, et repris appui sur le sol, se redressant posément, mais ne lâchant pas la militaire du regard. Elle se passa une main dans les cheveux, tira le col sur son cou, tentant de se redonner une contenance malgré la douleur tenace sur sa poitrine.

L’autre posa l’arme sur ses cuisses, relâcha ses épaules et, laissant tomber sa tête devant elle, observa le sol.

Les deux femmes étaient de nouveau à quelques pas de distances, de nouveau face à face, mais cette fois-ci, l’atmosphère n’était plus à la haine brutale.

“Comment était-il à l’instant de sa mort?”

Adénor souleva un sourcil. La question la plus difficile qu’elle redoutait..

“Il était digne.. Et il est tombé calmement, comme s’il s’endormait.”

.. Un petit silence puis:

“J’ai cru voir mon propre père mourir quand le vôtre a disparu… de ma lunette.” prononça-t-elle, les yeux s’embuant de larmes tandis que de petites étincelles luisantes s’arrachaient du visage de Benkana, s’étalants sur le tapis à ses pieds.

Deux femmes, aux caractères trempés par des années de combats.

Deux femmes aux destins se mélangeant, s’opposants, se percutants.

Deux femmes, face à face..

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: icaryon
Acteur:

*Anowan (Benkana / Adénor)
Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch10 Ep6

Sat, 16 Feb 2013 21:14:00 GMT

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Phil caressait distraitement Vivagel, son chat roux qui le suivait fidèlement depuis quelques années, lègue de sa première épouse. Il avait placé le confortable fauteuil devant la fenêtre, les rideaux extérieurs grands ouverts pour l’occasion, contemplant le spectacle de la station Piñata el grande, dernière lueur de la civilisation humaine dans l’immensité galactique.

Le chat ronronnait doucement, profitant de ces moments, si rares, où son maître pouvait lui servir de canapé chaud et moelleux sans partir à l’aventure, on ne sait où, loin de lui..Adénor se faisait couler une douche de l’autre coté du spacieux appartement. On pouvait entendre l’eau jaillir du pommeau, et Phil l’imaginait glisser sur la peau de sa bien-aimée longeant sa poitrine si généreuse, ses hanches musclées et ses cuisses sans fin..

Cela faisait maintenant plus d’une semaine qu’ils étaient maintenus en résidence surveillée dans ce luxueux endroit, la Princesse Azala le leur avait tout simplement prêté, déménageant au préalable quelques effets personnels des plus immédiats. Elle et sa suivante résidaient maintenant chez Benkana directement, cela ne faisait qu’officialiser leur relation, mais apparemment les deux femmes n’en avaient cure.

Cinq soldats en armes gardaient en permanence l’entrée extérieure avec un roulement de quelques heures. On avait bien vérifié qu’aucun instrument contondant ou tranchant ne trainait, et que rien ne pouvant être utilisé comme une arme ou un projectile ne se trouvait à portée d’Adénor. Il avait même dû retrouver les commandes manuelles de la télévision, c’est dire…

Une bien belle cage, oui, mais après? Qu’est ce que Benkana allait faire d’eux?

Le transporteur n°7 était le premier à se ravitailler à la station Piñata el Grande, du coup, il tournait avec elle autour de son axe central, fixé suffisamment proche pour qu’on puisse apercevoir les Exodés se bousculants dans les rues si étroites, avides de découvertes et de plaisirs dans ce lieu à la réputation si sulfureuse..

Les chaines d’informations ne donnaient que peu de retour de ce qui se passait dehors, mais Phil écoutait chaque flash d’information avidement, ou questionnait les stewards leur apportant les plateaux repas.. Le reste du temps, quand Adénor et lui ne faisaient pas l’amour aussi bruyamment que possible (on se venge comme on peut de ses geôliers) ils regardaient des vidéos, Adénor s’exerçait à entretenir sa musculature et Phil restait assit là, devant la fenêtre, à caresser Vivagel devant le spectacle extérieur.

Le chat fût justement le premier à réagir et sauta des genoux de son maître pour venir s’assoir à quelques pas de la porte d’entrée, droit et fier.

La clef tourna alors dans la serrure et la poignée s’abaissa, laissant la porte s’ouvrir sur ses gongs.

La Commandant Aurora Benkana entra dans l’appartement, seule, et stoppa devant le chat qui l’accueillit d’un miaulement amusé. D’un signe de tête elle ordonna à ses hommes de refermer à clef derrière elle et resta debout, attendant la venue des occupants des lieux.

Phil se releva brusquement, ne sachant que dire, marchant doucement vers l’officier supérieur mais restant cependant à une respectueuse distance..

“..Vous?”

Benkana le toisa de haut en bas, puis porta son attention sur le chat, assis devant elle, qui lui offrait des yeux envoutants..

“Oui Lieutenant Goud. Je viens vous annoncer les décisions prises à votre encontre par le Conseil des Commandants de l’Exode. Votre compagne, Madame Kérichi peut-elle nous rejoindre?

-Je suis là Commandant..”

Les cheveux encore humides, Adénor apparu à l’angle de la pièce donnant sur la salle de bain, enveloppée dans un peignoir chaud lissant pourtant parfaitement ses formes.

Une mèche rebelle tomba de son front, séparant son visage entre ses deux sourcils froncés, le regard entièrement focalisé sur la Commandant, son ennemie jurée..

Celle-ci la toisa à son tour, puis se tournant vers Phil:

“Vous allez être transférés comme prisonniers à bord du Transporteur n°3, où vous y serez libérés et intégrés pour prendre part à la suite du voyage de l’Exode. Le Colonel Arlington a accepté de vous prendre à son bord et vous enverra un émissaire à votre arrivée. Vous avez trois heures pour préparer vos effets personnels, vos gardiens devant la porte et les stewards qui s’occupent de votre nourriture vous accompagneront récupérer ce que vous voudrez dans vos chambres respectives.

-Nous sommes donc.. Chassés du Transporteur?

-Exactement Phil Goud. Je ne veux plus vous y voir..”

Phil n’en revenait pas. Il fit le tour d’un fauteuil, commençant à gesticuler ses bras dans tous les sens..

“Mais de quel droit osez-vous? Alors c’est cela la démocratie de l’Exode!? On est comme dans les temps de la colonisation? Chacun pour soi et le chef de la Police qui veut ou ne veut plus voir dans sa ville?”

Pas de réponse, Benkana l’observait d’un oeil mais restait statique.

Phil s’approcha d’elle d’une grande enjambée et la nargua, ses yeux à quelques centimètres des siens: “ Je veux voir Azala, je veux un jugement publique et je – veux – qu’on – respecte – mes – droits !!!!

-Vous n’avez aucun droit Lieutenant! Vous êtes accusés de nombreux délits qui vous vaudraient de très sérieuses condamnation devant tout Tribunal! Soyez content de la mansuétude du Conseil et allez préparer vos affaire plutôt que de vociférer sur vos droits perdus!

-Quoi?! Mais je vous pré…

-Phil, s’il te plait…C’est d’accord.

-Pardon? Elle va..

-Phil, mon amour, laisse tomber, tu veux bien? C’est bon Commandant, nous acceptons le jugement du Conseil, et nous nous préparons à partir immédiatement.”

Phil n’en revenait pas: Adénor acceptait cette injustice, trop contente de ne pas avoir à se battre contre ce système qui ressemblait fichtrement à celui qu’ils fuyaient de MaterOne!!

Son regard tourna, cherchant une réponse dans l’appartement et tomba sur Vivagel, toujours assis à un mètre de la Commandant. Lorsque qu’il vit son maître l’observer, le chat souleva doucement une patte et commença à la lécher, débutant ainsi sa toilette en fermant les yeux, puis le regarda, puis recommença la toilette.

Il semblait dire à son maître de ne pas tenter de lutter contre le courant, et que la vie ne s’arrêterait pas ici.

Ou tout simplement il se toilettait.. On ne savait jamais avec ce chat..

“ Phil chéri, peux-tu partir dans ma chambre prendre ce que tu pourras? Je dois avoir une conversation avec Madame la Commandant.

-Hein?”

Durant son énervement, il n’avait pas fait attention, mais cela faisait plusieurs minutes que les deux femmes se fixaient des yeux, face à face, dans une posture d’attente tendue..

“Tu es sure que.?

-Allez-y Goud, il n’arrivera rien. OUVREZ, C’EST BON!”

La clef tourna et la porte s’ouvrit sur les stewards et quelques soldats.

Phil, regarda Benkana, puis Adénor, puis encore Benkana..

Baissant les épaules, il fit quelques pas vers l’entrée et arrivé juste devant, lança en direction de sa bien-aimée:

“Ne te laisse pas faire Adénor.”

Et il claqua lui-même la porte d’entrée, dont un soldat tourna la clef, laissant Adénor Kérichi et Aurora Benkana seules dans la pièce.


  • Production: Podshows

  • Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon

  • Narration: Anna

  • Acteur:

      • *Raoulito (Phil goud)
      • *Anowan (Benkana / Adénor)



  • Montage: Andropovitch


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SOIREE DE GALA IV (22/02/2013)

Fri, 08 Feb 2013 22:01:00 GMT

Pour la 4eme séance…

….Les GALAS de Red Universe se poursuivent!

Rendez-vous le Vendredi 22 Février 2013, à 21h (heure Française) pour retrouver Raoulito, Phil goud et toute l’équipe de Red Universe dans une soirée qui s’annonce chaude chaude chaude!!

(avec les Chapitres 8 & 9 du Tome 1 et les questions de toutes sortes!)

(Si vous avez des questions d’ailleurs, n’hésitez pas à les laisser en commentaire dans ce post!)

http://live.podradio.fr/

A très bientôt donc !!!!



RedU T1 Ch10 Ep5

Thu, 07 Feb 2013 20:00:00 GMT

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“Je suis un baroudeur qui a déjà voyagé par-delà la Passe. Plusieurs communautés sauvages s’y sont déjà installées, parfois pacifiques, parfois extrêmement dangereuses. Sans parler des aventuriers, des pirates, ou des dangers liés à la configuration géographique de certaines zones..

-Nous comprenons bien votre volonté de nous suivre, Mr Broto, mais une place à bord de l’Exode cela se gagne! Ce n’est pas ouvert à tout le monde.

Comprenez bien que nous garantissons à notre population des ressources durant tout le voyage. Cela ne pourrait se faire si nous acceptions de récupérer tous les migrants de la Galaxie!

-Des ressources Madame? Mais il y en a de l’autre coté, et je connais plusieurs planètes recouvertes d’eau, les zones où se trouvent les mines officieuses de lithium, et certaines fabriques de pain synthétique de la meilleure qualité.

-De l’Eau? Des planètes aquatiques? Peut-on y vivre?

-Hélas Princesse, les conditions d’existence y sont trop difficile et l’eau ne s’y trouve que sous forme de glace, mais bon, qui sait? Je pourrais vous y emmener pour faire un tour!?”

Junta patientait, laissant sa soeur et la Princesse faire la conversation et débitant la pelote du marchant Broto.

Même si l’on considère qu’une partie de ses allégations étaient fausses, l’élément du fuselage d’un astronef extraterrestre dans les mains du politicien, était une preuve indéniable de l’absolu inconnu vers lequel se dirigeait l’Exode toute entière.

Pour lui, rien que ce morceau de métal usiné remboursait le coût, somme toute modeste comparé aux centaines de milliers de passagers, de l’embarquement de Broto et de son serviteur.

“Je peux vous prendre son mon Transporteur Mr le marchant, ainsi que votre garçon. Cela vous satisfait-il?

-Mr Junta, c’est un grand honneur que vous me faites, cependant, certaines affinités, si je puis me permettre, m’inclineraient à demander une place à bord du Transporteur de Madame la Princesse Azala. Madame, je serais votre obligé si vous pouviez accepter de supporter ma présence et m’offrir votre protection.”

Une petite lumière rouge s’alluma dans l’esprit de la Princesse. L’exemple typique d’une demande sortie du contexte, sans raison apparente.

Elle jeta un coup d’oeil à Melba: la suivante restait impassible, en attente.

Broto attendait également, ainsi que Junta et sa soeur.

Le vieil homme, debout devant eux, ne semblait pas avoir tant de raisons de quitter cette place. Etait-il recherché? Voulait-il fuir quelque parrain de la Mafia ou d’anciens amis Pirates? Obtenir une reconnaissance sociale dans la future société d’Antares IV? Que pensait-il obtenir en suivant l’Exode, et pourquoi le Transporteur d’Azala?

Le marchant se proposait de les aider, de mettre ses connaissances au service de tous, et le Transporteur n°7 allait se retrouver en tête de pont parmi les premiers à traverser la Passe de Magellone (Sur l’oreiller, Benkana ne lui cachait pas grand-chose du déroulement des Conseils des Commandants, malgré le secret entourant ces réunions..)

Les intentions floues du marchant contre ses connaissances bien utile quand on est en première ligne..

“C’est d’accord Mr Broto, je vous donne un sauf-conduit pour mon Transporteur, je m’arrangerais avec la Commandant pour vous trouver un coin de chambre et un poste à bord.

-N’est-ce pas plutôt au Commandant Benkana de prendre cette décision, Madame Azala? Vous outrepassez vos prérogatives!

-Allons, allons.. Madame la Princesse est un membre éminent de son Transporteur, elle saura certainement s’arranger avec sa Commandante, d’une manière ou d’une autre..

-Certes Mr Junta, quelque chose comme cela. De combien de temps avez-vous besoin, Mr Broto, pour être prêt à embarquer? Notre Transporteur ne sera à quai que quelques heures seulement..?

-Je n’emporte que le strict nécessaire et Isimel a déjà préparé nos affaires. Laissez moi juste une heure pour vendre mon fond de commerce et je suis à vous!

-Vendre votre commerce en une heure?

-Nous sommes sur Pin’up Princesse, ici tout va très vite! “

Il tapa du pied sur le sol et Isimel sorti chercher un nouveau thé accompagné de pâtisseries, tandis que la servante blonde débuta un savoureux massage des épaules de Junta…
Production: Podshows Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon Narration: Istria Acteur: Raoulito (Junta) Anowan (azala) Istria (Anowane) Blast (Broto) Montage: Horine


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RedU T1 Ch10 Ep4

Sun, 03 Feb 2013 12:23:00 GMT

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“Mais alors si rien n’est à vendre Mr Broto, pourquoi donc nous faites-vous toutes ces présentations?.. Je continue de penser que tout a un prix et que le vôtre serait peut-être le mien pour ce morceau de métal..?” Insista Junta.Mais d’un geste, le marchant confirma sa réponse:

“Mr Junta, je peux parfaitement comprendre que vous vouliez récupérer cette pièce si intrigante, mais je me permet de vous rappeler que ces marchandises n’ont pour moi qu’une seule et unique valeur: la symbolique qui fait vibrer le collectionneur que je suis!

-Vous êtes bien le premier marchant que je connaisse qui refuse de vendre quelque chose..?

-Madame, vous ne connaissez sans doute pas beaucoup les marchands de Pin’up. Nous sommes une caste.. A part.. Oui bien sûr, venant de MaterOne vous ne comprenez pas..

Mhmmm..

Tenez, prenez cette pièce de métal justement… Elle m’a été donné par un autre marchand qui aurait tout à fait pu la vendre à prix d’or à toute personne recherchant des traces de civilisation extraterrestre! Et pourtant non, il me l’a offert car, il y a longtemps, pour une autre affaire de ce genre, je l’avais sorti d’affaire autour d’une histoire de cargaison volée. Ce Marchand tenait lui-même cet objet d’un groupe d’aventuriers sans foi ni loi, nous parlerons de pirates si vous voulez, qui avaient égorgé toute une famille pour récupérer cet artéfact! Mais un soir, complètement saouls dans un pub il se sont entretués et le dernier porteur de ce “trophée” est mort dans les bras de mon ami..”

Broto pris l’objet et le regarda, pensivement, le tournant dans ses mains..

“Ici, nous pouvons mourir aussi vite que nous pouvons devenir riche, et je sais que cela peut être étonnant de votre point de vue, mais certaines choses non pécuniaires peuvent avoir plus d’importance que l’argent..

..

..Le cadeau d’un ami par exemple..”

Il le tendit à Junta pour que celui-ci le voit de plus près.

Celui-ci tourna à son tour l’objet dans ses mains, touchant la surface matte et irisées d’où transparaissaient des circuits imprimés lui courant tout le long..

Léger comme une plume, robuste comme le titane.. Aucun doute n’était possible, il s’agissait du même matériau que ceux récoltés autour de Vegas IV.

Si l’on prêtait fois aux allégations du marchand, l’astronef d’où provenait ce reste s’était craché contre une montagne, peut-être suite à une avarie.. Et s’il s’agissait du même engin? La faculté de réaliser des micro-transitions était proprement stupéfiante, mais jusqu’à quelle distance? Ici il s’agissait de plusieurs milliards d’années-lumière!

Prenant un air aussi détaché que possible, le politicien enchaina en direction de sa sœur:

“A ton avis: un objet trouvé, puis une famille égorgée, puis un groupe de pirates qui s’entretue et enfin un marchant le rapportant sur Piñata et le donnant à Mr Broto qui réalise une datation.. Combien de temps pour que tout cela se réalise?

-Plusieurs mois au minimum..

-Plusieurs années Messieurs-dames en fait! J’ai cet objet en ma possession depuis un an et il avait été découvert une année plus tôt d’après les recoupements d’information..

-Deux ans hein..? Bien..”

Exit la théorie du même astronef que celui rencontré sur Vegas IV. Donc la pire des théorie se dessinait: un nombre élevé de chasseurs auto-transitionnels, furtifs, extrêmement maniables et bien armés.

Etait-ce lui ou la température de la pièce montait-elle?

Et si l’on poussait plus loin? Un usinage aussi pointu, une conception et une technologie aussi en avance: pourquoi s’arrêter aux chasseurs? Des croiseurs de guerre de cette matière, des armadas de vaisseaux de la taille des Transporteurs prêts à la bataille!

De la sueur coulait le long de son épine dorsale..

“Ça va? Tu ouvres de grands yeux et tu transpires devant ce bout de métal?!” Interrogea sa sœur, un soupçon d’inquiétude dans la voix.

Mince! Azala était à coté et observait tout, la Princesse était une redoutable observatrice et aucun détail ne lui échappait!

“Heu.. Oui oui, je me demande si je ne suis pas encore sous le charme de la pierre Mentale de tout à l’heure!”

Reposant l’objet dans les mains toujours offertes d’Isimel, Junta repris sa cigarette et la termina très vite, s’en faisant allumer une autre par la servante blonde au décolleté plongeant dont les charmes étaient désormais parfaitement inopérants sur le commandant.

“Et donc, Broto, rien à vendre? Bon et bien c’est un peu comme une séance de cinéma que vous nous avez proposé? Un plein de rêve?

-Pas tout à fait Mr le Commandant..”

Et il tapa du pied trois fois.

Le jeune homme à la peau huilée déplaça le grand plateau doré au sol, et se redressa, tenant toujours le morceau de métal dans la main. Il lui remis son emballage en se rapprochant de Junta. Arrivé à sa hauteur, il déposa l’objet avec délicatesse devant lui puis recula, ramassa le plateau avec les autres reliques, et vint se placer dans la semi obscurité au fond de la pièce.

L’esprit de Junta ne fît qu’un tour et se tournant vers Broto il demanda:

“Un cadeau Mr le marchant collectionneur? Et que voulez-vous en échange?”

Onawane commençait à s’inquiéter fermement alors qu’Azala posait déjà sa main sur l’épaule de Melba, celle-ci prête à toute éventualité.

Le vieux marchant se racla la gorge et avala une gorgé de thé chaud.

Il fit tourner le verre dans sa paume, observant le liquide ambré évoluer en rond puis déclara:

“Une place à bord de l’Exode pour moi et Isimel Monsieur. Laissez-nous partir avec vous..”

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: Anna
Acteur:
Raoulito (Junta)
Anowan (azala)

Istria (Anowane)
Blast (Broto)

Montage: Horine


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Report d’une semaine CH10ep04

Sun, 27 Jan 2013 10:35:00 GMT

Pour des raisons indépendantes de notre volonté, mais de la faute de votre serviteur puis d’une série de petits retards accumulés, nous ne pouvons vous offrir l’épisode 4 cette semaine.


Toute l’équipe présente ses excuses.
Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite donc..



RedU T1 Ch10 Ep3

Sat, 19 Jan 2013 20:36:00 GMT

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“Je me propose de vous laisser flâner dans mes étals quelques minutes, le temps que je prépare mes plus belles pièces, messieurs dames!” précisa Broto en s’inclinant devant ses hôtes.

“N’hésitez pas à demander à mes aides conseils ou recommandations! Je reviens..”

Azala fit quelques pas pour se placer aux cotés de Junta qui assistait sa soeur dans l’étude de quelques poteries soit-disantes très anciennes de MaterOne.

“C’est vrai que la technique employée est ancienne, mais de là à dire qu’elle ont plusieurs milliers d’années, je doute qu’on puisse alors les retrouver ici!

-Certainement qu’un test au Lithium 111 aiderait. Veux-tu que je fasse venir un spécialiste? J’ai monté une petite équipe dans ce domaine récemment sur mon Transporteur.

-Vous vous intéressez aux vieilles pierres que l’on trouve en chemin Mr Junta? C’est un hobby passionnant que je pratique également..

-Mme Azala, ce sera un plaisir de partager nos passions communes… Encore faudrait-il qu’il n’y ait pas de quiproquo vis à vis de votre Commandant. Elle pourrait sortir ses griffes trop vite!”

La Princesse eut un petit sourire et noua ses mains dans son dos, se balançant sur la pointe de ses petits pieds, présentant une moue d’enfant.

“Oui je vous comprend, elle était particulièrement de mauvaise humeur ces derniers temps. Je crois savoir que votre Réunion des Commandants a été mouvementée?

-Ces informations sont secrètes Princesse, nous ne pouvons discuter librement là-dessus, un communiqué officiel a déjà été rendu public.”

Sèchement, la Lieutenant-Colonel venait de clore la conversation, son frère se perdit alors dans la contemplation d’un anneau en métal rouillé. Broto arriva sur ce fait: “Voilà, je vous remercie de m’avoir attendu! Si vous voulez me suivre, la salle de présentation est prête!”

Le petit groupe suivi le vieil homme, Melba fermant la marche. Il pénétrèrent dans un petit réduit masqué du reste des étals par plusieurs rangées de rideaux de soie colorée aux motifs raffinés. Des accroches dorées reflétait les rayons de lumière tamisées, exaltant de magie le lieu, au fur et à mesure qu’ils avançaient.

Des odeurs d’encens embaumaient l’atmosphère, à la limite de l’entêtant..

Vraiment Broto avait mis tous les atouts de son côté pour impressionner ses invités!

Les derniers rideaux écartés, ils se retrouvèrent dans un salon typé culture Brune, avec de grands coussins moelleux, des tapis épais couvrants sols et murs ainsi qu’une petite table dorée au milieu de laquelle trônait une théière fumante, accompagnée de plusieurs verres.

Ses hôtes tout juste installés, il tapa deux fois du pied au sol et un garçon musclé habillé de cuir, au corps huilé, fit son entrée de derrière une quelconque issue discrète, portant au-dessus de lui un grand plateau d’or ciselé empli de multiples paquets.

S’arrêtant en retrait de la table, il s’accroupit en tailleur à même le tapis du sol et posa le grand plateau sur ses cuisse. Puis, stoïquement, courba la tête et attendit.

“Un fidèle parmi les fidèles Messieurs-Dames, il s’agit d’Isimel: un jeune garçon sourd muet que j’ai sauvé d’un vaisseau de secours en flamme quand il n’était qu’un nourrisson. Il est comme mon fils voyez-vous..”

Et Broto caressa doucement la tête du jeune garçon, descendant un peu trop bas dans le creux des épaules, une tendresse pas tout à fait neutre dans le regard. Azala tiqua, se demandant jusqu’où le vieil homme prenait à cœur son rôle de père..

Alors que le marchant servait le thé aux herbes raffinées, il tapa à nouveau du pied et Isimel se réveilla pour déballer le premier objet de sa protection puis le présenter en offrande, mains jointes et tête à nouveau courbée, aux quatre Exodés assez gênés par cette apparente soumission.

“Voici la première pièce de ma collection. Elle provient d’une carrière à plusieurs mois de Transition hyperspatiale au-delà de la Passe. Il s’agit d’une compression extra-solaire de carbone d’une beauté inouïe!”

L’objet luisant, d’un noir profond, était veiné de micros filons de diamants lui donnant un sorte de vibration visuelle effectivement très troublante.

Etrange minéral, à la fois graphique, carbone et pierre précieuse. Mais quelque chose d’autre émanait de lui..

“Il y a une émanation, un son Mental Mr Broto, n’est-ce pas?” commenta Onawane, le regard perdu dans la pierre.

Azala ne pût retenir un tressaillement: oui c’était cela! Comme un murmure résonnant en haut de sa nuque, elle sentait quelque chose..

Coup d’œil en coin: la Lieutenant-Colonel était bien plus sensible aux choses de l’esprit que la moyenne habituelle des soldats..

“Effectivement Madame! La pierre extraite de cette carrière aurait des propriété anthropiques résonnant psychiquement mais de manière naturelle! On est encore à la recherche d’application dans le domaine Mental mais je dois bien vous avouer qu’il existe peu de Mentaux capables de nous aider…. Passons à la seconde pièce voulez-vous?”

Nouveau coup de pied sur le sol et Isimel rangea le premier paquet dont le son disparu bizarrement alors qu’il l’emballait. Il prit le second objet, le déballa et se replaça en position d’offrande.

Une petite statuette, à moitié détériorée par le temps, dont un seul début de bras subsistait encore et dont la tête n’était qu’un ovale un peu trop allongé en comparaison des proportions humaines.

“Elle est en argile et elle a été découverte par hasard dans le sol d’une planète inhabitable à quelques encablures de la Passe. La datation au Lithium 111 a surpris tout le monde: Sept millions d’années! LE propriétaire l’a perdu ainsi que sa vie dans un des bordels proche des quais. Heureusement des connaissances de votre serviteur n’étaient pas loin et ils m’ont fait parvenir ce petit bijou!

-Sept millions d’années? C’est impossible Mr Broto! Nos ancêtres n’étaient pas ici à l’époque!

-Je sais Madame, de même que la planète d’où vient cette relique est proprement invivable pour l’Homme. Et pourtant..

-Mr le marchant, le rêve fait bien partie de votre métier, nous en sommes conscients, mais soyez honnête: vous croyez vraiment que nous achèterions un objet décrit comme tel simplement en vous faisant confiance, je pense que..

-Excusez-moi de vous interrompre Princesse, mais.. Je n’ai jamais dit que ces reliques étaient à vendre.”

Silence..

Junta sorti une cigarette et claquant des mains, Broto fit entrer une servante en toge qui vint se pencher devant le politicien un briquet à la main pour.. La lui allumer.

Nouveau coup de pied au sol et Isimel se réanima, emballant l’étrange statuette.

Humant sa cigarette, le Commandant du Transporteur n°4 se laissa couler en arrière dans les profondeurs du coussin moelleux, les yeux dans le décolleté généreux de la servante qui restait postée devant lui, les yeux envoutants..

“Mais qu’est-ce que c’est que cela Mr Broto? Un morceau de métal noir?

-Oui Princesse, un élément d’un ensemble de restes trouvés contre une montagne près de la Nébuleuse glacée, à deux semaines de Transition de l’autre côté de la Passe.. Vous noterez son aspect matte, ses nervures, régulières, comme usinées sous la surface. Je vous avoue que la datation n’a rien donné de probant.

-C’est à dire? Le Lithium 111 est notre méthode la plus précise pour dater n’importe quoi?!

-En fait pour être honnête, le résultat en a désorienté plus d’un et c’est la raison pour laquelle tout ceci est resté caché… D’après les test effectués, et malgré qu’elle n’ait pas été conçue par l’Homme, cette pièce nous est.. contemporaine.”

Junta, sorti de sa rêverie et, écartant galamment la belle femme en la prenant par les hanches, il observa l’objet de toutes les attentions..

… Et se figea net!

L’objet en offrande dans les mains du jeune garçon était un morceau de vaisseau identique aux débris récoltés lors de l’incident autour de Vegas IV, où un astronef d’origine inconnue avait pu mettre Décembre et ses redoutables chasseurs en déroute !

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: Anna
Acteur:
Raoulito (Junta)
Anowan (azala)

Istria (Anowane)
Blast (Broto)

Montage: Horine


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RedU T1 Ch10 Ep2

Fri, 11 Jan 2013 20:32:00 GMT

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Le politicien Junta jonglait entre les chargements de caisses de toutes sortes pour le ravitaillement du Transporteur à quai. Il avait prit une navette pour atteindre discrètement la Station, répondant à la demande de sa sœur, de parcourir les fameux Souks de Piñata.

“Nulle part ailleurs qu’à Piñata” disait le slogan et cela exerçait sur les foules une attraction irrépressible. Son Transporteur ne serait que le quatrième à s’amarrer et celui d’Onawane le cinquième dans la liste: autant dire que plusieurs jours allaient s’écouler avant leur tour et si les Commandants de vaisseaux avaient bien un privilège, c’était de pouvoir vaquer quand et où bon leur semblait!

“De mes souvenirs de reportages, il se trouve dans ce Souk des marchandises de la totalité de l’espace connu et de nombreuses reliques plus ou moins attestées de l’Univers au-delà de la Passe!

-Sans vouloir te décourager, je crois savoir que les infrastructures de la Station ne sont guère prévues pour tant de monde en même temps. On risque d’être vraiment bousculé!

-Alors mon cher frère, tu vas pouvoir me démontrer tes magnifiques aptitudes de débrouillardises en milieu inconnu?

-Evidement, j’ai mes sources.. Pin’Up ne m’est plus tant inconnue que cela!”

Et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent au milieu des caissons étanches circulants dans tous les sens, approvisionnant l’Exode.

Au détour d’une colonne de tubes fluorescents, Junta ouvrir un sas qui donnait sur un couloir froid, semblant s’allonger indéfiniment dans le silence de l’obscurité des entrailles de la Station.

Ses informateurs lui avaient dit qu’il s’agissait d’un passage spécial pour les contrebandiers, ressortant directement au coeur de la Station, dans les lieux touristiques des centaines d’échoppes du Souk.

Prenant une barre à mine, il tapa trois coup le long de la tringle descendante et après une petite minute de patience, un gros type patibulaire aux geste brusques, le visage tranché d’une longue cicatrice rougeâtre, fit son apparition.

“Deux, sans aucun chargement, jusqu’au Souk” prononça simplement le politicien en tendant un billet de banque.

L’autre prit avidement l’argent, et sans même parler, fit demi-tour les mains serrées autour de la rétribution, leur faisant signe de l’autre main d’aller où ils voulaient.

“Et voilà, on a un sauf conduit!

-Incroyable! Mais comment as-tu..? Oui bon, tes renseignements sont toujours précis et corrects, c’est cela?

-Exactement, c’est cela! Et nous avons vingt minutes de marche pour y arriver…”

Leurs pas résonnèrent dans l’obscurité, s’éloignant doucement…

“Je prête une attention toute particulière à ce qui vient de l’autre coté. Certes comme tout le monde ici, mais je recherche en priorité les objets incongrus, propre à intéresser les amateurs de curiosités.”

La marchant Broto devançait Azala mais lançait régulièrement une oeillade derrière lui, comme pour confirmer que son public le suivait. La Princesse et sa suivante éprouvaient le plus grand mal à tenir le rythme de marche de leur guide: celui-ci n’avait pas hésité à quitter le corridor des services officiels pour avancer à marche forcée au travers des ruelles plus inquiétantes et ragoûtantes les unes que les autres.

“Mesdames, je vous prie de me faire confiance. Surtout ne me quittez pas, tous les lieux de Pin’up ne sont pas sûrs..”

Azala jetait des coups d’oeil dans le prolongement des croisements de rues, et les informations qu’elle avait obtenu sur cette station étaient malheureusement exactes: aucune administration fiable ne gérait cet endroit. Les grands patrons des casinos et des lieux de prostitutions formaient une castre dominante qui n’avait qu’un seul but: accumuler le maximum d’argent de ceux qui transitaient par là.

Un gros noir ventru s’appuyant sur deux femmes maigres et dénudées, apparu dans un recoin du chemin. Il tendit nonchalamment un phallus énorme en direction d’Azala, murmurant des propos obscènes. Vive comme l’éclair, Melba réagit, enfonçant son talon gauche dans les testicules offertes. Couinant de douleur, le noir se plia en deux tandis que les deux prostituées tournaient autour de lui en glapissant, complètement perdues, les yeux affolés fixant le vide..

Broto apparu soudain, et, avec autant de tact que possible, entraina ses deux invités au loin..

“Et là on est où?

-Normalement juste à coté de la place centrale. Attention, je vais ouvrir..”

En haut d’une petite échelle métallique, Junta donna un coup d’épaule pour déplacer le sas rond au dessus de lui.

Un grincement sourd puis l’objet se souleva.. Pour se plaquer immédiatement au sol, faisant naitre un juron chez le politicien qui venait de se cogner la tête.

“Mais qu’est ce qu’il a ce sas”?

Malgré plusieurs essais, il fût évident qu’on ne pouvait le soulever de quelques centimètres plus d’une seconde ou deux..

“Il y a peut-être quelque chose dessus?

-Mais non c’est.. Bon sang, mais oui !

-Il y a donc bien quelque chose dessus !

-Pire que cela, vient !”

Entrainant sa soeur, Junta parcouru une centaine de mètres, puis tourna à gauche et remonta une nouvelle échelle. Le sas au dessus d’eux s’ouvrit normalement cette fois, et il purent remonter.. Pour se retrouver à l’intérieur d’une sorte de remise, remplie d’un bric à brac fantastique d’objets en tous genres, recouverts de plusieurs centimètres de poussière.

Onawane éternua immédiatement, ce qui ne fit qu’envoyer plus de poussière dans l’air!

“kof, kof! On sort d’ici hein?! kof! kof!

-Oui, attend la porte est coincée, kof! Je vais forcer!

-kof!, dépêche-toi!”

Mais, fermée de l’extérieur, la porte de la remise refusa, à son tour, obstinément de s’ouvrir.

“Bon je redescend! kof, kof! Toi et tes idées!”

Une minute plus tard, Onawane et Junta faisaient le point, assis sur une canalisation, dans la semi obscurité du corridor inférieur.

“En fait la première sortie doit surement donner sur un lieu de fort passage piéton, elle n’aurait pas dû mais l’arrivée de l’Exode a probablement modifié la fréquentation de certaines zones. Voilà pourquoi le sas refusait de s’ouvrir, c’était tout simplement la foule qui le piétinait!”

La militaire essuyait les quelques larmes dues à l’excédent de poussière qu’elle avait inhalé, parfaitement sourde aux explications de son frère..

Soudain elle se tendit, écoutant le silence:

“Quelqu’un vient ici..”

Et en effet, des pas et une torche se rapprochait. Si une rencontre en ce moment pouvait bien leur être salutaire, elle pouvait également leur être extrêmement déplaisante!

La lueur approchante les illumina alors et les pas s’arrêtèrent net.

“Mr Junta?

Cette voix..? Princesse Azala?

Mais qu’est ce que vous faites ici?!” grogna une voix rude: devant eux se tenaient le marchant Broto, la Princesse Azala et sa suivante Melba.

Après de rapides explications, Broto précéda le petit groupe sur l’échelle métallique puis dans la pièce poussiéreuse. Il souleva nonchalamment une planchette au sol dissimulant un bouton et appuya dessus. Dans un déclic des plus normal, la porte s’ouvrit et tous purent pénétrer dans un intérieur de magasin où de nombreux visiteurs chinaient déjà.

Devant le regard bouillonnant d’Onawane dirigé contre la tête penaude de Junta, il ajouta:

“Soyez les bienvenues dans ma modeste boutique!”

Et d’un grand éclat de rire fort et profond il conclu la petite traversée.

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: Istria
Acteur:

Raoulito (Junta)
Anowan (azala)

*Istria (Anowane)
Montage: Andropovitch


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RedU T1 Ch10 Ep1

Fri, 04 Jan 2013 20:00:00 GMT

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La station “ Piñata et Grande ” n’avait encore jamais connu d’affluence comme celle de ces derniers jours. On se souvenait de l’arrivée de réfugiés d’un paquebot de luxe, percuté par une météorite, dont les milliers de passagers avaient été transférés en urgence sur la station. Mais cela n’avait rien à voir avec les centaines de milliers d’Exodés à bord des sept Transporteurs, dont un seul à la fois pouvait s’amarrer faute de place et de systèmes appropriés !

Les rues principales étaient bondées, les touristes, comme les locaux, serrés les uns contre les autres et on comptait déjà de nombreux cas d’évanouissements, de crises de nerfs ou de claustrophobie. Les préparatifs pour la venue de cette marée humaine n’avaient pas été à la hauteur de l’événement, et c’était en urgence qu’on ouvrait des chemins d’accès, parfois assez ésotériques, traversant des habitations ou des boutiques, mais qui permettaient aux secours et services officiels de se frayer un passage au travers des quartiers.

La Princesse Azala progressait le long de ces corridors aux multiples nuances de couleurs et de formes, admirant ici des objets d’art plus ou moins originaux, là la décoration intérieure d’une habitation dont la tenancière avait débarrassé rapidement les tapis, meubles et pots de plantes plastiques entre les deux portes percées de part et d’autre de son salon.

Melba, sa gouvernante la suivait de près, partageant idées ou amusements, mais gardant l’œil alerte, prête à bondir si sa maîtresse risquait le moindre danger dans ce lieu connu également pour être un repère de brigands et de dépravation.

Un groupe d’infirmiers les doubla rapidement, transportant une civière sur laquelle un homme délirait. Encore un cas de crise quelconque: l’idée même d’ouvrir les portes des Transporteurs sur Piñata était mauvaise mais forcée par le moral des populations de ces immenses vaisseaux qui voyaient là le moyen de faire leurs adieux à l’univers humain connu. On allait certainement recevoir des plaintes de braquage, de vol, de disparition, peut-être même de viol ou de meurtre!

Et encore, Azala se refusait-elle à formuler une statistique des arnaques en tous genres destinées à vider les porte-feuilles des dernières monnaies de MaterOne y trainant.

Justement, au détour d’un magasin de vêtements, un petit homme jovial, plutôt âgé, restait statique, attendant dans l’encadrement d’une porte fraichement découpée, les mains jointe en attitude de prière..

“Princesse Azala je présume? C’est un plaisir de vous accueillir à bord de la station Piñata el grande.” Déclara-t-il posément d’une voix dénotant le respect.

“Le plaisir est partagé Monsieur..?

-Broto, je suis le marchant Broto, fournisseur en toutes choses, et si Madame me le permet, guide des plus efficaces de cette Station!

-Je regrette mais je ne pense pas que nous ayons besoin d’un guide Monsieur Broto. Piñata n’est guère plus grande qu’une de nos cités intérieures et nous ne restons pas longtemps.”

Broto parti alors d’un rire profond, de ces rires habitués aux pubs et aux grandes soirées de chants et de bières ne finissant jamais.

Déjà Melba glissait par-devant sa Princesse, serrant un poing et tendant les doigts de l’autre main, telle une lame..

Le marchant leva alors les mains dans une position apaisante, tentant de s’expliquer:

”Hê Hê Hê.. Allons Madame, permettez-moi de vous expliquer avant que votre cerbère ne me tranche la gorge. Pin’up est une station disparate, dangereuse mais passionnante si l’on sait où chercher. JE sais où chercher et j’en connais les pièges. J’ajoute que votre intérêt pour les Arts et l’Histoire est connu jusqu’ici et que je considérerais comme un honneur de vous amener là où bon vous semblera, du moment que vous me dite au préalable où va votre curiosité…”

Terminant son allocution par une pose de déférence, tête courbée et main droite contre le torse, Broto ne bougea plus, attendant patiemment.

La Princesse toucha alors doucement le bras de Melba, qui se détendit, et ajouta:

“Monsieur le Marchant Broto, nous sommes très intrigués par ces fameuses pièces inédites provenant de l’autre coté de la Passe de Magellone. On dit que certaines sont hors de toute compréhension. Sauriez-vous où en trouver?

-J’en possède dans mon humble échoppe Madame, il s’agit d’une de mes spécialités..” ajouta-t-il en relevant la tête, un sourire au coin des lèvres..

Production: Podshows
Ecriture & Réalisation: Raoolito, Icaryon
Narration: Icaryon
Acteur:

Anowan (azala)
Istria (Anowane)
Montage: Mt Ice


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Red Universe: Playlist Chapitre 9 « Pin’Up »

Sat, 22 Dec 2012 17:35:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores du chapitre n°9 « PIN’UP ».

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans cette neuvième partie:


  • le thème du mystérieux « Mr Heir »: « skysonic Destiny – radioactive Clouds » de Tunguska Electronic Music Society, alb « chernobyl retrospective »

  • Le fameux thème Mutualiste: « Xcentric Noizz – trinity » de Tunguska Electronic Music Society, alb « chernobyl retrospective »

  • Le thème de la Station « Pin’up« « Something in the ether » de Scabeater alb »necrology »

  • Le thème » Le Conseil des Commandants » « Voices » de MOOD, alb « drums of love«

On se retrouve en Janvier 2013 avec votre série qui reprend pour le Chapitre 10 !

(Commenttez à mooort, et nous on aimera çà toujours! :P)

Bonnes fêtes de fin d’année..



RedU T1 Ch9 Ep14

Fri, 21 Dec 2012 21:39:00 GMT

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“Nous en avons trouvé une dans nos soutes. Elle était dissimulée dans des caisses de vin de framboise. Deux hommes sont morts et trois grièvement blessés avant de la neutraliser. Les autres recherches n’ont rien donné..” termina Junta.

Ainsi d’autres sondes militaires de renseignement et de destruction étaient belles et bien dissimulées au sein des vaisseaux de l’Exode!

Onawane poursuivi:

“Nous n’avons rien trouvé de parlant de notre coté, cependant, une partie des batailles s’est déroulé du coté des entrepôts, avec son cortège d’explosions et de destructions. Des témoins racontent qu’un groupe de pirate semblait combattre un peu à l’écart du gros des batailles. Il est possible qu’ils soient tombés par hasard sur une sonde.

-Et a-t-on retrouvé quelques débris ou autre?” Questionna Décembre, organisant méthodiquement l’énoncé de tous les rapports des Commandants.

-”Non, mais effectivement les traces de blessures sur les cadavres font penser à celles décrites dans les rapports du transporteur n°5. J’ajoute que parmi des débris fumants d’un stock de lithium, on a retrouvé un pack de circuits qui pourrait parfaitement être une partie du système neuronal de cette machine.

-Au moins ces pirates ont-ils fait eux-même le ménage.. Nous n’avons rien trouvé nous-même, malgré une fouille attentive et en règle de ce Transporteur. Je vous avoue que cela ne me rassure pas. Sterling Price?”

L’autre ne releva pas “l’oubli” de la mention du grade et fit son rapport:

“Rien d’autre qu’une seule sonde. D’après mes souvenirs des notes d’utilisation optimale de ces machines intelligentes, une seule doit être placée par zone sensible, elles risqueraient de se combattre elle-même sinon. Cependant il s’agit ici de nouveaux modèles, on ne peut donc guère que supposer, à ce stade.

-C’est fâcheux.. Colonel Arlington?

-Rien, pas de trace ni de meurtre, nous poursuivons nos recherches d’indices en permanence.

-Colonel Hill ?

-Rien non plus, nous avons tout fouillé. J’ai ordonné de mettre à jour tout le réseau de caméra et de surveillance des entrepôts, et de multiplier les rondes et les points de contrôle. Si elle sort de son trou nous devrions la débusquer.

-Ha oui, les fameuses caméras. Les rumeurs sur une surveillance accrue de votre Transporteur étaient donc fondées Colonel?” Attaqua, à nouveau, Junta, semblant vouloir faire payer à JFHill les excuses de sa soeur.

”Effectivement. Je suis d’ailleurs toujours aussi surpris qu’une action gardée secrète et ne concernant que la sécurité de mon Transporteur puisse se retrouver si rapidement dans les nouveaux médias de la Flotte.

Vous qui êtes si bien renseigné, n’auriez-vous pas des informations à ce sujet?

-Hô Colonel, mes exploits ne sont pas à la hauteur des vôtres, vous savez, je n’arrive pas à percer le silence journalistique. Après tout, ils ne font que leur travail dans cette histoire.

-Et ne seriez-vous pas un peu au courant des prochaines interventions de la chaîne ExOneMédia dans l’Exode? Je serais curieuse de savoir de qui votre ami Ted Maos’n va aller piétiner les platebandes!” rugit Benkana, l’air mauvaise.

Le petit manège de la soit-disante liberté de l’information n’avaient pas échappé aux Commandants de l’Exode, et une rapide enquête, ou simplement la question “A qui profite l’action de ces chaines d’information ?“, suffisait pour remonter à Junta et ses intrigues politiciennes.

“Allons Commandant, vous recommencer à perdre vos moyens. Je ne suis pour rien derrière l’actualité.

D’ailleurs en parlant d’actualité, vous en avez bien fait partie ces dernières semaines!? Que sont donc advenus .. Heu, attendez je l’ai noté…. Voilà: Phil Goud & Adénor Kerichi?

-Ils vont bien.”

Junta ne répondit surtout pas, laissant la réaction parvenir dans le Conseil. Ses vieux amis seront obligés d’intervenir. Il attendit, un sourire en coin sous ses yeux plissés de serpents.

JFHill prit sur lui d’être celui qui parlerait:

“Aurora, tu ne peux pas enfermer ou garder éternellement Phil et sa maitresse comme cela, tu le sais bien.

Qu’as-tu comme projets?

-Des.. Projets ?” Benkana leva les yeux vers le plafond de la salle de réunion, observant le rythme des petites lumières clignotantes du système de climatisation..

Elle croisa les bras, inspira, et sembla se détendre imperceptiblement..

“Soit.. Que le Conseil décide de leur devenir. Mais une chose est sure: je n’en veux plus à bord de mon Transporteur!

-Cela ne devrait pas poser de problème Commandant “ intervint Sterling Price, plus conciliant que jamais. “Ces deux personnes sont coupables d’actes de rébellion, de fuite, de prise d’otage et de résistance à l’ordre publique. Y-a-t-il quelqu’un qui en veut à son bord? Sinon nous devrons les laisser sur Piñata El Grande et charge à eux de suivre leur voie..?

-Colonel Hill, il me semble que l’un d’entre eux est de vos connaissance non?” posa tranquillement Onawane, mais ne lâchant pas les yeux de la Commandant.

On sentait bien qu’entre ces deux-là il allait falloir rester vigilant, pensa Momumba. Avant que JFHill ne réponde, il enchaîna à voix haute:

“Je les prend à bord de mon Transporteur. Ce sont des personnes connues, rebelles et pleines de contradictions! Ce genre de caractères égayera mes soirées!”

Puis se tournant vers Benkana, il ajouta “ Je te propose de me les envoyer au plus vite ?

-Avec plaisir, çà sera fait sous deux jours.

-Deux jours, Commandant? Il me semblait que vous ne les vouliez plus à bord de votre vaisseaux?

-J’ai dit deux jours. Il ne leur arrivera rien, rassurez-vous. Contrairement à ce que vous insinuez, je suis une.. Hôte de la meilleure espèce, Monsieur Junta..”

Une dernière confrontation de regard entre Benkana, Junta et sa soeur, et le Général Décembre décida qu’il était temps de conclure, surtout avant que Price ne le décrète à sa place!

“Hê bien voilà qui est réglé!

Je pense que nous avons abordé tous les problèmes et questions en suspense pour l’avenir.

Nous aurons donc individuellement des réunions conjointes pour préparer les transferts de personnel, matériel et nos stratégie de traversée de la Passe.

Le départ aura lieu d’ici quatre jours environ, suivant l’évolution des approvisionnements entre autre. Restons vague sur la date du départ, cela peut toujours nous donner une avance sur de possibles attaques de pirates.

Je déclare donc cette troisième séance du Conseil des Commandants close. Nous nous retrouverons tous de l’autre coté de l’Univers si tout va bien…

En tant que Président de ce Conseil, mais également en tant que militaire et en tant qu’homme, je nous souhaite à tous l’Union et la Réussite pour notre entreprise…

…N’est ce pas Colonel Sterling Price?” ajouta-t-il avec un visage avenant.

Price sourit et courba légèrement la tête en signe de salut et de remerciement.

Momumba regarda se lever et sortir tous les participants, prodiguant encouragements et remerciements, saluant platement Junta et sa soeur. Il resta seul dans la pièce, humant l’atmosphère de tension passée.

Mais dans quel état allait arriver l’Exode, cette unité acquise sous l’effet d’une menace commune sur MaterOne mais qui dorénavant semblait se fissurer?

Comment garder tout ce monde, toutes ces visions, soudées..?

Décembre passa la tête par la porte:

“Alors Soldat, on reste pensif? Venez donc avec moi, je vous invite à notre petit meeting devant un déjeuner.

L’adversité, mon ami! Rien de mieux pour connaitre et souder les hommes..!!”

Et voilà, tout était dit! Momumba Arlington suivi le Général dans le couloir, tandis qu’un steward vint débarrasser la table. Puis il éteignit les lumière et, en sortant, ferma la porte de la Salle de réunion.

FIN DU CHAPITRE 9


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RedU T1 Ch9 Ep13

Fri, 14 Dec 2012 22:49:00 GMT

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Le temps s’écoulait. On avait abordé la trajectoire du voyage dans la Passe, les quantités de fournitures par priorité, les montants alloués à chaque Transporteur, intimement liés aux dons des Exodés mais également à la rente allouée par MaterOne pour faciliter le départ de tous ces opposants.

Il restait cependant la répartition des chasseurs et autres croiseurs pirates qui avaient été absorbés par le Flotte de l’Exode suite à la bataille du Transporteur n°2.“ Je propose de lier cette comptabilité à un choix de formation des Transporteurs pour la période de la traversée de la Passe.

Personnellement je ne pensais pas que les pirates oseraient attaquer des vaisseaux de la taille de nos Transporteurs, je vous accorde que depuis l’affaire de la Station n°1 avec les tentatives d’infiltrations que Mr Junta a endigué avec brio, mais également l’épisode dramatique de la bataille de Basavech contre le .. Comment s’appelait-il déjà?

-Le Sénéchal Petrovach,” compléta JFHill, pensif, les yeux dans le vague, “C’est un homme cruel et sans pitié, donc un puissant chef pirate! Il avait, à lui seul, monté une des plus grandes flottes de la piraterie..

-Et vous l’avez laissé filer?” ajouta perfidement Junta. “Je trouve que cela n’est pas très..Préventif!”

Un silence.

Au bout de plusieurs secondes, Sterling-Price souleva un sourcil en direction de son ami, intrigué par ce mutisme.

“Il n’y a pas que Petrovach chez les pirates. Nous n’aurions guère pu que le remettre aux autorités de la station Piñata, et celle-ci se serait empressé de le libérer, pour éviter les représailles. De plus je pense que celui-ci est dorénavant aux prises avec d’anciens rivaux qui peuvent profiter de sa faiblesse actuelle pour le démettre.

Je ne serais pas étonné que sur Piñata, nous aillons des échos de guerres de clans internes, et que celles-ci nous auraient peut-être protégé ces derniers mois en occupant les pirates ?”

Momumba ignorait cette connaissance aiguë du Colonel du monde de la piraterie. En fait, à bien y réfléchir, il ne connaissait pas grand-chose de la vie passée de ses amis de la Révolution Castiks! Il serait, par exemple, bien en peine de faire le curriculum vitae précis de Benkana avant qu’elle n’intègre les rangs de la Rébellion.

C’était amusant: lui, l’homme des codes et des transmissions, ignorait beaucoup de choses de ses propres amis intimes!

“Pour déjouer les pirates, il faut se regrouper, nous n’avons gère le choix. Et en répartissant les croiseurs, disons un par groupe, on obtiendrait trois groupes de Transporteurs. Cela pourrait marcher, je pense..”

Onawane était une expert en stratégie, et celle-ci avait le mérite d’apporter une réponse simple et pratique au premier abord, mais..

“Et pourquoi pas tous en même temps? Sept Transporteurs, trois croiseurs et une quinzaine de chasseurs de tous gabarits, cela devrait faire réfléchir nos ennemis potentiels, non?

-Hélas Colonel, j’ai peur que cela ne tente les pirates à s’unifier pour réussir – coûte que coûte- à manger un morceau du gâteau. Rien n’attire plus les meutes de loups qu’un troupeau de brebis et de moutons, même gardés par deux ou trois chiens.

-Price a raison, je vote pour trois groupes de Transporteurs! Qui est de mon avis?”

Les mains se levèrent, et Sterling Price, ainsi que JFHill se rangèrent du coté des groupes de vaisseaux, quand Momumba et Benkana s’abstinrent.

Le Colonel Arlington voyait un autre risque: celui de désunir encore un peu la Flotte de l’Exode, les partisans d’un système royaliste et libéral allaient se mettre entre eux, les anciens révolutionnaires allaient faire de même et qu’arriverait-il après..?

Mais il se fit une raison et suivi JFHill quand il s’agit de définir les groupes. Peut-être que le danger des pirates était suffisamment grand pour passer celui d’une possible scission de l’Exode au second plan?

On aurait donc trois séries de Transporteurs pour la traversée de la Passe de Magellone:

  • Le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le Colonel Sterling Price formeraient le premier convoi avec un croiseurs et quatre chasseurs lourds.
  • La Lieutenant Colonel Onawane et son frère, le politicien Junta formeraient le second convoi, avec en plus du croiseur, quatre chasseurs légers pirates et les deux chasseurs du Transporteur n°4.
  • Le Général Décembre et le Colonel Arlington formeraient le dernier convoi avec un autre croiseur et huit chasseurs lourds et légers. Ils fermeront la marche. Le risque d’une attaque pirate contre ce dernier convoi est élevé, ils bénéficieront donc de deux chasseurs lourds (ceux du Transporteur n°6 de JFHill) et deux légers supplémentaires (provenant du Transporteur n°2 d’Onawane, pirates).

“Mon Général, nous devront nous préparer au pire, vous en êtes conscient?

-Bien sûr Colonel Arlington, mais je ne me suis jamais défilé devant une bataille et je suis prêt à relever celle-ci sans aucune hésitation!”

Momumba ne put réprimer un sourire: quitte à partir en guerre, lutter aux coté du Général, un de ses anciens ennemis du temps de la royauté, n’était pas forcement une mauvaise chose. Les deux hommes se respectaient dans une certaine mesure, et ils allaient devoir travailler et peut-être se battre ensemble.

“Dans ce cas, je vous propose une rencontre plus tard entre nous pour peaufiner les préparatifs,Général.

-Je me permet de conseiller à tous de faire de même, “Intervint Sterling Price, imposant toujours plus son rôle d’intance supérieure “ La traversée de la Passe dure presque un mois, et l’ennemi peut apparaitre n’importe quand.

Général, qu’y a-t-il donc encore à l’ordre du jours?”

Décembre ruminait de plus en plus aux interventions outrancières de ce noblaillon de Sterling Price qui lui volait ses répliques et même son poste de Président de séance!

“Encore quelques-uns Colonel: nous devons aborder un autre ennemi tout aussi redoutable: MAterOne et ses sondes automatiques suicides..”


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RedU T1 Ch9 Ep12

Fri, 07 Dec 2012 22:18:00 GMT

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“Vous semblez montrer un manque de calme prématuré à ce niveau de la conversation Commandant? Puis-je vous proposer un rafraichissement?

-Ne jouez pas de vos sornettes habituelles de politicien avec moi, Junta! On sent clairement qu’un déséquilibre s’est formé dans le Conseil grâce à une réunion de famille des plus intrigantes! Et vous en profitez pour nous jeter en pâture vos idées nauséabondes!

-Madame Benkana, je ne vois pas en quoi ma présentation a pu vous irriter à ce point! Je vous pris de m’en excuser si cela vous a déplus…” En conçut doucement la Lieutenant Colonel, les yeux de velours et la voix étrangement suave.

Silence.. Les participants rechargeaient en préparation de la suite.

Arlington s’étonna de cette attitude soudainement si tendre d’Onawane, pourtant loin de sa réputation…

Benkana! Elle faisait du charme à la Commandant pour la déstabiliser!

Les deux femmes soldats se jaugeaient, l’une droite, faussement calme, l’autre posée, faussement attendrissante.. Mais leurs yeux ne se quittaient pas. On devinait quelque chose de profondément antagoniste chez ces deux-là..

“ Messieurs, Mesdames, nous n’allons en ce lieu, ni remettre en cause les règles du choix des Commandants de l’Exode, ni ceux du fonctionnement de ce Conseil. De plus nous sommes plutôt face à un équilibre des opinions qu’à un déséquilibre, je trouve.

Je vous pris donc, à nouveau, de vous concentrer et de faire preuve de responsabilité.

Et si nous procédions à la suite Général?”

Le Colonel Sterling Price prenait une seconde fois son nouveau rôle d’arbitre de séance, écornant au passage la présidence coutumière et naturelle du Général Décembre.

Les rumeurs de faiblesse le concernant semblaient exagérées..!

Décembre mit quelques secondes à se remettre du camouflet, et enchaîna:

“Heuuuu, oui. Donc, nous sommes tous réunis pour aborder la prochaine étape cruciale du périple de l’Exode: la Passe de Magellone. Elle n’est qu’à une journée de Transition hyperspatiale de la station Piñata el Grande et normalement nous devons superviser tous les préparatifs en cours sur la Flotte. Ils sont de plusieurs niveaux: il y a l’approvisionnement, l’arrimage en général de tout ce qui peut l’être, mais également le trajet exact au travers de la Passe, la durée prévue et le choix d’une formation de traversée pour nos Transporteurs.

Honneur à notre nouvelle venue, Colonel Onawane?

  • Le Transporteur n°2 se prépare, Général, mais nous ne nous sommes pas encore complètement remis du carnage qu’a été l’attaque des pirates, coutant la vie de plusieurs centaines de membres dont le Baron Basavech, mon prédécesseur! J’en profite, au nom de toute sa population, pour remercier infiniment la solidarité des autres Transporteurs. Au moins nos survivants n’ont manqué de rien et nous avons pu effectuer toutes les réparations urgentes sans problème majeure. Le remplacement des appareils de combats, les comblement des failles dans la coque, tout cela est terminé. Reste que nous sommes encore à la recherche de quelques spécialités pour prendre des postes laissés vacants dans plusieurs disciplines telles que la propulsion, la médecine et la gestion des stocks spécialisés.
  • Je me charge de vous trouver des volontaires, Colonel!“ Lui répondit immédiatement Junta, avec promptitude.

“Moi également, c’est un devoir d’Exodé que de s’entraider.” Renchérit Décembre.. Visiblement ils connaissaient leurs timing: le coup devait avoir été préparé par avance!

“Tous les membres de cette réunion vous apporteront leur soutien, Colonel, vous pouvez en être certaine, la solidarité entre Exodés est une donnée majeure de notre philosophie.” Sterling Price remit ainsi la balance en équilibre en quelques mots, puis ajouta: “Puis-je cependant vous soumettre une proposition?

-Bien sûr Colonel, un homme de votre sagesse et votre expérience ne devrait même pas avoir à le demander!

-Ha! Vous êtes bien courtoise.. Alors justement, peut-être serait-il juste que vous remerciez, en des termes aussi courtois et engageants, le Colonel John Fidgerald Hill, ici présent, sans qui l’existence actuelle de votre Transporteur, dont vous représentez les membres je vous le rappelle, ainsi que de vous-même serait extrêmement… Hypothétique?”

Décembre manqua de s’étouffer, Junta marqua le coup, Momumba réprima un fou rire, Benkana sourit et JFHill ne bougeait toujours pas.

La Commandante semblait soudain plus pâle..

Sterling Price et JfHill étaient de vieux singes, le coup avait-il été préparé ou le Colonel désirait-il simplement une égalité et une honnêteté parfaite au Conseil des Commandants? Quoiqu’il en soit, Onawane inspira, se redressa bien droite et, solennelle, face à un JFHill toujours en attente les yeux clos, se lança avec un imperceptible quelque chose de balbutiant dans la voix:

“Colonel JFHill, au nom du Transporteur n°2, de tous ses membres et de moi-même, je vous remercie pour le noble geste que vous et vos hommes avez eu, en venant ainsi à notre secours. Pour cela vous en serez toujours loué et, quelque soit l’avenir et les choix de chacun ou de chacune, vous êtes désormais et à jamais un Héros pour toute la Flotte.”

C’était bien trop profond pour être totalement joué!

Même Décembre, peu enclin aux subtilités de l’âme humaine, même Junta, le frère manipulateur, furent surpris par la déclaration! Arlington analysait le retournement: elle aussi avait été sauvée par le Colonel, ce fût LA bataille pour la survie de tout le Transporteur n°2 et il était venu, seul, renverser une situation désespérée! Il était réellement leur héros à tous, là-bas!

Tous sans exception.

Sterling Price venait, probablement sans le vouloir, de donner une occasion à la Commandante d’exprimer ce qu’elle pensait réellement, sans risque de heurter frontalement Junta ou Décembre qui ne pouvaient pas vraiment comprendre, n’ayant pas été sur place durant la bataille.

Jfhill ouvrit les yeux. Ils étaient parfaitement clairs, perçant toutes les murailles et les faux-semblants.

“Colonel, je ressens la force de votre conviction! Alors au-delà de ce qui peut nous séparer..” Il se leva et tendit sa main droite “..Permettez moi de vous remercier à mon tour, et permettez au héros de souhaiter la bienvenue au nouveau membre du Conseil de Commandants de l’Exode”

Un peu prise au dépourvu, Onawane serra la main qui lui était tendue.

Junta se leva alors, prenant sa coupe de jus de fruit et la dressant bien haut:

“Au Colonel JFHill et… A l’Exode!”

Personne ne pouvait redire à ce geste, bien sûr, et tous à l’unisson, les autres firent de même, tendant leur verre: tous debout autour de la table de la salle de réunion:

A l’Exode !

Le verre d’Arlington était vide. Vide comme la motivation de Junta: avec cette envolée confraternelle, le rusé politicien venait simplement de signaler qu’il faudra toujours compter avec lui, quoiqu’il arrive!


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RedU T1 Ch9 Ep11

Thu, 29 Nov 2012 21:00:00 GMT

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La salle de réunion du Transporteur n°1 était calme, très calme. Et malgré la présence de quatre Commandants de l’Exode, aucun son ne perturbait l’épaisseur du silence.

Les Colonels JfHill et Sterling Price gardaient les yeux fermés, enfoncés dans leurs fauteuils, semblant méditer les bras croisés sur leurs sternums, dans une attitude quasi symétrique. La Commandant Benkana se rongeait les ongles, fulminant intérieurement.

Si la présence continue d’Azala à ses cotés avait un effet bénéfique sur la femme soldat, l’absence de la Princesse semblait handicaper sérieusement sa patience, remarqua le Colonel Arlington, posté dans son attitude habituelle d’aristocrate décontracté, au milieu du groupe.

Cela faisait presque un quart d’heure qu’ils attendaient, dans cette pièce. On leur avait poliment apporté quelques rafraichissements mais seul Momumba Arlington avait daigné siroter son jus de fruit. Cette attente n’était ni acceptable ni justifiable, sauf à transmettre un message de nouveaux rapports hiérarchiques dans le Conseil des Commandants. Tous savaient que la Lieutenant Colonel Onawane du Transporteur n°2 allait être présenté officiellement dans ses nouvelles fonctions, et que le clan “libéralo-royaliste” se renforçait, ce qui n’allait pas manquer de poser des problèmes…

Il observa discrètement Sterling Price, se demandant quel jeu le Colonel déchu de l’ancienne Armée royale allait jouer..?

Momumba croyait savoir qu’il avait lié une solide amitié avec JFHill, mais on disait également qu’il manquait de vigueur dans son commandement depuis la mort de son fidèle majordome. Et, de fait, il semblait plus las, les traits plus tirés, plus ridés, comme s’il avait prit vingt ans en quelques semaines..

Il risquait de devenir l’arbitre de toute décision dans les rapports de force à venir: Jfhill, Benkana et lui-même contre Junta, Décembre et Onawane.. Trois contre trois, et Sterling-Price au milieu, pouvant pencher la balance où il le désirerait.

Soudain la porte tourna sur ses gongs et une petite femme, en impeccable tenue militaire de cérémonie, fit son entrée, suivie du politicien Junta et du Général Décembre. Tous avaient le sourire au lèvre, comme s’ils sortaient d’un bon diner entre amis. Leurs expressions détonnaient avec l’ambiance lourde de la pièce.

“Messieurs-dames, excusez-nous pour ce retard: la navette de transport interne a eu quelques.. difficultés techniques.” lança Décembre en restant debout tandis que les deux autres arrivants s’installaient.

“Je déclare donc cette nouvelle séance du Conseil Suprême des Commandants de l’Exode, ouverte!

-Suprême? Avons-nous changé de nom Général..?” interrogea d’emblée Arlington. Cela commençait donc déjà! Ces trois là, à peine regroupés commençaient à distiller les premiers indices d’une prochaine main-mise?!

“Il ne s’agit que d’un adjectif Colonel, cela n’a rien d’important, nous ne le garderont que pour nous, durant nos séances.. Ne soyez pas trop sourcilleux!

-Je le suis Mr Junta. Nous sommes réunis pour guider le plus équitablement possible l’Exode dans une difficile période de transition. Nous ne pouvons, du moins je le pense, prendre quoique ce soit avec dérision, tant les répercutions en sont importantes.”

Petit silence, Junta semblait attendre, les yeux dans ceux du Colonel, tel un serpent se délectant de sa future proie.

“ Général Décembre” intervint Sterling Price, les yeux toujours fermées au fond de son fauteuil, “Je vous propose de poursuivre, et nous ferons tous bien attention à ne pas relever cet incident, et à éviter de lancer des polémiques, voulez-vous?

-En effet, poursuivons… Donc en introduction, j’ai l’honneur de présenter à ce Conseil, la nouvelle Commandant du Transporteur n°2: le Lieutenant-Colonel Onawane. Colonel, je vous laisse la parole..” conclut-il pour enfin s’assoir tandis que la femme-soldat se levait, le regard fier et sure d’elle.

Elle n’était pas du genre “force de la nature” comme la Commandant Benkana: sa taille était moyenne pour une femme, un peu plus petite que ses confrères masculins, mais elle compensait cela par un surplus d’énergie que l’on sentait exhaler tout autour d’elle. Ses cheveux bruns étaient coupés courts en stricte brosse réglementaire, cependant sa féminité demeurait, visible par un ostensible maquillage de son visage: rehaussant ses pommettes, redessinant ses fins sourcils et recouvrant d’un bleu sombre les paupières de ses yeux bleus azur, accentuant ainsi l’intensité d’un regard vif.

Comme Benkana elle préférait le pantalon au tailleur et ne portait aucun bijou ou autre parure. Son coup mince était engoncé dans le col Mao de son uniforme et l’on devinait à ses mains fines et ses ongles bien taillés que ses activités militaires l’amenaient plus à planifier les batailles qu’à y participer.

“Messieurs, Madame, c’est avec plaisir que je viens siéger à partir d’aujourd’hui parmi vous pour représenter les intérêts des membres du Transporteur qui m’ont nommé à ce poste et à cette si lourde charge.”

Arlington tiqua encore: depuis quand le Conseil des Commandants, lieu de consensus, devait-il être le théâtre de la représentation des intérêts des différents Transporteurs?

Cela faisait déjà deux entorses au accords originels du Conseil, et seules quelques minutes venaient de s’écouler!


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RedU T1 Ch9 Ep10

Sat, 24 Nov 2012 20:10:00 GMT

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“Retour à votre édition du soir, sur ExOneMédia! Toujours avec nos journalistes spécialistes en Astrophysique et en Histoire de la conquête spatiale, j’ai nommé Jack Blaste et Angelus Air!”<rires>

“Donc, pour que nous nous remettions tous bien en tête les évènements qui ont conduit, le Lieutenant Phil Goud et la mécanicienne Adénor Kerichi, à se retrouver à la fois si célèbres et si emprisonnés, notre régie nous a préparé un montage des interventions de nos envoyés spéciaux sur ce sujet.

Ecoutez bien, ce sont les archives d’ExOneMédia qui parlent!

A tout de suite..”

“Dans la cité intérieure du Transporteur n°7, on assiste à un déploiement de force encore jamais vu depuis la fin de la Révolution Castiks. Qu’en pensent les habitants?

  • A chaque carrefour des hommes en arme surveillent tout et tout le monde! C’est vrai que ça me rassure d’un coté, mais je me dis qu’il pourraient aussi être là pour autre chose de secret…
  • J’ai fait la guerre avec la commandant Benkana, elle entrainait ses troupe comme pas deux! Mais çà.. Je la croyais sincèrement démocrate, maintenant .. C’est bon coupez merci!
  • Hier soir, j’ai vu des soldats se glisser dans la nuit, et ils sont entrés en forçant la porte d’un container à l’etage. Je ne sais pas lequel mais il y a eu des bruits et de la casse. Depuis les gens de ce coin ne disent plus rien, et moi j’ai peur !

Nous n’avons pu confirmer les dires de cette dame mais, réalité ou paranoïa, cela en dit long sur l’atmosphère qui règnent sur cette ville.

C’était un reportage au coeur de la cité intérieure du Transporteur n°7 pour ExOne-Média”

“Oui Ted, je vous entends! Alors en ce moment, en contrebas derrière moi, vous pouvez assister à ce déploiement de force assez impressionnant des soldats de la Commandante Benkana autour de ce quartier et spécialement du double container avec plusieurs gardes devant. Elle et l’Ex-Princesse sont en ce moment enfermées avec plusieurs hommes que certaines voix décrivent sous le couvert de l’anonymat comme les chefs occultes de la communauté Nordiste. Voici les images que nous avons pris lors de leur arrivée: vous voyez plusieurs hommes d’un certain âge, en tenues sombres avec des cannes, conduisant le couple à la tête de ce Transporteur..

-En effet Jack, nous voyons. Il est connu que les communautés Nordistes sont d’une tradition patriarcale, ces hommes peuvent en effet être ce qu’on vous a prétendu! Mais dites-moi, qu’est ce que La Commandante fait avec de telles personnes? Ne pouvez-vous vous approcher?

-Hélas non Ted, le quartier est bel et bien bouclé et si nous sommes à cette distance c’est que nous n’avons pas vraiment de possibilité de faire mieux!

-Merci encore Jack, et n’hésitez pas à nous tenir informé s’il se passe quelque chose! Priorité au direct sur ExOne Média!

-Bien sûr, comptez sur moi!”

“Oui Ted, je prend l’antenne en direct car les évènements se précipitent ici: On vient de voir sortir, il y a quelques instants, deux Nordistes d’âge murs se dirigeant en courant vers les rues adjacentes, et maintenant nous voyons en direct Mme la Commandante Benkana se faire guider par les hommes âgés en tenues noires vers des sortes de pouce-pouce électriques.

Attendez, on dirait…

Oui! Ils l’invitent à monter, suivi de la Princesse Azala !!

Les militaires autour commencent déjà à suivre le convoi et quelques officiers courent à coté en protection alors que le cortège s’éloigne.. Nous allons les suivre aussi, bien sûr vous serez tenus au courant constamment! Nous devons trouver un moyen de transport ou courir à notre tour, je vous rend l’antenne!

A vous Transporteur n°1, pour ExOne Média!”

“Bienvenue à nos multispectateurs qui viennent de nous rejoindre sur ExOneMédia! Les évènements se précipitent dans la chasse à l’homme (enfin à la femme) lancée par Benkana et ses équipes de sécurité dans la cité intérieure du Transporteur n°7!

Les fuyards ont été repérés et poursuivis, mais il semble qu’un otage soit désormais en leurs mains alors qu’ils se sont réfugiés dans une sorte d’immeuble Nordiste composé de plusieurs containers soudés et amalgamés!

C’est cet ensemble que vous voyez derrière moi!

Il n’y avait heureusement pas beaucoup de monde et les habitants restants ont été évacués. Vous pouvez apercevoir tout autour l’impressionnant dispositif policier et militaire qui bloque les rues adjacentes, évacue les foyers à proximité et surveille chaque centimètre pour trouver une faille et attaquer!

Nous avons vu des tireurs d’élite prendre position il y a quelques minutes mais ils sont désormais invisibles. Enfin d’après les rumeurs, la Commandante Benkana, personnellement concernée par la capture des fuyards et sous influence de l’ex-Princesse de MaterOne Azala, fille de l’ancien Roi déchu, ne reculerait devant rien pour déloger les fuyards et les vies humaines risquent de ne pas compter pour elle!Plusieurs représentants de la communauté Nordiste l’entourent également et l’on dit qu’ils seraient plus impliqués dans cette affaire qu’il n’y parait au premier abord.. J’aurais probablement des informations supplémentaires à vous communiquer sur ce sujet d’ici quelques heures..

Je vous rappelle que nous sommes ici en direct sur le Transporteur n°7, en pleine prise d’otage, au beau milieu d’une situation des plus tendues!! Bien évidement je reprendrais l’antenne si quoique ce soit de nouveau se produit !

C’était Jack Blaste, à vous la rédaction d’ExOne Média sur le Transporteur n°1!”

“Ted! Je reprends l’antenne car il semble que les choses bougent ici! De nombreux soldats courent pour prendre position et on demande à tous les badauds de fermer portes et fenêtres et de rester chez eux! Il semble que nous sommes à quelques minutes ou peut-être secondes de l’attaque! Ici Jack Blaste pour ExOne Média en direct du Transporteur n°7 !!!! “

“.. Et c’est avec une vraie fierté que je vous annonce en direct sur ExOne Média que les fuyards se sont rendus sans combattre! Alors maintenant Jack, je pense que vos multispectateurs seraient ravis d’avoir les premières impressions de Madame la Commandant Benkana qui surveillait minute après minute toute les évènements garce à cette appareillage de science-fiction! Approchons-nous d’elle doucement pour ne pas trop la déranger et pendant ce temps je vous propose de filmer la scène d’ici où nous avons une vue imprenable n’est ce pas!?”

“Messieurs nous assistons à un moment magnifique et je vous offre volontiers cette place de choix pour tout filmer autant que vous le voudrez. Pardonnez-moi je dois retourner dans mon centre de commandement pour terminer quelques préparatifs..”

“Oui Ted, bonsoir à nos multispectateur”

-Merci Jack, également. Alors, avant de revenir sur les évènements, que sont devenus les preneurs d’otages?

-Ils sont en résidence surveillées dans une de leur cabine semble-t-il. Une mansuétude qui s’explique par l’historique des criminels! L’un se nomme Phil Goud, un officier de ce Transporteur, et les milieux autorisés affirment qu’il a prit une part très importante lors de la Révolution Castiks. Et, étrangeté du sort, sa compagne y aurait également joué un rôle, mais coté royauté! Et si la Princesse Azala est liée d’amitié avec le Lieutenant Goud, la femme serait (j’insiste bien sur le conditionnel Ted!), serait donc impliquée dans la mort du ministre de la reconstruction Benkana, le propre père de la Commandante actuelle de ce Transporteur!

-Mais c’est incroyable Jack! Il ne s’agit que de rumeurs, mais, si elles se confirment, nous sommes devant un vrai dilemme politico-judiciaire non?

-Et oui, un dilemme dont les racines remontent très loin, bien avant le grand départ de MaterOne! J’ajoute, par ailleurs, que la Princesse Azala vient d’être nommée officiellement “Médiatrice du Transporteur”, en contact permanent avec toutes les cultures de la cité intérieure et les services de sécurité et qu’une enquête, liée à une découverte d’un très grande importance dans la communauté nordiste, vient d’être diligentée! Là encore, nous en saurons plus dans les prochaines heures..

Quoi qu’il en soit, je vous assure que les équipes sur place d’ExOneMédia vont faire leur maximum pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire.

-Et nous tenir informé du devenir des preneurs d’otage !

-Et du devenir des preneurs d’otages, bien entendu, nous seront également vigilants à cela! A bientôt, c’était Jack Blaste, envoyé spécial en direct du Transporteur n°7 pour ExOneMédia..

“Ha oui, cela fait tout bizarre de s’entendre hors du contexte. Il faut reconnaitre à ma décharge que l’ambiance était plutôt à une folie sans fin durant ces moments là! On se demandait bien si la Commandant Benkana n’allait pas tout simplement tirer au canon dans la Cité Intérieure!”

<rires>

“On peut comprendre Jack. Alors où sont actuellement nos tourtereaux?

  • Au secret. Il semble qu’on leur ait réservé une chambre spacieuse spécialement pour eux. Vu la difficulté pour trouver des logements sur le Transporteur, c’est un traitement de Roi! On peut penser que la Princesse Azala est derrière cela.
  • Ex-Princesse, Jack, ne l’oublions pas! Nous reviendrons sur le devenir des amoureux dans quelques secondes, mais quid des suites de la découverte de la cache d’arme dans le quartier Nordiste?
  • Les armes ont été récupérées et on a sommairement fait quelques fouilles aux alentours, mais il semble que là encore l’Ex Princesse Azala ait calmé le jeu dans son nouveau rôle de “Médiatrice du Transporteur”. Elle a probablement trouvé un arrangement qui contente tout le monde.
  • Angelus, que peut-il arriver maintenant à Phil et Adénor?
  • Hê bien Ted, je pense que cela sera décidé lors du Conseil des Commandants. Pour une affaire aussi sensible, impliquant personnellement un Commandant de Transporteur, je ne vois que cette instance pour trancher. La rumeur selon laquelle Adénor Kerichi serait responsable de la mort du père de la Commandante, le populaire Ministre Benkana, ne se tarie pas, bien au contraire! Je ne m’étendrais pas dessus car il n’y a aucune preuve mais cette thèse aurait l’élégance d’apporter une lumière nouvelle sur tous ces évènements.

On sait également que l’Ex Princesse et la Commandante sont liées avec le Lieutenant Phil Goud, ils ont tous participé ensembles, d’une manière ou d’une autre, à la Révolution Castiks… Cela jouera également dans la décision finale.

  • Et que risquent-ils?
  • Plusieurs options sont sur la table: Bannissement de l’Exode ou du Transporteur n°7, emprisonnement à durée variable.. L’exécution par contre ne sera pas retenue, car cela n’est pas dans la logique fondamentale de l’Exode. De plus il n’y a eu que quelques blessés légers, pas de quoi risquer gros.
  • Donc en fait, que cela soit le choix de la Passe de Magellone comme Destination, le devenir de Phil Goud et Adénor Kerichi, ou l’orientation politique de notre devenir sur Antarès IV, tout se joue durant les séances du Conseil des Commandants, et peut-être même celui-ci précisément?
  • On peut dire cela en effet..
  • Oui c’est fort possible..
  • Merci à vous Jack Blaste et Angelus Air d’avoir profité de notre halte commune sur Piñata El Grande pour faire le déplacement jusque dans les studios du Transporteur n°1.

Nous vous retrouverons bientôt dans de nouveaux reportages je pense?

  • Bien sûr Ted et je remercie par avance nos multispectateur de la confiance qu’ils accordent à notre travail ainsi que dans ExOneMédia !
  • Je dirais même plus: c’est un honneur d’être journaliste dans un moment aussi important de l’Histoire de l’Humanité! Merci à vous, merci à ExOneMédia et merci au public! Nous poursuivrons notre travail équitablement, professionnellement et sans compromis, soyez-en certain!
  • Messieurs, ce sera donc le mot de la fin!

C’était Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1 pour une émission exceptionnelle du journal multidiffusé de la rédaction de ExOneMédia !

Bonne soirée et à bientôt!”

<pub>


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RedU T1 Ch9 Ep9

Fri, 16 Nov 2012 17:11:00 GMT

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“Retour à votre journal sur Ex One Média, avec nos invités du jours: Angelus Air et Jack Blaste. Nous allons parler maintenant de la station “Piñata el grande” ou “Pin’up” suivant la terminologie locale.

Alors Jack, avant de venir à la suite de votre récit sur la station actuelle, peut-être qu’Angelus peut nous faire un petit résumé de son historique? D’où vient, par exemple, l’idée de la concevoir à cet endroit précis?-En fait Ted, cela remonte assez loin dans le temps. Remontons aux débuts de l’ère spatiale: les premiers Compresseurs venaient d’être inventés et des vaisseaux (des coquilles de noix comparées à nos Transporteur) partaient pour des odyssées quasi hebdomadaires… Je vous préviens tout de suite que je n’entrerais pas ce soir dans le débat pour savoir qui est le génie qui a assuré la conception mathématique ou physique de ces Compresseurs!

  • <rire> Mince, et moi qui me voyais tenter de vous coller là dessus! Au moins j’aurais eu l’air moins naïf après votre allocution sur la Passe de Magellone!
  • C’est une vieille ficelle que nos multispectateurs connaissent bien Ted! Donc nos pionniers de l’Espace commencent à sillonner l’Univers. Evidement cela est déjà une épopée constellée d’aventures et de drame tant la technologie n’était pas aussi rodée et performante que maintenant. Comptez par exemple que la distance franchie en quelques mois par nos Transporteur l’aurait été en presque deux ans! D’où la nécessité de collecter et cartographier un maximum d’informations pour sécuriser les voyages et rendre possible une exploitation rentable des ressources.
  • Et c’est là que le Quadrilleur spatio-temporel est mis au point.. Navré de casser ton effet Angelus, mais c’est une invention qui va, elle aussi, révolutionner les voyages spatiaux! D’ailleurs on raconte dans ma famille que le savant Marenkof en serait un membre secret !
  • Ha bon , vous aussi? Pourtant ma grand-mère me disait que c’était un Maos’n par alliance?
  • Vous savez Messieurs, Marenkof était connu pour son génie mathématique et son goût prononcé pour toutes les expériences de luxure possibles aux quatre points cardinaux. Il peut tout à fait avoir été un parent éloigné d’un bon tiers de MaterOne après autant de générations! Mais nous sortons encore du sujet!

Donc le Quadrilleur est inventé: il va permettre de connecter nos capteurs non plus aux données d’ondes électromagnétiques (infrarouges, radars, ultraviolets, etc..) mais à des données structurelles de Trame Universelle (gravitation, elliptique, fluctuations dimensionnelles, etc..) ce qui permettra au fameux vaisseau de recherche “Le Positron” de cartographier à lui seul une demi-douzaine de Quadrants avant de disparaitre..

  • ..Du coté de la passe de Magellone! Cette affaire est connue: elle fait partie de l’Histoire Spatiale que l’on enseigne à l’école. Magellone disparu alors dans une dernière accélération pour sauver les membres de son équipage avant qu’ils ne soient aspirés..
  • ..Dans la Passe de Magellone comme elle sera nommée bientôt en honneur du sacrifice de ce Capitaine. Les survivants seront récupérés et raconteront que leurs Quadrilleurs avaient détectés depuis de nombreux mois quelque chose d’impossible qu’ils n’arrivaient pas à expliquer. Et c’est en se dirigeant vers ce lieu que Le Positron fût aspiré par ce qui se révéla être une faille dimensionnelle.
  • Comme nous l’avons expliqué précédemment! Et la Station spatiale Pin’Up là dedans ?
  • Elle fût conçue juste après cet évènement: les scientifiques voulaient comprendre ce phénomène et ils placèrent à distance de sécurité ce qui sera un point de passage obligé pour tout étudiant en spatio-temporalité: une station scientifique éloignée, perdue dans l’Espace profond. Un nombre impressionnant de thèses seront conçues et écrite ici, des Doctorats s’y distingueront, des poètes viendront s’y inspirer.. Durant les premières période de Piñata el grande, on n’y croisait qu’une population de grande qualité, d’érudits et d’intellectuels. A cette époque c’était un haut lieu de l’intellect humain, sérieusement!
  • Mais si j’en crois les rumeurs, cela a bien changé n’est ce pas? Merci pour cet exposé Angelus, je pense que Jack peut prendre la suite de l’Histoire maintenant?

Je propose donc une page de publicité et nous poursuivons ce passionnant exposé..

A tout de suite!”

<Pub>

“Retour sur ExOneMédia, c’est le journal multidiffusé du Soir. donc Jack, vous qui êtes venus enquêter par ici plusieurs fois, expliquez-nous ce qui ne va plus avec ce “Haut lieu de l’intellect Humain” comme disait Angelus..?

  • Hélas, le rêve va un peu s’effriter. Donc durant les débuts de la Station, il arrivait que des mystiques ou des suicidaires fassent le Grand Saut dans la Passe.. Pour tenter de donner un sens à leur vie sans doute.

Ils disparaissaient tous corps et biens.

Mais les scientifiques avaient une théorie: ce serait en effectuant une transition au travers de la Passe que l’on pourrait la traverser, où qu’elle aille. Les vaisseaux automatisés n’étant jamais revenus, ou ne donnant aucune nouvelle (on ignorait à l’époque les effets de l’absence de Temps sur l’électronique embarquée), on réuni donc une équipe un peu spéciale de volontaires, pour tenter le voyage. Des gens qui, pardonnez-moi l’expression, avaient des tripes!

  • Ou n’avaient rien à perdre me semble-t-il, on y trouvait des gens moyennement recommandables.
  • Et malheureusement cela joua sur la suite! Ils réussirent à traverser la Passe, puis à revenir au bout de quelques semaines alors qu’on pensait les avoir perdu. Ils furent les premiers à décrire les conditions étranges de la traversée de la Passe ainsi qu’un nouvel Univers de l’autre coté: de nouvelles étoiles, des nuages gigantesques de gaz rares, des champs de météorites regorgeants de minéraux plus recherchés les uns que les autres, toute une cartographie spatiale à compléter, etc.. Rapidement, on comprit que les théories les plus avant-gardistes étaient fondées: Il s’agissait d’un passage vers une autre partie de l’Univers.

De nouveaux aventuriers apparurent alors, attirés par l’appât du gain et parmi eux.. Des pirates! Seuls ces gens là osaient se lancer dans l’aventure de la traversée, on leur octroya même des droits et des lettres de recommandation ou d’absolution s’ils le demandaient, pourvu qu’ils y aillent et rapportent des richesses! Quand ils revinrent les soutes chargées, leur premier point de chute fût évidement ..


  • Piñata El Grande!
  • Et au fur et à mesure des générations, les scientifiques quittèrent les lieux, l’administration balbutiante de la Station ne fût pas de taille à s’imposer aux nouveaux arrivants toujours plus nombreux: aux pirates en quête de respectabilité, on trouvait maintenant pêle-mêle des aventuriers cupides, des prostituées et des maquereaux, des commerçants en “import-export” liés aux Mafias en tout genres et des grosses firmes de transport liées à des syndicats non moins sulfureux. Bref, les années passant, la station Pin’up, fleuron de la Science et de la volonté de découverte de l’Homme, devint un repère de brigands. Et ce malgré plusieurs tentatives de reprises en main par MaterOne qui, toutes, ont échoué.”

(Petit soupir…)

“On en arriva au consensus actuel: elle est autonome mais liée économiquement à la planète mère qui reçoit une part des impôts de la Station, elle a une façade démocratique et légale où l’on peut faire son shopping dans des Souks renommés un peu partout (Vous connaissez l’expression “Nulle part sauf sur Piñata”), cachant une plaque tournante de tous les trafics de marchandise ou de corps, alimentés par les richesses provenants de la Passe.

  • C’est assez déprimant Jack toute cette histoire. On a comme l’impression d’un grand gâchis.
  • Je me permet d’ajouter un exemple pour malheureusement, conforter la description honnête de Jack: le nom de la Station “Piñata El Grande” provient de la constellation Piñata vers laquelle sa rotation tourne la Station exactement toutes les vingts-six heures. Son surnom de Pin’up lui a ensuite été donné par les marins de l’Espace de toutes sortes, car ils savaient parfaitement qu’ils pourraient y trouver tout ce que des mâles seuls pendant de très longs mois désirent au plus haut point.
  • ..Nous nous arrêterons là pour les explications, je m’en voudrais que nos multispectateurs, qui viendraient à visiter la station, en soient taxés de pervers! Les Souks de Piñata sont quand même réputés et touristiques et quoique vous cherchiez avant le grand saut dans l’inconnu, c’est là-bas qu’il faudra aller le trouver!

Le temps passe quand nous sommes avec de si cultivés journalistes! Il n’y a que sur ExOneMédia que vous trouverez ce genre de moment! Alors restez avec nous pour la suite et la fin de cette multidiffusion du soir, où nous allons revenir sur nos tourtereaux fugitifs, j’ai nommé les maintenant célèbres: Adénor et Phil!

A tout de suite sur ExOneMédia…

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RedU T1 Ch9 Ep8

Sun, 11 Nov 2012 10:52:00 GMT

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“Retour à votre journal, sur ExOne-Média!


Alors toujours avec nous sur ce plateau, nos envoyés spéciaux Jack Blaste et Angelus Air qui ont été au coeur des évènements de ces dernières semaines.


Maintenant, Jack, vous êtes connu pour votre longue carrière de grand reporter et vos enquêtes vous ont déjà conduit à venir sur la station “Pañata el Grande”. Pouvez-vous nous en dire plus?.. Nos multi-spectateurs et moi-même sommes friands de vos anecdotes..


-Merci Ted.. Je ne suis venu sur la station qu’à deux reprises, mais avant d’aborder le “comment” de ce lieu, il serait d’abord utile d’aborder le “pourquoi”? Permettez-moi donc un petit retour sur l’Histoire de ce qu’il est commun de nommer “le point le plus éloigné de la civilisation dans l’Univers


L’histoire de cette station est intimement liée aux multiples découvertes de la Passe de Magellone. Je dis bien multiples car le concept même de l’endroit a mis du temps a être élaboré et compris.. Pensez donc: un lieu hors de l’Espace et du Temps! Ce que nous nommons “Passe de Magellone” du nom de son découvreur, est avant tout une rupture du Continuum de l’Univers, une sorte de déchirure dans la trame de l’Espace-Temps!


-Jack, je suis déjà perdu et j’ai peur de ne pas être le seul en ce moment?!



  • C’est normal Ted, alors j’ai apporté cette simple feuille de papier. Telle quelle, nous diront qu’il s’agit de l’Univers. Il y a deux faces: l’une est notre coté, l’autre est un coté qui nous est extrêmement éloigné car nous devons atteindre les limites de notre face pour débuter le voyage dans l’autre.

  • J’interviens juste pour préciser que si nous considérons cette feuille comme notre Univers, la surface plane est pratiquement infinie car l’Univers n’a pas de limite théorique connue..

  • Merci Angelus. J’ignorais qu’un Doctorat en Astrophysique était nécessaire pour faire du journalisme Messieurs! Mais poursuivez Jack, donc un Univers très grand..?

  • Oui, infini comme le précisait mon ami Angelus. Donc si maintenant je pince le centre de cette feuille et que j’en déchire le centre.. Voilà.. Que se passe-t-il à votre avis?

  • Un trou est apparu au milieu?

  • Exactement, mais pas n’importe quel trou: nous pouvons ainsi atteindre l’autre face de cette feuille sans avoir à en faire le tour ! Si l’on considère chaque face comme infinie, nous concevons alors qu’atteindre le lieu d’arrivée du trou par la méthode classique (aller au bout et revenir de l’autre coté) est normalement complètement hors de notre portée!

  • Angelus vous voulez ajouter quelque chose?

  • Oui Ted, je voudrais juste prévenir les remarques de nos multispectateurs qui se demanderaient la différence entre ce trou, la “Passe de Magellone” et les Transitions Multidimensionnelles de nos vaisseaux qui nous ont permis d’atteindre ce lieu tous ensemble par exemple…

  • Et qui nous permettent également de diffuser dans le multiEspace cette émission, ce qui, dois-je le rappeler, explique le terme de multispectateurs! Mais continuez donc Angelus..

  • Merci de votre précision, donc si l’on poursuit l’analogie avec la feuille de papier, les Transitions seraient comme des aiguilles qui fileraient dans la tranche de la feuille mais sans pouvoir la traverser. L’idée est que la tranche de la feuille n’est pas un lieu anodin, Jack va y revenir tout de suite, mais disons simplement que comme les règles de l’Astrophysique y sont inexistantes, chaque “plongée” dans l’épaisseur du papier nous permet de ressortir plus loin que ce que la méthode ordinaire nous aurait permis.. Jack, à toi!

  • Oui c’est exactement cela: dans le trou qui est donc la “Passe de Magellone” nous traversons l’épaisseur du papier, mais il ne s’agit plus de notre dimension! En fait d’après les études mathématiques de chercheurs ayant étudié le phénomène, il ne s’agirait rien moins qu’une zone “hors dimension” où ni la notion de Temps ni la notion d’Espace n’existent!

  • On ne peut donc pas compter le temps dans la Passe?

  • Oui et non, nous avons à faire à un moment où tout fonctionne correctement et en même temps, tout est figé. Je rappelle que l’Espace n’existe pas: vous avancez mais vous faites du surplace.. Le temps s’écoule mais ne change pas.. Bref un moment unique.

  • Je reste complètement sans voix Messieurs. Mais dans vos explications, je ne saisis pas où vient se placer la Station “Piñata El Grande” ? Vous disiez que son histoire est très liée à celle de la Passe de Magellone, comment cela?

Je vous propose une petite plage de publicité puis vous nous expliquez tout cela.


A tout de suite sur ExOne Média! ”


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RedU T1 Ch9 Ep7

Fri, 02 Nov 2012 21:30:00 GMT

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“Bonjour à tous, Vous êtes bien sur Ex-One média, et c’est Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1 pour l’Edition du soir!

Les titres:

– Transporteur n°1: La nouvelle grande réunion des Commandants de l’Exode va débuter incessamment. Toutes nos analyses des décisions à prendre et des rapports de force..

– Pratiquement tous les Transporteurs sont amarrés à la station spatiale “Piñata El Grande”, les derniers arriveront d’ici une heure ou deux. Que devez-vous savoir de “Pin’up” comme on l’appelle ici, et comment devons-nous appréhender la future et redoutable “Passe de Magellone” ?

– Dernier sujet, un retour sur l’affaire des dernières semaines: Phil et Adénor, les Bonnie & Clyde de notre Flotte! Que sont-ils devenus et quelles conséquences pour les communautés Barbanes, Brunes, Nordistes et Tropicaliennes?

Pour nous accompagner ce soir, deux invités que vous connaissez très bien par multiviseur interposés, mais que nous réunissons comme spécialistes ce soir car ils ont été à tous les points chauds de ces derniers temps: Messieurs Blaste et Air, respectivement envoyés spéciaux de la rédaction sur les Transporteurs n°5 et n°7..

On se retrouve juste après cette page publicitaire. A tout de suite!”

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“Merci d’être avec nous pour ce journal du soir avec la présence de nos journalistes Jack Blaste et Angelus Air. Messieurs, bienvenue tous deux sur ce plateau où vous avez déjà brillé plus d’une fois ces derniers temps!

-Bonsoir Ted et bonsoir à nos multispectateurs.

-Oui, bonsoir également, c’est un plaisir et..C’est tout nouveau pour moi! Blaste est déjà venu peut-être?

-Non, non! Moi aussi c’est la première fois!

-Messieurs, sur Ex One Media nous connaissons la valeur de votre travail et de vos analyses: vous avez une place particulière dans notre coeur et cela nous rend heureux de vous voir en pleine santé ici, sur ce plateau !

Alors dans quelques heures un nouveau Conseil des Commandants va s’ouvrir, que pouvez-vous en dire..? Jack vous commencez?

-Si vous voulez Ted. Donc il s’agit du troisième Conseil des Commandants seulement sur les longs mois de l’Exode. Le premier s’était déroulé sur la station orbitale de MaterOne “Maman-Lolo”, le trajet passant par la Passe de Magellone y avait été débattu, dit-on, avec quelques effusions. La seconde réunion avait été improvisée et incomplète: c’était après la bataille contre les Pirates du Transporteur n°2 où le Commandant Basavech avait péri au combat. Cinq Commandants sur sept étaient présents, il s’agissait surtout de régler les problèmes d’approvisionnement et de réparations du vaisseau endommagé, mais également de définir une conduite à tenir pour une nouvelle Direction du Transporteur et enfin de se partager les vaisseaux pirates capturés.

-Excellent résumé Jack.. Angelus?

-La réunion qui nous intéresse aujourd’hui devra officialiser un nouveau Commandant pour remplacer le défunt “Baron Basavech” à la tête du Transporteur n°2, et cela est une décision qui a son importance. Nous n’ignorons pas que l’Exode est un mélange de plusieurs courants de pensés n’ayant comme point commun que le dégout du régime totalitaire qui, depuis notre départ, s’est abattu sur MaterOne. Il y a des Royalistes déchus ou nostalgiques, des Révolutionnaires déçus ou fatigués du combat, des aventuriers ou des marchants voulant s’offrir une nouvelle chance dans la vie ou obtenir de nouveaux pouvoirs sur Antarès IV..

Le Conseil des commandants n’est qu’un reflet de toutes ces tendances, sur lesquelles se greffent également les communautés, plus puissante que jamais, comme l’ont démontré les derniers évènements..

-Oui bien sûr.. Alors avez-vous des pronostiques Angelus?

-Ho oui, c’est même presque certain que la Lieutenant-Colonel Onawane sera nommée. Elle a écarté certains autres officiers de la tête de son Transporteur. C’est une fine politicienne malgré son coté guerrière.

-Pardon? S’agit-il d’une nouvelle Commandant Benkana? Je n’ai rien contre toutes ces dames au pouvoir, nous prônons toujours l’égalité des sexes sur Ex One Media, mais bon.. Notre Commandante nous a fait quelques misères !!

Jack, vous êtes de son Transporteur..?

-Oui je le suis, donc vous comprendrez que je veuille mesurer mes propos.. Ha haha!”

<rires>

“En effet Jack, vous êtes, contrairement à nous, enfermé dans son entourage pendant des mois: une colère de Madame et vous êtes grillé! Avez-vous donc des informations sur la Lieutenant Colonel Onawane?

-Et bien oui: plusieurs infos glanées par-ci par-là.. Les Transporteurs étant pratiquement tous réunis en un seul endroit, cela facilite les échanges.. Alors…

Elle vient de l’armée Royaliste, une tacticienne, provenant de la même prestigieuse académie militaire que le Colonel Sterling Price! Sortie Major de sa promotion, elle a été affectée immédiatement à l’Etat-Major car nous étions en plein début de la Révolution Castiks et il fallait des gens de qualité autour de ces Généraux.

-Cela ne leur a pas beaucoup servi, dis donc! Elle n’a guère fait des miracles vu qu’ils ont perdu!?

-Détrompes-toi Angelus, elle avait anticipé pas mal de réactions de l’ennemie et c’est une des rares a avoir soutenu le Colonel Sterling Price au sein de l’état-major et après la défaite des Monts Atos. Elle n’est pas de tradition militaire, son père et son grand-père sont des Directeurs de la fameuse Banque d’affaire Maha’dong. On peut lire un recueil d’idée qu’elle a fait publier après la Révolution où elle prône, je cite… “un monde ou seule la finance libérée régulera les besoins de chacun dans une juste égalité“

-Ha oui, cela a le mérite d’être clair. Donc on peut la ranger dans le clan Libéral donc? Mais alors pourquoi viendrait-elle faire l’Exode?

-A cause d’un drame: son père est mort dans un accident mystérieux alors qu’il avait lancé une grande enquête interne sur des futurs cadres du régime actuel. On aurait alors discrètement fait comprendre à elle et à son frère (qui débutait avec brio une carrière politique) que tous deux devaient quitter MaterOne.. Et les voilà!

-Donc la lieutenant colonel a un frère sur le vaisseau?

– Mais Ted, il s’agit du Politicien et Commandant du Transporteur n°4 Mr Junta.!!

– Et nous qui pensions bien le connaitre: il était un des premiers invités à ce journal, une sorte de parrain d’Ex One Media. On dirait que dans la famille ils ont donc le sens de la politique dites moi!!

Aller, nous allons laisser ce sujet en attente de futurs déroulements, pour aborder notre seconde partie de l’émission: la Station Pin’up et la Passe de Magellone…

Une petite pause et nous nous retrouvons après çà..!”

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RedU T1 Ch9 Ep6

Fri, 26 Oct 2012 20:03:00 GMT

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“Et de trois! Aller les gars, je veux qu’on ai rempli toutes ces réserves de Roubiano avant l’arrivée des premiers exodés! Du nerf!

-Chef, ils arrivent quand ces fameux Exodés? Tout le monde cause que d’çà depuis des semaines..?”

Broto se retourna vers son employé qui, tenant sa casquette dans une main, était tranquillement accoudé sur un caisson réfrigéré du précieux végétal. Le patron allait le réprimander vertement quand une ombre géante apparue lentement au travers de l’immense hall central de la station spatiale Piñata El Grande..

Lançant un regard sévère au manutentionnaire, il tendit un doigt vers la masse énorme et lança: “ Ils arrivent MAINTENANT abruti !! Dépêche-toi de terminer le déchargement: d’ici deux ou trois heures, la station va grouiller de milliers d’Exodés qui viendront vider leurs portefeuille de toute monnaie de MaterOne! Et Ils n’ont pas gouté de Roubiano frais depuis des mois maintenant!”

Puis il tourna à nouveau le regard vers le Transporteur géant qui se préparait à entamer les manoeuvres d’appontage aux quais spatiaux.

Quelle masse énorme.. On n’avait plus vu d’engins de la sorte depuis un paquet d’année par ici..!

Le marchant Broto tenait, proche du centre du Hall principal de la station, un magasin de vente de produits frais ou manufacturés, parfois utiles, parfois dangereux, certaines fois simplement bizarres..

Sa position stratégique lui permettait de voir débarquer tout touriste quelque peu intéressé par du ravitaillement.

Et la position de la Station Piñata El Grande elle-même n’était pas anodine: le dernier lieu civilisé répertorié de l’Univers connu.

Au delà c’était la Passe de Magellone et de nouveaux mondes, de nouvelles ressources, où aventuriers, pirates et explorateurs partaient découvrir, miner ou voler ce qu’ils trouvaient dans l’espoir de faire fortune.

Si chacun prit séparément n’amassait que rarement une grosse fortune, la Station, elle, profitait grandement de cette situation d’unique place tournante des produits d’ici, et d’ailleurs..

“Bande de fainéants, je vais aux nouvelles! Quand je reviens, je veux que tout soit dans la réserve ou vous pourrez chercher une place sur un Transporteur!” Et il s’en alla vers le lieu où convergeaient tous les renseignements possibles: le centre de contrôle des Quais.

Il marchait vite car ses concurrents étaient certainement sur le même chemin, inutile donc de prendre les grandes avenues, le mieux c’était de couper court, par les voix secondaires.. Moins sûres mais autrement plus directes..

Broto contourna un pilier et se retrouva dans une ruelle un peu crasseuse où quelques zonards dormaient profondément sur des bouches d’évacuation d’air chaud, au milieu d’une saleté repoussante.. Au-dessus on voyait pendre du linge accroché à des hublots sombres et cassés.

Il tourna plusieurs fois, progressant vite entre les espaces parfois réduits, parfois moins.

Piñata El Grande.

La station de la dernière chance, la lisière de l’humanité, là où on était déjà loin de la civilisation, mais pas encore dans l’inconnu non répertorié.

Un groupe de pirate, oui clairement il s’agissait de pirate, passa devant lui sans même jeter un regard. Ils revenaient du quartier rouge, celui où il allait entrer maintenant et qui avait valu à cette station son surnom de “Pin’up” par les marins de l’espace..

Tout un quartier de cabarets avec son lot habituel de prostituées, de filles racoleuses, de casinos et de marins saouls se faisant vider leurs bourses dans tous le sens du terme.. Mais également de maquereaux, de drogue multiples et de drogués fous, d’agressions sauvages et de lieux dépravés où la pègre et les pirates appliquaient leur loi sans entrave.

Se glissant entre les généreuses poitrines de grosses filles Brunes, il failli trébucher contre un type affalé sur le sol les poches emplies de pièces gagnées dans l’une des nombreuses machines à sous du coin.

Sa tête faisait cependant un angle étrange avec son corps..

Ici la Loi était simple: il n’y en avait pas et le Maire, le seul représentant officiel de la zone, n’était qu’un Mafieux plus fort que les autres, c’était tout. Mais comme ce petit monde voyait brasser argent et plaisirs sans discontinuer…

…Hê bien la Station Pin’up poursuivait sa vie tranquillement, loin de MaterOne, de ses révolutions et de ses règlements!!

Une anti-chambre de l’Humanité, où, quelle que soit l’existence qu’on y menait, on craignait irrationnellement ce qu’il pouvait y avoir là-bas, au delà de la Passe Maudite de Magellone..


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RedU T1 Ch9 Ep5

Fri, 19 Oct 2012 08:27:00 GMT

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“Est-il conscient?

-Oui, il doit même nous entendre, mais ses facultés sont amoindries, cela devrait permettre l’opération.”

QuartMac, l’homme qui l’avait aidé à devenir un Mental..

Pourquoi était-il ici? Pourquoi aidait-il les Mutualistes?

“Il gigote, resserrez ses sangles.

-Ce ne sont pas de ses liens dont on doit se méfier.. Messieurs, préparez-vous au mieux dans vos fauteuils de concentration. Je n’ai plus à vous présenter le sujet. Désormais plus aucun son ne doit lui parvenir. Nous poursuivrons par pensée psychique. Le professeur nous fera des signes pour lancer chaque phase de l’opération. Aucune erreur ne peut être tolérée sous peine de risquer un nouvel échec!

Il les entendait.. Stupides Mentaux de niveau inférieur, ils croyaient vraiment pouvoir se défier ainsi de lui?

Des électrodes étaient à nouveau fixées contre ses tempes, mais cette fois avec la douceur de mains expertes.

Quartmac..

Il voulu parler mais rien ne sorti de sa bouche et, bizarrement, il n’arrivait pas à atteindre l’esprit de son Mentor.

Une sorte d’humidité entra dans ses narines, comme un brouillard légèrement salé peut parfois être ressenti en bord de l’Océan. Etait-il proche d’une côte?

Mais non, il n’y avait aucune chance qu’un quelconque air marin ai pu l’atteindre au fin fond de cette forteresse..

Un vrombissement..

Non, un test d’intrusion, ça y était: ils commençaient leur ronde habituelle. Stuffy et ses sbires allaient tourner autour de lui durant des heures et sous diverses stimuli, tenter de le désorienter pour ouvrir une porte dans ses barrières mentales.

“Courage mon Ralato, il ne s’agit pas des tentatives grossières de pénétrer ton esprit jusque là mises à l’oeuvre. Je te demande simplement de nous laisser atteindre ton moi profond.. Je suis certain que tu comprends?”

Son Moi profond? Mais qu’espèrent-ils trouver dedans? Il n’y a rien d’important: ce sont les données culturelles et historiques qui forment la conscience d’un être et son interaction avec le monde extérieur!

Vouloir y toucher ce serait pour détruire sa personnalité et ce n’était surement pas dans l’intérêt des Mutualistes..

L’humidité froide poursuivait son chemin, lentement, remontant ses sinus, et il ressentait des relents d’algues et de poissons à la lisière physique de son cerveau. Cela devenait désagréable..

On lui frottait un produit le long de ses jambes et de son bassin, cela chauffait la peau à la limite du supportable.

Une sensation qui n’était pas inconnue non plus.

Quartmac que prépares-tu?!

“Mon enfant, je sais que tu dois te questionner beaucoup. Ce que tu ressens te rappelle-t-il quelque chose? Dans le laboratoire je t’en barbouillais tout le corps lorsque je voulais améliorer la conduction bio-électrique de ton enveloppe..?

Non ?..

..

Mmhmm, Tu peux certainement bouger la tête pour me répondre.

..

Tu ne veux pas? Tu boudes comme ce jour où je t’avais fait une piqure hein? hê hê hê..

Je m’en souviens comme si c’était hier, ton frère avait courageusement subit l’injection et toi, dès que tu l’avais reçu, tu m’avais regardé comme si je t’avais infligé une sorte de punition!”

Ralato ne répondait pas, sentant la morsure de la chaleur contre toute sa peau et tenant tête à ses agresseurs psychiques malgré le tournis maritime qui semblait emporter ses sens. Cette humidité était une nouveauté redoutable, elle entrait à l’intérieur de son crâne pour le désorienter!

Que voulaient-ils donc? Quartmac, un proche de Ralato, un maître à la pointe de la médecine Mentale, et Stuffy et son équipe qui voulaient entrer dans son moi intérieur..

Pourquoi?

“Aller Fils, tout est prêt, je vais lancer le micro-ampérage pour fluidifier ton esprit, prépares-toi!”

Un ronronnement lointain et Ralato se sentit flotter doucement dans son enveloppe charnelle.! Il se concentra de peur de perdre son intégrité, mais réalisa que celle-ci était loin de se dissoudre! Juste était-elle…

Plus fluide..

Mais oui! Il avait connu cela aussi! il s’en souvenait!

“Maintenant Ralato Ouli, à mon prochain mot, tu vas nous ouvrir toutes grandes les portes de son inconscience! Attention, tu es prêt?”

Qu’allaient-il tenter? Ralato poussa sa concentration au maximum, l’odeur de mer devenait insupportable, et consolida au maximum de sa puissance ses boucliers.

Il sentit la pression du visage du savant se pressant contre sa joue, à coté de son oreille. Le vieil homme ne prononça qu’un seul mot:

Shazam

Et immédiatement, toutes les défenses du Mental s’effondrèrent, sa volonté elle-même sembla se dissoudre et il ne devint qu’un spectateur passif de l’invasion de son esprit le plus intime par le groupe Mutualiste Mental !

Une heure plus tard, Stuffy se releva de son fauteuil et posa la main sur l’épaule du vieil homme au chevet du Lieutenant Mental paisiblement endormi, allongé et sanglé sur sa table.

“C’est bon, l’opération a réussie”

Celui-ci tourna vers l’agent double un regard attristé, embué d’un commencement de larmes. Il ne prononça que quelques mots:

“Alors vous pouvez le laisser partir maintenant. Nous en avons assez fait!”


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RedU T1 Ch9 Ep4

Fri, 12 Oct 2012 18:44:00 GMT

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Un néon allumé en permanence au dessus de la pièce lui vrillait le crâne par ses vibrations continues.C’était surtout cela qui l’insupportait ces derniers jours. On avait récemment changé le tube blanc: le nouveau modèle émettait plus de lumière et.. Faisait plus de bruit!

Les menottes entamant ses poignets, les fils, perfusions et contacts fixés sous la peau, autour de ses tempes, de son cervelet et de ses avant-bras, sa nudité lui faisant ressentir de manière accrue les différences de température, ses escarres partout, ses ampoules sous les cuisses et les fesses dues au contact sans interruption avec le bois de la chaise… Il s’était habitué à tout cela avec le temps..

Son peu d’excréments et ses urines sortaient directement par un trou dans sa chaise et tombaient dans un petit puis au dessous de lui. Du coin de l’oeil il jaugea le niveau des poches de glucose, de vitamines et autre nutriments le maintenant en vie par perfusion multiples. Elle seraient bientôt vide, et un Mutualiste, jamais le même, viendrait les remplacer. Il tentait de s’entrainer à rester vigilant en mémorisant au maximum les caractéristiques des agents entrant fugitivement dans sa cellule.

Lieutenant Ralato Ouli, matricule 67X473 des services Royaux..

.. heu non, de l’Armée Castiks!

Cela faisait des mois qu’il était là. Aucune idée du temps exact, aucune information: les drogues administrées lui retiraient toute possibilité de concentration de son pouvoir Mental, et bien sûr personne ne venait lui tenir la causette..

Même pour son frère Fabio, il était venu de temps en temps pour lui tenir compagnie dans sa prison souterraine, avant l’Exode..

Et à bien y réfléchir, si la solitude devait être difficile pour lui aussi, au moins ses conditions de détention était plus “agréables”..

Ralato, dans les profondeurs du complexe Mutualiste (oui, il s’était découvert des aptitudes à mesurer les distances des échos sonores étouffés qui lui parvenait, ce qui lui donnait une idée des dimensions du lieu où il se trouvait..), souffrait dans ses chairs des multiples tortures vicieuses (positions statiques inconfortables, manque de sommeil, absence de nourriture solide, etc..)et seule sa volonté lui permettait de résister.

Etonnement, c’était lors des interrogatoires qu’il profitait de moments de réconfort humain. Même si ce n’était pas du tout l’objectif de ses bourreaux.

Stuffy venait tenter, avec ses sous-fifres Mentaux, de percer ses défenses à grands coups de méthodes plus diverses voire exotiques les unes que les autres.. Il avait tout essayé: les drogues, les coups, les tortures, les humiliations, les impulsions électriques, les illusions, les attaques rythmées sur toutes les horloges biologiques ou psychologiques possible, les rêves et les cauchemars..

Le pauvre, il faisait presque pitié par tous les artifices déployés… Ralato ne pensait pas connaitre un seul agent, à part lui-même, qui aurait pu tenir si longtemps.. Malheureusement pour eux, le frère de Ralato, Fabio Ouli, fût son grand compagnon de jeu durant toute leur enfance et même plus tard, durant leurs cours à l’Université Mentale. Et Fabio était et reste encore maintenant, le plus grand Mental jamais ayant jamais existé sur MaterOne depuis que les archives existent..

Et de très très loin..

Alors Ralato le Mental pouvait se targuer d’avoir vécu tout attaque psychique, puissantes ou sournoises, qu’un être pouvait affronter, peut-être même plus!

Certes il n’avait jamais pu obtenir la première place, toujours second derrière son frère, mais bon: soyons sérieux, on ne pouvait tout simplement pas se comparer à Fabio Ouli. Ralato était donc le plus grand Mental “normal” de sa génération..!

Les brumes de la réalité se dispersèrent avec le bruit caractéristique de l’ouverture de la porte en lourd acier de sa cellule. L’heure du changement des poches de sérum était arrivé? Alors qui était-ce cette fois?

Mais ce fut un petit bonhomme ratatiné, boitillant avec une canne et portant une blouse blanche (nouveau çà: les Mutualistes étaient plutôt du genre tenue noire moulantes..), suivi de Stuffy et d’un des Mentaux de la base.

“Mais dites-moi donc? Une visite non prévue..? Il fallait vous annoncer je n’ai rien préparé..” Les salua Ralato d’une voix trop brisée à son goût. Le petit bonhomme souris devant la phrase humoristique:

“Ralato, mon petit, cela fait longtemps que je n’ai plus eu la chance de t’entendre. Tu m’en vois ravi!”

Le choc!

Il connaissait cette voix! Elle venait de loin, de son enfance. Mais qui..?

..

Impossible de se concentrer, maudites drogues!

Déjà on lui enlevait ses menottes aux poignets et aux chevilles..

“Mon enfant, on ne peut pas dire qu’ils ont été tendres avec toi. “ prononça le savant avec une réelle émotion dans la voix. Il tourna la tête vers Stuffy, un reproche clairement affiché dans le regard, avec ce quelque chose en plus de gênant, de profondément dangereux..

“Soutenez-le! On voit bien qu’il ne peut pas se soulever seul!”

Des morceaux de peau restèrent collées à la chaise, entrainant quelques grognements de douleurs chez Ralato, mais il tint bon. Ses poignets et ses chevilles n’étaient que des croutes de sangs séché, coagulé puis déchiré puis coagulé à nouveau pendant des mois. Il était bien incapable de lutter et se laissait faire, préférant utiliser ses forces à trouver dans sa mémoire d’où venait la voix..

“Nous allons nous occuper de toi, de manière bien plus.. Humaine mon garçon.. Mais tu es bien plus que cela, tu es un Mental! “ Insista le petit bonhomme, regardant passer devant lui Ralato, soutenu par Stuffy et l’autre Mental entrainant les poches reliées à ses perfusions.

Les yeux dans ceux de l’homme, Ralato eut soudain le déclic!

“PROFESSEUR QUARTMAC!!!!!

-C’est cela mon petit, je suis content que malgré tout cela tu te souviennes encore de ton vieux papa..”

Et, bien plus rapide que ne le laissait croire son apparence, il lui planta une seringue dans l’épaule, injectant la contenu d’un trait..

La tête de Ralato se mit immédiatement à tourner et il s’évanouit en quelques seconde..


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RedU T1 Ch9 Ep3

Fri, 05 Oct 2012 11:03:00 GMT

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Sans détourner la tête il pouvait ressentir les émotions contradictoires qu’éprouvaient ses voisins: ils ne s’attendaient pas à ce qu’une réunion rare et si importante tourne entièrement autour de lui, quelques relents de jalousie fusaient..

“Je fais confiance aux Mutualistes, Alpha, donc à vous également!

Bien, je n’en attendais pas moins de vous! Alors voici la nouvelle consigne: vous allez inséminer les idées Mutualistes à l’agent Ralato Ouli, puis… Le relâcher.

-Pardon..?” S’interloquât Stuffy sans prendre garde à un quelconque protocole.. “Une insémination Mutualiste sur un Mental du niveau de Ralato? Mais Alpha, ce n’est pas à ma portée !?

Vous serez aidé par les Mentaux de la base et nous vous envoyons un spécialiste du cerveau Mental ayant une longue expérience pour tromper leurs sens..

Stuffy se laissa quelques secondes pour absorber la nouvelle.. Une insémination suivie d’une libération? Tout ce travail, le sacrifice des Mutualistes de la “Colline des vacances” n’aurait servi à rien?

“Je ne vous ai pas aidé à capturer Ralato pour le libérer après six mois! Je veux savoir QUI m’a trahis, il en va de la sécurité de mon réseau!” Prononça, d’une voix lourde de sous entendu, l’agent multiple. Autour de lui, il recevait des échos de colère ou d’indignation: on ne parlait pas comme çà à Alpha..

Vous êtes passionné Agent Stuffy, c’est une caractéristique de ceux qui travaillaient pour la Princesse Azala. C’est votre force mais également votre faiblesse!

Aucun résultat probant depuis la capture du prisonnier sinon un déferlement de l’activité des forces de sécurité. Pas un secret, même pas un début de code ou d’information de quoique ce soit, rien! Il se joue de vous depuis des mois et vous pensez réellement qu’il lâchera maintenant ses petits secrets? Vous êtes encore le seul à y croire, le savez-vous?

C’était vrai.

Malgré les attaques incessantes et variées que Stuffy et les Mentaux présents lui avaient asséné, malgré les états de semi-conscience dans lesquels ils le mettaient, jamais Ralato n’avait révélé une quelconque bribe d’information. Sa force Mentale était du niveau le plus élevé que Stuffy ait jamais eu à affronter.

Certes, la rumeur parlait de son fameux frère, le soit-disant Super-Mental, alors qu’aucun Mental ne pouvait avoir un parent proche ayant ce pouvoir. Cet être, à la limite du mythique, pouvait, parait-il, faire de la télékinésie ou tuer d’une pensée à des centaines de kilomètres.. Il semble que, quoiqu’il en soit, on est de redoutables maître dans l’Art Mental chez les Ouli.

“En effet, mais on sent nettement une usure d’Ouli, il craquera bientôt, nous en sommes certains..!

Peut-être, ou peut-être pas..

Et puis, si vous voulez obtenir ces renseignements sans avoir à lui passer le cerveau au scalpel, peut-être devriez-vous réévaluer la stratégie de l’insémination? Avec une autre forme de patience vous pourriez obtenir des résultats que vous n’oseriez même pas imaginer ?!

L’insémination: l’art d’injecter une idée, un concept dans le cerveau d’un sujet, puis la laisser grandir jusqu’à ce qu’elle transforme la personnalité du sujet et le modèle comme on le veut..

Cette technique était tombée en désuétude ces vingts dernières année car on ne pouvait en garantir le résultat, et parfois, l’inséminateur finissait piégé chez le sujet et mourrait.. Sans parler du temps que cela prenait! Parfois des années sur les sujets les plus retords, et Ralato Ouli était certainement de ceux-là !

Stuffy se leva, sortant de la lumière et fit quelques pas en direction de l’écran.. “Restez dans la lumière du siège!” lui ordonna sèchement le N°1, mais l’agent d’Azala ignora la demande..

D’un autre coté… Le bras droit de Poféus inséminé d’idées Mutualistes, cela promettait des implications absolument fantastiques!

Il s’arrêta tandis que les N°2 et 3 tentaient de l’attraper manu militari. Il les stoppa d’une pensée, et les renvoya s’assoir. Ces petits esprits n’était pas de taille à lutter contre un Mental.

Puis, se retournant vers Alpha, dont la silhouette semblait attendre patiemment, connaissant déjà la suite, il répondit:

“D’accord, je marche dans votre plan! Mais il va falloir que votre spécialiste soit rudement le meilleur de sa catégorie!

Ne vous inquiétez pas pour cela.. Docteur QuartMac, vous pouvez entrer!

Une petite porte s’ouvrit au pied du grand écran, et dans le cadre de la lumière, une silhouette un peu ratatinée fit son apparition.

Clopinant d’une jambe, s’appuyant sur une petite canne métallique dont le son résonnait dans la pièce, le nouveau venu s’approcha de Stuffy alors qu’une nouvelle lumière s’alluma au dessus d’eux, inondant la rencontre des deux hommes.

C’était un petit homme chauve aux lunettes rondes, qui souriait de toutes ses dents jaunâtres. Sa peau était ridée et blanchâtre avec des taches brunes de mélanomes multiples dus à l’âge.. Mais sous le regard malicieux de ses petits yeux bleus enfoncés, Stuffy eu la sensation de voir.. De la Folie!

Et encore ce n’était pas la seule surprise, car, comme le Contre-Amiral Poféus, ce petit bonhomme était invisible aux scans Mentaux !


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RedU T1 Ch9 Ep2

Fri, 28 Sep 2012 20:57:00 GMT

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Les montagnes Amalaches, à plus de 1000 kilomètres à l’ouest de MaterOne Centrum.

Un des forestiers tranchait consciencieusement son bois comme toute l’équipe travaillant pour la scierie. Se relevant, il lâcha quelques secondes sa grosse tronçonneuse pour saluer amicalement la patrouille de milice qui traça sa route sans autre formalité. Il faut dire que, dans cette région de montagne, il n’y avait pas grand chose à surveiller, sinon des forêts et des arbres à perte de vue.

D’où la présence de la scierie et des bucherons.

Cependant, une fois la jeep militaire disparue au loin sur le sentier terreux que l’on n’osait pas appeler une route, un sifflement retentit et plus de la moitié des bucherons arrêtèrent leur activité, pour retourner avec leur matériel vers un coin à peu à l’écart du batiment principal.

Stuffy, la tronçonneuse sur l’épaule, n’aimait pas perdre tout ce temps à saluer béatement les forces Castiks dans le seul but de maintenir la couverture de ce centre important des Mutualistes.

A chaque patrouille, ils devaient venir rejouer leur numéro de rudes gaillards capitalistes pro-gouvernement, ce qui ne l’amusait que mollement, lui, l’agent de la Princesse Azala, anciennement infiltré au beau milieu des forces Mentales Castiks.

Un ascenseur commun, dissimulé, s’enfonçât dans les profondeurs de la montagne, emportant les hommes par dizaine.

Ce centre était éloigné de tout, et sous la montagne était creusé un vaste réseau de galeries communicantes représentant l’équivalent de l’immeuble du ministère de l’intérieur en complexité et en nombre d’agents.

N°9, vous êtes demandé en salle de réunion immédiatement!” lui chuchota à l’oreille le responsable des hommes armés, postés à proximité de la sortie de l’ascenseur.

Stuffy avait failli ne pas l’entendre..Toujours cette paranoïa du cloisonnage et du secret frôlant la folie dans certains cas. La loi des Mutualistes était terriblement simple: mieux vaut perdre 20 bons agents que laisser un traitre s’infiltrer. A cela s’ajoutait donc une théorie du complot et un secret permanent… Jusqu’aux toilettes qui n’étaient activées que par roulement et gare à celui ou celle qui se tromperait!

Longeant les couloirs, il n’était ni salué ni même reconnu: son grade, pourtant élevé, n’était pas affiché sur lui, et s’il n’était pas encore en tenue civile, on pourrait le confondre avec tous les agents Mutualistes, en tenues noires moulantes, vacants à leurs activités.

Le garde de la salle de réunion le laissa passer après acquiescement de son supérieur, et Stuffy put entrer dans la grande pièce ornée d’une dalle audiovisuelle géante et de plusieurs petits écrans.

Il lui semblait reconnaitre les N°1, 2, 3, 4 et 5.. Et lui… Etrange pour une hiérarchie pourtant si stricte, mais son statut était un peu particulier, en tant que liaison avec l’organisation Azala, et metteur en scène de la capture du redoutable prisonnier présent dans les sous-sols de cette base. Tellement redoutable que sa présence ne devait jamais être évoquée avec quiconque d’un grade inférieur.

Stuffy se demandait depuis longtemps comment deviner un quelconque grade, seuls les premiers étant connus, et encore pas de tous..

On le salua simplement, puis tous s’assirent sur des sièges métalliques tandis que le N°2 (ou 3..) tapota sur une console dissimulé dans un angle.

Les lumières s’éteignirent et un petit grésillement salua l’onde bleue évoluant sur la dalle vidéo: on allait avoir droit à une vidéo conférence? Une première depuis les 6 derniers mois où Stuffy faisait alliance avec les Mutualistes!

L’image floue se stabilisa et une silhouette apparue en grand tandis que de petites diodes illuminaient individuellement les spectateurs présents.

Gloire à la mutualité!” prononça le N°1, la main sur le coeur, “Gloire à la mutualité!!” tonnèrent les hautparleurs ainsi que les participants tandis que la silhouette porta également la main sur son torse.

Enfin… Il semblait que c’était ce qu’elle venait de faire…

La silhouette leva alors les bras et probablement joint les mains devant elle. Sa voix, déformée par un savant système crypté, tonna à nouveau:

Agent Stuffy, vous ne me connaissez pas, je suis le fondateur du mouvement Mutualiste, on me nomme ALPHA et je vous fait un honneur que peu d’agent ont eu en communiquant directement et ainsi avec vous!

Stuffy ne bougea pas, ne sachant pas vraiment quoi répondre: ici chez les Mutualistes, rien n’était vraiment normal..

Votre silence prouve que vous vous mutualisez pleinement, c’est tout en votre honneur! Mais la mission que je vous assigne maintenant demande plus de votre part: vous devez me faire confiance!

Me faites-vous confiance, agent Stuffy?

Oups, Stuffy réprima un sourire. Faire confiance à une silhouette qui a conçu ce système paranoïaque fanatique et sur-armé?


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RedU T1 Ch9 Ep1

Fri, 21 Sep 2012 23:21:00 GMT

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Pofeus regardait passer une formation d’oiseaux migrateurs qui volait vers le Sud en piaillant. Ces courageuses bestioles battront des ailes encore longtemps avant d’arriver à destination, MaterOne Centrum n’est pas précisément en zone chaude durant l’hiver.

Rien qu’à cette pensée il frissonna, resserrant instinctivement le peignoir chaud autour de ses hanches. Souvent, après avoir fait l’amour, il aimait bien évoluer tranquillement sur les dalles massives du balcon de sa chambre. Nu comme un vers, il enfilait alors un vêtement et faisait quelques pas, humant l’odeur de bois et de feuilles de la forêt entourant sa propriété. En cette heure matinale, on apercevait encore au loin les premiers gratte-ciels de la capitale que la brume de pollution n’avait encore réussi à occulter. La richesse c’est l’espace, disait un de ses anciens matelot lors de ses débuts dans la flotte d’exploration spatiale.. Ce qui est vrai sur un vaisseau l’est aussi autour d’une ville semble-t-il..

Quelques crissements de gravier: des hommes de mains sûrs emportaient un grand sac mortuaire contenant le corps de son amant de cette nuit. Un petit gros tropicalien décevant: il était mort en sifflant le peu d’air que les mains assassines du Contre-amiral laissaient involontairement s’échapper et ses grosses fesses serrées n’avaient pas permis de profiter pleinement du plaisir lors de son orgasme. Le choix de ce mignon était simplement mauvais car ceux s’occupant de rabattre son gibier sexuel n’étaient que des incapables. D’ailleurs il avait la sensation que depuis l’enlèvement de Ralato, son plus fidèle Lieutenant, il n’était plus entouré que d’incapables!

Sur une expression de mépris, il tourna les talons et se dirigea vers la grande porte fenêtre donnant dans la chambre à coucher.

Il avait remué ciel et terre depuis maintenant six mois, fait interrogé et torturé des milliers de suspects, ses Mentaux écoutaient en permanence toute pensée à proximité des cercles intellectuels, syndicalistes, ou médias, et, au moindre soupçon, ses patrouilles quadrillaient des régions entières sans le moindre résultat probant. Tout juste une petite dizaine de mutualistes de dernier rang leur avaient été lâchés en pâture par leurs supérieurs. Car ses services étaient persuadés que les mutualistes n’hésitaient pas à sacrifier certains éléments peu importants si cela leur était utile! Et bien sûr, les prisonniers n’avaient aucune connaissance utile à dévoiler aux interrogatoires (quand ils ne se suicidaient pas !).

Quel résultat ridicule! Tous ces efforts et rien de concret.. Maintenant que les Mutualistes avaient fait alliance objective avec les restes du réseau Azala, ils n’étaient plus une plaie, ils étaient devenus un danger: un grave danger pour la stabilité de son régime.

D’ailleurs en parlant de danger, il en avait un autre, et cette fois, pour lui-même et de l’intérieur!

Il ouvrit la clenche de la porte fenêtre, mais une sorte d’étourdissement le fit alors se courber, d’un coup, en prenant appuis sur la fenêtre.

Un petit bruit de verre brisé.

Ces étourdissements furtifs devenaient étrangement récurrents et il devrait peut-être consulter un médecin..

A peine relevé, un nouvel éclat de verre se fit entendre à quelques centimètres de lui! Exactement là où était sa tête quelques secondes plus tôt!

Cette fois il compris et se jeta à terre en hurlant!

“ALERTE SNIPER !! GARDES !!!!”

En écho à ses cris, un bruit de quelque chose lâché sur le sol lui parvint, suivi d’ordres aboyés et de pas courants sur le gravier puis sur le gazon: on commençait à s’affoler en bas.

Soudain toute la verrière vola en éclat, sous les impacts de dizaines de balles.

Pofeus sentait les multiples petits morceaux de verre lui tomber sur tout le long de son corps, écorchant ou griffant ses bras, ses jambes, tout ce que le peignoir ne protégeait pas!..

Puis plus rien.

Au loin des rafales de mitrailleuse, d’autres tirs ponctuels, peut-être que les gardes avaient trouvé le sniper?

D’autre hommes entraient en courant sur le balcon, le relevant et le protégeant tout en l’emmenant sur son lit à l’abris dans la pièce.

Monsieur Heir” venait de franchir un nouveau cap!?

Ce politicien sorti d’on ne savait où, toujours protégé par une troupe de Mentaux et de gardes du corps, et qui, en moins d’une année, avait abattu les pions de Poféus les uns après les autres! Récemment, après son avancée envers le conglomérat de Kalmot, n’avait-il pas mis la main sur deux chaines de télévision qui désormais ne recevaient plus leurs ordres de ses services!

Un jour ou l’autre la confrontation aurait lieu, il le savait..

Et malgré ce qui venait de se passer elle n’avait pas encore réellement débuté.

Comment gagner du temps..?

..Haa Ralato, où es-tu quand j’ai tant besoin de toi!?


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Red Universe: Playlist Episode Spécial 2012

Thu, 30 Aug 2012 12:33:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour la création dans le Spécial 2012 « Hô Sublime Antigone« . Vous y trouverez également le seul morceau nouveau du Chapitre 8 « Communautés« .


http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Générique intro: The journey Home (alb: loophole – Greed john)

    Générique outro: Canadian Forest (alb: Drums of love – MOOD)

    Thème chapitre « MaterOne Centrum » : The Dark Symphony (alb: The Dark Symphony – Roger Subirana Mata)

    Thème chapitre « Okagwam »: Tribal Dance (alb: Ocean of an old Man OST – SaReGaMa)

    Thème chapitre « Atos »: Queen of the wind (alb: The dark symphony – Roger Subirana Mata)

    Thème des Nordistes: Lettera a mamma (alb: Sta a Sente – Sta a sente)

    Thème de la bataille des Monts Atos: Tsunami (alb: Running against time – Yunus)

    Thème Ismène Tachk’n: Sound Crystals (alb: World of illusions – Kachkin)

    Thème Récolteurs de Vent: Smooth Depth (alb: Loophole – Greed john)

    Thème Benkana espoir: Secret Garden (alb: Aeon2 – Celestial Aeon Project)

    Thème Benkana colère: Space war (alb: Aeon2 – Celestial Aeon Project)

    Thème Poféus: The Ancients (alb: Aeon2 – Celestial Aeon Project)

    Thème Rebellion: New dawn (alb: Aeon2 – Celestial Aeon Project)

    Musique du bar lounge: The very opposite of my Husband (alb: Velvet Dress & Stockings – Dazie Mae



Et bien sûr nous terminons toujours avec notre piste phare de ce Spécial 2012 « Hô sublime Antigone », LE morceau de la plus grande bataille de la Révolution Castiks:

Royalty-free music for professional licensing

On se retrouve Fin Septembre 2012 avec votre série qui reprend pour le Chapitre 9 !

(Commenttez à mooort, et nous on aimera çà à dooooonf 😛


(Recrutement) Red Universe recherche un (ou deux) Monteur(s)/mixeur(s) son

Tue, 28 Aug 2012 11:40:00 GMT

Bonjour,

Difficile de faire rêver avec ce qui va suivre, mais justement, le concept de production de cette série entraine quelques contraintes, du fait de sa diffusion IMPERATIVE, chaque semaine..

(intro qui fait peur, çà c’est fait..)

Nous sommes à la recherche d’un MONTEUR MIXEUR,

descriptif:

    Sur un logiciel qui lui est aisé (ici on travaille sur Adobe Audition et avant sur Apple Soundtrack mais il n’y a pas de contraintes), le monteur devra recevoir, nettoyer et sélectionner et procéder au montage de la narration et des dialogues des épisodes.
    Les musiques, préalablement choisies par la réalisation, devront être mixées avec une maitrise du rythme de la narration et/ou de l’action.

    Le travail devra être réalisé une semaine avant la diffusion, pour garder une marge de risque/d’imprévu. Tous les scripts seront envoyés plusieurs semaines en avance aux participants (narrateurs, acteurs et monteur) avec une dead-line hebdomadaire.
    Bien entendu, si une remarque ou demande de correctif est faite par la réalisation, elle devra être effectuée. On peut d’ailleurs se mettre d’accord sur un nbr maximal de corrections/montage, après une période de rodage bien compréhensible.

    les transferts s’effectuent par FTP (celui de podradio mis à notre disposition).
    Le montage s’effectue en 48000hz et 16 bits, export en mp3 VBR 256 kbits > A envoyer à la réalisation qui s’occupera de la partie commerciale/marketing (mise en ligne, sites de partages, sites sociaux, sites sagas mp3, etc..)

    *Une base de donnée de bruitage, ainsi que quelques sites de sons ouverts seront fournis par la réalisation.

profil:

    »feeling musical » ou « intelligence du rythme », en gros le monteur doit etre capable de ressentir et de transmettre des emotions au travers de son montage.
    Un monteur mixeur sur RU doit être impliqué dans le travail, quitte à faire un bout de voix qui manquerait, ou proposer des idées de montage/mixage, des idées musicales, voire même de scénario( attention chasse gardée mais sujet toujours open). Chercher ses bruitages pour chaque épisode est aussi une contrainte..

    Tenir ses délais implique une rigueur et une méthodologie sans faille! Une fois les marques prises, un montage de 10mn doit etre fait en 2hrs maximum ( 3hrs en comptant du check/nettoyage de voix, récupération des bruitages, etc..) Donc on peut compte entre 3 et 4 hrs / semaine mobilisées uniquement sur cela!
    Toujours au sujet des délais, il peut y avoir un moment où on ne sera pas disponible (c’est normal çà arrive à tout le monde), une seule obligation: PREVENIR DES QU’ON EST AU COURANT, nous pourrons prendre la suite..

(normalement là, à ce moment, il n’y a plus personne..)

Gains:

    Salaire: 0€
    crédits: dans tous les fichiers audios sortis, dans les coryphés de fin

    participations: soirées de galas redU, événements spéciaux Podradio, RU à promouvoir autour de soit dans son univers…
    avenir: si un jour on gagne qqchose avec cela, les gains seront tout simplement partagés! (ne soyez pas pressé hein?)

    joies et bonheur de travailler au sein d’une sacré équipe de winners avec des amateurs de qualité professionnelle!!
    Red Universe, la plus grande saga intergalactique jamais racontée en podcast, c’est un monument à batir, un « [i]Empire state Building
    » à échaffauder, mais qui durera longtemps. Il en est à déja 15 heures d’écoute, plus de 100 episodes et il reste entre 12 et 20 chapitres à venir, chacun avec une douzaine d’épisodes..

    Les responsabilités peuvent évoluer suivant les demandes mais il faut toujours faire ses preuves dans un domaine avant de passer à un suivant.
    Imprimer SA marque. Mon style est ce qu’il est, avec ses qualités et ses défauts, pourrez-vous, montage après montage, affiner le votre et me faire apprécier votre travail au point qu’il devienne une marque de fabrique?[/i]

Evidement nous sommes conscients que cela doit en rebuter plus d’un. Mais le problème c’est que ce flux tendu implique du travail, mais également de la constance. Lorsque nous ferons confiance à un monteur, cela ne sera pas pour se faire planter un jour et devoir afficher la sempiternelle phrase « RU est retarde d’une semaine » ce qui a le don de me mettre en rogne (déjà quand il s’agissait de moi je psychottais..)

Si nous décidons de recruter un monteur (ou deux d’ailleurs, cela simplifierait le boulot de tous, c’est pour travailler avec lui, et pas le rechercher pour savoir où il en est. On donne des news, on ne disparait pas. On previent qu’on sera indisponible, on ne part pas en vacances genre « mais si, il s’en douteront! »

Les sagas MP3: des amateurs travaillant en professionnels, Red Universe: une équipe d’amateur, travaillant professionnellement pour une radio en ligne dont elle est un des point fort.

Nous avons donc des comptes à rendre (bon on est pas en Allemagne hein?) que ce soit à Podradio ou, surtout, aux auditeurs, aux 3000 téléchargements mensuels dont le nombre ne cesse de grimper mois après mois…

Sinon l’ambiance est toujours positive – à l’américaine – and the job has to be done, that’s all! :smt020

Ca fait « the right stuff », c’est l’odyssée spatiale les enfants! :P

Merci à vous par avance si vous postulez, après une présentation comme cela, je vous félicite par avance!

Vous pourrez postuler ici ou sur le email: raoulito et plus loin @podradio.fr ^^

bonne fin de journée et à bientôt dans Red Universe!!!



Red Universe Spécial 2012

Mon, 27 Aug 2012 17:32:00 GMT

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Pour votre plaisir, voici l’intégralité de l’épisode Spécial diffusé durant le 27/24 d’Août 2012, intitulé:

« Hô Sublime Antigone »

  • durée: 3h30
  • poids: 405 Mo
  • Synopsis: La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif: c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…


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Red Universe Spécial 2011

Mon, 27 Aug 2012 17:23:00 GMT

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Pour votre plaisir, voici l’intégralité de l’épisode Spécial diffusé durant le 27/24 d’Août 2011,intitulé:

« Le temps des cerises »

  • durée: 2h42
  • poids: 311 Mo
  • Synopsis: Phil Good, jeune lieutenant idéaliste et engagé de l’armee de MaterOne, va être confronté à la rebellion qui gronde sur la planète et découvrir que les lignes de la morale et de la justice ne se croisent pas forcement..


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Podradio: 27/24 & Red Universe: Spécial 2012

Fri, 03 Aug 2012 23:07:00 GMT

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Ne manquez pas tous les membres de l’équipe de Podradio pour cette messe annuelle!

Des surprises, des interviews, des jeux, des chronique-techs, des débats, VINGT-SEPT heures de direct en continue rien que pour vous!!! Demandez le programme!

et…?

ET… !?


LE SPECIAL RED UNIVERSE 2012!

Pour les plus impatients, revoici le générique du futur grand moment!
Près de 3 heures d’écoute en 5 parties, 11 acteurs, un apocalypse permanent où vous retrouverez tous vos héros!

Alors Rendez-vous dans 3 semaines, aucune excuse ne sera acceptée :-) !!
Et sur ce: bon mois d’Août 2012, profitez de la chaleur et du soleil !


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Le 15 Septembre 2012..

Fri, 03 Aug 2012 22:46:00 GMT

.. Sera arrivée la fin de la longue attente:

Chapitre n°9 Episode n°1

« PIN’UP »

D’ici là, Red Universe se met en mode vacance, mais pas très reposantes! Le Spécial 2012 sera diffusé le weekend du 25 & 26 Août 2012..!



RedU T1 Ch8 Ep15

Fri, 03 Aug 2012 22:29:00 GMT

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“Bonsoir et bienvenue pour cette édition du soir de votre journal multi-diffusé! Vous êtes bien sur ExOne-Media, je suis Ted Maos’n, voici les titres:

  • Transporteur n°7: Retour sur la prise d’otage que n’a pu empêcher la Commandante Benkana mais qui s’est heureusement bien terminée. Quelle implications des communautés, que va-t-on faire des prisonniers? Les images et commentaires de Jack Blaste.
  • Transporteur n°5: Les quatre meurtres enfin élucidés! L’incroyable découverte d’une sonde furtive de la République Castiks, tous les Transporteurs de l’Exode sont désormais alertés et débutent leurs recherches..
  • Bientôt la dernière station connue :“Pinata el Grande”, le moment de faire nos Adieux à cette galaxie avant la Passe de Magellone! Les explications d’un spécialiste..

C’est donc l’Edition du soir, vous êtes en direct sur Ex-One Média et on se retrouve juste après une page de publicité !”

<pub>

“Retour dans l’Edition du Soir de votre chaîne d’information ExOne-Média!

Vous apercevez en ce moment sur vos écrans les images des évènements d’il y a quelques heures que vous avez suivi en direct sur notre chaîne d’information: la fin de la prise d’otage sur le Transporteur n°7.

On voit ici le jeune soldat tenant en respect ses prisonniers..

Les voici remis aux autorités du vaisseau…

La Princesse Azala guidant nos journalistes.. Puis la Commandante Benkana qui se félicite de la conclusion heureuse de cette situation.

Alors, pour nous donner plus de précisions, retrouvons en direct Jack Blaste. Jack Vous êtes là?”

“Oui Ted, bonsoir à nos multispectateur”

-Merci Jack, également. Alors, avant de revenir sur les évènements, que sont devenus les preneurs d’otages?

-Ils sont en résidence surveillées dans une de leur cabine semble-t-il. Une mansuétude qui s’explique par l’historique des criminels! L’un se nomme Phil Goud, un officier de ce Transporteur, et les milieux autorisés affirment qu’il a prit une part très importante lors de la Révolution Castiks. Et, étrangeté du sort, sa compagne y aurait également joué un rôle, mais coté royauté! Et si la Princesse Azala est liée d’amitié avec le Lieutenant Goud, la femme serait (j’insiste bien sur le conditionnel Ted!), serait donc impliquée dans la mort du ministre de la reconstruction Benkana, le propre père de la Commandante actuelle de ce Transporteur!

-Mais c’est incroyable Jack! Il ne s’agit que de rumeurs, mais, si elles se confirment, nous sommes devant un vrai dilemme politico-judiciaire non?

-Et oui, un dilemne dont les racines remontent très loin, bien avant le grand départ de MaterOne! J’ajoute, par ailleurs, que la Princesse Azala vient d’être nommée officiellement “Médiatrice du Transporteur”, en contact permanent avec toutes les cultures de la cité intérieure et les services de sécurité et qu’une enquête, liée à une découverte d’un très grande importance dans la communauté nordiste, vient d’être diligentée! Là encore, nous en saurons plus dans les prochaines heures..

Quoi qu’il en soit, je vous assure que les équipes sur place d’ExOne Média vont faire leur maximum pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire.

-Et nous tenir informé du devenir des preneurs d’otage !

-Et du devenir des preneurs d’otages, bien entendu, nous seront également vigilants à cela! A bientôt, c’était Jack Blaste, envoyé spécial en direct du Transporteur n°7 pour ExOne-Média..

Merci Jack…

Dans quelques secondes, l’incroyable découverte du Colonel Sterling Price à bord du Transporteur n°5, qui nous concerne tous.

A tout de suite!..”

<pub>

Bienvenue à ceux qui viennent de nous rejoindre.

Il n’y avait que des pistes, mais les enquêteurs viennent de présenter leurs derniers éléments pour résoudre les meurtres qui avaient ensanglanté le Transporteur n°5 et causé tant de remous communautaires: une sonde espion!

Un reportage exclusif signé Angelus Air pour ExOne -Média

“La chose est captivante: vous voyez ici une vidéo des multiples débris récupérés par les équipes du Transporteur n°5 de la Sonde d’espionnage. Elle fût détruite après une course poursuite dans les conduits d’aération des entrepôt du Transporteur.

Ces images ont été diffusées durant la conférence de presse du Colonel Sterling-Price dont voici quelques extraits:

-..Et nous pouvons ainsi affirmer que cette Sonde à Intelligence Artificielle de classe “Omega” a été placée ici pour surveiller, recueillir et transmettre à MaterOne des informations multiples sur le déroulement du voyage de l’Exode. C’est un modèle programmé pour la furtivité mais également le combat en auto-défense. Une enquête poussée reconstituera les faits, mais on peut sans grand risque d’erreur penser que toutes les victimes ont découvert d’une manière ou d’une autre, l’existence de cet appareil.

..

Je tiens d’ailleurs à féliciter chaudement les équipes d’entretien et de sécurité de ce vaisseau qui ont payé un lourd tribut à la résolution de cette affaire: le chef enquêteur, Mr Weston, a trouvé la mort sous les coups de cette machine diabolique, de la même manière que le gardien de l’entrepôt! J’en profite également pour remercier les communautés Brune et Barbane qui se sont ressaisies après une bien légitime vague de colère (deux jeunes victimes innocentes dans leurs rangs), et nous ont ainsi permis de concentrer nos forces à la résolution rapide de cette affaire.

Enfin, nous avons envoyé un rapport détaillé de tout ce que nous savions sur cette sonde, ses modes opératoires et ses buts aux six autres Commandants des Transporteurs de l’Exode, car il y a un risque sérieux que d’autres machines infernales existent! Les services de sécurités passent en ce moment au peigne fin tous les containers des entrepôts, mais cela prendra un peu de temps vu les quantités présentes..

Y a-t-il des questions..?

  • Un des membres de la sécurité nous a confirmé que l’utilisation de ce genre de sonde est fréquente dans l’armée de MaterOne dès lors qu’on ne peut envoyer des hommes sur le terrain. Donc si les assassinats de nos concitoyens n’étaient pas volontaires au sens stricte, on peut légitimement penser que les autorités Castiks n’ont pas hésité à mettre en danger la vie des passagers de l’Exode, en dissimulant parmi eux ce genre d’armes de guerre! C’était Angelus Air sur le Transporteur n°5, pour ExOne-Média.”

“Merci Angelus Air!

Pinata el Grande et la Passe de Magellone

Juste après çà!”

<pub>

“Dernière partie de notre journal: nous abordons la suite de l’Odyssée de l’Exode: La Station spatiale “Pinata el Grande” et la Passe de Magellone!

Alors nous avons sur ce plateau Monsieur Acha-Roches, spécialiste en astrophysique des espaces lointains. Bonjour Mr Acha-Roches, alors pour nos multispectateurs qui ne connaissent pas bien les voyages spatiaux, que pouvez-vous nous dire de la station tout d’abord puis de la Passe elle-même…….

Fin du 8ème Chapitre


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RedU T1 Ch8 Ep14

Sun, 29 Jul 2012 10:45:00 GMT

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La chose progressait à la vitesse maximale de ses compresseurs. Son intelligence artificielle était le dernier cri sorti des usines d’armements et son unité analytique intégré en second sous-niveau, une révolution pour l’époque, lui donnait des facultés d’adaptation hors normes! Elle savait comprendre et anticiper des réactions humaines, connaissait la notion du “peut-être” et savait effectuer un nombre quasi illimité de simulations servant à concevoir une politique d’action pour sa spécialité: la furtivité.

Mais ce soir, cet politique ne pourrait être suivie. De ses multiples yeux de secours, elle voyait bien les objets voler en éclat tout autour d’elle, et les dégâts qu’elle subissait lui avaient déjà couté deux stabilisateurs secondaires et un des systèmes auditif arrière. Ajoutés à ceux causés par l’entité “Markos Weston”, 37 minutes et 43 secondes plus tôt, elle se savait en situation critique.

Comment allait-elle pouvoir remplir sa mission?

Elle était la sonde n°31267, sortie des ateliers de l’usine d’armement “Texane-4” le 5eme jours du13eme mois de l’an 2 de la Révolution Castiks. Elle était ce qu’on appelait en argot militaire “une intruse”, une sonde à intelligence artificielle poussée qu’on envoyait dans les zones extrêmement dangereuses pour récolter et transmettre des informations d’ordres multiples sur l’ennemi. Mais ses concepteurs avaient été bien plus loin: elle avait la capacité physique et mentale de se défendre si elle risquait d’être découverte.

Une de ses multiples pattes se pris dans une entrée de gaine de ventilation, plusieurs impacts enrayèrent le mécanisme qui se coinça. Sans émotion, elle fit sauter les vis explosives et se sépara de cette partie de son intégrité, poursuivant une nouvelle voie dans les circuits de ventilation.

Tous les plans du vaisseau, tous les membres de l’équipage, les habitants des cités intérieures, l’inventaire complet des matériels du vaisseau, bref, tout ce qu’il était possible de lui apprendre sur son nouvel environnement lui avait été programmé.

Et elle surveillait, accumulait des informations sur les multiples enregistrements micro-ondes qu’elle captait, les différents axes transdimentionnels qu’elle parvenait à trianguler, l’évolution de l’état des stocks, du matériel et même les changements physiques des personnes qu’elle pouvait identifier ainsi que leurs conversations.

Un espion en zone sensible..

Elle avait piraté et mis hors service la surveillance vidéo de cette partie des entrepôts depuis plusieurs semaines, une des priorités de ses premières sorties. Mais son système d’apprentissage fût bientôt mis à rude épreuve!

Comme pour ce gardien qui avait découvert son caisson ouvert et vide. Ses simulations démontraient l’obligation de le neutraliser.

Ou quand on l’avait surprise en veille dans sa caisse !

Il s’agissait des entités Rado Ver Bakous et Kaleza El Oussim, qu’un scan visuel et hormonal, ainsi qu’une analyse ethno-culturelle avait classé comme couple, malgré leur appartenance à des cultures différentes. Le mâle voulait ouvrir une bouteille de vin pour la future annonce officielle aux familles de leurs fiançailles, mais il s’était trompé de caisse!! L’entité femelle s’était abritée derrière l’entité mâle et avait reçu une des balles que le jeune barbane tirait sur le coffre avant blindé de n°31267! La sonde l’avait neutralisé alors en tranchant plusieurs organes vitaux et avait intelligemment refermé son container en plastique pour en investir un voisin un peu plus en hauteur.

Ce qui fait qu’aucune trace ne subsistait sur les lieux des crimes. L’objectif de sa mission restait donc d’actualité.

Pourtant l’entité “Markos Weston” l’avait retrouvé! Et son attitude avait bien démontré qu’il ne s’agissait pas d’une erreur! Ses simulations n’arrivaient pas à être claires là-dessus.

Virage à droite, attention passage proche des ventilateurs du niveau 0, en bas des entrepôts. Senseur sonore: bruit des ventilateurs en bas.

Attention, les capteurs au sol signalent un ratio d’adhérence très faible. Compenser au niveau des trois pattes restantes.

De plus, il l’avait retrouvé dans une zone où les caméras n’avaient pu encore être mises hors fonction. Elle comprenait parfaitement que désormais les humains de ce vaisseau mettraient tout en action pour la capturer ou la détruire. Elle devait donc achever sa mission au plus vite et transmettre toutes ses informations au centre de traitement des données de MaterOne!

Alerte. Adhérence nulle. Systèmes bloqués contre la paroi au maximum. Senseur gyroscope désaxé! Glissement en cours!

Compenser.

Au bout de cette canalisation se trouvait un raccordement vers les systèmes de transmission du Transporteur. Elle pourrait envoyer ses données sur un signal transdimentionnel compressé et crypté en soixante seize secondes.

Après il lui faudrait s’autodétruire, un sous-ensemble de programmation lui proposant de surcharger son noyau de lithium dans la centrale électrique géante. En pleine traversée entre les dimensions, le vaisseau était condamné dans 99.73% des simulations..

Information auditive: volume du vrombissement en augmentation..

Information visuelle: les pâles d’un ventilateur géant en approche rapide! Aucune adhérence, déblocage des crampons de sureté! Impact sur la chute négatif.

Compenser.

Compenser..

Alerte, court-circuit au niveau des capteurs des jambes avants! Capteur auditif: bruit de métal déchiqueté. Vibrations d’amplitude très élevées ressenties dans tout l’intégrité!

Les calculateurs électrostatiques ne répondent plus.

Compenser.

Alerte, noyaux lithium non contrôlé.

Perte des stabilisateurs..

Simulation de réponse: je meurs.

Comp…..

Le Colonel Sterling Price marchait au coté du brancard emportant le corps de son ami fidèle Weston. Son ancien Majordome, son second, celui qui l’avait suivi contre vents et marées, et qui, finalement, avait résolu l’affaire des trois premiers meurtres de l’Exode avant d’en devenir le quatrième..

Un jeune officier lui rapporta le succès de l’opération de huilage des conduits d’aération. En voulant les utiliser, la sonde s’était retrouvée glissante et patinante, dégringolant vers le dernier niveau, droit dans les pâles du ventilateur géant n°2, celui-là même où on avait retrouvé le corps du malheureux gardien Brun.

Un juste retour des choses en quelque sorte..

La communauté Brune s’était excusée, le nuage d’affrontements intra-communautaires s’était éloigné, les médias s’étaient calmés et la sonde responsable de tout cela n’était plus.

Tapotant sur l’avant bras couvert d’un drap blanc il conclu :

“Vous vous êtes battus comme un tigre Weston, jusqu’au bout. Vous aussi, au delà de votre masque impassible, étiez un vrai Barbane”…

Son équipe avait gagné, mais lui, Colonel Sterling Price, Commandant en charge de ce Transporteur, était encore plus seul qu’auparavant avec ses souvenirs, ses vides et son chagrin.



RedU T1 Ch8 Ep13

Sat, 21 Jul 2012 09:43:00 GMT

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La rhétorique d’avocat d’Azala…Elle avait marqué un point: son père détestait la guerre, et il avait d’ailleurs été en larmes quand sa fille s’était engagé dans l’armée royale puis, quelques années plus tard, avait fait ses débuts avec la Révolution Castiks! Elle enfila à nouveau le casque mais les attaches automatiques durent être remplacés car les précédentes avaient été arrachées..

C’était une perte de temps mal venue..

Elle se souvint du jour où elle avait annoncé à son père son intention de se battre au coté de la rébellion. Celui-ci avait juste répondu que pour une fois peut-être les soldats serviront à quelque chose de bon..? Et il n’avait d’ailleurs pas tardé à la suivre après l’invalidation des élections, qui venaient de l’introniser comme homme politique de premier plan sur MaterOne, devenant ministre dans le “Conseil de la révolution” et faire ce qu’il savait le mieux: aider les autres…

“Madame préparez-vous, la synchronisation synaptique va se mettre en place..”

Mais même cela mit plus de temps qu’auparavant. Azala avait placé un virus dans la tête de la Commandante, une arme que seule la Princesse pouvait connaitre!

Encore plusieurs minutes à se calmer et à se concentrer.

Çà y était: tous les marqueurs étaient au vert et une image tridimensionnelle emplie le champs visuel de Benkana. Une simple pensée et un zoom l’emporta face au container où se trouvait sa cible. Et là nouvelle surprise: personne dans le container du sommet de la résidence!

Trois personnes se tenaient debout, l’étage en dessous, l’une derrière l’autre. Les images indiquaient clairement qui était la femme du groupe: elle avait les mains sur la tête, ainsi que son compagnon et c’était l’otage qui marchait en tête, les tenant en joue!

“Commandant, lui chuchota le sergent, on voit la porte s’ouvrir et c’est.. C’est notre gars qui sort devant, et les autres se rendent !

-Je voix bien je ne suis pas aveugle!” grogna Benkana. Ils progressaient tous les uns derrière les autres, impossible de tirer sans les tuer tous les trois..

Son père la regardait en désapprouvant..

Benkana secoua la tête, reprit sa concentration.. “Non Azala tu n’auras pas le dernier mot! Cette femme mérite la mort et je vais la lui donner comme cela aurait dû être fait il y a déjà longtemps!”

Les deux prisonniers et leur gardien descendaient l’échelle pour atteindre les niveaux inférieurs et cette fois Benkana avait une fenêtre de tir parfaite!

Son père.. Un pacifiste..

Elle serra les dents, la croix verte mobile de la cible en plein milieu du dos de l’Agent 12.

Son doigt trembla, se stabilisa, puis commença à serrer..

C’était maintenant ou jamais!!

“Commandant, vous devriez reposer cela tout de suite!” lui dit le sergent avec une sorte de panique dans la voix.

Qu’y avait-il encore??

Elle entendit s’approcher plusieurs personnes, une voix dominant les autres: celle d’Azala.

“.. Et c’est avec une vraie fierté que je vous annonce en direct sur ExOne Média que les fuyards se sont rendus sans combattre! Alors maintenant Jack, je pense que vos multispectateurs seraient ravis d’avoir les premières impressions de Madame la Commandant Benkana qui surveillait minute après minute toute les évènements garce à cette appareillage de science-fiction! Approchons-nous d’elle doucement pour ne pas trop la déranger et pendant ce temps je vous propose de filmer la scène d’ici où nous avons une vue imprenable n’est ce pas!?”

Déjà elle sentait les connexions s’éteindre et les condensateurs se décharger. Le Sergent faisait du zèle dans la panique!

Tentant d’arborer son plus beau sourire, ce qui n’était pas du tout évident, elle se laissa enlever le casque hightech, et lança face à la caméra “Messieurs nous assistons à un moment magnifique et je vous offre volontiers cette place de choix pour tout filmer autant que vous le voudrez. Pardonnez-moi je dois retourner dans mon centre de commandement pour terminer quelques préparatifs..”

Et elle marcha d’un pas tremblant jusqu’au container aménagé pour la crise, où elle invita, d’un ordre à la limite de la sauvagerie, tous ses officiers à la laisser seule.

Dans le calme de sa nouvelle solitude, elle frappa la table d’un coup de poing où elle voulu concentrer toute la rage, la frustration, les contradictions et enfin la douleur de la perte jamais acceptée de son père!

Sous l’impact, elle se cassa en deux et Benkana s’acharna encore à grands coups sur les restes du mobilier présent, des larmes perlèrent sous ses yeux, retenues depuis trop longtemps derrière son armure de militaire impassible!

Elle ne put dire combien de temps sa crise de nerfs eu lieu, mais c’est en sueur, le visage déformé, rouge et en larme qu’elle s’effondra à genoux au sol devant une petite chaise fracassée à coups de talons.

Sa respiration était lourde, vibrante.. Elle voyait des goutes de sueurs tomber sur le sol, ne sachant comment reprendre ses esprits après cette flambée de colère refoulée..

Un petit tissu vint alors doucement lui essuyer le front. Elle eu un mouvement réflexe de recul, puis se laissa faire.

Azala l’épongea, brossa du revers de la main la poussière et les éclats sur ses vêtement, qu’elle rajusta, et renoua ses beaux cheveux en une stricte queue de cheval. Puis elle s’assit à son tour par terre, restant aux cotés de sa compagne, sans parler, attentive….

Le grand container était sens dessus dessous, des objets brisés étalés et toutes sortes de documents éparpillés un peu partout. Au milieu de ce capharnaüm, alors que l’attention de tous était portée dehors sur l’arrestation de Phil et Adénor, les deux femmes restaient assisses, silencieuses, recouvrant peut-être leurs esprits…

“Alors? Tu ne m’as pas dit si tu me pardonnais?

-Et toi?”

Leurs bras se nouèrent tendrement et, enfin, elles purent se retrouver.


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Red Universe fête son 100eme épisode !!!!

Sat, 14 Jul 2012 20:24:00 GMT

L’épisode 12 du Chapitre 8 est donc le n°100 de la longue liste des épisodes de Red Universe..

Quelques chiffres?

    Plus de 14 heures d’écoutes !!

    Bientôt 200 pages de narration (typo 10, 3 colonnes par page)

    100 épisodes répartis en 8 Chapitres

    Un Spécial de près de 3 hrs (le prochain sera prêt dans un mois!!)

    Une petite quinzaine de personnages (et d’autres encore à venir)

    Une demi-douzaine d’acteurs

    Près de 3000 téléchargements/écoute par mois

    ..Et tout cela débuta en Janvier 2010 :) J’ai arrêté de compter les heures passées dessus (plus de 5hrs/semaines depuis 2,5 années sans compter l’écriture!!)

Aller, tous ensembles..
BON ANNIVERSAIRE RED UNIVERSE :smt039


happy épisode :)

Il est passé à l'âge adult !!!now


(au fait, si vous aimez, profitez de l’été pour faire un petit don d’encouragement, enfin moi je dis çà je dis rien hein 😉 ? )



RedU T1 Ch8 Ep12

Sat, 14 Jul 2012 19:37:00 GMT

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“Adénor.. Ou Zoé je ne sais comment t’appeler..?

-Adénor, mon chérie, pour toi çà sera Adénor. Ce fût mon nom pour l’Exode et je t’ai rencontré ainsi. Alors tu peux m’appeler comme çà si tu veux” répondit Adénor avec un petit sourire. Ils s’étaient abrité dans le coin opposé de celui de l’otage et parlaient à voix basse..

“Adénor, mon amour, est-ce que tu as une idée pour nous sortir d’ici?

-Non, aucune.. et toi?

-On peut toujours négocier et se rendre. Il n’y a eu aucune ligne rouge sans retour qui a été franchie, au pire on passera quelques temps en prison?”

Adénor rie sincèrement, mais à voix basse, et embrassa son Prince Blanc avec sa fouge habituelle..

“Mon Prince, tu oublies quelques détails: la Commandante ne me laissera pas vivre, tout simplement. J’ai tué son père, c’est sans espoir…

-Allons, l’Exode n’est pas que Benkana, elle ne pourra pas t’exécuter froidement si tu te rends en public. Et de toutes façons je serais là, quoiqu’elle pense de toi, elle n’osera pas me tirer dessus.”

Adénor avait bien sûr également pensé à cela. Mais elle doutait sérieusement de son avenir: allait-on la faire disparaitre ou croupir en prison tout le reste de sa vie?

“Mais quel avenir Phil chéri? Que deviendra-t-on si on se rend?”

Phil lui prit doucement la tête dans ses mains, massant tendrement les tempes d’Adénor dans un geste de réconfort.

“On sera vivant, et à partir de là.. Tout sera possible..”

“C’est un système d’assistance au tir à longue distance. Un mélange de bio mécanique et d’électronique de pointe couplé à de multiples censeurs.”

Benkana enfilait sous les yeux de la Princesse l’étrange appareillage qu’elle l’avait vu enlever une heure plus tôt.

“Et si tu me résumes la finalité plutôt que la plaquette commerciale, cela donne quoi?

  • < rire étouffé de benkana > En gros je vais couper la poire en deux: Je ne donnerais pas l’assaut sans avoir neutralisé l’Agent 12. Ce qui évitera le bain de sang mais garantira la longévité de l’otage et de Phil Goud. On en saura plus sur ce que les vieux bonhommes en noir Nordistes avaient à cacher.
  • Et de quelle manière comptes-tu neutraliser Adénor Kérichi qu’on ne voit pas? Utilise donc les noms des gens, cela consommera ce que tu es en train de préparer!
  • Je vais abattre Adénor Kérichi – alias l’Agent 12 – alors que je la verrais parfaitement et qu’elle se croira protégée à l’intérieur du container. Le fusil que je tiens et que le sergent couple en ce moment au système d’assistance tirera une balle blindée qui traversera les deux parois du container et le corps de l’Agent 12 sans problème..”

Le Sergent intervint et murmura à l’oreille de la Commandant “Conditions optimum de tir Madame. Les processeurs ont déjà commencé les calculs. Je vous suggère de mettre le casque pour lancer la synchronisation synaptique..”

Benkana tourna alors la tête vers la Princesse, une dernière fois avant de mettre le casque de tir:

“Pardonnes-moi un jour ma chérie..”

Et elle enfila le casque qui se scella en un système clôt à pression constante.

Azala réfléchissait. Comment arrêtez cela?

Une machinerie diabolique, ourdie par les Vieux Nordistes et que Benkana acceptait comme telle, allait se dérouler sous ses yeux et elle n’y pourrait rien?

Une idée jaillit soudain!

D’une simplicité déconcertante..

Encore lui fallait-il quelques minutes.. Mais la Commandante levait déjà son fusil pour tirer..

Synchronisation synaptique: un système basé sur un contact avec l’électrochimie des neurones.. Donc elle devait obliger la commandante à enrayer le système pour devoir tout réinitialiser: si on arrachait le casque cela prendrait plusieurs minutes pour tout remettre en fonctions!

Et le tireur pouvait entendre autour de lui: tout à l’heure, malgré son casque, Benkana avait réagit à ses paroles!

La commandante prenait sa position de tir, jambes fléchies, le fusil tenu en souplesse à bout de bras..

“Je te pardonne ma chérie.. J’espère juste que ton père, lui, te pardonnera ton geste un jour depuis sa tombe..”

Immédiatement, les courbes sensorielles se mirent à afficher des graphes fous! La grande femme se retourna dans une posture agressive et arracha son casque d’une main tandis que le canon du fusil ne percuta le sol que grâce à la réactivité du sergent!

Comment oses-tu parler au nom de mon père!!!!

-Parce que tu vas tuer quelqu’un en son nom MAINTENANT !! Il a toujours prôné le pacifisme et la guerre elle-même lui faisait horreur! Il était ministre de la reconstruction, pas des armées: tu l’aurais déjà oublié ??!!!

-Ta rhétorique d’avocat ne sauvera pas cette femme AZALA !!!”

Et Benkana voulu remettre son casque, mais le système d’ouverture se bloqua.

Le sergent intervint:

“Madame, il faut relancer toute la procédure, et réarmer le système de pression…

-Alors allez-y! Dépêchez-vous!!”

cria Benkana qui voulu relâcher sa colère sur Azala, mais celle-ci descendait déjà l’échelle de coté du container.


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Retard de l’episode 11 pour cette semaine…

Thu, 05 Jul 2012 20:51:00 GMT

Il fallait bien que cela arrive: en pleines vacances, alors que je passe des soirées à chercher une voiture d’occasion, et mes matinées à écrire le Spécial, voici qu’une journée portes ouvertes me bloque tout le Samedi..

Franchement je jette l’éponge!

Donc..

Pour des raisons techniques, le Chapitre 8 Episode n°11 est retardé d’une semaine..

voilà, c’est dit :)

aller courage, désolé encore et à la semaine prochaine!



RedU T1 Ch8 Ep11

Sat, 30 Jun 2012 20:20:00 GMT

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“Nous vous conseillons de la manière la plus juste à nos yeux Commandant Benkana. L’intérêt de notre Communauté passe par la réussite de l’Exode, il est important pour nous que tout évènement trouve sa solution de la meilleur manière possible!

-Et pour vous la meilleure des manière c’est la perspective de plusieurs morts !!?“ Hurla Azala les deux poings serrés sur la table de la salle de réunion. Plusieurs soldats en interrompirent leur préparatifs, et certains des vieux Nordistes reculèrent même légèrement tandis que d’autres fronçaient les sourcils.

Seule Benkana restait impassible.

“Bien sûr que non Ma Princesse, nous déplorons cet état de fait, mais le redoutable couple de tueurs en ce moment barricadé dans cette résidence menace par sa propre présence toute la stabilité de la cité intérieure!

-Pour votre information, sans l’un de ces redoutable tueur, vous seriez toujours sous la dictature d’un système corrompu empoisonnant tout votre peuple avec un Sur-Réacteur défectueux au Lithium!”

-Je m’excuse Ma Princesse, mais le peuple Nordique fût à l’avant-garde de la Révolution avec la première République de MaterOne, et la femme tueuse présente là-bas est responsable de nombreux meurtres pour ce même régime corrompu dont vous parliez à l’instant..”

Azala serra les dents: ces petits vieux étaient parfaitement rodés dans l’art des échanges verbaux, de plus ils voulaient avec insistance que l’assaut soit donné, avec clairement l’espoir que cela tuera tout le monde sur place. Mais qu’avaient-ils donc à cacher?

“Dans tous les cas”, poursuivi un des vieux Nordiste, tournant sa veste noire vers la Commandante, “ Cette décision reste vôtre, Madame la Commandant du Transporteur n°7. Et pour la tranquillité de tous, la Communauté Nordiste conseille l’assaut dans les plus brefs délais.” Puis se rasseyant sur son siège, il conclu” Telle est notre dernière sentence à ce jour. Soyons entendus.”

Soyons entendus” redirent-ils tous à l’unisson.

Puis silence, plus un bruit, les vieux posèrent leur menton contre leur poitrine et attendirent assis sans broncher..

“Messieurs, merci pour vos précieux conseils, je vous tiendrais informé de ma décision. Vous pouvez disposer..”

Sitôt qu’ils furent sortis, Azala s’affala sur la table, au milieu des plans et autres photos de la résidence.

“Ils veulent qu’on réduise au silence Phil et Adénor, sans parler du soldat en otage et des troupes d’intervention! Pourquoi? Quel lourd secret peut les entrainer à cette extrémité?

-Ils sont pressants à l’action, j’en conviens, mais toi qu’as-tu donc à proposer?”

Azala releva la tête, surprise par cette question si saugrenue..

“Mais.. Négocier leur reddition bien sur ?!

-Ha bon? Et sur quelles bases?

-Comment cela quelles bases? Qu’est ce que tu entends par là?”

La Commandante se laissa reposer en arrière, ferma les yeux et croisa ses bras en une sorte de pause méditative..

“J’entends que si n’importe qui peut prendre un otage et demander ce qu’il veut, alors nous risquons de ne plus contrôler la situation de ce Transporteur..

J’entend également qu’Adénor Kérichi, alias Zoé Akowa, alias l’Agent 12 est un assassin professionnel extrêmement dangereux et que si elle se rend elle passera toute sa vie en prison, ce qu’elle refusera avec la dernière force..”

Sortant de sa pose, sous le regard médusé d’Azala, la grande femme se leva et sorti à son tour à pas mesurés du container. Cette fois on était au bord du plongeon! Azala couru à la suite de la Commandante.

“Je ne crois pas à la négociation dans le cas présent Azala, voilà, cette fois je t’ai dis le fond de ma pensée. Merci pour tous tes efforts dans cette poursuite, désormais je prend la suite…

Sergent! Mise en place des conditions d’attaque!”

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“Ted! Je reprends l’antenne car il semble que les choses bougent ici! De nombreux soldats courent pour prendre position et on demande à tous les badauds de fermer portes et fenêtres et de rester chez eux! Il semble que nous sommes à quelques minutes ou peut-être secondes de l’attaque! Ici Jack Blaste pour ExOne Média en direct du Transporteur n°7 !!!! “


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Reportage sur les Sagas MP3 (Geek Faeries 2012)

Sat, 30 Jun 2012 17:28:00 GMT

A l’occasion du festival « Geeks Faëries » (début Juin 2012), plusieurs membres de la sagasphère ont exposé leur point de vue sur les saga mp3.

Sujet passionnant pour mesurer l’ampleur du phénomène!

http://forum.netophonix.com/ftopic13334.html

Un reportage signé Bohort pour Radio Campus Orléans !

PS: et on retrouve quelques uns de nos amis (Icaryon qui introduit Red Universe, @nowan et Blast..)



RedU T1 Ch8 Ep10

Fri, 22 Jun 2012 20:51:00 GMT

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“Bienvenue à nos multispectateurs qui viennent de nous rejoindre sur ExOneMédia! Les évènements se précipitent dans la chasse à l’homme (enfin à la femme) lancée par Benkana et ses équipes de sécurité dans la cité intérieure du Transporteur n°7!

Les fuyards ont été repérés et poursuivis, mais il semble qu’un otage soit désormais en leurs mains alors qu’ils se sont réfugiés dans une sorte d’immeuble Nordiste composé de plusieurs containers soudés et amalgamés!

C’est cet ensemble que vous voyez derrière moi!

Il n’y avait heureusement pas beaucoup de monde et les habitants restants ont été évacués. Vous pouvez apercevoir tout autour l’impressionnant dispositif policier et militaire qui bloque les rues adjacentes, évacue les foyers à proximité et surveille chaque centimètre pour trouver une faille et attaquer!

Nous avons vu des tireurs d’élite prendre position il y a quelques minutes mais ils sont désormais invisibles. Enfin d’après les rumeurs, la Commandante Benkana, personnellement concernée par la capture des fuyards et sous influence de l’ex-Princesse de MaterOne Azala, fille de l’ancien Roi déchu, ne reculerait devant rien pour déloger les fuyards et les vies humaines risquent de ne pas compter pour elle!Plusieurs représentants de la communauté Nordiste l’entourent également et l’on dit qu’ils seraient plus impliqués dans cette affaire qu’il n’y parait au premier abord.. J’aurais probablement des informations supplémentaires à vous communiquer sur ce sujet d’ici quelques heures..

Je vous rappelle que nous sommes ici en direct sur le Transporteur n°7, en pleine prise d’otage, au beau milieu d’une situation des plus tendues!! Bien évidement je reprendrais l’antenne si quoique ce soit de nouveau se produit !

C’était Jack Blaste, à vous la rédaction d’ExOne Média sur le Transporteur n°1!”

<pub>

Adénor était en rage! Les Nordistes voulaient que leur dépôt d’arme resta secret, ils ont donc manigancé un piège où se croyant poursuivis, Adénor et Phil se jetaient dans les bras des sbires de Benkana! Sans le chat de Phil qui les avait dérangé dans leur course, il auraient pu être abattus à bout portant!

Regardant de biais au travers des rideaux de la petite fenêtre, elle voyait fugitivement des silhouettes traverser son champ de vision. Il y avait beaucoup de monde dehors et sans leur otage, l’assaut aurait déjà été donné..

Adénor souffla profondément, cherchant une vague lueur d’espoir à leur situation.. Elle leva alors les yeux vers son Phil assit sur un lit, surveillant le soldat ligoté au sol dans un coin de la pièce. Certes c’est un ancien militaire mais elle le considérait comme une sorte de Prince Blanc méritant de rester loin des horreurs de ce monde. Pourtant la vie ne l’avait pas épargné non plus! Elle voulait qu’il puisse espérer une vraie vie simple et heureuse, c’est la raison pour laquelle elle l’avait quitté pour disparaitre dans la cité intérieure. Mais cet entêté était parti à sa recherche avec si peu de discrétion qu’elle l’avait vite repéré et n’avait plus eu le courage de le laisser partir une nouvelle fois.

L’amour est une voie dangereuse.. Il suffit de jeter un oeil sur leur situation..!

Phil surveillait le soldat qui avait eu la mauvaise idée de mettre en joue Adénor et lui en plein au milieu de leur course effrénée. Son jeune âge l’avait retenu de tirer immédiatement, Adénor l’avait désarmé en une seconde suivi de Phil qui, d’un coup de poing bien assené sur la mâchoire, l’avait mis K.O.. Mais d’autres soldats bloquant la route, Adénor avait enfoncé la première porte devant eux, espérant trouver une issue plus haut. Problème: au dernier étage il n’y avait pas d’ouverture au plafond ni même de porte! Ils se trouvaient dans une sorte de grande chambre à coucher avec un grand lit et quelques armoires ou tables de chevet, sans autre ouverture qu’une petite fenêtre et une trappe au sol bien fermée et cadenassée.

Phil se félicita tout de même de n’avoir quasiment croisé personne dans la montée de la grosse résidence multiple, et qu’aucun innocent ne soit en danger.

Au moins c’était déjà çà!

Benkana se trouvait à quelques pas du centre de crise improvisé (dans une série de containers mitoyens). Elle portait sur elle un équipement sophistiqué dont Azala ignorait l’utilité. Une sorte de casque aux proportions difformes prolongé d’une série de gros câbles formant un semblant d’exo-squelette autour du haut du corps et des bras de sa compagne.

La Princesse s’inquiéta en notant que l’axe du regard portait directement vers le lieu où l’on supposait que se trouvaient Phil, Adénor et leur otage.

“Chérie? Je ne connais pas ce matériel.. qu’est ce donc?”

Pas de réponse, même pas un mouvement.

“Chérie? Aurora tu m’entends?”

Un tressaillement.

Puis Benkana activa un contacteur sur son avant-bras et une série de compresseurs relâchèrent leur emprise, tandis que la Commandante se décoiffait du casque hightech.

“Navré Azala, j’étais un peu ailleurs. Nous allons parler avec ces messieurs de la communauté Nordiste, si tu veux bien, j’ai besoin de leurs conseils.

-Ils nous attendent dans la pièce du fond, mais franchement Aurora, ils nous cachent quelque chose, j’en suis certaine. Ne prend pas pour argent comptant tout ce qu’ils diront, d’accord?

-Pas de problème..”

Un assistant récupéra tout le matériel alors que les deux femmes s’éloignaient. La Princesse scrutait en coin l’étrange appareillage, visiblement bardé d’électronique.

On pouvait distinguer à une bonne centaine de mètres le dernier étage de l’immeuble où se déroulait le drame.

Un mauvais pressentiment l’étreint, puis elle accéléra le pas. Sa compagne préparait quelque chose mais quoi?


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RedU T1 Ch8 Ep9

Sat, 16 Jun 2012 20:36:00 GMT

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Un petit grattement à la porte..

Puis un second, Adénor leva la tête, attentive et à l’écoute…

Encore du bruit, un frottement contre la porte sur toute sa longueur…Doucement elle prit un grand couteau et se leva, enfilant pantalon et blouson à la vitesse de l’éclair.

La scène réveilla Phil qui fût bien surpris de découvrir, les yeux encore embrumé, sa compagne habillée, debout et armée, s’éloignant de la couche improvisée des dernières heures en se dirigeant vers la porte du container avec la souplesse d’un fauve. Ils échangèrent un regard et celui-ci s’habilla également, choisissant deux couteaux visiblement d’origine militaire comme protection.

Lorsqu’Adénor ouvrit l’entrée du container d’un coup sec, elle ne vit rien: la ruelle semblait déserte.. Phil éclata alors d’un grand rire, désignant l’animal qui venait subrepticement de se glisser entre les jambes de la grande femme.

Vivagel le gros chat roux de l’ancien Lieutenant aux armées Phil Goud déambula nonchalamment à l’intérieur du dépôt de munition, humant les caisses et se frottant aux parois comme pour s’accaparer un nouveau lieu de vie. S’arrêtant enfin devant Phil, il s’assit et, de ces yeux à la fois tendre et mystérieux que seul un félin sait offrir, sembla lui dire “Alors çà y est? Je t’ai enfin retrouvé?”

Comment était-il arrivé là? Azala n’était pas censée s’en occuper? Il ne semblait pas avoir vadrouillé beaucoup: la fourrure était propre et encore brossée de peu.

Déjà il commençait à jouer avec des feuilles de papier huilé contenant des rangées de cartouches et autres projectiles..

“Phil, quelque chose cloche: ton chat ne devrait pas être là.. Il vaudrait mieux s’en aller..

-oui, j’ai également une étrange sensation..” murmura Phil, en prenant son gros chat dans les bras alors qu’il mastiquait nonchalamment des boulettes de papier huilé, et se dirigeant vers la porte.

Elle s’ouvrit alors d’elle-même, laissant apparaitre deux hommes nordistes d’âge mûr en tenue sombre et aux visage indiscernables dans le contre jour..

“Vous devez partir immédiatement, vos ennemis arrivent..”

La surprise rapidement passée, les deux amoureux échangèrent un regard: le chat, les nordistes, et maintenant sans doute les troupes de la sécurité.. Y avait-il quelqu’un qui ignorait leur cachette sur ce vaisseau?

Devant le container, Adénor tenta de percer le visage fermé des deux hommes, mais tout ce qu’elle obtint fut l’indication d’une direction par un des acolytes. Sans doute pour échapper à leurs poursuivants.

Elle serra les dents en s’élançant: ils avaient réussi à les suivre malgré tout, et maintenant ils semblaient les aider.

Pourquoi?

La commandante Benkana se laissait secouer par les acoups et les mauvaises suspensions des pouce-pouces électriques, mais sous cette attitude passive elle dissimulait une froide détermination, une volonté de vengeance tendue à l’extrême. L’issue était proche dorénavant, elle le savait et revoyait en boucle les scènes de vie partagées avec son père, leurs adieux qui n’auraient pas dû être les derniers, et la missive, sur les hauteurs d’Okagwam, annonçant sa mort.

Le convoi progressait à la vitesse d’une foulée rapide et tous les membres des force de sécurité précédaient, entouraient ou suivaient le convoi. Tous connaissaient les enjeux et partageaient la détermination de leur chef. Certains étaient même déjà sous son commandement lors du décès du député-ministre Benkana, figure politique et intellectuelle reconnue dans tout MaterOne. On leur avait expliqué qui était recherché et ils voyaient cela comme une revanche posthume de la Révolution Castiks..

Une sorte de travail à terminer…

Azala, dans un second pouce-pouce, assise à coté de deux petits vieux nordistes en tenue noire, gardait le regard rivé sur le véhicule de la commandante. Malgré les efforts qui lui avait permis d’obtenir par le dialogue les renseignements les conduisant à l’Agent 12, elle s’inquiétait de sa compagne dont elle pouvait presque ressentir les tourments, n’ayant pas beaucoup de mal à les partager vu ce qu’on avait fait subir à son propre père: l’ancien Roi de MaterOne fusillé et jeté en plein océan dans “l’Abysse sans nom” . Cependant MaterOne était loin, et leur avenir à tous dépendait de la manière dont allait se terminer ce drame. Elle avait parfaitement conscience d’écrire les premières pages de la future civilisation des Exodés qui allaient coloniser Antarès IV, et une mise à mort, même décidé par un quelconque tribunal, ne pouvait augurer de bonnes choses pour l’avenir…

Imaginez alors si l’Agent 12 était abattu froidement en public..

En enfin, s’essoufflant au milieu des derniers soldats, déambulaient deux hommes qui portaient du matériel audio et vidéo: Jack Blaste et son assistant audiovisuel, en liaison directe et permanente avec la rédaction d’ExOne Média sur le Transporteur n°1, pointant régulièrement pour donner des nouvelles.

Bien sûr!

Les Nordistes les avaient prévenu pour éviter la découverte du dépôt d’arme! Tout en courant entre les labyrinthes de containers, et suivie par Phil portant son gros chat, Adénor réfléchissait à se surchauffer les neurones. Les derniers évènements ne collaient pas encore parfaitement, il manquait des éléments du puzzle: si les Nordistes voulaient dissimuler leur armurerie, il fallait plutôt éviter de laisser en vie Phil et Adénor pour qu’ils ne puissent rien raconter, non? Et si les forces de sécurités arrivaient à leur ancienne cachette, ils trouveraient automatiquement les armes.. Alors..?

A chaque pas, la terrifiante sensation d’un piège se refermant sur eux monopolisait plus son esprit.

Au milieu d’une rue moyenne elle stoppa net, se retournant vers Phil. Celui-ci venait de pousser un petit cri de douleur car Vivagel avait sauté directement au sol, utilisant ses griffes comme appui.

Au même moment, à moins de cent mètres de l’autre coté de la rue, le convoi de Benkana, Azala et toutes les membres de la sécurité disponibles, apparu.

Adénor et Phil prirent leurs jambes à leur cou, mais c’était trop tard! Aux ordres aboyés derrière eux, ils se savaient pris en chasse par une troupe de soldats en arme !!


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RedU T1 Ch8 Ep8

Sat, 09 Jun 2012 19:03:00 GMT

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“Bonsoir et bienvenue pour cette édition du soir de votre journal multi-diffusé!

Vous êtes bien sur ExOne-Media, je suis Ted Maos’n, voici les titres:

  • Transporteur n°7: Mme Benkana et son alliée objective, l’Ex-Princesse Azala ont trouvé une nouvelle méthode de persécution de leurs ouailles: le porte à porte!
  • Transporteur n°5: Alors que dans la communauté Brune on reconnait les tors causés par les échauffourée, certaines voix dénoncent le traitement que leur a fait subir l’ancien Noble de MaterOne: le Colonel Sterling-Price.
  • Et enfin un nouveau restaurant vient d’ouvrir ses portes sur le Transporteur n°1, sa spécialité: du Roubiano de synthèse! un délice parait-il!..

C’est donc l’Edition du soir, vous êtes en direct sur Ex-One Média et on se retrouve juste après une page de nos annonceurs..” <pub>

“Retour dans l’Edition du Soir de votre chaîne d’information ExOne Média!

Nous partons immédiatement en Direct sur le Transporteur n°7 où notre journaliste Jack Blaste assiste à une invraisemblable démonstration de force de la Commandante Benkana et de sa compagne l’ex-Princesse de MaterOne Azala!

Jack? Vous m’entendez?”

“Oui Ted, je vous entends! Alors en ce moment, en contrebas derrière moi, vous pouvez assister à ce déploiement de force assez impressionnant des soldats de la Commandante Benkana autour de ce quartier et spécialement du double container avec plusieurs gardes devant. Elle et l’Ex-Princesse sont en ce moment enfermées avec plusieurs hommes que certaines voix décrivent sous le couvert de l’anonymat comme les chefs occultes de la communauté Nordiste. Voici les images que nous avons pris lors de leur arrivée: vous voyez plusieurs hommes d’un certain âge, en tenues sombres avec des cannes, conduisant le couple à la tête de ce Transporteur..

-En effet Jack, nous voyons. Il est connu que les communautés Nordistes sont d’une tradition patriarcale, ces hommes peuvent en effet être ce qu’on vous a prétendu! Mais dites-moi, qu’est ce que La Commandante fait avec de telles personnes? Ne pouvez-vous vous approcher?

-Hélas non Ted, le quartier est bel et bien bouclé et si nous sommes à cette distance c’est que nous n’avons pas vraiment de possibilité de faire mieux!

-Merci encore Jack, et n’hésitez pas à nous tenir informé s’il se passe quelque chose! Priorité au direct sur ExOne Média!

-Bien sûr, comptez sur moi!”

“Et juste après cette nouvelle virgule: la grogne des populations “Brune” du transporteur n°5, humiliées par le Colonel Sterling-Price. A tout de suite sur ExOne Média!”

<pub>

La salle était plongée dans une sorte de pénombre que seuls quelques rayons de lumière, tamisés par de vieux rideaux sales, parvenaient à dissiper. De cette atmosphère lourde et peu aérée, emplie de poussière et d’arômes étranges ou anciens, Benkana avait la sensation d’être entrée dans l’ancien trou d’une araignée: propre, sans vie et froid.

Azala se pencha vers elle alors que les vieux Nordistes murmuraient ensembles, jetant des coups d’oeil parcellaires aux deux femmes. La Princesse lui expliqua que leurs interlocuteurs détenaient un secret, lequel, pourquoi? Aucune idée.. Mais que ce secret était si lourd qu’ils préféraient risquer les foudres des forces de sécurités plutôt que de céder dessus..

Elle allait encore tenter de creuser ce point là, mais peut-être qu’une approche plus directe permettrait d’obtenir quelques résultats..?

La Commandante se demandait bien comment Azala avait pu déduire tout cela des échanges courtois et concis dont elle venait d’être témoin. Elle en viendrait presque à croire avoir raté une partie des négociations.

De mémoire, les seules fois où elle avait eu à négocier avec des acteurs extérieurs, c’était sur Okagwam, avec des tribus Tropicaliennes un peu exotiques..

L’ile d’Okagwam..

La mort de son père lui avait été communiqué durant l’épilogue de cette expédition. Plus tard certaines archives avaient mis un nom sur celui chargé de l’exécution: l’Agent 12. Et cet assassin était à quelques pas d’elle, caché pour on ne sait quelle raison par ces vieux bonhommes chuchotants pour gagner du temps..

Elle se leva brusquement en renversant sa chaise dans une bouffée de colère, et fixa ses interlocuteurs droits dans les yeux.

Tout bruit stoppa net dans la pièce, et on n’entendit plus rien que quelques sons étouffés de discussions extérieures.

Les vieux Nordistes la scrutait, et, chacun leur tour, soulevèrent des sourcils, croisèrent rapidement le regard de Benkana avant de se plonger dans l’observation attentive de la table.

Azala glissa doucement une main pour toucher du bout des doigts sa compagne en colère qui n’avait toujours pas prononcé un mot, ni même détourné son regard ou cillé des yeux.

Le contact doux de son âme soeur, l’attitude respectueuse, sinon soumise, des chefs Nordistes, ou peut-être tout simplement un refoulement de sa douleur, la grande femme fit volte-face d’un coup et les bras croisés contre son ventre, progressa lentement à l’intérieur des espace vide du double container, les yeux fermés, gardant son calme.

Presque détachée du problème immédiat.

Profitant de l’ambiance extrêmement tendue du moment, Azala décocha un regard interrogateur, mais on ne peut plus froid, aux vieux hommes en noir, semblant demander “ Et maintenant? Vous voulez vraiment poursuivre cette attitude? ”

<pub>

“Oui Ted, je prend l’antenne en direct car les évènements se précipitent ici: On vient de voir sortir, il y a quelques instants, deux Nordistes d’âge murs se dirigeant en courant vers les rues adjacentes, et maintenant nous voyons en direct Mme la Commandante Benkana se faire guider par les hommes âgés en tenues noires vers des sortes de pouce-pouce électriques.

Attendez, on dirait…

Oui! Ils l’invitent à monter, suivi de la Princesse Azala !!

Les militaires autour commencent déjà à suivre le convoi et quelques officiers courent à coté en protection alors que le cortège s’éloigne.. Nous allons les suivre aussi, bien sûr vous serez tenus au courant constamment! Nous devons trouver un moyen de transport ou courir à notre tour, je vous rend l’antenne!

A vous Transporteur n°1, pour ExOne Média!”


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RedU T1 Ch8 Ep7

Sat, 02 Jun 2012 20:31:00 GMT

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Weston courait à en perdre haleine le long des couloirs aménagés entre les caisses et containers innombrables des zones d’entrepôt du transporteur N°5.

Il n’en revenait pas! C’était si évident, cela sautait aux yeux de tous.. Peut-être d’ailleurs était-ce la raison pour laquelle personne ne l’avait compris plus tôt!

Il contourna un angle de caisses en plastique montant jusqu’au plafond, et manqua de percuter deux employés qui revenaient d’une pause café.

Une heure plus tôt, il était retourné sur les lieux du premier crime ( le tout premier! Tout était déjà en place à ce moment!! ) Les traces trouvées, les différents scénarios avaient été analysés méticuleusement à l’époque, mais on cherchait une complexe histoire d’assassinat, de meurtre xénophobe.. Sous un nouvel angle de vue, Weston se posa la seule et unique question qui valait réellement la peine: d’où venait le meurtrier? Si un meurtre avait eu lieu en cet endroit, la procédure de police était d’étudier les traces aux alentours puis de dégager l‘endroit pour de futures analyses plus poussées en radiométrie, thermographie etc…

Où était donc passées les CAISSES ?

Tout en courant, Weston sortit son pistolet d’alarme, un vieux souvenir de sa période militaire..

Il était donc parti voir les registres..

Plusieurs centaines de containers en plastiques avaient été déménagés, et une cinquantaine.. Exactement sur les lieux du second double meurtre!

Arrivé sur place il avait examiné les lieux, recoupant sa théorie, et s’était rendu à l’évidence: le couple avait été agressé au beau milieu d’une des zones de dépôt des caisses transférées!

Consultant les registres, il put rapidement faire une estimation de la nouvelle destination des caisses incriminées.

Entrepôt n°4, zone n°12, repère C

Un long couloir s’étirait devant lui, dans une semi obscurité. Chaque coté était constellé d’une muraille infranchissable de caisses en plastiques, posées les unes sur les autres.. Le repère C luisait à une dizaine de mètres de lui.

Serrant son arme dans une main, une barre à mine dans l’autre, il allait devoir partir à la recherche d’une aiguille dans une meule de foin.

Avançant pas après pas, Weston ignorait ce qu’il devait chercher, ce qui n’aidait en rien..!

Les victimes étaient tombées sous des coups de couteaux, ou autre instrument semblable qui avait transpercé et tranché leurs chairs. D’après les moulures, on avait affaire à des armes très longues et fines.

Mon petit Weston, soit tu as tort et tu perds ton temps, soit tu as raison et tu es en grand danger immédiat!” Murmura-t-il doucement tout en tentant d’observer le moindre mouvement ou signe indiquant une activité quelconque autour de lui.

Pris d’une subite intuition il recula de plusieurs pas, se rapprochant d’un intercom de service, installé peu après l’entrée du couloir de la zone n°12. Activant l’engin il demanda d’une voix quelque peu étouffée:

Ici Mr Weston, enquêteur spécial détaché par Mr Le commandant Sterling Price. Je demande l’assistance d’une dizaine de manutentionnaires et de quelques policiers armés ici même. M’entendez-vous?

Pas de réponse..

Weston insista sur l’intercom Allo? Central Entrepôt? m’entendez-vous?

Rien.. On ne décrochait pas ou alors cet appareil était hors service. Cherchant à proximité un second appareil, son regard tomba sur..

Sur quoi en fait?

Une ombre..

Deux petites lueurs blanchâtres..

Une forme impossible, acérée, une chose qui l’observait…

Evitant les mouvements brusques, il reculait doucement quand soudain l’intercom résonna telle une sentence de Mort dans un silencieux tribunal fantastique.

Ici le Central Entrepôt n°4! Excusez-moi Monsieur, j’étais aux toilettes que puis-je pour vous? Allo?!”

Ce fût le signal de l’attaque: la chose se déplaçât à la vitesse de l’éclair, promenant de multiples pattes articulées d’une dextérité inhumaine et franchissant les mètres à une vitesse effarante!

Weston hurla et se jeta à terre, évitant du même coup une des pattes coupantes qui s’enfonça profondément à l’intérieur du plastique d’une caisse remplie de colorant rouge. Mais déjà la créature reprenait l’attaque de ses multiples autres pointes acérées servant de pattes.

Tout en évitant les premiers coups, l’ancien Majordome roula sur lui-même et, se souvenant du ricochet qui avait couté la vie à la jeune femme Brune, se désintéressa du corps central pour viser la jointure d’une patte qui se brisa net sous l’impact de la balle.

Déstabilisée, la créature sembla arracher hors de la caisse de peinture son autre patte coincée, avec d’autant plus de colère.

Courant vers la zone bien éclairée de la rambarde donnant sur les immenses espaces d’aération, Weston était conscient de reproduire, avec une probable machiavélique exactitude, le parcours du gardien Brun qui tombât le premier sous les coups de cette chose diabolique.

Tirant au juger, il tentait vainement de détruire une autre patte de la créature qui semblait animée d’une frénésie de mouvement hors de toute conscience.

Risquant le tout pour le tout, Weston se jeta sur le coté à l’instant où un coup d’estoc lui frôla la tête, et, vidant le reste de son chargeur sur les deux points blancs, il eu la satisfaction d’entendre des bruits de verres brisés tandis que l’ennemi reculait comme touché à des points vitaux..

Les points blancs étaient éteints: la chose était tout simplement devenue aveugle.

Weston se releva, la barre à mine serrée pour l’assaut final. L’ombre ne bougeait pas: immobile dans l’obscurité.

L’erreur qui scella le sort de l’ancien Majordome fût d’ignorer à quel modèle appartenant cette sonde de classe “Omega”: dotée de capteurs optiques de secours. Il vit soudain des dizaines de nouveaux yeux s’ouvrit simultanément sur la surface centrale de son corps!

La violence des coups qu’il ressentit au travers de toute sa personne s’anesthésia d’elle-même, de par une réaction normale du cerveau saturé d’informations. La créature de métal et de verre, semblable à une araignée recula devant le corps sans vie glissant sur le sol et commença l’escalade de la montagne de caisse derrière elle, pour rejoindre sa tanière.

La dernière étincelle de vie disparût des yeux de Markos Weston alors qu’un signal d’alerte retentissait dans toutes les zones de l’entrepôt.


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RedU T1 Ch8 Ep6

Fri, 25 May 2012 20:45:00 GMT

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Elle l’avait dans son viseur: le ministre Benkana, mandaté par un certain “Conseil de la Révolution” pour gérer la remise en activité des zones dites “libérées”.

Ne pas réfléchir, être mécanique, logique.

La vie de son père dépendait de ce qui allait arriver maintenant!

Son père.. Cet homme qu’elle avait dans le viseur lui ressemblait étrangement. Etait-ce un effet de son imagination? Ils semblaient être du même âge tous deux, avec ce même regard d’homme bon et serein.

Elle respirait lentement, ciblant sa victime, le doigt sur la gâchette.

Ces idiots de rebelles étaient trop sûrs d’eux! Même loin en arrière des lignes de combats, ils étaient toujours en danger!

Chaque minute qui passait était une souffrance supplémentaire pour son père. Malgré ses efforts de concentration, elle ne pût s’empêcher de l’imaginer dans une cellule noire et humide de la forteresse Castiks, lui en proie à la maladie!

Elle s’essuya les larmes qui embrumaient sa vision, et se replaça en position de tir.

Une simple balle légère à pointe en titane, placée au centre de la cavité cérébrale suffirait…

Elle était placée en haut d’une colline, à trois kilomètres du ministre, en contrebas, qui sortait d’une réunion avec les autorités locales et se dirigeait vers sa voiture, entouré de quelques gardes du corps. La pluie s’était arrêté et le vent ne soufflait pas encore: le projectile ne dévierait pas.

Son père en prison..

Cet homme qui est un espoir pour MaterOne..

Non, qui fût un espoir.

Elle tira.

La dernière image qu’elle eut de Mr Benkana fut celle d’un homme surprit, un petit trou dans le front, qui descendait doucement hors de son champs de vision. Elle crut voir la mort de son père..

Quatre jours plus tard, une jeep l’amenait à la porte grillagée de la monstrueuse prison “King Castiks”, immense château en front de mer. Cela faisait maintenant huit jours que son père avait été arrêté, elle n’osait imaginer l’état dans lequel il était. Pourtant elle avait fait aussi vite que possible.

Un constable la guida au travers des bâtiments extérieurs, puis vers un escalier au pied de la citadelle où ils prirent un autre escalier en colimaçon descendant vers les sous-sols.

Elle ne fût pas surprise de retrouver son responsable hiérarchique installé dans le fauteuil principal d’un des bureaux attenant aux souterrains des prisons.

“Akowa! Nous avons eu les échos de votre mission! C’est une réussite sans égale!

-Mon Colonel.”

Zoé restait froide, fermée. Le sourire de son officier traitant s’évanouit, et il enchaina:

“Oui, votre père bien sûr! Venez Nous allons de suite le retrouver..”

Trois gardes les accompagnèrent au travers des dédales de cachots et salles d’interrogatoire. Le groupe passa devant des portes fermées où des cris inhumains retentissaient sur fond de grésillements électriques. Des odeurs de mort, de pourriture empestait l’atmosphère, et Zoé avait la sensation d’entrer plus profondément dans les entrailles de l’enfer à chacun de ses pas.

Les conditions de détentions de son père étaient pires qu’elle ne l’avait imaginé!

Le gardien en tête s’arrêta alors devant une cellule un peu moins sale que les autres et sorti un trousseau de clefs.

“Il est là Capitaine, vous pouvez le retrouver et le sortir de là maintenant..” lui annonça le Colonel en indiquant la porte qui s’ouvrait. Zoé entra doucement, et aperçu une forme allongée sur le sol dans un angle. Elle se précipita et, prenant la tête de la personne dans ses mains, découvrit le visage blême aux yeux vitreux de son père, un peu de salive séchée aux bord de ses lèvres.

“Il est mort hier Capitaine! Vous avez mis trop de temps !…”

La porte se referma violemment et la clef tourna dans la serrure.

Malgré la macabre découverte, la jeune femme se retourna doucement en se redressant, et saisi un petit tube dans la poche droite de son treillis. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes mortelles..

Le fermoir de la lucarne s’abaissa, laissant apparaitre le regard blanc du Colonel.

“Vous n’auriez pas dû montrer de faiblesse envers la rébellion, Akowa, nous ne pouvons prendre le risque de laisser dans la nature un agent tel que vous. Votre efficacité est bien trop redoutable.!

-Mon Colonel, puis-je vous demander quelque chose?” l’interrogeât-elle alors d’une voix presque mielleuse

“Oui?”

Tel un cobra, elle porta le petit tube à ses lèvres et, calculant simultanément la trajectoire, souffla.

La petite pointe fila directement dans l’oeil de son officier traitant qui recula en hurlant alors que le liquide blanc de l’organe crevé coulait sur son visage.

“SALOPE!!! HAAAA!!.. Aidez moi vous autres!!! Mon oeil, je..je..”

Zoé attendait derrière la porte de sa cellule, comptant les secondes. Le poison avait atteint directement le cerveau, normalement tout devrait être déjà fini.

Et effectivement elle entendit que les geôliers trainèrent quelque chose sur le sol, paniqués à l’idée de ce qu’ils devraient raconter à leurs responsables..

La jeune femme retourna dans le fond de la pièce et, caressant doucement le visage de son père, elle se blottit contre lui, sachant pertinemment qu’elle le rejoindrait bientôt..

Mais cette nuit là fût un des moments les plus importants de la Révolution Castiks.

Zoé fut réveillée en pleine nuit par l’assaut, donné depuis les souterrains de la Forteresse, de la citadelle “King Castiks”.

Les soldats rebelles, échauffés par les horreurs qu’ils découvraient durant leur progression n’en furent que plus déchainés et ils massacrèrent la plupart des militaires présents.

On ouvrit les prisons pour chercher des survivants, et Zoé put apparaitre au grand jours, portant la dépouille de son père..

Plus tard, assise près du linceul dans lequel il fût inhumé, un fonctionnaire de la nouvelle administration lui demanda gentiment quel était son nom..?

“Je me nomme.. Ak.. Kérichi, Adénor Kérichi Monsieur. “


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RedU T1 Ch8 Ep5

Sat, 19 May 2012 21:22:00 GMT

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Zoé Akowa virevoltait au milieu de la piste de danse, sa robe de mousseline volait emportée par les bras de son père dans une valse folle. En haut des escaliers géants un orchestre ne semblait jouer que pour eux et, parmi les convives de cette “Grande fête des officiers de MaterOne Centrum”, nombreux étaient les hommes que les courbes gracieuses et généreuses de la jeune femme ne laissaient pas indifférents. Le Major Akowa, son père, souriait derrière sa grosse moustache, les yeux emplis de fierté envers sa fille.

Et Zoé tournait, tournait..

La magie de l’instant s’estompa.

Le visage noirci, en tenue de camouflage à plusieurs mètres en hauteur, au creux d’un noeud de grosses branches d’un grand baobab, Zoé se réveilla serrant son fusil comme un cavalier de valse.

Son regard parcouru la jungle alentours au travers des gouttes d’eau ruisselantes de la visière de sa casquette.

Rien…

A cette heure matinale et sous cette météo elle risquait peu de mauvaise rencontre. D’après son géolocaliseur elle se trouvait à plusieurs kilomètres de sa cible: le ministre Benkana, un des membre du Gouvernement Libre de la rébellion.

“Mon Colonel, je ne me sent pas apte à accomplir cette mission.” avait-elle répondu à son supérieur lors du dernier briefing. Celui-ci s’était avancé sous la lampe éclairant son bureau, son ombre engloutissant les multiples dossiers étalés sur la table.

“Pouvez-vous me redire ceci capitaine Akowa?

-Mon Colonel, j’ai toujours servi avec ferveur la Royauté, et mon serment de loyauté est ma ligne de conduite depuis que je sers sous le drapeau de MaterOne! Mais..

-Mais..?”

Les deux masses blanches servant de regard au Colonel disparurent, signifiant qu’il se concentrait en attendant la suite..

“Allez-y, permission de parler franchement Capitaine..”

Zoé déglutit, toujours au garde-à-vous dans le bureau du responsable de sa “Cellule des Missions Spéciales”. Ils travaillaient ensembles depuis presque trois ans et elle avait une grande confiance en lui, mais comment expliquer ce qu’elle ressentait..?

“Mon Colonel, j’éprouve des scrupules à abattre un homme qui est connu comme un grand politicien juste et raisonné. Mon père me parlait souvent de lui comme une référence d’honnêteté et de droiture et.. J’ai même voté pour lui il y a 2 ans avant l’invalidation des élections et l’établissement de la loi Martiale dans la région. Je pense que..

-VOUS N’ETES PAS ICI POUR PENSER CAPITAINE!!!!” hurla le Colonel, montrant alors en plus de ses yeux blancs des canines de même valeur..

Puis, se rasseyant, il resta une minute silencieux à regarder son meilleur agent, droite devant lui, tremblante malgré ses multiples expériences d’assassinats. Il avait toujours cru (ou voulu?) voir en elle une arme belle et mortelle. Sans doute pas aussi détachée qu’il aurait fallu, trop souvent elle posait des questions quand aux raisons de sa mission, mais il réussissait toujours à calmer sa conscience.

Malheureusement aujourd’hui l’Etat de MaterOne était en danger, une sédition à l’échelle planétaire se déroulait et il avait la possibilité de porter un grave coup à l’ennemi!

Il reprit d’un ton conciliant:

“Capitaine Akowa.. Zoé, je crois savoir que votre père est un peu souffrant en ce moment non?

-oui mon Colonel, une mauvaise grippe semble-t-il.

-Alors je vous propose de vous enquérir de sa santé dès ce soir et si demain il allait mieux, nous pourrions reparler de votre mission. Cela vous convient-il?”

Zoé resta bouche bée.. Elle ne pensait pas que le Colonel irait jusque là pour l’aider..

“Merci mon Colonel, “ dit-elle d’une voix pleine de reconnaissance “Je vous retrouve demain alors!

-Parfais Akowa. Rompez!” conclu le Colonel en la laissant filer hors de son bureau.

“Allo papa?”

Zoé était pendue à un des rare téléphone publique de la caserne, et dépensait ses dernières pièces de monnaie pour prendre des nouvelles..

“Oui ma fille, je suis là! Dis donc je devrais être plus souvent malade, tu m’appellerais plus!

-Papa arrête de dire des bêtises, alors le médecin est-il passé?

-Oui, il m’a donné une piqure et m’a demandé de rester au chaud et au calme une semaine en prenant des cachet qu’il m’a confié. Il dit que si je faisais bien attention, d’ici plusieurs jours il n’y paraitra plus!”

Zoé souffla, à l’âge de son père, en retraite dans deux mois, ce genre de maladie bénigne pouvait être mortelle!

“Papa, demande à Madame Bardon la voisine de te préparer un peu de soupe et..

-Attend chérie, on vient de frapper à la porte. Je dois aller voir de quoi il s’agit. Ne bouge pas je reviens..

-Ha oui.. Ok Papa mais fait vite hein? Je n’ai plus guère de monnaie et..

-CRAAACK!

-Papa?

-Mais qui etes-vous? Mais arretez où.. HAAA!

-PAPA!!!!!! PAPA REPONDS-MOI!”

Rien, le silence..

Puis des bruits de pas sourds, et une voix au timbre de fer reprit le combiné.

“Zoé Akowa?

-Je.. Qui êtes-vous?

-Pas de questions. C’est moi qui parle. Votre père est désormais aux arrêt pour trahison envers la Couronne!

-Mais c’est fou! Jamais mon père ne..

-SILENCE! Si vous voulez lui éviter un quelconque malheur, concluez votre mission d’abord, et venez directement à la prison “King Castiks” quand tout sera fini. Vous avez sa vie entre vos mains.

-QUOI? Comment savez-vous que..

<clic!>

On avait raccroché.

Dans le soir tombant Zoé pressa le combiné contre son coeur et pleura..

Bizarrement le Colonel était absent, mais une note l’attendait avec les instructions pour la mission qu’un jeune subordonné lui apporta, encadré par deux armoires à glace visiblement sur leurs gardes.

Serrant les dents, Zoé quitta son creux d’arbre et descendit du baobab sous la pluie battante avant de s’enfoncer dans l’obscurité de la jungle.


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RedU T1 Ch8 Ep4

Sat, 12 May 2012 19:51:00 GMT

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Dans les ruelles tortueuses de la cité intérieure du Transporteur n°5, un couple progressait rapidement, empruntant les corridors, changeant fréquemment de niveaux, préférant les voies étroites et sombres aux rues pleines de lumière.

Phil suivait Adénor, le coeur battant.

Ils avaient laissé K.O. plusieurs hommes de main de la communauté Nordiste, sans d’ailleurs que Phil n’ai eu grand chose à faire: à peine l’avaient-ils apostrophé qu’Adénor avait surgit du ciel tel un ange exterminateur.

Profitant de leur échappée, Phil détaillait les transformations que s’était imposée sa compagne durant sa fuite.. Elle portait une étrange tenue, faite de gros tissus amples et sales, et ses cheveux blonds n’étaient plus.. Sa manière de marcher elle-même avait évoluée, on dirait presque une petite Mamie ! Elle semblait cependant savoir où elle allait, et d’un coup d’oeil elle avait enjoint son compagnon à la suivre, ce qu’il n’avait pas hésité à faire!

Un angle mort..

Adénor stoppa et se retournant, elle serra Phil dans ses bras. Les deux amoureux s’enlacèrent et s’embrassèrent dans une obscurité protégeant, relativement, leur tranquillité.

“Adénor.. Je..”

Elle lui plaça doucement son doigt sur la bouche, intimant une négation de la tête..

Oui, il fallait malgré tout rester encore silencieux..

Des yeux elle lui indiqua une direction: il faudrait encore parcourir un peu de chemin semblait-il. Un dernier baiser chaste et ils repartirent.

Une demi-heure plus tard, Phil pénétra à la suite d’Adénor dans un container semblant un peu abandonné. Doucement, jetant un dernier coup d’oeil dans la rue, elle fit rouler la porte sur ses gongs et pressa l’interrupteur de lumière.

L’intérieur était empli de toutes sortes d’armes à feu et d’armes de poing, de munitions, et même au fond quelques gros calibres pour des canons!

Ils se trouvaient dans une armurerie clandestine, en pleine cité intérieure d’un Transporteur !!!

La lumière s’éteignit alors, et Phil dû remettre à plus tard ses investigations: la généreuse poitrine d’Adénor se pressait déjà contre lui pour des retrouvailles bien plus intimes..

Benkana fulminait.

Assise sur un siège autour de la grande table dressée pour l’occasion par la communauté Tropicalienne, elle gardait les bras croisés et le visage fermé.

Un peu en avance sur son rôle d’observatrice impartiale (elle était censé servir de gouvernail au Commandant pour lui éviter de déraper, emportée par sa légitime colère), la Princesse Azala discutait âprement avec un gros homme noir assit devant elle.

“Monsieur Amumb’o, votre communauté, quoique fort sympathique et accueillante, cache certainement quelques secrets inavouables.. Devons-nous tout vérifier par nous même.?

Mais allons M’dame, nous sommes tous des amis! Nous n’avons ‘ien à dissimuler, et su’tout pas aux yeux des auto’ités de ce Tronspo’teu’ !!”

Le gros homme se tenait fier et affalé sur son siège, en tenue traditionnelle de chef de tribu mais lorgnant plusieurs petit pads posé sur sa table, sur lesquels glissaient des amas de chiffres tel l’eau ruisselant sur un vitrail multicolore. Il releva alors les yeux et secoua ses bas-joues dans une mimique de colère tandis que ses collaborateurs gardaient leurs visages impassibles.

M’dame! Je comp’end bien que vous nous accuser de choses illégales! Il ne sau’ait y avoi’ sur ce Tronspo’teu’ de peuple plus fidèle à l’Exôde que nous! Nous avons combattu avec la ‘évolution Castiks tout autant que Mme Benkana!” Plaquant sa main droite sur le coeur et se penchant vers la Princesse il ajouta d’une voix tremblante d’émotion..

Vos accusation me font mal M’dame!!

Benkana se frotta les yeux doucement, réprimant une furieuse envie de mettre toute cette zone sous Loi Martiale. Ces comédiens de tropicaliens étaient connus pour leur marché noir et leurs pratiques occultes. Si l’Agent 12 avait voulu se cacher quelque part, c’aurait été un bon endroit..

Mais tenter de le leur faire avouer, c’était une utopie d’Azala.. Aucune chance..

La Princesse se pencha à son tour et parla doucement et distinctement, le visage à quelques centimètres de celui de son interlocuteur: elle voulait qu’il soit enveloppé de son parfum et ressente son souffle de Princesse Royale sur ses grosses lèvres luisantes.

“De part le serment d’allégeance aux populations de MaterOne de votre Ancien Roi M’Amgur, et au nom de Vogo’ et Tamo’, jurez-moi que vous ne savez rien qui puisse nous aider à retrouver l’Agent12..”

Le gros homme blêmi..

Se renfrognant il regarda ses conseillers, dont les visages devinrent encore plus impassible qu’avant.

Benkana se redressa et croisa les mains devant son menton, attentive, n’osant y croire! Se pourrait-il que l’évocation des anciens Dieux de cette communauté suffise ..?

Le chef baissa les yeux, les joues encore plus flasques qu’auparavant, et ouvrit un petit tiroir devant lui pour en sortir un gros cigare qu’il huma, décalotta et alluma tranquillement. D’une voix presque inaudible il prononça plusieurs mots, le visage perdu dans les nappes de l’épais brouillard de son concentré de tabac.

Benkana n’en revenait pas.

Après avoir effectué les salutations et remerciements d’usage tropicalien, Azala raccompagna la Commandante et ses lieutenants.

“Alors.. Satisfaite?” demanda la Princesse dans un sourire, le regard en coin vers sa maitresse.

Benkana acquiesça, n’osant pousser plus loin sa défaite avec la question qui lui brulait les lèvres.. D’où connaissait-elle si bien la culture des Tropicaliens.?

-Cela fait partie du programme standard d’éducation d’une Princesse de MaterOne très chère..!”

Elle esquissa à son tour un sourire: elle était donc si transparente pour sa jeune et jolie compagne ?

Pendant un instant, un répit apaisa son âme.. Un instant où l’amour reprenait sa place principale..

Un instant seulement..

Puis, s’adressant à ses soldats dispersés tout autour de la rue, la Commandante du Transporteur n°7 leur indiqua la prochaine étape de leur chasse à l’homme: le quartier Nordiste.


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RedU T1 Ch8 Ep3

Fri, 04 May 2012 20:04:00 GMT

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Price fit un pas vers l’équipe d’ExOne Média tandis que la caméra tournait légèrement sur son axe pour le prendre en plein cadre. Le brouillage des émissions entrées et sorties de son Transporteur avait parfaitement réussi. L’objectif était d’empêcher la propagation d’une quelconque émeute au reste de la flotte et d’empêcher les émeutiers eux-même de recevoir des informations qu’ils ne tarderaient pas à déformer.“Bonjour Mr Air, et bonjour ExOne Média. A qui ai-je l’honneur?” Il plaça à son oreille un des écouteurs de réception.

-Bonjour Mr le Colonel! Je suis Ted Maos’n et nous sommes en direct dans le journal du soir. Alors pour nos multi-spectateurs, que pouvez-vous dire sur l’immense émeute qui secoue votre vaisseau? Avez-vous l’intention de vous rendre à cette foule et de déposer vos armes?”

Sterling Price ne broncha pas, cet avorton de journaliste ne saurait ruiner ses plans avec ses allusions mesquines. Et puis il avait pas mal de cartes en main.. Commençons par le déstabiliser.. Il éclata donc d’un rire profond et véhément comme Weston, son second placé en arrière avec les anciens de la communauté Brune, ne lui connaissait plus depuis longtemps.

“Mais il semblerait que vos informations soient quelques peu exagérées Monsieur Maos’n! Notre Transporteur emporte en son sein plus de cinquante communautés différentes! La communauté Brune est extrêmement en colère suite à l‘annonce de ce double meurtre faisant lui-même suite à un précédent assassinat, mais nous ne sommes pas en guerre que diable!

-Vous prétendez donc, Mr le Colonel que la foule massée à vos pieds n’est pas une menace pour votre fonction et votre vaisseau? Que comptez-vous faire donc contre cette population en marche?

-Tout doux, monsieur le journaliste, je vous trouve des accents un peu va-t-en-guerre! Permettez-moi d’éclairer vos lanterne avec les messieurs qui m’assistent ici même..”

La caméra effectua un panoramique et les trois représentants de la communauté Brune ainsi que Weston emplirent le champs.

“Bonjour, je suis Al Ougma Kassef, voici Monsieur Zerkoui Yourim et Monsieur Fauzamir Himod, nous sommes parmi les plus anciens sages reconnus de la communauté Brune. Nous réfutons totalement les débordements actuels et nous pleurons l’espoir de sagesse que nous portions envers nos enfants: il semble qu’ils aient préféré les voix de la violence à celles de la raison.

-Bonjour je me nomme Markos Weston, je suis responsable de l’enquête sur les deux meurtres perpétués à bord de notre Transporteur. Et j’ai pu démontrer que, contrairement à la rumeur qui a déclenché cette colère de la communauté Brune, la balle qui a tué la jeune Kaleza El Oussim, si elle provient bien de l’arme de Rado Ver Bakous, a pénétré sa victime sous un angle et à une distance absolument impossible à tenir pour le jeune Barbane, et j’affirme que la déformation que ce projectile présente sur un coté ne peut être obtenu que par un ricochet à plus de 120° sur une surface dure. Conclusions..

-Conclusions, notre peuple part en vendetta pour se venger de la communauté Barbane dont le représentant a visiblement voulu PROTEGER la jeune femme!” Hurla un des vieux Brun d’une voix tremblotante.

La caméra se tourna alors vers Sterling Price qui prit son air le plus serein possible pour ajouter “..Et je présenterais dans l’heure à toute personne ou journaliste qui me le demandera les preuves irréfutables en notre possession! Vous voyez Monsieur Maos’n que tout n’est pas forcement perdu? “

A des centaines de milliards de kilomètres de là, Maos’n, en direct, se mordait les lèvres de s’être fait littéralement giflé par ce prétentieux Colonel.. Tout n’était pas encore joué!

“Mais Colonel, je n’ai rien contre vous ou un quelconque désir de désordre dans votre Transporteur, cependant… Si vos preuves parlent à la raison de chacun, elles risquent d’être insuffisantes pour calmer la foule présente dans vos rue non?

-Justement Mr Maos’n, c’est là que je suis fier de vous offrir l’exclusivité du règlement en direct de ce.. Disons mouvement de colère! Votre caméra peut-elle se tourner vers l’avenue principale? Oui? Merci..”

Le preneur son tourna son objectif vers la foule à quelques mètres de la dernière ligne de policiers avant le quartier Barbane où se pressaient une autre foule prête à en découdre pour protéger leurs familles et foyers.

D’un signe de la main, Price déclencha une ruée des officiers sur les multiples téléphones de campagnes disposés autour d’eux.

En réponse à leurs injonctions, une sorte de pluie fine rosâtre commença à arroser doucement l’avenue.. Cette pluie grossie en intensité, pour devenir une sorte de gruau rose pâle se déversant par vagues successives sur la foule. Venaient s’y ajouter, dans certains recoins, des jets partant de fenêtres ou d’espaces inter-containers en hauteur.

Le Colonel posa sa main sur l’épaule d’Angelus Air, et lui chuchota à l’oreille en souriant..

“De la mousse anti-incendie, libérée spécialement sur l’avenue, avec des hommes à moi pour créer des jets secondaires atteignant des zones un peu adjacentes. C’est une de ces équipes qui vous a capturé, il fallait absolument en garder le secret, pardonnez-les, c’était… Mes ordres..”

Le journaliste se retourna et vit soudain le Commandant du Transporteur n°5 comme un vieillard souriant venant de réussir une bonne farce…

Le vieux bonhomme se tourna alors vers la caméra qui filmait le fleuve rose en contrebas..

“Maintenant qu’ils sont calmés et empêtrés dans de la guimauve, Monsieur Maos’n, nos amis respectables de la communauté Brune vont prendre ces micros que nos constables apportent pour passer leurs messages dans un calme monacal …”

Cet évènement restera dans les mémoires sous le nom de “La révolte au chewing-gum”, de l’expression des conjurés qui rentrèrent chez eux, penauds, honteux… Et roses. Plus tard, on parlera de serments en publics des quelques leaders qui durent rentrer dans le rang, et de quelques mises au secret opportunes pour les plus récalcitrants.. Sans parler des arrestations de casseurs livrés aux policiers par la communauté elle-même..

Mais pour autant, Weston et Sterling Price avaient encore une enquête et un mystère à résoudre..


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RedU T1 Ch8 Ep2

Sat, 28 Apr 2012 20:27:00 GMT

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Du haut d’un empilement de containers d’habitations, sur le toit du plus haut sommet, à quelques mètres du plafond de la cité intérieure, le Colonel Sterling Price avait installé son poste de commandement de crise. Il dominait ainsi l’avenue et les rues adjacentes et il savait qu’à ses pieds se trouvaient la dernière ligne de défense entre les manifestants Bruns et la communauté Barbane…Plusieurs hommes l’entouraient, armés d’appareils photos avec de longs objectifs, histoire de retrouver les casseurs ou les fauteurs de troubles qui profitaient de l’occasion. Plusieurs appareils de communication étaient dispersés sur la table dressée derrière lui, des plans de la zone, plans malheureusement pas aussi précis qu’il aurait fallu, remplissaient les autres tables autour desquelles plusieurs officiers prenaient des notes, évaluant les positions ou extrapolant les mouvements annexes de la foule.

“Peters, au rapport!

-Nos hommes en civil sont déjà sur le lieu de l’attaque Monsieur, ils signalent que les casseurs ont laissé le container tranquille, mais qu’il a fallu utiliser des méthodes un peu.. musclées.” répondit un jeune officier qui venait d’accourir après avoir raccroché un téléphone de campagne sur une des tables en arrière.

“ De toutes façons tout est musclé en ce moment et puis si les casseurs ne sont pas contents, ils pourront toujours porter plainte! Autre choses..?

-Oui Monsieur, un journaliste a été surpris par une de nos équipe qui prépare l’opération. Ils ont dû se rendre maître de lui et de son assistant selon vos instructions. Vous désirez vraiment le faire venir ici?

-Plus que jamais garçon! Et pour les rues annexes?

-Les blocages commencent à porter leurs fruits Monsieur, tout doucement la foule se concentre dans l’artère principale sans vraiment s’en rendre compte: le déplacement discret des containers d’habitation donne d’excellent résultats!

-Parfait.. Le déploiement?

-En cours Monsieur, cela représente de grosses quantités de matière à déplacer et c’est délicat en ce moment surtout pour passer inaperçu. Mais les délais sont tenus.

-Parfait, Prions que rien ne se remarque.. Détachez discrètement des hommes de la dernière ligne, il faut absolument que nous soyons dans les temps!

-Mais Monsieur, c’est notre ultime rempart!

-Faites le, de toutes façons peu de choses peuvent arrêter une telle foule en colère, et surement pas trois ou quatre rangées d’homme avec quelques lacrymogènes..”

Deux hommes se mirent au garde-à-vous près de l’échelle conduisant au PC de crise, et Sterling Price fût soulagé de voir son ami Weston arriver près de lui accompagné de trois hommes âgés, à quelques minutes d’un moment aussi crucial.

“Bonjour Weston, on ne s’ennuie pas à bord de mon Transporteur n’est ce pas?

-Non Monsieur, je trouve juste vos jeux de sociétés un peu trop populaires!” répondit son ancien majordome qui ne manquait jamais de répartie. “ Comme convenu, voici messieurs Al Ougma, Zerkoui et Fauzamir, les trois plus anciens de la communauté Brune.

-Messieurs, je suis satisfait de voir que vous vous sentez concernés par les évènements d’aujourd’hui!

-Monsieur le Commandant, je peux parler au nom de mes amis et de moi-même en vous disant que nous regrettons terriblement ce qui se passe actuellement, certains jeunes veulent prendre une place nouvelle au sein de notre société, mais elle ne doit pas se faire au risque de l’anéantissement de l’Exode!

-Nous saurons remettre de l’ordre dans tout cela, nous vous le garantissons!” intervint un autre des petit vieux,” Encore faudrait-il que cette colère que nous voyons ici se calme..”

-Nous nous y affairons Messieurs, mais je vois arriver une équipe journalistique de la meilleure augure. Faisons lui bon accueil si vous le voulez bien!”

Angelus Air était menotté comme son ingénieur son, et deux soldats aux avant-bras de la taille d’énormes jambons leur servaient de guides.

Reconnaissant le Colonel sterling Price, Angelus ne pût cacher sa colère:

“VOUS?! C’est cela votre liberté de la presse et votre transparence avec vos concitoyens! Je suis Angelus Air, reporter spécial pour ExOne Média, comment pouvez-vous ainsi museler et faire prisonnier un journaliste en plein direct! Votre carrière est fichue Price!”

Le soldat à droite du journaliste lança un regard vers Weston questionnant silencieusement s’il devait rappeler quelques règles élémentaires de bienséance à ce prisonnier? Mais Weston l’apaisa d’un signe de la main, et ordonna qu’on libère sur le champs les poignets des invités du Colonel.

“Allons Monsieur Air “ intervint Sterling Price d’un ton on-ne-peut-plus conciliant ” Vous n’êtes en rien notre prisonnier, et, contrairement à ce que vous pensez, je vous propose même le scoop de la semaine sur ExOne Média: la fin de l’émeute en cours et son règlement pacifique.. En direct! Etes-vous intéressé? ”

Le jeune officier Peters s’approcha à grands pas..

“-Monsieur, il reste peu de temps, les dernières lignes anti-émeutes sont à une minute du contact!

-Merci Peters.. Monsieur Air ? Sommes-nous prêts?

-Un instant ” répondit celui-ci en se réajustant devant la petite caméra de secours que le preneur son, improvisé caméraman, venait de sortir, visiblement stressé à l’idée de paraître à l’antenne sans être certain de ce qu’il allait montrer. “ Je ne peux vous garantir un bon signal vidéo nous avons eu des problèmes d’interférence tout à l’heure!

-Surement quelques aléas trans-dimensionnels..” Le Colonel tourna discrètement la tête vers un assistant assis derrière une table en communication avec le pont de pilotage du vaisseau. Celui-ci leva le pouce avec un hochement de tête, et Sterling-Price pût rassurer le journaliste “ En général ces perturbations ne durent pas plus de quelques minutes.. Essayez maintenant?”

Au même moment les yeux d’Angelus Air s’ouvrir tous grands et tenant son oreillette bien enfoncée pour ne perdre aucune phrase de son interlocuteur invisible il dit:

“Oui Ted, je suis de retour, vous me recevez en vidéo? Ok, nous sommes en direct? Ok! Ici Angelus Air en direct du Transporteur n°5, je suis avec Monsieur le Colonel Sterling Price et plusieurs personnes qu’il tient à nous présenter lui-même, je lui laisse la parole!”


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Red Universe: La playlist du SPECIAL 2011

Sun, 22 Apr 2012 14:39:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant , entre autre, les musiques utilisées pour la création de ce Spécial 2011:

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Commençons par le fameux générique de ce spécial qui fût: « Driving the top down », par Celectian Aeon Project, album « World in flame »
  • Générique de fin: « Global Local Personal », par Celectian Aeon Project, album « World in flame »
  • L’Introduction et son thème à la Hayao Miyazaki: « Calm Before » par Stefano Mocini, album « A cat playing »
  • Le chapitre 1 a pour thème principal: « It hurts » par Stefano Mocini, album « A cat playing »….
  • ..Mais comme thème de bataille: « HAV. Follow » par Pictures, album « Huida a Venus (BSO) »
  • Voici le thème étrange du Chapitre 2, avec son labyrinthe tortueux et son Fou bien dérangé: « La Mousson » par Blancheneige Bazaar Orchestra, album « Blancheneige »
  • Vînt le Chapitre 3, une atmosphère de complot et de malheur qui s’abat: « Fleur de Lune » par Lzn02’s, album « Lzn02’s FAR »….
  • … Et qui se conclut par ce morceau proprement déchirant et bien nommé: « Fin du Voyage » par Lzn02’s, album « Lzn02’s FAR »
  • Enfin pour le générique et les crédits de fin nous avions: « Ney-Zen Sufi Experiment » par Migel Konstantin, album « Dreamdancer »


Et bien sûr nous terminons toujours avec notre piste phare de ce Spécial 2011 « Le temps des cerises », Générique de début et accroche :


On se retrouve Fin Août 2012 pour le Spécial 2012, et, entre temps, on ne se quitte évidement pas avec votre série qui se poursuit toutes les semaines!

(Commenttez à mooort, et nous on aimera çà à dooooonf 😛



RedU T1 Ch8 Ep1

Fri, 20 Apr 2012 22:51:00 GMT

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“Bonjour à tous, Vous êtes bien sur Ex-One média, et c’est Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1 pour l’Edition du soir!

Les titres:

  • Transporteur n°5: la communauté Brune est effondrée après la découverte de deux nouveaux corps dans les entrepôts du vaisseau. Mais cette fois elle a une piste: une des deux victimes est Barbane!
  • Transporteur n°4: Mr Junta, le commandant d’un des rares vaisseau où la paix sociale semble maintenue présente à la presse son “Bureau de la Concordat Communautaire” ou B.C.C.
  • Et pour se changer un peu les idées, notre Flotte va bientôt approcher la station “Pintana El Grande”, la plus lointaine station spatiale humaine connue, que peut-on espérer comme ultime shopping?

On se retrouve juste après cette page publicitaire pour les graves évènements du Transporteur n°5. A tout de suite!” La lumière baissa en intensité, et les techniciens revinrent sur le plateau du direct pour quelques ajustements de dernière minute alors qu’un assistant vînt offrir à Ted un verre d’eau pétillante avec une paille, pour ne surtout pas risquer une tâche: au plafond le compte à rebours rouges vif sur fond noir égrainait ses secondes avec l’implacabilité caractéristique des mesureurs de temps.

Ted avala une gorgée, se racla quelque peu la gorge en réajustant son oreillette quand un message apparu sur son écran de contrôle. Il lit avec curiosité.. Puis ouvrit la bouche dans un petit cri tout aigu:

“Je rêve! Ca vient de tomber à l’instant?

-Oui Ted, répondit une voix dans son oreillette, on tente en ce moment d’établir le direct, mais le liaison est mal synchronisée.. La multi-diffusion risque d’être mauvaise..

-10 secondes! hurla un haut-parleur sur le plateau, les techniciens regagnèrent leurs zones d’ombres.

– Ok, faites au mieux, on va tenter un envoi quand même, çà c’est GÉNIAL, il ne faut pas louper le coche, on écrit l’Histoire les gars!!

  • 5 secondes!..”

Maos’n se redressa, inspira promptement et fixa son regard sur la petite lumière rouge en haut de la caméra face à lui..

“Mesdames et Messieurs, notre premier reportage, qui devait aborder pour vous les implications hasardeuses de la découverte de deux victimes dans les entrepôt du Transporteur n°5 vient, on nous l’annonce à l’instant, de connaitre des développement extrêmement graves! Il semblerait que des émeutes impliquant plusieurs communautés aient éclaté dans le vaisseau! Les forces de l’ordre seraient incapables de maitriser les flots de populations!

Sur place, notre envoyé spécial Angelus Air tente courageusement de décrire ce qui se passe, nous allons tenter de le joindre en direct, mais seulement en audio, pour vous..

Allo? Angelus? Vous êtes là..?”

Silence.. quelques bruissement, puis encore du silence..

“Angelus air? C’est Ted Maos’n, répondez, nous sommes en direct..”

Encore des bruissements, un semblant de voix déformée..

Ted se pencha sur son pupitre, en appuyant visiblement le doigt sur son oreillette, simulant une sorte d’inquiétude qui allait ajouter à la tension des spectateurs..

“Angelus, nous entendez-vous? Angelus..?

-Oui, je vous ente.. <Sssshhhttt!!> ..Ted, je suis en direct au milieu d’un.. <Sssshhhttt!!>, je suis désolé j’ai dû reculer devant les affrontements, car mon matériel a reçu un coup de ce qui doit être une barre de… <Ssssssssssssssshhhttt!!> …de son et moi-même tentons donc de contourner le lieu même de l’affrontement pour.. L’escalier Bill, par là, on devrait être bon.. <Sssshhhttt!!> Oui donc nous tentons de trouver une position plus dominante pour avoir une <Sssshhhttt!!> d’ensemble..

-Angelus, la liaison n’est pas très bonne, parlez-nous des émeutes, est-ce violent?

-Extrêmement Ted, la Police a dû reculer devant la rage de la… <Sssshhhttt!!> …Brune, ils tentent d’empêcher que le convoi n’atteigne les abords du quartier Barbane.. <Sssshhhttt!!> …Nous arrivons devant une fenêtre au quatrième étage.. Purée Bill regarde çà! Ted, sous nos… <Sssshhhhhhhttt!!> …voit la plus grosse avenue de la cité intérieure du Transporteur noire de monde en colère.. Tous des membres de la communauté Brune plus quelques…. <Sssshhhttt!!> …qui semblent en profiter pour briser des vitrines ou des échoppes.. Mon Dieu!!! Un groupe tente de défoncer… <Sssshhhttt!!> …porte de container, je ne suis pas en mesure de dire ce qu’il se trouve <Sssshhhhhhhhhhhhttt!!> une famille terrorisée?

-Mais Angelus, et les forces de sécurités? Ne peuvent-elles maintenir le flot ou les raisonner..?

-Les raisonner?? Mais.. <Sssshhhttt!!>…Enfin, si vous pouviez voir ce que je vois, il n’est plus question de raisonner qui ou quoi <Sssshhhttt!!> C’est une émeute comme je n’en ai plus vu depuis la Révolution Castiks!! Attendez.. <Sssshhhttt!!>

-oui? qu’y a -t-il Angelus..?

-Non, laissez-nous nous sommes en droit de faire notre… <Sssshhhttt!!> …nous sommes journalistes!! nous… <Sssshhhttt!!> Arrêtez!! <Sssshhhttt!!>

<Sssshhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhttt!!>

-Angelus Air? Angelus..? Allo??”

A nouveau le silence..

Et cette fois rien ne vînt le troubler..


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Red Universe: La playlist du Septième chapitre…

Mon, 16 Apr 2012 21:03:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610


Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Le thème » d’Adénor / Zoé »: lost signal / zero-project / alb « e-world »
  • La haine implacable de Benkana qu’Azala tente de juguler: « space war » / scifi music alb « arhipco 2010 »
  • Le thème de la cité intérieure: « monkey boy » blancheneige bazaar orchestra / alb: blancheneige
  • Weston et Sterling Price en pleine enquete: « silhouette of tibet » snowflake & ccMixter / alb « peace of winter
  • Et enfin le redoutable peuple Nordique: « lettera a mamma » sta a sente / alb sta a sente


Et bien sûr nous terminons toujours avec notre piste phare du chapitre « Agent 12 », évident celui de Zoé Akowa, alias Adénor Kérichi:

Royalty Free Music – Stock Music Library | Jamendo PRO

A très très bientôt !!!!

(Commenttez à mooort, et nous on aimera çà à dooooonf 😛


RedU T1 Ch7 Ep12

Wed, 28 Mar 2012 21:35:00 GMT

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4 heures du matin. Sterling Price courait dans les couloirs de l’entrepôt entouré de diverses collaborateurs. A l’entrée de l’entrepôt B, il sentit un pincement au coeur! Que n’avait-il pas fait fermé cet endroit!

Weston l’attendait, impeccablement flegmatique et droit, près de plusieurs caisses plastiques de diverses couleurs.

“Bonjour Weston, où est-ce?

-De ce coté monsieur” indiqua-t-il tendant le bras gauche en direction d’un couloir aménagé entre les montagnes de containers “ La zone est bouclée et interdite à toute personne, mais.. Ils ne vont pas tarder Monsieur!

-Oui je sais Weston, je sais.” S’engageant d’un pas volontaire il ajouta “Bon est-ce loin? Montrez-moi ! ”

Le groupe avança quelques mètres et, juste après un petit virage, stoppa définitivement devant l’éclat de plusieurs puissants spots éclairant deux corps étendus sur le sol, à petite distance l’un de l’autre.

L’odeur fétide du sang séché emplissait l’atmosphère lourde de poussière de cet zone perdue entre les montagnes de frets. La voix du constable de service prenant le procès verbal de la scène tombait sans retenue sur le coeur des quelques hommes présents.

Femme de race blanche, origine Brune entre 18 et 25 ans, morte par balle. Tenue blanche de mariée, des papiers sur elle au nom de Kaleza El Oussim

La jeune fille était allongée sur le dos, le visage figé dans un cri inaudible de peur ou de surprise, un petit trou juste au dessous de l’oeil gauche indiquait l’entrée de la balle.

A un ou deux pas de là se tenait l’autre cadavre.

Homme de race blanche, pas de signe distinctif, entre 18 et 25 ans, mort par lacérations multiples, une blessure par balle profonde dans l’abdomen. Smoking de soirée, des papiers au nom de Rado Ver Bakous, probablement d’origine barbane. Présence d’une arme à feu de type révolver dans la main droite et d’un couteau à cran d’arrêt dans la main gauche.”

L’homme avait glissé contre une caisse jusqu’au sol, laissant des trainées de sang coagulé le long de la paroi jusqu’à son corps affalé dans un angle. Une partie de son épaule gauche était détachée jusqu’au milieu de la clavicule, et une grande ouverture béante laissait apparaitre la masse spongieuse des poumons ensanglantés du flan droit. De multiples coupures et blessures zébraient son torse, ses jambes et son cou. Les yeux grands ouverts, un regard vitreux ne pouvant cacher la rage dépeintes sur le visage glacé, l’homme serrait toujours ses armes dans la mort.

Un vrai barbane, il n’a pas arrêté le combat où qu’il soit maintenant.” Murmura un des policiers encadrant la scène.

Sterling Price lança un coup d’oeil vers son ami, cherchant une quelconque trace d’émotion mais celui-ci restait impassible, les paupières fermées, pensif et attentif.

Soudain il ouvrit les yeux, ses prunelles grandes ouvertes:

Officier, je vous prie de garder ce genre de remarque pour vous. Cette fois nous avons à faire à des meurtres qualifiés et les deux victimes sont de cultures différentes. Vous connaissez la situation de ce Transporteur, la communauté Brune va réclamer vengeance et les Barbanes vont être accusés. Nous risquons très vite

d’être débordés! Aucune communication ne doit être faite dans les prochaines 24 heures, et vous êtes tous assignés à votre travail durant cette période. Toute déclaration à qui que ce soit de ce drame sera considéré comme faute professionnelle grave.

J’espère messieurs que nous nous sommes bien compris!

Certains hommes grommelèrent, mais la majorité compris les implications de ce qu’ils avaient sous les yeux. On allait cette fois droit à l’émeute inter-communautaire.

Sterling-Price pris à part son adjoint..

“Bonne initiative Weston, je vais essayer de compliquer les communications internes et externes pour retarder les journalistes.

Mais avant tout je voudrais savoir: prenez-vous cette affaire différemment maintenant que votre communauté est impliquée.? Voulez-vous être dessaisit de l’enquête?”

Un soupir de Weston..

“Monsieur, je ne suis plus Barbane, je suis un Exodé du Transporteur n°5, et je tremble pour ce qui pourrait advenir de notre population entière dans les prochaines heures..”

La réponse rassura le colonel qui se permit même un petit sourire à l’attention de son collaborateur:

“Merci mon ami, je n’en attendais pas moins de vous. Si tous avaient ce genre d’attitude..

-Alors Monsieur, nous serions peut-être encore sur MaterOne!”

Sterling-Price donna une claque sur la haute épaule de son vis à vis et tous deux s’en retournèrent sous la lumière des projecteurs coordonner les opérations.

Deux Exodés liés par une amitié sans faille.

Fragile espoir de fraternité sur un vaisseau au bord d’une spirale de haine sans fin.

Fin du Chapitre 7


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RedU T1 Ch7 Ep11

Sat, 24 Mar 2012 18:31:00 GMT

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“Ici, sur le Transporteur n°6, on assiste depuis quelques jours à un étrange ballet de techniciens, réparateurs électroniciens et services de sécurités. Des postes sont soudains désertés pour une ou deux journées puis l’opérateur revient comme si de rien n’était. Cela ne poserait que quelques désagréments sans conséquences, si les entrepôts en matériels de détection du vaisseau n’annonçaient pas une fermeture d’un mois pour inventaire de stock.

Nous avons mené une enquête minutieuse auprès de certains membres des plannings opérationnels, le centre de coordination des activités manutentionnaire du vaisseau, et elle démontre que les absences inopinées étaient inscrites dans un recueil rouge co-signé de la main même du Colonel JFHill.

Le lien avec les stocks de matériel de surveillance? Le voici: nous avons ici pour ExOne-Média une interview masquée et exclusive d’un de ces techniciens.

C’est dès le matin à 5 heures qu’on part sous escorte des soldats de JFHill pour récupérer du matériel dans les stocks de la sécurité. Il s’agit de remplacer des détecteurs, ou d’améliorer des systèmes de croisement de données (..) Au premier coup d’oeil on comprend que c’est pour améliorer la surveillance de la cité intérieure (…) Quand j’ai commencé à poser des questions, on m’a demandé de me taire et le lendemain j’étais à nouveau à mon poste (..) je trouve que c’est très grave, mais seul je ne peux rien prouver. Ici JFHill, c’est le patron..

Forts de ces informations, nous poursuivons notre enquête, mais déjà les rumeurs semblent confirmées et inquiétantes: le colonel JFHill se prépare à des mouvements de contestation et pas de la manière la plus rassurante.

C’était Maxime Dallias depuis le Transporteur n°6 pour ExOne-Média

“Mr Junta, est-ce que ceci vous semble louable? Les multi-spectateurs et moi-même sommes curieux de connaitre le point de vue d’un démocrate tel que vous sur cette question.

-Vous me faites trop d’honneur Ted, je vous en remercie. Pour parler de ce qui n’est, pour l’instant du moins, qu’une suite de soupçons avancés par vos reporters, loin de moi l’idée de mettre en doute leur honnêteté mais dans ce genre de situation il vaut mieux être prudent vous en conviendrez, je ferais donc un parallèle avec la situation sur le Transporteur n°4 qui est, comme vous le savez, le vaisseau dont j’ai la responsabilité. Comme nous tous, avec juste quelques heures d’avance compte tenu de ma fonction, j’ai eu connaissance des évènements dont nous faisons allusion depuis le début de ce journal. Après concertation avec les membres éminents des diverses communautés, ainsi que mes proches conseillers, un “Bureau de la concordat communautaire” a été créé, où siègent des représentants de chaque groupe ou sensibilité présente dans la population du Transporteur n°4. Et pour plus de transparence, j’ai désormais trois journalistes accrédités représentant les médias qui me sont attachés et me suivent partout, pour relayer toute information importante au grand public.

-C’est assez remarquable de votre part Commandant, vous semblez savoir prendre les devants avec finesse..

-Voyez-vous Ted, la politique est l’art de comprendre et d’écouter avant d’agir. C’est mon créneau et je le maintiendrais aussi longtemps que j’aurais la noble charge de guider le Transporteur n°4 vers notre planète rouge..

-Ceci fera un magnifique mot de la fin! Merci Mr le Commandant Junta pour votre participation à cette émission exceptionnelle! C’était Ted Maos’n en direct du Transporteur n°1 pour le journal multi-diffusé de la rédaction de ExOne-Média! Bonne soirée et à bientôt!”

“Coupez!”

Le plateau s’assombrit doucement, laissant la lueur bleutée s’approfondir alors que le générique s’incrustait sur l’écran des multi-spectateurs.

Maos’n rangea ses notes faisant semblant de parler avec le politicien Junta, et lorsque la lumière s’éteignit définitivement, les deux hommes se levèrent se dirigeant vers la loge du présentateur. Une fois à l’intérieur, Junta s’alluma une cigarette au bout de son fumoir en ivoire et s’assit dans l’épais fauteuil de maquillage, alors que le présentateur restait debout.

“Bon boulot Maos’n, on s’y croyait.

-Merci Monsieur, vos informations nous ont été très utile! Un verre de liqueur?” prononça, la voix emplie de fierté, le présentateur en ouvrant un compartiment où se trouvaient deux verres finement ciselés et une bouteille bordeaux.

Les deux hommes trinquèrent, et juste avant de prendre congé, Junta se retourna vers l’homme de télévision et murmura d’une voix inquiétante.

“Ne les lâchez pas Maos’n, restez la mâchoire plantée dans leur derrière jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de sang!”

Puis il s’éloigna d’un pas léger en direction de sa navette. Dans deux heures on allait faire une halte là où l’attendrait son Transporteur, et il retournerait à son bureau.

Haaa c’était bon de retrouver son chez soit des fois…


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RedU T1 Ch7 Ep10

Fri, 16 Mar 2012 20:54:00 GMT

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“ Retour à votre journal, sur ExOne-Média. Direction maintenant le Transporteur n°5, où je vous rappelle qu’un assassinat particulièrement sauvage y a eu lieu il y a 4 jours. La victime, un exodé d’origine Brune était gardien d’une section de l’entrepôt général. Pour l’instant l’enquête piétine, alors pour donner le change, l’administration du vaisseau organise des conférences de presse. Voici la dernière..”

“(…)La piste du vol n’est pas définitivement écartée mais semble de moins en moins crédible, les inventaires ne décèlent aucune disparition dans l’entrepôt où a eu lieu le drame ni autour! Désormais nos enquêteurs creusent des hypothèses diverse, vous serez bien sûr informés dès que l’on trouvera quelques chose!

-Monsieur Le Colonel, Angelus Air pour “la Tribune du n°5”: est-il exact que la probabilité d’un crime raciste soit privilégiée par la Police?

-Aucune piste n’est encore privilégiée Mr Air, je vous prierais donc de faire preuve de réserve pour ne pas inquiéter nos amis de la communauté Brune!

-Vous reconnaissez donc qu’il y a risque de clivage social sur notre Transporteur?

-Je ne reconnais rien du tout! Une autre question?

-Mr Sterling Price, Bachima Chu d’ “ExOne-Média”, l’homme que vous avez affecté à la tête des enquêteurs est un ami à vous, un certain Mr Weston. Ne craignez-vous pas que son appartenance, même lointaine, aux Barbanes ne soulève quelque peu la polémique quand à sa neutralité?

-Mr Weston a toute ma confiance! Il est lié à l’idéal d’union qui conduit les Exodés vers Antarès IV et aucune influence ne peut avoir prise sur lui!

-Meme pas vous Colonel?

-Surtout pas moi Mlle Chu… Messieurs dames, la conférence de presse prend fin maintenant, je vous donne rendez-vous dans une semaine à la même heure pour un nouveau point, merci de votre présence et participation!

-Colonel! Mr le Commandant! Mr Sterling Price! Encore une question! Monsieur! S’il vous plait Colonel! “

“-Mr Junta?

-Merci Ted, voyez-vous là encore je ne jetterais pas la pierre à ce haut responsable qu’est le Colonel Sterling Price. C’est un brillant tacticien que je connais bien au travers de nos Conseils des Commandants: il est resté fidèle à des idées de justice sociale dans des situations où tout allait très mal. Je vous ferais d’ailleurs remarquer qu’il préfère la méthode communicante en se présentant devant vos confrères. C’est déjà une marque de responsabilité je trouve.

-Et pour son responsable de l’enquête, ce Mr Weston d’origine barbane? Dans une affaire où il semble vraiment que les communautés se regardent en chien de faïence, cette nomination ne vous semble pas inopportune?

-C’est peut-être, je dis bien peut-être, une des faiblesses de ce dossier. Certaines décisions peuvent avoir des conséquences imprévisibles.

-Vous auriez fait pareil?

-Sans doute pas Ted, mais qui peut le dire réellement?

-He bien justement, quand certains tentent le produit curatif, certains tentent le vaccin préventif. Voyez plutôt, avec notre envoyé permanent sur le Transporteur n°6, où le Colonel JFHill préparerait quelques cachotteries.. Juste après cette page d’annonceurs..”


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RedU T1 Ch7 Ep9

Fri, 09 Mar 2012 22:05:00 GMT

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“ Bonjour et bienvenue pour cette édition du soir de votre journal multi-diffusé! Vous êtes bien sur ExOne-Media, je suis Ted Maos’n, voici les titres:

  • Transporteur n°7: la commandant Benkana franchi un nouveau cap dans sa chasse à la l’homme, toute la population est désormais suspecte grâce à un quadrillage en règle de la cité intérieure. Nos journalistes ont interviewé des habitants très inquiets.
  • Transporteur n°5: le Colonel Sterling-Price donne une conférence de presse, pas de résultats tangibles et l’enquête piétine. Les communautés sont échaudées.
  • Transporteur n°6: des rumeurs circulent quand à un renforcement des mesures de sécurités sur tout le vaisseau. Le Colonel JFHill dément!
  • Pour nous aider à analyser tous ces troubles, Mr Junta, Commandant du Transporteur n°4, nous fait l’honneur de sa présence durant toute l’émission et il donnera ses commentaires.

Voici donc l’édition du soir en direct du Transporteur n°1, on se retrouve juste après cette petite virgule de publicité avec notre invité sur ExOne-Média !”

“ Merci d’être avec nous pour ce journal spécial avec la présence comme invité de Mr Le Commandant Junta. Mr le Commandant c’est un plaisir de vous recevoir sur ce plateau.

  • Bonsoir Ted, le plaisir est partagé croyez-moi, et ce, malgré les nouvelles de la soirée qui semblent bien sombres pour notre flotte. Je voudrais d’ailleurs , si vous me le permettez, rassurer vos multi-spectateurs qui pourraient s’en émouvoir: nous sommes encore très loin d’un mouvement pouvant même faire penser à une révolte ou autre. Il ne s’agit que d’évènements, semble-t-il bien disparates, entrainant des réactions dans la population. En aucun cas nous ne vivons les prémices d’une nouvelle Révolution Castiks.
  • Mais pourtant, nous, journalistes, sommes les premiers à être surpris de la similitude du thème communautaire et social de tous ces évènements. Nos chaines d’informations à peine écloses, il y a une semaine, nos téléscripteurs se sont affolés!
  • D’abord Ted, je voudrais souligner avec vous cet évènement sans précédent dans l’Histoire des médias: l’ouverture de trois chaines de télévisions communes à tout l’Exode et d’au moins deux chaines télévisées et journaux “locaux” -pardonnez-moi le terme- propre à chaque Transporteur. Ce simple respect du droit à l’information, cette liberté de diffuser, relayée par les canaux hyper-spatiaux sur la Flotte en simultané, permet à chaque habitant de l’Exode de comprendre et de suivre, de son foyer, de son lieu de travail ou de son lieu de détente toute l’actualité qui désormais Ted, dois-je le rappeler, est notre lot à tous pour les deux prochaines années..!
  • Merci Mr le Commandant, alors justement, commençons par écouter nos multi-spectateurs du Transporteur n°7, quand aux nouvelles mesures de Mme Benkana. Nos journalistes là-bas ont réalisé le micro-trottoir que voici.. “

“Dans la cité intérieure du Transporteur n°7, on assiste à un déploiement de force encore jamais vu depuis la fin de la Révolution Castiks. Qu’en pensent les habitants?

  • A chaque carrefour des hommes en arme surveillent tout et tout le monde! C’est vrai que ça me rassure d’un coté, mais je me dis qu’il pourraient aussi être là pour autre chose de secret…
  • J’ai fait la guerre avec la commandant Benkana, elle entrainait ses troupe comme pas deux! Mais çà.. Je la croyais sincèrement démocrate, maintenant .. C’est bon coupez merci!
  • Hier soir, j’ai vu des soldats se glisser dans la nuit, et ils sont entrés en forçant la porte d’un container à l’etage. Je ne sais pas lequel mais il y a eu des bruits et de la casse. Depuis les gens de ce coin ne disent plus rien, et moi j’ai peur !

Nous n’avons pu confirmer les dires de cette dame mais, réalité ou paranoïa, cela en dit long sur l’atmosphère qui règnent sur cette ville.

C’était un reportage au coeur de la cité intérieure du Transporteur n°7 pour ExOne-Média”

“-Mr le Commandant Junta, vos commentaire sur ce que nous venons de voir?

  • He bien Ted, je suis assez inquiet, comme je pense une majorité de nos multi-spectateur. Je ne me permettrais pourtant pas de porter la moindre critique sur la Commandant Benkana, c’est une femme.. Solide, une héroïne de la révolution qui sait gérer presque toutes les situations délicates..
  • Situations de guerre oui, mais de paix?
  • Probablement aussi, c’est dans sa mission de Commandant assermenté non? N’essayez pas de me faire dire autre chose que ma pensée..
  • Je n’essayerais pas Mr le commandant. Nous vous retrouvons dans une petite minute, pour la conférence de presse du Colonel sterling Price, sur le Transporteur n°5, à tout de suite!”

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RedU T1 Ch7 Ep8

Fri, 02 Mar 2012 22:24:00 GMT

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Dans la grande salle des télécommunications du Transporteur n°5, l’heure était au calme préparatifs de la nuit. On approchait les 22 heures Universelles et les équipes se relevaient les unes après les autres en un lent flux et reflux d’opérateurs, de responsables, sous-responsables ou techniciens. Les journalistes de la nuit qui prenaient leurs nouvelles places auprès des prompteurs somnolaient encore de leur réveil décalé et seules les tasses brulantes de café semblaient circuler avec une certaine avidité de mains en mains..

Bref, en cette période calme, personne ne semblait faire attention au sas fermé de la salle du cryptage, d’où une faiblarde lueur verdâtre jurait sur l’obscurité envahissante du hublot.“F -7, le fou prend la tour..” murmura doucement un Colonel Sterling-Price en pleine concentration, les yeux rivés sur l’échiquier lumineux posé devant lui.

Il rehaussa ses lunettes et leva ses yeux vers le petit écran devant lui.

L’image du Colonel JFHill en pleine réflexion, un doigt tortillant machinalement une mèche de sa longue barbe, apparaissait clairement, quoiqu’embrumée par moment de légers nuages de parasites.

Bien joué Colonel.. Très beau coup..

Sterling Price se laissa aller en arrière dans son fauteuil, il était en effet satisfait de sa manoeuvre: en désarmant les flans de son adversaire, il allait tenter une percée pour obliger le Roi adverse à venir se réfugier dans le coin droit.. Où l’attendait deux simples pions, mais même un Roi peut tomber sous leurs coups !

Sinon pendant que je réfléchis, comment se déroule l’enquête sur votre assassinat?

Et mince! Il avait presque réussi à oublier quelque peu cette inquiétante histoire..

Mon assistant Weston a mené une enquête minutieuse chez quelques filous bien renseignés. Il semble que le meurtre de ce gardien leur paraisse aussi surprenant que possible… D’autant que les derniers inventaires ne signalent aucune disparition de matériel ou autre marchandise..

-Sans doute n’avaient-ils justement pas intérêt à attirer les regards sur eux..?

-Peut-être.. ou alors est-ce quelque chose de si grave que tous tremblent devant une sorte de “Parrain” du crime qui aurait pu développer ses tentacules sur mon Transporteur?

-Vous êtes trop dur avec vous-même Price! Cela ne vous aurait pas échappé: la corruption de la puissance laisse toujours beaucoup de traces..

-Et si cela en était une Hill?

Silence..

JfHill joua à son tour, et l’échiquier de Sterling Price se synchronisa avec celui de son adversaire. Grâce à ce système de jeux reliés aux voies de transmissions hyper spatiale, les deux Colonel se retrouvaient une fois par semaine à s’affronter sur de longues et belles parties d’échecs, devisants sur les nouvelles de leurs vaisseaux ou de l’Exode ou échangeant d’anciens souvenirs de vies maintenant oubliées.

Mon soucis vient surtout de la communauté Brune.. J’ai reçu hier plusieurs représentants relativement compréhensifs, mais ils m’ont fait comprendre que leurs ouailles risquaient de manquer de patience si l’enquête n’aboutissaient pas dans les plus brefs délais..

-Vous pensez à leur donner un bouc émissaire ?!

JfHill venait de lever brusquement la tête, fixant l’écran. Avec un sourire, Sterling Price le rassura, mais effectivement il avait envisagé cette option, avant de se raviser: appliquer les méthodes de MaterOne n’étaient plus de mise en ces lieux, et il allait lui falloir plus de doigté que cela..

Bien sur que non, d’autant que l’enquête de Weston se tourne maintenant vers un crime raciste ou communautaire.. On fouille dorénavant le passé du gardien, ses connaissances, sa famille, ses voisins et amis..

-Et cela se passe bien?

-Bien sur que non! Hier encore il a fallu enfermer une famille entière qui refusaient de répondre aux questions et seule l’intervention d’une escouade a permis de les maîtriser! Ils sont actuellement en cellule de dégrisement, on les relâchera après avoir obtenu nos renseignements..

-La situation semble bien tendue quand même.. Je me demande si c’est le cas dans tous les Transporteurs..?

-Bonne question, nous sommes partis depuis maintenant quelques mois, j’aimerai croire que cela n’a évolué dans le mauvais sens que sur mon vaisseau.. Mais honnêtement j’en doute!

Enfonçant la mince barrière de défense d’un pion perdu, Sterling Price lançait sa seconde attaque, JfHill allait devoir réagir vite dorénavant sauf à perdre la partie d’une manière quelque peu humiliante!

Celui-ci grommela.. Puis se repris..

Je vais donner des ordres pour augmenter le rythme de la surveillance des zones peuplées de mon Transporteur. Notre système de caméra et senseurs sera également développé en vue d’en augmenter la portée..

-Bonne idée mon ami, mais n’oubliez pas d’être discret dans vos préparatifs, il y a risque de déclencher la suspicion dans vos rangs!

-Elle est déjà là! Les journalistes des nouvelles chaines de télévisions et de journaux de l’Exode s’en donnent à coeur joie avec les problèmes rencontrés chez vous et chez Benkana! Cela ne fait que jeter de l’huile sur le feu..

-Demain d’ailleurs j’ai rendez-vous pour une conference de presse là-dessus. Sans doute qu’il va falloir la rendre quotidienne ou au moins hebdomadaire..

Le vieux colonel souffla.. Il savait pertinemment que seul son assistant et ami Weston pouvait sauver la situation, alors que lui ne pourrait que calmer la situation. Ou tenter de gagner du temps.. Mais pour combien de temps encore ?!

JfHill évita le piège tendu à ses pièces d’échec, et la partie fût ajournée jusqu’à la suivante, quelques jours plus tard..


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Episode 8 reporté..

Mon, 20 Feb 2012 20:38:00 GMT

… D’une semaine, pour des raisons d’ordre professionnelle! :(

Merci par avance de votre compréhension et rendez-vous la semaine prochaine..



Red Universe sur Google +

Sun, 19 Feb 2012 10:23:00 GMT

On ne s’arrête pas sur une si bonne lancée :) Red Universe investit Google+ désormais accessible et partageable par tous les abonnés de Google 😀

LE lien vers la page Google+



Red Universe sur MYSPACE

Sat, 18 Feb 2012 21:38:00 GMT

le petit monde de Red Universe s’agrandit !!

Bienvenue à la page MYSPACE de RU :)
La page de Red universe sur Myspace

N’hésitez pas à la visiter ou à partager vos émotions avec nous sur l’un des plus grand réseau social & musical du monde!!



RedU T1 Ch7 Ep7

Fri, 17 Feb 2012 18:00:00 GMT

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Une petite fille courait dans une prairie, piétinant allègrement l’herbe haute et verte agrémentée de fleurs de pissenlits s’envolants sur son passage. Son Papa se tenait à quelques mètres, lui tendant les bras, elle l’avait presque atteint..

La tête de l’homme explosa soudain ne laissant que l’ossature sanguinolente du crâne qui se mit à pendre pathétiquement tandis que le corps de l’homme restait debout, les bras ouverts en attente de sa fille.. Benkana se redressa en sursaut dans son lit!

Elle reprit son souffle, et comme toutes les nuits, regarda par l’ouverture les passages des transitions dimensionnelles. Elles seules avaient, par leur rythmique douce et continue, le pouvoir de l’aider à reprendre son calme. Toutes les nuits se passaient ainsi désormais: le cauchemar lancinant, la mort violente de son père, les passages de dimensions..

La main douce et chaude d’Azala glissa le long de son dos puis la bouche de la jeune femme y effleura la peau en plusieurs endroits dans une esquisse de multiples baisers. Sincèrement soucieuse des souffrances de sa compagne, la Princesse tremblait également:

“Cette nuit encore, n’est ce pas..?

-Oui, encore et toujours, cela n’a plus de fin, je n’arrive plus à trouver le sommeil..”

Azala apposa ses mains de chaque coté de la nuque de sa compagne et tenta un massage pour l’apaiser.. Mais Aurora l’écarta d’un geste:

“Arrête, ta tendresse et ta compassion ne résolvent pas tout.!

-Tandis que ta haine et ta revanche, si?

-Tu es bien placée pour comprendre ce que je ressens! Si le bourreau de ton père était là devant toi, ne voudrais-tu pas faire justice!?

  • LES bourreaux de mon père ont prit le pouvoir sur MaterOne, et NON je n’ai pas envie d’ajouter des vengeances et des meurtres sur des massacres!”

Benkana se leva se vint se placer devant le hublot, à contempler les successions de couleurs défilantes. Les lueurs révélèrent la grâce de sa totale nudité, son corps musclé de guerrière bien entretenu, sa poitrine ferme et ses hanches souples. Les bras tendus de chaque coté, la grande femme conservait les poings fermés, ce qui donnait, du point de vue d’Azala, la silhouette vengeresse d’une ancienne Déesse païenne.

“-Aurora chérie, tu n’es pas comme cela, d’habitude…. Tu sais comprendre les différentes faces des gens et des événements et tu as su conserver ton équilibre dans des situations de tension bien pire!”

Benkana ne bougeait pas, les lueurs défilaient sur sa peau ambrée..

“-Mais là, ces nuits blanches et ces cauchemars t’usent depuis déjà une semaine! Reconnais au moins que cette situation te touche si profondément, que ton jugement ne peut être impartial!

  • Il ne s’agit pas de jugement, Azala, mais de Justice!”

La voix de la Commandante venait de claquer tel un coup de fouet dans le silence de la nuit..

La Princesse resta muette devant ce second accès de violence, même verbal: la Aurora Benkana qu’elle connaissait ne s’était jamais permis autant de rudesse envers elle. Son inquiétude grandit: la commandant contrôlait tout le Transporteur n°7, et ses troupes étaient assez nombreuses pour mettre en place une situation de Loi Martiale! Si cela arrivait, les Exodés risqueraient de recréer ici les tensions qu’ils ont cru quitter sur MaterOne!

Et au-delà de cette perspective, la Princesse aimait profondément cette belle femme mure et intègre qui se tenait debout à quelques pas d’elle, toutes deux souffraient pareillement de la situation.

La Princesse quitta le lit et, laissant glisser sur le sol sa chemise de nuit en soie, vint se lover contre le dos de sa maitresse.

Peau contre peau..

“Je vais lancer une grande opération de quadrillage de la cité intérieure. Les check-point n’ont rien donné, ce qui n’est pas étonnant vu le désordre administratif. Nous agirons quartier par quartier et je me présenterais personnellement aux représentants des communautés pour requérir de leur part toute l’assistance nécessaire.”

Placée ainsi, Azala sentait le stress parcourir sa compagne, les muscles crispés et les spasmes parcourant son corps. Enfouissant sa tête entre les épaules de la Commandant, elle réfléchissait vite, tiraillée entre la promesse faite à Phil Goud de contenir Benkana, le risque de dérapage des actions militaires et son besoin profond d’amour de celle qui détenait son coeur.

Se redressant, elle l’invita doucement à lui faire face:

“La Cité intérieure est un entrelacs de communautés entassées les unes sur les autres… Jures moi que tu ne feras jamais passer ta vengeance avant l’équilibre social du Transporteur?!”

La Commandante eu un hoquet de surprise, regarda à droite et à gauche comme pour tenter de trouver une échappatoire.

“Jures le moi Benkana! Pour tout ce que tu as de plus cher, pour moi!”

Les yeux d’Azala perçaient tous les remparts de la Commandant, et Aurora senti sa colère s’atténuer, refluer un peu, lui donnant suffisamment de répit pour envisager la situation un peu différemment..

Elle eu un petit sourire et caressa la joue de la Princesse.

“D’accord, et je te propose même de venir avec moi pour m’aider. Le veux-tu?”

D’un hochement de tête, la Princesse accepta et toutes deux s’enlacèrent, leurs deux silhouettes se mélangèrent, enveloppées des jeux de couleur du défilement extérieur.


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RedU T1 Ch7 Ep6

Fri, 10 Feb 2012 21:41:00 GMT

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« Bonjour je cherche cette jeune femme, pouvez-vous me dire si vous l’avez rencontré ces derniers jours ? »

« Rien »

« Non »

« Pas vu »

« Connait pas » Phil regarda quelques secondes autour de lui, le lieu était un peu différent des baraques du centre de la cité intérieure, là où se trouvaient les grandes avenues et où un jeune garçon lui avait suggéré de partir vers les quartiers de la communauté des Nordistes. N’ayant que cette possibilité, il s’y était rendu, poursuivant le long du chemin sa quête de renseignements..

Pas de linge séchant à des fils aux fenêtres, pas de jeunes enfants courants entre

les containers dans les petits corridors. Ici les seuls être apparemment heureux étaient des chats baladant leur suffisance à qui voudrait bien les nourrir. Les rares passants avaient le visage sévère, leurs yeux étaient souvent petits et engoncés sous des couches graisseuses surplombés d’épais sourcils et malgré la température ambiante de l’immense soute, où était construite la cité intérieure, artificiellement entretenue à 16°, la tenue de cuir de phoque-loup marin doublé de fourrure d’ours semblait de rigueur.

Les populations du Nord étaient de rudes gaillards, des combattants solides et parfois féroces (la flotte en avait eu un exemple lors de la bataille du Transporteur n°2 commandé par le Baron Basavetch contre les pirates dirigés par le Sénéchal Petrovatch, une lutte à mort s’était alors engagé entre les deux hommes originaires du même pays et le Baron avait fini par mordre la poussière !)

Les Nordistes furent le premier peuple à se libérer du joug royal et à établir la première République de MaterOne! Une récompense qui faillie leur coûter bien cher, les bombardements stratosphériques leur étant destinés en tout premier, comme exemple pour tous les autres. Heureusement la chute de la Royauté avait mis un terme à ce projet fou.

Fatalistes dans la culture, ces hommes et femmes pensaient que la mort n’était que l’autre face de la vie, et adoraient de curieux Dieux en forme d’arbres spirituels..

Phil, tout à sa recherche d’Adénor ne se rendait pas compte de la surveillance dont il était l’objet par toute la communauté. Des fenêtres entre-closes aux corridors dérobés, des yeux épiaient, des regard s’échangeaient.

Plusieurs hauteurs de containers plus haut, la silhouette fugitive d’Adénor évoluait au rythme des échelles et autres passages ou terrasses et la femme savait parfaitement bien se mouvoir en terrain accidenté ou suspendu.

Son Phil allait tenter quelque chose dans ce genre pour la retrouver: c’en était évident et particulièrement émouvant !

Elle était sincèrement amoureuse de ce grand dadais fier et courageux qui cachait derrière ses maladresses un vrai cœur de chevalier ! Au début il lui avait surtout servi de couverture, une femme seule attire plus l’attention qu’une « superbe petite amie bien roulée » et ce rôle de potiche lui permettait d’avoir accès à des informations de toutes sortes sur la vie du Transporteur qu’une recherche plus officielle n’aurait pas pu obtenir.

Mais un soir il avaient parlé tous deux de son passé à lui, de sa femme défunte, Neka, de son ami Ange. Elle avait frissonné dans les descriptions de la prison « King Castiks » mais à bien y réfléchir, elle était bien placé pour savoir que ce genre d’endroit avait toutes les chances d’exister.

Tendant son bras droit loin en avant, dans un réflexe, elle se rattrapa de justesse à un angle de container et, ayant été surprise par sa mégarde, préféra marquer une pause: de son angle de vue elle pourrait surveiller son amant encore plusieurs minutes avant de devoir reprendre la poursuite.

Rêvasser ou partir dans ses souvenirs était un danger parfois mortel dans l’existence d’Adénor, et son Phil avait le don d’éveiller chez elle tout un univers qu’elle avait cru abandonner loin derrière elle, sur MaterOne. Compte tenu de la sensibilité du Lieutenant, il n’était pas envisageable de lui raconter la vérité sur ses origines, mais celui-ci ne semblait pas spécialement enclin à vouloir lui tirer les vers du nez : après tout, tout le monde avait droit à un nouveau départ dans l’Exode, et Adénor pouvait demander sa part de futur comme tout Exodé… Sauf si son passé la rattrapait, et la rencontre avec le Commandant Benkana était probablement la plus mauvaise idée qu’elle ait pu avoir ces derniers mois. Comble du mauvais plan, elle tenait beaucoup trop à ce Lieutenant pour le laisser déambuler seul dans les quartiers d’une des peuplades les plus dangereuse et les plus fermée de MaterOne.

Elle allait se relever pour reprendre la poursuite quand un petit groupe de trois Nordiste passa deux étages en dessous d’elle. Etant accroupie, ils ne pouvaient la voir, par contre elle comprît tout de suite qui était leur cible : les trois hommes progressait à petites foulées souples et soutenues dans les pas de Phil..

Adénor serra les dents : ils étaient certainement destinés à l’impressionner ou à le blesser superficiellement pour le faire quitter leur quartier. Il était inutile pour elle de risquer sa couverture et ses relations avec cette communauté (On ne connait jamais l’avenir dans une vie de fuyard!).

Elle ne devait surtout pas intervenir.

Le souvenir d’une main lui caressant doucement le bas du dos..

Un sourire un matin dans un reflet de miroir…

Serrant les poings, elle s’élança à la poursuite de Phil et de ses suiveurs..


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La soirée de GALA: les invités ;)

Fri, 10 Feb 2012 01:30:00 GMT


SOIREE DE GALA RED UNIVERSE

Wed, 08 Feb 2012 20:47:00 GMT

Pour la seconde édition de la Soirée de Gala Red Universe, nous vous invitons à retrouver Raoolito, Phil Goud, Pof Magicfinger, Anowan et Icaryon dans une emission 2eme anniversaire de RU (qui souffle ainsi sa seconde bougie)


Rendez-vous JEUDI 9 Février à 20H30 pour une soirée de folie 😀


PODRADIO EN DIRECT :)


Vous pourrez poser vos questions et réagir en direct dans le chat!


Si vous avez un iPhone ou autre appareil ne supportant pas le flash, faites un tour ici pour choisir une méthode alternative d’écoute



RedU T1 Ch7 Ep5

Wed, 01 Feb 2012 20:45:00 GMT

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Le tour d’Adénor était arrivé, elle tendit la main, mais l’autre lui fit signe d’attendre, prenant un petit sac à ses pieds, et s’éloignant en en extirpant un sandwich! Un nouveau vérificateur prit sa place, un tropicalien. Elle plaça sa main sur la plaque de verre et le milicien fut bien embarrassé quand l’ordinateur ne pu établir un nom sur cette série d’empreinte. Le politicien serrait la main du patron de la Mafia, un vieil homme grognon portant un gros couvre-chef sur la tête, qui venait de descendre par l’arrière de la voiture de luxe blindée. Arrivé à une étape éminente de sa carrière politique, le gouverneur allait encore pouvoir monter en réduisant grandement l’influence des généraux de la base militaire géante située à quelques centaines de kilomètres, et qui rayonnait sur toute la province de par ses soldats et le marché noir supervisé par ceux-ci. L’accord qu’il allait signer avec le vieil homme représentait une association historique pour cette province: désormais tous les jeux, toute la prostitution & la vente de stupéfiants et de médicaments interdits allaient passer sous leur égide: ces militaires prétentieux allaient perdre des milliards..

Son vis à vis grommela une sorte de bonjour avec un fort accent de l’Est, lui rendant sa poignée de main, puis le précéda dans le petit corridor bordé des deux murs décorés de manière traditionnelle régionale.

Le vieux était un homme de gout paraissait-il, le gouverneur espérait bien que cette attention le toucherait, et, effectivement, le Mafieux tournait, admiratif, la tête à droite et à gauche en remontant le chemin.

Adénor prit son meilleur accent tropicalien et demanda au vérificateur:

“ – Il y a un p’oblem’ mon bon’ami?

  • Ben oui m’dam, l’o’dinateu’ ne veut po vos emp’eintes! Je vais dev’oi’ vous mett’ en attente pour c’éer une nouvelle fiche!
  • Une.. nouvelle fiche m’sieur? c’est quoi ca?
  • ben si tu n’es po dans l’o’dinateu’, alors on va t’y mett’e” dit-il avec un grand sourire, comme s’il venait de sortir une bonne blague “J’e t’i vu chez la mère An’goro, tu es sa cousine pas v’ai? Pfff je comp’end pas comment ils ont pu oublier tant de monde dans le fichier. Vas-y voi’ le ga’s assis sur la chaise avec le te’minal, il va te fai’e des popiers et tu se’as tronquille!
  • Me’ci mon bon ami, tu m’sauves, passes un jou’, on te fe’as des câalins” lui répondit Adénor avec un clin d’oeil, tandis que l’autre rougit, gêné en se grattant la tête avec un sourire béat.

Zoé vida ses poumons et appuya sur la détente. Elle pouvait sentir les déclics et les rouages s’enclencher dans son fusil. L’impact du retour de tir fut absorbé en grande partie par les coussins de caoutchouc de la crosse et elle ne sentit qu’un petit coup sur son épaule droite.

La balle au phosphore franchie la distance à 1200 m/s et percuta le cul d’une casserole cuivrée à l’instant où s’y reflétèrent les deux hommes visés. Sous l’impact, les flans de la balle cédèrent aux rainures pratiquées par Zoé, et ce furent des milliers de micro projectiles en fusion qui rebondirent et jaillirent tout autour en shrapnels!!!!

Le gouverneur ressentit comme de multiples piqures, il regarda son voisin dont le visage apparu comme soudain grêlé de petits trous, puis les yeux du vieil Mafieux éclatèrent en même temps que le coeur du gouverneur.

De sa grosse lunette de visée, Zoé ne pouvait assister à tous les détails de la scène, mais elle savait que le coup avait atteint son but, elle tira la seconde balle sur l’ornement derrière les deux hommes, entrainant des ravages parmi les gardes qui accouraient et, espérait-elle, achevant ses deux cibles.

C’est à ce moment que les quatre véhicules blindés, stationnés devant l’entrée, explosèrent simultanément, projetant dans le corridor, enfermé entre les deux épais murs de pierres, une onde qui enflamma tout et un souffle qui fit exploser les vitres de toute la grande villa de l’ex-gouverneur.

Zoé resta bouche bée: une seconde équipe était présente sur les lieux pour finir le travail voire peut-être prendre le relais en cas de problème ?!

Passée la surprise, elle rangea rapidement son équipement et s’en fût en direction du lieu de récupération, à 4 kilomètres à l’est, elle arriverait en milieu de journée.

Une seconde équipe.. Amusant…

Sa mission était une réussite totale et elle avait débarrassé le monde de quelques cafards! Elle inspira à plein poumons et s’élança: “Ce monde est plein de surprises! Accrochez-vous: j’arrive, hyeaaah !!”.

Adénor, reçu la confirmation de sa nouvelle identité: elle était Clémence An’goro, et c’est sous ce nom qu’elle serait désormais connu avec ses propres empreintes dans toute l’Exode. S’éloignant tranquillement du check-point, simulant bien quelques rhumatismes de son âge, elle tourna à droite dans un corridor s’enfonçant dans la cité intérieure en direction de la communauté Nordiste.

Souriant du désordre administratif dû à l’Exode, elle ne put s’empêcher de conclure à voix haute: “Ce monde est v’aiment plein de su’p’uises.. C’est t’op amusant dit!”


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Red universe en retard..

Fri, 27 Jan 2012 20:55:00 GMT

Bonsoir,

suite à un retard de voix, suivi d’une explosion de sheures de travail cette semaine, nous sommes contraints de repousser à Mercredi prochain l’episode 5 de Red Universe..

Apologies..



RedU T1 Ch7 Ep4

Fri, 20 Jan 2012 22:03:00 GMT

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Adénor, sous son déguisement de femme usée des tropiques avançait fugitivement le long des corridors de containers. On l’avait prévenu qu’un homme qui la cherchait progressait en direction du quartiers des communautés Nordiques.Il y avait peu de chance qu’elle risque quoique ce soit de cet enquêteur, mais la méthode l’étonnait: les Exodés étaient pour l’essentiel des hommes et femmes qui rejetaient la brutalité d’Etat qu’elle avait représenté, il aurait été facile pour Benkana de soulever le Transporteur entier pour la retrouver, alors pourquoi juste un enquêteur seul qui cherche d’une manière si peu discrète?

A peine entrée sur l’avenue principale elle eu la réponse: un barrage de miliciens vérifiaient les identités et au dessus de la cité on voyait d’autres tubes de transport dégorger de multiples escouades de policiers et de militaires. Les bavardages des passants ne laissaient pas de doute: on était en train de quadriller toute la cité intérieure.

Adénor serra les dents, elle n’avait stupidement pas pris une nouvelle paire de fausses empreintes d’identité, du coup il s’agissait de ses empreintes naturelles, celles de Zoé Akowa qu’elle allait devoir présenter à l’identification.

Elle se plaça dans la file, prenant une attitude agacée mais sereine comme la plupart de ses voisins.

Zoé Akowa.. Son vrai nom. Capitaine Akowa pendant la guerre, fille du Major Akowa qui avait eu les larmes légitimes de fierté d’un père, quand sa fille avait reçu ses premiers galons d’officier. Ce qu’il ne savait pas c’est le service dans lequel la jeune femme de 19 ans avait été affectée, et pour cause: Service Action du ministère de la défense, tireuse d’élite. Elle avait su marquer la mémoire de ses professeurs durant les classes préparatoires de l’Ecole militaire par sa capacité à calculer mentalement sans erreur l’angle et la poussée d’une balle pour la placer dans sa cible. Elle se souvint avec un sourire de l’étonnement des membres du jury quand elle leur avait expliqué la méthode avec un ballon de basket et un panier à l’autre bout de la pièce!!

La file avançait.

Adénor toucha du bout des doigts son revolver fixé en haut de ses cuisses sous la robe de laine épaisse et les diverses lames et pointes disséminées dans ses cheveux, son bonnet et ses manches. Le milicien qui vérifiait les empreintes ne semblait pas trop nerveux, mais en cas d’affrontement, elle ne se donnait qu’une chance sur dix avec la vingtaine d’hommes armés dispersés autour du check-point.

D’un autre coté, sa première mission ne fût pas aisée non plus: on l’avait déposé en orthoptère en pleine zone désertique, avec mission d’abattre un gouverneur corrompu dont la résidence se trouvait à une trentaine de kilomètres. Elle avait pu choisir son fusil, une arme plutôt ancienne, sans les derniers gadgets de synchronisation satellite, mais dotée de plusieurs réglages manuels très subtils qui n’avaient plus de secrets pour elle.

Le lendemain, quand elle arriva en vue de la grande villa du gouverneur, elle s’aperçut que l’homme bénéficiait d’une protection supérieure à la normale et spécialement bien renforcée aujourd’hui, car il recevait un homme d’affaire notoirement connu comme faisant partie du Crime Organisé. Aucun angle mort, aucune fenêtre, et le circuit qu’allait emprunter l’homme politique pour accueillir son invité était protégé à hauteur d’homme par deux murs de pierres épaisses de chaque cotés..

Un badaud de la file d’attente venait de poser sa main sur la plaque en verre de reconnaissance digitale, quand un signal se déclencha soudain et les miliciens tout autour le mirent immédiatement en joue. Il fut emmené sous bonne escorte vers le poste de Police le plus proche. Adénor entendit un voisin de derrière parler d’un voleur recherché..

Elle souffla… Il était impératif qu’elle contienne scrupuleusement son stress! L’attente prendrait fin dans quelques minutes, elle se massa machinalement les poignets et attendit, repensant à son premier assassinat..

Après une heure de surveillance, en observant soigneusement à la jumelle le trajet qu’allait emprunter le gouverneur, Zoé avait trouvé des failles: seul un filet tiré protégeait la partie supérieure du chemin qu’il allait emprunter et l’intérieur des murs était décoré de nombreux ustensiles artisanaux en cuivres lustrés.

Au loin on apercevait un convoi de plusieurs lourds véhicules de luxe qui seraient sur place d’ici quinze minutes, elle avait tout juste le temps.

Consciencieusement, elle sortit deux balles au métal rougeâtre de sa musette et commença à creuser de petits sillons dans les contours avec un clou assez fin. Puis elle les introduisit dans le chargeur, arma, et prit tranquillement les dernières minutes pour s’installer avec le lourd fusil et peaufiner les réglages à l’aide des petits curseurs et autres molettes disséminées tout autour du corps de l’engin.

Sa mission avait été énoncée ainsi: l’homme politique recevait un membre de la Mafia, les deux devaient être abattus dès le début de leur rencontre.

Zoé souffla, et fit le vide dans son esprit: elle allait tuer son premier homme, elle ne devait pas défaillir. Allongée entre les rochers d’un petit talus à deux kilomètres de la villa du gouverneur, elle pensa très fort à son père, à sa défunte mère, et, faiblesse de la jeunesse inexpérimenté, aux personnes que ses deux cibles avaient sans aucun doute fait disparaitre.


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RedU T1 Ch7 Ep3

Wed, 11 Jan 2012 19:02:00 GMT

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La capsule de transport filait le long du tube transparent survolant la cité intérieure. Le Colonel Sterling Price regardait défiler les constructions urbaines amalgamées dans la soute géante de son Transporteur n°5.Price était un vieux militaire et un aristocrate de la noblesse de MaterOne, l’un des principaux protagonistes d’une des fameuses batailles de l’histoire de la révolution Castiks “La bataille des Monts Atos” qui l’avait opposé à JFHill. Celui-ci avait fini par l’emporter de justesse grâce à une ruse de stratégie, ouvrant ainsi la porte de MaterOne Centrum aux rebelles.

Couvert d’opprobres par ses congénères après avoir été adulé, il n’avait pas supporté la responsabilité que l’on ferait peser sur lui et toute sa descendance. Lui qui était considéré comme l’un des meilleurs tacticien de son époque et également un noble aux idées des plus progressistes de l’ancien régime, un des rares que ses vassaux, devenus soudain citoyens après la Révolution, ont élu comme gouverneur de sa province.

Le vieil homme sortit de ses rêves et fit quelques pas vers l’avant de la capsule, où se trouvait Weston, son ancien maître Majordome, son second et son ami.

Tandis que Price était plutôt petit, les yeux clairs, un visage un peu épais aux front dégarni devant des cheveux blancs ondulés parfaitement peignés, Weston était un grand gaillard, mince, les yeux noisettes, une petite moustache stricte et des cheveux d’un noir de jais dont une ou deux mèches refusaient obstinément de se mêler au reste de la chevelure. Il avait suivi son maître sans broncher quand celui-ci avait décidé de partir avec l’Exode. Célibataire, sans attache, il avait juste dit “ Je ne respecte que vous Monsieur, pour moi cela suffit pour vous suivre en Enfer s’il le fallait”.

Les deux hommes, cotes à cotes ne parlaient pas, laissant les chuchotements des assistants et policiers présents avec eux dans la capsule, affrétée spécialement en urgence, s’ajouter au bruit de fond du glissement de l’engin.

Après plusieurs minutes de voyage, le transport laissa ses passagers descendre à l’arrêt de la zone de fret. Des hommes, visiblement soucieux, les attendaient et les guidèrent immédiatement à l’intérieur de l’entrepôt géant contenant plusieurs milliers de caisses et autres containers de ravitaillement, pièces détachées etc.. Le groupe fit une pause sur un balcon surplombant le vide permettant à l’imposant monte-charge de transporter les matériels d’un bout à l’autre.

Weston regarda autour de lui: à l’infini, des containers, des caisses et des coffres en plastique de diverses formes et couleurs.. Au dessus, tout un enchevêtrement de poutrelles, de câbles et de treuils, le tout suspendu à plus de vingt mètres de hauteur, et pourtant à seulement quelques centimètres du sommet des stocks… De ce niveau!

Sterling Price avait un genou à terre et suivait, concentré, l’explication du constable de service, lui montrant les traces de sang qui progressaient depuis l’intérieur du niveau jusqu’au balcon. Puis le groupe prit un ascenseur et descendit les douze étages, arrivant au niveau le plus bas, proche de la coque, là où se trouvaient les systèmes d’aération de l’entrepôt, dont l’arrêt automatique d’un des blocs géants avait attiré l’attention du technicien de maintenance.

Le cadavre du gardien gisait là, le corps écrasé sur l’arbre central d’un des ventilateurs géants, les os du thorax perçant la combinaison de travail, dont une jambe et un avant-bras, tranchés par les pales, avaient bloqué la machinerie interne.

Malgré l’état déplorable du cadavre, on ne pouvait ignorer une entaille ressemblant fortement à celle faite par un couteau partant du sternum et remontant le long de la gorge jusqu’à la base de la mâchoire, d’où on voyait pendre un morceau de langue.

S’écartant un peu, Weston et Sterling Price prirent enfin mot:

“- Sale affaire Weston.. sale Affaire. La première mort violente de mon Transporteur, et probablement le premier meurtre crapuleux de l’Exode..

-Oui Monsieur, cela y ressemble, même si nous allons devoir attendre les résultats de l’autopsie pour en être certain.

-Allons, vous et moi savons reconnaitre une blessure au couteau. Vous avez confirmé pour les caméras?

-Cette partie était bien en maintenance lors de l’accident, c’est même la raison pour laquelle le gardien patrouillait dans les allées de l’entrepôt.

-En plus il a fallu que ce soit un brun, un membre de ces populations du Sud si encline à voir le racisme partout. Weston on risque d’avoir des remous communautaires dès que la nouvelle sera publique!

-Oui Monsieur, j’en ai bien peur..”

Sterling Price soupira, passant sa main le long du coup pour masser sa nuque, vieux tic signalant à ses voisins qu’il entrait dans une de ses profondes réflexions. Weston attendait en silence, droit et patient.

“Mon ami” dit le Conte se retournant et posant sa main droite sur la haute épaule de son ancien Majordome “ Je vais vous confier les rennes de l’enquête, je sais que je peux faire confiance à votre sagacité pour ne rien laisser au hasard. Il faut vite régler cette affaire avant que nous ne puissions plus contrôler la situation!

-Oui Monsieur, je comprend.”

Les deux hommes revenaient vers le cadavre, regardant les pompiers et les policiers récupérer avec mille précautions les restes du gardien, pour les emporter à la morgue.

Sterling Price parla doucement sans bouger la tète, juste pour que son assistant l’entende:

“Je vais faire tout mon possible du coté des médias et de la communauté brune. Mais je ne peux pas vous garantir le temps que vous aurez.”

Weston restait droit, stoïque, silencieux.. Il était bien conscient que les heures à venir risquaient d’être capitale!


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RedU T1 Ch7 Ep2

Wed, 04 Jan 2012 21:46:00 GMT

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La cité intérieur du Transporteur n°7.

Dans chaque vaisseau géant de l’Exode on trouvait une cité intérieure, bâtie, quelque peu bricolée en fait, dans les immenses espaces au coeur du vaisseau réservés originalement aux matières premières ( A l’époque de leur gloire, la mode des vaisseaux géants permettait de convoyer les millions de tonnes de Lithium, hydrogène ou minerais nécessaire à l’industrie de MaterOne. Mais l’avènement des stations de raffinage sur les lieux même d’extraction, et la multiplication de la piraterie y mirent fin. )

Lorsque le Conseil de la Révolution accepta officiellement le principe de l’Exode, quelques ingénieurs futés proposèrent le recyclage de ces vieux engins en cités interstellaires nomades. On récupéra des millions de containers de tailles diverses en plus ou moins bon état qu’on empila sous l’égide d’un pseudo plan d’urbanisme, comprenant passages, passerelles, ruelles et avenues mais également commerces, restaurants et postes de police. Evidement ces derniers avaient eu le privilège de posséder leur propre structure bien différente des containers d’habitation. Le résultat final permis, certes, de loger plus de 450 000 personnes en sus des quartiers d’équipage, mais donna également un aspect de zone usée, métallique et claustrophobe, véritable fourmilière-labyrinthe qui tournerait rapidement au coupe-gorge sur une planète comme MaterOne..

Au moins les lieux étaient propres et Adénor pouvait progresser rapidement, changeant en permanence de direction dans le dédale des passages se ressemblant tous..

La grande Texosane blonde était désormais brune avec des lunettes, la peau de son visage un peu tannée comme sous les tropiques de MaterOne. Elle avait perdu quelques centimètres de taille en marchant pieds nus, les jambes un peu arquées sous une épaisse jupe de coton. Un linge serré autour de sa poitrine et un épais pull peaufinait la métamorphose.

Encore quelques mètres, puis un passage à droite et on lui avait dit qu’elle serait à destination.

La cité intérieure s’étendait sur une superficie de presqu’un kilomètre carré, et si, officiellement, les containers d’habitation avaient été distribués aléatoirement, les communautés s’étaient reformées progressivement au cours des longs mois de voyages, à force d’échange ou de troc de lieux d’habitation. Il n’était pas rare de rencontrer des cultures, cuisines et langues différentes rien qu’en descendant une échelle.

Adénor s’arrêta, se laissant quelques secondes pour souffler et repérer quelque hypothétique suiveur, puis escalada à mains nues un container et frappa trois coups à la première porte devant elle. Un bébé se mit à pleurer à l’intérieur, quelques pas se rapprochèrent, et les gongs de l’habitation tournèrent sur eux-même, laissant apparaitre une grosse mama des tropiques au visage sévère.

Détaillant sa vis à vis de haut en bas, elle se radoucit et posa les questions rituelles auxquelles Adénor répondit sans hésiter, recommandée qu’elle était par un autre membre de la communauté et parlant le “tropicalien” sans accent..

La mama s’écarta, la laissant entrer, et referma la porte derrière elle.

“Bonjour, connaissez-vous cette personne?”

Signe négatif de la tête, avec un bredouillement incompréhensible. Phil montra la photo à un autre passant de l’avenue principale de la cité intérieure:

“Bonjour, cette jeune femme a disparue, pouvez-vous m’aider à la retrouver?” L’autre jeta à peine un regard avant de répondre par la négative et de poursuivre son chemin.

Phil s’arrêta, regardant les passants le doubler, parfois le bousculer sans même réagir. Cela faisait deux bonnes heures qu’il parcourait l’avenue , posant les mêmes questions à tous ceux qu’il croisait, et la meilleure réponse qu’il avait reçu fût un soupir puis “abandonnez..” La personne était partie aussi sec, disparaissant dans les ruelles..

Phil n’allait pas jeter l’éponge aussi vite, il avait déjà eu une conversation avec Azala la matin même alors qu’elle tentait de le dissuader de partir seul à la recherche de sa fiancée.

“Princesse, je ne peux rester là à me morfondre, j’ai besoin de me rendre utile, c’est tout!”

Il avait pris un plan taché de café de la cité intérieure, une photo d’Adénor et un sac à dos avec quelques affaires. Une fois dans le couloir, Azala l’accompagna jusqu’à l’extrémité des quartiers de l’équipage, puis, alors que le tube de transport intérieur allait refermer ses portes, il ajouta à l’intention de la Princesse:

“je m’occupe de retrouver Adénor, je vous laisse calmer Benkana..”

Les portes scellées, le tube activa ses suspenseurs, et accéléra en direction de la cité intérieure. Phil ne lâcha son amie des yeux que lorsque le tube vira au milieu des containers.

Et le voilà maintenant au milieu de l’avenue principale à chercher à l’aveuglette des renseignements sur sa fiancée. Avisant un recoin il s’assit et mâcha un sandwich, tenant toujours dans la main la photo de la femme qu’il aimait, quoiqu’elle ait pu faire..


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RedU T1 Ch7 Ep1

Wed, 28 Dec 2011 21:15:00 GMT

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Les soldats ennemis étaient en fuite.

On pouvait apercevoir au loin, là où la plaine devenait plage puis océan, les derniers véhicules amphibies de l’armée royale tenter de lamentablement prendre le large, des hommes en uniforme agrippés à leurs flans, sans chef, abandonnant de nombreux matériels de guerre sur la plage.

Les chasseurs léger et les canons mobiles harcelaient les fuyards tandis qu’une longue colonne de prisonniers s’étirait vers les montagnes où de grandes cavités sûres leur serviraient de geôle jusqu’à nouvel ordre, sauf s’ils décidaient de se joindre à la révolution.

Evoluant lentement au milieu des véhicules et de ses hommes heureux, Benkana ne pouvait absolument pas partager la joie de ses subalternes: un ou deux fidèles écartaient d’ailleurs les guérilleros, voulant remercier le chef qui les avait mené à la victoire, en bredouillant quelques vagues excuses de fatigue..

..Quand la réalité était tout autre..

Nous étions sur l’ile d’Okagwam, un an et demi avant la chute de la Royauté. Ce lieu était stratégique: une partie du minerai destiné aux usines du Texos, et provenant des grandes carrières de l’Est, passait au large dans des porte-containers géants. L’ile avait été envahie une première fois par les rebelles, puis reprise par l’armée régulière et venait enfin d’être libérée par un régiment des steppes neigeuses de l’extreme nord, dirigés par la Chef Benkana ( qui n’avait pas encore gagné ses gallons de commandant ).

Le regard pointé vers l’horizon infini marin, ses cheveux en bataille lui passant parfois sur le visage, elle finie par stopper sur la crête d’un petit monticule qui dominait la plage, ses lieutenants attendant sagement quelques pas derrière elle. Au loin de petites explosions ponctuaient la retraite des royalistes.. Benkana serra les dents, dévoilant ses canines et bientôt toute sa dentition, ses paupières s’écartant comme pour laisser sortir ses yeux de leurs orbites, et une face enragée, exultant de haine et de douleur se dépeignit sur tout son visage tandis que ses mains crispées froissaient le message arrivé une demi-heure plus tôt qui annonçait l’assassinat de son père, celui qui l’avait élevé et qu’elle croyait à l’abris derrière les lignes rebelles.

Un filet de sang coula le long de ses lèvres, elle ne s’en préoccupa pas, laissant les quelques gouttes perler jusqu’à son menton ou le vent les détacha, tels des pétales d’une rose vivante emportées vers le large.

La Commandant se releva brusquement dans le lit, aspirant de grandes bouffée d’air faisant gonfler sa poitrine nue et saillante comme si elle allait étouffer.

Lentement elle reprenait ses esprits, tentant de reconstituer le décor autour d’elle, quand un léger froissement et un mouvement dans les draps la fit prendre pleinement conscience du lieu et du temps: elle était Aurora Benkana, Commandant du Transporteur n°7 de l’Exode, sa compagne Azala était à ses coté, il faisait nuit et..

Ses doigts s’enfoncèrent avec violence dans les draps épais, les tendons sous pression.

La tête rentrée dans les épaules, Aurora leva les yeux de haine vers le lustre au dessus du lit, et se souvînt: l’agent 12, l’assassin de son père, était à bord de son vaisseau, et il était hors de question qu’elle puisse y survivre..

Adénor Kerichi, mécanicienne dans une sous-station du Transporteur n°7, était devenue la maitresse du Lieutenant Phil Goud qu’elle avait aidé durant le sauvetage de la Princesse Azala, arrachée des griffes d’un odieux Maître Mental Pirate sur les quais de la station “Maman Lolo”. Suite à un repas en tête à tête, Benkana avait reconnu en elle la terrible Agent 12, une tueuse à gage aux ordre de l’ancien régime Royaliste, qui avait exécuté de nombreux chefs rebelles, dont le père d’Aurora.. Cela s’était passé il y a plusieurs années maintenant, et Benkana avait perdu l’espoir de la retrouver. Evidement juste après le tête à tête, Adénor Kérichi avait disparu de ses quartiers, et son fiancé l’attendait encore six heures plus tard dans son appartement, endormi dans le canapé, en slip, avec une bouteille de champagne éventé à la main, quand les miliciens de Benkana avaient enfoncé sa porte.

Dehors les passages dimensionnels se succédaient autour du Transporteur, la navigation semblait stable sur la route de l’ultime rendez-vous général de l’Exode avant le grand bond dans l’inconnu: la passe de Magellone.


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2eme avis de retard..

Fri, 23 Dec 2011 18:53:00 GMT

toujours malade, toujours coincé sur une ou deux heures puis obligation d’aller dormir sous peine de migraine.. Demain peut-être ou plus probablement Dimanche pour Noël.. :(

(EDIT)

Oui, bon ben cette fois c’est sans appel: on repousse la sortie du premier épisode à Mercredi prochain (28 Décembre), dans l’espoir que votre serviteur sera en forme pour la sortie..

Encore toutes nos excuses..

(EDIT 2)

Compte à rebours lancé: le premier épisode du chapitre 7 tant attendu est pour dans 24 hrs! L’attente prend fin..



avis de retard sur l’episode 1 du chapitre 7

Tue, 20 Dec 2011 13:18:00 GMT

.. Retard de quelques jours, probablement je vous l’offrirais Vendredi soir, juste avant le réveillon…

Raison: une sacré grippe hivernale doublée d’une bronchite et triplée d’un pharyngite! (oui autant prendre des forfaits multiple, on a un meilleur prix.. 😛 )

Merci de votre compréhension..



Red Universe: La playlist du sixième chapitre…

Thu, 01 Dec 2011 19:10:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • La musique planante de l’étrange astre: « Vegas IV » : « behind of mind » zero project, album « e-word »
  • Le thème récurrent (et pour cause: il fait partie du générique): « Kneel », celestian Aeon, album: « world in flame »
  • La poursuite dans les anneaux de Vegas IV: « The specialists », Arnaud Condé, album « coming soon »
  • le fond du complot du politicien Junta et du Général Decembre: « Overcolored_1231231234 », Overcolored, album: « Corvus Corone Cornix »
  • La chaude soirée de la Princesse et de sa Commandant 😉 : « Dreamdancer », Migel Konstantin, album « Dreamdancer »
  • LE thème de cet épisode ( oui çà n’a pas l’air mais c’était normalement lui: notre OVNI ! « The Castle », Roger Subirana Mata, album « The Dark Symphony »
  • Mais quel est donc le fond sonore du restaurant « style espagnol: El Sur »? « How high the moon – i got rythm », Alo Django, album: « Swing end dance! »
  • Et enfin la musique d’Adénor qui sera le thème du prochin chapitre (mince: Spoïling! ): « 04-Lost signal », Zero-project, album « e-world »


Bon aller, honneur au héros de cet épisode: notre OVNI 😉 ?

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Je vous donne rendez-vous le Mercredi 21 Décembre pour le premier épisode du chapitre suivant intitulé

« Agent 12 «

Comme toujours, laissez-nous vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito



RedU T1 Ch6 Ep12

Thu, 01 Dec 2011 19:00:00 GMT

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Un coup d’oeil discret de la commandant Benkana vers Adénor: elle pouffait très (trop?) naturellement aux blagues un peu grossières de son amant, l’officier Phil Goud..

“Et nous avons du coup vécu notre premier émois ensemble alors que vous étiez à quelques mètres, Princesse, prisonnière de ce pirate et de sa bande!

-Oui, et j’en profite pour vous remercier une nouvelle fois. Sans vous deux, ainsi que l’aide apportée par les dockers de la station “Maman-lolo” je ne serais au mieux qu’une monnaie d’échange pour le nouveau gouvernement de MaterOne, ou pire…” déclara la Princesse tandis que la main de la Commandant glissait sur la table pour tenir doucement celle de sa compagne. Elle aussi avait souffert lorsqu’elle avait appris toute l’histoire.

“Merci Princesse”, répondit Adénor, s’accoudant amoureusement contre son Phil, “N’importe qui se serait précipité! et puis Phil s’est battu comme un lion vous savez!

-Mais chérie, c’est toi qui a été superbe! Tu t’es jetée dans la bataille comme si tu avais fait cela toute ta vie! Et ces prises spéciales pour en toucher deux à chaque coups, c’était brillant!”

Adénor fit une grimace, le visage alors enfoui contre le torse de son compagnon, puis elle releva la tête tout sourire, minimisant ces compliments soi-disant surévalués.. D’un oeil rieur elle regarda Benkana: celle-ci n’était plus joviale du tout, elle avait même les yeux grand ouverts et posé sa coupe.

Elle venait de trouver ..

La soirée tirant à sa fin, et l’atmosphère semblant s’être rafraichie de manière incompréhensible, les deux couples se séparèrent. Benkana et Adénor allant même jusqu’à s’embrasser joyeusement comme si de rien n’était.

Ce fut dans la chambre de la Princesse qu’elle décrocha le téléphone d’urgence.

“Contrôle, ici le Commandant. Je demande une surveillance rapprochée – code 5, je répète: une surveillance rapprochée – code 5! Machiniste mécanicienne Adénor Kerichi, 3eme niveau, ainsi que du responsable des sas, le lieutenant Phil Goud. Enfin préparez un câble en priorité pour les commandants Hill et Arlington!

-Mais qu’est ce qui se passe?! “ demanda Azala.

Adénor rentra seule dans sa chambre, prétextant deux ou trois obligations à régler avant de rejoindre Phil dans leur lit. Celui-ci parti donc préparer le nid d’amour d’un pas léger, sans voir sa femme qui le regardait partir, une expression de lassitude précédant un visage froid et tendu.

“ Elle n’est pas ce qu’elle prétend être! Cette femme est de Texos, une des régions restée fidèle à la royauté jusqu’à la fin!

  • Je ne te suis pas chérie..
  • Son regard me disait quelque chose, et c’est son attitude durant la bataille avec les pirate qui m’a ouvert les yeux! Je n’en reviens pas…”

Benkana expliquait vite, l’air désorientée. Jamais Azala ne lui avait connu cette expression..

La jeune femme, seule dans sa pièce sombre, souleva son lit, et sorti du coffre en dessous le gros sac lourd de pierres qu’elle porta sans réel effort. Ouvrant le zip, elle écarta les babioles colorées, améthystes ou quartz rudimentaires, pour saisir un gros sachet enfoui tout au fond.

“ Ce personnage est connu par les Révolutionnaire, elle avait un visage plus fin et des cheveux noirs. Même son nez a été retouché, et elle tente de dissimuler sa voix, mais ses yeux, son regard.. Ils la trahiront toujours!”

Adénor Kerichi termina l’assemblage de son fusil à lunette de précision, ainsi que de ses deux révolvers en fibre de verre. Elle emplie ses poches de chargeurs, enfila une épaisse blouse de travail, et quitta définitivement sa chambre, se dirigeant d’un pas tranquille vers la cité intérieure du Transporteur.

“Elle est connue sous le pseudo d’Agent 12, la meilleure tueuse de l’ancien régime. Elle a exécuté de nombreux chefs de la Révolution, dont… Mon père” conclut Benkana, un indéchiffrable rictus sur le visage..

Fin Chapitre 6

Nous vous donnons rendez-vous le Mercredi 21 Décembre pour le premier épisode du chapitre suivant intitulé: » Agent 12 «


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RedU T1 Ch6 Ep11

Thu, 24 Nov 2011 19:00:00 GMT

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Quelques heures plus tard, alors que la grande quantité de lithium perdue avait déjà été re-raffinée par les équipe de mineurs dans un autre anneau, plusieurs engins, dont le croiseur, patrouillèrent dans la zone de l’explosion.

On ne retrouva rien, absolument rien. L’engin avait-il été désintégré ou s’était-il téléporté à la dernière minute? D’après les techniciens, l’absence de débris pouvait peut-être s’expliquer par la gravité de Vegas IV, qui les aurait rapidement attirés vers la planète gazeuse..

Pour Junta, Décembre avait confondu les rôles: les vaisseaux de l’Exode avait été proies et l’OVNI était le chasseur! Lorsque celui-ci avait fini de jauger ses adversaires, il avait commencé à les détruire l’un après l’autre, d’autant que la blessure infligée avait du le surprendre et l’énerver quelque peu. Mais sa mission n’étant pas terminée pour autant, il avait poursuivi la chasse..

“Mais pourquoi nous? Pourquoi ici??” Demanda Décembre, abattu par les théories si logiques et réfléchies du politicien.

Assis dans son fauteuil de la pièce de réunion, il regarda Junta se diriger vers la fenêtre, son fume cigarette à la main.

“J’ai aussi une théorie là-dessus.. Vegas IV est une planète où les vaisseaux viennent souvent se ravitailler, elle existe depuis longtemps Général. Qui sait combien de civilisations connaissent cet endroit. C’est un lieu idéal pour tenter un contact.”

Puis il revint et se rassit face à son verre de liqueur et à Décembre.

“ Je vous suggère.. D’effacer nos livres de bord, quitte à en conserver une archive, et à poursuivre en secret l’étude de l’aileron arraché de l’engin. Ne parlons de cette affaire à personne. Il serait préjudiciable d’affoler la population ainsi que les autres membres du Conseil des Commandants.”

Décembre tourna la tête vers l’astre protubérant dominant la vue de la fenêtre. Déjà le trou dans son atmosphère commençait à se reboucher et les astéroïdes dispersés ou volatilisés se repositionnaient sous l’effet de la gravitation. D’ici peu il ne resterait plus de trace de ce qui était arrivé et l’on pourrait placer cette histoire dans les légendes de l’Espace concernant la déjà mystérieuse “station essence” Vegas IV..

Décembre finit son verre et donna son accord. Les journaux de bords furent détruits, les quelques restes de l’OVNI placés en zone sûre, et les Transporteurs s’éclipsèrent dans la compression dimensionnelle, en route vers le prochain rendez-vous avec l’Exode.

Vegas IV retourna à sa solitude, pansant ses plaies, ancien monuments veillant l’Univers depuis si longtemps qu’elle semblait immuable et éternelle..

Pendant ce temps, sur le Transporteur n°7, le repas au dernier étage du restaurant “El Sur” tirait sur sa fin. Le cuisinier leur ayant préparé pour l’occasion une des spécialités les plus renommées du Sud: des rognons de mouton enrobés de pâtes à gâteau salé piquante, servis avec une sauce au vin parfumé d’herbes.

Le miracle du goût et du savoureux permit enfin à Benkana de partager un début de conversation avec Phil Goud, alors qu’Azala ne pouvait s’empêcher de mastiquer avec délice le mouton en plat.

“ Et sinon vous vous êtes rencontrés comment?

-Hê bien..” débuta fièrement un Phil prêt à raconter une grande épopée.. “ En gros tout a commencé par de très lourds sacs de pierre que j’ai aidé à porter.

-Oui “ enchaina Adénor, trop heureuse également d’enfin participer à la conversation “ Je collectionne les pierres et minéraux rares, et lorsque l’Exode est advenue, il me fallait décider de ce que je pourrais emmener, mon choix s’est donc naturellement porté sur ma passion des pierres.”

Phil raconta alors avec de grands gestes l’aventure trépidante de leur rencontre, elle cherchait son chemin puis trouva ainsi l’amour!

Ecoutant distraitement, Benkana se concentrait sur Adénor: toute la soirée elle l’avait épié du regard, tâchant de se faire voir au minimum, mais l’autre était pleinement conscience de la surveillance dont elle était l’objet.

“Une mécanicienne… Blonde… Accent du Texos..” Réfléchissait Benkana. Rien dans ses souvenirs ne l’aidait. Et pourtant elle éprouvait cette désagréable sensation de rater quelque chose d’évident.


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RedU T1 Ch6 Ep10

Thu, 17 Nov 2011 19:00:00 GMT

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La piste était chaude: la trace de ce liquide inconnu flottait en suspension le long des astéroïdes et Décembre ne voulait pas laisser la moindre chance à son propriétaire! L’OVNI avait subit une avarie suite à son attaque surprise une demi-heure plus tôt, et celui-ci s’était éclipsé en réalisant une incroyable Compression transdimensionnelle. Pour un vaisseau spatial de cette taille c’était inédit! Mais il n’avait pas été si loin que cela, une limitation technologique ou une conséquence de l’avarie? Aucune idée…

Mais un animal blessé n’en est que plus dangereux et il était revenu une fois que les deux chasseurs patrouillaient séparément, s’attaquant au plus vulnérable d’entre eux et le réduisant en lambeau, sans que le Général ne soit en mesure de dire comment..

Depuis il laissait une piste derrière lui: sa blessure saignait et laissait une trace que sa vitesse ne dissimulait pas..

“Décembre, virez à bâbord immédiatement!!!” Hurla la voix de Junta dans le casque des deux pilotes! Immédiatement, Décembre amorça un virage le plus serré possible sans même poser de question: dans ce genre de moment, l’hésitation n’est pas de mise. L’endroit où il aurait dû être quelques secondes plus tard s’embrasa , et l’astéroïde le long duquel il évoluait se brisa en deux sous l’impact!.

L’OVNI apparu de derrière un rocher proche et se lança à la poursuite du chasseur lourd, mais celui-ci avait presque fini une grande boucle de retournement et les deux vaisseaux allaient s’affronter face à face tels deux duellistes anciens luttant à mort!

“Vas-y mon gars, cette fois c’est la finale: Co-pilote feu à volonté!” Les mitrailleuses crépitèrent, lâchant la pluie de cartouches traçantes tandis qu’une lueur se concentrait sur la pointe avant de l’OVNI, probablement un laser quelconque en pleine charge.

Encore deux ou trois secondes, les deux vaisseaux allaient se croiser, Décembre tentait de diriger le faisceau de tir vers l’engin qui effectuais pirouette sur pirouette.

“Bon sang, j’y arriverais pas il est trop mobile !”

On sentait la lueur du laser à sa densité critique, et les vaisseau étaient à une seconde de se croiser: Décembre contre l’OVNI, l’un deux allait mordre la poussière, peut-être même les deux!!

L’imprévu se produisit alors: une explosion percuta l’appareil ennemi, qui tenta malgré tout de reprendre sa direction originale, une seconde explosion lui arracha une des ailettes et celui-ci effectua une série de tonneaux sur lui-même, déviant complètement de sa trajectoire.

Le chasseur lourd passa et le duel semblait désormais interrompu entre les deux rivaux.

Le croiseur léger “Reine Margat”, avec le politicien Junta aux commandes, depuis une position surplombant la scène, donnait du canon sur l’OVNI et celui-ci avait le plus grand mal à s’échapper pour se mettre à l’abri ! Semblant impulser alors toute son énergie dans un ultime sursaut, l’OVNI accéléra vers tribord, tentant une manoeuvre de retraite vers l’autre coté de la planète.

“Il essaye de s’enfuir! Junta, ne le lâchez pas!

-Laissez-le Général, c’est le but recherché. Et par pitié, pour une fois écoutez mes conseils plutôt que votre testostérone..

-Comment comptez-vous l’arrêter Junta?! Ne me dites pas que vous voulez laisser s’enfuir ce salopard!?

-L’idée ne serait pas mauvaise, mais je soupçonne que nous avons à faire à plus qu’un individu isolé. On ne doit pas laisser croire que nous pouvons abandonner si facilement… Au fait, j’ai demandé de nouveaux containers supplémentaires: nous allons devoir raffiner encore quelques heures j’en ai peur.

-Mais que dites-vous, où sont donc..?”

Décembre compris soudain, et il tourna la tête vers l’extrémité de Vegas IV, les senseurs de son casque recevaient clairement le contact de l’OVNI. Dans quelques secondes il allait disparaitre de l’autre coté de l’astre..

..

Là ça y était, les capteurs ne le recevaient plus..

Une violente et soudaine explosion, de plusieurs milliers de litres de Lithium pur, illumina soudain la lisière de la planète, à peine cachée par l’atmosphère de l’astre, la boule de feu grossie encore et encore entrainant une partie de l’anneau le plus proche, ainsi qu’un volume conséquent de la troposphère de l’astre!!

“Vous avez..

-Oui Général, on se fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Je suis navré de ne pas vous avoir tenu au courant.”

Décembre restait muet, grommelant dans sa moustache.


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RedU T1 Ch6 Ep9

Fri, 11 Nov 2011 22:48:00 GMT

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Sur chaque Transporteur de l’Exode se trouvent une multitude de commerces de différents standing. Comme dans un quartier normal ou une petite ville, ils sont parfois dispersés, parfois regroupés le long de grandes allées communes qui deviennent de fait des passages commerçants. On y trouve des supermarchés, des magasins spécialisés de vêtements ou de bijoux, pour de multiples bourses, des bureaux de tabac avec les nouvelles gazettes du vaisseau et même celles d’autres Transporteur! Les communautés s’étant parfois regroupées sur plusieurs engins, les médias étaient un des liens possibles..

Sur le Transporteur n°7, un restaurant prestigieux occupait le centre de la principale allée commerciale du vaisseau. Toute la façade de ses trois étages était affublée de deux hautes colonnes de simili-marbre sur lesquelles étaient sculptés des danseuses ensorceleuses du Sud inspirées de l’ancienne mythologie de MaterOne.

D’où son nom: “El Sur“, “le Sud” en langue locale..

L’intérieur était sur le même thème, un rythme de guitare sèche, avec des serveurs engoncés dans des tenues serrées et moulantes, une grande ceinture-foulard rouge pendante sur leur droite, tandis que des plats gouteux et épicés s’accommodaient aux vins fins et fruités des terroirs sudistes.

Au dernier étage étaient reçus les invités de haut standing, les “VIP” comme on disait et c’était tout naturellement là que l’on avait dressé la table du Commandant du Transporteur (qui par ailleurs avait gratuitement table ouverte). Benkana se tenait droite dans son fauteuil, une coupe de porto à la main, amicale, serviable mais moyennement détendue dans sa tenue protocolaire blanche d’officier de la Flotte. Sur le canapé d’à coté, un “deux places”, la Princesse Azala et Phil Goud n’arrêtaient pas de tenir la conversation, échangeant souvenirs passées et remarques actuelles, devisant qui sur la portée de l’espoir de l’Exode, qui sur les problèmes d’approvisionnement. Azala portait sa robe blanche tachetée de printemps, plutôt étrangement venue en cette période, mais, incontestablement, elle apportait une touche de fraicheur de par ses couleurs bleues et vertes dans ce salon d’apéritif tout en cuir rehaussé de rouge carmin. Benkana soupira: cela faisait déjà vingt minutes que les deux anciennes connaissances discutaient sans même avoir prêté attention à leurs conjoints. Elle jeta un oeil discret vers la femme accompagnant Phil. La mécanicienne blonde du nom d’Adénor Kerichi, installée dans un fauteuil jumeau de celui de la Commandant, ne manquait certainement pas de charme et recelait des attributs physiques propre à intéresser tout mâle digne de ce nom.. Ou femme de goût!

Se levant posément, Benkana traversa les quelques mètres les séparant puis, ayant attiré son regard, l’invita à se rapprocher des magnifiques verrières sculptées donnant sur la cité intérieure.

“ Je me suis dis que vous aimeriez également avoir une conversation avec quelqu’un plutôt que de patienter à boire verre après verre?” Demanda Benkana

“- Oh oui Commandant, je vous avoue que je commençait à trouver le temps long. Il semble que Phil et la Princesse se connaissent depuis longtemps?

-En effet, depuis la Révolution Castiks en fait. Mais peut-être vous en a-t-il parlé lui-même déjà?

-Non.. Je creuserais le sujet avec lui un de ces jours. Il a surement de nombreuses choses à raconter.. .comme ce soir!

-Bah, pardonnez leur. Les anciens combattants sont ainsi: toujours à rabâcher en boucle les vieux souvenirs de leur gloire passée. Mais dites-moi, votre accent..? On dirait celui de la région du Sud de MaterOne Centrum non? Les fameuses plaines ensablées du Texos..

-C’est ma région natale en effet. Et même si je tente de perdre mon accent, je pense que je me trahirais encore pas mal de temps..” répondit doucement Adénor, les yeux dans son verre de liqueur.

Du coin de l’oeil, Benkana poursuivait l’étude attentive de la jeune femme. Certes elle était agréable à admirer: son mignon nez retroussé au milieu de fossettes parfaites, son beau visage soutenu par une mâchoire volontaire et encadré d’une chevelure blonde soyeuse, ses petites épaules musclées qu’un “col bateau” laissait nonchalamment apparaitre…

Celle-ci releva soudain la tête après quelques secondes de silence, puis regarda Benkana droit dans les yeux: “ Vous dévisagez souvent vos hôtes ainsi Commandant Benkana?”

Celle-ci eut une sorte de hoquet puis se ressaisit, sourit en plissant les yeux, puis se tourna vers les bâtiments visibles derrière la verrière:

“Ho vous savez, quand je suis hors service, il m’arrive de ne pas maîtriser mes faits et geste. Et vous êtes très séduisante, ce monsieur Phil est un homme chanceux!”

L’autre gloussa puis vida son verre. Elle s’excusa et se dirigea tranquillement vers le bar pour une nouvelle commande.

La voix déjà lui disait quelque chose, mais Benkana venait de croiser un regard bleu azur, dur, froid, un regard lourd de sous-entendus.

Qui que soit cette femme, son intuition lui hurlait le danger…


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RedU T1 Ch6 Ep8

Fri, 04 Nov 2011 22:27:00 GMT

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Le Général Décembre tenait les deux manches de son appareil serrés à les briser. Il savait pertinemment que cela n’était pas conseillé dans les manuels, mais la poursuite de l’Objet Volant Non Identifié ( il fallait bien l’appeler ainsi ) lui requerrait toute son attention et ne pas s’encombrer des conseils de l’Ecole de pilotage en faisait partie.

Ses instruments suivaient pas à pas toutes les activités de sa cible: il lui suffisait cependant de voir la maniabilité et la distance (que le Général tenait au prix de cascades inouïes) pour comprendre que cet OVNI bénéficiait d’un niveau de technologies bien au-delà de ce qui était connu sur MaterOne.

“Attention Aigle 2, Trois fragments rocheux en approche par bâbord!” Hurla-t-il à l’attention du chasseur n°2. “ Co-pilote, passez en mode tirs discontinus, et dorénavant tirez en permanence dès qu’on l’a en visuel. Peut-être qu’une cartouche le touchera !

-A vos ordres Général” Répondit l’homme au siège à l’arrière, et immédiatement, les deux mitrailleuses aux cartouches explosives traçantes commencèrent leur feu nourri.

Décembre ne pensait pas vraiment qu’il pourrait blesser gravement l’oiseau se faufilant avec grâce et légèreté entre les astéroïdes, comme s’il était en savon dans un pervers jeu aquatique, par contre il escomptait au moins insuffler un peu d’espoir à ses hommes en reprenant la main..

L’OVNI slalomait entre les astéroïdes, allant jusqu’à se permettre des tonneaux arrières pour contourner un fragment géant, faisant alors face au chasseurs juste avant de disparaître de leurs yeux.

“Cet enfoiré se moque de nous!!” Hurla le Général. Suivant l’objet par les senseurs du réseau, Décembre engagea son appareil dans un tunnel perçant un rocher immense, et en ressorti juste derrière l’Objet Volant, proche comme jamais il n’avait pu être depuis leur première rencontre. Immédiatement les mitrailleuses crépitèrent, lâchant sur la proie une multitude de petits explosifs qui atteinrent leur cible presque immédiatement. Comme lancé dans un ballet rythmé mortel, celui-ci se mit à trembler sous les impacts qui le dévièrent de sa route, mais il tînt bon et sous les yeux médusés de Décembre et de son co-pilote, il s’ enveloppa d’une lueur bleutée et sembla s’aspirer sur lui-même sans bruit pour disparaître!

“Nom de.. Mon Général!!” hurla le co-pilote de Décembre. Celui-ci n’en revenait pas: il avait, probablement comme ses hommes, reconnu une compression dimensionnelle, ou tout du moins une version de celle-ci, plus localisée, plus précise, plus petite. Jamais dans l’Univers connu on n’avait pu mettre au point ce niveau de miniaturisation!

JAMAIS!

Les chasseurs tournaient en rond autour des astéroïdes centraux de l’anneau, tels des chiens dépités semblant renifler une proie perdue qu’ils n’attraperont pas.

“ On élargit la zone de recherche: cent kilomètres de rayon..” lança Décembre sans conviction. Il ne se faisait pas d’illusion: un saut dimensionnel pouvait avoir emmené l’engin ennemi à des années lumières hors de sa portée, d’autant plus rageant qu’il avait réussit à le toucher sans aucun doute, mais qu’il ignorait la portée des dommages causées par les mitrailleuses..

Réduisant les gazs, le chasseur lourd s’éloignait lentement du centre de l’anneau de Vegas IV, slalomant entre des astéroïdes de plus en plus petits, contournant des morceaux de glace de Lithium bien plus modestes qu’un simple coup de gouvernail permettait d’éviter.

Le Général était maussade avec un mauvais goût dans la bouche, de cette sensation d’échec et de perte qui mettra du temps à passer. IL avait déjà éprouvé cela de nombreuses fois, et de par sa fonction, s’attendait à vivre cette désagréable expérience encore souvent, mais pour autant, il ne se serait pas attendu à perdre un pilote et un chasseur en poursuite de ce qu’il prenait au premier abord pour un simple “satellite espion”.

D’ailleurs cela apportait un éclairage inquiétant sur la suite de l’Exode: allaient-ils rencontrer d’autres engins de ce genre? Accident isolé ou premier contact avec une autre civilisation?

Les implications futures tournaient et s’entrechoquaient dans la tête du Général quand il reçu un appel du second chasseur:

“Aigle 2 à aigle 1: une sorte de filet de matière inconnue flotte dans l’éther ici, comme une fuite d’huile ou quelque chose de semblable.. Je poursuis la recherche de son origine.

-Ici Aigle 1, allez-y tranquillement et soyez prudent! Si c’est l’écho il peut être d’autant plus dangereux qu’il est touché, on arrive tout de suite!!”

Empli d’une nouvelle poussée d’adrénaline salvatrice, Décembre relança les gaz au maximum et son chasseur sortit de l’anneau, décrivant une boucle complète pour retourner à l’intérieur et foncer vers la position du second chasseur. Il en était à envier le pilote de l’OVNI d’avoir un tel aérodynamique pour se mouvoir dans l’espace comme un orthoptère sur MaterOne quand son co-pilote lui annonça “aigle 2 n’a plus d’écho Général..”

Au même moment, au loin, un petit flash lumineux, entrainant l’apparition de nuages de lithium fondu, signalait le pire. Quelques secondes plus tard, le chasseur lourd arriva sur la zone, évitant quelques blocs de roche, des éléments du fuselage du second chasseur ainsi que le corps déchiqueté du pilote flottant sans vie au milieu du brouillard de lithium..


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RedU T1 Ch6 Ep7

Thu, 27 Oct 2011 22:16:00 GMT

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Les chasseurs poursuivaient la cible en formation de combat leurs moteurs à pleins régimes, mais malgré cela elle semblait ne pas se rapprocher.Décembre était sur les nerfs: son engin était de loin le plus rapide de tous, apte à rattraper du terrain, mais il se devait de maintenir la formation avec ses coéquipiers plus lents.. Sauf si..

“Aigle 1 à formation, lock des missiles sur la cible, faites feu à mon ordre!

-Aigle 2 bien reçu

-Aigle 3 bien reçu”

Normalement, s’il s’agissait d’un appareil de la flotte de MaterOne, ou d’un quelconque engin commun, de nombreuses alarmes devaient se mettre à rugir à l’intérieur du cockpit du pilote suite à l’activations des ondes courtes des radars d’attaque. Il se devait de réagir, sauf que ses options étaient limitées: les trois chasseurs le poursuivaient dos à Vegas IV depuis qu’il était passé devant le croiseur “Reine Margat” et il n’y avait devant eux que le vide de l’Espace à des millions de kilomètres..

Rien, aucune réaction.

L’engin poursuivait sa route, sans même esquisser le moindre tressaillement. Soit le pilote avait des nerfs d’acier, soit il n’y avait pas de pilote du tout! Décembre recevait des informations de toutes sortes des multiples censeurs du réseau formé par les chasseurs et le croiseur: l’ensemble de ces informations était regroupées, hiérarchisées et se complétaient mutuellement à bord du central de commandement du croiseur, pour être redispatché en temps réel vers les combattants en signal crypté. C’est ainsi que dans la visière de son casque, le Général pouvait à loisir observer une vision tridimensionnelle sous tous les sangles et tous les spectres de rayonnement possible ainsi que des informations de forces, de poussée et de direction de sa proie.

Cet appareil n’était pas répertorié, pire, il relevait d’un design aérodynamique encore jamais atteint par MaterOne. Un projet top secret de l’armée de l’air? l’Oeuvre d’un génie isolé quelque part dans l’Espace..?

Tout était possible..

L’engin était noir comme l’abime, ne laissant paraitre aucun reflet, aucune surface accrocheuse à la lumière, une sorte de sphère dont trois ailettes de dauphins auraient poussées de l’intérieur de l’habitacle, en plissant et étirant une peau ébène. Trois petits points lumineux jaunes étaient perceptibles à l’avant, un rouge surplombant l’ensemble, tandis que les réacteurs, emmenaient une simple lueur irisée bleue électrique, sans trace de combustion quelconque ni chaleur aucune!

Une sorte de réaction électromagnétique froide comme on arrivait à la produire en laboratoire à partir de lithium lourd enrichi à haute valeur.

Cela le confirmait dans sa théorie d’un prototype militaire de chasseur “high-tech”.

“FEU” grogna-t-il dans son casque.

Son copilote arrière ainsi que les deux autres pilotes des chasseurs lâchèrent leurs traits mortels qui filèrent droit sur l’engin inconnu telle des flèches enflammées antique distribuant mort et destruction.

Les missiles approchaient très rapidement et le vaisseau ennemi ne tentait aucune mesure d’évitement ou de rétorsion. “Probablement un système automatisé”, pensait Décembre, quand les valeurs affichées dans son viseur se mirent soudain à devenir folles!

L’indicateur de poussée commença à projeter des chiffres proches de zéro, tandis que les infrarouges et ultraviolets pointaient des valeurs infinies! Même la représentation tri-dimensionnelle vibrait et se floutait, semblant faire accoucher des clones ennemis de l’intérieur du vaisseau. Regardant droit devant lui, utilisant simplement ses yeux et cherchant le moindre indice d’une quelconque transformation, Décembre ne vit rien d’autre que l’auréole bleu de sa proie, sans manifestation d’aucune sorte.

Mais le spectacle de sa visière montrait maintenant de multiples chasseurs s’éloignants de celui central qui lui-même plongeait, émettant des nuées de lueurs sous toutes les ondes.

Les missiles divergèrent, chacun poursuivant sa cible virtuelle et, approchant de ce qu’ils croyaient être leur victime, déclenchèrent les mécanismes d’explosion.

Le spectacle fit penser au Général à un vrai suicide de missiles: ceux-ci ayant complètement déviés de leurs trajectoire pour exploser dans le vide stellaire..

“aigle 3 à aigle 1, mon général c’était quoi çà?!” La voix du pilote laissait clairement passer des intonations de panique, mais Décembre n’était pas un homme à abandonner si facilement.

“Ici Aigle 1, ne vous laissez pas abuser, il s’agit d’une nouvelle forme de contre-mesures anti-missiles! Nous allons poursuivre la chasse en visuel et avec les tirs à courte portée!”

Les deux accompagnants accusaient réception lorsque la lueur bleu du réacteur ennemi, tout du moins devait-on l’appeler ainsi, s’éteignit!

Avant même qu’ils aient pu réagir, l’engin passait entre eux en exécutant un tonneau arrière de voltige. Ce faisant, une de ses ailette trancha net l’aile bâbord ainsi qu’une parti du fuselage arrière du chasseur n°2.

La pilote perdit le contrôle mais ne pu s’éjecter à temps, et il périt dans l’explosion de son engin.

Décembre hurla de rage pendant les deux autres appareils effectuaient une manoeuvre de croisement pour poursuivre la chasse en direction inverse: l’engin repartait en direction des anneaux de Vegas IV .


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RedU T1 Ch6 Ep6

Thu, 20 Oct 2011 21:54:00 GMT

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Dans la petite salle de réunion du “ Reine Margat ”, le politicien Junta et le Général Décembre mettaient au point les derniers détails du complot.

“ Avez-vous des nouvelles du remplaçant du commandant Basavech?” demanda Junta, “ Au dernières nouvelles c’est son second qui devait prendre le commandement, mais il semble qu’il y ait eu des luttes internes?

-En effet, Basavech s’entourait de plusieurs seconds: un pour la passerelle, un pour les machines, un pour l’intendance et un pour la vie civile des Exodés présents à bord… C’est intelligent çà: diviser pour mieux régner” convint Junta

  • ”Oui, sauf que maintenant le Transporteur n°2 est livré à une sorte de “Conseil des commandants bis”. Et cela ne nous arrange, pas! Certains sont des pro Révolution, d’autres, minoritaires, sont d’un coté disons.. Plus compréhensifs à nos vues.
  • Il faudrait que ces derniers l’emporte, nous aurions l’oreille du nouveau Commandant.
  • Oui, mais comment faire? Je pourrais tout simplement venir désigner le nouveau maître du Transporteur n°2, mais cela serait sujet à des critiques.” grogna le Général, toujours ennuyé par ces problèmes secondaires qui prenaient des dimensions toujours sous-estimées..
  • “ IL va falloir jouer sur la subtilité, je pense que nous devrions faire jouer nos contacts sur place, parfois les subalternes peuvent être de précieux..”

Soudain un buzzer d’intercom retentit dans la pièce, faisant sursauter les deux hommes par le volume excessif du son nasillard.

“ Mhhm, il faudra que je fasse changer cela.. Oui?” demanda Décembre en pressant l’interrupteur.

-”Mon Général, vous nous aviez demande de vous prévenir si l’on repérait un objet inconnu sortant des anneaux. Il y en a un qui est apparu, mon Général, juste où vous nous l’aviez signalé..

-Merci soldat, bien joué!”

Et Décembre relâcha l’interrupteur.

-” Vous voulez poursuivre quelque chose Général?” demanda perfidement Junta

-”Moui, c’est une possibilité… N’ayant plus d’attache de ce coté de la galaxie, il m’est tout à loisir de régler quelque comptes personnels sans que personne n’y trouve à redire n’est ce pas?

-Et quel est donc cet écho radar si personnel à vos yeux..?

-MMhmm, Rien que de très banal, juste un satellite espion qui..”

L’agaçant buzzer retentit une nouvelle fois, coupant la parole au Général et perçant les oreilles des deux protagonistes grimaçants.

Décembre écrasa son pouce sur le commutateur, plus pour arrêter le son que pour répondre.

“-OUI? QUOI ENCORE??

-Heuu excusez-moi mon Général, mais, heu, nous avons perdu pendant quelques secondes le contact avec l’objet inconnu.. Et… heu.. On ne le retrouve plus.. Voila Mon Général… Nous augmentons l’ampérage du radar à ondes courtes pour tenter de le retrouver…”

Décembre soupira, puis se laissant retomber lourdement sur son fauteuil ajouta “Fouillez toute la zone, il a dû utiliser une combine qui vous a échappé. Poursuivez la surveillance” Puis il croisa ses bras, se tournant la tête vers la grande baie étoilée..

“L’Univers est injuste avec vous, Mon Général..” Junta prit quelques secondes pour inspirer une nouvelle bouffée de son fume cigarette puis ajouta “ Cependant je suis surpris que les radars de ce croiseur ait pu perdre un objet que vous décriviez comme banal ”.

Levant la tête, le politicien fit quelques ronds de fumée, patientant une réponse..

Décembre comprenait qu’à ce petit jeu il risquait de mettre du soupçon entre eux deux, et cela n’était jamais bon..

“Très bien Junta!”

Il se redressa, fit quelques pas et se posa devant la fenêtre, faisant face à Vegas IV.

“L’objet que nous avons chassé n’était pas ordinaire: de par sa vitesse et de par sa réactivité quand nous sommes apparus à quelques mètres de lui.

J’ajoute que mon intuition me dit que nous avons à faire à autre chose qu’un satellite espion pour mercenaires-mineurs.. Voilà..”

Junta ne répondit pas, se réservant une lampé de liqueur sombre.

“Nom de NOM de.. !!” Hurla soudain Décembre!

Se retournant comme un beau diable, il se précipita sur le buzzer à l’instant même où celui-ci sonnait:

“Mon Général!?

-Je sais! Préparez mon chasseur de toute urgence ainsi que les deux autres! Cette fois nous ne devons pas le rater!” Puis il se jeta sur la porte.

“Décembre, vous daignez me dire ce qu’il se passe??!”

Le soldat se retourna juste une seconde avant de s’engouffrer dans le couloir menant au sas où était amarré son appareil:

“L’objet volant vient de passer devant moi à l’instant Junta! Et ce n’est définitivement pas un satellite espion, c’est même un appareil comme je n’en ai encore jamais vu!”

Junta le regarda partir vers sa nouvelle chasse, ne pouvant s’empêcher de noter la joie qui exhalait du Général.


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Encore un retard…

Thu, 13 Oct 2011 20:01:00 GMT

Complètement outbooké je suis.

Donc je suis dans l’obligation de repousser encore une fois la sortie de votre série. Normalement la semaine prochaine je serais apte à mettre les bouchées doubles pour vous :)

Enfin j’espère hein? Rendez-vous le Mercredi 19 Octobre 2011 pour l’épisode n°6 ..

Aller, bonne semaine, apologies..



Adieu Mr Steve…

Thu, 06 Oct 2011 09:01:00 GMT


6 Octobre 2011, un homme est mort.




Pas de Red Universe cette semaine..

Wed, 05 Oct 2011 20:21:00 GMT

Désolé, désolé, désolé.. etc.

La rentrée des écoles supérieures étant un moment douloureux et très chargé, surtout pour ces gentils responsable pédagogiques dont je fais partie à l’Ecole StudioM Casablanca, je suis dans l’impossibilité d’ECRIRE même le prochain épisode de votre Saga :( !!!

Rassurez-vous je pense que la semaine prochaine nous reprendrons la suite de votre série.

Bon weekend, vous pouvez en profiter pour ré-écouter les anciens épisodes, voire pour les plus courageux, la TOTALITE des 5 chapitres et également le superbe spécial de cet été, 3 heures de pur bonheur!

A bientôt

Raoulito



RedU T1 Ch6 Ep5

Thu, 29 Sep 2011 20:35:00 GMT

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Le Transporteur numéro 7 voguait en pleine Transition. On pouvait voir au travers des quelques hublots laisses ouverts les grappes de vagues dimensionnelles se succéder à intervalle régulier. Au centre de commandement, le second officier était à la barre, l’expérience de la transition lui était routinière et certaines mesures secrètes de prévention des pirates avaient été prises. Le voyage allait durer encore plusieurs heures et la Commandant Benkana avait “un rendez-vous privé”.

Rien qu’à cette pensée l’Officier en second eu un petit sourire: tout le monde savait bien qui était son rendez-vous privé.La Princesse Azala était assise face à Benkana, dégustant les crevettes de la “Mer Intérieure”que le cuisinier avait sorti de la chambre froide spécialement pour l’occasion. C’était évidement son plat favoris, son hôte la connaissant parfaitement. Le message du second lui était arrivé depuis deux semaines environ, lors du départ du Transporteur, et la jeune Princesse désespérait de recevoir l’invitation tant attendue. L’attaque pirate du Transporteur numéro 2 avait bouleversé l’agenda de la Commandant ainsi que le moral de la flotte en général. Les renseignements qu’Azala avait pu tirer étaient désastreux: plusieurs centaines de morts, la perte du Commandant Basavech, de très nombreux matériels ou provisions détruits sans même parler des chasseurs lourds anéantis.

Raison de plus pour rendre cette soirée différente, et les sortir toutes deux des impératifs qui étaient les leurs durant les dernières journées.

L’ambiance de la pièce, au demeurant austère, avait été habilement réchauffée par un savant jeu de lumières tamisées et de plantes vertes, le tout baignant dans une musique d’ambiance douce de MaterOne, (Benkana avait prit soin de ne choisir aucun morceau risquant de faire ressurgir de douloureux souvenirs). Les rideaux dorés, accrochés au grand hublot, tamisaient la lumière crue du passage successif des dimensions tout en en conservant certaines teintes: le résultat était à la limite du festif!

Azala portait une robe de mousseline rouge, serrée aux hanches et relevée d’un col fermé aux boutons d’or. Une crème spéciale avait blanchie légèrement la peau de son visage, aidant à ressortir le rouge de ses lèvres et le noir de ses yeux. Ses petites pommettes, rehaussées de rose bonbon, étaient assorties aux anneaux soutenant des cheveux noués en chignon traditionnel complexe des Princesses de MaterOne. Face à elle Benkana portait une tenue de soirée… Masculine. Un ensemble complet, pantalon et veston en flanelle noire qui laissait apparaître une chemise blanche immaculée. Sa longue queue de cheval était exceptionnellement défaite et elle avait laissé ses cheveux tomber sur ses épaules, retrouvant un peu de leur ondulation naturelle. Sobriété dans la tenue comme dans le maquillage, elle exaltait ainsi sa masculinité si attrayante à Azala.

Après s’être régalées, les deux femmes allèrent s’installer dans le canapé en velours pourpre, pour siroter un dernier verre de liqueur. Elles bavardaient de leur nouvelle vie, de scènes cocasses telle la femme de chambre d’Azala entrant dans les toilettes alors que le jeune domestique enlevait son pantalon! Elles rirent de bon coeur, se rapprochant imperceptiblement l’une de l’autre. Benkana savait parfaitement ce qu’elle faisait: elle apprivoisait son ancienne maîtresse, et la rapprochait d’elle jusqu’à sentir le parfum d’été qui flottait dans l’air à l’époque de leur liaison. Même le canapé en velours devait lui rappeler de bien beaux souvenirs! Leur premier baiser fut chaste, le suivant se prolongea, le reste fût passionné…

La peau laiteuse d’Azala se contractait agréablement sous les doigts et la langue de sa partenaire, faisant durcir sa poitrine et ressortir la pointe des tétons que Benkana prenait plaisir à torturer doucement entre ses dents. Ressentir à nouveau le corps de son dernier amour, ouvrit en Azala un torrent de désir refoulé dont la pointe distillait une douce chaleur dans son bas-ventre qu’elle prit soin d’assouvir patiemment, avec sa Benkana, durant toute la nuit.

Le lendemain, au plus proche de ce que “lendemain” voulait dire en absence de soleil, l’air de la pièce était lourd de musc et de transpiration. Le couple se quitta sur un baiser chaste, et elles se donnèrent rendez- vous pour un prochain restaurant, sur le Transporteur, avec d’anciennes connaissances à elles: Phil Goud et Adénor Kerichi.


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RedU T1 Ch6 Ep4

Thu, 22 Sep 2011 22:09:00 GMT

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Le chasseur lourd s’amarra par dessous le croiseur. Celui-ci était sur la zone d’extraction prévue, en train d’engloutir des blocs de lithium pour les réchauffer et les raffiner. On avait même exceptionnellement rajouté des cuves externes pour profiter de l’occasion: un petit cadeau aux autres Commandants de l’Exode, destiné à faire passer la pilule de ce contre-temps.

Le Général grimpait l’échelle du conduit plastifié le conduisant au sas. Sur sa droite il pouvait discerner des mineurs en tenues de scaphandre extérieur, fixés sur les pierres géantes de Lithium solidifié pour en détacher blocs après blocs et les placer sur un des chariots automatiques. D’autres pilotaient des excavatrices plus puissantes mais moins souples. Tout ce petit monde arriverait à produire suffisamment de quoi remplir à raz-bord l’ensemble des cuves, dont les supplémentaires, en trois grosses heures. Du bon travail, en tout cas quand Décembre n’était pas loin: les militaires étaient comme toutes les souris quand le chat s’en allait.

Junta l’attendait dans la salle de réunion. L’homme était installé devant un verre de liqueur et admirait la vue de Vegas IV offerte par la baie vitrée, portant à sa bouche un long porte-cigarette en ivoire qu’il éloignait régulièrement pour exhaler les vapeurs bleutées au gout de camomille..

“Bienvenue Décembre, alors cette petite virée, c’était comment?

-Rien à redire, une bien belle ballade..” Répondit Décembre sans vouloir s’appesantir plus que nécessaire sur sa chasse tombée a plat.

“Parlons donc de votre stratégie pour évincer Jfhill et toute sa clique du Conseil des Commandant voulez-vous?”

Junta sourit. il savait parfaitement que le General avait poursuivi quelque chose au travers des anneaux, ses radars fonctionnants aussi bien que ceux de son alter-ego, et le résultat en avait été pitoyable. D’ou le ton sec et l’envie de parler d’autres choses..

“Allons Mon Général, ce genre de plan prennent du temps à être conçu, je vous propose de d’abord en poser les principes de base.

-Je ne veux pas de mort, voila mon principe de base. La prison, le bannissement même si vous voulez, mais pas d’exécutions: je ne veux pas que l’on commence à construire une nouvelle dictature, on doit respecter des formes.. “

Junta tira sur sa cigarette un long moment .. puis déclara doucement:

“ Cela ne nous simplifie pas la tache, nous allons prendre le risque de les voir revenir renverser la situation!

-JFHill a trop de partisans pour l’abattre. Cela risquerait de causer des troubles dans toute la Flotte et je ne le permettrais pas!

-Donc nous allons devoir les discréditer avant de les écarter: Benkana, Arlington, JFHill..

-Complexe: ces gens là sont des héros de guerre, et tout le monde connait leur respectabilité et leur honneur.. Ceci dit il ne suffit que d’en écarter deux! Le nombre jouera alors en notre faveur au conseil des commandants !

-Oui, nous pouvons même nous payer le luxe de laisser JFHill. Si on lui enlève les deux autres, il sera comme un Bouledogue en muselière: à peine capable d’aboyer et impossible de mordre !”

Décembre prit une bouteille d’eau, s’en servit un verre et but une grande rasade. Cette histoire ne lui plaisait guère, foncièrement, mais il n’avait pas le choix!

Dès la première réunion du conseil, les trois anciens résistants s’étaient ligués pour tenter d’imposer à chaque fois leur point de vue, parfois méprisant, envers les autres grands officiers présents, pourtant de plusieurs années leurs ainés en âge et en expérience de vol ! De plus il était hors de question de les laisser créer une sorte de”République nouvel air” sur Antarès IV, leur destination finale!

“Savez-vous que la semaine prochaine nous allons lancer la chaine de télévision inter Exode? Un ingénieux système de transfert d’informations codées en hyperEspace les coordonnera. Sans parler des radios et autres titres de journaux propres à chaque Transporteur.. Tout un écosystème médiatique va donc débuter incessamment..

-Oui j’ai entendu parler de cela. Une bonne chose pour le moral des troupes, mais je n’aime guère l’idée des dérapages que cela pourrait donner.

-Ne vous inquiétez pas, j’ai déjà pris les devants.”

Le Général se leva, marcha quelques pas en direction de la baie vitrée. Devant lui s’affichait Vegas IV, la station essence boursouflée..

Soudain, un déclic se fit dans sa tête! Il se retourna vers le politicien, patiemment installé dans son fauteuil à siroter sa liqueur.

“Vous voulez dire que vous aller..?

-Je désespérais que vous me compreniez Général. Oui qu’en pensez-vous?

-C’est génial Junta! très vicieux, mais voici un bien beau levier.

-Reste à trouver les points de pivots et les statues tomberont les unes après les autres!”

Décembre se pencha sur la table, reprenant son verre encore à moitié rempli:

“Trinquons à votre esprit de Machiavel Junta.”

Les deux verres s’entrechoquèrent, l’écho retentissant dans toute la pièce avait un caractère lugubre..


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RedU T1 Ch6 Ep3

Wed, 14 Sep 2011 18:00:00 GMT

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Décembre jouait à se faire peur et à donner une leçon de pilotage acrobatique à son copilote à l’arrière du cockpit dans le chasseur lourd. C’était mieux qu’un exercice en centrifugeuse non!?

Tournant autour des astéroïdes et autres blocs de glace evoluant lentement sur un air de valse sans musique, Decembre enclenchait turbo propulseurs et contre-poussées aussi aisément que s’il jouait à une console de jeu.

Le futur Général était arrivé premier au concours des pilote-officiers durant sa jeunesse militaire. Et justement déjà un officier plein de promesses, il n’avait cessé de monter les échelons de la hiérarchie militaire jusqu’au poste de Général. Mais la révolution Castiks était passée par là..

Virage serré à gauche, cambrage à droite, rétrofusées à fond et voilà notre oiseau planant lentement au-dessus d’une bien grosse étoile en diamant pur. Décembre admirait le reflet de son chasseur dont les lignes s’entremêlaient avec celles de tous les objets flottants aux alentours. Un ensemble céleste parmi les autres en quelque sorte..

Il s’accorda un instant de pose.

“ General, un écho mobile à 17h, distance 5.8!!

-Hahaaaa! “ hurla Décembre dans une poussée d’excitation! Peut-être une petite chasse au trésor s’annonçait-elle?

“Allons-y mon garçon, activez toutes les mesures, nous partons en chasse de votre écho mystérieux!”

Poussant alors les turbines à fond, Décembre décrocha son appareil de la surface du diamant géant et fonça vers la direction indiquée par son co-pilote.

“Ca se déplace vite Mon Général, je vous connecte le radar avant”

Et sur la visière de l’officier supérieur, s’afficha un plan en perspective cavalière de la scène.

L’écho progressant vite, il allait devoir couper au travers d’un autre anneau pour rattraper son fuyard: probablement un satellite récolteur, une activité sur la frange de la légalité, Vegas IV étant une zone théoriquement protégée sous protocole galactique.

Rien de bien gros comme gibier.

Le chasseur lourd sorti du champs de glace de l’anneau central, se dirigeant vers celui en diagonale le plus proche.

Durant la guerre Révolutionnaire, le choix du Général n’avait pas été simple. Au début il avait combattu vaillamment, sable au clair, donnant sans hésiter de sa propre personne lors des attaques de convois armés ennemis ou des bombardements en pleins combats.

Mais ce faisant il s’était rendu compte qu’en face ils n’avaient quasiment rien comme appareils de guerre.. Certes un armement ennemi au sol donnait du fil à retordre mais en quoi des hommes et des femmes avec si peu de moyen risquaient d’abattre la Royauté?

Oui il avait vu horrifié des femmes se battre avec leurs fils ou leurs maris! Cela l’avait profondément troublé. Décembre était un soldat, pas un bourreau..

Et pourtant, il fût le premier des commandants de flotte à recevoir l’ordre du telex demandant le bombardement stratosphérique de régions entières de MaterOne..

Cela aurait été un massacre, ainsi également qu’un carnage dans les rangs des soldats alliés au sol!

Il avait alors laissé parler ses impulsions, et déchiré en miette le telex, demandant au contraire à sa flotte de s’éloigner de la planète..

C’était une période charnière dans l’Histoire, et il devait choisir selon son camps mais également ses opinions..

Le chasseur lourd entrait dans la seconde formation d’anneau de Vegas IV.

Circonvolant entre les blocs, Décembre ne lâchait pas la commande de poussée, entrainant son appareil au plus proche des glaces et rochers éparses emplissant tout l’air visuel. Mais le radar à l’oeil, il savait parfaitement ce qu’il faisait, et une minute avant la rencontre, le co-pilote entendit dans son casque “ Branchez les défenses et armez les missiles à moyenne et longue portée “

Un dernier cambrage et Décembre sortit comme une trombe de derrière les derniers énormes blocs de glace, face à..

..Face à rien.. Envolé..

Un rapide checkup des radars indiquait que l’objet avait une seconde ou deux avant l’arrivée du chasseur lourd plongé dans l’anneau et depuis.. aucune trace..

Il était probablement en train de se laisser dériver à la surface d’un des astéroïde, se camouflant parmi les multiples échos d’objets en évolution contantes..

Décembre grogna dans sa moustache: Il aurait aimé l’attendre, mais l’heure du rendez-vous avec Junta approchait et ils allaient devoir aborder des choses autrement plus sérieuses..

De plus il avait gaspillé déjà assez le Lithium pour un simple satellite récolteur..


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RedU T1 Ch6 Ep2

Wed, 07 Sep 2011 19:00:00 GMT

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Le vaisseau avançait à bonne vitesse vers un des anneaux diagonaux, sur bâbord. L’ex-croiseur pirate était équipé d’un ancien convertisseur de lithium encore robuste et capable de parfaitement remplir son office permettant de pomper une part significative de combustible. Autour de lui volaient un chasseur lourd et deux chasseurs légers, en formation, lui servant de garde rapprochée, mais pas seulement: le croiseur pouvait très bien se passer d’anges gardien: la zone était généralement sure, une sorte tradition d’accalmie pour les marins de l’espace, où la neutralité de chacun était respectée, et il était quand même suffisamment armé pour faire face à une petite flotte!

Le politicien Junta, commandant du Transporteur numéro quatre, admirait sur l’écran de contrôle central “Vegas IV” dans son intégrité. La planète était difforme, certes, mais avec une certaine profondeur au niveau des couleurs: tel un tableau de Maître surréaliste ou des billes d’agates de différentes teintes seraient imbriquées les unes dans les autres, une lueur irradiant de l’intérieur. Ajoutez à cela les multiples anneaux brillants et clignotants, et le Maître surréaliste aurait pu vendre son tableau une petite fortune aux amateurs de visions étranges et futuristes.

D’ailleurs il lui semble que cela à déjà été fait il y a quelques années..

“ Regardez cela Junta!”

Les écrans secondaires montraient le chasseur lourd effectuant une pirouette suivie d’un looping serre, avant de se retrouver dans sa position initiale.

Junta soupira, le General Décembre était un enfant trop gâté, il lui manquait les sensations de vol que l’on a dans ces chasseurs, et il avait profité de la petite sortie pour se dégourdir les ailes.

“ Décembre à Junta: Je vous laisse poursuivre la visite du vaisseau, vous serez sur la zone d’extraction d’ici 20 minutes, je vais en profiter pour pousser un peu mes moteurs, nous nous retrouverons là-bas!

-Avec plaisir Général, amusez-vous bien!”

Et Décembre mis les gaz, partant avec son copilote en direction des anneaux pour certainement une petite virée pleine d’acrobatie..

Junta tourna des talons et sorti du centre de commande.

Les couloirs avaient été repeints, les tags ou symboles rayés ou frottés, le moindre signe du passé pirate de ce croiseur avait été tronqué ou effacé et on l’avait même rebaptisé “Reine Margat” en souvenir d’une ancienne souveraine de MaterOne. Déjà en soit, ce nouveau nom en référence à l’ancienne Royauté absolue, balayée par le Révolution Castiks était tout un symbole. Junta fronça les sourcils: Décembre était trop volubile, à la limite de l’impulsif, il risquait de poser plus de problèmes à résoudre que de solutions.

Montant un escalier en métal, le politicien ouvrit le sas de protection pour l’alcôve d’observation, une sorte de bulle placée au dessus des radars et destinée aux accostages sous Transition. Seule la vue optique fonctionne à peu près dans ces moments là, les radars étant trop brouillés par les interférences..

L’ouverture du dôme se déroula en douceur, tel un bel engrenage bien huilé et Junta se retrouva comme debout au milieu du vide.

Etrange sensation de solitude et de modestie devant la puissance et l’immensité de l’Univers.

Vraiment Vegas IV lui plaisait de plus en plus, à chaque regard elle semblait dévoiler à ses yeux un peu moins de pudeur.. Il y avait de la grâce dans ces anneaux, et son coté boursoufflé, mais nuancé de couleurs et de lumière, lui faisait penser à une opération chirurgicale destinée à assurer de belles formes.

Au loin, vers tribord, il voyait les traînées laissées par Décembre au milieu des morceaux de glace et des blocs de Lithium ou de diamants entre lesquels ils ondulait tel un enfant jouant dans l’eau.

A l’arrière on pouvait nettement apercevoir les deux transporteurs géants, ces masses de métal de millions de tonnes encore imposantes malgré la distance et destinées à emporter tant âmes vers un futur meilleurs.

Quelle ironie, lui qui avait tourné si souvent sa veste pour se placer du bon coté venait de choisir l’Exil. Il n’était pas certain de son choix, mais il pressentait que quelque chose de grave allait advenir à MaterOne et que l’inconfort -tout relatif- de son poste et sa fonction ici, valaient mieux à long terme qu’une situation de haut responsable sur la planète mère. Il était entré dans la politique depuis trop longtemps pour ne pas prêter attention à ses intuitions.

L’avenir dira qui avait raison.

Et enfin, presque au dessus de lui, alors qu’on pouvait voir les constellations du Globos et de Vatine, reconnaissables par leurs formes de casserole, apparaissait les sombres nuages rouges annonciateurs de la passe de Magellone.

Souvent utilisée lors des voyages spatiaux, plutôt risquée par la présence de pirates et les interférences multiples, la Passe est une sorte de faille dimensionnelle naturelle. Elle reproduisait en quelque sorte ce que l’on obtenait avec un compresseur, d’ailleurs elle avait un peu inspiré les recherches sur cette technologie en en démontrant les possibilités infinies.

Mais comparer la Transition aux phénomènes se déroulants dans le Passe revenait à mettre cote d’un éléphant des plaines, une croasouris des étangs..

La Passe était une puissance emportant à des milliards d’années lumières en quelques minutes, ce qu’aucune Transition ne saurait faire!

et enfin, une fois dedans, le Temps disparaissait…

Au propre.

Dans la passe, la notion même de Temps n’existait pas, et l’on pouvait parfois y avoir de mauvaises surprises.


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Red Universe et sa page dédiée sur FaceBook!

Thu, 01 Sep 2011 11:26:00 GMT

Le site Red Universe ouvre sa page spéciale dédiée aux news et autres infos ou partages sur l’Universe de la série à l’adresse suivante:

PAGE RED UNIVERSE FACEBOOK

A ne pas manquer :-)



Red universe: le wiki !

Thu, 01 Sep 2011 01:36:00 GMT

Sur le site Netophonix.com, partenaire des diffusions et réalisations de Red Universe, vous pouvez retrouver le Wiki de la série Red universe avec les informations d’ordre générales que vous pourriez vous poser..

WIKI RED UNIVERSE



RedU Tome 1 Episode special 35/24 Août 2011

Thu, 01 Sep 2011 00:41:00 GMT

Les 28 et 29 Août 2011 avaient lieu le LIVE de Podradio de l’été: 35 heures de direct en continue !!! Un episode SPECIAL de Red universe, un « spin-off » a donc été préparé en parallèle pour la plus grande joie des poditeurs de Podradio ainsi que des fans de Red universe.. Découvrez donc les 5 parties du special ci-dessous, où l’on découvre au travers de la Révolution Castiks l’histoire du Phil Goud, Ange et Neka..

Bonne écoute à tous pour un total de 2h43..

Episode Spécial Août 2011 : « Le temps des cerises..«



  1. 1ere partie 1eme partie : Préambule et Introduction.. (10:14 mn) < version MP3 >

  2. 2eme partie 2eme partie : Chapitre 1 « Canvieilles » (29:33 mn) < version MP3 >

  3. 3eme partie 3eme partie : Chapitre 2 « La Forteresse Castiks » (48:42 mn) < version MP3 >

  4. 4eme partie 4eme partie : Chapitre 3 « Le Putsh » (56:08 mn) < version MP3 >

  5. 5eme partie 5eme partie : Conclusion et Postambule (10:14 mn) < version MP3 >

( pour les fans, d’ici un gros mois, nous sortirons une version remasterisée de cet épisode, remonté en un seul et unique Film! affaire à suivre n’est ce pas 😉 ?)


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RedU T1 Ch6 Ep1

Wed, 31 Aug 2011 23:18:00 GMT

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Vegas IV

Une planète solitaire.

L’astre trônait majestueusement au milieu de l’immensité galactique, captant par ses spécificités l’attention de tout voyageur un peu soucieux de plastique planétaire..

Il défiait de nombreuses règles de l’astrophysique et présentait un aspect à la limite du grotesque, mais son surnom le plus commun parmi les marins de l’espace était “La Station Essence”.

La première de ses caractéristiques était l’absence totale de soleil: Vegas IV était une planète dérivante, exclue il y a quelques millions d’années de l’attraction d’un astre dont elle avait participé indirectement à la formation en tant que spectatrice.. Peut-être le soleil en question avait-il prématurément perdu sa gravitation, libérant ses planètes en orbite, encore que ce scénario ne soit plausible que dans le cas d’un trou noir, où Vegas IV aurait eu très peu de chances de survies. Bref, dors et déjà une énigme..

Seconde particularité, sa forme…

Si une planète est très souvent arrondie, c’est dû aux lois universelles de la gravité, attirant à force égale tout ce qui se trouve à une distance proche, relativement, de sa zone d’influence. Cela explique qu’une lune soit attirée par la planète autour de laquelle elle gravite, mais la distance et sa vitesse l’empêche de s’écraser dessus, une comète peut infléchir sa direction si elle passe à quelques heures-lumières d’un soleil, la vitesse ici l’empêche également de s’écraser dedans, mais un astéroïde passant assez près s’y précipitera, et restera attiré par le centre ferreux de magma au coeur de la planète, quel que soit l’endroit où il tombera, devenant pour les autochtones une catastrophe planétaire inconnue de plus. La gravité étant une force omnidirectionnelle, elle agit en tout lieu.. Enfin presque tout lieu depuis que l’on connait Vegas IV.

Cette planète est une protubérance aberrante. Elle est composée de plusieurs astres gazeux de plus petit diamètre, qui se seraient amalgamés au fur et à mesure de son histoire dans une sorte d’orgie astrale obscène.

Obscène? Oui car dans l’espace, tout bouge et fusionne ou s’éteint un jour ou l’autre, cela n’est qu’une question de temps: les immenses formations nuageuses pouponnières d’étoiles se mélangent, les galaxies fusionnent, les systèmes solaires se rentrent dedans et partagent leur gravité alors que leurs soleils s’auto-phagocytent, et bien sur, les grosses planètes attirent régulièrement tout ce qui passe, des astéroïdes géants aux poussières spatiales!

Sur Vegas IV, l’incompréhensible se poursuit depuis des millénaires: les planètes gazeuses sont amalgamées, mais elles ne fusionnent pas, ni de leurs atmosphère, composées d’ailleurs de mélanges plutôt différents, ni de leurs noyaux dont deux au moins sont liquides d’après les analyses..

Et pourtant les sondes envoyées à l’intérieur de cet étrange formation émettaient jusqu’à la fin des données identiques: pression élevée, densités fluctuantes, réactions chimiques en tous genres permanentes, décharges de potentiels récurrentes ( appelons cela des éclairs pour faire simple ) et un début d’activité nucléaire..

Alors oui, il valait mieux ne pas pénétrer dans cette marmite, et oui la planète produisait sa propre lumière, certes pas un soleil, mais une luminosité réelle qui, hors de toute étoile proche, se révélait un havre apaisant, loin de l’obscurité glacée du vide.

J’oubliais de vous parler de la meilleure partie: ses 4 anneaux! On peut même dire que son surnom vient de là, car certaines mauvaises langues prétendent que tout cet ensemble a été artificiellement conçu dans le seul but d’obtenir ces anneaux! Au nombre de quatre, ils sont dans 4 plans différents d’elliptique, c’est à dire que la planète est entourée de ces quatre gros anneaux scintillants en horizontal, vertical et diagonal! Encore un nouveau mystère de Vegas IV!

Leur composition est remarquable: 80% Lithium, 15% Diamants, 5% glace d’eau pure.

On suppose que c’est le résultat de la fusion étrange des astres et leur composition, et on se met alors de parler de magie universelle, cette planète devenant un lieu de ravitaillement en Lithium très pur qui ne nécessite quasiment pas de raffinage, en diamant, un matériau très important pour la fabrication ou la réparation des Compresseurs dimensionnels, et enfin de l’eau pure, nécessaire à la survie.

Une bien belle “ Station essence” en effet, où les vaisseaux en voyage pouvaient se ravitailler gratuitement! La zone avait été inscrite comme protégée non commerciale, cela évitant d’encombrer l’espace proche de Vegas IV de vaisseaux publicitaires, d’émetteurs de communications 3D ou de vendeurs de matériel de contrebande.

Et depuis deux jours on pouvait y trouver deux vaisseaux Transporteur de l’Exode, le n°1 dirigé énergiquement par le Général Décembre, et le n°4 commandé par le politicien Junta, maitre dans l’art de la négociation politique.

Le hasard n’étant pas de leur monde à eux, c’était sur un rendez-vous purement informel qu’ils avaient profité d’un “réapprovisionnement nécessaire” pour rapprocher tranquillement leurs deux vaisseaux de l’étrange planète. Le second jours, Décembre invitait Junta à faire un tour dans son nouveau croiseur de combat dérobé aux forces pirates lors de la mort du Commandant Basavetch. Le butin de guerre avait été à l’époque équitablement réparti entre les Transporteurs de la flotte et Décembre avait eu son croiseur léger, quand Junta avait obtenu trois chasseurs de combat rapprochés.

Le fait que ces deux Commandants soient de mèche pour contrer Benkana, Arlington et JFHill au Conseil des Commandants, ultime autorité hiérarchique de l’Exode n’avait strictement rien à voir avec cette petite virée en tête à tête.

Bien sûr…


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RedU T1 Ch6 retard…

Sun, 21 Aug 2011 09:50:00 GMT

Bonjour, il était prétentieux de ma part de penser être capable d’assurer l’écriture et la préparation de l’épisode spécial 35/24 qui sera diffuse le Weekend du 27 et 28 Août 2011 ET d’assurer l’écriture et la préparation du chapitre 6 :(

Donc je vous donne rendez-vous Mercredi 31 Août pour la suite de RedUniverse, la série, et le weekend prochain pour un spécial Red Universe, dont je peux dors et déja vous offrir le titre:
« Le temps des cerises »

Bonne semaine à tous et à bientôt



Red Universe: La playlist du cinquième chapitre…

Thu, 11 Aug 2011 17:53:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • La musique récurrente de ce chapitre est bien sûr celle de l’agent Stuffy, à l’ambiance métallique et implacable, comme l’est le monde des services secrets.. »Invasion » de Oleg Sirenko / album » chernobyl retrospective »
  • Le thème des deux enfants adorables Ralato et Fabio qui nous feront frémir plus tard est: « Attente » de Flavio Simone / album » orchestral »
  • Fabio révéla son pouvoir très jeune, donc, et c’est avec « The bladed druid » d’Arnaud Condé, album « coming soon » qu’il y parvînt. Arnaud Condé qui est par ailleurs membre du Forum Netophonix sous le pseudo de Apic(c) Comme quoi le monde est très petit!
  • La forêt a même eut droit à son thème (si si! )ce fut: « Forest’s Path » de Wolfuneral / album « night’s symphonies »


et puis bon aller on se la refait 😉 ?

Royalty free music for professional licensing

Je vous donne rendez-vous très bientôt pour le chapitre suivant intitulé » Echo «

Comme toujours, laissez-nous vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito




RedU T1 Ch5 Ep10

Wed, 10 Aug 2011 19:48:00 GMT

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Tout autour et dessous “la colline des vacances”, comme la sur-nommait les plaisanciers du weekend, l’armée et les services du ministère de l’intérieur commençaient à répertorier le butin de documents, armes et matériel en tout genre.

Pendant ce temps Ralato, suivi de Stuffy et de ses gardes, terminaient de progresser vers le haut de la butte, face au lac recouvrant le sommet.“Haaaa Stuffy, on ne peut vraiment se fier à personne. Je t’avoue être bien déçu de tes amis.. Te livrer ainsi, çà n’est guère sport, tu ne trouves pas?” déclara Ralato, monologuant tranquillement avec un Stuffy bâillonné qui avançait péniblement.

“ Tu sais j’avais espoir que nous pourrions te suivre plus loin dans l’organisation des mutualistes, mais cela faisait une semaine que tu n’avais pas bougé et malheureusement nous ne pouvions nous permettre d’attendre plus..”

Le groupe avait atteint les berges du lac et poursuivait le chemin sur la petite voie goudronnée longeant la rive jusqu’aux parkings où les attendaient orthoptères et centres tactiques..

“ Franchement on s’en sortira bien quand même: nous te récupérons et on démantèle une base mutualiste. Sans compter ce qu’on apprendra en passant tout cela au peigne fin.” dit-il en englobant le lac de ses deux bras..

Stuffy avançait, le regard noir rivé vers les orthoptères.. Le lieutenant l’observa d’un oeil amusé et poursuivi:

“Tu as beau avoir levé tes défenses psychiques, je peux toujours deviner ce que tu penses à défaut de l’entendre: Oui on va prendre mon orthoptère et partir pour la forteresse. Je peux même te garantir qu’on ne te torturera pas trop vu que nous détenons déjà la plupart des informations en ta possession.. surtout celles concernant Azala par exemple.”

Stuffy bondit en avant vers Ralato mais un coup de crosse le plia en deux et il s’effondra au sol, vite soulevé par deux gardes qui le trainèrent dans l’orthoptère maintenant tout proche.

“Allons ne fait pas l’enfant, tu pensais vraiment que les mutualistes accepteraient une fusion avec le réseau d’Azala? Bonne idée certes, mais bien trop dangereuse pour une organisation si fermée..”

Ralato s’installa sur un fauteuil entouré de deux soldats en uniforme, face à Stuffy, encadré de deux de ses gardes. Il prit le casque micro, et donna l’ordre de décollage au pilote et au co-pilote de l’engin.

L’appareil ferma ses portes et après quelques secondes prit son envol dans un grondement de turbines..

“C’est bon, desserrez-lui son bâillon.. Je veux l’entendre: qu’on lui mette un casque.” demanda un Ralato juvénile. Il n’avait pas menti: l’opération était un succès moyen mais contre les mutualistes même les petits pas étaient grands !

Lorsqu’on plaça un casque autour de la tête de Stuffy,celui-ci émit un..rire discret ?!

“.. Ralato, Lieutenant Ralato. Depuis l’académie tu crois que je ne te connais pas encore?.. Franchement: un fortifiant à la place d’un sérum somnifère, tu pensais que j’allais marcher dans la combine?”

Le lieutenant sentit une piqure dans son avant bras et un liquide y être injecté! Il tourna la tête et vit le soldat à ses coté lui planter une seconde aiguille dans l’épaule cette fois! Pendant ce temps, l’autre soldat et le copilote abattaient froidement ses deux gardes encadrant Stuffy!!

La torpeur l’envahissait à présent très vite, il tenta de se concentrer, mais ce fut pour sentir toute la puissance mentale au maximum de son adversaire qui lui imposait sa volonté, l’ayant pris de vitesse!

Dans le casque, la voie de Stuffy poursuivait..

“ Je savais pertinemment que tu devais avoir placé un émetteur quelconque sur moi”

Ralato tenta de se lever, mais il fut immédiatement plaqué contre la vitre donnant sur l’extérieur, avec une vue imprenable sur le lac..

“ Nous avons donc préparé une réception intelligente: quelques agents trop peu fiables ou importants ont été abandonné à tes hommes, tandis que tu pensais me récupérer..”

C’est alors qu’un grondement venu des profondeur pénétra la coque de l’orthoptère et Ralato vit avec horreur des flammes sortir des tunnels sous la colline. Des oiseaux s’élevaient de tous cotés, le lac sembla s’ouvrir en son centre et l’eau s’engouffra tel un banal évier débouché, inondant et noyant les centaines de soldats et spécialistes du ministère de l’intérieur prisonniers de la base Mutualiste !

Déjà ses yeux ne percevaient plus la lumière, mais même dans les ténèbres la voix de Stuffy continuait de le harceler aux portes de l’inconscience.

“J’avais un seul et unique objectif Ralato, un objectif que les mutualistes partagèrent immédiatement.. TE CAPTURER, TOI, l’âme damné de Poféus, un des éléments central de la sécurité de MAterOne!”

Le co-pilote prit alors la parole et, en s’évanouissant définitivement, le lieutenant Ralato perçu plus qu’il n’entendit:

“ Bienvenue à bord, Lieutenant, je suis N°1 de la section 145 G, vous êtes désormais.. L’invité des Mutualistes”

L’Orthoptère vira de bord et prit de la vitesse en direction des montagnes lointaines…

FIN DE LA CINQUIEME PARTIE


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RedU T1 Ch5 Ep9

Wed, 03 Aug 2011 19:13:00 GMT

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Les hommes encagoulés des forces spéciales du ministère de l’intérieur progressaient sans un bruit dans l’obscurité de la nuit, couverts de dispositifs de vision nocturnes. Le Lieutenant Ralato les suivait avec un second détachement, à la fois serein et anxieux. Son plan était risqué mais prometteur: plutôt que de torturer à mort un homme aussi redoutable que l’agent Stuffy, un ancien collègue avec qui il avait fait ses armes, il avait préféré organiser son évasion de la forteresse, le laissant éliminer des geôliers pour faire plus crédible( des brutes sans intérêts parfaitement choisies pour l’occasion ) et prendre de la distance. Mais suivi en permanence par satellite grâce à la fausse dent implantée lors de ses périodes de coma en cellule.

La bonne vieille méthode de l’échiquier où on sacrifie des pions pour avoir le Roi.

Il avait fallu convaincre le Contre Amiral en personne pour cette opération, et Ralato avait engagé sa parole dans la réussite du projet. Apres autant d’années et de secrets partagés, Poféus avait bon jeu de faire patienter son agent principal, son âme damnée, l’orchestrateur des plans les plus audacieux..

Mais le feu vert était quand même advenu..

Un signal lui parvint: un des commando avait découvert un faisceau infrarouge caché dans un tronc d’arbre! Ralato serra les poings: le coin devait être truffé de systèmes de ce genre! Tant pis, il fallait la jouer moins subtil:

“ Appel à toutes les unités, attaque générale MAINTENANT! “

De tout autour de la grande colline, des centaines de soldat investirent les tunnels d’entrées qui avaient été repérés par les éclaireurs tandis qu’au loin on entendait rugir les orthoptères emportant leur lot de troupes d’assauts, suivis de près par les camions de matériel et de troupes de soutient.

Le lieutenant savait parfaitement qu’il avait réquisitionné une armée pour envahir ce sanctuaire des mutualistes, il espérait qu’au moins la pêche serait à la hauteur.

Une explosion retentit au loin, suivie d’une seconde de l’autre coté de la colline: des tunnels étaient piégés, il venait de perdre de nombreux hommes ensevelis sous les gravas!

Les mutualistes étaient redoutables: une des principales forces de dissidence parfaitement organisée et cloisonnée,ils avaient des ramifications un peu partout et on ignorait totalement qui tirait les ficelles derrière tout cela, y avait-il même quelqu’un qui dirigeait cette organisation? Rien n’était moins sur..

Des coups de feux, mitrailleuses, explosions étouffées, les forces spéciales étaient maintenant au contact de l’ennemi, et les tunnel sécurisés voyaient défiler commando sur commando.

“ Bientôt la colline sera à nous” lui annonça un aide de camp, le doigt sur une oreillette.

“Parfait, allons-y alors, je veux être parmi les premiers” ordonna Ralato, et il prit son élan pour gravir le sentier, suivi de ses gardes du corps. Il voulait être personnellement au plus proche de la source: recueillir le maximum d’information des vivants et même des mourants était une des spécialité d’un Mental de son niveau!!

L’intérieur de la base jonchée de débris était éclairée par intermittence grâce à des néons endommagés et clignotants, tandis que l’air portait en lui les odeurs du souffre des explosifs et du sang de la bataille. Alors que de nouveaux soldats continuaient à entrer, emplissant trop l’endroit au goût de Ralato, on lui apporta les -quelques- prisonniers survivants.

Quelle déception..

Il n’y avait qu’une quinzaine de mutualistes dans cet endroit, plus de la moitié étaient morts en combattant tandis que cinq avaient réussi à avaler une capsule de cyanure au moment de se faire arrêter.

Il ne restait que ces trois là, plus ou moins gravement blessés, et qui , malgré un entrainement succinct de résistance aux scans Mentaux, livraient leurs maigres secrets au Lieutenant Ralato.

Du menu fretin, rien de bien intéressant..

Le Lieutenant en était à penser à un piège quand on lui signala une cellule avec un prisonnier des mutualistes.

Debout et souriant devant l’entrée de la geôle, il croisa le regard haineux d’un Stuffy, ligoté, bâillonné et abandonné par ses amis Mutualistes..


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RedU T1 Ch5 Ep8

Wed, 27 Jul 2011 20:08:00 GMT

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Un des homme en noir se pencha et tira sur lui une grande plaque d’herbe, de terre et de taillis qui dissimulait l’entrée d’un petit tunnel. Sur un signe de main de ses gardiens, Stuffy pris place au milieu d’une colonne où l’on entrait un à un dans l’obscurité du passage souterrain.

Le voyage dura quelques minutes, et Stuffy remarqua au fur et à mesure que la terre de la paroi devenait plus humide tandis que le nombre de poutrelles consolidant la voute augmentait. On devait être en dessous d’une zone humide..

Oui, il existait dans la région un lac connu au sommet d’une colline. De nombreux plaisanciers allaient y passer leur Dimanche avant les restrictions post-révolution.

Une lueur, suivie d’une clarté lointaine, suivi d’une très forte lueur lui fit plisser les yeux lorsqu’ils sortirent du passage.

Ses pupilles s’habituèrent à la luminosité ambiante, et d’un coup d’oeil exercé, il examina rapidement la situation des lieux: une sorte de grande excavation, de plusieurs centaines de mètres-cube, toujours en expansion d’ailleurs d’après les bruits de marteau-piqueurs et de pioches. De l’électricité, des baraquements, des gardes.. Une base secrète avancée mutualiste. Stuffy ignorait même que cela existait !!

Cette organisation dont il faisait partie depuis plusieurs années continuait à regorger de surprises..

On l’amena devant un petit groupe d’hommes armés, dont un leader, debout au centre, accompagné d’un Mental reconnaissable à ses grands yeux globuleux.

Un vieil homme qui n’avait pas subit l’opération esthétique, obligatoire à tout agent Mental secret, destinée à cacher cette particularité traitresse..

S’arrêtant à quelques mètres du leader Stuffy prit directement la parole:

“- Vous êtes le n°1 de cette section?

-Non, répondit celui-ci d’un ton neutre, je suis n°3, mon rôle est de déterminer si vous êtes un espion ou un allié.

-Je suis l’agent n°8 de la Section 643 N, secteur de MaterOne Centrum et banlieue.”

Stuffy savait parfaitement que cela ne voulait pas dire grand-chose dans cette organisation si cloisonnée qu’était les mutualistes, mais au moins pouvait-on le placer dans un organigramme. Cela lui donnait un début de crédibilité.

“ Agent N°8, donc, nous allons vous tester selon la technique habituelle.” lui annonça le leader en se déplaçant sur sa droite.

Ce faisant il laissa apparaitre une chaise en métal munie de sangles et de fils électriques qui fit face à Stuffy, promesse d’un destin funeste.

La méthode mutualiste pour prouver son identité était dangereusement simple mais terriblement efficace: on vous électrocutait à la limite de la résistance humaine, par à coup réguliers de quelques secondes, et un Mental expérimenté en profitait pour sonder votre esprit. Extrêmement difficile de maintenir une concentration quelconque sous cette torture, il arrivait fréquemment que les interrogés meurent alors même que cette technique n’est pas destinée à faire parler quelqu’un, plutôt à le laisser ouvert aux sondages psychiques pour prouver son honnêteté!

Le mouvement mutualiste préférait perdre un frère plutôt que de gagner un espion, c’était sa règle implacable, sa faiblesse mais également sa force.

Il était extrêmement difficile d’entrer dans le mouvement et Stuffy n’avait jamais eu connaissance du moindre agent ayant réussit à infiltrer cette organisation de manière durable. De toutes façons, elle était tellement compartimentée que ce Monsieur “n°3” ne pouvait même pas deviner combien d’autres sections existaient dans cette seule région!

De lui même, Stuffy alla s’assoir sur le siège en métal: c’était la première étape de la technique, l’interrogé devait être volontaire.

Pendant qu’on lui sanglait les mains et les jambes, le Mental vint s’assoir derrière lui, fixant l’arrière du crâne et se concentrant.

“ Contrôle ” commença le N°3, “ Etes-vous un mutualiste?”

“ Oui ”

Derrière lui, le mental hocha de la tête positivement.

“ Contrôle: êtes vous un Mental? ” poursuivi N°3

“ oui “

Le vieux Mental hocha à nouveau de la tête.

“ Parfait, vous connaissez les règles, vous devez laisser votre esprit ouvert, notre Mental sait où chercher et respecter la sécurité de votre Section. Nous allons commencer, bonne chance..”

D’un mouvement il fit signe à un homme en noir s’activant au dessus d’une console d’où fusaient tous les fils électriques. Celui-ci posa la main sur un gros potentiomètre central et le tourna vers des valeurs de plus en plus élevées.



RedU T1 Ch5 Ep7

Wed, 20 Jul 2011 21:25:00 GMT

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La lune perçait au travers de la pénombre par d’infimes traits de lueurs éclaircissant ici une touffe d’herbe, ici une souche d’arbre..

Stuffy progressait au coeur de la forêt, à la suite d’un homme vêtu tel un bucheron, qui déambulait au travers des feuillages et des taillis comme s’ils n’existaient pas. La quarantaine, un visage bourru d’homme rude au corps taillé dans le bois, le bucheron était un agent mutualiste, le contact envoyé à Stuffy en réponse à un message d’aide laissé sous un pont dans une fissure du béton bien précise.

La réponse avait mis un mois à se préciser, temps durant lequel Stuffy, sous sa couverture de clochard vagabond, puis de vendeur de glaces, puis de facteur, de policier, d’artiste gay, et même de vieille dame, avait parcouru les villes de banlieue, et suivi journaux et actualités ou partagé des discutions de troquets et de bars pour se faire à l’idée de l’ampleur du changement politique en cour..

Et il y en avait.

Comme prévu, l’Etat lâchait tout le secteur publique, le bradant aux compagnies ou consortiums privés planétaires voire interplanétaire, charge à eux de s’occuper des transports, de l’éducation supérieure, de la gestion des ressources naturelles, de la recherche ou des services sanitaires et sociaux.

Par contre la sécurité et l’armée, ainsi que la fiscalité étaient renforcés!

Au détour de quelques brèves extraites sur le réseau pla-NET, il avait apprit que certains chantiers spatiaux étaient devenus, en moins d’un an, des zones militaires de constructions de frégates et autres croiseurs de toute sorte! Quand un journaliste curieux, espèce devenue très rare, s’en étonnait, on lui répondait que la piraterie était devenu un tel fléau qu’il fallait prendre des mesures!

Et la population faisait semblant d’y croire….

Le sentier montait depuis deux heures et la pente s’accentuait. Malgré son entrainement, Stuffy commençait à éprouver de sérieuses difficultés pour suivre le rythme imposé par son guide. Certes on ne parlait pas, pour raisons de sécurité, mais il doutait que la montagne de chair devant lui ait su tenir une quelconque conversation !

Un coup d’oeil à sa ceinture: l’homme était évidement armé, un fusil de chasse et une hache dont le manche usé et certaines taches laissaient deviner qu’elle ne servait pas qu’à couper du bois.

Une pierre cachée par une branche le déséquilibra et il tomba à plat ventre sur l’humus. Grognant il allait se redresser mais une vive lumière rouge brilla au coin de son oeil. Tournant la tête il découvrit un faisceau infrarouge qui partait de la base d’un taillis. Invisible pour un marcheur ordinaire, il signalait la présence d’intrus, mais, par effet boomerang, la présence d’un endroit secret bien protégé.

On approchait.

Le bucheron n’avait même pas daigné ralentir sa progression, et Stuffy dû prendre sur lui de marcher bien plus vite pour le rattraper. Il l’avait pratiquement atteint lorsque celui-ci stoppa net, et Stuffy percuta la tête la première le sac à dos rempli d’outils métalliques!

Il recula sous le choc, grommelant en tenant son nez douloureux, mais se tût soudain: tout autour de lui des hommes en noirs étaient apparus, porteurs d’armes automatiques luisantes sous la lune et pointées vers lui.

“Nous sommes arrivés “ précisa laconiquement le bucheron.


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RedU T1 Ch5 Ep6

Wed, 13 Jul 2011 20:38:00 GMT

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Fabio sentait ses dernières forces s’évanouir, mais il était ébloui par le spectacle qui se déroulait devant ses yeux: le point blanc s’était multiplié en des milliers de petits points -toujours- blancs, dansants maintenant autour de lui dans une farandole de féérie..Progressivement, les petits points grossirent, puis prirent des couleurs, différentes, puis des formes translucides, étranges et anodines..

Une cafetière et un petit caillou parurent à coté de Ralato. Plusieurs instruments de musique, un pneu et une lampe de chevet tournèrent autour des hommes en blancs, mais une majorités d’éléments tournaient autour de Fabio lui-même. Leur lueur interne vibra, apaisant le jeune garçon, qui sentait ses forces lui revenir progressivement. Encore quelques secondes et il put inspirer un grand volume d’air, comme si ses poumons s’étaient regonflés malgré la blessure!

Il hurla sous la douleur, et senti même de l’air s’échapper de sa plaie, mais il allait vivre il le savait! Il allait vivre..

Sa tête lui tourna, et il tomba sans connaissance sur l’herbe rougie de son sang..

Ralato hurlait, pleurait, criait: pauvre garçon impuissant devant la blessure et la souffrance de son frère.

Soudain une piqure dans le dos, suivie d’un choc, il se retourna..

Les hommes blancs approchaient, porteurs de pistolets d’une étrange forme. Il les détestait tous, Il allait se venger!

Se relevant, il reçu une seconde piqure et déjà ses forces commencèrent à le quitter. Tombant à terre, mais relevant la tête il hurla sur ses ennemis sa rage et sa colère! Ceux-ci s’arrêtèrent, et l’un d’entre eux recula même d’un pas.

Mais les paupières de Ralato étaient devenues de plomb malgré toute la rage qu’il pouvait ressentir. Une dernière fléchette anesthésiante acheva le travail et Ralato sombra à son tour dans l’inconscience..

La dernière image qu’il conserva fût celle de ce gros engin volant, qui avait propagé la mort et la détresse dans l’univers si heureux de lui et son frère..

Le Lieutenant Ralato regarda par la fenêtre de la carlingue de l’Orthoptère au dessus de l’Océan. Il s’agissait pratiquement du même modèle d’engin qui était venu ce jour là le chercher lui et son frère..

A 100 mètres au dessus des vagues, par une belle journée de fin d’été, il ouvrit grande la porte de l’appareil le séparant de l’extérieur.

Aidé d’un sergent de consigne, ils prirent leur élan et jetèrent le corps embaumé et alourdi de plomb du dernier jeune mignon du Contre-Amiral. L’appareil se trouvait au dessus de “ l’Abysse sans Nom”, une fosse marine de plus de 5000 mètres de profondeur, qui devait commencer à ressembler à une ville-cimetière quand on repensait au nombre de cadavre largués ici..

Fermant la porte blindée, il retourna s’assoir sur un des siège du compartiment, faisant signe au pilote de repartir.

Tandis que l’appareil amorçait son virage, Ralato revînt à ses problèmes immédiats: l’ex-agent Stuffy était dans la nature depuis assez longtemps, il fallait que cela cesse..

D’un Orthoptère à l’autre, le monde était toujours aussi sanglant.. Mais c’est désormais son rôle de le faire perdurer ainsi.


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RedU T1 Ch5 Ep5

Wed, 06 Jul 2011 19:59:00 GMT

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Les soldats se crispèrent: ils avaient déjà compris que quelque chose d’imprévu venait de se produire! D’un regard, le Sergent embrassa la scène et fit signe à ses hommes de se tenir prêt..

Durant ce temps, Les hommes blancs se regardaient. Après un hochement de tête, l’un d’entre eux avança doucement vers Fabio, tandis qu’un autre s’agenouilla à coté de Ralato:

– “ Il se cachait comment, ton frère? demanda-t-il

ben c’est notre jeu, je ne dois pas ressentir sa présence, et il est fort dans ce jeu là!

Mais c’est VRAIMENT ton frère? répond-moi honnêtement c’est important!

Mais oui c’est mon frère! Il s’appelle Fabio et on est nés le même jour! Maman nous dit souvent que nous sommes des dons du Dieu! ”

L’homme consulta une fiche, écarquilla les yeux puis regardant ses collègues:

“Il dit vrai: Fabio Sako Ouli, né le même jour,. En fait c’est l’ainé des deux de 16 minutes..”

Soudain il tournèrent tous la tête vers leur collègue parti auprès de Fabio: celui-ci tombait à terre, les mains crispées sur sa tête, tandis que le garçon hurlait “ RALATO, ILS VEULENT NOUS EMMENER LOIN DE CHEZ NOUS ET FAIRE DE NOUS DES SOLDATS! VIENT VITE IL FAUT FUIR! “

Le son de sa voix passait difficilement le bruit des turbines, mais tous perçurent l’onde mentale!

Les hommes en blanc furent pétrifié d’horreur, trop incapable d’assimiler tous ces évènements: deux frères Mentaux?! IMPOSSIBLE, de toute l’histoire des Mentaux de MAterOne cela n’avait JAMAIS été! Un enfant capable de leurrer leurs pouvoirs, de foudroyer l’un des leurs, de projeter une onde mentale de cette puissance?!

TOUT CELA ETAIT IMPOSSIBLE !!

Les soldats avaient également reçu l’onde mentale, mais il étaient entrainés à ce genre d’évènement et savaient conserver leur sang-froid et réagir!

Un genou à terre, leur chef leva son arme, immédiatement suivi par ses deux hommes.

– “Ne tirez pas! il nous le faut vivant” Le supplia un des hommes blancs!

Alors on fait quoi?! hurla le sergent tenant toujours en joue Fabio.

L’homme en blanc au pied de Fabio s’était évanoui, celui-ci focalisa alors le point blanc sur le soldat le plus proche qui le tenait en joue: immédiatement celui-ci roula des yeux et hurla, projetant sa tête en arrière! Les autres allaient lui faire du mal, Fabio l’entendait très clairement dans leurs têtes !!

“ Bon Dieu, on fait quoOAAAAARHG ?!!!” Hurla le sergent avant de s’effondrer!

Le dernier soldat ouvrit le feu au moment même où l’attaque mentale de Fabio le visa: il s’effondra au sol alors que son arme tirait encore quelques cartouches, tuant net l’homme blanc évanoui au pieds du garçon!

Ralato regardait toute la scène terrorisé, ne bougeant pas, mais lorsqu’il vit son frère projeté en arrière par une balle, il se jeta hors de l’appareil et se précipita vers lui près des rochers, où il tomba à genou en larmes..

– “Fabio!! Qu’est ce qui s’est passé, je ne comprend pas? Qu’est ce que je dois faire? Fabiooo!

– J’ai mal Ralato, j’ai très mal..” arrivait à peine à murmurer un Fabio également en larme sous l’impact et la douleur.

Il avait reçu la balle en plein poumon droit. Elle l’avait traversé, passant entre deux vertèbres. Ils ne pouvait plus respirer, suffoquait, en état de choc..

Il voyait Ralato crier, pleurer devant lui, mais ne l’entendait pas réellement. Par contre le point blanc était réapparu tout seul devant ses yeux grands ouverts..

Chose étrange il bougeait et grossissait, semblant même vibrer..


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RedU T1 Ch5 Ep4

Thu, 30 Jun 2011 21:23:00 GMT

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Deux jeunes garçons jouaient dans la campagne alentour. Devant eux une chaine de montagnes anciennes où ils faisait bon paître pour les troupeaux. A l’arrière une vallée paisible où l’on devinait les petites fermes blanches réparties tels des boutons de fleurs sur un pré en cette si douce fin d’été..

Ralato et Fabio, les deux rejetons de la famille Ouli jouaient à cache-cache avec les grosses pierres de ce flan de montagne, et Ralato cherchait son frère..

Leurs jeux étaient un peu différent de celui, ordinaire, où l’on devait trouver son (ses) adversaire(s): ici, la pente était assez dénudée et il n’y avait que quelques rochers susceptibles de dissimuler un enfant de 8 ans. Assis en tailleur, Ralato devait se concentrer pour ressentir la présence de son frère tandis que lui devait justement se dissimuler derrière un silence d’esprit maximum.

Comme les jeunes garçons découvrent progressivement que les jeunes filles leur sont différentes par quelques détails qui prennent de l’importance avec le temps, les Mentaux développent leurs différences progressivement, une somme de comportements particuliers qui, un jour, éveilleront en eux la certitude d’être différents des autres habitants de MaterOne.

Les Mentaux existent depuis les début de l’Humanité et des services spécialisés, rattachés au Ministère de le Défense, sont chargés de les découvrir et de les former à maitriser leurs facultés. D’où certaines visites, au long des années, d’hommes en tenue médicale blanche, parcourant les écoles et jouant quelques heures avec les enfants qu’ils scrutent de leurs yeux étranges..

Comme la semaine dernière à l’école..

Fabio sentait des gouttes de sueur glisser le long de sa joue. Il serrait fort ses petits poings et ses paupières étaient plissées à en disparaitre: toute sa concentration se focalisait en .. Un point blanc sur un fond noir.

Grâce aux jeux avec son frère, Fabio avait développé cette technique qui semblait souvent réussir à condition de conserver le point blanc bien en face de lui..

Aucun bruit ne lui parvenait: tout allait bien son frère le cherchait encore..

Un vrombissement parvint cependant à ses oreilles, lointain, mais qui semblait se rapprocher. Fabio inspira et expira: un maudit avion passait trop bas et cela risquait de perturber ses efforts!

Mais le bruit augmenta et augmenta encore. On devinait des rotors et des mécanismes de vol. Le souffle de l’air changea de direction et ce fut un vent qui se projeta tout autour de lui. Abrité derrière son rocher, Fabio ne reçu que quelques tourbillons, mais, définitivement, sa concentration était perturbée et le point lumineux s’était évanoui. Il réalisa alors que que son frère était de l’autre coté, et se rua pour voir ce qui se passait: la scène devant lui le laissa sans voix..

Un énorme engin était en suspension à quelques centimètres du sol, son frère était entouré par plusieurs hommes en blanc ainsi que des soldats armés!

Ralato écoutait les messieurs lui expliquer dans son esprit, que ses parents étaient au courant, qu’il ne risquait rien, que le Roi allait s’occuper de lui spécialement car il était un garçon à part avec de grandes qualités.

Ralato pensa à son frère: il ne pouvait pas le laisser seul dans la montagne!

Quel frère??! “ Les hommes en blanc se regardèrent, interloqués! Il tournèrent leur visage vers les alentours, ouvrant grands leurs yeux comme l’avaient fait ceux qui étaient venus jouer à l’école.. Puis l’un des homme le pris par dessous les bras et le plaça dans l’engin volant:

“ Il n’y a personne ici mon garçon tu es sur qu’il n’est pas rentré?

– Mais non, répondit Ralato! Il se cache c’est tout, et il est très fort! … Il est là! Le rocher du milieu!”

Les hommes se figèrent devant l’apparition de ce jeune garçon qui venait de contourner le rocher, frêle et tremblant dans le souffle des turbines!


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RedU T1 Ch5 Ep3

Wed, 22 Jun 2011 20:18:00 GMT

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Stuffy déjeunait, attablé derrière une cabane à frite dans une banlieue qui n’était même pas celle de la capitale, mais plutôt à la périphérie d’une ville moyenne.

De toutes façons cela valait mieux, certes la capitale offre plus de recoins et de contacts, mais à l’inverse on peut toujours vous débusquer en ville, tandis que dans la campagne c’est tout de suite plus complexe.

Il se trouvait maintenant à plus de 100km de la centrale pénitentiaire, et malgré l’alerte qui a surement été donné depuis longtemps, Stuffy était confiant de ne pas être suivi. C’est tout le drame des agents entrainés: une fois échappés, il devenait très difficile de les localiser, ceux-ci étant justement préparés à disparaître aux yeux de tous.

En quelques tours de main il s’était métamorphosé le visage et la tenue: un peu plus gros, plus petit, le teint plus sombre, une moustache et les cheveux plus clairs. Il avait même trouvé dans une salle de bain malencontreusement ouverte une paire de lentilles de contact couleurs et du fond de teint!

Les excréments d’un animal non identifié avaient fini de peaufiner son apparence, et c’était même des policiers qui en ce moment lui offraient un repas, l’ayant ramassé qui mendiait en ville.

Installé tranquillement sous un parasol ( il savait combien les satellites devaient scruter toute la région en ce moment ), Stuffy réfléchissait à ses prochaines 24 heures. Elles étaient vitales pour assoir son évasion: une fois ce temps passé, les statistiques étaient souvent en faveur de l’évadé, donc il allait bien falloir demander de l’aide !

Mais alors il devenait difficile d’éviter LA question: qui a trahis ?! Et s’il se tournait vers les mauvaises personnes?

Il se laissa aller contre son siège en plastique, qui lui paraissait extrêmement confortable après le ciment de sa prison, et regarda l’écran de télévision accroché au plafond de la friterie. Un grave accident avait fait dérailler un train, et une centaine de morts était à déplorer: c’était un nouvel accident dramatique parmi la recrudescence de ces derniers mois.

On pouvait compter les trois ou quatre grosses catastrophes de ce type: c’était soit des moyens spectaculaires de se débarrasser d’opposants se croyant en sécurité dans une foule ( bateau, avion, train.. ) ou alors une des méthodes de mise en place de la peur organisée par le ministère de la sécurité. L’objectif étant de mettre en place un climat de soupçon, d’insécurité et de rejet les uns des autres.

Enfin il était possible que cela soit un vrai accident involontaire, lié aux mesures radicales de libéralisation à marche forcée dans laquelle s’était lancé le gouvernement Castiks: elles entrainaient l’abandon de mesures de sécurités et la réduction de personnel pour des raisons budgétaires..

Peu de temps avant son arrestation, Stuffy avait eu accès aux chiffres cachés des statistiques d’accidents dit “limités”: c’est à dire ne coûtant la vie qu’à “moins de 3 personnes “ et c’était accablant!!

Non seulement on avait dépassé les 3 millions de morts en quelques mois sur Mater One mais plus d’un tiers des “accidents” étaient signés de la brigade Spéciale du ministère, celle des assassinats! A l’échelle planétaire, le pouvoir s’était lancé dans une campagne de terreur qui ne s’exprimait pas! On avait peu évoqué – pour l’instant- les “ennemis de l’intérieur” ou les “contre-révolutionnaires” mais cela allait venir tôt ou tard. Syndicalistes, journalistes, hommes politiques, intellectuels, artistes: aucune retenue, aucune pitié.

Devant l’afflue de travail, on avait embauché des hommes de la Pègre ou d’anciens bourreaux du précédent pouvoir qui remettaient leurs talents au service .. Des ennemis d’hier.

Bien sûr les médias étaient totalement mis aux pas, mais bien plus grave que cela, les 347 chaines de télévisions et les milliers de chaines de radio étaient pilotées à distance par le Pouvoir. L’exercice était nommé “propagande subtile”, il change un détail ici, ajoutait un élément par là, minimisait ici une information pour faire ses gros titres d’une autre là-bas. Un système désormais bien rodé et c’était le service Média qui s’en occupait.

Stuffy avait déjà rencontré des officiers de ce service: plusieurs d’entre eux étaient producteurs de télévision ou de cinema et avaient la main haute pour sélectionner ce que le peuple devait recevoir et aimer. Plutôt que de promouvoir sa culture et son questionnement, offrons des jeux stupides avec des millions à gagner, exaltons les basses couches de l’esprit humain avec le sexe, la violence et surtout avant tout: avec l’absence absolue d’exercice de la conscience politique.

Le patron de la friterie changea de chaine, et l’image d’une jeune femme appétissante en maillot de bain, soit-disant abandonnée sur une ile sans ravitaillement, éclipsa les wagons écrasés et leurs occupants sacrifiés.

Stuffy cracha par terre, se leva et parti vers la forêt, saluant au passage les deux policiers.


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Red Universe TWEETifiee :)

Fri, 17 Jun 2011 07:53:00 GMT

Red Univers on TWITTER

Nous y voila, apres Netophonix, RU poursuit son ascension sociale sur Twitter !



Red Universe sur Netophonix !

Wed, 15 Jun 2011 23:43:00 GMT

Merci à Béa de Netophonix d’avoir découvert RU et de l’avoir partagé avec les participants au forum de Netophonix, l’agrégateur de saga MP3 !

Netophonix, le forum

Venez le découvrir pour tous les bijoux qu’il recense !!



RedU T1 Ch5 Ep2

Wed, 15 Jun 2011 20:34:00 GMT

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LE contre Amiral aspira bruyamment une grande quantité d’air alors qu’il tentait de se débattre contre une immense sensation d’étouffement… Et se retrouva assis dans son lit au beau milieu de la nuit.Tremblant, en sueur, il regarda fixement le mur face à lui pendant plusieurs minutes, reprenant son souffle.

Ressentant un mouvement à ses coté, il regarda le jeune homme dormant dans les draps de soie verte. Un nouveau mignon d’une nuit, un jeune garçon des bas quartiers à qui on avait promis quelque argent en échange de ses faveurs.Drogué, questions de sécurité, il n’avait même pas été dérangé par le réveil nocturne de Pofeus.

Celui-ci se leva, puis, s’étant saisi d’une serviette dans la petite salle de bain, alla s’essuyer devant l’immense porte-fenêtre de son étage qui donnait sur le parc. Au loin les premiers faubourgs de la capitale clignotaient tranquillement tandis qu’on pouvait apercevoir quelques étoiles filantes dans le ciel, chose assez fréquente à cette période de l’année.

Depuis plusieurs mois maintenant, le contre-amiral tombait de plus en plus dans cette sorte de somnolence mémorielle qui le replongeait dans son passé. Etait-ce un des méfait de l’âge ou une maladie?

Aucune idée, il lui faudrait peut-être s’en ouvrir à un médecin. D’autant que maintenant, s’il continuait de “s’absenter” durant ses journée, ses nuits devenaient de plus en plus agitées et sans sommeil! Comme une inversion des choses..

Un froissement dans le lit, le jeune garçon se retournait, toujours assommé par les tranquillisants. Pofeus ouvrit la porte-fenêtre et franchi les quelques mètres le séparant du balcon à l’extrémité de la terrasse.

Tâtant la serviette autour de son coup, il profita de la chaleur de cette nuit, porteuse d’une douce brise tiède venant des déserts lointains. Là encore, un évènement ordinaire en cette période de l’année..

Le Contre-Amiral rumina: les nouvelles des dernières journées n’étaient pas spécialement encourageantes! Après la découverte par Ralato d’un nouvel agent double dans ses propres rangs, il avait appris que l’habile Monsieur Heir avait fait basculer dans son camp plusieurs personnalités influentes du monde des affaires, et qu’il pouvait désormais compter sur l’appui financier du conseil d’administration des mines de lithium de Kalmot. Son adversaire politique au poste de Chancelier suprême de MaterOne avançait ses pions.

Mais Pofeus n’avait pas dit son dernier mot: il était toujours à un poste stratégique et son influence elle aussi augmentait au fur et à mesure que ses services purgeaient la société des “traitres” bien opportuns, dans les groupes sociaux les plus diverses.

Cet arriviste n’avait rien fait de ses dix doigts et se retrouvait, à force d’intrigues et de cadeaux politiques ou économiques, à faire armes égales avec Lui: un des principaux leader de la Révolution Castiks ?!

Le contre Amiral eut un sourire en repensant à cette Révolution Castiks: il avait dû lui-même détruire de l’intérieur les fondements de la royauté pour sauver sa propre tête et ses privilèges. Les fonctionnaires du Roi étaient alors décidés à le mettre à mort dans une série de scandales où se mêlaient le stupre, l’argent la corruption et la mort. Les petites fantaisies de Pofeus ne semblaient vraiment pas être de leur goût.

Cela aurait presque été risible si le Roi lui-même ne leur avait donné son aval. La vie même de Pofeus pouvait basculer d’un claquement de doigt et il avait dû réagir vite.

Intervint alors celui qui allait devenir son mignon, puis également son instrument de mort, et enfin le prisonnier le plus dangereux de MaterOne: Fabio Ouli..

Pofeus fit demi-tour et s’en retourna dans sa chambre. Contournant le lit il s’assit à coté de son compagnon d’une nuit. Celui-ci dormait d’un air innocent. Pofeus laissa sa main caresser les épaules puis s’aventurer sur le bas de son dos et le long de ses cuisses fermes et douces à la fois.

Demain, ce jeune homme serait mort, enfoui avec les autres sous des tonnes d’eau ou de ciment. Depuis Guy, le meilleur amant qu’il eut jamais eu et qui l’avait trahi en informant le réseau de la Princesse Azala, aucun de ses amants d’une nuit ne devait survivre au lendemain.

Tapie tel un serpent au creux de ses reins, la douce chaleur du désir reprit vigueur. Quitte à être réveillé, autant en profiter, ne serait-ce que pour honorer cette jeune vie, non?

Alors qu’il prenait doucement son plaisir, il eut soudain une idée bizarre. Poursuivant son accouplement hors nature, ses mains entourèrent le cou de son jeune amant et commencèrent à serrer.

Au bout de quelques secondes, et malgré la torpeur des drogues, l’instinct de survie prit le dessus et le jeune homme tenta de se libérer avec des sursaut de tout son corps ou des mouvements erratiques de ses bras ou de ses jambes.

Lorsque soudain il ouvrit les yeux puis cessa de remuer, Pofeus connu un des plus profond orgasmes de sa vie.

Haa les fantasmes: parfois on les trouve là ou on ne les attendait pas..


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RedU T1 Ch5 Ep1

Wed, 08 Jun 2011 21:14:00 GMT

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La haine.

La douleur.

La peur.

L’odeur du sang.

Les injections..

Mais encore plus: LA HAINE TOTALE.

Stuffy était avachi sur le bloc en ciment servant de lit au fond de son résidu de cellule. Tout était humide, la prison elle-même se trouvait en bord de mer, et au 20eme sous-sol les infiltrations d’eau était encore courante.

Pas de lumière, juste la lueur du néon bleu métallique au milieu d’un long couloir.

Au loin un râle..

Puis plus rien. Sans doute un prisonnier qui venait de se réveiller, réalisant que son cauchemar se trouvait dans la réalité et pas dans le monde des songes.

Amorphe, le cerveau de Stuffy commençait à émerger des brumes vaporeuses dans lesquelles le sérum qui lui était administré le plongeait régulièrement.

Stuffy est un Mental, un être capable d’agir sur les esprits des autres à courte distance, d’entendre les pensées proches, de ressentir de l’empathie pour des émotions d’êtres lointains. Stuffy est également un membre des forces de sécurité de Mater One, un agent actif rompu à de nombreuses techniques de combat, un des meilleurs homme de la redoutable Section 9 du service de sécurité de l’armée, sous les ordre du Contre-Amiral Pofeus.

Mais pour bien comprendre le personnage il faut ajouter que Stuffy est un mutualiste, un utopiste qui pense qu’un modèle de société basé sur le profit n’ira jamais aussi loin qu’un autre basé sur le partage. Un militant parmi les gardiens des clefs de l’ordre établi.

Cela l’avait récemment rapproché de celle qui troublait son sommeil depuis qu’il l’avait rencontré. Ses pensées les plus profondes, les plus intimes et les plus cachées recelaient une femme habillée de gaze blanche, dansant sur elle même dans un moment unique de magie musicale.

La Princesse héritière de l’ancienne monarchie de Mater One: Azala.

Elle était partie, lui laissant quelques clefs de son réseau, avec pour mission de faire parvenir des informations sur la situation le plus longtemps possible, et de promouvoir ses idées, qui deviendrait peut-être un jour un mouvement politique capable de balayer les dictateurs ayant pris en otage la Révolution Castiks pour leurs propres profits..

Quand le Lieutenant Ralato était venu l’arrêter à son bureau, Stuffy n’avait eu le temps de ressentir qu’une chose avant la première injection paralysante: “Dénonciation

Il avait été vendu par quelqu’un, un traître de l’intérieur. Un autre du réseau Azala? Peu probable.. Un mutualiste? Difficile à concevoir tant cette organisation était compartimentée..

Dans le couloir, de nombreux pas approchaient. C’était l’heure de l’injection, et Stuffy tenta de donner son maximum de volonté pour reprendre le contrôle de son corps et se battre.

Il réussit seulement à tomber sur le sol, aux pieds de ses gardiens hilares:

-Alors le Mental, on veut se rebeller? Hoooo c’est bien les gars regardez: il a réussi à faire 60 cm en rampant!

Il se senti soulevé puis rejeté sans ménagement sur la couchette dure et froide.

-Tu est une vrai charogne sale Mental, et plus que çà: tu es une vermine de Mutualiste. Les porcs comme toi ne méritent qu’une chose.

Ses pouvoir en semi-veille ressentait la haine que lui vouaient ses geôliers: Mutualiste, Mental.. Traitre! Tout pour se faire détester. Une étrange chaleur se diffusa alors depuis plusieurs endroits de son corps, suivi d’une odeur.. d’urine!

-On le mouille bien les gars! Si on n’a pas le droit de le frapper, on peut au moins l’aider à avoir bien chaud cette nuit Hahahah!

Stuffy nota qu’on était donc en soirée..

Puis une douleur lui perça la carotide, l’aiguille tournant un peu lançait des éclairs de spasmes sur tout le visage.

-Oups! J’ai dû enfoncer l’aiguille au mauvais endroit. Désolé monsieur le Mental, je suis trop maladroit. Et si j’envoyais le produit hein?

La douleur fut pire. Les muscles du visage de Stuffy se contractèrent involontairement en un rictus, un simulacre de plaisir que son bourreau remarqua avec amusement!

-Hê les gars, cette tarlouze aime çà! Regardez, je suis sur qu’il bande en plus! On devrait le foutre à poil pour voir.. ha bah non, il pue trop la pisse pour que je le touche.. Charogne va! Je te crèverais un jour..

Il retira la seringue violemment, sans même désinfecter la plaie puis se retourna avec ses deux adjoints vers la porte.

Il l’ouvrit, commença à marcher.. Poursuivi son chemin et… Recula vers la porte à l’envers!

-Bon Dieu mais qu’est ce qu’il se passe?

Il tenta de se retourner mais il ne put rien.

Une voix dans sa tête lui fournit une indication.

“La prochaine fois que tu veux prendre ton pied contre un Mental, ne te trompe pas: injecte-lui son sérum, pas un fortifiant rapide.”

La porte se referma devant lui, loin, très loin, immensément loin…


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Prochain Red Universe Lundi 6 juin 2011

Sat, 21 May 2011 19:34:00 GMT

Bonjour à tous,

Cela faisait plusieurs années que je préparais mes podcasts avec le logiciel Soundtrack Pro de la suite Final Cut Studio d’Apple, je peux même dire que depuis mon premier podcast c’était une institution: même du temps de Podcast Maker (période 3Pom & Pom4) je montais d’abord tout avec Soundtrack pro. Je ne reproche rien au logiciel, il continue d’être parfait (ou presque..), le problème viendrait plutôt de Final Cut Pro. :(

——

Je ne suis pas plus riche que vous, et je ne peux changer mes ordinateurs à la vitesse d’évolution de l’informatique: je possède un Imac 24″ blanc -premier du nom- et un Macbook noir. Le second fût acheté d’occasion et rend fidèlement ses services. les deux ont donc 4 et 5 ans.. Pour Apple, ceci semble devenir agaçant: la dernière mouture de FCS ne fonctionne plus sur le portable et on se doute bien que la future version 2011 risque même de ne plus accepter mon Imac ( déjà que pour MacOs Lion c’est devenu l’entrée de gamme! Le premier core2Duo des gammes Apple.. ).

Le hasard, entre temps, m’a permis de renouer avec un vieil ami que j’avais abandonné: Adobe Premiere Pro que je redécouvre au travail dans sa version CS5.. Stable, efficace, rapide, compatible avec toute plateforme 64 bits et surtout toute carte graphique! Son ami Adobe Media Encoder semblant très heureux sur le vieux macbook noir qui dégoutte tant Final cut Studio et son Compressor mal optimisé..

Donc vous l’avez pressenti, je me suis tourné vers la suite de la suite Production Premium de l’éditeur Adobe ( après tout j’utilise Photoshop ou After effect pour mes travaux comme tout le monde dans le milieu ou presque ) et automatiquement, si je veux me passer de FCS, Soundtrack pro va donc être remplacé par: Adobe Audition CS5.5, nouvellement promu logiciel du son multiplateforme chez Adobe. Les débuts sont prometteurs. Certes pas le même prix, mais quelle efficacité et surtout: pas de changement de machine !! Ce qui rentabilise l’achat que l’on peut d’ailleurs payer par souscription mensuelle, ce qui sera mon cas.

——

Seul bémol à toute cette affaire: il va me falloir adapter tout mon pipeline à ces nouveaux logiciels. Et le perdant à la fin c’est?… Vous


Poditeurs, Podradioditeur et Surfeurs de tous genres et de tous poils, je vous prend donc quelques petites semaines supplémentaires pour dire Adieu à Final Cut Studio, rupture difficile, et me tourner vers son challenger: Adobe Production Premium.


Tout le petit monde sera de retour à l’heure dite, Lundi soir 6 juin tard, ou le Mardi suivant tôt 😉 un mois d’attente que je vais, comme d’habitude , tenter de compenser par DEUX épisodes consécutifs! Un modeste cadeau pour votre patience infinie..

Merci de votre compréhension, longue vie à Red Universe, à Podradio, gloire à Pof et que Saint Phil Good daigne nous accorder Sa Clémence dans Ses Cieux.. 😛

Raoolito



Red Universe: La playlist du quatrième chapitre…

Tue, 10 May 2011 19:24:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Le thème de Choupa la pirate: « Tarot For The People Train » The Providence – alb: « The Fear Remain The Same«
  • La soirée juste avant le départ de l’Exode: « Upside Down » Dazie Mae – alb: « Velvet Dress Stockings«
  • Un endroit reculé de l’Espace d’où nul ne revient: le Cercle de Khabit, est illustré par « Space war » Arhipco 2010 – alb: « Sci-fi music »
  • A bord du Transporteur n°2, le centre de commande, encadré d’ordinateurs et de calculateurs était illustré par « Electromystic » de David Aubrun – alb: « insectis mundi » ( toujours introuvable sur Jamendo..)
  • Et d’ailleurs la musique du malheureux Baron Basavetch: « 08 M’ha dettu » de Sta a Sente – alb: « Sta a sente«
  • Le thème du Sénéchal Petrovatch: « 09 – Bella Ciao » Talco – alb: « Combat circus«


et enfin, le point d’orgue de ce chapitre:

  • La musique accompagnant la mort du Baron Basavetch: « Christmas song » du St Eliyah Church Children Choir, dont je ne résiste pas à l’envie de vous remettre le thème dans les oreilles! Imaginez qu’il s’agit d’un chant de Noël normalement 😉

Catalogue professionnel de musique libre


Je vous donne rendez-vous très bientôt pour le chapitre suivant intitulé » Les limbes humaines «

Comme toujours, laissez-nous vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito




RedU T1 Ch4 Ep16

Mon, 09 May 2011 20:20:00 GMT

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Le Transporteur n°2 apparu à l’heure et à l’endroit exact prévu pour le premier regroupement tactique de la flotte. Evidement il était accompagné du Transporteur n°5, celui de JFHill ainsi que de trois croiseurs légers, bien armés, et des 5 ou 6 chasseurs légers pirates qui n’avaient pas été abattus durant la bataille: ils remplaceraient les deux chasseurs lourds détruits de l’Exode.

Dans le centre de commandement du vaisseau de JFHill, une communication s’établie presque instantanément avec une Benkana visiblement soucieuse.

-John? On est heureux de vous revoir tous à bon port!

-Moi également Commandant ” répondit le Colonel, malheureusement nous ne sommes pas arrivés assez tôt et de lourdes pertes sont à compter parmi les Exodés du Transporteur de Basavech, dont le Baron lui-même.

-A ce point là ? Benkana sembla se tasser sur son siège Nous sommes à peine partis, et déjà la guerre est déclarée!

-Benkana, petite Achtouka, C’était vraiment un champs de bataille atroce. Je reconnait bien là le style de la famille de Petrovach. Les hommes d’équipage sont fanatisés et terrorisés, ils doivent vaincre ou périr. Et s’ils rencontrent de la résistance alors ils massacrent.

-C’est le principe même de tous les pirates, non? s’interrogea Benkana

-Pas forcement.. répondit JFHill, laissant sa phrase sans suite.

L’écran se divisa en deux, le visage du Général Décembre apparu, rougit de colère.

-Mais comment ont-ils osés! En pleine Transition! Je viens de recevoir le rapport préliminaire, Basavech est mort en Héros! Nous lui obtiendront une médaille ainsi que tous les Exodés du Transporteur n°2 !

-Oui, cela pourra toujours les consoler.. répondit naïvement JFHill

-Ne soyez pas sarcastique, Colonel, l’heure n’est pas à l’humour mais aux préparatifs! S’ils ont attaqués dès maintenant alors nous ne seront plus en sureté avant d’avoir quitté cette Galaxie! Nous devons nous prémunir contre ce genre d’action! J’attend de vous des propositions concrètes, ainsi qu’un rapport Colonel.

-Vous les aurez, MONSIEUR Décembre.. lança très sarcastiquement JFHill

Le visage de Décembre s’empourpra soudain, puis, comme une marmite relâchant de la pression, il ajouta:

-Au fait Colonel JFHill, vous avez fait du bon travail, c’était un acte qui restera dans la mémoire de tous! Rendez-vous à 15-00 en salle de réunion du Conseil.

Puis il disparu, laissant Benkana reprendre tout l’écran. Elle prit la parole:

-Il a tendance à oublier qu’il n’est pas notre Général parfois ..

-Les vieux réflexes ont du mal à disparaitre, Achtouka. Autre chose, nous accepterions des renforts en matériel médical et en médecin avec plaisir, il risque d’y avoir également des transports de blessés vers d’autres Transporteurs.

-Oui mon ami, lui sourit la Commandante, toute la flotte s’y était préparé, les miens sont partis il y a quelques minutes, les autres doivent également être en route. A défaut d’autre chose, on a pu au moins se préparer à ce genre de situation..

-Et du coté de ce chasseur que vous avez recueilli? Les ingénieurs ont-ils trouvé des renseignements? s’enquit JFHill.

-Oui et non John, on sait beaucoup de choses, sauf l’essentiel: d’où vient-il et qui le possédait? Et aucun lien avec le Sénéchal Petrovach, ses bases de données ont de toutes façons été effacées.

Le Colonel leva la tête, rêveur, lissant des pointes de sa barbe tel un jouvenceau pensant à sa promise.

-Je réfléchis mieux avec une cigarette Achtouka, mais comme çà, à l’instinct, je trouve étrange qu’un chasseur léger se retrouve abandonné dans l’espace, tout seul, avec les longueurs d’onde de la balise-traceur qui est dissimulée dans le Transporteur de Basavech. Quelque chose ne tourne pas rond..

-Je partage ton opinion John, cependant une planète gravitait au lointain, peut-être qu’il s’y trouve dessus des renseignements supplémentaires. On pourra toujours prévenir Mater One, ils mèneront une enquête.

JfHill parti alors dans un grand rire, un de ces moments qui détend tous et toutes, relâchant la pression qui s’accumule dans les moments difficiles.

“ Achtouka! Ils vont bien mener une enquête, oui, mais pour savoir la raison de l’échec de cet assaut, pas celle de l’origine de notre chance insolente! Hahaha! “

Benkana sourit, et même les opérateurs du poste de commande pouffèrent.

Loin, dans les tunnels hyper-spatiaux de la Transition, un chasseur solitaire traçait sa route entre les dimensions. A son bord, la redoutable pirate Choupa et son fidèle Karl se serraient dans un cockpit conçut pour une seule personne. Grace à leur propre balise, ils avaient déterminé l’emplacement où allait apparaitre le Transporteur n°7, le reste était simple, et la gène qu’occasionnait le confinement du cockpit ne les affectait pas.

Ils rentraient à leur Quartier Général, le devoir accompli.

FIN DE LA QUATRIEME PARTIE


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RedU T1 Ch4 Ep15

Mon, 02 May 2011 19:39:00 GMT

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Le Sénéchal Petrovach gardait ses yeux mobiles, la mort pouvait venir de n’importe où mais il voulait lui faire face! Au premier cliquetis il bondirait sur le groupe le plus proche, il avait déjà choisi son angle d’attaque.

Il était prêt, oui il allait mourir, mais un Homme comme Petrovach mourra debout!

Son compatriote Basavech était tombé sous ses coups, de nombreux Exodés avaient péris, mais également un très grand nombre de ses hommes! En fait probablement une majorité.. Il se doutait bien qu’aucun renforts n’arriveraient, ce serait déjà un miracle s’il y avait des survivants.

Son regard parcourait les visages meurtris, ensanglantés, rageurs ou déterminés qui l’entouraient, au premier mot de leur chef, le Sénéchal disparaitrait de cet Univers..

Les yeux de JFHill étaient toujours pointés sur lui, immobiles, sans expressions, et celui-ci ne disait rien, ne bougeait pas, conservant cependant le revolver bien en main. Avec sa hache et son couteau Petrovach pouvait embrocher ses ennemis, mais contre une balle en pleine tête il n’y avait plus grand-chose à faire.

Le légendaire JFHill était connu jusque dans les meutes pirates, il avait d’ailleurs quelques amis parmi eux, y ayant eu un passé qu’on disait tumultueux. LE Sénéchal se demandait s’il n’allait pas plutôt tenter d’emporter le Colonel avec lui dans la mort en se jetant dessus.

La blessure que Basavech lui avait infligé au torse commençait à lui peser, du sang s’écoulait de plus en plus de la plaie et, à son tour, Petrovach ressentait le manque de souffle de celui dont les poumons se remplissent de sang.

JfHill ne lâchait pas son adversaire du regard, étudiant chaque détail pour trouver une solution.

De la sueur perlait sur le front du fauve, sa tête pâle refluait avec de plus en plus d’amplitude à chaque respiration ,tandis que la tache rouge s’agrandissait au milieu de son torse. Il était blessé, peut-être même blessé à mort, mais acculé ainsi il était extrêmement dangereux.

Une goutte du sang de Petrovach s’écrasa sur le sol, comme au ralenti.

Certains Exodés en furent surpris…

Petrovach sentait ses paupières s’alourdir, blanchissant ses phalanges à serrer sa hache…

Et JfHill prit sa décision!

Il leva son revolver lentement, puis le rangea dans son holster, fit demi-tour et s’éloigna, laissant derrière lui Petrovach et toute l’assistance médusée.

“Qu’il s’en aille avec ses hommes survivants dans son vaisseau. Nous conservons les autres croiseurs à notre discrétion, et nous ne voulons plus jamais avoir à croiser votre chemin Sénéchal Petrovach.”

Personne ne réagissait, la décision semblait si absurde! Et pourtant les hommes du Colonel avaient déjà reconnu l’intonation de leur chef, et ouvraient doucement une voie de passage pour Petrovach vers la sortie, repoussant avec autant de compréhension affichée que possible les Exodés dont certains restaient médusés par le Colonel, par le Sénéchal, par les scènes d’horreurs qui s’étaient déroulées sous leur yeux..

Le commandant pirate gonfla d’air le peu d’espace encore libre dans ses poumons, puis, un discret filet de sang s’écoulant à la commissure de ses lèvres, il se mit en marche, tentant de paraitre aussi fier et farouche que possible. Passant aux cotés de JFHill, il murmura à son intention:

“ N’attendez aucun remerciements de moi, nous nous retrouverons.”

“ Déposez votre hache et votre couteau au sol en partant Sénéchal, et n’oubliez pas vos pirates “ Lui renvoya le Colonel.

C’est ainsi que JFHill conclu la tentative avortée de prise de contrôle du Transporteur n°2. Le Sénéchal et la cinquantaine de pirates survivants larguèrent la passerelle d’abordage puis se désynchronisèrent des Transporteurs, disparaissant dans les méandres des replis dimensionnels de l’Univers.

Devant la sortie empruntée par le Sénéchal, on trouva sa hache et son couteau plantés violemment dans le métal, quelques taches de sang ponctuants toute la scène.


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Emission « Gala Red Universe »

Fri, 29 Apr 2011 07:28:00 GMT

Le chapitre 4 se termine bientôt, il était plus que temps de partager avec vous chers poditeurs l’émission « Gala Red Universe » pour la sortie des 3 premiers chapitres enregistrée en live en décembre 2010 sur podradio:

Version m4a intégrale chapitrée (émission avec diffusion des épisodes de Red Universe)

Version mp3 intégrale non chapitrée (émission avec diffusion des épisodes de Red Universe)

Version mp3 coupée (sans les épisodes) non chapitrée

Enjoy!


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RedU T1 Ch4 Ep14

Tue, 26 Apr 2011 19:55:00 GMT

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Vu de l’extérieur, et malgré les parasites inhérents au voyage de la Transition hyper-spatiale, la scène était inédite, ahurissante voire démesurée..

Un Transporteur, ce gigantesque vaisseau capable de déplacer dans les méandres de l’Espace un demi-million d’âmes durant plusieurs années, défilant au travers des anneaux dimensionnels de la Transition, amarré à un second Transporteur identique, synchronisé sur la même fréquence de voyage, partageant de fait le même champ hyper spatial.

Ajoutez à cela les quelques croiseurs légers pirates rescapés du combat toujours liés au premier Transporteur par le cordon ombilicale des passerelles d’abordages et les chasseurs lourds de l’Exode terminant leurs rondes le long des coques rapprochées des deux vaisseaux après avoir détruit les multiples chasseurs assaillants.

Jamais de mémoire de marin de l’espace on n’avait vu une telle scène, certains ayant même prédît que ce genre de chose était un suicide technologiquement impossible..

Et pourtant..

JFHill se tenait aux cotés du Baron Basavetch, lui tenant sa main glacée. Il ne le connaissait pas spécialement, même s’il avait pu déjà croiser le verbe lors de certains Conseils des Commandants, mais la scène de désolation de ces couloirs, de ces corridors et de ces pièces, l’état de souffrance des mutilés, cachants dans leurs misères des blessures aussi affligeantes que le nombre de victimes de tous bords éparpillés à perte de vue, donnait au Colonel la mesure de la rage et de l’enfer qui avait sévit ici.

Se noyant dans son sang, une partie de ses intestins flottant sur des gargouillis de chairs ouvertes, Basavetch conservait ce regard de noblesse que JFHill avait appris à respecter chez certains de ses ennemis du temps de la Révolution.

Pas de mots, rien que des regards, Basavetch souffrait, mais cela lui semblait secondaire: ses traits exprimaient un soulagement, une foie fataliste dans la destinée qu’il reportait visiblement sur JFHill.

Tandis que les hommes du Colonel réduisaient les dernières poches de résistance pirates prises en tenaille au travers du vaisseau, d’autres prenaient le contrôle des croiseurs légers, occupés par une poignée d’opérateurs pirates peu préparés à affronter des commandos sur-armés.

Le dernier regard du Baron fut pour les Exodés rescapés de la bataille, ces hommes et ces femmes hagards, effondrés par la violence et la haine du combat qu’ils venaient de livrer et qui, telle la marée refluant, ne laissait derrière elle que rochers nus et sables humides..

D’une main, JFHill lui ferma les yeux et récita en lui ces mots qu’il avait si souvent prononcé lors de la Révolution Castiks. Une prière muette, destinée à ce qu’il ne croyait pas mais qui pourtant les recevrait peut-être..

Déposant doucement le Baron sur le sol, il se releva puis se retourna vers le terrible Sénéchal, responsable de tout ce carnage par son orgueil et sa cupidité..

Celui-ci n’avait pas beaucoup bougé, tenant toujours sa hache et son couteau géant dans les mains, le regard nerveux, en attitude de fauve prêt à bondir sur les multiples dangers qui l’entouraient! A distance de sécurité, plusieurs rangés d’Exodés le pointait de leurs armes, le doigt sur les gâchettes de la rédemption.

aucune demande ne lui avait été faite, la situation semblant imposer d’elle-même ses exigences: attendre sans bouger que JFHill s’occupe de son cas.

Ce qu’il fît.

Le Colonel s’arrêta à deux pas du géant, le regardant droit dans les yeux, la tête relevée..

Mais il ne disait rien il restait ainsi, le revolver dans un poing, sa canne sculptée dans l’autre, semblant vouloir laisser planer une étrange atmosphère.

Tout autour de la scène, des infirmiers, médecins et autres volontaires tentaient de séparer les morts des mourants, les mourants des blessés graves, les blessés graves des blessés légers. Une grande agitation régnait ainsi, faite de brancards, de cris, de perfusions, de courses et de râles..

Mais au milieu de ces opérations de secours, une bulle de calme tendu, un face à face pétrifié de silence où le chasseur était acculé et où le fauve tenait un revolver..


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RedU T1 Ch4 Ep13

Mon, 18 Apr 2011 21:09:00 GMT

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Basavetch sentait ses bras et ses jambes s’engourdir. Il avait réussi à éviter de front la terrible hache de Petrovach, mais le couteau de son ennemi l’avait déjà effleuré de trop près plusieurs fois. Il savait que ce combat devrait finir vite, sa résistance s’amenuisait à mesure que son souffle se perdait dans les gargouillis de sang de ses poumons. De plus son adversaire semblait insensible aux nombreuses blessures que son fleuret lui avait occasionné, cette épouvantable montagne de muscles puissants et durs était-elle indestructible ?!

Il allait tenter le tout pour le tout!

“Mais Sénéchal, vous trembler?! Peut-être que cette sympathique sauterie est trop pour votre petite santé, désirez-vous que nous remettions notre affaire à un moment où votre virilité sera plus en état de combattre?” Demanda-t-il perfidement dans un sourire..

Piqué au vif, le géant frappa un bloc de ferraille de son pied qu’il projeta contre le Baron, celui-ci l’évita en une roulade mais au moment de rebondir, ses jambes s’effondrèrent sous lui!

Serrant les dents il roula sur lui-même alors que le pirate se projetait de tout son long avec sa hache. Ce ne fut pourtant pas assez rapide et il sentit un choc violent au niveau de sa hanche, suivi d’une étrange sensation de froid. Ne réfléchissant pas il lança devant lui son fleuret en plein torse de son ennemi, le transperçant de part en part!

Cette fois il l’avait eu: un coup direct, dans les règles de l’art. Souriant de cette jolie passe finale, il croisa le regard de Petrovach et compris soudain.

“ C’est fini tovarich, tu t’es bien battu, tes ancêtres seront fiers de toi..” lui chuchota celui-ci à l’oreille.

Le géant se releva, le fleuret planté en plein corps: une blessure grave, certes, mais pas mortelle, en tout cas pas dans l’immédiat pour une masse comme le géant. Il prit d’une main le fleuret et le sortit de lui, le jetant au loin.

Basavetch voulu se relever mais il ne pût. Baissant les yeux, il vit sa hanche gauche tranchée sur la longueur de la hache de Petrovach, son corps était à moitié coupé en deux. Le coup ayant touché la moelle épinière, il ne ressentait plus rien qu’un froid étrange remonter lentement..

A peine entendit-il ses hommes se précipiter avec rage contre le Sénéchal qui les repoussait au loin comme des fétus de paille de sa hache ensanglantée.

Basavetch regarda le Sénéchal droit dans les yeux quand celui-ci s’approcha pour l’achever. Ses yeux se brouillaient, il commençait à sentir la douleur innommable qui montait en lui, ses oreilles sifflaient et sa main gauche refusait de se fermer.

Le sifflement de son oreille ne lui permit pas d’entendre ce qui interrompit la marche du Sénéchal, mais il compris que quelque chose se passait derrière les lignes pirates. Il tourna la tête redoublant de concentration, et entendit un grondement, un grondement et un chant!

Le chant de la liberté des révolutionnaires de MAterOne, ceux qui avaient combattu la royauté!

En une seconde des pirates furent soudain déchiquetés par dizaines! Quelques explosions retentirent, puis le calme s’abattit sur la scène. Les Exodés ne comprenaient pas ce qu’il se passait: leurs adversaires avaient étés anéantis avec une vitesse et une précision chirurgicale inouïe!

Et au milieu des vapeurs d’explosifs, tandis que le chant se poursuivait, reprit par de nombreux Exodés combattants, une ombre protégées par une cape fit son apparition, suivie d’une machine de guerre terrifiante.

Le Sénéchal écarquilla les yeux: il venait de reconnaitre SA machine de guerre que l’on utilisait maintenant contre lui.

Agonisant, Basavetch fût persuadé de rêver, mais parmi les sons de derrière lui, il comprenait un nom, le nom d’un héros à la canne et la cape légendaire qui avançait vers eux, révolver au poing, le regard dur, suivi de ses soldats..

“ JF Hill, c’est le Colonel JF Hill!!”


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RedU T1 Ch4 Ep12

Sun, 10 Apr 2011 21:33:00 GMT

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A bord du Transporteur n°2 deux hommes s’affrontaient face à face avec des armes blanches, comme leur coutume le leur avait appris: Petrovach, le Sénéchal, frappait de sa hache et son couteau, Basavetch, le Baron, ripostait avec son fleuret. L’un était puissant, l’autre rapide.

Tout autour d’eux le combat au corps à corps avait atteint une violence inouï! Des femmes attaquaient des pirates avec les dents et les ongles, ceux-ci vidaient leurs chargeurs sur des ennemis à terre les embrochant eux-même d’un tesson de métal. Le sol se jonchait de cadavres, de morceaux humains et de sang.

“Tu vas mourir, tovarich, et je ferais momifier ta tête devant ma cabine comme trophée!” lançait Petrovach à son adversaire, juste au moment ou le fleuret de Basavetch s’enfonçait dans sa cuisse droite, ce qui lui fit pousser un rugissement de douleur!

“ Tu tentes de te rassurer Sénéchal! Jamais tu ne gagneras, nous mourrons ensembles s’il le faut!” Lui jeta à la face un Baron dont le sang s’écoulait de plus en plus de sa plaie au flanc!

Il sentait ses poumons se remplir lentement, le noyant dans son propre fluide, mais il tenait bon car il savait parfaitement que la victoire où la défaite dépendait de ce face à face!

Deux hommes venant des plaines du Nord, deux volontés farouches, deux guerriers, l’un noble et l’autre non, combattant non pas pour la gloire ou la richesse, mais pour le besoin avide de victoire. Pour aucun d’eux la défaite n’était acceptable, et les coups de haches se firent encore plus violents face à des pointes de fleurets encore plus rapides et blessantes!

En arrière des lignes pirates, à l’entrée de la passerelle de débarquement du croiseur du Sénéchal, des hommes de main prêtaient la main à la finalisation d’une “mitrailleuse lourde motrice à haut débit”, une arme de guerre décisive dans bien des batailles que le Sénéchal avait récupéré d’un pillage précédent.

Les pirates étaient assez fiers d’eux: pour leur chef ils avaient réussi une synchronisation parfaite de leurs gestes, permettant un montage de tout l’ensemble de l’engin en moins de 40mn! Déjà ils entendaient les derniers hommes du vaisseau qui arrivaient par la passerelle avec les cartouches blindées.

Le responsable du montage activa les systèmes de charge automatique, ainsi que les systèmes de visées assistées. L’engin se déploya, écartant ses trois bras articulés sur lesquels les mitrailleuses multiples étaient fixées, puis sorti ses pieds de stabilisation, verrouilla ses suspensions de recul… Il était prêt.

Dans un sourire, il se retourna vers ses camarades qui venaient d’arriver… Mais son sourire se figea. La dernière chose qui imprima sa rétine fut une grande cape engloutissant tout.


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RedU T1 Ch4 Ep11

Mon, 04 Apr 2011 20:22:00 GMT

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Les combats faisaient rage à bord du transporteur n°2. De nombreuses coursives étaient encombrées de caisses de frets, de lits démontées et autres véhicules de débarquements renversés en barricades de fortune. Les combattants du vaisseaux montraient une résistance héroïque, bien plus violente et difficile que celle attendue par les pirates!

Cette fois ils avaient en face d’eux des hommes et des femmes qui venaient de s’arracher volontairement à leur monde, aucune chance de retour ne leur serait offerte et seule la pure volonté motivait ces Exodés: avancer, coûte que coûte, et se battre pour l’avenir, quitte à en perdre la vie, mais ne plus jamais être dominé sous le joug de qui ou quoi que ce soit!

Presque tous les civils s’étaient joints aux batailles avec des armes parfois dérisoires: des couteaux, des barres de fer, tout ce qui pouvait frapper, entailler ou blesser. Les lignes des pirates, au début en progression, reculaient désormais devant l’énergie et la détermination des combattants du Transporteur!

Le Baron Basavetch s’était joint aux barricades, il avait choisi volontairement la plus importante, celle qui affrontait des envahisseurs armés de canons de 20mn déchiquetants ses hommes à la moindre blessure!

Dans une offensive désespérée mais courageuse, il avait réussi à s’en emparer d’un, puis sous la mitraille, affrontait un groupe de pirates au corps à corps, embrochant ses ennemis de son fleuret, suivi de ses soldats les plus déterminés qui massacraient les survivants.

C’était une lutte à mort.

Les retours de la bataille obligèrent une intensification des moyens engagés par les pirates. Les derniers vaisseaux autour du Transporteur déployèrent leurs passerelles d’abordages, et de nouveaux envahisseurs partirent à l’assaut du vaisseau géant, prenant à revers les défenseurs et les obligeant à nouveau au recul.

Basavetch, du sang sur les mains se démenait comme un beau diable: taillant, coupant, blessant sans aucune pitié autour de lui. Venant à bout de son dernier ennemi, il inspira profondément, puis leva le regard vers les combats autour de sa barricade. Déjà un groupe d’Exodés attaquait l’autre coté de la ligne pirate, tandis que d’autres faisaient avancer les barricades, verrouillant le terrain déjà regagné.

Il grimaça.. Une blessure au flanc le lançait régulièrement mais il n’avait pas le temps ni le droit de s’arrêter. L’état de sa chemise ensanglantée ne pouvait pourtant pas tromper un regard extérieur, alors pour ne pas donner de signe de faiblesse à ses troupes, il enfila un gilet pare-balle , et, crispant les dents sous la douleur, il le serra suffisamment pour qu’il maintienne la blessure aussi fermée et discrète que possible.

C’est à ce moment qu’une explosion projeta plusieurs de ses hommes au loin. Son gilet lui sauva la mise. Encore sous l’engourdissement du choc, il tenta de se relever..

Une main géante lui prit le col, et le Baron reçut contre sa mâchoire quelque chose qu’il pensa être un coup de marteau le projetant à plusieurs mètres.

Tentant que recouvrer ses esprits, il entendit des pas lourds et ressentit plus qu’il ne perçut une voix terrible “ Je suis le Sénéchal Petrovach, rendez-vous où je n’aurais aucune pitié !! “

A bord du croiseur de combat du Sénéchal, un minimum d’hommes étaient restés à leurs postes, faisant fonctionner la synchronisation et les routines des systèmes. Il fallait rester vigilant pour maintenir les passerelles d’abordages en place, et même si un vaisseau en Transition ne bouge pas trop, quand les combats en salle des machines auraient lieu, tout pouvait arriver.

Soudain le vaisseau entier fut secoué sans aucune raison. Des systèmes surchauffèrent et explosèrent dans une gerbe d’étincelle, de très nombreux voyants se mirent au rouge puis..

Puis plus rien, juste le signal d’alerte.

Les opérateurs, firent rapidement un bilan général de l’état du vaisseau, cherchant la raison de ce choc si violent, et devant les résultats obtenus, il décidèrent de brancher les caméras extérieures.

Et ce qu’ils virent les laissa sans voix.


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RedU T1 Ch4 Ep10

Mon, 28 Mar 2011 22:44:00 GMT

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Le Sénéchal poussa un cri de rage devant le carnage dans ses rangs. Donnant un violent coup de poing qui tordit l’extrémité en acier de son accoudoir, il hurla “Lancez les chasseurs contre les tourelles, vite! Que les vaisseaux soutiennent l’attaque avec leurs armements légers !”

Il ignorait que les Transporteurs possédaient une telle force de tir, pire: il ignorait qu’il existait des commandant de vaisseaux aussi fous que des pirates, capable de déclencher une bataille en pleine Transition!

“Mais, Sénéchal?! Les chasseurs risquent de ne pas supporter les changements de synchronisation!” Lança un suppléant bien naïf à l’adresse du Commandant. Celui-ci sauta directement de son poste jusqu’à l’opérateur, le souleva d’une main, planta son célèbre couteau en dents de scie dans le ventre de l’infortuné, puis remonta d’un coup sec pour finir par le jeter à terre au loin, dans un coin de la passerelle, le laissant agoniser dans son sang sans un regard. Puis il se tourna vers les autres opérateurs, les yeux fous: “ Faites décoller les chasseurs.. s’il vous plait..”

Chaque petit croiseur comptait cinq chasseurs légers dans ses flancs. Le problème des pilotes une fois largués, était de surtout ne pas sortir d’une zone de synchronisation d’un vaisseau, quel qu’il soit, car cela signifiait être immédiatement happé dans une autre dimension avec le risque (au mieux) d’une mort rapide.

Certains jugèrent mal les zones de fusion de synchronisations entre les croiseurs et le Transporteur et disparurent, d’autres mal coordonnés, se percutèrent en tentant d’évoluer dans un espace si restreint.

Le combat se poursuivait pourtant..

Les vaisseaux d’abordage ouvrirent le feu en soutient contre les tourelles de défenses, tout en se rapprochant de la coque de leur proie sous des angles morts, ce qui permit à la moitié des chasseurs d’entrer dans la zone synchronisée du Transporteur avec toute facilité pour poursuivre le travail de destruction des tourelles. Mais ils trouvèrent en face d’eux les cinq chasseurs lourds de combat du Transporteur, avec des pilotes n’ayant rien à perdre. Un combat épique en rase-motte tout autour du Transporteur débuta, tous ces chasseurs slalomants entre les DCA dans un espace clôt en se tirant dessus.

Pendant ce temps, Basavetch donnait déjà ses ordres pour repousser les troupes d’abordage car il savait bien que les pirates ne s’arrêteraient pas là. Ses opérateurs déterminaient les probabilité des zones d’arrivée des passerelles, donnant les ordres aux soldats et aux policiers pour se préparer au mieux.

De nombreux volontaires parmi les passagers s’étaient présentés pour soutenir les barricades et tous les efforts, même désespérés étaient les bienvenues.

En son fort intérieur, le Baron ne voyait aucune issue à cette bataille, car ils devaient faire face à des professionnels de la guerre, maitrisant toutes les subtilités de la bataille en huit-clos! En abordant de plusieurs endroits, ils allaient se précipiter vers les salles des machines, pour maitriser le compresseur trans-dimensionnel et forcer un retour de Transition à un autre endroit que prévu, où attendaient certainement de très nombreuses autres troupes. Puis ce serait un jeu de massacre, de viol, de servitude ou de rançons pour les plus chanceux.

Dehors, Basavetch voyait ses courageux pilotes se battre à cinq contre un, sur des appareils plus puissants et plus résistants, certes, mais moins manœuvrables sur de petits espaces comme ceux du champs de distorsion. Un à un il les voyait exploser, se cracher sur la coque, ouvrant d’autres brèches tandis que les tourelles se taisaient de plus en plus, réduites au silence par les tirs ennemis.

“ Préparez-vous, ils vont aborder” Lança-t-il, sortant d’un compartiment de son siège son fleuret gravé aux armoiries familiales qu’il passa à la ceinture, puis vérifia le chargeur de son révolver.

“ Prévenez tout le monde que les pirates ne feront pas de prisonniers, et qu’une lutte à mort va s’engager! Que chacun tue un maximum de ces parasites!”

Sortant le fleuret de son fourreau il regarda la lame, pensif, récitant quelques lignes d’un poète de sa région natale:

Par le sang et la gloire, nous forgeons un peuple, que la peur frappe nos ennemis: L’heure des Hommes est venue!

Déjà il entendait les longs tubes des passerelles d’abordage perforer la coque en plusieurs endroits, faisant frissonner son vaisseau de sons lugubres de métal enfoncé.

Le dernier chasseur explosa proche de la salle de commandement tandis que la radio interne renvoyait les premiers échanges de tirs dans les couloirs de son vaisseau.


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RedU T1 Ch4 Ep9

Sun, 20 Mar 2011 16:00:00 GMT

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Du haut de sa passerelle, Petrovatch le pirate, “Le Sénéchal” comme il aimait à se faire appeler, regardait les opérations se dérouler. Son vaisseau était placé en arrière du transporteur, légèrement au dessus, un très bon poste d’observation qui englobait toute la scène.

“ Donnez l’ordre de passer à l’abordage, que les passerelles d’attaque soient lancées!”

Il rugissait de fierté et d’orgueil. Ce grand chef pirate, dans la force de l’âge, possédait un corps taillé tout en muscle et il dominait d’une tête même les plus grand marins. Son épaisse moustache rousse et sa cicatrice à la joue étaient devenues légendaire après qu’il ait lui-même tué en combat singulier une autre légende de la piraterie.

Sans le savoir, il attaquait une sorte de compatriote car Petrovatch et Basavetch provenaient de la même région de MaterOne, celle des steppes neigeuses et des hommes rudes.

Le Sénéchal, comme Basavetch, se faisait respecter, et même craindre, de ses hommes, mais il savait les arroser d’or pour attiser leur allégeance et récompenser leur bravoure de temps en temps: souffler le chaud et le froid pour obtenir la fidélité, un vieux système de commandement qui fonctionne depuis l’aube de l’humanité!

Le transporteur vibrait sous ses yeux, la synchronisation n’étant pas parfaite un peu comme une télévision qui reçoit mal son signal, mais le chef pirate savait depuis longtemps en faire abstraction, comme tout pirate rompu à l’exercice.

Les premiers vaisseaux se rapprochaient de la coque de leur proie, prudemment car il ne convenait pas d’abimer un tel trésor, et certainement pas sous les yeux d’un homme comme le Sénéchal!

Pendant ce temps, Basavetch s’était réinstallé sur son fauteuil de commandement et toute son équipe l’assistait dans un bal de rapports, d’ordres et de contre-ordre. Il n’en revenait pas de l’intrépidité de ces être nuisibles qu’étaient les pirates de l’espace, et il se rendait compte que JFHill et ses amis ne s’étaient pas trompés en mettant en garde le conseil des commandants à leurs sujet!

Mais le Baron n’était pas homme à se laisser faire, et si ces pirates voulaient son transporteur, ils allaient devoir le payer cher!

Déjà ses forces de sécurités étaient placées à tous les carrefours centraux du transporteur, solidement retranchés tandis que des afflux de civils se pressaient auprès de zone qu’on disait “sures”.

En cas d’abordage aucune zone n’est sure mais au moins ils ne traineront pas dans les couloirs durant les combats.

De plus Basavetch savait ce que les pirates attendaient de lui, donc il allait leur offrir une petite surprise.

“Chef, il nous manque encore une petite dizaine de mètres et nous pourront tirer!” hurla le responsable de passerelle d’assaut d’un des vaisseaux d’abordage.

Son chef était un homme valeureux, dont la bravoure était reconnue et qui avait la sympathie du Sénéchal.

“ Timonier, encore 10 mètres, tout en douceur, soyez prudent, il est hors de question de percuter un Transporteur de cette taille en pleine Transition, d’accord fiston?

-Oui chef! En douceur..” répondit le timonier.

Le chef était inquiet, son sixième sens lui disait qu’ils allaient vers un gros problème mais il ne devinait pas quoi. Regardant par un hublot il voyait le Transporteur, immense, se rapprocher tandis que les deux champs trans-dimensionnels fusionnaient permettant aux passerelles de créer un lien entre les deux vaisseaux.

D’un oeil il regarda les membres de la première vague d’assaut, tous des vétérans, le regard sombre, prêt à en découdre.Cela le rassura un peu: une fois lâchés ces chiens de guerre ne feraient pas de quartiers.

Il retourna son regard vers le Transporteur, et aperçu un élément intriguant: un des panneaux pivotait, ouvrant un espace noir d’où sortait un…

Basavetch se leva d’un coup:”FEU A TOUTES LES BATTERIES”

Et d’une douzaine d’endroits, des mitrailleuses multiples à double canons de charge crachèrent la mort autour d’elles.

Trois des vaisseaux d’abordage, touchés gravement, perdirent contrôle et s’éloignèrent du Transporteur pour exploser, leurs débris entrainèrent de grave dégât à d’autres vaisseaux d’abordage de la seconde vague, un dernier perdant contrôle de sa direction percuta le transporteur, entamant une brèche qui entraina l’isolement étanche de toute une section. Puis projeté en arrière il perdit sa synchronisation et disparu dans les limbes d’une autre dimension.



RedU T1 Ch4 Ep8

Sun, 13 Mar 2011 16:57:00 GMT

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Le transporteur n°2 se déplaçait le long du tunnel du multi-Espace. Un observateur extérieur n’aurait pas vraiment pu distinguer nettement le vaisseau, car celui-ci semblait se dédoubler ou se tripler parfois. Évidement vu de l’intérieur, en fait pour toute personne ou élément synchronisé sur sa zone de déplacement trans-dimensionnel, aucun problème majeur ne transparaissait, au pire quelques micro-ondes mal réglés congelaient leurs contenu plutôt que de les réchauffer..

L’état de transition est un moment porteur de magie pour les marins de l’espace, empli de légendes et de racontars remontant jusqu’aux débuts de l’ère multi-spatiale, à une époque encore plus ancienne que la royauté de MaterOne… On murmure à voix basse l’étrange histoire de ce cargo qui, suite à une panne de compresseur multispatial, aurait dérivé dans un univers empli de formes anodines et translucides, reproduisant des objets usuels mais cherchant visiblement à étudier ces si étranges arrivants. En fait personne ne peut certifier que cela a jamais existé, mais c’est le propre des légendes, n’est-ce pas..?

Le Commandant Basavetch, “Baron Basavetch” comme il était coutume de l’appeler avant la révolution Castiks, se servait un thé, en suivant de son siège de commande les traces lumineuses évoluantes sur la coque de son vaisseau, reflets du passage des dimensions sur l’engin.

Au pied de son promontoire se situait la batterie d’ordinateurs et d’opérateurs de toutes sortes qui devaient veiller au bon déroulement de la transition. Basavetch regarda quelques secondes les diodes clignotantes sur les consoles des calculateurs. Toute transition multi-spatiale est faite de milliards d’erreurs dimensionnelles chaque seconde, qui sont corrigées tout aussi régulièrement dans une sorte de jeux de chat et de souris. L’objectif étant de franchir des dimension plutôt que des années lumières. Sans ces petites diodes, pensa-t-il, le drame était quasiment certain comme cela fût si souvent le cas dans l’ère des voyages de transition: si le vaisseau s’arrêtait au hasard d’une dimension, qui ne serait pas celle d’origine, il pouvait se retrouver dans un espace ou les lois de la gravitation seraient inversées, où alors un espace empli d’une pression infinie en tous endroits, ou alors un lieu sinistre formé uniquement de trous noirs.

Il pensa soudain à un non-univers d’antimatière.. Et réprima un frisson.

Quoiqu’il en soit, un voyage de plusieurs années-lumières se déroule généralement en une dizaine d’heure par ce biais, et cela compense évidement tous les risques, surtout que de nos jours les accidents se font plus rares..

Rares mais pas inexistants.

Le Baron se leva brusquement entamant un tour de la grande passerelle du Transporteur, jaugeant de l’assiduité de ses opérateurs, examinant la netteté douteuse d’un cadrant. Il était courant que l’état de transition, de par son inertie, au moins pour les marins, entraine une période de rêverie propre à l’assoupissement, au laisser-aller, à la philosophie ou à une simple volonté de se divertir.

Mais de par son origine noble et la culture de son peuple, Basavetch ne permettait pas ce laisser-aller et il faisait régner une discipline stricte aux troupes sous son commandement.

De nombreux moniteurs étaient éteints ou en révision, car de par sa nature trans-dimensionnelle, la transition interdisait toute activité radar utile. Les rayonnements se perdaient immédiatement dans un autre univers. D’autant que là encore, la transition avait cette particularité d’empêcher tout risque extérieur, vu qu’il aurait tout d’abord fallu se synchroniser avec un vaisseau évoluant plusieurs milliards de fois chaque seconde.

Certes, il était possible d’utiliser une “non-balise” sorte d’objet référence qui garde une logique d’espace-temps vers l’univers d’origine, un peu comme un périscope de sous-marin sort de l’eau et signale un sous-marin au dessous. Si cette balise émettait quelques informations supplémentaire, il était possible de se synchroniser à un vaisseau sous Transition et même de l’aborder, mais c’était quand même une opération extrêmement risquée!!

Basavetch se demandait justement si une balise de ce type pouvait avoir été embarquée sur la station “Maman-Lolo”….

…Lorsqu’une vingtaine de petits croiseurs se matérialisèrent tout autour de son Transporteur.

Il écarquilla les yeux, et ne trouva pas autre chose à dire que “Quoi? Ils attaquent déjà?”


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Du retard, du retard, du retard….

Tue, 08 Mar 2011 21:42:00 GMT

Petit maladie impromptue, désolé pour cette semaine mais je vous donne rendez-vous Dimanche Prochain, pour, espérons-le, de nouvelles Red-Aventures 😉Migraine...



RedU T1 Ch4 Ep7

Sun, 27 Feb 2011 18:50:00 GMT

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Le petit patrouilleur de “Choupa la pirate” dérivait lentement depuis maintenant une heure au milieu de nul part, feux éteints, tous ses sens en éveil. Les trois hommes d’équipage restaient silencieux tandis que Choupa patientait selon la procédure d’approche de sa base secrète, procédure qu’elle avait elle-même rédigée: une heure en dérive passive pour repérer tout suiveur éventuel.

Puis elle ouvrit les yeux:

“Allons-y, il est l’heure”Les réacteurs du vaisseau s’allumèrent en douceur tandis que d’une torsion des manettes, le pilote faisait faire un quart de tour à tribord au vaisseau. Quelques minutes plus tard une masse sombre, énorme, grossie sur l’écran de contrôle et, par la vitre du hublot central, on pouvait apercevoir un astéroïde solitaire se découper sur la lueur incertaine d’un soleil éloigné.

Répondant à un signal lumineux, un des petit cratères s’ouvrit sur un hangar d’appontage bien illuminé ou prenaient places plusieurs hommes et femmes. Le cratère se referma sur le vaisseau une fois passé, ne révélant aucune trace d’une quelconque activité humaine.

Une fois le vaisseau arrimé, le sas de son patrouilleur s’ouvrit et Choupa traversa la passerelle devant ses techniciens alignés de manière réglementaire

“ Capitaine à bord! Gaaarde à vous!”

Esquissant un salut, elle entra dans une coursive reliant le pont central et le centre de commandement.

Il existe des endroits maudits où même la meilleure volonté de l’homme ne peut suffire à survivre. Elle en avait fait l’amère expérience bien plus jeune, sur le navire pirate de son père, grand chercheur de nouvelles proies et de nouvelles richesses qui s’était aventuré dans une zone au-delà de la passe de Majellone, un lieu dont on ne prononce pas le nom: Le Cercle de Khabit!

Dans une capsule, avec quelques survivants, elle avait échoué par ici après avoir traversé les tourments de la Passe, qui avaient endommagé définitivement leur frêle embarcation.

Cet astéroïde était alors apparu sous leurs yeux: solitaire, miraculeux.. Et surtout abandonné par des équipes de mineurs de Lithium qui en avait fait du gruyère, laissant un labyrinthe de galeries emplies d’équipements plus ou moins fonctionnels, de lieux aménagés et même de quelques vivres!

“Bienvenue chez vous, Madâme, les nouvelles sont mauvaises j’en ai peur!”

Un vieil homme se tenait devant l’entrée de la salle de commandement, à quelques mètres du Cadran Sidéral d’où les pirates espionnaient les routes de Univers connu..

“ Merci Karl, dite moi donc, mon vieil ami, quelles sont donc ces nouvelles si déplaisantes?” Répondit la pirate, poursuivant sa route vers le Cadran.

-Notre action sur la station Maman-Lolo a entrainé des remous dans la communauté pirate. Plusieurs capitaines crient déjà à la trahison sans avoir de preuve et même si personne ne peut encore faire le rapprochement avec nous, j’ai peur qu’un jour l’information ne remonte..

Ils ne le sauront jamais! Et puis nous nous attendions à cela, c’était déjà calculé, et les risques assumés! Cela n’est rien comparé à l’Exode et à ce que nous pourrions en tirer!

Justement Madâme, il y a autre chose..”

Karl fît une pause, il connaissait bien son capitaine: il avait fait partie de la capsule de sauvetage, son père – le grand capitaine “Iphis aux yeux noirs”- lui avait personnellement confié sa fille, avant de refermer lui-même le sas de secours pour partager les dernières minutes du vaisseau avec quelques fidèles encore vivants!

Choupa stoppa net sa marche, Karl était comme un second père pour elle et ils partageaient des signaux, des mimes et des méthodes qui leurs permettaient de communiquer plus efficacement. Et là elle sentit que la véritable information allait suivre:

“ Et bien je t’écoute Karl, qu’y a-t-il d’autre?”

Elle s’était retournée vers lui, pointant son regard de feu vers le vieil homme..

“Le Sénéchal Petrovach a décidé, sous l’impulsion semble-t-il d’une grande colère suite à l’arrestation de ses hommes sur la station, de procéder à une attaque immédiate du convoi.

Ce fou de Petrovach risque de tout gâcher! Quelles sont ses intentions? Grinça la capitaine pirate entre ses dents.

Une attaque ciblée sur un des transporteurs, avec toute sa flotte et pendant la transition Multispace, Madâme.

Mais c’est extrêmement risqué! Se synchroniser avec un vaisseau en transition est quasiment impossible sauf..

Oui Madâme il semble bien qu’il ait lui aussi réussi à placer une balise sur un Transporteur, ou pire: qu’il ait détecté la notre et l’utilise, ce qui ruinerait nos plans.”

Choupa rugit en faisant demi-tour!

“Préparez deux chasseurs, nous partons tout de suite! “


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RedU T1 Ch4 Ep6

Sun, 20 Feb 2011 13:31:00 GMT

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Le grand départ arrivait enfin!! A l’intérieur des transporteurs tout le monde était à son poste, ceux qui en avaient un, les passagers sans fonction se trouvaient réunis dans les grands halls centraux des vaisseaux, encadrés par des multitudes de baies vitrées sans les habituelles protections, relevées pour l’occasion!


Azala se tenait également devant une vitre, celle de son hublot qui, hasard ou destin, offrait un clair de terre de MaterOne comme ultime spectacle. Elle pouvait apprécier les feux d’artifices que les chasseurs laissaient dans leurs sillages, virevoltants autour des sept Transporteurs auréolés de centaines de vaisseaux multicolores spectateurs de cet événement unique…

Benkana de son coté, ne prêtait pas beaucoup d’attention au spectacle extérieur, bien trop occupée à donner les ordres pour les dernières manoeuvres. Elle tenait dans sa main droite le trousseau des clefs du compresseur multispatial. Ce mécanisme incontournable des voyages spatiaux mettait plusieurs minutes à chauffer et consommait la majeure partie de l’énergie nécessaire à toute transition. Donc on ne l’allumait que peu de temps avant le départ.

Momumba enfichait déjà sa clef dans l’orifice prévu activant toute la machinerie interne au compresseur de son Transporteur: il allait partir en troisième position et il voulait être ponctuel!

Phil confirma à la radio que le checkup pré-transition ne reportait aucune anomalie, et donna le feu vert concernant les parties du vaisseau sous sa responsabilité. En raccrochant le combiné il ne pût s’empêcher de penser que dans une ou deux minutes, il allait partir de sa planète natale pour ne plus jamais y revenir.

Sur la station “Maman-Lolo”, plusieurs hauts représentants du gouvernement Castiks était présents pour assister officiellement au départ de l’Exode. Parmi ces fonctionnaires et autres hommes politiques se trouvait un membre du conseil de sécurité de la planète, surnomme « Monsieur Heir ». Cet homme avait participé au régime royaliste puis au régime Castiks et était un des prétendant au poste de chancelier suprême qui allait bientôt être créé sur la planète..

Relayé par tous les hauts-parleurs de la station, des transporteurs et de Maman-Lolo, il entonna, suivant quelques mots de circonstance, un vieil hymne de MaterOne, quelque chose d’ancien datant des origines, empli de sonorités incongrues mais que tous connaissaient parfaitement. L’idée de ce chant d’adieu fit merveille car tous les habitants de MaterOne, quel que soit leur âge, se reconnaissaient en lui et se mirent à chanter en coeur.

Si le vide spatial ne l’avait pas empêché, le murmure de millions, peut-être même de milliards de voix se serait élevé dans l’espace.

Jfhill récitait le texte avec entrain, les larmes aux yeux, submergé par l’émotion qui étreignait le cœur d’un Exodé. Le Général Décembre était au garde à vous dans le centre de commandement, entouré de ses officiers et de tous les hommes et femmes y travaillant.

Au fond d’une coursive obscure, Fabio Ouli, habillé tel un mécanicien, fermait les yeux en s’imprégnant de cet air si porteur de légende et d’histoire. Il y avait toujours été sensible mais maintenant que ses facultés de Mental avaient décuplées, il ressentait profondément ce chant, comme si son esprit tentait de se souvenir d’une vie qu’il n’aurait pas vécu mais dont ce chant serait le porteur.

Étrange sensation.

Phil entendit certains cliquetis annonçant le préchauffage du compresseur, l’instant de la transition approchait, et il tendit la main pour serrer celle d’Adenor sa voisine et amante, imité par de nombreux ouvriers de son équipe se rapprochant les uns des autres: personne ne voulait être seul dans ce moment.

Puis la clameur s’estompa, telle la lueur d’une bougie en fin de cycle, les derniers échos s’échappant doucement des dernières lèvres.

Décembre vit la lumière rouge s’allumer, son Transporteur était prêt pour la Transition.

Un moment d’hésitation, une dernière inspiration, et si..?

Mais déjà commençait à rugir dans les haut-parleurs un nouvel air, le nouvel hymne planétaire Castiks pour le nouvel ordre du même nom. Il avait été décidé de le rendre officiel au départ de l’Exode, un dernier message adressé par le nouveau pouvoir aux anciens habitants qui partaient: désormais leur monde n’était plus!

Les nerfs d’Azala cédèrent sous ce dernier affront.

Jfhill rugit, écrasant son poing sur une table.

Benkana fit la grimace.

Monsieur Heir sourit.

Et Décembre appuya sur le bouton rouge, rapidement imité par les autres, engouffrant la flotte dans sa première Transition vers le multi Space..


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RedU T1 Ch4 Ep5

Tue, 15 Feb 2011 21:33:00 GMT

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JfHill déambulait entre les tables débordantes de nourritures et d’apéritifs, suivant, d’un air dégouté, une grosse dame, engoncée tel un pourceau dans une robe trop serrée, s’empiffrant d’un “homard tacheté” des iles de MaterOne.

Lui-même ne se contentait que de quelques fruits – difficilement- trouvés dans un panier bordant une table et tout ce gaspillage de nourriture le révoltait! Lui, le révolutionnaire ascétique bourreau de travail qui avait vécu tant d’années de clandestinités dans la montagne en ne mangeant parfois que des racines..!!

Ce qui le décevait le plus c’était de voir un tel nombre de personnalités, qu’il avait parfois connu, se comporter comme les nobles corrompus et boulimiques de l’ancien régime. Si certains officiers ou intellectuels faisaient montre de retenue, tel n’était pas le cas de la majorité, et il avait même reconnu certains combattants de la révolution boire ensembles, directement au goulot, un magnum de Blogrilla les mains sous la jupe d’une même femme…

Quelques fumeurs s’étaient regroupés auprès d’une esquisse de salon monté à la hâte dans un coin de hangar, et JFHill se dit que les drogués du cigare valaient au moins aussi bien que ceux de la débauche!

S’installant dans un canapé, il se roula avec dextérité une de ses cigarettes fétiches, emplie de tabac à pipe et de chichua, une herbe chamanique que l’on trouvait dans les montagnes où il avait fait de la résistance.. Il claqua une allumette contre son talon, sous l’oeil amusé de quelques voisin, et aspira la douce fumée calmante, laissant le charme agir..

Il se sentait bien seul..

Benkana avait tenu à raccompagner la princesse Azala à son transporteur et Arlington avait prétexté quelque avarie de voilure pour ne pas assister à la cérémonie.

Pas bête le coup des avaries de voilure, il aurait dû y penser lui-même..

“Mais c’est de la sorcellerie! Comment pouvez-vous gagner à chaque partie quel que soit votre challenger?!”

Une voix forte le sorti de sa torpeur, il se retourna sur sa droite et vit de dos un inconnu se lever d’une table. Sous cet angle de vue il ne pouvait ni deviner le jeu, ni reconnaitre l’adversaire..

“Non personne ne pourra vous battre! Vous êtes bien trop fort Colonel Sterling Price!” Et sur ces mots, l’homme poussa sa chaise et s’éloigna en grognant, libérant les regards des deux colonels qui se retrouvèrent, l’un et l’autre, face à face.

Le temps suspendit son vol, et les convives autour d’eux semblèrent se mouvoir au ralenti, tels de vieux films à la bobine usée..

Sterling Price et lui savaient tous deux que ce moment devrait arriver tôt ou tard, que les réunions du Conseil des commandants ne permettraient jamais de crever l’abcès.

Un contentieux trainait entre eux, une rivalité sourde mais, fort heureusement, assumée des deux cotés…

Parmi les grandes batailles décisives de la Révolution, une des plus spectaculaire fut celle des Monts Atos, où les deux colonels s’étaient affrontés plusieurs jours sur une zone de quelques kilomètres de long, dirigeant chacun une armée. JFHill avait gagné, ouvrant la route vers la capitale…

Prenant son inspiration, JFHill se leva et prit la place de l’adversaire malheureux de Sterling Price.

Sur la table se trouvait un échiquier dont les pièces étaient si patinées que l’on avait des doutes sur la couleur de certaines.. Le socle en lui-même était composé de trois sortes de bois différents, finement ciselés, mais les années étaient également passées par là et des craquelures zébraient le pourtour tandis que certaines cases semblaient creusées par le passage des pièces.. Les armoiries gravées sur le coté étaient, elles aussi, à moitié effacées.

“ C’est votre échiquier personnel n’est-ce pas Conte? “

Le Colonel Sterling Price était Conte sous l’ancien régime, d’une ancienne noble famille de MaterOne. Il avait perdu beaucoup durant la révolution Castiks..

“ Il a appartenu à un aïeul il y a plus de 200 ans Hill” Répondit le Conte. “ Mais il fonctionne encore remarquablement bien! Voulez-vous m’accorder une partie?” demanda-t-il en esquissant un sourire humble..

JFHill parti d’un grand rire: “ Mais bien sur mon vieil ennemi, cela faisait longtemps que nous avions laissé tous deux ce duel en suspens, l’Exode va nous donner exactement le temps dont nous avions besoin! Hahahaha!!”

Les pièces remisent en place, la partie put débuter..

Bien après la fin de la cérémonie du départ, la soirée finit sur un mat de JFHill, ce qui était honorable vu que seuls les deux rois étaient restés en lice..

Mais depuis déjà plusieurs heures, Sterling Price et JFHill partageaient les mêmes alcools et les mêmes sourires..


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RedU T1 Ch4 Ep4

Sun, 06 Feb 2011 20:25:00 GMT

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Les tables était dressées pour un vrai banquet, emplies de victuailles de toutes sortes, de mets raffinés, de crustacés, poissons. Des vins parfumés étaient servis aux invités par des serviteurs tirés à quatre épingles tandis que d’autres terminaient de remplir une cascade de Blogrilla glacée (un cocktail à base de vin bleu et de fruits macérés ).

Les convives faisaient partie du personnel encadrant des 7 vaisseaux Transporteurs de l’exode: les haut-officiers, les représentants, les directeurs d’hôpitaux..

De belles femmes portants leurs plus beaux atours côtoyaient d’élégants gentlemen de tous âges dans la grande soute numéro 1 du premier Transporteur, spécialement aménagée pour l’occasion.

On sentait flotter dans l’air quelque chose de mélancolique, cette réception portait en elle la nostalgie, le deuil de MaterOne.

En effet le grand départ allait avoir lieu le lendemain et une majeure partie des mets présentés aux tables seront inaccessibles pour les Exodés, ils étaient donc mis à disposition sur des buffets repartis sur tous les transporteurs, dernier cadeau d’un monde que tous quittaient.

Le Général Décembre arpentait la soirée, connaissant parfaitement les règles de conduite de ce genre de moment. Passant de groupe en groupe, le vieux militaire dispensait compliments et anecdotes, s’enquérant des désirs et des goûts de ses hôtes.

Lorsqu’il croisa Junta cependant, il se plaça quelque peu à l’écart de la foule, près d’une fenêtre donnant sur la partie centrale du transporteur.

“ Vous m’avez positivement impressionné avec cette affaire de pirate Junta! Je tiens à vous féliciter personnellement de votre action’

Junta ne répondit pas, sirotant une flute de Blogrilla.

“Des hommes tels que vous sont rares et je comprend mieux comment vous êtes arrivé au poste que vous occupez actuellement.”

Junta esquissa un sourire..

“ Merci mon général, vos compliments, comme cette soirée, me vont droit au coeur.”

Décembre fronça les sourcils et se tourna vers son voisin, celui fit fit de même et les deux hommes croisèrent leurs regard.

“Je vous parle franchement Junta! J’ai besoin de vous pour contrer le trio JFHill / Benkana / Arlington” Ces trois-là peuvent très rapidement emporter la majorité au sein du conseil et je ne puis tolérer que ces anarchistes décident pour moi ! “

Le Général dirigea à nouveau son regard vers l’intérieur du Transporteur, de petits vaisseaux survolaient certaines zones tandis que de nombreux piétons déambulaient dans les coursives..

“ J’ai échappé aux griffes Castiks par désespoir pour la perte de l’ancienne monarchie, cela n’est pas pour recommencer une révolution gauchiste! Junta, je vous propose une alliance de principe.

Mais…. Qu’aurais-je à y gagner? “ S’enquit Junta.

J’ai l’intention de donner un nouvel éclat à notre future colonie, une dimension non seulement nationale mais militaire majeure. j’ai besoin d’un homme pour s’occuper de la partie politique de la chose. Et vous êtes cet homme là, Junta..! ”

Le politicien regarda le fond de son verre quelques secondes, puis le leva discrètement:

“Alors trinquons à notre nouvelle alliance mon Général! Et à notre projet pour la future colonie humaine d’Antares IV “

Un peu de vin s’échangea entre les flutes lorsqu’elles s’entrechoquèrent..


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RedU T1 Ch4 Ep3

Sun, 06 Feb 2011 18:39:00 GMT


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Le lieutenant Ralato fit une pause. Ses tempes lui brulaient et il sentait un léger tremblement gagner l’extrémité de ses mains.

Il se plaça face à la chaise du Mental mutualiste, puis d’une voix frôlant l’hypnose il tenta une nouvelle approche.

“ Nous allons tous deux perdre beaucoup de temps si tu fais ainsi de l’obstruction à mes sondes. Je vais être oblige d’en arriver à des solutions que je réprouve, tu en es conscient?”

Le Mental ne répondit pas.

Ralato poussa un profond soupir: il fallait qu’il lui fasse baisser sa garde. Quelques secondes suffiraient, avec toutes les drogues qu’on lui avait administré seule sa volonté le faisait tenir.

Le registre des souvenirs peut-être?…

“ Stuffy, nous avons passé du temps ensembles, je me souviens même que tu es un des rares à m’avoir fait découvrir quelques plaisirs ordinaires dans des soirées sans fin.. Te souviens-tu de ce bar caché au fond de la petite rue.. mmhhmm comment s’appelait-il déjà?.. “

Rien, l’autre ne répondait toujours pas.. Et sa résistance n’avait pas bougé..

“Chez Irene! oui c’est cela! C’était vraiment un sacre bouge! Un repaire de névrosés et d’alcooliques, quelques membres de cette curieuse secte satanique qu’on a fini par interdire des années plus tard..”

Une mouvance, une infime hésitation.. Un des mots l’avait fait réagir..

“Oui, les sectes sataniques tu connais ça non? Apres tout, les mutualistes vivent un peu comme dans une secte non? Aller ne me fait pas ces yeux la! Tu sais très bien que tout n’est pas rose non plus chez tes amis. Je ne suis pas contre les débats idéologiques mais les conditions ne sont pas réunies je pense..”

Non: à nouveau calme.. Il est probable que cela vienne d’ailleurs.. Qu’était-il arrivé de remarquable Chez Irene..?

“ Je me souviens de cette soirée ou nous étions, et tu avais eu la rencontre de cette étrange jeune femme voilée, au visage caché.. Tu semblais très attiré par elle..?”

Touché! Cette fois la vague avait été forte, son adversaire venait d’encaisser un choc émotionnel. Poursuivons dans cette direction..

“Ce soir là, si ma mémoire est bonne, ils passaient un groupe assez connu, une de ces soirées-concert qui est si prisée par les consommateurs.. Te souviens-tu du morceau joué? “

Son prisonnier était en pleine ébullition mais il tenait bon, quelle résistance!

Stuffy était vraiment un excellent agent, quel gâchis pour l’avenir..

“ Ca faisait quelque chose comme .. tralalaaaaa,pom pom pom tralaliiii “

Déjà des images de la jeune femme apparaissaient de derrière les barrières de sa victime, Ralato sentait que sa concentration lui échappait.. Aller un dernier coup de semonce..

“ Vous êtes partis ensembles après, je suis certain que c’est une personne charmante, cette.. cette..”

Stuffy poussa soudain un hurlement de rage tentant de se défaire de ses liens mais les deux soldats derrière lui le plaquèrent immédiatement contre le dossier de son siège.

L’homme ne bougea plus.

Il s’était évanoui…

Un garde vérifia qu’il était en vie et s’apprêtait à lui donner une injection de stimulant mais le lieutenant Ralato l’arrêta.

“Inutile je sais ce que je veux savoir, il est brisé, nous terminerons le debriefing demain..”

Puis se tournant vers l’autre garde, il ajouta:

“ Prévenez le commandant: je veux un véhicule pour me rendre immédiatement chez le contre-Amiral!”

Comme l’autre ne réagissait pas assez vite il ajouta un retentissant “Exécution, soldat!”

Pendant que le soldat affolé partait en courant, Ralato digéra l’information qu’il venait d’obtenir. Une simple image, mais que de retentissements! Comment avait-il pu passer à cote de cela?

Cette jeune femme, dans ce bar, était impénétrable aux sondes indirecte, et çà ne l’avait pas alerté..

Pourtant cela nécessite un entrainement si l’on n’est pas Mental !!

Ce soir là, dans le bar, la jeune princesse Azala avait recruté l’agent Mental Stuffy sous ses yeux et il ne s’était aperçu de rien!

Azala vient de perdre un nouvel agent, “Chez Irene” serait désormais mis sous surveillance constante et les mutualistes seront considérés comme séditieux et pactisant avec la contre-révolution…

Combien d’agents la jeune Princesse avait-elle encore recruté ? En qui pouvait-il encore avoir confiance..?

Ralato sorti de la salle d’interrogatoire en claquant la porte blindée, furieux.


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RedUniverse est mis de coté…

Sat, 08 Jan 2011 21:56:00 GMT

… pour deux semaines 😉

OUF! Vous avez eu peur hein?

Oui, je suis déjà en retard, et même si l’épisode suivant est déjà écrit, je dois imposer une pause temporaire à notre grande saga galactique car je dois faire face à de nombreuses responsabilités, suite à mon mariage!!! Il va vous falloir être patients encore deux semaines, je suis navré par avance..

Par contre cela serait bien que je vous propose à mon retour au moins deux épisodes d’un coup non? Histoire de me dédouaner un peu vis à vis de vous mes fidèles auditeurs…

Merci encore de votre patience :)



RedU T1 Ch4 Ep2

Sun, 26 Dec 2010 15:31:00 GMT

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Le rapport pose sur le bureau du contre-Amiral Pofeus avait de quoi l’ébranler. Ralato lui comptait les résultats de l’interrogatoire ( et les aveux ) d’un mental, travaillant pour ses services, ayant trahi au profit de l’organisation de la Princesse nouvellement exilée, Azala.

Un mutualiste!

Un espion mental mutualiste allié à une conspiration contre révolutionnaire monarchiste!

Le contre amiral avait eu l’occasion de voir d’étranges combinaisons de circonstances depuis qu’il était à la tête des services secrets de MaterOne, mais celle-ci était une des plus surprenante!
Se laissant aller dans son fauteuil de cuir, il ferma les yeux, tentant de fixer les conséquences de la découverte de Ralato. On pouvait résumer sa crainte d’une maxime simple et connue: il n’y avait pas de fumée sans feu! Entendez par la que les mutualistes, de par leurs convictions et leur système de fonctionnement commun étaient toujours en groupe d’au moins une dizaine, chaque groupe sous la hiérarchie d’un camarade en chef respectant une ouverture démocratique envers la base et référant au niveau supérieur les demandes et doléances.

Ces mini sociétés avaient un point commun: ils ne supportaient pas l’évidence prouvant que l’argent est tout, le pouvoir et le développement fonctionnant par un système de marche des valeurs.

Un sourire se forma sur le visage du contreAmiral, quelque chose comme grimace en forme de coupure séparant le bas de sa mâchoire du reste du visage, un rictus inquiétant..

Le terme “mutualiste” l’avait replongé dans ses souvenirs et ils reprirent possession de son esprit, comme l’opium occultant les sens.

Pofeus revint dans les mois qui suivirent l’accident tragique de la station spatiale qui avait coûté la vie à de très nombreux dignitaires militaires. Suite à ce drame, Pofeus était devenu insensible au pouvoir des mentaux, le savant Quartmac avait développé une tumeur qui l’emporterait quelques mois plus tard, et la confiance de l’armée dans les expériences sur les mentaux en fût exacerbée !!!!

Pensez donc: une explosion mentale tuant net une quinzaine de personne, quelle puissance fantastique, quels meurtriers de rêve en perspective!

Ni le Roi, ni aucune agence civile n’avait eu vent de ce qui était arrivé, l’armée ayant appris depuis longtemps à vivre en complète autarcie! On réussit à attribuer les morts à des circonstances différentes, un accident cardiaque étrangement diagnostiqué, un corps se retrouvant dans tel accident de voiture, ou un drame de navette en manoeuvre.. Une petite dizaine de personnes, civiles ou militaires avaient été délibérément sacrifiées pour couvrir ces mascarades, mais l’objectif de secret absolu avait été atteint, même le satellite, convenablement vide de tout document ou appareil de mesure, avait été détruit dans l’atmosphère.

Il restait à remplacer les disparus, et bien entendu ce fut un spécialiste en phénomène mental, un grand espoir de l’armée quand à l’utilisation de ces humains à facultés spéciales, qui fut choisi pour remplacer un général défunt à la tête des services du renseignement de l’armée: le nouvellement promu contre Amiral Pofeus.

Le cabinet royal n’apprécia pas trop cette nomination, la vie du personnage par trop dissolue ne semblait guère compatible avec ce poste sensible, mais l’armée passa outre, avide de bénéficier un jour d’une puissante arme mentale sans équivalence dans l’univers connu..

L’irrésistible ascension de Pofeus avait pris un nouveau virage important vers les Mentaux, et désormais elle allait croiser un autre destin hors du commun: Fabio Ouli.


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JOYEUX NOËL, rendez-vous Dimanche 26 Décembre..

Wed, 22 Dec 2010 19:10:00 GMT

…çà sera votre cadeau de Noël :)

Pourquoi? Parce que je suis en train de rêgler les détails préparatifs à mon.. mariage!

Et surtout, il s’agit de préparatifs administratifs! Donc c’est tout un travail très délicat et très prenant…

Je tâcherais de me rattraper pour me faire pardonner ce week-end :)

Joyeux Noël à tous !

Raoolito



RedU T1 Ch4 Ep1

Tue, 14 Dec 2010 23:03:00 GMT

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Le pirate était en train de courir à en perdre son souffle, poursuivi par trois policiers qui gagnaient du terrain au fur et à mesure des angles de couloirs qui se succédaient à une vitesse folle!
Virage à droite, angle à gauche.. Il percute deux passants qui revenaient d’un réfectoire!

Chute, relève rapide, départ précipité!

Les policiers étaient sur ses talons, pourvu qu’il ne croise pas une autre patrouille!

Corridor à gauche, sas à droite, échelle tout droit..

Les flics lui étaient tombés dessus sans prévenir, ils savaient qui chercher!! Comment était-ce possible?

En bas d’un escalier, deux nouveaux policiers!! Vite, à gauche! Désormais ils sont à quelques mètres de lui!

A droite!

Le pirate eût une pensée pour ses camarades qui allaient finir leur vie dans les mines de lithium de la formation d’astéroïde de Kalmot..

Salauds de flics !

Pendant ce temps, une jeune femme aux cheveux bruns soyeux avançait le long du corridor principal, du pas assuré de celles qui savent où elles vont. Son nez retroussé et ses tâches de rousseurs lui donnaient un air juvénile que ses grands yeux bruns ne dépareillaient pas.

Certains jeunes dandys téméraires tentaient de capter son attention, mais la froideur qu’ils recevaient en retour les démotivait immédiatement!

A un angle de rue, elle sentit soudain qu’un danger était proche. Le regard en coin elle recula d’un pas au moment où le pirate fugitif entra devant elle dans le corridor surpeuplé. Paniqué, il sortit son arme et, avisant une famille qui passait, attrapa un jeune garçon à peine pubère, le plaquant contre lui en écrasant l’arme contre la joue de son otage.

Les policiers arrivèrent alors, prenant position en dégainant à leur tour leurs armes. La mère de l’enfant hurlait, les badauds s’attroupaient tandis que le pirate et les policiers échangeaient des onomatopées plus imagées les unes des autres.

“ Putain, lâche le et rends toi, tout se passera bien!

-Allez vous faire foutre, je le butte si vous approchez!

T’as aucune chance connard! Lâche-le maintenant!

Il va crever si vous approchez, je vais le..”

Le pirate affolé s’arrêta net lorsque son regard tomba sur la jeune femme aux cheveux soyeux.

La suite se passa en quelques secondes. Un sourire se forma sur le visage de l’homme pourtant si stressé, la jeune femme leva le bras dans sa direction. Le pirate commença à relâcher la pression sur la joue du garçon, le poing de la femme se referma.

Une minuscule goutte de sang gicla du coup du preneur d’otage, ses yeux devinrent vitreux.

Son arme, relâchée tomba sur le sol et l’otage s’enfuit sans réfléchir, trop heureux d’avoir un espoir de survie.

Déjà son agresseur s’effondrait avec l’élégance d’un pantin désarticulé, pris d’ultimes convulsions avant le dernier souffle qui figeât pour l’éternité une expression d’étonnement intense.

Choupa la pirate restait immobile, comme toute la foule devant cette scène incompréhensible. Elle laissait la tension générale retomber, fixant sa victime froidement.

Cet idiot l’avait reconnu et il était hors de question que les policiers se posent des questions sur elle.

Inspirant l’air recyclé de la station, elle repris son chemin doucement, sans brusquerie, observant les badauds au cas où son action avait été remarquée mais non, toutes les attentions étaient concentrée sur le cadavre.

Pendant que les policiers bloquaient la zone, éloignants badauds et appelant des renforts, Choupa la pirate marchait tranquillement vers son vaisseau.

Parvenue près du belvédère donnant sur l’espace extérieur, elle observa d’un oeil amusé le chargement en cours du dernier transporteur, les caisses de fret allant et venant, emportés par des robots programmées ou de petits vaisseaux.

Ce spectacle la rassurait: quelque part dans ces caisses un émetteur hyper spatial diffusait un signal codé sur une fréquence anodine, donnant les coordonnées spatiales de la flotte à ses compagnons d’armes, au sein de son escadre embusquée.

La diversion qu’elle avait imaginé avec ses lieutenants avait parfaitement fonctionné: sacrifier de nombreux autres pirates pour laisser le champs libre à la vraie mission qu’elle venait de remplir si aisément..

Et puis après tout, chez les pirates, la concurrence loyale: çà n’existe pas!


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petites vacances..

Tue, 30 Nov 2010 23:15:00 GMT

.. rendez-vous le Samedi 11 décembre 19h, heure française, pour

la soirée de Gala de Red Universe

où tout un programme est prévu par Phil, avec pleins de surprises, et bien sur des annonces fracassantes, et des nouveautés :)

Rendez-vous donc dans 2 semaines, nous comptons sur vous :)

Raoolito



Red Universe: La playlist du troisième chapitre…

Tue, 30 Nov 2010 22:59:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Dans le Sigma’s Club de Maman-lolo: « Call me dazie mae » de Dazie mae, album » velvett dress«
  • Le vaisseau cargo aux docks: « dark secrets » de celestian aeon project, album « Aeon3″
  • Les pensees de JFHill mélancolique: « Signor presidente » de Talco, album « Tutti Assolti«
  • Le meurtre mental du barman Radouane: « Eternamente » de Yachar, album « Eternamente«
  • L’attaque contre les pirates: « the spyin blues » de Crete boom, album « Them Bones need oxygen«
  • La mise à mort de Philou est un mix de 3 musiques: « Sphinx » de Doc & lena Selyanina album « Sphinx » // « Invocation 01 » de Fabio Keiner, album « Evening invocation » // « tall man » de bloody Hansen, album « the seven doors of providence«
  • La version de « Fly me to the Moon » de frank Sinatra etait signée de Peter Cupples qui la jouait unplugged lors d’un petit concert en public à la plage :) Elle n’est pas sur Jamendo, mais ici et en vidéo !

ET..

  • La musique d’Adenor de Choupette qui fait trembler le zizi de Phil: « Dark eyes:bonus track » d’ALO DJANGO, album « Swing and dance«

Catalogue professionnel de musique libre

je vous donne rendez-vous très bientôt pour le chapitre suivant intitulé

» Vers l’abîme «

comme toujours, laissez-nous vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito



RedU T1 Ch3 Ep14

Tue, 30 Nov 2010 21:41:00 GMT

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Une rapide enquête de police convint que le groupe de pirate faisait partie du complot dénoncé par le politicien Junta, on fût particulièrement surpris de découvrir qu’il existait des pirates Mentaux, et la nouvelle fît grand bruit.

Un total de 67 pirates ainsi que plusieurs complices furent écroués. Il s’agira du plus grand coup de filet anti-piraterie de l’histoire de la police de MAterOne !!

RedaB se réveilla à l’hôpital avec un violent mal de crâne, mais entouré de son ami Reda et quelques dockers venus le veiller. Son compagnon d’infirmerie était, hô surprise, le barman Radouane au teint encore un peu bleuâtre mais tiré d’affaire! Etrangement le serveur embauché au Sigma’s Club avait eu une envie pressante de visiter la chambre froide du Club! Juste assez tôt pour que les secours puissent encore agir.

Par contre il était trop tard pour Philou le pirate, et alors que seuls des blessés plus ou moins grave étaient à regretter dans toute cette affaire, il était le seul cadavre, mort d’un.. arrêt du coeur inexpliqué.

Phil et Adénor furent félicités par le chef de la police de la station Maman-Lolo pour leur courage, tandis que Reda et RedaB eurent une promotion et une médaille du courage.. Et une prime!

On médiatisa abondamment cette aventure, le pouvoir grandissant des nouveaux dirigeants de MaterOne profitait ainsi d’une très bonne publicité et les pirates y réfléchiraient dorénavant à deux fois avant de s’aventurer si près de la capitale..

Le soir même, sur le transporteur n°7 fraichement accosté, une réception fût donnée en l’honneur des protagonistes. Ce fût là, au milieu des multiples convives, que la Princesse Azala croisa pour la première fois le regard de la commandante Benkana, face à face où le temps s’arrêta pour les deux femmes.

Leurs retrouvailles réelles et intimes n’auraient pas lieu avant le départ officiel de la flotte qui était prévu pour dans quelques jours, elles devraient encore être patientes et elles l’assumaient.

Elles cheminèrent discrètement côtes à côtes jusqu’à une des baies vitrées de la salle officielle, contemplant l’espace constellé d’étoiles.

Sans rien dire..

Benkana, profita de ce moment aussi longtemps que possible, puis se tournant légèrement vers sa voisine, elle murmura..

“ Je ne laisserais plus jamais personne te menacer, tu en as ma parole..”

Azala la regarda s’éloigner, puis sourie..

Pendant ce temps, sur les quais de la station spatiale Maman-Lolo, une caisse s’ouvrait toute seule, et un homme en uniforme de mécanicien de Transporteur de l’Exode enfonçait bien sa casquette sur sa tête et partait vers la sortie, sifflotant un air à la mode..

FIN DU TROISIEME CHAPITRE


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RedU T1 Ch3 Ep13

Mon, 22 Nov 2010 21:23:00 GMT

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“ Mais..?” Le pirate recula d’un pas..

“Philou, alias Esprit noir, alias Pensées démoniaques, fils de Mammouth le puissant et de Vlyne la castratrice. Mais tu as un beau pedigree dans la piraterie, dis donc!!”

Philou n’en revenait pas: un container volant et parlant! Et il sentait que quelque chose vidait son esprit, mais quoi..?

Quoi !!?

Rien à faire, il ne pouvait se concentrer là-dessus, c’est comme s’il se vidait de son énergie…

Il tenta de s’enfuir, mais le monde autour de lui se repliât en une sphère tournant sur elle-même sur laquelle il tentait de courir!

L’image stupide d’une souris courant à l’intérieur d’une roue dans sa cage lui vînt à l’esprit pendant une seconde…

Il se retourna, effrayé.

“Pas évident de vivre ce qu’on fait vivre aux autres n’est ce pas mon petit philou?

Je me suis permis de te brouiller les sens télépathiques depuis un moment, pour ne pas que tu repères tes poursuivants ni l’embuscade qui t’était tendue, c’est moi qui ait également bloqué tes attaques contre la Princesse.”

Le pirate commençait à ressentir une étrange impression au centre de son corps, comme un grattement..

“Vois-tu j’ai des projets pour cette jeune femme et il est hors de question que tu viennes t’y mêler. De toutes façons, je note qu’il y a peu de pirates mentaux d’après tes souvenirs, et je suis rassuré que tu sois un des meilleurs. Cela sera donc simple de les contenir en cas de confrontation..”

Le souffle de Philou venait à lui manquer, il plia les genoux sous son poids et découvrit, avec horreur, que son torse semblait absorber son corps, comme un trou noir !!

“Ta carrière s’arrête là, Philou fils de Mammouth, je ne pourrais même pas te dire que cela me gênera d’avoir participé à ta destruction”

Seule sa tête et un bras n’étaient pas encore aspirés par le trou noir..

“ Adieu “

Azala ouvrit la porte du poste de contrôle du hangar secondaire comme une furie, elle savait ce qu’essayait de faire le pirate!

Mais elle stoppa net.

Derrière elle, elle entendit le docker qui la secondait pousser un grognement de surprise devant la scène: Philou le pirate était figé, le pouce à quelques centimètres du bouton d’ouverture de la porte principale du hangar.

Les yeux vitreux, de la bave aux lèvres, il ne bougeait plus, ne semblait même plus respirer…

En fait, effectivement, il ne respirait plus et depuis quelques minutes déjà..


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!!! SOIREE DE GALA RED UNIVERSE – Samedi 11 Décembre 19h !!!

Sat, 20 Nov 2010 20:15:00 GMT

À l’occasion de la sortie du 3e chapitre de Red Universe,nous ferons à tous l’honneur d’une soirée spéciale.

Vous pourrez, lors de l’écoute des chapitres, réagir dans le chat de Podradio avec moi-même et toute l’équipe de Podradio !!

Réservez donc votre samedi 11 décembre vers 19h heure française :)

Ainsi, que vous soyez déjà fan ou que vous découvriez ici l’existence de ce podcast, vous ne serez pas déçus!

N’hésitez pas à poser les questions que vous souhaitez voir posées pendant l’ouverture de cette soirée en les postant dans les commentaires de RedUniverse .



RedU T1 Ch3 Ep12

Mon, 15 Nov 2010 22:15:00 GMT

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L’attaque bruyante de Phil, RedaB et Adénor surpris les pirates surtout par son volume sonore!

Le premier pirate n’eu pas le temps d’éviter la batte de RedaB: le nez brisé et la mâchoire enfoncée, il s’effondra en hurlant, rajoutant au brouhaha qui se formait!

Le mental pirate fût le premier à réagir, envoyant une violente décharge psychique qui fût reçu par RedaB comme un vrai coup de bélier en pleine poitrine!

Ce fût un signal qui réveilla les autre pirates: ils firent front, se rendant compte que leurs assaillants étaient peu armés, et tandis que certains éloignaient la Princesse Azala, d’autres dégainaient leurs armes! C’est alors qu’on entendit un “ EN AVANT ! RENDEZ-VOUS !!” provenant des caisses de frets au dessus d’eux: Reda et d’autres dockers ainsi que des agents de sécurités fondaient sur le petit groupe.

Utilisant sa puissance mentale comme une masse, le petit chef de la meute de pirate se dégagea de la mêlée qui se formait. Il croisa Adénor, échappant à un de ses coups de pieds, placé trop haut, qui vint s’écraser dans le sternum d’un autre pirate! Adénor enchaina d’un coup de tête dans la mâchoire de celui-ci , elle se fractura en laissant échapper quelques dents, le projetant à terre.

Philou, le petit pirate mental courait à perdre haleine, se demandant bien comment il n’avait pas ressenti tous ces gens! Une vingtaine d’assaillants, tout autour de lui et il n’avait même pas ressenti un murmure!!

Contournant un sas, il tomba sur la Princesse Azala donnant un second coup de genou à un pirate plié en deux tandis qu’un autre se faisait bastoner par trois dockers visiblement résolus! Il croisa le regard de la Princesse, et vit ses yeux s’agrandir de fureur! Arrachant un morceau de planche, elle se précipita vers lui.

Le pirate se concentra et propulsa une onde de choc censé la paralyser.. Mais qui ne lui fît aucun effet!

Il recommença, mais le coup ne semblait pas plus atteindre la Princesse!

Il aurait bien voulu recommencer une troisième fois, mais le temps lui manqua et il évita de justesse la planche qui fendit l’air exactement à la précédente position de sa tête!

Se jetant dans l’entrée d’un second sas plus petit, il dévala des escaliers métalliques, et aboutit dans un hangar secondaire vide, où les petits vaisseaux venaient décharger.

Azala, suivie d’un docker, sur ses talons, il couru jusqu’à l’extrémité de la grande pièce et s’arrêta devant la salle de contrôle: il y entra et voyant ses poursuivants approcher, ses lèvres dessinèrent un rictus carnassier. Il tapa un code secret sur le pupitre de contrôle et lança la procédure d’ouverture de la porte donnant sur l’espace.

Le large bouton rouge scintilla: Philou écrasa son pouce dessus!

Il ne se passa rien.

Ou plutôt si: tout l’univers semblait être figé autour de lui! Azala et les autres ne bougeaient plus, comme gelés dans leur élan, même les bruits de fond des quais s’étaient tus.

Il ouvrit le sas de la salle de contrôle précautionneusement, vit que la porte du hangar était encore close malgré l’enclenchement du processus d’ouverture, tenta de sonder les alentours, mais ne trouva rien, même pas un pauvre rat.

Ce nouvel univers figé était également muet.

“Bonjour Philou !”

Il se retourna d’un bond, et vit devant lui un container qui tournait sur lui-même à presque deux mètres du sol!


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RedU T1 Ch3 Ep11

Mon, 08 Nov 2010 23:37:00 GMT

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Le groupe avançait d’un pas ferme mais sans réelle urgence. Les pirates étaient habitué à compter les uns sur les autres, et leur nombre ainsi que leur expérience du combat étaient leur force.

Au milieu de la petite troupe, la Princesse Azala, solidement encadrée par deux gaillards qui visiblement n’y connaissaient rien aux droits des Femmes, lançait autant qu’elle le pouvait des regards noirs au maître Mental qui dirigeait l’expédition.


“ Arrêtez de me hair, Femme, peut-être que vous survivrez, nous ne voulons pas votre mort: nous voulons juste votre coopération ainsi que l’argent que vous valez c’est tout! ”

La phrase avait germée dans la tête d’Azala, et celle-ci ne put réprimer un haut le coeur devant une telle intrusion.

Elle avait côtoyé des Mentaux, évidement en tant que Princesse cela lui était presque une obligation, ne serait-ce que par protection, mais jamais aucun ne s’était permis une telle intrusion dans son esprit!

“ Et encore, vous verrez une fois à bord de notre navette ce qu’intrusion peut signifier! ”

Azala voulu réagir mais ses deux “gardes du corps” ne le lui permirent pas, et elle se laissa faire, gardant ses forces pour un moment plus propice..

Pendant ce temps, le maître docker RedaB, le lieutenant Phil Goud et la mécanicienne Adénor Kerichi rasaient les murs et les frets entreposés, suivant aussi discrètement que possible les pirates.

Il leur était vite apparu que le Mental Pirate ne semblait pas se rendre compte de leur présence, pour une raison ou une autre, et, l’alerte ayant été donnée, ils se doutaient tous trois que le dénouement de cette affaire était proche..

Phil avait emprunté une barre de fer sur le trajet, RedaB avait sorti d’on ne sait ou une batte de baseball, et Adénor semblait certaine de ne pas avoir besoin d’arme. De toutes façons il y avait peu de chance qu’elle participa à l’action, Phil ne voulait pas qu’une femme, encore plus sa petite amie, puisse risquer quoi que ce soit!

Ils gagnaient du terrain, et Phil pouvait jauger, avec inquiétude, de la carrure des opposants à qui ils auraient à faire. Ces gaillards étaient tous bâtis comme des Golems et Phil ne devrait pas hésiter à frapper de toutes ses forces avec son arme improvisé!

A quelques mètres de leurs ennemis, RedaB s’arrêta, puis commença un étrange ballet avec ses mains. Plate tournée vers le haut, un doigt vers le bas, fermée en point le pouce levé etc.. Au début incongru, il suivit la direction de son regard et aperçu la silhouette de Reda et d’une vingtaine d’hommes apparaissant au dessus des pirates, dispersés sur les niveaux de frets entreposés en hauteur !!

Phil se sentait déjà rassuré, ils étaient en supériorité numérique! L’attaque serait aisée..

RedaB se tourna alors vers lui et Adénor:

“Nous allons foncer sur eux, en faisant le plus de bruit possible, l’objectif étant d’attirer leur attention et de vérifier s’ils sont armés, ce qui est sans doute probable. Dès que les pirates seront concentrés sur nous, nos amis attaqueront.

Attention, nous n’avons qu’un seul essai”

Le sang quitta le visage de Phil, il serra sa barre de fer à en luxer les jointures de ses doigts, lorsqu’Adenor réagit:

“Aucun problème, on fonce à ton signal”

Le temps que Phil comprenne et interdise à la jeune femme de participer, RedaB se précipitait en hurlant un “MAINTENANT!” la batte à la main.

Adénor partie juste derrière lui en hurlant se tous ses poumons.

Phil leva sa barre de fer et se mit à hurler à son tour en fonçant tête baissée vers le groupe de pirates, grands comme des Golems…


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RedU T1 Ch3 Ep10

Sun, 31 Oct 2010 12:22:00 GMT

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“ Si nous continuons comme cela, l’Exode ne pourra même pas quitter l’orbite de MaterOne !!”

Le général Décembre grognait d’une voix forte en longeant la salle de réunion circulaire.

“ Pourquoi ne voulez-vous pas tenter cette traversée de la passe de Magellone? Nous gagnerons du temps, mais surtout nous deviendront indécelables pour les radars à longue portée Castiks!”

Il se tourna, les moustaches hérissées par tant de rebellions dans les rangs des officiers présents devant lui!

Il y avait eu un accord, écrit et signé par tous, avant même le départ de MaterOne: une fois les portes fermées, il n’y avait plus de grade dans l’enceinte du conseil des commandants, tous pouvaient s’exprimer et seule la majorité pouvait emporter une décision. Décembre n’avait pas accepté cela de bonnes grâces, mais cet ancien commandant en chef de la garde royale comptait sur sa force de caractère et de persuasion pour venir à bout des plus récalcitrants membres du conseil!

Au pire il pouvait compter sur une majorité d’anciens royalistes..

Malheureusement…

Si Momumba Arlington était un négociateur chevronné et aguerri, la commandant Benkana était elle aussi une vétérante de la guerre et ne se laissait pas faire.

“ Décembre!” rugit JF Hill “ Vous faites de l’obstruction à cette décision vous-même! Vous savez parfaitement, que les radars Castiks ne sont pas aussi redoutables que les vaisseaux pirates qui vont fondre sur nous dès la première occasion! La passe de Magellone est un piège féroce pour tout vaisseau qui ne serait pas parfaitement équipé pour repousser les assauts!”

“ Nous pouvons leur faire face, nous ne sommes pas désarmés tout de même !” affirma Décembre, relevant son menton tout en prenant une pose d’officier supérieur blâmant un subalterne..

J F Hill était un bretteur redoutable, un harangueur de foule, il savait irradier sa présence et sa force de caractère bien au-delà des murs de cette simple pièce! Quand lui et les deux autres commandants de la révolution se mettaient ensembles, la majorité n’était plus une question d’arithmétique, mais plutôt un jeu mouvant de séduction, de caractère et d’autorité naturelle….

…Et il devait bien se rendre à l’évidence que malgré son âge et son expérience, le général Décembre était en deçà d’un homme tel que JF Hill..

Le commandant Basavetch prit alors la parole:

“ Les pirates n’oseront pas s’attaquer à nous, savent-ils que nous sommes peu armés? Comment devineraient-ils nos plans: la passe est juste après un croisement de routes stellaires..”

Arlington, J F Hill et Benkana restèrent mués de stupeur durant quelques secondes!

Comment pouvait-on être aussi aveugle? Les pirates sillonnent cette région depuis des siècles, probablement qu’ils se préparent déjà à l’attaque !

Mais un petit rire mesquin prit tout le monde de court. Junta, le politicien reconverti intervenait enfin dans la conversation!

“Allons Basavetch, non seulement nous pouvons être certains que les vaisseaux pirates ont déjà décollé de leurs repères, mais je puis vous affirmer que d’après certaines informations en ma possession, il y aurait déjà des pirates à bord même de la station pour s’infiltrer à bord de nos Transporteurs.”

“Comment ??!!!” Sterling Price et J F Hill s’étaient levés ensemble de leurs fauteuils, réagissant comme un seul homme à cette nouvelle.

“Et vous comptiez nous mettre au courant un jours Junta??” demanda Benkana, ses yeux noirs tentant sans succès de percer les lunettes fumées du politicien.

“Un homme sans regard” pensa-t-elle “ Il est dangereux, on nous avait bien prévenu..”

Mais Junta ne prêta pas attention aux différentes réactions autour de lui, il continua

“ Apparemment il y aurait plusieurs petits groupes, en général des missions d’infiltration, et peut-être quelques enlèvements de personnalités, mais je n’ai pas de précisions là-dessus.”

La réunion était devenu plus silencieuse qu’un cimetière, on aurait entendu une mouche voler.. s’il y en avait eu une !

Junta, fier de son effet, poursuivit:

“ j’ai déjà donne des instructions, et je comptais partager ces informations avec vous durant cette réunion. Il fallait les laisser s’approcher de nous pour ne pas éveiller leurs soupçons et permettre une rafle plus efficace.”

“ Je ne savais pas si je pouvais compter sur votre discrétion, voyez-vous… A l’heure actuelle des arrestations doivent avoir lieu un peu partout sur Maman-Lolo, je vous conseille cependant de bien faire un état des lieux de vos vaisseaux avant le grand départ, au moins ceux dont le transporteur a déjà accosté la station..”

Délicatement, il sortit un cigarillo de sa poche revolver, craqua une allumette et commença à fumer, profitant de la réussite de son effet sur ses co-reunionnaires.

Il savait qu’il venait de marquer un point vis à vis d’eux, mais également de rester dans les bonnes grâces de MaterOne à qui il offrait de nombreux pirates dont quelques chefs recherchés, et enfin -surtout ! – il venait de calmer les ardeurs de J F Hill, dont la barbiche devenait frisée à force d’être entortillée autour de ses doigts!

La flotte prendra la passe de Magellone, les pirates n’étaient plus un obstacle.. Junta tira de nouveau sur son cigarillo, et en savoura l’arôme..


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RedU T1 Ch3 Ep9

Sun, 24 Oct 2010 18:09:00 GMT

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Je laissais mes mains voyager le long des courbes sensuelles de ma partenaire, sentant un désir fou envahir mon esprit, inhibant toutes mes retenues..

Je redevenais un mâle dans toute sa puissance et sa fougue. D’instinct j’empoignais les cheveux d’Adenor, les tirant pour libérer son cou à ma contemplation: la tête en arrière, elle releva une cuisse contre mes hanches, désormais elle était en équilibre entre le rayon de l’entrepôt et moi, offerte et abandonnée..

Mon entre-jambe me faisait mal à se tendre tant, et je voyais les pointes des seins d’Adenor indécemment étirer le tissus de sa tenue. Je n’en pouvais plus: je mis la main à ma ceinture pour l’ouvrir…

… Quand j’entendis un raclement de gorge gêné derrière moi! Adénor eu un haut le coeur et je me retournais, en sueur.

RedaB semblait particulièrement embêté de nous déranger, il regardait avec attention un lacet de ses chaussures qui semblait légèrement décentré..

“Hum, je suis désolé, nous avons peu de temps pour régler notre petite affaire, si vous pouviez me suivre..”

Et il parti doucement vers la droite. Je me tournais vers Adénor et je la vis déjà repeignée, aussi sagement impeccable que possible, l’air fraiche comme un gardon! Elle me taclâ d’un clin d’oeil et parti à la suite de RedaB.

Je les rattrapais, coulant un regard complice avec ma compagne, et me plaçant à coté de notre guide, je lui demandais:

“ Nous allons loin?”

Il souris en coin.

“Ici rien n’est à coté, les quais sont un labyrinthe spatial aux dimensions bibliques. Mais heureusement pour vous, nous n’allons pas loin, c’est juste..”

RedaB s’arrêta net, le regard horrifié. Je tournais la tête et fut pris à mon tour d’une frayeur sans nom: le cadavre d’un homme était allongé dans un angle de l’entrepôt, un croc de boucher dans le coeur, mais le plus dur était.. Que sa tête était absente, et une mare de sang l’entourait tel un tapis macabre annonciateur de malheur..

Je n‘entendais plus rien.

Adénor me serrait le bars à me le percer, ne bronchant pas mais les yeux grands ouverts fixés sur le corps. je notais sa résistance..

RedaB leva alors la tête, puis nous repoussant en arrière chuchota sèchement:

“Reculez, vite! Allons nous cacher derrière ce tas de caisses!”

Il ne nous laissa pas le temps de poser une question, nous nous retrouvâmes à genoux à quelques mètres de la scène, abrités des regards par des quantités de frets.

“Reda?” chuchota RedaB à son transmetteur, “ préviens les gars et la sécurité, on a un grave problème à l’entrepôt E, on est en danger, prenez ce qu’il faut!”

Apparemment une réponse n’était pas nécessaire, il referma le couvercle de l’appareil. Une confiance de plusieurs années d’une solide amitié permettait ce genre de chose.

“ Voici le reste de votre informateur Princesse, évidement nous allons y replacer sa tête tout de suite!”

Un claquement de doigts, et quelque chose que je devinais innommable tomba sur le sol dans un bruit comparable à celui d’un pot recouvert de cuir, la chose roula à peine puis le son disparu.

Je regardais RedaB: il était concentré et lançait avec régularité un regard sur la scène qui se déroulait.

“Pourquoi avez-vous fait cela? C’était inutile! vous êtes des barbares!” Posa sèchement une voix de femme.

“Allons Princesse Azala, vous savez bien que c’est une question d’honneur, pour nous pirates, de supprimer systématiquement tout témoin, disons que cela participe à notre légende..”

La princesse Azala!! J’eu un frisson dans le dos! Ces pirates avaient enlevé la Princesse!

“-En avant Princesse, je sais pratiquement tout de votre défunt amis, je compte en apprendre bien plus de vous.

Allez vous faire voir! J’ai résisté au gouvernement Castiks, vous ne me faite pas peur, nabot! HAAAAAAaaaaaarht!! “

Adenor se serra encore plus contre moi, mais ses yeux restaient ouvert, RedaB restait impassible, moi je fermais les yeux!

“ Ne me parlez pas comme cela, je peux lire vos pensés, et vous n’arriverez pas à les cacher indéfiniment, par contre je peux déjà vous infliger de grandes souffrances ma petite!”

RedaB ouvrit les yeux horrifié et se tourna vers moi. Je compris ce qu’il venait de penser: un Mental ! C’était un pirate Mental, nous n’avions aucune chance de lui échapper, même de nous cacher de lui!!!


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Retard d’une semaine déjà !! Le monde tourne-t-il plus vite?

Sun, 24 Oct 2010 18:05:00 GMT

Je viens de changer d’emploi. Avant je travaillais dans la publicité, avec les retards et drames en tous genres dont nous avons déjà fait les frais.. Dorénavant cela ne devrait plus trop se produire, je suis responsable Pédagogique à Studio M Casablanca. Un titre ronflant mais qui donne le droit d’avoir ses soirées, ses nuits et ses weekends!!

N’est ce pas merveilleux.. :)

Malheureusement comme toute machine bien huilée il a d’abord fallu passer par une période d’adaptation, qui s’est elle-meme doublée d’une fin de travail (le weekend) pour la publicité, et d’un aller-retour (fulgurant) pour la France (des papiers administratifs et des affaires de famille).

Tout ceci n’excuse en rien le retard, voire la quasi disparition, de Red Universe sans aucune nouvelle durant deux semaines, mais au moins ce post aura eu le mérite de l’expliquer.

N’écoutant que son courage, Phil Goud, le co-créateur de Podradio, a eu la gentillesse de préparer un épisode qui, justement, le mettait en narrateur à la première personne !! Il s’est amusé à en faire le montage et voici donc d’ici quelques minutes l’épisode suivant, numéro 9 de RedUniverse chapitre n°3 😀

Merci à toi Phil goud

La semaine prochaine nous nous retrouverons et cette fois-ci j’espère qu’il n’y aura plus d’interruptions, pour la suite de votre saga.

Les apologies de Raoolito

Raoolito


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RedU T1 Ch3 Ep8

Wed, 13 Oct 2010 18:21:00 GMT

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Fabio s’amusait bien.

Quand il était dans sa prison souterraine, il avait réussi, après plusieurs années de concentration et de méditation, à ressentir la présence de personnes situées à des kilomètres au dessus de lui.


Son isolement total, entouré et servi par des robots, constamment drogué pour limiter ses pouvoirs, surveillé par une armée de caméra et autres instruments de mesures de toutes sortes, lui avait permis d’affiner ses sens de Mental.

Alors imaginez ce qu’il ressentait actuellement! Les dernieres prises de drogues n’agissaient presque plus et il se retrouvait au milieu d’une foule d’humain, qui vivaient leur vie sans se douter une seconde de sa présence!

Son cerveau était tel un sonar qui repérait des personnes jusque dans les croiseurs de la flotte! La station entiere était prête à tomber en son pouvoir s’il le désirait! Il avait la possibilité de lever sa propre armée de fanatiques en quelques minutes!!

Ces idiots de militaires ne l’avaient, en fin de compte, qu’aidé à le rendre encore plus puissant!

Mais il avait une mission, et l’accomplir c’etait la porte de sortie pour la liberté. Il n’avait pas le choix.

D’ailleurs, cette mission débutait sur des déroulements imprévus: il avait actuellement, du fond de sa caisse, une vision très clair de tout ce qui se passait sur le Quai, et cela ne manquait pas de piquant!

Azala, qui attendait un de ses agent qui ne viendra jamais, le couple d’amoureux Exodés profitant de leur nouvelle idylle, les dockers qui les rejoignaient, et le groupe de pirate qui s’approchait de la Princesse..

Dont un pirate assez spécial.. “Philou” c’était le surnom que semblait lui donner ses comparses.

Un Mental.. assez puissant qui plus est!

Fabio ignorait qu’il put exister des Mentaux pirates, mais, à bien y réfléchir, cette profession ne pouvait que leur réussir en effet!

Comme son frère Ralato, ce Philou était cruel, calculateur et froid comme la pierre. Rapidement il reconstitua les derniers évènements dans l’esprit des pirates..( s’abstenant de lire directement dans l’esprit du Mental, pour ne pas être repéré..)

Leurs missions, les obstacles qu’ils avaient franchis, jusqu’aux derniers meurtres dont celui du barman du Sigma’s Club pour lui voler des renseignements.. Etrangement, Fabio ne l’avait pas ressenti celui-là?

Sans doute les drogues étaient-elle, alors, encore trop concentrées dans son sang pour cela..

Ses lèvres se pinçèrent, et il ouvrit les yeux dans l’obscurité de la caisse..

Ces hommes étaient déterminés et sans aucun scrupule. Mais leur but risquait de contrarier ses projets..


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RedU T1 Ch3 Ep7

Sun, 03 Oct 2010 13:37:00 GMT

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Le dock n°4 était semblable à tous les autres docks spatiaux de l’époque. Une partie d’accostage pour les vaisseaux à fort tonnage, hors atmosphère, une partie pour les vaisseaux plus modestes, avec des hangars pressurisés, une zone de contrôles de douane, une seconde zone pour le déchargement, quelques entrepôts provisoires, et enfin une série d’entrepôts de stockage à moyenne durée. Les quais étaient donc des lieux immenses! On pouvait y travailler toute la journée sans s’y croiser et en général on ne s’y déplaçait à pied que par obligation..

Pourtant des individus de toutes sortes s’y promenaient, car c’était des lieux bien pratiques pour les rencontres discrètes..

Azala utilisa son pass spécial pour pénétrer dans la zone des entrepôts provisoires. Le lieu était dangereux durant un déchargement de vaisseau, les véhicules de transport passaient dans tous les sens, et un mauvais coup pouvait être vite reçu!

Une marque, tracée à la craie près d’une évacuation d’air au sol, lui indiquât de faire 50 mètres sur sa droite puis 50 sur la gauche. Ces codes étaient nécessaires pour la profession d’espion.

Au lieu indiqué, elle s’accroupit dans un espace sans lumière, guettant l’arrivée de son correspondant.

Pendant ce temps, à quelques centaines de mètres de là, Phil et Adénor, main dans la main, longeaient la cloison du fond en direction de leur rendez-vous avec RedaB. Le lieu de rencontre était proche de l’entrée des bureaux administratifs et des vestiaires du personnel. Il n’y avait pas trop de mouvement par ici lors des déchargements, et le lieu était assez sur..

Ils s’arrêtèrent dans un angle mort, face aux bureau, tapis dans la pénombre, et attendirent.

La proximité des deux êtres, l’ambiance étrange de solitude dans un grand espace, ou simplement une libido exacerbée avait donnée à Phil quelques idées coquines, mais….

Ce fût Adénor qui réagit la première, attirant à elle son compagnon et l’embrassant goulûment à pleine bouche.

Le couple s’enlaça.

Leurs souffles se mélangèrent, leurs langues dansèrent le ballet de l’amour tandis que les corps se pressaient l’un contre l’autre à se coller.

Devant eux un petit groupe d’une dizaine d’hommes ténébreux passa en silence. L’un d’entre eux remarqua bien le couple enlacé dans le coin, mais un petit homme au visage d’aigle lui chuchota:

“ Laisse les, ils ne verraient même pas passer un troupeau de zèbréléphants. Nous avons mieux à faire: elle est très proche de nous maintenant..”

Et toute la troupe poursuivi son chemin, en ligne droite vers l’emplacement de la princesse Azala.


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RedU T1 Ch3 Ep6

Mon, 27 Sep 2010 21:42:00 GMT

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Au bar du Sigma’s Club, l’heure de la fermeture était toute proche et Radouane essuyait les verres devant une salle vide..

Les affaires marchaient bien pour cet ancien barbane: depuis deux semaines et pour une ou deux encore à venir, il allait avoir de nombreux clients grâce à l’Exode. Son chiffre d’affaire avait triplé et il s’était même permis d’embaucher un serveur pour le soulager de la surcharge de travail !

Il prendrait bientôt un mois de vacances, avec sa Femme, dans sa région natale sur MaterOne, près des vallées et des canyons Barbanes où il avait passé sa jeunesse..

Tandis qu’il partait dans ses pensées, trois nouveaux arrivants s’installèrent au comptoir.

“ Hê l’ami! Auriez-vous une bouteille de Whisk’absinthe ? Mes amis et moi nous avons soif!”

Radouane sorti de ses pensées, et regarda ses clients. Celui qui avait parlé était un petit bonhomme d’une quarantaine d’année, un nez d’aigle, un tient hâlé et deux petits yeux pétillants d’intelligence. On sentait qu’il débordait d’énergie, et de quelque chose d’indéfinissable en plus..

Il était entouré de deux grands gaillards à la mine patibulaire qui avaient le nom “pirate” comme écrit au travers du visage..

“Prudence..” se dit Radouane..

“Hélas Messieurs, le Whisk’absinthe se fait rare de nos jour, s’il m’en reste bien quelques gouttes mais pas assez pour vous trois!”

Les trois hommes ne répondirent pas, le petit continuant de le pénétrer du regard. Radouane sentit un frisson désagréable lui remonter le long de la colonne vertébrale…

“C’est dommage, vous pouvez peut-être nous proposer quelque chose de MaterOne, non?”

L’inconnu insista bien sur le nom de la planète et cela fît une drôle d’impression. Il repensa soudain au fameux dernier chargement qui venait d’arriver au Dock n°4. Un oncle lui avait glissé une caisse d’alcool de figues de cactus qui pourrait peut-être convenir à ces si étranges clients.

“ Ecoutez, si vous êtes amateurs de choses fortes, je peux vous proposer de repasser d’ici deux heures environ, je devrais avoir une caisse..”

“ .. d’alcool de figues de cactus, oui vous nous l’avez déjà dit.” l’interrompit l’inconnu.

Celui-ci poursuivi..

“ Que pensez-vous des développements qui se déroulent sur MaterOne suite au départ de l’Exode? ”

Des goûtes de sueurs commençaient à perler sur le front de Radouane.

Son imagination lui jouait-elle des tours? Il lui semblait que le petit homme avait grandi.. Ou peut-être était-ce lui qui rétrécissait??

“Heu, non, pourquoi, il se passe quelque chose?” menti Radouane..

Son Oncle l’avait prévenu que de nombreux journaux et quelques télévisions libres avaient cessé d’émettre ou simplement déposé le bilan. De plus la police semblait noter de nombreuses choses sur des pads dans la rue, on avait perdu trace de syndicalistes et de journalistes un peu partout..

En général les médias semblaient de plus en plus abstraits, comme parlant d’un autre monde, différent de celui dans lequel vivait Radouane..

Mais sur la station, ils étaient, pour l’instant, encore épargnés par cela..

“Vous mentez monsieur” lui lança le petit homme.

Radouane tiqua puis découvrit qu’il était désormais entouré par les deux hommes de mains de son interlocuteur.

“ La Princesse Azala est à bord de la station en ce moment, étiez-vous au courant? “ le questionna “tête d’aigle” qui désormais était plus grand que Radouane!

Azala? la Princesse? Ha oui il avait entendu parlé de cela par les Reda, elle faisait partie de l’Exode. Non il ignorait ce qu’elle faisait sur la station..Il parait qu’elle a une vie assez mystérieuse, probablement des activités politique. C’est dangereux cela, Radouane s’en tient toujours écarté..

“ Le gouvernement n’aidera pas les Exodés, n’est-ce pas, ils seront livrés à eux-même..”

C’était une question ou une affirmation?

Radouane était complètement désorienté..

Il se sentait claustrophobe collé entre ces deux murs de la chambre froide.. La chambre froide? Mais que faisait-il là??

Devant lui, très haut, très loin, un homme à tête d’aigle lui parlait.. Enfin il lui semblait..

“ Merci monsieur Radouane pour toutes vos informations, dormez bien..”

Puis le ciel s’assombri, dans un froid atrocement mordant.

Le lendemain, le serveur découvrira Radouane, mort de froid, dans la chambre réfrigérée du Sigma’s Club. Tout le monde savait que la clenche était trop sensible, c’était vraiment un drame stupide !


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RedU T1 Ch3 Ep5

Sun, 19 Sep 2010 01:44:00 GMT

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Trois verres trinquaient. Les liquides brunâtres et alcoolisés se mélangèrent, renouant avec une ancienne tradition d’amitié et de confiance. Peu de musique ou d’artifices festifs tels cocktails, amuse-gueules, invités d’apparat. Non, il s’agissait de la réunion de trois personnes que le destin avait amené à partager les mêmes couleurs, les mêmes douleurs, les mêmes obstacles, et à vaincre ensemble, liés par une profonde estime et une réelle amitié.

Le Colonel JF Hill, le Commandant Momumba Arlington et la Commandant Aurora Benkana partageaient ainsi leurs retrouvailles, emplis de souvenirs de guérilla, de batailles, de doutes autour d’abris improvisé sur une montagne.. Une vie de résistant qu’aucun d’entre eux n’oubliera jamais..

Mais au delà des retrouvailles, ils formaient à eux trois presque la moitié du conseil des commandants de vaisseaux de l’Exode, ce qui signifiait qu’une demande commune à eux trois pouvait remporter facilement la majorité des voix..

“ Et vous vous souvenez de mon lieutenant, le jeune Hawkin’s ??” demanda JF Hill

“- Celui avec l’oeil de travers? “ demanda Arlington, “ Je me suis toujours demandé comment il pouvait tirer juste avec ce handicap” ..

“- Peut-être qu’il avait de la chance?” Intervint Benkana, “Après tout il était plutôt au contact des cartes d’état-majors que des soldats ennemis, non? ”

“- Mais comment vous moquez-vous de mon officier!” Grognât JF Hill, “ Il pouvait dégommer une noisette à 100 mètres avec un simple revolver!. Mais çà n’est pas cela la nouvelle, je l’ai revu récemment, il est devenu… horloger !”

“- Tiens donc? étrange reconversion, je suis certaine que cela ne t’a pas fait plaisir” insinua Benkana avec un sourire..

“- Oui au début, puis nous avons parlé.. Il m’a parlé de la guerre et de ce qu’il y avait vécu à mes coté. Cela l’avait transformé en pacifiste et, après la guerre, il s’est abandonné à sa passion des mécanismes horloger!..”

JF Hill fit une pause, le regard dans le vague, lissant une pointe de barbe de sa main droite..

“ C’est quoi donc le problème John?” demanda Arlington.

“- Sa petite affaire est florissante et même s’il s’est embourgeoisé, sa vie est simple et heureuse.. Il s’est marié et sa Femme va accoucher de leur troisième enfant. Il a baissé les armes et les as rangé, contrairement à nous. Je me suis demandé dernièrement si cela n’était pas le meilleur choix, passer le cap et se reposer..”

“- Cela ne te ressemble pas du tout ce genre de dialogue, John,” répondit Benkana, surprise de découvrir cette facette de son ami “ Tu voudrais arrêter la lutte? Renoncer à tes idéaux?”

L’oeil gauche de JF Hill vibra d’une étincelle.

“ Hahahahahahah! Benkana! tu trouveras toujours les mots pour me ramener à la réalité! Non je n’ai absolument pas renié mes idéaux. Mais je me demande où ils nous ont menés..!”

Puis il se leva, un verre dans une main, l’autre prenant appuie sur sa canne.. En quelques pas, il était devant le hublot donnant sur l’extérieur..

“ Regardez là dehors! On voit MaterOne. Et on se demande pourquoi l’on s’est battu? Une poignée de loups aux dents longues a pris les rennes du pouvoir et, en quelques années, ils ont réussi à nous expulser de notre propre planète pour laquelle nous et nos camarades avions pourtant versé tant de larmes et de sang!”

Sa main se mis à trembler..

“ Je rêvais d’une fin glorieuse sur un champ de bataille, me battant pour mes idéaux, avec vous à mes cotés dans un ultime sursaut d’honneur et de gloire..”

“- Si tu permets, je n’étais pas au courant de ma mort programmée sur le champs de bataille.. On aurait pu me prévenir, j’aurais fait un effort” l’interrompit Arlington dans un clin d’oeil à Benkana.

Mais JF Hill ne releva pas..

“ Et qu’avons-nous là? Un départ honteux, un “gentlemen agreement” pour que nous déguerpissions vers une planète tout juste vivable. Quelques provisions, quelques vieux vaisseaux géants rouillés et au revoir, laissez-nous mener notre dictature à loisir!

Cela ne vous fait-il rien?!”

Les deux amis à table soupirèrent, ils savaient bien ce que voulait dire le Colonel, mais comment, après une guerre civile si dure et si longue, demander à toute une planète de repartir dans la lutte armée?

Les populations avaient déja trop souffert, et malgré le régime qui se préparait, personne ne voulait reprendre les armes..

JF Hill fronça les sourcils en voyant la silhouette des croiseurs de l’armée spatiale se détacher sur le clair de Terre.. Leur surveillance était toujours constante, tel le regard d’un faucon sur sa proie..

“ Un jour, mes amis, nous devrons nous battre contre MaterOne, et cela sera peut-être encore pire que la guerre que nous avons connu..”



RedU T1 Ch3 Ep4

Mon, 13 Sep 2010 23:59:00 GMT

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Quelques heures plus tard, Phil tournait en rond dans l’eau de la piscine Olympique de la station.. Tel un poisson rouge en bocal, cela faisait maintenant vingt minutes que lui et la jolie Adenor étaient entrés dans leurs vestiaires respectifs, mais… Depuis son entrée dans l’eau, il attendait !

La piscine Olympique de Maman-lolo était un des luxes les plus agréables et les plus impressionnants de cette région de l’espace. Imaginez qu’il fût nécessaire de libérer 2500 m2 de surface et y apporter près de 3000 m3 d’eau, à renouveler au moins une fois chaque année ! Évidement le tarif de l’entrée est à la hauteur des efforts consentis, mais pour séduire Adenor, Phil était prêt à tous les sacrifices !

Les deux Reda(s) leur avait donné rendez-vous d’ici quatre ou cinq heures, dans une section des entrepôts. Donc dans l’optique de profiter, en agréable compagnie, d’une ultime visite de “Maman-Lolo”, la seule piscine non-terrestre connue semblait une destination de choix.

La clientèle était assez huppée : de riches voyageurs en transit, des personnels de la station en famille (avec des réductions) et quelques fonctionnaires. Aujourd’hui l’affluence était correcte pour un tête à tête dans l’eau!

Nageant au milieu des autres clients, Phil s’amusait à donner des surnoms d’animaux aquatiques aux nageurs qu’il croisait. Tel crawleur ressemblait à un Bar, tel groupe de petites filles était un banc de crevettes, tel couple de retraité faisait penser à des méduses tandis qu’une ou deux sirènes émoustillaient agréablement les pensées de leur grâce..

De grandes baie vitrées, sans tain, remplaçaient le mur du coté du corridor central de la station. On pouvait ainsi, à loisir, regarder les badauds, dockers, passagers et autres commerçants circuler, et le tout sans être vu..

Phil remarquât avec surprise une personne en particulier dans la foule. Certes, elle portait un châle gris et sa tenue était neutre, mais il savait qu’elle faisait partie de l’Exode, et peut-être qu’inconsciemment il était à sa recherche? Quoiqu’il en soit, et malgré l’étrange fait qu’elle n’était pas accompagnée ( ni garde du corps, ni serviteur..) Phil avait reconnu la Princesse Azala, héritière du trône de MaterOne, déambulant anonymement au milieu de la foule du corridor central de la station Maman-Lolo. Personne ne semblait prêter attention à sa présence: l’heure proche du déjeuner n’était sans doute pas propice à l’étude poussée de son environnement!

Tu as vu çà? Whaaaa je rêve, c’est l’ange de mes nuits qui vient d’entrer!” dit subitement un inconnu derrière lui.

Un autre lui répondit “Tu rêves, elle est pour moi cette fille !

Phil se retourna, se demandant de qui ces cuistres parlaient..

Le bikini d’Adenor semblait moulé autour de son corps pour mettre en valeur la moindre de ses formes. Si Phil était inquiet d’une “femme-camionneuse” par trop musclée, il fût immédiatement rassuré: les muscles d’Adenor ne servaient qu’à soutenir des rondeurs parfaitement appétissantes.

Son port était d’une grâce folle, elle devait sans doute y faire particulièrement attention, et, son chignon relâché, ses cheveux blonds semblaient distiller des volutes de lumières sur son passage..

Arrivée à la hauteur de son compagnon, elle s’assit, délicatement, au bord de la piscine, lui autorisant ainsi une vision plus détaillée de sa peau souple et hâlée…

Phil prit la main qu’elle lui tendait et l’aida à se glisser dans l’eau, sous les yeux ahuris de ses deux machos de voisins..

Pendant ce temps, la Princesse Azala flânait dans la station, longeant les boutiques d’accessoires de voyages, de magazines ou de cigarettes.. Elle fit une pause d’une heure à un café avec une vue imprenable sur le corridor principal. Se tenant toujours légèrement en retrait, elle voulait éviter d’être reconnue, mais à part quelques regards curieux par ci par là, personne ne semblait réagir et c’était le principal.

Sa petite virée solitaire était certes rafraichissante, et lui permettait une dernière visite de “Maman-Lolo” , mais ses arrêts répétés, ses tentatives de repérer ou de tromper une quelconque surveillance avaient un but plus immédiat: elle devait rencontrer un de ses agents sur la station, qui avait, parait-il, une nouvelle de première importance à lui transmettre..


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RedU T1 Ch3 Ep3

Mon, 06 Sep 2010 23:36:00 GMT

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“-Contrôle Maman-Lolo? Ici Cargo-ravitailleur n°7, plan de vol 5-2-Alpha-9, nous demandons l’autorisation d’amarrage à la station!

-Cargo n°7, vous êtes en avance de plusieurs heures, non ? Votre emplacement sur le dock n°4 n’est pas encore libre, veuillez vous mettre en zone d’attente, merci,”

Simo Tatami, pilote, ne l’entendait pas de cette oreille, il emportait en douce de nombreuses cargaisons de contrebande, dont plusieurs kilos de fraises-cerise encore vertes, ingrédient indispensable à la fabrication du Roubiano, et elles devaient être livrées fraiches!

Le regard perdu au travers du hublot, il chercha quelques secondes son inspiration dans la contemplation des étoiles, puis Simo appuya sur l’intercom:

“-Heu, contrôle Maman-Lolo, on a reçu l’ordre d’embarquement plus tôt que prévu car certains approvisionnements étaient en rupture de stock pour le transporteur à quai. Donc c’est assez prioritaire..”

Le contrôleur répondit, inflexible:

“-Désolé, cargo n°7, il va falloir attendre, pas d’amarrage spécial pendant les ravitaillements de l’Exode, ordre de la sécurité.

Allons mon ami, on ne va quand même pas être obligé de faire remonter l’information chez nos supérieurs quand même, il y a bien une petite place? “ insista Simo..

-“ Rien à faire, Cargo n°7. Et puis s’il y avait eu une urgence pour votre convoi j’en aurais certainement été informé. Il me semble d’ailleurs que le formulaire de douane n’indique aucune matière périssable ou dangereuse, faudrait-il faire une vérification?” insinua le contrôleur de dock de la station.

Simo murmura une insulte dans sa langue natale..

Il était évidement hors de question de laisser les douaniers fureter dans la cargaison!! Il savait ce que LUI y avait glissé, il ignorait ce que son supérieur, son patron et peut-être même des dockers avaient eux-mêmes glissés là-dedans!

Appuyant sur l’intercom, il allait s’avouer vaincu, dégouté par toutes ces fraises qui risquaient de se perdre. Mais il se surprit alors à prononcer une autre phrase!!

“ Station Maman-Lolo, je redemande l’autorisation d’amarrage, vous trouverez un espace ouvert au dock n°4, il est maintenu libre pour des cas comme çà. Autorisation Omega-4-5-1”

Simo était comme paralysé, ses membres commençaient d’eux-même la manoeuvre pour se retrouver face à l’emplacement, absolument inconnu, qu’il venait d’énoncer si clairement au contrôleur des docks!!

“ Ici contrôle des dock, autant pour moi ! Autorisation d’amarrage, accroche n°3 Dock n°4”

La voix du contrôle tournait dans la tête de Simo, et il n’en revenait pas, d’autant que sous ses yeux, il termina la procédure d’amarrage avec une perfection qui ne lui était pas commune, chaque geste semblant à la fois soupesés et emplis d’une sorte de grâce, comme un ballet!

Ce qu’ignorait Simo c’est que de son coté, le contrôleur de quai était à peu prêt dans la même situation, spectateur de ses gestes et de ses paroles. Puis une fois l’amarrage terminé, lui et Simo sombrèrent dans l’inconscience quelques secondes..

En ouvrant leurs yeux, ils avaient tout oublié, constatant seulement que tout était accompli et en règle.

“ Vite, les fraise-cerises! “pensa Simo.

Au milieu des caisses de Fraise-cerises, qui étaient cachées dans un espace à l’écart du chargement principal, une caisse était légèrement plus grande que les autres. A l’intérieur, assit sur un coussin, Fabio Ouli le Mental, esquissa un sourire de satisfaction.

Plusieurs caisses se déplacèrent alors toutes seules, plaçant celle de Fabio dans lesdonc il premières à être débarqué.


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RedU T1 Ch3 Ep2

Sun, 29 Aug 2010 18:09:00 GMT

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Les occupants des deux tables, dégoulinants de ponch ou de bières, jetèrent des regards haineux aux deux amis autour du billard.

« Ha bah bravo tous les deux!! Vous voulez attaquer mes clients maintenant?!! » grogna Radouane en se dirigeant vers le lieu du drame.

« Excusez-les M’sieur et M’dame, ce sont des clients respectueux en général, mais aujourd’hui visiblement pas !! »

Reda réagit » hé!! Non mais attend! Je n’y suis pour rien dans cette histoire, c’est RedaB qui a tiré trop fort !! »

« – Je n’aurais pas tiré trop fort si tu ne m’avais pas énervé avec ta recette stupide de cocktail Kaloteen!! Toujours à grogner pour tout! » réagit RedaB

« – Comment ça stupide??! » Rugit à nouveau Reda, « C’est parfaitement avec deux olives qu’on prépare un cocktail là-bas, et ça n’est pas « Monsieur le Barbane-qui-sait-tout » qui va me donner des leçons sur ce sujet! »

Les Barbanes étaient un peuple du centre du continent principal de MaterOne, les mouvements de population l’avait dilué avec un autre peuple migrant qui passait par là il y a plusieurs centaines d’années: les Beureux. Et malgré que les deux peuples soient, pour ainsi dire, fusionnés, et qu’on soit dans l’impossibilité de les distinguer de nos jours, une certaine discorde sur des sujets divers tels l’origine d’une famille, d’un mot ou d’une recette continuait d’apparaitre épisodiquement.

Le second client, celui bousculé par Adenor, se leva avec la souplesse d’un félin en grommelant quelque chose d’incompréhensible à son comparse face à lui. Sans un mot, les deux quittèrent la salle du Sigma’s club en lançant de furtifs regards à droite et à gauche.

Le patron Radouane leur lança bien un

« Soyez les bienvenues et n’hésitez pas a repasser! », rien n’y fait: ils sortirent par le corridor principal et disparurent dans la foule..

Les deux Reda(s) échangèrent un regard de suspicion..

“- Qu’est ce que des pirates mijotent dans le coin ?” grogna Reda

“Aucune idée” lui répondit son ami, “c’est surement en rapport avec l’Exode. Bizarre.. D’habitude un pirate çà attaque dans l’espace, pas dans une station..

Je n’aime pas çà du tout, et..”

“Moi non plus je n’aime pas çà!” l’interrompit Radouane “ Deux clients en moins à cause de vous! Vous pourriez au moins aller présenter vos excuses à ces deux autres jeunes gens!

Oui tiens, va présenter tes excuses.” insista Reda perfidement..

Dans un soupir de mépris envers son compagnon, RedaB se dirigea vers les deux tourtereaux, couverts de ponch..

“-Je suis vraiment désolé, Monsieur et Madame, mon ami est quelque peu énervant et je n’ai pas réussi à bien mesurer la force que je mettais dans mon tir..” s’excusa RedaB

“Quoi??!!“ Rugit à nouveau Reda

– ”Le problème c’est que c’était ma seule chemise de soie Barbane”, lui répondit Phil, “et le ponch çà tache énormément !

De la soie Barbane, pour notre rendez-vous? Que c’est chouuuu!!!” fondit Adenor, oubliant presque instantanément qu’elle dégoulinait du même ponch..

Reda apparu enroulant son bras gauche autour des épaules de son ami:

“- Mais vous tombez très bien Monsieur et Madame! Vous avez un Barbane pure souche devant vous”, indiquant Reda de sa main libre, “ Il se fait fort de vous procurer ce genre de produit, n’est ce pas?

heu.. oui, bien sur..“ répondit RedaB n’osant pas trop s’avancer.. “ Ya effectivement le gros arrivage de cet après-midi au dock. Mon cousin m’envoie quelques petites choses, et parfois des vêtements de soie Barbane en effet..

Tu parles du cargo 7?“ S’enquit Reda, “Celui qui livre les dernières fournitures pour..? “ il montra le plafond de ses yeux..

“Pour quoi ? ” questionna Adenor

“Ben pour les Exodés M’dame“ lui répondit Reda, “ c’est le dernier chargement, un des plus gros, il y a tellement de caisse qu’on va mettre 3 jours à le décharger..”

Fièrement Phil bomba le torse.

“ Mais nous faisons partie de l’Exode Monsieur Reda, et j’accepte avec plaisir cette possibilité de trouver d’autres vêtements de soie Barbane d’autant que je risque de ne plus en voir avant longtemps!

Détrompez-vous ! “ lui lança Reda, “ Mon ami en vend pas mal depuis que les transporteurs sont en ravitaillement, çà et les ingrédients pour le Roubiano, çà fait fureur! “

A ce nom, Phil et Adenor en eurent l’eau à bouche. Leurs regard se croisèrent. Voici un sacré cadeau pour leur descente sur Maman-lolo: une réserve de Roubiano !!


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RedU T1 Ch3 Ep1

Sun, 22 Aug 2010 15:39:00 GMT

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La boule numéro six vint taper doucement la numéro trois, les entrainant toutes deux dans un mouvement savamment calculé vers le trou au milieu de la table de billard, bande de gauche..

Reda n’était pas peu fier de son coup! Il avait placé les boules pour son prochain tour mais les avait rendu inaccessible pour son adversaire: la boule blanche était désormais du mauvais coté d’un groupe composé de quatre boules numérotées..

Il se tourna vers RedaB, son adversaire et ami.

« -Bien joué, pas mal! “ lui répondit celui-ci, “Ça ne serait pas avec moi, on pourrait croire que tu es très fort, mais je vais tout de suite rectifier ça! »

« -Essaye donc de faire pareil avant de faire le malin!! “ Répondit Reda.

Les deux amis tournaient ainsi autour de la table de billard du Sigma’s club depuis des années, s’évertuant, tel un vieux couple, dans des querelles toutes aussi vaines que tatillonnes. Tous deux dans la force de l’âge, tous deux mariés avec des enfants, et travaillant pourtant encore ensemble, comme employés, dans une société gérant deux espaces sur les docks de la station spatiale “ Maman-Lolo ”, ils se retrouvaient ainsi tous les soirs, parlant de billard, de femmes et.. de Maman-Lolo.

Le Sigma’s club était un des plus ancien endroit de détente de la station spatiale, et Reda et RedaB en étaient parmi les clients de l’origine. Certains coins tombaient en ruine, et la qualité des boissons laissait à désirer, mais la devanture continuait de donner illusion et des clients crédules, très souvent des passagers en transit ou des marins profitant d’un moment de détente, continuaient à honorer cette relique des débuts de la station.

Reda se tourna vers le barman.

» Radouane, deux cocktails Kaloteens, mais je veux la bonne recette cette fois! Avec de la vraie kafine et DEUX olives!

Vous êtes certain? Avec deux olives?” Demanda le barman à l’intention de RedaB

– “ Ben non! Un cocktail Kaloteen, ça se prépare avec une seule olive! Tout le monde sait cela.. » dit-il en se plaçant dans le meilleur angle pour tirer la boule blanche. Il allait tenter un coup en boule volante, histoire de remettre Reda a sa place!

« – N’importe quoi! Une seule olive?! Mais c’est fade, ça n’a aucun goût! Quand je bois quelque chose, je veux que ça soit consistant et avec de la saveur!” Rugit Reda

– “Regarde plutôt ce tir-là », le coupa RedaB

D’un coup sec, il frappa la boule blanche à son pied et celle-ci décolla au-dessus du groupe qui lui faisait barrière, en direction du milieu de la bande gauche! Elle toucha bien la boule six, qui fini son chemin dans le trou, mais ensuite elle rebondit, et sorti en dehors de la table!

Elle rebondit une nouvelle fois sur le plateau d’un serveur, et fini sa course dans un verre de ponch que partageaient Phil et Adenor, pour leur premier rendez-vous à bord de la station!!

Adenor recula brusquement sous la surprise, bousculant son voisin de derrière, qui s’étouffa dans sa chope de bière!


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Red Universe: La playlist du second chapitre…

Sun, 15 Aug 2010 13:54:00 GMT

Voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Voici certains nouveaux titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • L’accident dans le satellite qui a valu les pouvoirs que l’on sait au contre-amiral Poféus était illustré par « court-circuit » du groupe Suerte dans son album « Pasteque »
  • En arrivant sur le transporteur, la commandant Benkana rêve devant la profondeur de l’espace, avec Marcos Cala (album « sentimiento ») et son morceau « Selva »

  • Celestial Aeon Project ( encore et toujours :) ) sera un point d’orgue dans le chapitre 3 avec « Procession » de l’album « Aeon 2 », le thème du conseil des commandants de la flotte..

ET..

  • l’incontournable musique du colonel J.F. Hill: « Diari Perduti » de l’album de Talco « Combat Circus » dont je ne peux résister à l’envie de vous la faire réécouter :)

Catalogue professionnel de musique libre

Et sur cette musique de guerilleros emplis d’espoirs fous,

je vous donne rendez-vous très bientôt pour le chapitre suivant intitulé » Maman-Lolo «

comme toujours, laissez-nous vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito



RedU T1 Ch2 Ep12

Sun, 15 Aug 2010 13:38:00 GMT

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Autour de la table, installés dans des fauteuils, se trouvaient les co-réunionaires. Le Général Décembre était le commandant du Transporteur n°1, c’était lui l’hôte de ces lieux. Dans la force de l’âge, c’était un des anciens généraux de l’armée royale qui avait prêté allégeance à la jeune république Castiks avant d’être déçu par ce qu’il voyait. Ou plutôt probablement ce qu’il ne voyait pas, comme le Commandant Basavetch, à la tête du second transporteur. Les anciens nobles avaient vu leurs privilèges disparaîtrent les uns après les autres, supprimés par une République voulant par là donner des gages aux peuples de MaterOne mais reniant également la parole donnée aux anciens ennemis pour qu’ils rendent les armes( Sous l’ancien régime, Décembre était Conte et Basavetch était Baron ) ! D’ailleurs Benkana se demandait si ces personnalités de l’époque de la royauté n’avaient pas secrètement l’intention de recréer leur régime sur la future planète rouge ??

Le Colonel Sterling Price, commandant du transporteur n°6 était également un conte de l’ancien régime, mais c’était avant tout un brillant tacticien, considéré comme un maître dans l’art de la guerre, jusqu’à sa fameuse bataille avec JF Hill qui a détruit son mythe et poussé sur les sommets de la gloire son adversaire! Pourtant Sterling Price ne semblait pas donner place à la rancoeur contre Hill, et le regard qu’il lui lança semblait plus emprunt de respect envers un valeureux adversaire qu’autre chose.. Le Colonel Sterling Price n’était pas un royaliste fanatique et on disait même qu’il s’était déjà heurté à plusieurs exagération ou inégalités du pouvoir royal durant sa jeunesse. D’ailleurs, sur ses terres, le servage avait déjà été aboli depuis plusieurs générations et la famille Sterling était plutôt appréciée par les différentes couches sociales..

Le transporteur n°3 était sous la responsabilité du Commandant Momumba Arlington, un autre frère d’arme de Benkana et Hill.. Malgré l’instant assez martial d’une réunion entre militaires, il se fendit d’un appréciable sourire dans leur direction ainsi qu’un petit signe de bienvenue amical. Mais dans ses yeux on sentait qu’il comptait bien, plus tard, fêter dignement leurs retrouvailles..

Le dernier membre de la réunion n’était plus militaire depuis plusieurs années mais il avait gardé son grade dans la marine spatiale: le commandant de vaisseau Junta, responsable du transporteur n°4. Cet homme était entré dans la politique et avait plusieurs fois été ministre de la défense ainsi que des affaires spatiales. En fait c’était certainement le seul personnage qui n’avait, semble-t-il, pas de raison de prendre part à l’Exode. Obscur capitaine royaliste durant la révolution Castiks, il avait renié ses anciens maîtres et s’était fait une place dans le nouveau pouvoir. Peut-être avait-il flairé tout simplement la possibilité d’une carrière encore plus florissante dans l’Exode ainsi que dans le futur pouvoir politique qui naitra une fois arrivé à destination? Seul politicien civil des membres de la réunion, c’était celui qui aurait certainement le plus de mal à imposer le respect parmi ces vétérants.

Avec l’arrivée du Colonel JF Hill et du Commandant Aurora Benkana (respectivement à la tête des transporteur n°5 et 7 ) tous les participants étaient présent. Les plantons fermèrent les portes sur un signe du General Décembre tandis que les derniers venus prenaient places dans leurs fauteuils de cuir.

La réunion allait pouvoir commencer.

Benkana regardait ses condisciples..

L’Exode était la, devant elle… Et maintenant débutait l’autogestion qui devrait les amener jusqu’à Antares IV, les espoirs d’une partie de l’humanité étaient dirigés ici et maintenant, sur eux sept…

A coté du transporteur n°1, allaient et venaient les dizaines de ravitailleurs, destinés à Maman Lolo qui brillait en permanence de ses milles feux, entourée des énormes transporteurs de l’Exode…

Les croiseurs de l’armée Castiks sinuaient lentement au loin, surveillant d’un oeil attentif le déroulement des opérations..

Et autour de MaterOne, les satellites tournaient encore et encore, relayant leurs flots d’informations…

Fin du Chapitre II


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Second retard de sortie!!

Sat, 07 Aug 2010 19:18:00 GMT

« Monde de merde..!! »

C’est par ces mots que je réagis à l’appel de ce gentil réalisateur qui me téléphona il y a deux heures pour venir travailler ce soir et demain sur un projet de publicité à livrer… demain soir ( dimanche!! )

Comment dire non? Ce garçon est charmant et c’est un projet important pour lui.

La période des « vacances » (qui ne concernent pas votre serviteur, en plus!!) est propice à des trous de production, ce qui permet aux gens de partir en congés, dates posées plusieurs mois à l’avance… Mais cette année, la période de Ramadan ( mois sacré pour les Musulmans, et donc pour les publicitaires ) apporte son lot de super-prductions et de délais fous et surcharges. Apres 13 jours d’affilée sur un projet avec Renault, qui est fini hier, me voici rembarqué sur autre chose, et on m’a déja donné un travail pour Lundi matin..

Dans ces conditions vous comprendrez que les quelques heures de repos que je pourrais trouver, je les monopolise à.. dormir !

Un jour vous l’aurez, promis 😉

ce n’est qu’une question de temps, d’energie et de.. publicité !!!

Cordialement

encore navré

Raoolito



Retard de sortie REd UNIVERSE….

Tue, 03 Aug 2010 08:04:00 GMT

Encore une retard dans votre Red Universe..

Il s’agit du dernier épisode du second chapitre, mais des délais dans la publicité m’empêche d’assurer le service minimum. J’ai bon espoir de pouvoir vous rendre votre bonheur avant la fin de la semaine, ainsi que tout ce qui l’accompagne: playlist, pdf, etc…

Bref, un peu de patience, merci de votre compréhension

Raoolito



RedU T1 Ch2 Ep11

Sun, 25 Jul 2010 20:05:00 GMT

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La Commandante Benkana et le Colonel JF Hill progressaient le long du corridor qui les amènerait bientôt à la première réunion du conseil des commandants de l’Exode, avant le départ..

-” J’avoue ne pas trop savoir à quoi m’attendre là-bas..” interrogea Benkana

-” A des retrouvailles de vieux amis, de vieux ennemis et de quelques inconnus que le virage pris par la république Castiks a fait fuir, voilà ceux que nous allons rencontrer ” Répondit JF Hill.

-” Si c’était si simple… Certes Momumba sera également de la partie, on se sentira moins seuls. Tu l’as revu récemment ?” demanda Aurora

-” Oui, il y a une dizaine de mois, lors d’un grand rassemblement à la capitale, militant pour l’égalité des droits pour les minorités. Tu ne seras pas surprise d’apprendre qu’il était en tête de cortège et qu’il haranguait la foule comme un chef!”

-” Bien sur: il a toujours été comme çà!! Je me souviendrais toujours de son attitude à El Mouta ! La garnison d’en face nous a livré ses chefs et les clefs après qu’il leur ai parlé pendant une heure au mégaphone!! ”

Le Colonel JF Hill parti d’un grand rire..

-” Hahaha, sacré Momumba,! Sa force a toujours été de ne pas comprendre que certaines choses étaient impossibles et du coup, ça fonctionne !!

Mais dis-moi John, l’interrompit Benkana, comment comptes-tu aborder ta rencontre avec le Général Sterling? Et ne me dis pas que vous allez tomber dans les bras l’un de l’autre ?!

Sterling Price s’est pris une raclé et il l’a toujours admis! La bataille des Monts Atos est loin et nous nous sommes croisés déjà une fois par hasard. A l’époque on s’était promis de refaire la bataille sur le papier avec des pièces d’échec! Je pense que nos allons en avoir l’occasion durant les prochaines années !

Tu prévois un voyage d’agrément? s’enquit Benkana dans un grand sourire. Pourquoi suis-je certaine que çà ne sera pas le cas?

Parce que tout simplement je viens de le dire, donc çà n’arrivera pas !!”

Et ils repartirent tous deux dans un grand éclat de rire.. Interloquant les gardes tout le long du corridor.

La première rencontre allait donc avoir lieu dans le transporteur n°1, après tout, cela pouvait paraître logique. Au fur et à mesure des rencontres, on changerait de vaisseau pour des raisons de commodités mais également pour souder un peu plus les élites et les faire se déplacer à l’intérieur de la flotte.

La salle de réunion du premier transporteur, proprement dite, était un quadrilatère simple encadrant une table circulaire destinée à accueillir une dizaine personnes au plus. De dimensions modestes elle n’en possédait pas moins les dernières technologies: au centre de la pièce, descendant du plafond, la pointe d’un émetteur holographique permettait d’afficher par exemple des cartes spatiales juxtaposées. Un des derniers couteux gadget en vogue dans les administrations.. Ce n’était pas la salle de meeting principale du vaisseau mais comme cette première réunion était informelle, sans les collaborateurs de chacun, elle conviendrait parfaitement.

Benkana et Hill passèrent les plantons de garde puis le sas étanche, et pénétrèrent dans la salle. Ils étaient évidement les derniers.


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RedU T1 Ch2 Ep10

Mon, 19 Jul 2010 21:06:00 GMT

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Sans être décontenancée le moins du monde par les propos brutaux du Colonel, la Commandante se rapprocha de lui en rétorquant:

“ Si moi, je mérite le peloton d’exécution, mon Colonel, alors que méritez-vous? ”

Elle stoppa face à lui, les yeux bleus de Benkana dans les yeux bleus de JF Hill..

Le colonel JF Hill provenait des mouvances anarchiques qui avaient remué le monde intellectuel et politique de MaterOne il y a une quarantaine d’année. Et même s’il avait grandement changé, il en gardait plusieurs habitudes non protocolaires vis à vis de lui-même, de ses hommes ou de ses amis.

Assez grand, mince, des cheveux ondulés noirs de jais, surplombants un visage maigre qu’une longue barbe parfaitement peignée allongeait encore plus, ses deux petits yeux pétillants d’intelligence étaient enfoncés sous des cernes bleues nuit, reliquat des longues soirées à veiller dans la clandestinité de la jungle pour préparer sa grande révolution populaire!

En contraste avec cette existence de guérilla, JF Hill prenait systématiquement des allures de gentleman impeccable: propre, chic toujours le même parfum et des manières de prince.. Sauf avec Benkana !

Eclatant soudain d’un grand rire commun, les deux amis tombèrent dans les bras l’un de l’autre, allant jusqu’à s’embrasser ( ce qui choqua une seconde fois l’ordonnance, peu habituée à cette convivialité de la part de hauts gradés !! )

“ Dis donc tu as pris du poids depuis l’année dernière! Ne me dis pas que tu continues à te plaindre de ton petit bobo à la jambe pour avoir plus de roubiano de ta femme !! “ le tança Benkana ( le roubiano est un plat typique de la région de MaterOne d’où sont originaires JF Hill et Benkana. Très nourrissant !!)

“ Toi aussi tu as pris des rondeurs “Achtouka” mais ta poigne est toujours solide! C’est bon de te revoir petite soeur “ lui répondit JF Hill tout en enlaçant à nouveau sa soeur d’arme. “Achtouka” signifiait “petite soeur” du coté d’où ils étaient originaires et il avait donné ce surnom il y a longtemp à Benkana, durant la guerre..

-“ Viens, poursuivons le chemin nous y sommes presque nous arriverons ensembles là-bas..” proposa-t-il.

-” Avec plaisir John” répondit la commandante


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RedU T1 Ch2 Ep9

Sun, 11 Jul 2010 15:58:00 GMT

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Une à une les arches du corridor défilaient autour de la Commandant Aurora Benkana tandis qu’elle progressait au travers du transporteur n°1 vers le lieu de la réunion avec les six autres commandants de bord de l’Exode.


Les militaires de garde le long de son trajet faisaient partie du bataillon de ce vaisseau, chaque vaisseau en contenait un d’une soixantaine de membre avec quelques auxiliaires administratifs. Le corridor où évoluait Benkana avait été investi par la sécurité et interdit au public, réservé à l’arrivée des membres de la réunion, enfin plutôt de ceux qui ne prenaient pas la navette tubulaire extérieure. Il faut dire que Benkana fait partie de ces hauts gradés n’appréciant pas l’assistanat permanent dont faisaient l’objet les personnalités puissantes. Cela oscillait entre la servilité des bancs de suiveurs qui mendiaient une faveur ou un regard à longueur de journée, à l’attention étouffante des collègues proches et de confiance qui pensaient que le moindre effort entrainerait votre disparition !

Benkana préférait le contact du sol, la rencontre des sons et des odeurs des êtres humains sous son commandement, même avec ces soldats anonymes figés dans un garde à vous protocolaire. Il lui fallait ressentir le monde dans lequel et par lequel elle existait! Son ami, le Colonel J.F.Hill une des figues principale de la Révolution Castiks, ou le Commandant Arilton, symbole de la résistance des esclaves noirs à l’origine du mouvement de révolte, étaient de la même sensibilité: on ne pouvait pas comprendre le moral de ses troupes ou extrapoler la conclusion d’une bataille si on ne percevait pas les ambiances !

Le couloir fît un coude à gauche ..

“ La salle est dans cette direction, mon Commandant” lui indiqua, en la saluant, l’ordonnance placée à cet endroit.

Poursuivant sa traversée du vaisseau, Benkana aperçu une seconde ordonnance à un croisement, une centaine de mètres devant elle. Le soldat venait visiblement de renseigner à l’instant un autre visiteur. Un mélange indéfinissable de parfums de musc, de cèdre et d’Ylang-Ylang parvint aux narines de la Commandante.

Elle pressa le pas.

Son prédécesseur avançait visiblement plus lentement qu’elle, normal: il boitait de la jambe gauche suite à une grave blessure due à un bombardement vers la fin de la guerre civile.

Le coude du corridor passé, elle l’aperçue.

“ Colonel, alors? Toujours tiré à quatre épingles? “ lança-t-elle..

Le colonel JF Hill se retourna avec un sourire, faisant voleter sa parka de cuir. Toujours en appui sur sa légendaire canne de bois, il leva un poing vengeur:

“ Commandant Benkana, vous êtes la honte de l’armée, vous méritez le peloton d’exécution!! “

L’ordonnance, debout derrière Benkana, émis un hoquet de surprise..


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RedU T1 Ch2 Ep8

Sun, 04 Jul 2010 22:27:00 GMT

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Par le hublot de la navette de transport, Benkana regardait la voute étoilée de l’Univers où l’Exode allait bientôt s’engouffrer.


Elle reconnaissait de nombreuses configurations d’étoiles parmi celles qui se présentaient à ses yeux: la formation du Kalmot aux deux supernovas (les plus gros gisements de lithium se trouvaient là-bas ), les somptueux nuages de poussière d’Helmut IV ( la pouponnière d’étoiles ), et bien sûr les “voisines” du Soleil de MaterOne, à quelques centaines d’année lumière, les étoiles Adénor et Octava.

Certes, pour un commandant de vaisseau spatial, c’était une obligation de savoir reconnaitre la majeure partie de l’environnement stellaire autour de MaterOne, ( bien qu’à la première transition multispaciale ce décor allait changer radicalement vu les distances parcourues, mais il y a des traditions dans la marine, c ‘est comme çà..!), cependant Benkana était tout d’abord cartographe (son métier originel), avant de grimper les échelons durant la révolution Castiks.

Un sourire se dessina sur ses lèvres: les hauts personnages qu’elle allait rencontrer avaient écrit l’Histoire plus ou moins proche de cette révolution ! Les plus hauts faits d’armes de la période avaient impliqué de prêt ou de loin au moins une de ces personnes, et en fin de compte la Commandant Aurora Benkana ne dérogeait pas à la règle, s’étant elle-même alors couverte de gloire..

Se dessinant sur le clair de terre de MaterOne, on pouvait apercevoir les silhouettes des cuirassés qui surveillaient discrètement le bon déroulement des opérations, pour le compte du nouveau gouvernement Castiks. Prudence est mère de toutes les suretés comme on dit..

La navette amorça son virage pour se présenter dans l’axe de la piste d’appontage du transporteur n°1, ce faisant elle étala sous les yeux de la commandant les feux de la station d’accueil principale de MaterOne, “ Maman Lolo”.

Auréolée de milliers d’étoiles bien plus animées que celles de l’Espace tout autour, Maman lolo brillait comme un phare où grouillerait des centaines d’insectes attirés par sa lumière, présentement les véhicules de transport, ravitaillement, surveillance, réparations auxquels s’ajoutaient les vaisseaux en approvisionnement eux-mêmes, qu’ils soient cargos, véhicules de croisières, tourisme, transports…

Et la présence, accostés à deux de ses docks, de Transporteurs de l’Exode n’était évidement pas faite pour calmer l’activité!

Les préparatifs du voyage allaient bon train: après 50 heures de travail ininterrompu, on annonçait enfin pour proche la clôture de l’approvisionnement des transporteurs n°2 et 5. Ce serait ensuite le tour des transporteurs n°1 et n°3, puis celui des n° 4 et 6. Le transporteur n°7 de Benkana terminerait les 8 jours et quelques heures prévues à cet égard, et le grand départ final devrait normalement avoir lieu de lendemain.

Il était dommage que seuls deux docks pouvaient être mis simultanément à disposition d’un évènement si inhabituel et d’une telle importance, mais Maman lolo ravitaillait réellement plus des deux-tiers du transport spatial de MaterOne, et elle n’avait que quatre docks! Déjà la seule présence de l’Exode avait décuplé l’activité de la station d’accueil n°2, celle de l’autre coté de l’orbite de MaterOne, plus modeste mais qui arrivait à contenir le surplus avec un roulement frénétique de ses équipes..

Les parois du hangar du transporteur n°1 emplirent l’espace visuel du hublot et la ramenèrent à la réunion qui allait avoir lieu à bord, et qui justifiait son éloignement momentané de son Transporteur.

La première réunion de bord du conseil suprême de l’Exode, les Septs commandants des sept vaisseaux Transporteurs…


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RedU T1 Ch2 Ep7

Sun, 27 Jun 2010 19:57:00 GMT

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Le rapport déterminera bien plus tard que la disposition des protagonistes était la clef de l’accident: au centre la machine et les deux cobayes, surplombés par des gradins en métal, et entre les deux un gradin spécial avec Poféus et QuartMac debout. Parmi les facteurs négligés par le psychiatre fou: un communicateur portable à long rayon d’action dans la poche de Pofeus et une éruption solaire de forte intensité alors que le satellite n’était pas protégé derrière la planète MaterOne..

Sur le dit rapport on reconstitua la chronologie suivante:

09h59: explosion à la surface du soleil, une vague solaire électromagnétique s’éloigne à la vitesse de la lumière vers Mater One..

10h05: début de l’expérience..

10h10: Poféus reçoit un appel ( le destin étant joueur, il s’agissait du rapport de réussite de la rafle de Fabio et Ralato dans les bas-fond de Mater One.. )

10h16: la vague solaire atteint le satellite de plein fouet. Des perturbations électriques font sauter les disjoncteurs.. Les générateurs secondaires s’activent automatiquement.

10h17-05sc: Les gradins produisent un effet de concentration des ondes électromagnétiques, et les dirigent sur l’appareil à prisme.

10h17-09sc: le Mental normalement sous sédatifs se réveille les yeux exorbités et hurle comme un fou alors que du sang gicle soudain de plusieurs orifices naturels ( dont le nez, les yeux, la bouche et les oreilles..)

10h17-11sc: un arc électrique puissant se forme entre la machine et le gradin de Poféus et QuartMac. Le métal du communicateur de Poféus amène directement la charge à ses tempes tandis qu’elle irradie dans le corps de QuartMac..

10h17-23sc: tous les générateurs secondaires encore en activité sont coupés, l’arc électrique s’arrête et les lumières de secours s’éteignent.. La station entière entre dans l’obscurité.. Les systèmes de survie sont coupés..

10h18: Le contre amiral Pofeus ainsi que le psychiatre QuartMac s’évanouissent dans leurs gradins.

10h19: le Mental Meurt, en envoyant une ultime pulsation psychique qui tue tous les êtres conscients à bord de la station.

11h24: le psychiatre QuartMac se réveille et constate l’étendue du drame. L’oxygène ne s’est pas raréfié, vu qu’il ne reste que deux personnes en vie dans la station…

11h42: il appelle les secours grâce au système d’appel militaire par largage manuel de balise.

Une demi-heure plus tard un vaisseau militaire accostera à la station. Tous les généraux, les infirmiers, les auxiliaires médicaux, les gardes et les deux cobayes avaient trouvé la mort. Le psychiatre n’avait en apparence que quelques brulures internes, mais on diagnostiqua la formation d’un oeudeme au sous-lobe frontal. Un opération chirurgicale n’était pas possible, il décédera quelques mois plus tard.

Quand au contre Amiral Pofeus, il sorti du coma après quelques semaines, et mis à part de légères séquelles de mémoire immédiate ou de réadaptation et une brulure à l’oreille, rien ne semblait anormal sur le plan physique ou psychique.

A un détail prêt..

A partir de ce jour, le contre amiral Poféus était devenu invisible à tout pouvoir Mental. En fait il n’existait pas pour les Mentaux sinon par leurs propres yeux. Poféus était désormais au-dessus des Mentaux, il était le seul être de MaterOne intouchable par leurs pouvoirs.

Fabio allait en faire la douloureuse expérience quelques mois plus tard..


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RedU T1 Ch2 Ep6

Mon, 21 Jun 2010 21:17:00 GMT

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Fabio Ouli, QuartMac, les Mentaux..

Dans son véhicule, entouré de l’armada habituelle aux déplacements des personnages importants de l’Etat, le Contre-Amiral Poféus se laissa à nouveau vaguer dans ses pensées.. Il sentait confusément que quelque chose d’important se trouvait dans l’origine des Mentaux, sauf qu’il ne savait pas quoi..

Ralato Ouli était un personnage efficace et dangereux, bien avant ses propres pouvoirs de mentaux, tandis que son frère Fabio, lui ,était dangereux de par ses pouvoirs même!! Et comme par hasard il était le seul Mental affilié à un autre Mental connu.. Normalement il y a plusieurs dizaines de générations entre deux Mentaux dans une même lignée, et encore, quand il y en a deux! Certaines familles princières s’enorgueillissaient d’avoir eu 3 mentaux dans leur famille.. Sur 17 générations.. Une gloire un peu forcée, car on pouvait trouver cette statistique chez n’importe quelle famille de MaterOne..

Le Contre Amiral soupira, il lui aurait fallu le professeur QuartMac pour répondre à ces questions..

Et cette pensée le ramena tout naturellement à son accident..

Avant de découvrir Fabio Ouli, QuartMac avait tenté une expérience: s’il ne pouvait reproduire avec exactitude les pouvoirs d’un Mental malgré des années de recherches, il avait trouvé une piste pour transférer ces pouvoir d’un individu à un autre!

Cela entrainait la mort du Mental d’origine, mais dans certains cas, on avait constaté l’apparition de facultés propre aux Mentaux chez le sujet de destination !!

Exalté par sa découverte, il avait invité toute une clique de généraux et autres hauts gradés de l’armée pour une présentation au sein même de son satellite. Poféus en faisait évidement partie..

C’était en fin de matinée, durant le mois de Septembre lui semblait-il. Tous étaient arrivés sans encombres bord d’une navette militaire dont le plan de vol était tenu secret, comme tout ce qui avait trait à ce satellite. Accueillis à grand renforts de remerciements par un QuartMac débordant de cette joie caractéristique d’un enfant ayant une bonne note à montrer à ses parents, les dignitaires prirent place pour assister à l’expérience.. Ils furent Installés sur des gradins suspendus au dessus d’une pièce sans plafond de dix mètres de haut et on leur avait distribué quelques rafraichissements dans l’attente du commencement de l’expérience..

Au centre de la pièce se trouvaient deux lits, déjà occupés par deux personnes, toutes deux endormies sous sédatifs. L’une était attachée par de robustes sangles, sans aucun doute le Mental, l’autre était en paix, le volontaire receveur..

Une sorte de machine de démence, formée d’une multitude de prismes tournants sur eux-mêmes trônait entre les deux protagonistes, et de la base de l’engin partait un unique fil, fin et translucide, dont l’extrémité était fixée par chirurgie à la base de leurs nuques respectives. Enfin de nombreux appareils de contrôles médicaux surveillaient en permanence l’état des patients et deux infirmiers veillaient dans un coin de la salle..

Le contre Amiral était aux cotés du psychiatre, pour présenter le futur exploit. Quelques formules d’introductions, quelques présentations, et voilà que l’expérience pouvait commencer.


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RedU T1 Ch2 Ep5

Sun, 13 Jun 2010 19:16:00 GMT

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Le lieutenant Ralato Ouli était un homme efficace, sans ces notions de bien ou de mal qui ternissent la réputation d’un bon agent. Le contre-Amiral Poféus le savait et appréciait les qualités de celui qui était son second, ou, pourrait-on dire dans d’autre périodes, son âme damnée..Ses facultés de Mental étaient un plus extraordinaire dans le “métier” qu’il exerçait, mais il y avaient d’autres Mentaux dans les murs du ministère de la défense.

Non.

Ce que Poféus admirait chez son lieutenant, oui on peut parler d’admiration, c’était cette logique implacable, cette terrible machine à calculer qui occupait le cerveau de son adjoint.

N’avait-il pas proposé lui-même son propre frère Fabio pour servir aux sombres projets de déstabilisation de la flotte dans l’espace? Une vraie mission suicide pourtant! Avait-il hésité à faire torturer l’espion d’Azala, ou à faire disparaître de si nombreux témoins que Poféus lui-même ignorait leur nombre exact??

Cependant, malgré toutes ces preuves de loyautés indubitables, le contre-Amiral savait que s’il fallait se méfier de ses ennemis, il fallait encore plus se méfier de ses amis. Ralato était un Mental qui connaissait tous les rouages, tous les secrets de la mécanique Castiks. Il avait potentiellement la connaissance de tous les mensonges intimes de toute personne croisant son chemin, allant jusqu’à connaitre leurs subconscients! Un être aussi doué et efficace aurait dû être lui-même supprimé car sa menace était terrifiante dans le milieu des comploteurs et des espions..

Mais là encore, Pofeus lui, n’avait rien à craindre: le destin, qui avait été si généreux avec lui, avait offert un cadeau dont le prix était inimaginable!

Un accident lors d’une expérience..

C’était il y a déjà quelques années, lors de la préparation de l’assassinât de plusieurs hauts fonctionnaires du Palais Royal. Poféus, haut responsable militaire, collaborait en secret avec un savant dans l’espoir de développer une arme mentale qui ne laisserait pas de trace, c’était un psychiatre, le docteur QuartMac.

Plus exactement, c’était un fou dangereux qu’on avait sauvé in extremis de la sentence de la cuve électrique pour toute une série “d’expériences“ qu’il avait commises au nom de sa “science”, expériences qu’il put reproduire à loisir dans un satellite artificiel que l’armée lui mit alors à sa disposition..

Ses recherches portaient sur les Mentaux, il voulait découvrir comment s’accaparer leurs pouvoirs, et également comment s’en protéger: encore maintenant, la meilleur protection contre un Mental reste un autre Mental, mais comme dit l’adage: qui protège du protecteur?

Donc QuartMac farfouillait dans le cerveau de ses victimes, tentant de comprendre.

C’est lui qui avait découvert l’incroyable existence de Ralato Ouli et surtout de son frère, le plus puissant Mental de tous les temps: Fabio Ouli !!

Un petit buzzer sorti le contre-Amiral de ses rêveries.. Cela lui arrivait de plus en plus souvent de partir voguer dans sa vie, un peu comme des moments de fatigue où il ne pourrait retenir son esprit dans l’époque actuelle.

D’après son agenda, il avait rendez-vous dans une heure à l’ancien Palais Royal, où se tenait désormais le “Conseil de la Révolution”, une assemblée où les douze chefs du mouvement décidaient, une fois par semaine, de se retrouver pour définir la conduite à tenir sur MaterOne..

Il toucha l’interphone:

“ Que mon chauffeur m’attende en bas, nous partons pour le Palais du Conseil de la Révolution dans 5mn..”


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RedU T1 Ch2 Ep4

Sun, 06 Jun 2010 17:27:00 GMT

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Le lieutenant Ralato se concentra sur le bureau du contre amiral Pofeus.

Non..

L’interlocuteur de son chef était toujours présent, Ralato allait devoir encore patienter..

Il prit appuis sur son autre jambe et replongea dans ses pensées..

Un cas intéressant que la Princesse Azala..

S’appuyant sur une population habituellement peu encline à se laisser guider par qui que ce soit, elle était passée au travers des tourments de la révolution Castiks, conservant sa fortune familiale et même certains privilèges, alors que son père n’avait pu conserver jusqu’à sa propre vie!

Puis elle avait réussi à créer un réseau pro-royauté que les services de Pofeus avaient du mal à désorganiser correctement, cloisonnant ses cellules au point que certaines ramifications se retrouvaient dans l’armée ou dans des cabinets ministériels et se croisaient sans se connaitre!! Cependant, la majorité de ses partisans étaient d’obscurs employés ou fonctionnaires qui accomplissaient leur travail de fourmis-espions avec zèle et il fallait les écraser un par un.

Autre preuve de l’originale personnalité de la Princesse: la redoutable Benkana elle-même, guerrière farouche et reconnue, qui pourtant avait pour mission de la surveiller et de l’entraver, avait pris fait et cause pour la Princesse, et s’était même retrouvée dans son lit! Ralato lui-même n’en revenait pas encore…

Une bonne partie du réseau royaliste s’était retrouvé dans l’Exode, mais qu’allait-il advenir des partisans restés sur place? Une des priorité des services de Pofeus était de les retrouver et des neutraliser, mais déjà le Mental sentait qu’on ne pourrait en rester la: la flotte était, de par sa composition, une grave menace, un formidable danger potentiel dont on risquait d’avoir à payer la note dans plusieurs années, voire plusieurs générations!

Certaines précautions avaient été prises, certes, mais c’est de génocide qu’il aurait fallu parler et pas de traceurs, espions ou entraves… Le contre amiral et lui étaient du même avis sur ce sujet: sans la couardise des autres nouveaux dirigeants qui trouvaient que commencer une nouvelle “république” par un immense massacre faisait tâche dans les livres d’histoire, ce seraient des mines explosives et pas des vivres que l’on chargerait actuellement sur Maman-lolo !!!

En plus les livres d’histoire: çà se ré-écrit !

Mais trêve de tergiversations, le rendez-vous de Pofeus s’éloignait enfin et d’ici peu la porte allait s’ouvrir. D’après le sondage des pensées de celui qui partait, le maître de ces lieux n’était pas de bonne humeur. La nouvelle que Ralato apportait allait au moins lui redonner du sourire..

Une petite lumière bleue au dessus de l’interrupteur murale, un discret claquement, et Ralato pût ouvrir la porte, s’introduisant dans le bureau du ministre de la défense..


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RedU T1 Ch2 Ep3

Sun, 30 May 2010 22:23:00 GMT

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Ralato montait quatre à quatre les marches de l’escalier le conduisant au bureau du contre Amiral. C’était un endroit qu’il arpentait souvent, apportant avec lui rapports et analyses destinées personnellement à son chef. En effet ce passage était secret, dans les plus pures traditions des romans du passe, et il n’était connu que d’une toute petite poignée d’élus: il partait de l’armurerie de la garde, située a 200 mètres du ministère de la défense pour aboutir directement dans le bureau du ministre. Et actuellement ce poste était dévolu au redoutable Pofeus.

Arrive en haut des marches, devant la porte blindée, Ralato pressa de deux doigts l’interrupteur mural..

Puis s’installa dans l’attente… Un discret signal venait d’indiquer à son chef que quelqu’un désirait le voir depuis le passage secret, maintenant suivant son activité et/ou la présence d’importuns autour de lui, il allait attendre le moment qu’il jugerait propice pour ouvrir le passage et laisser entrer le discret interlocuteur..

Et cela pouvait être long, voir très long..

Une araignée se laissait descendre de la voute du plafond, visant peut-être quelque autre insecte plus bas, vu la luminosité ambiante on ne pouvait guère le savoir: ce passage datait du début de la royauté, il avait plusieurs centaines d’années, n’était jamais nettoyé et était évidement humide.

Un jour il faudrait qu’une femme de ménage passe ici et sans doute aussi un ou deux ouvriers.. Puis il faudrait les faire tous disparaitre pour conserver le secret!

De toutes façons, le lieutenant Ralato Ouli était patient et ne prêtait que peu d’attention à ces détails: ses aptitudes de Mental lui permettait de mettre à profit ces moments d’inactivité de multiples manières: cela allait simplement de surveiller les activités de son futur interlocuteur ( une fois il était même reparti boire un petit apéritif à l’armurerie car le contre amiral était occupé à prendre du plaisir avec son ancien mignon. Autant dire que rien ne pressait alors !) mais également il pouvait « entendre » les pensées de toute personne passant dans son rayon d’action, soit quelques dizaines de mètres.

Cela allait de liaisons avec des secrétaires, aux sombres machinations du service de renseignements de l’armée, de dettes de jeux des attachés militaires aux simples disparitions d’objets usuels. Pour espionner les différents étages il suffisait à Ralato de faire le yoyo dans l’escalier, parcourant secrètement les tribulations de pratiquement tout le monde au ministère.

C’était ainsi qu’il avait découvert le double jeu de l’espion d’Azala qui partageait son temps entre turpitudes sexuelles avec Pofeus et écritures de rapport pour l’ancienne Princesse.

Forcement cette information avait fait pencher la balance en faveur du bannissement de l’ancienne héritière du trône pour l’Exode…


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RedU T1 Ch2 Ep2

Sat, 29 May 2010 23:23:00 GMT

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Phil pose la main sur l’interface d’ouverture de la cabine, tout impatient de faire un peu de tourisme..

La porte s’ouvrit et il se trouva nez à nez avec deux yeux bleus perdus au milieu d’un ouragan de blondeur. Une clef magnétique à la main, une inconnue s’apprêtait visiblement à entrer dans la cabine de Phil par erreur et elle ne s’attendait pas à la voir s’ouvrir toute seule devant elle!!! Elle hurla sous la surprise, lâchant ses clefs!

Phil poussa un « haa! » par réaction et les deux protagonistes restèrent immobiles, sans réagir, sous le regard bovin d’un Vivagel qui pensait que, décidément, les humains avaient du temps à perdre en bêtises.

D’un clignement de cils, Phil détailla rapidement la jeune femme: environ 25 ans, un peu plus grande que lui, une poitrine avenante et essoufflée, petites lunettes fines, une mâchoire volontaire, quelques tâches de rousseurs. A vue de nez, une mécanicienne elle aussi, ce qui expliquait sa présence dans ce coin du vaisseau réservé aux quartiers de l’équipage.

Trois gros sacs bien remplis complétaient le tableau.

Soudain les deux éclatèrent simultanément d’un grand rire, qui dura bien quelques longues secondes. en ces temps d’inquiétude sur l’avenir ce genre de distractions étaient salvatrices!!

» Hoo, excusez-moi, je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un! Je crois que je suis perdue.. » s’excusa l’inconnue

» -Ce n’est rien, moi-même ce fut pareil à mon arrivée. Je me nomme Phil Good, puis-je vous aider avec vos bagages? répondit Phil

– Non, non ! Je ne veux déranger personne! Je cherche seulement ma cabine pour poser tout cela. C’est plus léger que cela en à l’air vous savez.. Merci quand même », esquiva l’inconnue.

Mais Phil se sentait d’humeur joueuse, et il avait du temps à perdre..

» La sueur sur votre front démontre le contraire, et ce serait un manquement au règlement que de laisser qui que ce soit à bord hors de la sécurité de sa cabine pour le départ! Je pourrais avoir .. » prenant alors une voix (trop) sérieuse » …un terrible blaaaame vous comprenez..!

-hihihi, vous savez, le départ n’est pas prévu avant plusieurs jours encore, monsieur Good! rétorqua l’inconnue

-Vous ne connaissez visiblement pas les dimensions de ce vaisseau! Nous avons tout juste le temps! Nous y allons alors? »

Les deux se remirent à rire de plus belle.

L’inconnue lui tendit sa main: » J’accepte votre aide avec plaisir Monsieur Good, je m’appelle Adénor Kerichi, je suis seconde assistante ingénieur, normalement affectée à cette zone du transporteur, tenez regardez » Elle lui tendit son affectation. Phil pria intérieurement que ses maigres connaissances du vaisseau suffisent à le guider… La chance était avec lui, elle était assignée à une équipe voisine de la sienne!

« Oui, je vois où vous êtes, ce n’est pas très loin: deux ponts et une centaines de mètres. »

De sa main libre Il pris un des sacs… Qui semblait peser une tonne!

« Dites-moi, vous aimez voyager avec vos poids et haltères <ouf!> ou c’est un souvenir de <ouf!> famille ?? » demanda-t-il tout en avançant péniblement.

» Hoo, je vous pris de m’excuser. Je suis une collectionneuse de pierres rares, cristaux, minéraux etc.. Et là vous avez une partie de ma collection avec vous. Je peux prendre le sac si c’est trop lourd pour vous.. » insinua-t-elle avec malice. Phil, touché dans son orgueil serra les poings, et, tâchant de ne montrer aucune difficulté, sorti bravement un..

» .. non, non <ouf> aucun problème, je me posais juste la question, c’est tout!

– Merci vraiment, vous êtes gentil! Pour vous remercier, vous m’inviterez ce soir, vous serez la première personne que je connaîtrais dans ce voyage! Acceptez-vous de me supporter encore quelques heures?

– <ouf!> je m’en ferais un plaisir <ouf!>. 21h ça vous va, mademoiselle Kerichi? <ouf!> S’enquerra Phil, tentant de sourire..

– Parfait! Et appelez-moi Adénor, très cher Phil »

Entre deux souffles, Phil croisa une œillade de la jeune femme à son intention. S’il n’y avait pas ces kilos de minéraux, la situation serait agréable..!


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Retard de sortie Red Universe..

Sat, 22 May 2010 19:17:00 GMT

Et oui: un iMac qui est gravement blessé, un travail dans la publicité qui est ce qu’il est toujours ( des urgences, des nuits blanches, etc.. )

Je préfère offrir un récit de qualité plutôt que de faire cela à la vas-vite! Je sais que vous appréciez le geste 😉

Donc j’ai bon espoir que le weekend prochain tout rentre dans l’ordre, avec les jours de récupération je vous en offrirais 2 pour le prix d’un !!

Je vous dois bien ça ..

Merci d’avance

Raoolito



RedU T1 Ch2 Ep1

Sun, 09 May 2010 13:36:00 GMT

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Chapitre 2: Au commencement était la Flotte…

Les satellites de surveillance glissaient lentement sur leurs orbites, observant la vie qui s’écoulait sur MaterOne. Ils observaient les nuages, les océans, la taille des villes, les parcours des autoroutes, les mouvements des citoyens, les départs de vaisseaux..

Et justement aujourd’hui, nombre d’entre eux étaient pointés dans une direction inédite: l’espace proche de MaterOne, l’orbite de transit. Les objectifs se focalisait sur le plus grand déplacement interplanétaire de population de l’histoire de l’Humanité: l’Exode !!

Sept Transporteurs, soit plus de 350000 personnes, presque 3 millions de tonnes de métal, de vivres, de passagers, de fret, d’armements, provenant des quatre coins de la planète et représentant la quasi totalité des corps de métiers existants!! La flotte se ravitaillait à la station d’accueil numéro 1 ( surnommée « Maman-lolo » par les marins de l’espace, en référence à sa fonction de nourrisse des véhicules spatiaux. ), cela prendrait une bonne semaine pour remplir les cuves et les équipages en profitaient pour peaufiner les préparatifs, révisions et demandes supplémentaires de matériels. Les passagers s’installaient dans leurs nouvelles fonctions et quartiers, bref, nous étions dans une seconde étape des préparatifs du départ.


Phil terminait sa ronde avec l’équipe de maintenance. Les structures du vaisseau le laissaient un peu douteux quand à leur fiabilité à long terme, et il vaudrait mieux ne pas collectionner les tempêtes de météorites, mais pour un voyage de 3 ans, avec un bon entretien il se faisait fort d’amener tout le monde à bon port. Ces kilomètres de circuits, vannes et autres ponts en avaient connu des transitions hyper-spatiales, un moment délicat dans les voyages spatiaux, et il allait falloir prendre soin de cette vieille dame!

Prenant congé de ses collaborateurs, il retourna se changer dans sa cabine.

Sous les yeux ensommeillés d’un Vivagel ronflant et bien nourri, il enfila une tenue civile…

La dernière fois qu’il avait visité Maman-lolo il n’était qu’un enfant en classe de voyage d’été. Aux portes d’un départ définitif de cette région de l’espace il lui semblait judicieux d’aller y faire un dernier petit tour..


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Red Universe: La playlist du premier chapitre…

Wed, 05 May 2010 22:11:00 GMT

Voici une playlist Jamendo, contenant quelques-unes des musiques utilisées pour la création de ce podcast Universel !!

http://www.jamendo.com/fr/playlist/16610

Parmi celles que je qualifierais « d’ambiance », voici certains titres à remarquer pour leur utilisation dans les différentes parties:

  • Le générique d’introduction est un mix de « Jester’s Tears » et de « I will come for you«
  • « Hymne of the Sky » est le générique de fin.
  • La Princesse Azala (version mélancolie) écoute « Secret garden«
  • La Commandante Benkana se présente glorieuse avec « New Dawn«
  • Le Contre-Amiral Poféus est un roi de l’intrigue, oeuvrant à une destinée noire et mortel pour MaterOne: « Ancients«
  • La musique de Fabio, le « super » mutant, est « Urban Shaman » de l’album « Insectis mundi » de l’artiste David Aubrun. Pour une raison inconnue il n’est plus disponible sur Jamendo. Je ne l’ai retrouvé que sur des sites de torrents illégaux. Hors de question de vous donner des liens du coup.. :(

Voilà, j’espère que cela vous aura fait patienter ! Le second chapitre est en cours d’écriture mais dès Dimanche prochain vous pourrez en écouter la première partie!

A très bientôt donc et laissez vos commentaires, on adooooOOOoore çà ! :)

Raoolito



RedU T1 Ch1 Ep12

Fri, 23 Apr 2010 20:00:00 GMT

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Dans la grande salle de commandement, Benkana se tourna vers le poste des radio:

“ demandez l’autorisation du départ à la tour de contrôle du spatioport ..

-Attendez!” Une voix féminine résonna dans la salle malgré le brouhaha généralisé, et tous se turent, capté par ce qu’on pouvait ressentir d’émotion contenue.

Azala, dans sa tenue officielle de princesse de MaterOne, qu’elle avait interdiction de porter depuis la fin de la monarchie, s’approcha de la radio.

“Commandant, Benkana, je vous demande le droit, de par mon lignage et ce que ma famille a représenté pour MaterOne, de faire moi-même cette demande et de donner les ordres de départ.”

Tous les regards se tournèrent vers la commandante. Voilà qui commençait bien! Le vaisseau n’était même pas encore parti que déjà des problèmes se posaient!!

Benkana souleva un sourcil et un sourire se dessina sur son visage.

“ Mais bien sûr Princesse Azala, je vous remets ce privilège au nom du nouveau monde que nous allons créer! Radio, passez lui le micro”

Le radio s’obtempéra..

Azala fébrile le tint de ses deux mains bien sérrées, ainsi voilà ce que que des siècles de familles régnantes avaient obtenu: le droit au départ..

“Tour de contrôle du spatioport, ici le Transporteur n°261, je vous demande l’autorisation de quitter l’espace du spatioport et de MaterOne..”

Ses yeux étaient brillants de larmes, mais Azala tenait bon.

La réponse du poste de contrôle arriva immédiatement “ Transporteur n°261 vous êtes autorisé à décoller et à quitter l’espace de MaterOne.. Bonne chance à vous..”.

Azala se redressa de la console, et fit quelques pas vers le centre de la salle, proche de Benkana.. Elle serra la mâchoire, puis récita les procédure de décollage pour les vaisseaux de ce type…

“Lancez le compte à rebours des moteurs anti-gravitiques, démagnétisez les amarres de vol.. verrouillage automatique de toutes les issues et hangars..”

Les réponses fusaient de chaque recoin de la salle de commandement, Benkana regardait la jeune princesse assurer les opérations de décollage comme un jeune officier et le sourire ne quittait pas son visage.. Cette petite lui plaisait vraiment..

“ Activation des moteurs anti-gravité ! “

De la tribune dehors, le gouverneur ressenti cette étrange sensation de flottement interne, son chapeau feutre devenait plus léger tandis que la gravité était annulée au centre du Transporteur..

Il vit la monstrueuse masse qui cachait le soleil et les montagnes s’élever lentement, sans tourmente, comme un ballon gonflé qui montait doucement au ciel.. Encore quelques dizaines de minutes et le vaisseau serait assez haut dans l’atmosphère pour lancer à minima ses puissants moteurs au lithium qui allaient devoir l’emporter dans l’orbite de glissement autour de la planète..

Combien étaient-ils réellement à bord? Seul des décomptes démographiques lui donneraient la réponse exacte, mais MaterOne venait de perdre, au nom de l’idéologie, un vivier énorme de savoir, de philosophie et de connaissances..

Il inspira..

…Puis se ravisa: la philosophie ne servirait à rien dans les prochaines années de sa planète, et seuls les vivants écrivent l’histoire..

Sans même attente la disparition du vaisseau dans les nuage, il quitta l’estrade..

FIN DU 1er CHAPITRE


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RedU T1 Ch1 Ep11

Sun, 18 Apr 2010 20:33:00 GMT

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L’heure du grand départ avait sonné.

Était venu le moment des séparations, les regards humides croisaient les adieux plus démonstratifs tandis que d’autres voyageurs observaient le fond de l’univers, le cœur ouvert à l’avenir.

Pour l’occasion certains sas d’accès et certains hublots avaient été ouverts, on avait même laissé toutes les massives portes des hangars béantes, augmentant de fait le chaos des adieux.
Phil terminait d’installer ses affaires et son chat dans sa cabine: en tant qu’officier il avait droit à une cabine personnelle, quelque peu étriquée, certes, mais largement suffisante pour Vivagel, celui-ci nécessitant surtout la présence d’une moquette, d’un lit et d’une télévision! Il sourit en se demandant quelles genres de rediffusions allaient être proposées durant le voyage? Vivagel deviendrait-il un amateur de vieux téléfilms ??

Par la verrière principale, sur l’avant du vaisseau on pouvait apercevoir la tribune officielle, où le gouverneur de la province ainsi qu’un ministre inconnu prenaient place, accompagnés de leurs valets et conseillers..

D’ici une heure ou deux ils allaient tous lire leurs discours, probablement félicitant les courageux pionniers allant installer la race humaine à des distances encore jamais atteintes par des civils, leur souhaitant bonne chance…

..et surtout bon débarras!!

Ce qui était en train de devenir un système dictatorial ne pouvait que se réjouir du départ simultané de tant d’opposants potentiels! Il était probable que des espions ou des pièges avaient été installés à bord des vaisseaux, il allait falloir les trouver et les neutraliser. Peut-être des balises ou des bombes qui sait? Il fallait être pragmatique: même contents de les voir partir, les futurs dirigeants de Mater One avaient très certainement pris des précautions, et c’était également une partie de la responsabilité de Phil de veiller à la sûreté des matériels et à leur bonne tenue..

Quatre heures plus tard, les discours avaient pris fin. Le commandant Benkana ordonna la fermeture des orifices et le passage en atmosphère artificielle du vaisseau.

Pendant que les gigantesques panneaux des hangars se fermaient, un groupe de jeunes filles en tenues traditionnelles secouaient de petits mouchoirs blancs, signes de bon voyage, ou d’enterrement suivant sa culture..

L’Orquestre Philharmonique de la province joua un air pompeux, duquel était, dit-on, inspiré le futur nouvel hymne planétaire de Mater One, une manière simple mais peu subtile de congédier les candidats au départ.


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RedU T1 Ch1 Ep10

Mon, 05 Apr 2010 14:52:00 GMT

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Évidement la question de l’argent à bord avait été posée: y aurait-il des riches et des pauvres durant les 3 ans de voyage? Devrait-on gagner un salaire pour se nourrir, et surtout comment? Il était de toutes façons bien trop risqué de laisser toute une population livrée à elle-même sans occupation! Cela se termine souvent mal: le travail est une des rares vertus que les masses comprennent: cela leur évite de réfléchir à leur sort. Ils pourraient avoir envie de rentrer et faire cessetion !!

Donc on avait pensé le voyage de la manière la plus simple: l’abolition du système monétaire durant la durée du trajet. Les comptes en banque étant stockés sur des banques de données, charge aux migrants de trouver sur leur future planète une base physique à cette monnaie (or, platine, lithium..)

A bord on avait mis en place un standing de cabine lié, si possible, au niveau social de départ du locataire, l’alimentation était gratuite pour tous (un système informatisés de réservation permettant à tout un chacun de choisir son lieu de restauration suivant les places disponibles), et une fonction utile à la communauté ou au fonctionnement du vaisseau avait été attribuée, même a mi-temps.. Heureusement, le simple fait de gérer et d’organiser la vie de 50000 personnes en donnait du travail à pratiquement la moitié! En tenant compte des spécialités de chacun, on avait pu également étoffer les équipes du vaisseau, il restait encore une partie de la population de l’ordre du quart, qui n’avait pas de fonction..

Charge à eux et aux autres de leur en trouver une pour les trois ans a venir!

L’Exode était un mouvement volontaire avec, de plus, un but clair: fuir un régime de plus en plus autoritaire, pour rejoindre Antares IV.

Partant de ce constat il avait été supposé que cette petite société humaine, liée elle même à celles des sept autres transporteurs, allait rester relativement soudée car désireuse d’aboutir sur la nouvelle planète pour s’y installer.

Les commandants tiendraient un conseil suprême de la flotte, assurant la stabilité hiérarchique et politique durant le voyage, on y accepterait une sorte de parlement composé de représentants civils de chaque vaisseaux, mais il n’aurait qu’un rôle consultatif et informatif, pas décisionnel. D’ailleurs une des premières occupation de la flotte sera de tenir dès les premiers mois, des élections sur les sept transporteurs!

Cela sous-entendait un système de médiatisation de l’information que les réseaux de la flotte récolteraient et feraient parvenir à tous les vaisseaux…

Enfin, le plan de vol, quoique standard, devait tenir compte de plusieurs éléments tels que les besoins en ravitaillement, les obstacles gravitationnels (obligation de revenir à la vitesse infra-luminique durant certaines parties du trajet pour éviter un trou noir ou une étoile trop massive..) et les zones connues pour leur piraterie endémique..

Le chemin était donc bizarre, formant plusieurs ellipses pour contourner des dangers ou rencontrer des zones de ressources..

Phil le technicien, Azala la princesse déchue, Benkana la commandante, Pofeus le contre-amiral, Ralato et Fabio Ouli les frères mutants, Mater One planète bleue, chaude et répressive et Antares IV planète rouge, froide mais pleine d’espoirs…

L’aventure a déjà commencée…


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RedU T1 Ch1 Ep9

Sun, 28 Mar 2010 22:11:00 GMT

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Des gigantesques files d’attente de plusieurs dizaines de kilomètres qui sillonnaient la région, il ne restait pratiquement plus rien. Les millions de véhicules avaient été soit démontés comme frets, pour certains passagers ayant acquittés le forfait prohibitif, ou alors désossés pour les stocks de pièces détachées durant le voyage. Les restes ayant été concassés et envoyés aux grandes usines de recyclage du nord de Mater One.

Les derniers véhicules de retardataires arrivaient donc aisément au pied du transporteur, négociant ou non une place à bord du vaisseau. Théoriquement toutes les cabines avaient déjà été assignées, mais une marge existait: un petit pourcentage laissé volontairement vaquant pour ce genre de cas, également des emplacements « bas de gamme »: vétustes ou très mal placés et non réservés. Un marché noir s’était développé naturellement autour de ces logements, alimenté par des employés de bord peu scrupuleux et des clients peu regardants..

L’Exode n’était pas une croisière d’agréments, ceux qui voulaient partir en estimaient le besoin ou la nécessité. Le nouveau régime qui se dessinait ne leur offrirait pas de vie facile, voire les persécuterait!! On raconte cependant que dans certaines familles, on envoyait à l’Exode des personnes dont on voulait se débarrasser: des jeunes trop insouciants ou des vieux trop remuants dont le départ soulageait ou arrangeait les autres membres .. Le monde évolue mais les mentalités demeurent..

Ressemblant, de loin, à une grosse guêpe, le transporteur faisait partie de cette série de paquebots spatiaux de très gros tonnage destinée aux voyages d’agréments et aux transports de fournitures vers les zones de développements hors système planétaire. Conçu pour convoyer de nombreux passagers et un fret parfois volumineux, ces vaisseaux avaient eu leur gloire à une période où on croyait à la matière première spatiale bon marché.. Les nouveaux modèles étaient plus rentables: moins gourmands en lithium, plus petits, plus maniables et plus rapides pour éviter les pirates. On se demandait encore il y a quelques années ce qu’allaient devenir ces gros monstres de métal inutiles..

L’Exode tombait a point nomme!

A bord, il y avait plusieurs classes de cabines, plusieurs classes de restaurants, des cinémas, des salles de sport, un planétarium, 8 hangars géants d’appontage ou de stockages, quelques navettes de transport etc..

Pour la sécurité, un espace sous le vaisseau était réservé à une petite base aéro spatiale avec 5 chasseurs légers et un sas spécialement dédié ainsi que sa caserne de soldats, plusieurs postes de police et supplétifs étaient également disséminés dans le vaisseau, permettant une proximité censée rassurer la population. Enfin, le système des tourelles de défenses et des quelques torpilles se situait près du poste de commandement, situé à l’avant comme il se doit!

Un grand nombre de pont cloisonnait ces zones du reste du vaisseau, plusieurs artères principales de la taille de véritables avenues (plus larges que hautes en fin de compte) le parcouraient dans le sens de la longueur, tandis que seuls des couloirs rectilignes en reliaient les flans.

Toute la population des 50000 personnes devraient y trouver leur place et s’y mouvoir, dans la mesure ou les grands axes resteraient praticables. Sinon il y avait un service de navettes tubulaires, une sur chaque flan, d’où l’on pouvait parcourir assez rapidement le vaisseau tout en admirant le paysage spatiale, les tubes étant fixés sur la coque extérieure.

Mais il restait une question..cruciale..


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RedU T1 Ch1 Ep8

Thu, 11 Mar 2010 12:00:00 GMT

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Azala marchait mécaniquement dans le couloir, essayant de cacher son visage derrière les volutes de son voile de soie blanche. La surprise du nom du commandant du vaisseau, les appels internes annonçant la revue des troupes pour le discourt.. Elle n’avait pas hésité une seconde, enfilant ce qu’elle trouvait (ce qui pourrait la camoufler) elle parti vers le hangar de la revue, laissant sa femme de chambre perdue seule au beau milieu du déballage des valises!

Quand Aurora était apparue dans la vaste salle, Azala avait senti son cœur se serrer à lui en faire mal, elle avait dû s’accrocher à la rambarde, ses jambes se dérobant sous elle, et respirer profondément comme pour des exercices de méditation. Le pire fût lorsque leurs regards se croisèrent, elle n’avait rien trouvé de mieux que de hocher la tête! Quelle sotte! Elle n’était même pas certaine qu’Aurora l’avait reconnue, cela faisait des années qu’elles n’étaient plus…

Azala s’arrêtait un instant devant un hublot donnant sur une rampe d’accès du transporteur.

…oui, c’était peu après l’exécution de son père, le Roi, à l’époque où, encore jeune princesse gâtée et insouciante, elle avait dû soudain admettre qu’elle serait au mieux orpheline, au pire exécutée dans l’année !!

Son univers s’était volatilisé, son père ne la prendrait plus jamais dans ses bras..

Et c’est à ce moment que la lieutenant Benkana était apparue à ses cotes..

Et elle l’avait soutenu…

Et elles s’étaient aimées..

Puis le danger écarté, Azala s’était retrouvée seule avec son chagrin…

Et une fois encore, alors que le destin semblait à nouveau la mettre a l’épreuve, Aurora réapparaissait, telle un ange venu du ciel!

Azala renouvela ses exercices de respiration, tentant de refluer le plus d’émotion possible pour définir une stratégie, choisir une approche, bref reprendre ses esprits.

Plus tard, marchant au milieu de la foule, elle se posa enfin la question: pourquoi?

Le hasard peut certes faire des choses, mais pas en politique, pas lors de l’Exode, pas à ce niveau! Quel pouvait bien être le nouveau rôle de la commandant, y avait-il un rapport avec sa présence a elle?!

Quel déchirement: Azala désirait hardament se sentir enlacée à nouveau par cette femme, mais elle ne pourrait pas lui faire confiance et devrait rester sur ses gardes! Comment faire pour l’approcher sans que cela ne soit trop évident?

La solution à son dilemme se heurta à elle devant ses quartiers quand Georgy l’aide de camp du commandant Benkana apporta, trop pressé, l’invitation d’Aurora.


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RedU T1 Ch1 Ep7

Thu, 25 Feb 2010 12:13:00 GMT

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Aurora Benkana n’était pas une oratrice, elle détestait même ces exercices de communication où le moindre mot comptait, où la moindre intonation devait être contenue et réfléchie, mais elle n’en ignorait pas la valeur: la plupart de ces hommes et femmes ne la connaissait pas, il s’agissait donc de se présenter, de nouer un contact un peu plus intime avec eux, humanisant ce qui allait faire la majorité du temps à bord du transporteur: discipline et consigne!

Elle allait donc axer son discourt sur le besoin de cohésion entre les membres d’équipage, encore fallait-il en rappeler l’impérieuse raison !


Nous allons être seuls!

Seuls comme jamais nous n’avons connu cela.. Dans le voyage que nous entreprenons vers la planète Antares IV, nous ne pourrons compter que sur le soutient de la flotte, et cela ne suffira PAS!

Elle marqua une pause, son assistance était visiblement médusée par son introduction, lui offrant ainsi toute leur attention..

Je suis la commandant Aurora Benkana! Nombreux d’entre vous me connaissent de réputation, mais très peu ont déjà eu l’occasion de servir à mes cotes.

Je n’accepte pas la faiblesse au combat, j’en ferais de même lors de cette expédition: je vous demanderais à tous de donner le meilleur de vous-même car c’est le MINIMUM nécessaire!! “

La flotte de l’Exode va attirer les convoitises de toutes sortes: des marchants, des pirates, nous allons devoir traverser des régions inhospitalières de l’espace, notre planète mère sera trop contente de se débarrasser de nous pour nous procurer la moindre assistance et je vous rappelle qu’il ne s’agit en aucune façon d’une mission d’ordre militaire, c’est à dire que nos armements seront limités et peu performants..

Enfin, durant cette année de voyage, il nous faudra nous préparer à l’installation dans la nouvelle colonie, dans des conditions difficiles, et cela sera notre futur.

Oui nous allons bel et bien être seuls, mais avec un espoir au bout de la course.. Et je ferais TOUT pour que chacun d’entre vous y arrive et puisse reconstruire un foyer avec ceux qu’il aime. Croyez en la flotte, croyez en moi et surtout croyez en vous: en vous-même d’abord puis en vos sœurs et frères d’arme qui ,à vos cotés, sont la chair et le sang de ce vaisseau!

Nouvelle pause, un peu plus longue.

Aurora laissait son regard couler sur l’équipage, plus pour imposer sa présence qu’à la recherche d’interlocuteurs: au mieux laisseraient-ils échapper quelques haussements de sourcils, quelques mâchoires seraient nouées mais ce genre de moment n’était pas un débat collaboratif, c’était même plutôt l’inverse!

Son regard de figea soudain sur une silhouette féminine de blanc vêtue a demi cachée dans la pénombre de la passerelle surplombant le hangar.

La tête de la silhouette se pencha doucement en une discrète salutation, le voile léger de soie la recouvrant voleta quelques secondes puis se remis en place. Aurora sentit sa mâchoire trembler, elle pouvait, du moins lui semblait-elle, sentir le poids du regard de cette personne. Mais c’était sur sa peau que tout le passé revenait, des frissons la parcouraient, jusqu’à réveiller des sensations oubliées dans ses recoins les plus intimes.

.. Ainsi elle était LA !

Son aide de camp tourna la tête, la pause était trop longue, lui aussi se posait des questions..

Aurora n’avait plus le choix, d’une voix qu’elle espérait à peu prêt sure d’elle, elle clôt le discourt, fit rompre les rangs et passant à coté de son aide de camp, elle tourna la tête une dernière fois vers la silhouette qui s’éloignait dans l’obscurité de la passerelle.

Georgy, la princesse Azala est à bord de ce transporteur, faites lui passer mes amitiés, et invitez là à prendre une collation dans mes quartiers après la transition vers le multiSpace , merci..

A vos ordres mon commandant! répondit Georgy, effectuant son salut réglementaire. Il s’en alla d’un pas rapide se renseigner où trouver la princesse.


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RedU T1 Ch1 Ep6

Wed, 17 Feb 2010 05:14:00 GMT

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Le fin bruit aigu du pipeau de l’ordonnance à l’entrée resonna dans le hangar no4 alors que tous les hommes et femmes d’equipage présents se figèrent au garde à vous. Phil vérifia d’un coup d’oeil son alignement dans le groupe, puis focalisa son regard sur un point éloigne droit devant lui. C’était la revue de troupe avant le départ, le discours du commandant du vaisseau à son équipage, bref le début de l’aventure avant le départ du vaisseau.


Il avait retrouvé son responsable d’unite avec difficultés, car même si les départs spaciaux étaient quelque chose d’usuel depuis des siècles, l’ampleur de l’Exode multipliait les débordements de toutes sortes! A peine arrivé, alors qu’aucune cabine ne lui avait été assignée,Il avait commencé son travail à la porte du hangar n°4 (justement celle-ci devant lui) qui montrait des soucis de roulements et peut-être d’étanchéité! Assisté de deux manœuvres il avait passé plusieurs heures à réparer l’ensemble, y apportant grand soin: dans l’espace, les défauts d’étanchéité cela ne pardonne pas!

Alors que ses affaires et son chat somnolant ( Vivagel ne stressait jamais, mais alors jamais..!) étaient toujours dans la soute au milieu des chargements de toutes sortes, on l’avait prévenu de l’imminence de la revue de troupe! Changement de tenue entre deux caisses sous l’oeil mi-clos, mais amusé, de Vivagel et le voici au garde à vous avec son unité.

612 membres d’equipage plus 104 membres de forces de l’ordre et une vingtaine de soldats, c’était peu pour un vaisseau contenant 50000 âmes, mais pour le hangar no4 c’était un bon nombre, on avait resserré les rangs pour faire tenir tout le monde!

Deux yeux bruns se plantèrent dans les siens, le tirant de ses pensées. Un regard expressif, un discret sourire et les yeux repartirent vers la droite poursuivant l’inspection.

De petite taille, les cheveux blonds tirés en queue de Cheval, le visage en amande, la commandant Aurora Benkana avait une expression constament sympathique dépeinte sur son visage, mais sa réputation disait qu’elle avait fait fusiller des prisonniers durant la Révolution!

Étrange de l’imaginer a la tête d’un des vaisseau de l’Exode, elle faisait partie de ces héros dont la jeune république Castik avait fait les louanges. Mais c’était, il est vrai, durant les premiers mois, à l’époque ou une majorité de Materriens encore abassourdis par la nouvelle de la chute de la royauté patientaient, attentifs mais bienveillants, acceptant ces apparats sans trouver a y redire..

Ainsi elle faisait également partie du schisme qui avait abouti à l’Exode, cela en disait long sur les soutients tenus du gouvernement!

Ayant terminé sa revue, la commandant Benkana marcha de son pas assuré vers l’estrade pour y donner son discours. Phil fit le vide dans sa tête, le passé de cette femme était passionnant, mais elle allait déterminer l’avenir de tous dans le transporteur durant les années a venir! Mieux valait écouter, non?


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RedU T1 Ch1 Ep5

Wed, 10 Feb 2010 05:00:00 GMT

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Tout autour de Fabio ils étaient là!

Des formes géométriques, cubes, prismes, sphères, des objets usuels, des couteaux, des assiettes, des outils ou même des téléphones, tous translucides, gélatineux éthérés, flottants sinueux dans une brume colorée légère et scintillante! De par le nombre de formes en présence, Fabio savait, bien avant l’arrivée de son frère, que cette journée allait être importante, une fois de plus ses petits amis pressentaient l’avenir!!

Fabio reparti d’un grand rire fou, c’était sa manière de les remercier depuis son plus jeune âge, quand encore enfant ils le berçaient durant les nuits, calmant ses peurs de leur lueur bleutée, laissant l’enfant rieur s’endormir émerveillé devant leur grâce..! D’aussi loin qu’il se souvienne, ils avaient toujours été avec lui, plus ou moins nombreux suivant l’intérêt qu’ils portaient à son avenir immédiat, le laissant très rarement seul (ces moments étant d’ailleurs propices au sommeil car rien d’intéressant n’allait arriver) !

Ce qui était étrange c’était qu’uniquement lui les voyait, alors qu’à l’évidence ils étaient la source des pouvoirs Mentaux des habitants de Mater. Un Mental faisait appel à ses dons et hop, un être étrange venait se placer à ses cotés, lui offrant du pouvoir.. Pourquoi faisaient-ils cela? D’où venaient-ils? Pourquoi certaines personnes et pas d’autre, et comment tenaient-ils compte des principes familiaux? Jamais aucune réponse ne lui avait été donnée sinon un faible changement de lueur, peut-être un langage?

Malgré les années, Fabio n’avait pas pu en décoder le vocabulaire. Par contre il avait remarqué qu’ils attachaient un immense intérêt à sa personne: en permanence ils étaient 5 à 6 fois plus nombreux autour de lui qu’autour des autres Mentaux, lui prodiguant des pouvoirs démesurés! A commencer par celui-ci: deux frères Mentaux!! Une nouveauté troublante pour les responsables du ministère des affaires psychiques qui s’étaient alors intéressé à son cas !

Il lui suffisait de le penser et ils s’agglutinaient en masse au-dessus de sa tête, changeant leurs lueurs du bleu au rouge.. Plus le nombre de formes appelées était grand plus ses pouvoirs de Mentaux décuplaient! A ces moments il devenait le plus puissant Mental ayant jamais existé sur Mater One ! Il pouvait lire à des distances inaccessibles aux autres Mentaux, déplacer des objets, rendre fou ou même tuer d’une simple pensée!

Et enfin.. Il pouvait flotter dans les airs!

Autour de lui ses petits amis observaient la scène en silence comme toujours, impassibles. Se dirigeant vers son frère, il s’arrêta devant la grille, souriant devant les deux formes, des tournevis on dirait, qui accordaient à Ouli l’énergie nécessaire au

maintient de ses barrières Mentales. La lueur émanant des deux êtres n’était pas très forte, son frère n’arrivait pas à en appeler correctement à leur puissance. Tout en se concentrant, il senti les autres s’approcher de

lui, tous répondaient à son appel, alors même qu’il s’apprêtait à se confronter aux deux êtres tournevis qui assistaient Ouli. Quand il se jugea prêt, il lâcha sa décharge d’énergie, brisant d’un coup les faibles défenses de son frère, qui recula sous le choc! Celui-ci tenta de

réajuster les barrières mentales, mais c’était trop tard, Fabio avait lu ce qu’il voulait savoir: la fameuse nouvelle importante de cette journée!

Le Contre-amiral Poféus avait une mission à lui confier, Fabio Ralato allait quitter Mater One sur un vaisseau de l’Exode!


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RedU T1 Ch1 Ep4

Wed, 03 Feb 2010 05:00:00 GMT

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Lieutenant Ralato Ouli- autorisation 7AU4- bienvenue mon Lieutenant.. La voix métallique du mécanisme de sécurité n’impressionnait plus personne depuis longtemps, mais Ralato y percevait toujours quelque chose de mélancolique .. Était-ce une projection de sa part? Un jour il devrait se renseigner sur l’origine des enregistrements de cette voix!

Tu serais peut être surpris !! Cette phrase le sorti brutalement de ses

pensées qu’il bloqua immédiatement, levant ses protections Mentales. Voilà ce que c’est que de trop côtoyer des non-Mentaux, tu te ramollis bien plus vite que tu ne le crois! Même avec tes défenses levées je perçois encore des… Reflux d’émotions! …. Ralato sera les dents, tentant de retrouver ses réflexes de contrôle si durement acquis..

Ouiiiii, c’est bien tu progresses.. Mais il y a encore des failles mon frère: moi aussi j’apprécie de te revoir Ouli, ça faisait longtemps hein?

Ralato balaya du regard la salle sombre au centre de laquelle s’élevait la prison de son frère: Fabio Ralato. Sous stricte contrôle pénitentiaire, à une distance d’un kilomètre du premier humain, dans les profondeurs du bunker de la prison des montagnes , son frère était traité comme un des êtres les plus dangereux de la planète, et probablement était- ce avec raison: l’homme enfermé entre ces grilles était une aberration de la nature, quelque chose qui n’aurait pas dû exister!

Un don était distribue par la génétique aux habitants de Mater One d’une manière apparemment aléatoire et extrêmement éparse: celui d’accéder à l’esprit d’autres personnes et de lire leurs pensées! Malgré des siècles de tests et de tentatives d’eugénisme, jamais il ne fut possible de prévoir l’apparition d’un don chez une personne.. Par exemple aucune famille ne pouvait avoir 2 Mentaux sur une même génération, et un couple de Mentaux ne mettrait pas au monde un bébé Mental . Bref ceci semblait lié à une force quelconque hors de la compréhension humaine.

Chez les spécimens de Mentaux les plus doués, on ne pouvait guère lire un esprit au delà de quelques mètres, et au pire lui insuffler une bonne migraine après un entraînement de plusieurs années..! Chez les spécimens les plus doués.. Mais pas chez son frère!

Ouli tourna la tête et un spasme de frayeur traversa son esprit quand leurs regards se croisèrent. Cette sensation n’était pas naturelle, Fabio venait probablement de la provoquer.. Celui-ci eu un sourire confirmant les soupçons…

Les Mentaux étaient donc tolérés, la légende raconte que le premier Roi de Mater One en avait décidé ainsi mais aucune archive ne confirme clairement ce fait ni même n’en explique la raison… En général ils étaient vite recrutes comme informateurs, diplomates ou espions, parfois une confrontation avait lieu mais c’était rare: on avait théoriquement obligation de signaler la présence d’un Mental dans une délégation… De toutes façons le problème ne se posait pas: on estimait la population de Mentaux a 100000 individus dont quelques milliers qui s’ignoraient eux- même. Sur une population totale de 9 milliards de personnes, cela en faisait moins que de surdoués !! .

– Mon frère! Tu te perds à nouveau dans tes pensées !! C’est amusant de suivre le cours des rêveries de quelqu’un, cela me manquait depuis pas mal de temps !! S’amusa Fabio. – Arrête de me prendre de haut, réagit Ouli, piqué au vif ce que j’ai à te proposer, la raison de ma venue, n’est drôle en aucune façon!

– Comment cela? Le GRAND Ralato Ouli, l’âme damnée de Poféus, aurait une proposition a

– me faire ?

Puis tournant sur lui-même comme un fou, les yeux écarquilles fixant le plafond: Ecoutez tous! Mon frère a réussi à me cacher quelque chose: une proposition de Poféus!! Ralato était stupéfait:

– Mais à qui parles-tu? – Mais a EUX! Chuuut ne les effraye pas!

chuchota Fabio en pointant son doigt vers plusieurs zones vides de la pièce..

Puis il repartit en un grand rire fou…


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RedU T1 Ch1 Ep3

Wed, 27 Jan 2010 05:00:00 GMT

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L’orthoptère glissait doucement vers le transporteur, secondé par son escorte. De la salle N°2 de contrôle du spatioport, le Contre- Amiral Pofeus suivait les manoeuvres d’un oeil averti. Ses yeux clairs, son regard dur aux rides sévères, sa mâchoire serrée où saillaient des muscles tendus, le tout engoncé dans un uniforme stricte au col mao blanc, celui des troupes blanches Kastiks, et le spectateur le moins averti devinait que son surnom de l’homme de glace ne lui était pas usurpé. Ancien jeune officier de la flotte marchande, il s’était engagé du temps de la royauté pour intégrer les grands vaisseaux d’exploration qui faisaient alors la légende des explorateurs de sa jeunesse: “Voyageur”, “Enterprise”, tant de noms qui le faisaient rêver. Mais il avait vite déchanté: on ne découvrait rien que des nuages gazeux et des espaces vides de tout, les pratiques homosexuelles étaient plus fréquentes à bord que les meetings de cartographie, et même l’élite dirigeante de ces vaisseaux d’exception n’étaient que des officiers dont l’amirauté voulait se débarrasser.. Pourtant c’est là qu’il grimpa les échelons, années après semaines, promotions après diplômes: mine de rien on pouvait vite monter en grade dans ces vaisseaux perdus au milieu de nulle part, tout le monde se connaissait et il suffisait de fréquenter les bonnes personnes! Devenant l’amant d’un commandant en fin de carrière, il prit tout simplement sa place en le faisant jeter par le sas de décompression sous l’accusation fantoche de tentative de mutinerie envers la royauté!!

Le destin était alors avec lui, car sur le chemin du retour, son vaisseau découvrit par hasard la seule et unique planète extra système solaire habitable jamais répertoriée sur les cartes spatiale! Antares IV gravitait autour d’une étoile naine rouge ( nom de code: CCCP II) sur un cycle de 18 mois environ. Assez petite, Antares IV ne bénéficiait que d’une faible lueur rougeâtre durant le jour (qui ne se couchait jamais) et la température n’excédait pas les 5 degrés Celsius en été! Loin du havre idyllique, cette planète n’en demeurait pas moins une découverte astrologique de toute première importance, et c’est au grade de Colonel- commander que Pofeus pris ses nouvelles fonctions à l’état-major de la flotte spatiale dès son retour. Durant cette période, il se découvrit une variante bien agréable de son homosexualité: une attirance pour les jeunes garçons adolescents, si possible de couleur! Sa confortable rémunération additionné à tous les avantages en nature dus à sa fonction, ses orgies s’écoulants sur plusieurs nuits de débauches avec quelques amis et de nombreux mignons lui firent perdre le sens des réalités durant des mois, une douce période encore agréable a sa mémoire..Mais tout a une fin. Une enquête interne avait été diligenté par un quelconque fonctionnaire incorruptible du palais royal sur les dépenses et les mœurs de certaines personnalités, dont le Colonel- commander Pofeus. Pour survivre il allait lui falloir combattre la royauté.

Ses yeux cillèrent lorsque l’orthopthere passa devant le soleil, il joua quelque peu de sa mâchoire, puis enfila ses lunettes fumées pour mieux suivre l’appontage de l’appareil de la princesse Azala. Il prenait un risque politique majeur en la poussant à l’exil, mais les informations de son aide-de-camp, le lieutenant Ralato, concernant le double jeu de son nouveau jeune amant, jetait un doute sur le cloisonnement des secrets de son cabinet! Le jeune Guy n’avait pas tardé à avouer dans la chambre de torture du sous- sol, et il avait même désinformé Azala durant quelques semaines! Pofeus avait lui-même une balle tiré dans sa jolie tête avant d’envoyer son corps rejoindre les autres dans l’Abysse sans nom. Dommage… il était très talentueux au lit ce mignon. Mais devant une telle trahison il devenait évident que des mesures drastiques allaient devoir être prises! Par exemple, Ralato ferait disparaître discrètement ses jeunes amants après une semaine, au moins ce vice ne servirait plus de talon d’Achille au contre- Amiral. Reculant lentement de la fenêtre, ne lâchant l’orthoptere que lorsque celui-ci pénétra la zone d’appontage du transporteur spatial, Pofeus eut un simulacre de sourire: au moins le “ problème Azala ” semblait en voie de résolution….


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RedU T1 Ch1 Ep2

Wed, 20 Jan 2010 05:00:00 GMT

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La princesse Azala décocha un regard tel que les gardes chargés de l’escorter baissèrent les yeux de honte. Les cheveux noirs mi-longs de la princesse se terminaient en bouclettes revêches, encadrant un visage oriental, légèrement arrondi où brillaient de petits yeux en amande d’une intelligence hors du commun. La robe de soie azurée qu’elle portait moulait avec exactitude une ligne parfaitement proportionnée, révélant de nombreux détails anatomiques inédits. Son décolleté était relevé d’un froufrou blanc entrainant le regard dans une direction bien précise… Pourtant pas très grande de taille, il émanait de la princesse Azala une force de caractère et un contrôle de son maintient que des dizaines d’années de cours royaux avaient exalté au rang d’art. Les hommes autour d’elle, militaires, gardes ou fonctionnaires n’étaient que des frustres qui n’avaient pu approcher quelqu’un de son rang que lors de leurs fantasmes nocturnes et ils ne pouvaient contenir leur trouble! Azala les attendait ferme: qu’ils osent ne serait-ce que l’effleurer de leur doigts poisseux, elle était prête à jeter tout le monde hors de l’orthopthère dans sa furie !!

Elle n’avait pas eu le temps de se changer, la décision de la faire participer a l’Exode ne lui ayant été communiquée qu’une heure auparavant! Une centaine de soldats en uniformes d’apparat blancs, « l’armée blanche » des Castiks, étaient arrivés en encerclant sa propriété balnéaire, puis un haut grade s’était présenté à la porte avec un avis d’expulsion sous exécution immédiate, signé d’un obscur général. Une place à bord du transporteur avait déjà été réservée pour elle et sa suite ainsi que toute ses affaires ( du moins celle que ces gueux estimaient importantes ) et le temps que ses proches domestiques comprennent ce qui se passait, tout le monde était embarqué dans les véhicules de transport et la princesse se retrouvait en ballerines de maison entourée de bottes de combats à 100 mètres d’altitude!

Cependant ce n’était pas son traitement qui insupportait le plus Azala ( cela aurait pu être bien pire: on aurait pu la faire violer tous les jours au fond des geôles de la sinistre “ Prison des Montagnes “ ou la noyer par 5000m de profondeur dans “ l’Abysse sans Nom ” au large de l’équateur.. ) , son gros problème était que son informateur dans l’entourage du redoutable Contre-amiral Pofeus lui avait certifié qu’aucune action de ce genre n’était en préparation du coté de l’armée, d’autant que Pofeus ne pouvait risquer – théoriquement – de s’appuyer sur un contingent encore acquis aux idéaux de la royauté !! 500 ans de rois, çà vous forge un consensus, d’habitude non ?? Et pourtant la décision fût prise, et pourtant les soldat vinrent et pourtant la voici dans un transporteur paré pour l’exode…

Son statut de fille ainée du dernier roi de Mater I ne semblait plus apte à la protéger, tout au plus lui avait-on autorisé l’Exode. Quand à son informateur, il semblait évident qu’il avait été démasqué ou retourné par Pofeus, elle n’avait aucun moyen fiable de le savoir et en ces temps troublés de fuite en avant du pouvoir, il

était peut-être parti rejoindre son père dans “ l’Abysse sans Nom ”.. .. Elle serra les dents, refluant une vague de tristesse…

De la lucarne de la fenêtre, le transporteur géant masquait progressivement le sol, les montagnes et bientôt le ciel. Elle inspira profondément: de nombreuses personnes allaient encore se rincer l’oeil avant qu’elle ne puisse mettre une tenue plus adéquat à la situation.


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RedU T1 Ch1 Ep1

Wed, 13 Jan 2010 05:00:00 GMT

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La voiture roulait au pas le long de la grande avenue surplombant le spatioport. L’odeur des vapeurs de lithium et des bruits de Klaxons de l’embouteillage était relativisé par les vrombissements des réacteurs des orthopthères qui effectuaient par centaines leurs va-et-vient aériens entre le transporteur et les destinations environnantes. L’évacuation prendrait encore une journée minimum, et uniquement pour ce secteur comprenant quelques milliers de km2..

Phil changea la playlist de son Jpod, mais il hésitait sur celle à mettre à la place. Si vous deviez choisir la dernière musique à écouter sur votre planète natale avant de partir, laquelle choisiriez-vous? Il toucha sa sélection du bout de l’index: ce sera une ancienne musique traditionnelle de ses montagnes, là ou il naquit, sa mère lui rabâchait ses jeunes oreilles d’alors de ces mélopées semi-organiques qui lui semblaient à l’époque si ringardes et dérisoires.. Les temps changent.

Même à cette distance le transporteur paraissait immense, il allait engouffrer les passagers (et leurs effets) des 60 km de véhicules qui s’étendaient jusqu’à sa soute. Rien que son décollage couterait en Lithium la consommation hebdomadaire de la somme de tous les transport de ce secteur! Pour une fois peu économe, c’est le gouvernement d’interim qui allait payer les factures de l’exode..

L’enseigne Good ( Prénom: Phil ) partait retrouver son responsable d’unité de la compagnie 5, génie mécanique: celle qui répare à l’infini les vaisseaux spatiaux comme dans les vieux films de science-fiction! Son affectation était arrivée un peu tard, mais il se tenait prêt et n’avait, somme toutes, que peu d’affaires à emporter. Etre célibataire n’est pas sans de nombreux avantages.

C’est le moment que choisit “ Vivagel ” pour sauter sur ses cuisses. Le vieux chat tourna une fois sur lui-même puis, comme à son habitude, pompa des pattes avant l’endroit où il escomptait faire un petit somme. Phil esquissa un sourire: il se remémora le nombre de femmes qui avaient sursauté au milieu de la nuit quand Vivagel atterrissait peu délicatement sur le lit! A croire qu’il le faisait exprès pour signifier quelque chose du genre “ c’est moi le patron ici, et toi tu n’es qu’une femme de plus, alors respectes-moi!” En plus Vivagel pesait son poids et… La voiture se mis soudain à vibrer alors que passait au dessus de l’avenue un groupe d’orthopthères dont un assez imposant décoré aux armes Castiks. C’était très certainement une personne de marque pour bénéficier de ce genre d’appareillage, au moins durant le voyage pourrait-il croiser quelques personnalités intéressantes?

Vivagel miaula. Effectivement la file avançait et un espace de quelques mètres s’était formé entre Phil et le véhicule de devant, espace que plusieurs autres véhicules tentaient déjà de s’accaparer! Brave Vivagel, que ferais-je sans toi ?


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